Analyse Du Discours Cours1 Pr

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ANALYSE DU DISCOURS Pr.

DANI

Master1 Traduction

Introduction

L’analyse du discours est une technique de recherche en sciences sociales permettant de questionner ce
qu’on fait en parlant, au-delà de ce qu’on dit. Du point de vue de Maingueneau (2005), il s’agit de
l’analyse de l’articulation du texte et du lieu social dans lequel il est produit. Les principales questions
auxquelles l’analyse du discours est censée répondre, sont celles du « Comment » et du « Pourquoi » de
l’activité langagière, par opposition aux méthodes traditionnelles d’analyse qui plaçaient au centre de
leur problématique les questions « Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? ». Née dans les années 50, l’analyse du
discours se veut en réaction, d’une part, à la tradition philologique des études de textes et, d’autre part,
à la linguistique de la langue cantonnée dans la description de la phrase en tant que plus grande unité
de la communication et où l’accent porte sur l’articulation du langage et du contexte, et sur les activités
du locuteur.

1. Langage / Langue / Parole

Toutes nos idées proviennent de deux principes : « Les choses extérieures qui sont les objets de la
sensation, et les opérations de notre esprit, qui sont les objets de la réflexion » Locke. Le langage est un
prisme déformant. En effet, nous regardons à travers le prisme des mots. Notre perception du réel est
de ce fait, réduite ou altérée. Du réel, seuls des éléments communs et fixes peuvent être rapportés par
les mots et nous permettent de les voir.

Cependant, la singularité des choses et leur caractère mouvant ou changeant nous échappent. Au filtre
du langage, s’ajoute le filtre des besoins. En effet, l’humain ne voit du réel que ce qui l’intéresse pour ses
actions. Le langage lui-même répond à des besoins.

Le mot « langage » désigne tout système ou dispositif qui permet de communiquer et donc de
transmettre des informations. Exemples : le langage du corps, le langage informatique, etc. Cependant,
dans un sens plus pointu, le langage est la faculté qui permet à l’homme de s’exprimer et de
communiquer avec ses semblables grâce à un système de signes vocaux ou graphiques. Depuis de
Saussure, on distingue le langage, la langue et la parole.

Chaque communauté possède sa propre langue, c’est-à-dire son propre système de signes. Et chaque
individu apprend une langue et l’utilise pour communiquer. L’usage singulier qu’il en fait constitue la
parole. Le langage distingue les humains des animaux, et en fait des êtres sociaux. Langage et société
vont de pair. Pour John Locke, le langage est considéré comme instrument de communication.
Étymologiquement, si les hommes parlent, c’est pour mettre en commun, partager leurs pensées.

2. Caractéristiques du langage humain

Pour De Saussure (1916), le signe linguistique est l’union arbitraire d’un signifiant et d’un signifié. Le
signifiant  l’image acoustique / Le signifié  le concept (et non la chose). Le signe est arbitraire veut dire
qu’il n’y a aucune raison par exemple d’utiliser le mot « chien » pour désigner l’idée de chien, on aurait
très bien pu choisir un autre mot. Les signes peuvent être des indices, des icônes, des symboles ou des
signes linguistiques.

3. Langage et communication

André Martinet (1960) parle de double articulation où l’énoné linguistique est décomposé en unités de
sens, lesquelles se décomposent à leur tour, en unités de son (la plus petite unité signifiante étant le «
monème » et la plus petite unité sonore est le « phonème ») ; ce qui permet de produire un nombre
illimité d’énoncés avec un nombre limité de phonèmes et de monèmes.

Karl Von Frisch (1886-1982), étudiera la question du langage animal et prouvera que les animaux
communiquent entre eux mais ne parlent. Il donnera l’exemple de la danse des abeilles qui ont un code
pour trasmettre une information spécifique. Émile Benveniste (1966) démontre qu’il y a des différences
avec le langage humain. D’abord, la communication des abeilles n’est pas vocale mais gestuelle ; ensuite,
la transmission du message est unilatérale : il n’y a pas de dialogue (appelle une action et pas une
réponse) ; puis, le contenu du message est fixe (qui se rapporte soit à la nourriture soit au déplacement,
alors que le langage humain peut transmettre d’infinis contenus différents) ; Et enfin, le message (la
danse des abeilles) ne se laisse pas analyser ou décomposer.

Par conséquent, Benveniste déduit que les animaux possèdent « un code de signaux ». Il y a une
communication animale et non pas « un langage animal ».À partir de cela, une distinction entre signal et
symbole s’impose :Signal  c’est un signe naturel ou conventionnel qui déclenche une action. On réagit à
un signal.

Symbole  C’est un signe qui renvoie à un sens et doit être interprété (C’est l’homme qui invente et
comprend les symboles).

Pour Descartes (1646), le langage est le propre de l’homme. Seul l’homme parle et non les animaux.
Pour parler, il n’est pas nécessaire d’émettre des sons, il suffit d’utiliser des signes mais en fonction du
contexte et non de la manière mécanique. Pour parler, il faut exprimer une pensée et non, des passions.
Pour Descartes, les animaux réagissent au stimuli internes ou externes auxquels ils sont soumis. S’ils ne
parlent pas, c’est parce qu’ils ne pensent pas. Pour parler, il ne suffit pas de communiquer, il faut penser ;
Il n’existe pas de langage sans pensée.

4. Langage et pensée

Pour Bergson, le langage a des limites. Sa double critique du langage se présente ainsi :

- Le langage est un instrument imparfait. S’il est utile pour la vie en société, il est incapable de
retranscrire fidèlement la pensée.

- Il n’est pas un instrument neutre. Il a des effets sur notre perception de la réalité.

Les mots étant généraux et communs, ils ne peuvent exprimer les sentiments personnels dans leur
singularité. Le langage ne peut donc exprimer la pensée telle qu’elle est pensée (il fige la pensée dans les
mots et la rend impersonnelle). Ainsi, pour exprimer l’amour que je ressens et qui est le mien (sentiment
singulier qui change dans le temps et se mêle à d’autres sentiments, je ne disposerai que du mot «
amour » qui est nécessairement général, commun et conventionnel. Pour Bergson, le langage est un
outil.
Lorsque nous parlons, la pensée est antérieure au langage : nous pensons, pis cherchons à exprimer ce
que nous pensons avec des mots ; la pensée est indépendante du langage et de la langue en particulier :
une même pensée peut être exprimée dans différentes langues. Par ailleurs, les deux ethnologues Sapir
et Whorf considèrent que l’expérience commune nous trompe. Pour eux, la langue est antérieure et
conditionne la pensée.

Les structures de notre langage déterminent, à notre insu, non seulement nos pensées, mais notre façon
de percevoir le monde. La langue véhicule une vision du monde, car elle est loin d’être un instrument
neutre. Il s’agit alors d’un relativisme linguistique où deux individus parlant des langues différentes,
auraient des perceptions différentes du réel. Benveniste dira dans ce sens : « Nous pensons un univers
que notre langue a déjà modelé ».

Pour Hegel, il n’y a pas de pensée sans langage. Pour lui, penser et parler sont les deux faces
indissociables du même processus, le langage étant la condition essentielle du développement de la
pensée elle-même : « C’est dans les mots que nous pensons ». Parler c’est extérioriser ses pensées par le
biais d’une verbalisation qui fait que la pensée acquiert un contenu déterminé. Dans ce sens, Ferdinand
de Saussure estime que : « psychologiquement abstraction faite de son expression par les mots, notre
pensée n’est qu’une masse amorphe et indistincte.

Philosophes et linguistes se sont toujours accordés à reconnaitre que, sans le secours des signes, nous
serions incapables de distinguer deux idées d’une façon claire et constante. Prise en elle-même, la
pensée est comme une nébuleuse où rien n’est nécessairement délimité. Il n’y a pas d’idées préétablies,
et rien n’est distinct avant l’apparition de la langue » (Cours de linguistique générale, partie II, chapitre
4).

Le langage n’est donc pas qu’un instrument, car cela le rendrait extérieur à l’homme, et artificiel, comme
les objets techniques qu’il fabrique et utilise. Or, le langage fait partie de l’humain, et le constitue ;
l’humain est « Langage ».

5. Langage et discours

Le discours est le langage mis en action et assumé par le sujet parlant. Au lieu d’opposer la parole et
l’action, les linguistes considèrent la parole elle-même comme forme d’action ; ce qui constituera la base
de l’approche pragmatique qui étudie le langage en acte. Le « langage en acte » recouvre :

- Le langage en situation, actualisé au cours d’un acte d’énonciation particulier. Dans cette perspective, il
est question de l’ensemble des phénomènes observables au cours d’un processus d’actualisation, et plus
particulièrement, les modalités de l’inscription dans l’énoncé des énonciateurs (émetteurs et
destinataires) impliqués dans ce processus. C’est-à-dire le fonctionnement de ce qui est convenu
d’appeler, à la suite d’Émile Benveniste, la « subjectivité langagière », objet de la linguistique (ou
pragmatique) de l’énonciation.

- Le Langage envisagé comme moyen d’agir sur le contexte interlocutif, et permettant d’accomplir un
certain nombre d’actes spécifiques « speech actes » traduits en français par « actes de langage », « actes
de discours », « actes de paroles », ou « actes de communication », désignant ainsi tout acte réalisé au
moyen du langage.

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