blpc_255_159-168
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Gestion
de l’adhérence
des chaussées routières
La nouvelle
circulaire adhérence
de la Direction des routes
nationales de France
Pierre DUPONT*
Service d’études techniques des routes et autoroutes
Alain BAUDUIN
SCREG Ile-de-France
RÉSUMÉ ABSTRACT
La politique de la maîtrise d’ouvrage nationale THE SKID RESISTANCE CIRCULAR RECENTLY ISSUED BY THE
française en matière d’adhérence est présentée. FRENCH NATIONAL HIGHWAYS ADMINISTRATION
Les différentes circulaires publiées et les raisons The French national road-building policy as
principales de leurs remplacements successifs regards skid resistance will be presented herein.
sont rappelées. La dernière circulaire, publiée en The various circulars previously published and the
2002, est présentée en détail. Elle résulte des tra- primary rationale behind their successive replace-
vaux d’un sous-groupe de travail du Groupe natio- ment will also be recalled. The last circular issued,
nal des caractéristiques de surface (GNCDS), créé which dates from 2002, will be analyzed in detail;
par le Directeur des routes de France en 1991. Elle its adoption resulted from the research completed
définit des spécifications en profondeur moyenne by a subgroup assembled as part of the National
de texture en fonction de la vitesse autorisée du Surface Characteristics Working Group, which
type, de la géométrie de la chaussée et de la confi- was created in 1991 by the French Highway Admi-
guration du site. Les principes généraux présentés nistration. This circular serves to establish specifi- 159
dans ce texte visent à obtenir, par le choix de la cations in terms of average texture depth with res-
couche de roulement, une adaptation du potentiel pect to the authorized speed for each type of
d’adhérence « offert » à la demande qui dépend pavement, pavement geometry and site layout. The
du triplet vitesse/configuration du site/type de general principles provided from this regulatory
chaussée. document are intended to successfully adapt, by
means of choosing the appropriate wearing
DOMAINE : Route. course, the skid resistance potential “supplied”
with a demand based on the trio of variables:
speed – site layout – pavement type.
FIELD: Roads.
* Les deux auteurs sont les animateurs du sous-groupe adhérence du Groupe national « caractéristiques de surface des
chaussées » (GNCDS).
Importance de la macrotexture
La macrotexture participe à l’évacuation de la lame d’eau entre le pneumatique et la surface
du revêtement. Une forte macrotexture a un effet bénéfique sur l’évacuation superficielle
des eaux de ruissellement et sur la réduction des projections d’eau. À l’inverse, une faible
macrotexture est susceptible d’entraîner une perte d’adhérence par temps de forte pluie et
à vitesse élevée : cette perte d’adhérence résulte de la persistance de la lame d’eau entre le
pneumatique et la surface du revêtement, engendrant ainsi le phénomène d’aquaplanage,
qui se traduit par une perte de maîtrise du véhicule.
La macrotexture est prépondérante pour les itinéraires à vitesse élevée et pour les sections
161
induisant une longueur d’écoulement d’eau importante liée à la largeur de la chaussée et à
ses pentes longitudinales et transversales.
Il convient de rappeler que l’échelle de la macrotexture couvre les aspérités dont la gamme
de dimensions est de 0,5 mm à 50 mm horizontalement et de 0,2 mm à 10 mm verticale-
ment. La macrotexture initiale dépend de la dimension des granulats, de la formule du
revêtement, de sa mise en œuvre et, plus particulièrement, de son compactage, ainsi que de
son traitement de surface éventuel. Cette macrotexture initiale diminue dans le temps sous
les actions conjuguées du trafic et du climat par indentation des gravillons dans le mortier,
par des phénomènes de fluage, de glaçage ou de ressuage ; elle peut cependant augmenter
dans certains cas par déchaussement des gravillons.
Importance de la microtexture
La microtexture permet de rompre le film d’eau résiduel, donc d’offrir le plus grand contact
sec possible entre le pneumatique et la surface du revêtement. Elle est prépondérante pour
les itinéraires en site difficile, notamment ceux avec des virages à faible rayon, et pour les
points singuliers de tracé susceptibles d’engendrer des à-coups dans la conduite.
Il convient aussi de rappeler que l’échelle de la microtexture couvre les aspérités dont les
dimensions sont inférieures à 0,5 mm horizontalement et à 0,2 mm verticalement. La
microtexture initiale et sa durabilité sont en partie influencées par la capacité des granulats
à présenter et à conserver le plus longtemps possible des arêtes vives, et à offrir une surface
durablement rugueuse résistant bien au polissage induit par le trafic. Cette microtexture
initiale dépend également en partie de la formule du revêtement, en particulier de la
PRINCIPES GÉNÉRAUX
La circulaire 2002-39 de la Direction des routes est fondée sur trois principes généraux.
Premier principe
¾ Les spécifications ne portent que sur la macrotexture, la microtexture n’étant pas direc-
tement mesurable in situ de façon pratique. Ces spécifications sont modulées selon la
vitesse autorisée, le type d’itinéraire et la configuration du site.
¾ Il ne s’agit pas d’exigence de macrotexture en terme de produit. Cela reste du domaine
des normes « produits » ou de clauses particulières de cahiers des charges. Néanmoins, il
appartient au maître d’œuvre de vérifier l’adéquation entre l’exigence de la circulaire et le
choix du produit.
162
Deuxième principe
Les conditions à remplir en matière de microtexture dépendent essentiellement de deux
éléments :
n Le premier est le choix des granulats pour la couche de roulement. On applique les spé-
cifications données à ce sujet par le guide d’application des normes produits pour le réseau
routier national.
o Le second est le type et la composition de la couche de roulement, qui résultent de l’expé-
rience et du savoir-faire du milieu routier. Le fichier CARAT géré par le Laboratoire régio-
nal des Ponts et Chaussées d’Angers apporte des éléments d’information pertinents*.
Troisième principe
La circulaire recommande de découper l’itinéraire à traiter en sections homogènes quant à
la conduite des véhicules. Sur chaque section il faut successivement :
¾ évaluer la demande d’adhérence ;
¾ examiner la présence éventuelle de points singuliers ;
¾ déterminer la macrotexture nécessaire sur la section considérée ;
¾ choisir le revêtement, en prenant en compte d’autres impératifs éventuels ;
¾ contrôler, après les travaux, que les objectifs fixés sont atteints.
SPÉCIFICATIONS À RESPECTER
Remarque. Depuis la rédaction du texte de la circulaire et sa parution, les travaux normatifs euro-
péens ont conduit à abandonner l’indicateur utilisé dans la circulaire : la profondeur moyenne déter-
minée à la tache de sable nommée HS (hauteur au sable). Le nouvel indicateur est la profondeur
moyenne de texture (PMT), mesurée avec des microbilles de verres en suivant la même procédure
que celle appliquée avec le sable. Cette nouvelle notation a donc été utilisée dans ce texte et « HS » a
été remplacé par « PMT ». L’équivalence des deux indices est admise.
La circulaire ne fixe de spécifications que pour les « sections courantes », hors points sin-
guliers (ceux-ci faisant l’objet d’une démarche spécifique au coup par coup).
Les spécifications s’expriment en valeur spécifiée et en valeur minimale, et sont indiquées
exclusivement en terme profondeur moyenne de texture (PMT) estimée en appliquant la
norme EN 13036-1
¾ Premier niveau de spécification → la profondeur moyenne de texture PMTSpé : c’est le
niveau moyen à obtenir (ou à dépasser). Cela sur les deux lignes de mesure de chaque lot
de contrôle, le lot étant 500 à 1000 m d’une voie de circulation.
¾ Second niveau de spécification → la profondeur moyenne de texture PMTMin : c’est le
niveau minimal au-dessous duquel on ne doit pas rencontrer deux valeurs élémentaires de
PMT consécutives :
• soit sur l’une ou l’autre des deux lignes de mesure du lot de contrôle,
• soit sur le même profil (en travers).
La circulaire renvoie à la méthode d’essai LPC n° 50 ([6] ; Module M1) pour la formalisation 163
exacte de la vérification de la conformité de la macrotexture des couches de roulement neu-
ves des chaussées routières.
Valeurs spécifiées
Les valeurs spécifiées sont indiquées dans les tableaux I et II.
TABLEAU I
Milieu urbain et périurbain
Vitesse
Type Tracé en plan Profil en long
autorisée PMT PMT
de chaussée Virages Pentes Spé Min
(km/h)
Dans l’ensemble des cas considérés l’écart entre PMTSpé et PMTMin est de 0,2 mm, sauf
pour V < 50 km/h (cf. tableau I), ce qui est apparu raisonnable compte tenu de la définition
164 nouvelle de PMTMin.
TABLEAU III
Exemple de deux produits : enrobés coulés à froid (ECF) et enduit superficiel d’usure (ESU)
DEMANDE OFFRE
Vitesse
Type Profil PMTSpé PMT
SITE autorisée Tracé en plan Min ECF ESU
de chaussée en long (mm) (mm)
(km/h)
166
V < 50 Traversée > 0,40 0,30 +
Bidirectionnelles
50 < V < 90 d’agglomération > 0,60 0,40 +
Urbain
et 2 × 2 voies > 0,60 0,40 +
péri-
urbain Pente
V > 90 VRU
2 × 3 voies et + <5% > 0,70 0,50
Pente + +
> 0,60 0,40
<5% (1) (1)
V = 90 Bidirectionnelles Tous les cas
Pente +
> 0,80 0,60
>5% (1)
Rase Pente +
> 0,60 0,40 +
campagne <5% (5)
V = 110 2 × 2 voies Tous les cas
Pente
> 0,80 0,60 +
>5%
2 × 2 voies Pente > 0,60 0,40 =
V = 130 R > 600 m
2 × 3 voies et + <5% > 0,70 0,50 =
(1) À condition d’avoir des rayons > 250 mètres.
(5) Si rayon < 600 mètres.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] BOURREL A., Politique de la maîtrise d’ouvrage nationale en matière d’adhérence, Bulletin de
liaison des Laboratoires des Ponts et chaussées, 185, mai-juin 1993, pp. 155-156.
[2] Circulaire sur les chaussées glissantes du ministre de l’Équipement et du logement à Messieurs les direc-
teurs départementaux de l’Équipement (sous couvert de Messieurs les préfets) adressée le 11 juin 1969.
[3] Circulaire DR n° 88-78, relative à l’adhérence des couches de roulement neuves, adressée par le ministre
de l’Équipement et du logement à Madame et Messieurs les préfets (Direction Départementale de l’Équi-
pement), le 1er septembre 1988.
[4] Circulaire DR n° 2002-39 du 16 mai 2002 relative à l’Adhérence des couches de roulement neuves – Con-
trôle de la macrotexture - NOR EQUR0210090C.
Circulaire adressée à Mesdames et Messieurs les préfets de région et de département, aux direc-
tions régionales de l’Équipement, aux CETE, Messieurs les ingénieurs généraux coordonna-
teurs des missions d’inspection générale territoriale, Messieurs les ingénieurs spécialisés rou- 167
tes, Messieurs les ingénieurs spécialisés ouvrages d’art, Monsieur le directeur du SETRA,
Monsieur le directeur du CERTU, Monsieur le directeur du CTU, Monsieur le directeur du
LCPC et Monsieur le président de la mission du contrôle des sociétés concessionnaires d’auto-
routes.
[5] Lettre du directeur du SETRA sur le rôle du réseau technique dans l’application de la circulaire adhé-
rence, adressée au directeur de la DREIF et à Messieurs les Directeurs des CETE (Centre d’études tech-
niques de l’ÉEquipement), le 16 novembre 1988.
[6] Méthode d’essai, Mesure de l’adhérence des chaussées routières et aéronautiques, Techniques et
méthodes des laboratoires des Ponts et Chaussées, ME 50, LCPC.
[7] Aide au Choix des Couches de Roulement vis-à-vis de l’adhérence, Comité français pour les
techniques routières, CFTR-Info, 7, juillet 2002 (téléchargement : http://www.cftr.asso.fr/fr/
pro006c.htm).
Le Groupe national « caractéristiques de surface des chaussées » (GNCDS) a été créé par décision du Direc-
teur des routes françaises le 31 juillet 1991.
Ce groupe associe des représentants de la maîtrise d’ouvrage, des maîtrises d’œuvre, les entreprises routières
et le réseau technique de l’Administration : le Service d’études techniques des routes et autoroutes (SETRA).
Le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) et les Centres d’études techniques de l’Équipement
(CETE).
Le mandat fixé à ce groupe comprenait quatre volets :
n définition des liens entre les exigences techniques et les niveaux de service pour l’ensemble des caracté-
ristiques de surface ;
o clarification des instruments de mesures et des méthodes de contrôle sur chantiers ;
p fixation de spécifications réalistes ;
q production de circulaires, de méthodologies, de notes d’information etc. pour les maîtres d’œuvre et les pro-
fessionnels.
Quatre sous-groupes de travail sont co-animés par des représentants du réseau technique de l’administration
et des entreprises, les thèmes pris en charge sont l’uni, l’adhérence, le bruit et les propriétés photométriques.
Les textes rédigés par ce groupe, qui concernent uniquement les travaux neufs, s’appliquent au réseau de maî-
trise d’ouvrage nationale (réseau routier et autoroutier). Leur application à d’autres réseaux est appréciée par
leurs maîtres d’ouvrage.
Nota : Le GNCDS est rattaché au Comité français pour les techniques routières (CFTR) : www.cftr.fr (site en
français, anglais et espagnol)