Partiel de Novembre 2020

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L1 DD

Calculus renforcé
Examen partiel du 5/11/2020 Éléments de solutions
MDD101 Analyse

Question 1
1. Définir l’expression : « l’ensemble E ⊆ R est majoré ».
2. Définir l’expression : « la suite (un )n∈N converge vers ℓ ».
3. Définir l’expression : « la suite (un )n∈N est majorée ».
4. Définir l’expression : « la suite (un )n∈N est croissante ».
5. Énoncer et démontrer la propriété assurant la convergence d’une suite croissante et majorée.
N.B. On justifiera avec soin chaque étape de la démonstration. À chaque fois que vous invoquez un
résultat du cours, donnez-en l’énoncé précis.
Voir cours.

Question 2 Pour chacune des affirmations suivantes, dire si elle est vraie ou fausse et justifier précisément
(on démontrera chaque affirmation vraie tandis que l’on produira un contre-exemple à chaque affirma-
tion fausse).
1. Soient (un )n∈N , (vn )n∈N et (wn )n∈N trois suites réelles. On suppose que l’on a un ⩽ vn ⩽ wn pour tout
n ∈ N et que les suites (un )n∈N et (wn )n∈N sont convergentes. Dans ces conditions, la suite (vn )n∈N est
convergente.
C’est faux : attention au fait que le théorème des gendarmes ne s’applique pas nécessairement ici,
puisqu’il n’est pas dit que (un )n∈N et (wn )n∈N convergent vers le même réel ℓ. L’exemple de la suite
((−1)n )n∈N , qui vérifie −1 ⩽ (−1)n ⩽ 1 pour tout n ∈ N et dont le terme général est donc mi-
noré (resp. majoré) par celui d’une suite constante, montre qu’on ne peut pas conclure en général que
(vn )n∈N est convergente.
2. Si une suite réelle (un )n∈N vérifie limn→∞ |un | = ℓ ∈ R, alors (un )n∈N est convergente et on a
| limn→∞ un | = ℓ.
C’est faux, comme le montre l’exemple de la suite (un )n∈N définie pour n ∈ N par un := (−1)n . La
suite (|un |)n∈N , qui est la suite constante égale à 1, est bien sûr convergente. En revanche, on sait que
(un )n∈N n’est pas convergente.
3. La fonction f : R → R, x 7→ x|x| est injective.
C’est vrai : on récrit, pour x ∈ R :
{
x2 si x > 0,
f (x) =
−x2 sinon.

Comme il est facile de voir que deux réels de même signe ont le même carré si et seulement s’ils sont
égaux, on voit que f est injective sur R+ et R− . Elle est également injective sur R car si des réels distincts
x et x′ sont de signes distincts, alors f (x) et f (x′ ) sont également de signes distincts (et donc distincts
eux-mêmes).
4. Si f : R → R est strictement monotone et vérifie f (0) ⩽ f (1), alors f est strictement croissante.
C’est vrai. Supposons en effet que f soit strictement monotone et vérifie f (0) ⩽ f (1). Puisque f
est strictement monotone, elle est soit strictement croissante, soit strictement décroissante. Si elle était
strictement décroissante, il viendrait alors (puisque l’on a 0 < 1) f (0) > f (1) ; or on sait que cette
dernière inégalité n’est pas vérifiée, puisque l’on a supposé f (0) ⩽ f (1). Il en résulte que f n’est pas
strictement décroissante. Puisqu’elle est strictement monotone, c’est qu’elle est strictement croissante.
5. La fonction f : R → R définie pour x ∈ R par :
{
x si x ∈ Q,
f (x) :=
−x sinon,

est bijective et vérifie f −1 = f .


Il est facile de voir que l’on a f ◦ f (x) = x pour tout x ∈ R : c’est immédiat si x est rationnel, et si x
est irrationnel alors on a :
f ◦ f (x) = f [f (x)] = f (−x) = −(−x),
puisque −x est également irrationnel. Il résulte dès lors d’une proposition du cours que f est bijective
(et donc à la fois injective et surjective), de réciproque f −1 = f .

Question 3 Pour chaque réel x ∈ R pour lequel l’expression ci-dessous a du sens, on pose :
f (x) := tan2 x − 2 tan x.
1. Déterminer le domaine maximal D ⊆ R tel que la formule précédente définisse une fonction f : D → R.
sin x
Puisque l’on a tan x := cos x
lorsque cette expression a du sens, et qu’il vient cos x = 0 si et seulement
si x = 2 + kπ pour un k ∈ Z, il vient D = R \ { π2 + kπ : k ∈ Z}.
π

2. La fonction f : D → R ainsi définie est-elle injective ?


Observons que l’on a f (0) = tan 0 = 0 = tan π = f (π). La fonction f n’est donc pas injective sur D.
3. La fonction f : D → R ainsi définie est-elle périodique ? Si oui, déterminer s’il existe le plus petit réel
T > 0 tel que f soit T -périodique ; justifier.
La fonction f est π-périodique, puisque l’on a sin(x + π) = − sin x et cos(x + π) = − cos x pour tout
x ∈ R et qu’il vient donc, pour x ∈ D, x + π ∈ D et :
sin(x + π) − sin x
tan(x + π) = = = tan x.
cos(x + π) − cos x
Il vient donc aussi f (x + π) = tan2 (x + π) − 2 tan(x + π) = tan2 x − 2 tan x = f (x).
Par ailleurs, si T > 0 est tel que l’on ait x + T ∈ D pour tout x ∈ D, alors on a nécessairement T ⩾ π :
si on avait 0 < T < π, alors si on pose x = π2 − T il vient :
π π π π
= −π < −T < ,

2 2 2 2
et on a donc x ∈ D ; en revanche, on trouverait :
π π
x+T = −T +T = ∈ / D,
2 2
et f ne pourrait donc pas être T -périodique.
4. Si x ∈ D est une solution de l’équation f (x) = −1, montrer (sans résoudre cette équation) que l’on a
1
cos2 x
= sin12 x = 2 ; en déduire que sin x et cos x sont irrationnels.
Indication. On pourra calculer 1 + tan2 x et 1 + tan12 x .
Si x ∈ D vérifie f (x) = −1, alors il vient tan2 x − 2 tan x = −1, c’est-à-dire (tan x − 1)2 = 0. Il vient
en particulier tan x = 1 et donc aussi :
( )2
2 sin2 x cos2 x + sin2 x 1 1
2 = 1 + tan x = 1 + = = = ,
cos2 x cos2 x cos2 x cos x
et (puisque l’on a en particulier tan x ̸= 0 et donc x ∈
/ {kπ : k ∈ Z}) :
( )2
1 cos2 x sin2 x + cos2 x 1 1
2=1+ = 1 + 2 = 2 = = .
2
tan x sin x sin x sin2 x sin x
1 1
Il résulte donc du cours que cos x
et sin x
(et donc aussi cos x et sin x) sont irrationnels.
5. Résoudre l’équation f (x) = −1 dans D.
L’équation f (x) = −1 se récrit f (x) + 1 = 0, c’est-à-dire :
(tan x − 1)2 = tan2 x − 2 tan x + 1 = 0,
ce qui se récrit encore tan x = 1. Les solutions de cette équation sont donc les réels de la forme
x = π4 + kπ pour k ∈ Z, qui sont tous des éléments de D.

Remarquons au passage que si x = π


4
+ kπ pour un k ∈ Z, il vient :
{ √ √ }
(π ) 2 2
sin x = sin + kπ ∈ − , ,
4 2 2
et { √ √ }
(π ) 2 2
cos x = cos + kπ ∈ − , .
4 2 2
On retrouve donc l’irrationalité de cos x et sin x démontrée plus haut.

Question 4 On fixe θ ∈ R+ \ Q un irrationnel positif et on pose E := {nθ + k : k, n ∈ Z}. On se propose,


dans cet exercice, de montrer que E est dense dans R.
1. Montrer que si x ∈ R+ est donné, il existe un unique k ∈ N tel que l’on ait k ⩽ x < k + 1.
Indication. On pourra traiter séparément les cas x > 0 et x = 0, et utiliser l’axiome d’Archimède si
nécessaire.
Si x = 0, il est clair que k = 0 est l’unique entier naturel vérifiant k ⩽ x < k + 1. Si on a x > 0,
alors on sait par l’axiome d’Archimède qu’il existe un entier N ∈ N∗ vérifiant N · 1 > x. On note donc
n ∈ N∗ le plus petit entier naturel non nul tel que l’on ait n > k et on pose k := n − 1 ∈ N. Il vient
alors évidemment k = n − 1 ⩽ x (c’est clair si n = 1 et si n > 1, on a k ∈ N∗ et k < n or n ∈ N∗ est le
plus petit entier N ∈ N∗ pour lequel on a N > x ; l’inégalité n’a donc pas lieu pour k, c’est-à-dire que
l’on a k ⩽ x) et on a donc bien k ⩽ x < n = k + 1 comme annoncé. Il est clair par ailleurs que cette
inégalité ne peut pas être réalisée pour deux entiers distincts.
Si x ∈ R+ est donné, l’unique entier k ∈ N vérifiant k ⩽ x < k + 1 est appelé la partie entière inférieure
de x et est noté ⌊x⌋.
On définit à présent une fonction f : N → R en posant, pour n ∈ N, f (n) := nθ − ⌊nθ⌋.
2. Montrer que f est injective et que l’on a im f ⊆ [0, 1[.
Indication. On pourra montrer que si m, n ∈ N étaient distincts et vérifiaient f (m) = f (n), θ serait
rationnel.
Fixons m, n ∈ N deux entiers et supposons que l’on ait f (m) = f (n). Montrons par l’absurde que
m = n. Pour cela, supposons que l’on ait au contraire m ̸= n ; il vient alors :
mθ − ⌊mθ⌋ = f (m) = f (n) = nθ − ⌊nθ⌋,
c’est-à-dire :
(m − n)θ = ⌊mθ⌋ − ⌊nθ⌋ ∈ Z,
et donc aussi, puisque l’on a m ̸= n :
⌊mθ⌋ − ⌊nθ⌋
θ= ∈ Q,
m−n
ce qui est absurde. On a donc bien m = n comme annoncé, et f est injective.
Étant donné n ∈ N, on a par définition ⌊nθ⌋ ⩽ nθ < ⌊nθ⌋ + 1, et il vient donc :
0 ⩽ nθ − ⌊nθ⌋ < 1,
c’est-à-dire f (n) ∈ [0, 1[. On a donc aussi im f ⊆ [0, 1[.
On définit à présent une suite réelle (un )n∈N en posant, pour n ∈ N, un := f (n).
3. Pourquoi la suite (un )n∈N admet-elle un point d’accumulation (ou une valeur d’adhérence) ? Si vous
invoquez un théorème du cours, donnez-en l’énoncé précis.
Rappelons que la propriété de Bolzano-Weierstrass assure que toute suite bornée de nombre réels admet
un point d’accumulation. Or la suite (un )n∈N est une suite de points de im f ⊆ [0, 1[ ; elle est donc ma-
jorée (par 1) et minorée (par 0), et donc bornée. Il s’ensuit que (un )n∈N admet un point d’accumulation.

4. Montrer que, pour tout ε > 0, il existe des entiers m, n ∈ N tels que l’on ait 0 < um − un < ε.
Soit ε > 0. Montrons qu’il existe m, n ∈ N vérifiant 0 < |um − un | < ε (le résultat s’ensuivra quitte
à échanger les rôles de m et n dans le cas où l’on aurait um − un < 0). Si tel n’était pas le cas, on
aurait en effet |um − un | ⩾ ε pour tous m, n ∈ N vérifiant m ̸= n (puisque l’on sait que, dans ce
cas, on a un = f (m) ̸= f (n) = un , et donc |um − un | > 0, par injectivité de f ) ; mais alors (un )n∈N
ne pourrait admettre aucune sous-suite de Cauchy, et donc aucune sous-suite convergente, ce qui est
absurde puisqu’elle admet un point d’accumulation.
5. En déduire que, pour tout ε > 0, il existe x ∈ E vérifiant 0 < x < ε.
On sait, par le point précédent, qu’il existe m, n ∈ N tels que l’on ait 0 < um − un < ε. Or il vient :

um − un = (m − n)θ + (⌊nθ⌋ − ⌊mθ⌋) ∈ E,

puisque l’on a m − n ∈ Z et ⌊nθ⌋ − ⌊mθ⌋ ∈ Z.


On se propose, pour finir, de montrer que E est dense dans R comme annoncé. À cet effet, on montre
d’abord que E est dense dans R+ en fixant des réels positifs u et v vérifiant 0 ⩽ u < v ; on va montrer qu’il
existe x ∈ E pour lequel on a u < x < v.
6. Montrer qu’il existe t ∈ E vérifiant 0 < t < v − u.
Il suffit d’appliquer le point 5. au réel positif ε := v − u > 0.
7. En déduire qu’il existe n ∈ N tel que l’on ait u < nt < v puis conclure.
Commençons par supposer que l’on ait u ⩾ 0. Par l’Axiome d’Archimède, il existe un entier N ∈ N∗
vérifiant N t > u ; notons n ∈ N∗ le plus petit entier N ∈ N∗ vérifiant N t > u. Il s’ensuit que l’on a
(n − 1)t ⩽ u (c’est clair si n = 1, et si on a n > 1, alors il vient n − 1 ∈ N∗ , n − 1 < n et donc
(n − 1)t ⩽ u puisque n est le plus petit élément N ∈ N∗ donnant lieu à l’inégalité N t > u) et donc
aussi :
u < nt = (n − 1)t + t ⩽ u + t < u + (v − u) = v.
Or on a t ∈ E, et il existe donc p, k ∈ Z avec t = pθ + k ; il vient alors nt = (np)θ + nk ∈ E et on peut
poser x := nt.
Question bonus : utiliser ce qui précède pour montrer que E est dense dans R, i.e. que si u, v ∈ R sont des
réels (pas nécessairement positifs) vérifiant u < v, alors il existe x ∈ E vérifiant u < x < v.
On a déjà démontré le résultat dans le cas où l’on a u ⩾ 0 ; supposons donc que l’on ait au contraire u < 0.
Posons alors u′ = max(0, −v) ⩾ 0 et v ′ = −u > 0. En appliquant le résultat supposé démontré à 0 ⩽ u′ < v ′ ,
on trouve x′ ∈ E vérifiant u′ < x′ < v ′ et donc aussi :

u = −v ′ < −x′ < −u′ = − max(0, −v) = min(−0, −(−v)) = min(0, v) ⩽ v.

Or on a x := −x′ ∈ E comme cela se vérifie aisément (puisque l’on a x′ ∈ E, il existe n, k ∈ Z avec x′ = nθ+k
et donc aussi x := −x′ = (−n)θ + (−k) ∈ E) et il vient u < x < v. Nous avons démontré que E était dense
dans R.

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