Section IIS3

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Section II :

Le fonctionnement des systèmes constitutionnels

On examine dans cette section les questions de


séparation des pouvoirs, de légitimité et des
mécanismes d’intégration du citoyen.

§1 : La légitimité des pouvoirs


La volonté populaire s’exprime par voie référendaire ou
de suffrage universel dans les démocraties
occidentales. Le libre choix y est la règle.
Le pouvoir tire sa légitimité de cette volonté populaire.
Les constitutions respectives définissent les procédures
qui organisent ces procédés ainsi que les conditions
dans lesquelles opère cette volonté.
A- La légitimité du pouvoir en France

Dans son article 3, la constitution française (1958)


proclame : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui
l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer


l’exercice.

Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues


par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.

Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les
nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits
civils et politiques. »

Par ailleurs, le Président de la République est élu


pour cinq ans au suffrage universel direct (art. 6). Les
membres du parlement eux aussi élus, selon les
termes de l’article 24 de la constitution. Cet article
stipule que « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du
Gouvernement. Il évalue les politiques publiques.

Il comprend l’Assemblée nationale et le Sénat.

Les députés à l’Assemblée nationale, dont le nombre ne peut excéder


cinq cent soixante-dix-sept, sont élus au suffrage direct.

Le Sénat, dont le nombre de membres ne peut excéder trois cent


quarante-huit, est élu au suffrage indirect. Il assure la représentation
des collectivités territoriales de la République.

Les Français établis hors de France sont représentés à l’Assemblée


nationale et au Sénat. »

Et même à l’échelon local, la représentation et le


pouvoir de décision revient à des autorités élues.
L’article 72 de la constitution l’énonce comme
suit : « Les collectivités territoriales de la République sont les
communes, les départements, les régions, les collectivités à statut
particulier et les collectivités d’outre-mer régies par l’article 74. Toute
autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas échéant en lieu
et place d’une ou de plusieurs collectivités mentionnées au présent
alinéa.

Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour


l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre
à leur échelon.

Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s’administrent


librement par des conseils élus et disposent d’un pouvoir réglementaire
pour l’exercice de leurs compétences. »

B- La légitimité du pouvoir aux Etats-Unis

La volonté populaire est aussi la base de sélection des


gouvernants aux USA. Cette volonté est présente en
filigrane dans la notion de peuple qui est énoncée
dans le préambule de la Constitution comme suit :
« Nous le peuple des Etats-Unis, avec la volonté de rendre plus parfaite
notre Union, de la fonder sur la justice, d'assurer la paix civile, de
pourvoir à la nécessité d'une défense commune, de promouvoir la
prospérité de tous et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes
et à nos descendants, nous décidons et nous instituons la présente
Constitution pour les Etats-Unis d'Amérique ».
Pour ce qui est du pouvoir exécutif au niveau fédéral,
incarné par un Président et le Vice-président, l’élection
sera à la base de leur nomination. Ainsi comme le
stipule la section I de l’article II : « Le pouvoir exécutif sera confié à
un Président des Etats-Unis d'Amérique. La durée de son mandat, comme celle du vice-
président, sera de quatre ans… »

Quant au Congrès (ou pouvoir législatif), il sera formé


de la Chambre des représentants et du Sénat. La
Chambre des représentants émane du choix de la
population, comme c’est indiqué dans la section II de
l’article I de la Constitution : «La Chambre des Représentants sera
composée de membres choisis tous les deux ans par la population des différents Etats ;
dans chaque Etat, les électeurs devront satisfaire aux mêmes conditions que celles
exigées des électeurs de l'assemblée la plus nombreuse de l'Etat.

Les membres du Sénat sont eux aussi élus


conformément aux dispositions de l’amendement XVII
qui stipule : « Le Sénat des Etats-Unis sera composé de deux Sénateurs par
Etat, élus pour six ans par la population de l'Etat, et chaque Sénateur disposera d'une
voix. Dans chaque Etat, les électeurs devront remplir les conditions requises pour être
électeurs de l'assemblée la plus nombreuse de la législature de l'Etat. »

Aussi le vote est-il la règle pour constituer les


parlements des Etats fédérés (legislatures) et pour
désigner les gouverneurs de ces derniers1.

C- La légitimité du pouvoir en Grande-


Bretagne (Royaume-Uni)

La constitution non écrite de la Grande Bretagne


autorise une large souplesse au développement de la
règle constitutionnelle. C’est ainsi que la

1
AMENDEMENT XIX (1920)
Le droit de vote des citoyens des Etats-Unis ne sera pas refusé ou limité par les Etats-
Unis ou par un Etat quelconque à raison du sexe.

AMENDEMENT XV (1870)
Section 1. Le droit de vote des citoyens des Etats-Unis ne sera ni refusé ni limité par les
Etats-Unis ou par un Etat quelconque pour des raisons liées à la race, à la couleur ou à un
état antérieur de servitude.
représentation du peuple et le vote ont été mise en
place progressivement.

Depuis la révolution de 1688 la Constitution est


associée à la souveraineté du Parlement ; et la
Chambre des Lords subit un effacement progressif. Le

bill of Rights (1689) instaure aussi le principe du


consentement du Parlement à l’impôt. L'illégalité de la
suspension par le Roi, sans l'autorisation du
Parlement, des lois et/ou de leur application. Elle
instaure aussi le droit de pétition des Sujets. Les
élections au Parlement doivent être libres.

Dans ce sens, la Reform Act (1832) ouvre la marche


du suffrage universel. Désormais, les membres de la
Chambre des Communes sont élus au suffrage
universel. Au sein de cette Chambre la liberté des
débats est garantie. Et plus tard, le Parliament Act 2 de
1911, combiné à celui de 1949, limite le pouvoir de la
Chambre des Lords et attribue à la Chambre des
Communes le pouvoir législatif. Cette Chambre assoie
sa suprématie sur le fait qu’elle est issue du suffrage
universel.

§ 2 - La séparation des pouvoirs

La théorie de la séparation des pouvoirs fait son


chemin dès le XVIIème siècle et se renforce dès le
XVIIIème siècle. Les grands contours de cette théorie
se trouvent dans le Traité du gouvernement civil de J.
Locke (1690) ; elle va être systématisée dans l’Esprit
2
Depuis 1911, en effet, le Parliament Act interdit aux lords de rejeter les projets de loi
proposés par la Chambre des communes (tout au plus, conservent-ils le pouvoir de
ralentir son approbation).
des Lois par Montesquieu en 1748. Cette théorie
repose sur le postulat que pour éviter la tyrannie le
pouvoir doit être divisé, notamment dans ses trois
fonctions essentielles – législative, exécutive et
judiciaire.

Cette idée reste toutefois très relative, car les trois


pouvoirs sont souvent amenés à collaborer et à
coordonner leurs tâches.

A- Le parlementarisme britannique3

Le système constitutionnel britannique s’inscrit dans


ce que les constitutionnalistes appellent le
4
‘’parlementarisme’’ ou le régime parlementaire. La
Chambre des Communes constitue la clé de voûte ce
système. Et cette souveraineté de la Chambre des
Commune est assimilée à la souveraineté populaire 5.
Depuis 1911, en effet, le Parliament Act interdit aux
lords de rejeter les projets de loi proposés par la
Chambre des Communes (tout au plus, conservent-ils
le pouvoir de ralentir son approbation).
3
Le Parlement de Grande-Bretagne a été créé en 1707 par la fusion des parlements
d'Angleterre et d'Écosse. Il a été de nouveau élargi en 1801par la fusion avec
le Parlement d'Irlande.
4
Définition du parlementarisme : Le parlementarisme britannique repose sur la prééminence du parlement. Ainsi
en théorie le Parlement britannique détient la Souveraineté juridique ; c'est- à- dire que ses pouvoirs sont
illimités lorsqu'il s'agit pour lui de légiférer.
Aucune autorité ne peut être supérieure à la sienne et si les juges ont évidemment une certaine faculté
d'interprétation de la Loi, et peuvent invoquer l'existence de droits naturels imprescriptibles, ils ne peuvent, bien
entendu, rendre des décisions qui seraient formellement contraires à la Loi.
Il n'existe pas, au Royaume-Uni, de Cour Suprême ou de Cour Constitutionnelle qui pourrait limiter la
Souveraineté juridique du Parlement.

C'est la Chambre basse du Parlement, la Chambre des Communes, qui détient aujourd'hui, depuis que sa
suprématie sur la Chambre haute, la Chambre des Lords, s'est affirmée au XXème siècle, cette Souveraineté
juridique.
Mais, de fait, cette Souveraineté juridique n'est que théorique puisqu'elle s'exprime par le vote des lois, donc
qu'elle nécessite l'existence d'une majorité parlementaire. Or, en Grande-Bretagne, du fait de l'existence du
bipartisme rigide, la majorité parlementaire s'exprime réellement par la voix du Gouvernement.
5
A. V. Dicey faisait à l’époque une distinction entre la souveraineté populaire exercée par l’électorat et la
souveraineté légale des représentants du peuple au parlement. Voir Monica Chabot, Le pouvoir politique en G.
Bretagne, PUF, 1990, p.73
La Chambres des Communes et la Chambres des
Lords siègent séparément depuis le XIVème siècle. La
Chambre des Communes a été mise en place en 1295
par Edouard Ier et n'a cessé d'exister depuis. A
l'origine, la Chambre des Communes avait nettement
moins de pouvoir que la Chambre des Lords.
Aujourd’hui, ses membres sont issus du suffrage
universel (659 membres) pour une durée de cinq ans.

Au sein de cette Chambre, le speaker joue un grand


rôle dans le déroulement des débats au sein du
parlement. Il est aussi le porte-parole et défenseur
des privilèges des Communes. C’est lui qui désigne les
présidents des commissions permanentes. Il est élu
par ses pairs par un commun accord.

Le gouvernement est adossé à sa majorité


parlementaire. C’est pourquoi les lois sont souvent
d’origine gouvernementale malgré l’initiative des lois
que possède la Chambre des Communes. Quant à
l’opposition, ses propositions restent à l’état de
pétition de principe. Les travaux de cette Chambre se
font par le biais des Commissions 6. Par ailleurs, c’est
la Chambre des Communes qui nomme le Premier
ministre.

Quant à la Chambre des Lords, son rôle est


protocolaire. Avant 1832, C’est elle qui s’accaparait la
nomination du Premier ministre. Son pouvoir a
commencé à s’effriter au fil du temps et son rôle
législatif s’amenuise. Progressivement, le
bicaméralisme s’installe d’une manière égalitaire.
Aujourd’hui, Cette institution fait partie du décor
parlementaire. Ses membres exercent plutôt un
magistère moral (veille au respect du consensus

6
La commission de la Chambre entière (Loi de finances, Lois en matière
constitutionnelle (Conventions,, Traités, etc.). Les commissions permanentes (1O
Committees/5O membres chacune) Autres commissions ( de procédure, d’enquêtes.
national). Y siéger est une forme de récompense pour
des personnalités éminentes. Elles sont nommées par
le 1èr ministre pour la couronne (26 lords
appartiennent à l’Eglise anglicane + 12 juges + 540
pairs). Lord Salisbury fut le dernier Prime Minister
venant de cette Chambre (1902).

Le gouvernement s’appuie obligatoirement sur sa


majorité parlementaire. Un Comité de liaison
coordonne le travail entre le Cabinet et la Chambre
des Communes (Trait d’union entre parlement et

Exécutif). Le Cabinet, C’est le noyau dur de tout le


mécanisme exécutif. C’est la partie efficace au sein du
Ministère. Il comprend un petit nombre de ministres
choisis par le 1er Ministre (Le Premier Ministre, le
Ministre de la justice, le Ministre des affaires
étrangères, le Ministre de l’intérieur, Le Ministre de
l’éducation, Le Ministre de la défense, le Ministre de
l’industrie et commerce, le Ministre de l’agriculture, le
Ministre de l’emploi, le Ministre des affaires d’Ecosse,
Pays de Galles, Irlande du Nord (20 membres).

Le Premier Ministre7 est le chef d’orchestre du


Cabinet ; mais lui et les autres ministres sont
collectivement responsables devant le Parlement de la
politique décidée par le parti.

Le Premier Ministre occupe un rang de premier plan


du fait de sa légitimité populaire8. C’est pourquoi, il
7
Si le Premier Ministre échoue dans sa mission, il démissionne pour éviter que cela n’ait
des répercussions sur le parti. Le gouvernement demeure en contact avec la population
par le biais des sondages, des élections partielles et générales. Par son vote, l’électeur
choisit à la fois un député, un chef de gouvernement, une équipe et un programme
gouvernemental (quoique l’électeur est mis devant un choix binaire avec le two-party
system). La responsabilité du gouvernement est électorale et non pas parlementaire du
fait de la logique majoritaire. L’éventualité d’une scission au sein du parti
gouvernemental peut entrainer la dissolution des Communes et le recours prématuré aux
élections.
8
Il est en charge de son projet politique sur lequel il a été élu, simultanément, avec sa
majorité. C’est avec une grande indépendance qu’il détermine la politique intérieure et
extérieure du pays.
est courant de désigner l’exécutif britannique par
gouvernement de Cabinet. Il nomme les membres du
Cabinet, en modifie la composition. Il peut demander à
l’un de ses ministres de démissionner ou de changer
d’attributions. Il peut révoquer les ministres, porter au
roi la démission du gouvernement et annoncer la
dissolution des Communes. C’est lui qui assure la
liaison entre le gouvernement et le roi (ou la reine). Il
supervise de près le travail de ses subordonnés,
accordant une attention particulière à la politique
étrangère. Par ailleurs, il est assisté dans sa tâche par
un groupe de conseillers (et des comités). Le Prime
Minister Office fait office de secrétariat général du
gouvernement qui supervise le travail de tous les
départements, y compris le travail de l’administration.

Quant à la monarchie (parlementaire), elle a contribué


à la continuité de l’Etat ; elle a évolué au fil du temps.
Aujourd’hui, elle n’a qu’un rôle symbolique dans le
système constitutionnel britannique. Elle a un
enracinement historique indéniable, ce qui par
conséquent lui assure un consensus national. Son
évolution s’est opérée sur la base d’une distinction
entre gouvernement et règne.

B- Le régime présidentiel américain

C’est dans ce système constitutionnel que la séparation


des pouvoirs est la plus rigide. Il n’en demeure pas
moins que la possibilité de compromis et de
collaboration existe.

Selon la constitution de 1787, le Parlement fédéral


s’appelle le Congrès. Il comprend ainsi une Chambre
des Représentants et un Sénat.
a-La Chambre des Représentants

Ses membres (435) sont élus pour un mandat de 2 ans


au scrutin majoritaire uninominal à un tour. Et pour y
être éligible, il faut être âgé d’au moins 25 ans, être
citoyen américain depuis 7 ans9.

b- Sénat10

Il est composé de deux membres par Etat (100) 11, élus


au scrutin majoritaire uninominal à un tour
(amendement XVII, 1913) pour six ans et renouvelable
par tiers tous les deux ans au moment où ont lieu les
élections à la Chambre des Représentants ; et pour être
éligible au Sénat, il faut être âgé de 30 ans, posséder la
nationalité américaine depuis 9 ans.

Pour ce qui est des travaux du Congrès, ce dernier tient


une session annuelle qui démarre début Janvier et se
termine fin juillet. Pendant la durée de la session,
chaque Chambre est autorisée à s’ajourner pour une
période ne dépassant pas 3 mois pour éviter toute
obstruction à l’autre Chambre. Son travail se déroule
dans des commissions (permanentes). Chaque
commission est souveraine dans son domaine. Les
institutions des whips et du speaker sont introduites
dans le Congrès américain12. Les présidents des
commissions sont désignés du parti de la majorité. Par
ailleurs chaque assemblée peut décider librement de la
création de commissions d’enquête et ordonner la

9
A souligner que les fonctionnaires ne sont pas éligibles au Congrès.
10
C’est le vice président des USA qui, de droit, fait office de Président du Sénat américain.
11
Le Poto-Rico (Etat libre associé aux USA) ne dispose que d’une représentation au Sénat.
Par référendum (organisé en 1993 et 1998), les populations ont voté contre son
rattachement aux USA.
12
Selon les observateurs, ces deux institutions sont inefficaces dans le système politique
américain. Les débats au sein des assemblées sont chaotiques. On reproche aussi au
congrès l’irresponsabilité (ou médiocrité) de ses membres et l’activité néfaste des
lobbies. C’est un cimetière législatif, selon M.-F. Toinet. La commission du règlement
(Rules Committee) est capable de bloquer ou de faire passer un texte de loi. C’est
pourquoi sa présidence est décisive en matière de procédure législative.
comparution13 de toute personne, en dehors du
président et du vice-président.

c- Les prérogatives du Congrès (art. 1, C. 1789)

Le pouvoir législatif est exercé concurremment et à


parité par les deux Chambres14, sauf en matière d’impôt
où l’initiative appartient à la Chambre des
Représentants. Si, au cours de la procédure
parlementaire, les deux Assemblées sont en désaccord,
une commission mixte de conciliation est mise sur pied
(Conference Committee) réunissant les élus des deux
assemblées pour essayer de trouver un modus vivendi.

Le Congrès dispose également d’un pouvoir électoral.


Ainsi, à l’occasion de l’élection du Président et du vice-
président, si un ballotage se produit, la Chambre des
Représentants intervient pour désigner le Président, et
le Sénat pour désigner le Vice-président. Aussi, au cas
de vacance de la vice-présidence, après le choix d’un
nouveau vice-président par le Président, les deux
Chambres interviennent-elles pour confirmer la
nomination (XXVème amendement, 1967).

Le Congrès participe à la nomination des juges à la


Cour suprême (loi de 1869) et supervise le
fonctionnement des services publics et les
fonctionnaires fédéraux. Le Président ne peut engager
des troupes américaines dans une guerre au-delà de 60
jours sans avoir obtenu au préalable l’accord des deux
Chambres. La Chambre des Représentants, sur la
procédure de l’impeachment, vote la mise en
accusation du Président et le Sénat le juge (présidé par
13
Ces commissions procèdent aussi à des auditions publiques (hearings) qui sont des formes d’interpellation. Les
médias jouent un rôle très important dans la diffusion de ces auditions.
14
Sous la pression des lobbies, les textes de loi proviennent essentiellement de la Chambre des représentants.
Leur sort dépend de la Commission des règlements pour leur inscription à l’ordre du jour. Ces textes de loi sont
examinés dans les Commissions permanentes avant d’être transmis à la Commission des règlements. En matière
budgétaire, le Congrès détient les pleins pouvoirs et par voie de conséquence un pouvoir de nuisance à l’égard du
Président. La plupart du temps, il se rallie aux choix des Congressmen après avoir épuisé les ressources de la
négociation. Le principe de la séparation des pouvoirs est appliqué avec rigueur.
le Chief justice de la Cour suprême). L’accord du Sénat
est incontournable au Président pour la nomination des
hauts fonctionnaires (ambassadeurs), du chef d’état-
major interarmées, des membres du FED (federal
Election Commission) ; FCC (Federal Communications
Commission). Le Sénat est habilité aussi à examiner les
traités négociés et conclus par le Président ; ils ne sont
approuvés qu’à la majorité des 2/315.

d- Election et pouvoirs du Président


américain16

C’est le Chief executive (art. 1 de la Constitution) qui


nomme les ministres (appelés secrétaires). Il est chef
d’Etat et chef de gouvernement. Son élection passe
tout d’abord par la sélection (les primaires) des
candidats des partis d’une part et celui des élections
nationales d’autre part. Ainsi les conventions des partis
se tiennent après la désignation des délégués, et c’est
là où les candidats sont désignés 17. A l’issue de la
désignation des candidats, la campagne (caucus) pour
les départager commence. Le Président sortant
(rééligible une fois) est normalement dispensé de cette
campagne.

L’élection du Président et du Vice-président se fait


normalement par les grands électeurs. Ces derniers
sont élus par les assemblées des Etats. Cette procédure
a été progressivement supplantée par le choix direct
des grands électeurs par les citoyens. C’est cette
procédure qui cadre le plus avec la logique
démocratique. C’est au scrutin de liste majoritaire à un
15
Les executive agreements ne sont pas soumis à l’approbation du Sénat. C’est une manière de contourner les
dispositions constitutionnelles. La Cour suprême reconnait aux executive agreements les
mêmes effets qu’aux traités.
16
L’éligibilité d’un Président est soumise aux conditions suivantes : être citoyen américain
de naissance ; être âgé d’au moins 35ans et résider depuis au moins 14 ans aux USA.
17
Pour les Républicains, tout électeur peut participer à la désignation des délégués, ce
qui n’est pas le cas des démocrates. Chaque candidat à la présidence choisit son vice –
président (colistier). Ce dernier doit remplir les mêmes conditions que le Président, à
condition qu’il n’habite pas le même Etat que le Président.
tour que le peuple désigne les grands électeurs dans
chaque Etat dont le nombre est égal, à celui de ses
congressmen à Washington. Ainsi un collège des grands
électeurs18 est formé au plan national. Le candidat
ayant atteint la majorité absolue des mandats des Etats
(les mandats électoraux, soit 270, et non celle des voix
populaires)19 est considéré comme vainqueur. Et dans
l’éventualité d’un ballotage au sein du collège électoral,
le Congrès est appelé à départager les candidats en
application du XIIème amendement de 1804.

Le Président des USA20 est élu pour un mandat de 4


ans, renouvelable une fois21. En cas de vacance de la
présidence (mort) ou lorsque le Président est empêché
définitivement, il est remplacé par son (VP : Vice-
Président) qui achève le mandat commencé, dans la
plénitude de ses attributions.

Dans le schéma de la séparation des pouvoirs, la


fonction du Président est contrecarrée par les autres
pouvoirs. Son efficacité est tributaire de la nature de
ses rapports avec le Congrès. Toutefois il détient le
pouvoir réglementaire (ordres et proclamations). Il
promulgue les lois22, supervise le fonctionnement des
18
C’est lors de leur candidature que les grands électeurs indiquent leur intention soit de
voter pour le candidat aux présidentielles républicain ou démocrate.
19
Le collège électoral comprend 538 membres (435+ 3grands électeurs attribués au
District de Columbia+100 qui correspond aux nombre des sénateurs). L’élection d’un
Président minoritaire sur le plan de décompte des voix populaire n’est pas exclue.
20
Tous ses collaborateurs sont placés sous son contrôle immédiat. Il les nomme avec
l’accord du Sénat. Ils forment un cabinet technique. Ces collaborateurs coordonnent
l’activité au sein de l’exécutif, supervisent ses relations avec le Congrès et préparent les
décisions incombant au Président. Ils travaillent sous le contrôle d’un secrétaire général.
Outres ces collaborateurs (7OO), il dispose d’un dispositif de bureaux de conseil dans
différents domaines.
21
C’est le Président F. Roosevelt qui, depuis 1932, a été reconduit pour un quatrième
mandat en 1944, mais cela est à cause des circonstances exceptionnelles dans lesquelles
se trouvaient alors les USA.
22
Il dispose du pouvoir d’émettre des vetos à l’encontre des lois. Toute proposition de loi
votée par la Chambre des Représentants et le Sénat devra être soumise au Président des
Etats-Unis avant d'être promulguée. S'il l'approuve, il la signera ; dans le cas contraire, il
la renverra à la Chambre dont elle émane, accompagnée de ses objections. Celles-ci
figureront in extenso dans le procès-verbal de la Chambre qui réexaminera la proposition
de loi. Si, à la suite de ce nouvel examen, les deux tiers des membres de cette Chambre
services publics et nomme les fonctionnaires fédéraux.
Il détermine la politique extérieure des Etats-Unis avec
l’assistance du secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères. A ce titre, il conduit les négociations
diplomatiques, nomme les ambassadeurs, signe les
traités. En outre, le président dispose de l’armée et de
l’initiative et la conduite des opérations. Il dispose aussi
du droit de grâce au plan fédéral23.

e-Rapports du Président au congrès

Le Congrès et le Président peuvent avoir des rapports


tumultueux. Le Président ne peut dissoudre le Congrès
et ce dernier ne peut obliger le Président et ses
secrétaires à démissionner. Chacun paraît enfermé
dans sa fonction et isolé dans un rôle. Mais la
négociation et la persuasion sont des moyens de
gestion incontournables de leurs rapports. Le
compromis est toujours un moyen de déblocage des
situations d’impasse.

A cet égard, le Président (art. 1, sect. 7 de la Constit.)


dispose du droit de veto à l’égard des textes de loi
(l’intégralité de la loi24) votés par le Congrès. Ce veto 25
confirment leur vote, elle sera transmise, accompagnée des objections présidentielles, à
l'autre Assemblée qui, à son tour, la discutera à nouveau. Si cette dernière l'approuve à la
majorité des deux tiers, la loi deviendra alors définitive. Mais, dans toutes ces
hypothèses, les voix dans les deux Chambres seront décomptées par " oui " ou par
" non ", et les noms des personnes ayant voté pour et contre la loi figureront dans le
procès-verbal de leur Chambre respective. Si une loi n'est pas renvoyée par le Président
dans les dix jours (dimanche excepté) après lui avoir été soumise, elle deviendra
définitive comme s'il l'avait signée, à moins que le Congrès, en s'ajournant, n'en empêche
le renvoi ; dans cette hypothèse, elle ne sera pas considérée comme définitive et ne
pourra entrer en vigueur.

23
Au plan fédéré, le droit de grâce est du ressort du gouverneur.

24
Il y a aussi ce que l’on appelle le veto de poche (pocket veto ; une forme de veto
officieux) lorsque le Président s’abstient de promulguer la loi au moment où s’achève la
session parlementaire et le Congrès peut attendre la session suivante pour répliquer.

25
Selon l'American Presidency Project, émanation de l'Université de Californie, le Congrès est rarement parvenu
dans la passé à réunir une telle majorité: sur les quelque 2500 vetos opposés par des présidents américains depuis
le premier d'entre eux, George Washington (1789-97), seuls une centaine ont été renversés par un vote du
peut être surmonté par un vote à la majorité des 2/3
dans chacune des chambres. C’est le droit de veto ou le
veto simple. Par contre, il existe une autre forme de
veto appelée veto de poche aux termes duquel le président
refuse de signer le bill qu'il lui a été transmis dans les dix jours
précédent l’ajournement du Congrès, le président met fin à la
procédure législative ‘le bill devient dépassé’ sans devoir de
justification et sans possibilités de vote.

Il appartient aussi au Président d’initier des lois soit


d’une manière indirecte, par le biais d’un Congressman,
soit d’une manière directe lors du discours (sous forme
de messages annexés) sur l’état de l’union prononcé au
début de la session parlementaire devant les chambres
réunies à cet effet. Aussi appartient-il au Président la
tâche de préparation du budget26 fédéral, et ce depuis
1921.

Le Congrès, quant à lui, dispose d’une procédure de


travail imperméable à l’intervention (et à l’action) du
Président (l’inscription à l’ordre du jour et les
manœuvres dilatoires ou d’obstruction outre l’absence
de discipline majoritaire)27. Le Sénat peut aussi faire
échouer l’adoption d’une loi par le moyen de filibuster 28.
Mais le moyen de pression le plus important dont
dispose le Congrès, c’est le refus de vote du budget.

Par ailleurs, le Congrès peut destituer le Président par


le biais de la procédure de l’impeachment. Cette
Congrès.
La mésaventure est cependant arrivée à quatre reprises à George W. Bush, qui a utilisé au total 12 vetos pendant
sa présidence (2001-2009), la quasi-totalité après la victoire de l'opposition démocrate aux législatives de 2006.
M. Bush s'est notamment opposé avec succès à des votes du Congrès en faveur de la recherche publique sur les
cellules souches embryonnaires.

26
L’Office of management and Budget s’occupe de la préparation du budget. Mais avec
l’intervention des lobbies dans le processus décisionnel le Président ne maitrise pas cette
tache.
27
Les intérêts des groupes de pressions rajoutent d’autres complexités aux procédures
parlementaires.
28
Aux États-Unis, la technique d'obstruction parlementaire la plus notoire est le filibuster. Ce moyen est utilisé
par les membres du Sénat afin d'entraver le vote final d'un projet de loi auquel ils s'opposent en parlant pendant
une durée illimitée jusqu'à ce que la majorité abandonne ledit projet.
procédure est opératoire lors d’une mise en cause de la
responsabilité du Président dans l’exercice de ses
fonctions (s’il est reconnu coupable de trahison ou de
concussion en vertu de l’art. 2, sect. 4 de la
Constitution29).

f- La Cour suprême

Il existe des juridictions propres aux Etats fédérés et à


l’Etat fédéral. Mais c’est la Cour suprême qui dispose du
pouvoir judiciaire suprême (art. III, section I de la
Constit.) ; elle coiffe l’ensemble du système judiciaire
américain. Elle constitue par conséquent le dernier
recours en cassation de tous les jugements des
tribunaux des Etats fédérés. Elle dispose d’une
compétence de droit commun ou générale 30. Elle a
aussi la compétence d’interpréter la constitution 31. Elle
juge aussi bien du fait que du droit. Elle effectue un
contrôle du fédéralisme qui se traduit par une
supervision des arrêts des Cours des Etats fédérés. Il
s’agit de vérifier si les Cours d’Etats prennent soin
d’arrêter les lois des Etats particuliers qui seraient en
contradiction avec la constitution fédérale ; d’où aussi

29
Sur recommandation de la commission judiciaire, la Chambre des représentants se
charge de l’accusation à la majorité simple et le Sénat, sous la présidence du Chief justice
de la Cour suprême, le juge en se prononçant sur sa culpabilité.
30
En l’absence de tribunaux administratifs, elle est habilitée à traiter aussi bien les litiges
privés que publics.
31
Le gouvernement des juges (forgé par Edouard Lambert) fait référence à cette période
(fin du XIXème siècle jusqu’aux années 30, du 20ème siècle) où le contrôle de la
constitutionnalité jusqu’aux amendements à la constitution. Le juge américain se place
ainsi au-dessus du pouvoir constituant, car, pour lui il existe des principes supérieurs de
droit naturel, formant une éthique, à laquelle la constitution elle-même doit se conformer,
au nom d’une supra-constitutionnalité. Pendant cette période aussi, les législatures et le
congrès se trouvent bridés par cette Cour.
cette tâche du contrôle de la constitutionnalité 32 des
lois (judicial review) votées par le Congrès33.

Par ailleurs cette Cour est composée de 9 juges


(justices) (loi de 1869) nommés à vie par le président
de la République et confirmés par le Sénat. Le Président
consulte la corporation (Americain Bar Association) des
lawyers (avocats) pour toute nomination de juges.

C- Le régime semi-présidentiel (semi


parlementaire) en France

C’est à travers la Constitution de 1958 (la Vème


République) ; qu’on examinera à la fois la répartition
des pouvoirs, leur séparation et leur coopération (les
rapports entre différentes institutions). C’est ce qui
nous permet de saisir la dynamique du système
constitutionnel français actuel (avec les adaptations
soutenues). Le système constitutionnel de Vème
République34 perdure encore avec des adaptations qui
interviennent de temps à autre. Ce système
constitutionnel renferme en son sein un sous-système
(régional).

La Constitution de 1959 consacre les principes


républicains d’indivisibilité de l’Etat (Etat central et
souverain), de la collaboration des institutions, de
32
Charles Hugues disait de la Constitution : « Nous sommes régis par une constitution,
mais cette constitution est ce que les juges disent qu’elle est ». Justice Jackson compare
la Cour suprême à une convention constitutionnelle permanente qui sans soumettre ses
propositions à aucune ratification, peut modifier la loi fondamentale (J. Gicquel, 281).
33
Le juge procède par une interprétation constructive du texte contraire à la lettre de la
constitution. Dans le cas ou cela ne peut cadrer avec cette interprétation il déclare son
inconstitutionnalité.
34
L’IVème République était confrontée au problème de décolonisation et à la guerre de
l’Algérie. Une tentative de coup d’Etat militaire (à Alger, l’armée met en place un Comité
de Salut Public) conduit au retour du Général de Gaulle au pouvoir. C’est sous direction
que la Constitution de 1958 a été élaborée, approuvée et promulguée (le 4 oct. 1958).
C’est le gouvernement présidé par de Gaulle qui sera investi de pouvoir législatif et
constituant. C’est René Coty (sous la IVème République) qui était Président de la
République à cette époque.
laïcité (loi de 1905), de démocratie (égalité devant la loi
et suffrage universel) et de souveraineté du peuple (art.
3 C) par le biais des institutions de la République. Ces
principales institutions se présentent comme suit :

a-Le pouvoir exécutif

Cette constitution consacre la primauté du pouvoir


exécutif et provoque relativement la relégation du
parlement au second rang (le gouvernement du peuple
par ses élus). Mais néanmoins cette constitution
introduit le référendum comme forme de consultation
et d’expression populaire35. Et depuis 1962, le chef de
l’Etat est élu au suffrage universel, par le peuple.

Ainsi l’exécutif se désengage de l’emprise de


l’Assemblée. Les nouvelles attributions du Président en
font un personnage central de l’Etat 36 : il veille au
respect de la constitution et au fonctionnement régulier
des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat,
selon les termes de l’article 5 de la constitution 37. Ses
compétences s’expriment avec ou sans contreseing
ministériel38 (art. 19). Il nomme le premier ministre (art.
8) et recourt au référendum législatif (art. 11). Il peut
aussi dissoudre l’Assemblée Nationale (art. 12). Il
nomme les membres du conseil constitutionnel (art.
35
La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et
par la voie référendaire (art. 3C). La possibilité est aussi donnée au peuple de voter lui-
même une loi en lieu et place des parlementaires (art.11). C’est la raison pour laquelle
on considère que c’est un passage de la démocratie d’adhésion à la démocratie de
participation.
36
La Vème République sera caractérisée par un dualisme de pouvoir. Si la majorité
présidentielle et parlementaire s’harmonisent cela s’identifie à la prééminence
présidentielle. Si elles se contredisent, c’est le gouvernement qui prédomine. Le premier
cas s’apparente à un régime présidentiel le second à un parlementarisme dans le cadre
de la cohabitation. Le pouvoir de l’exécutif est réhabilité en même temps que celui des
juges.
37
Avant la réforme de 1962, un collège élargi (80000 citoyens détenteurs d’un mandat
électif) élit le président de la république (art. 6 et 7 C).
38
Cette procédure désengage la responsabilité de l’auteur principal de l’acte lorsqu’une
seconde personne appose sa signature après celle de ce dernier.
56). Il saisit ce dernier au sujet des traités (art. 54) ou
d’une loi (art. 61).

Désormais c’est le Chef de l’Etat qui a la compétence


d’investiture du gouvernement. L’Assemblée
Nationale39 n’est plus appelée à participer à la
formation du gouvernement ; mais elle vote tout de
même la confiance (art. 49, al. 1) ou le refus de
confiance (al. 2).

Cette constitution de 1958 fait du président de la


république un arbitre en cas de dérèglement des
rapports entre les pouvoirs publics et le gouvernement ;
aussi détermine-t-il et conduit-il la politique de la nation
(art. 20 C). Il agit par voie de règlements dans le
processus normatif (art. 37) (d’ordonnances
conformément aux art. 38 et 45). Aussi le
gouvernement a-t-il désormais le droit d’initiative en
matière financière (art. 40), la fixation de l’ordre du
jour de l’Assemblée (art. 48), l’adoption de la loi (art. 45
et 49). Le contrôle de la constitutionnalité (art. 61) lui
revient aussi.

Le Président de la république est élu au suffrage


universel (pour 5ans depuis 2000). Il est irresponsable
dans l’exercice de ses fonctions (art68 C). Par son
élection, il devient le dépositaire de la souveraineté
populaire.

Le Président de la République nomme le Premier


ministre de la majorité ayant remporté les élections
législatives. Et si cette majorité n’est pas de la même
famille politique que le Président on parle d’une
cohabitation politique.

39
C’est cette nouvelle orientation dans la redistribution des pouvoirs que l’on appelle
parlementarisme rationalisé. Cette rationalisation consiste en la limitation de son
activité. L’article 34 énumère les matières qui relèvent du domaine de la loi.
b- Le pouvoir législatif

Depuis la mise en place de la Vème République


française, l’Assemblée Nationale fait partie, avec le
Sénat, du Parlement . Le rôle de ce dernier est de
40

discuter et de voter les lois. Il contrôle aussi l'action du


Gouvernement et évalue les politiques publiques41.
L’Assemblée nationale a, contrairement au Sénat, le
pouvoir de renverser le Gouvernement, ce qui implique
que celui-ci ne peut être en désaccord avec elle. Les
députés à l'Assemblée nationale, dont le nombre ne
peut excéder cinq cent soixante-dix-sept, sont élus au
suffrage direct. Le Sénat, dont le nombre de membres
ne peut excéder trois cent quarante-huit, est élu au
suffrage indirect42. Il assure la représentation des
collectivités territoriales de la République (art. 24).

Depuis 2003, les Sénateurs sont élus pour une durée de


six ans au suffrage universel indirect. Les élections sont
organisées tous les trois ans. Le Sénat vote le budget
de l'État ainsi que les lois : projets de loi présentés par
le gouvernement ou bien propositions de loi présentées
par un parlementaire. Un ou plusieurs sénateurs
peuvent déposer une proposition de loi auprès du
bureau du Sénat. Les Sénateur n'ont aucun pouvoir sur
l'exécutif, contrairement à l’AN (Assemblée Nationale.

c- Le Conseil constitutionnel43
40
En 2010, l’Assemblée compte 577 membres appelés « députés », élus pour la plupart aux élections
législatives des 10 et 17 juin 2007 au suffrage universel direct au scrutin uninominal
majoritaire à deux tours pour une durée de cinq ans, qui forment la XIIIe législature, où le
groupe UMP est majoritaire
41
Article 50. Lorsque l'Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu'elle
désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement,
le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du
Gouvernement.
42
Le président de l'Assemblée nationale est élu pour la durée de la législature. Le Président du Sénat est élu
après chaque renouvellement partiel.
43
Article 61 stipule que les lois organiques, avant leur promulgation, les propositions de loi mentionnées à
l'article 11 avant qu'elles ne soient soumises au référendum, et les règlements des assemblées parlementaires,
Cette institution est créée par la Constitution de
la Cinquième République du 4 octobre 1958. Le Conseil
constitutionnel veille à la régularité des élections
nationales et des référendums. Il se prononce sur la
conformité à la Constitution des lois et de certains
règlements dont il est saisi.

d- Le Conseil d’Etat

Dans les institutions de la Cinquième République, le


premier rôle du Conseil d’Etat est celui de conseiller le
gouvernement. À cette fin, le Conseil d'État doit être
consulté par le gouvernement pour un certain nombre
d'actes, notamment les projets de lois. Son second rôle
est celui de plus haute des juridictions de l'ordre
administratif.

Outre ces composantes centrales du système


constitutionnel français, il existe des institutions locales
ou périphériques issues de ce que le texte
constitutionnel dénomme les collectivités territoriales.
Certes, c’est un découpage administratif ; mais c’est un
prolongement territorial et politique de l’Etat central qui
est appelé à évoluer vers plus d’autonomie politique.

1- Les collectivités territoriales (ou les sous-


systèmes)

avant leur mise en application, doivent être soumis au Conseil constitutionnel qui se prononce sur leur
conformité à la Constitution. Aux mêmes fins, les lois peuvent être déférées au Conseil constitutionnel , avant
leur promulgation, par le Président de la République, le Premier ministre, le président de
l'Assemblée nationale, le président du Sénat ou soixante députés ou soixante sénateurs. Dans
les cas prévus aux deux alinéas précédents, le Conseil constitutionnel doit statuer dans le délai
d'un mois. Toutefois, à la demande du Gouvernement, s'il y a urgence, ce délai est ramené à
huit jours.
Ces collectivités44 sont des entités spatiales et
sociologiques. Elles s'administrent librement par des conseils élus
et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs
compétences. Elles ont vocation à prendre les décisions pour
l'ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en oeuvre
à leur échelon. Cependant la France étant un État unitaire et
décentralisé, les régions, tout en ayant le statut de collectivités
territoriales, n'ont pas d'autonomie législative.

a- La Région

La région est une personne morale de droit public distincte de


l'État et bénéficiant à ce titre d'une autonomie réglementaire et
patrimoniale. Elle dispose d'un organe délibérant, le conseil
régional élu, d'un organe exécutif, le président, élu par l'assemblée
et d'un organe consultatif.

1- Les compétences de la région

Les régions peuvent intervenir dans tous les domaines présentant un


intérêt public à l'échelon du territoire régional même si cette
intervention n'est pas expressément prévue par un texte, sous réserve,
néanmoins, de ne pas empiéter sur les compétences réservées
exclusivement à d'autres personnes publiques. Dès la première loi de
décentralisation, le développement économique, l'aménagement du
territoire et la formation professionnelle sont les domaines
d'intervention principaux des régions45. Pratiquement, tous les services
44
L’article 72 de la Constitution prévoit que les collectivités territoriales de la République sont les communes,
les départements, les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-mer régies par l'article
74 Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas échéant en lieu et place d'une ou de plusieurs
collectivités mentionnées au présent alinéa.

45
D’autres compétences appelées compétences d’attribution sont du ressort des régions : le développement
économique, au travers des aides directes et indirectes aux entreprises, mais aussi avec la création d'un
schéma régional de développement économique, de l'innovation et de l'internationalisation ; l'enseignement,
avec l'entretien (et la construction) des lycées, la gestion des personnels techniques et ouvriers de service
des lycées, la possibilité de contribuer au financement des universités ;l'apprentissage et la formation
publics régionaux relèvent des compétences de la région. Aujourd’hui,
ces régions sont au nombre de 18. Elles bénéficient d’une large
autonomie aussi bien réglementaire que financière. C’est pourquoi
elles disposent d’un certain nombre d’institutions d’ordre délibératif,
exécutif et consultatif.
2- Les organes de la région
En tête des ces organes figure le conseil régional. C’est
l’Assemblée délibérante de la région. Ses membres sont élus au
suffrage universel direct dans les départements ( par les électeurs de
la région). Là aussi se déroule un jeu politique lié aux affaires
publiques régionales.
L’exécution des décisions prises au sein de l’Assemblée régionales
est effectuée par le Président du Conseil régional. C’est pourquoi il
occupe une place centrale dans l’organisation politique et
administrative de la région. Le président du conseil régional est élu
lors de la première réunion du conseil régional qui suit le
renouvellement de l'assemblée. Tout candidat à la présidence doit
remettre, avant chaque tour de scrutin, une déclaration écrite aux
membres du conseil régional. Dans ce document, il doit présenter
les grandes orientations politiques, économiques et sociales qu'il
souhaite donner à son mandat. Les candidats doivent donc
s'engager politiquement sur un programme.

Quant à l’institution consultative de la région, et qui est


incontournable dans le fonctionnement de région, il s’agit plus
particulièrement du Conseil économique, social et environnemental
créé par la loi du 10 juillet 2010. Il est obligatoirement sur :

professionnelle au travers d'une politique régionale d'accès ; l'emploi et l'insertion professionnelle, en


contribuant au financement des structures d'accompagnement et d'insertion professionnelle des jeunes
(permanences d'accueil, d'information et d'orientation ; missions locales) ; l'action sociale et la santé avec
les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) et la participation aux commissions exécutives des agences
régionales de santé ; l'action culturelle avec le financement des musées régionaux, l'archéologie préventive
ou les bibliothèques régionales ;le tourisme ;la politique de la ville, en soutenant la rénovation urbaine et les
contrats de ville ; le sport, notamment avec le transfert de la propriété des centres de ressources, d'expertise
et de performance sportive (CREPS) qui appartiennent à l’État ; les transports publics, au travers de
conventions avec la SNCF pour l'organisation des transports ferroviaires régionaux, mais aussi avec
l'exploitation des gares de voyageurs à la place des départements depuis le 1er janvier 2017 ;les grands
équipements (ports fluviaux, aérodromes…
- les rapports concernant la préparation et l’exécution du contrat
de plan État-région (CPER) ;
- les différents actes budgétaires régionaux (orientations
budgétaires, budget primitif, compte administratif et décisions
budgétaires modificatives) ;
- les schémas à moyen et long terme relatifs aux compétences de
la région (schémas de formation professionnelle,
d’aménagement du territoire, etc.)

Il rend des avis et réalise des études, soit de sa propre initiative, soit
à la demande du conseil régional sur tout sujet relatif à l’un des
domaines de compétences de la région.

b- Les collectivités territoriales restreintes

Ces collectivités se situent dans les régions. La taille de leur territoire


ainsi que le nombre de leurs populations est moindre par rapport à la
région. Il s’agit ici de la Commune et du Département.

1- La Commune

Il s’agit ici de la pratique de la politiquer de proximité. Le citoyen


côtoie son élu sur le terrain et l’élu est plus au fait des soucis et
problèmes de son électeur. Cet élu est un conseiller municipal dans
une Commune. Celle-ci peut avoir le statut de Mairie.

Ainsi, une commune est administrée par un conseil municipal élu pour
six ans, présidé par un maire. Ce dernier représente également l'État
au sein de sa commune pour certaines fonctions. Il est en particulier
chargé de la publication des lois et règlements, dispose de
compétences en matière électorale (tenue des listes électorales,
organisation des élections), est titulaire de pouvoirs de polices
spéciales (publicité, enseignes, police des étrangers : visa ou certificat
d’hébergement). Il est aussi officier d’état-civil et officier de police
judiciaire.
Le maire46 est agent exécutif de la commune. Une fois par trimestre au
moins, le Maire convoque le Conseil municipal avec un ordre du jour
qui comporte une ou plusieurs questions à examiner. Le Conseil
municipal accepte ou refuse les projets de délibération qui lui sont
soumis. Les séances du Conseil municipal sont publiques et un
compte-rendu des délibérations est affiché en mairie après chaque
séance.

2- Le Conseil départemental
C’est un autre dispositif institutionnel, relais de l’Etat central. Les lois
de décentralisation de 1982 et 1983 ont fait du département une
collectivité territoriale de plein exercice. Le président du conseil
général détient le pouvoir exécutif départemental et assure la
préparation et la mise en œuvre du budget de son département.
Le département est divisé en cantons qui servaient jusqu'ici chacun à
l’élection d’un conseiller général. La représentation de la diversité des
territoires du département était ainsi assurée. Mais c'est parce que
diversité ne rimait pas forcément avec représentativité que la carte des
cantons a été revue et que leur nombre a été divisé par deux. La loi du
17 mai 2013 a par ailleurs instauré la représentation de chaque canton
par un binôme paritaire. Il y a donc deux fois moins de cantons mais
autant d'élus. Cette même loi a désigné l’assemblée délibérante
(jusqu’alors "conseil général") sous le nom de "conseil
départemental".
Les compétences du Conseil départemental sont nombreuses. La loi
du 27 janvier 2014 désigne le département comme "chef de file" en
matière d’aide sociale, d’autonomie des personnes et de solidarité des
46
Le Maire est chargé de préparer et d’exécuter les décisions du Conseil municipal.
Ses missions:
 représenter la commune en justice et dans les cérémonies officielles,
 passer les marchés, signer des contrats,
 préparer le budget
 gérer le patrimoine…
Il dispose également de pouvoirs propres importants, notamment, en matière d’urbanisme, de police municipale
et de gestion du personnel.
Il peut déléguer une partie de ses compétences à ses adjoints qui sont chargés de suivre un domaine particulier
des affaires communales.
territoires. Il adapte ses dispositifs d'intervention aux besoins des
collectivités partenaires et assure ainsi la solidarité territoriale. Chaque
habitant doit pouvoir bénéficier des mêmes services et être
accompagné. La solidarité humaine est donc l'autre compétence clé.
Par ailleurs, parmi les compétences obligatoires, le conseil
départemental assure la gestion du Service Départemental d’Incendie
et de Secours. Et au-delà de ses compétences obligatoires, le
département peut également intervenir dans des domaines qui
représentent un enjeu pour son territoire. Il peut s'agir d'aides en
faveur des communes ou des associations ou de soutien à l'emploi
local par exemple, dans les domaines de l'agriculture, des cultures
régionales spécifiques ou de l'artisanat.
Ce système constitutionnel central s’articule à ses sous-systèmes
périphériques. Il fonctionne dans une harmonie réglée par la
constitution et par la loi. Les adaptations progressives apportées à ce
système ont fait les politiciens et les juristes anticipent sur les crises
qui peuvent survenir dans le fonctionnement de ce système. Les
professionnels de la politique, les experts, les fonctionnaires
compétents, les chercheurs contribuent à doter ce système d’une
solidité qui en fait un modèle pour les nouveaux systèmes
constitutionnels (comme celui du Maroc).

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