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I Trigonométrie et nombres imaginaires

2 octobre 2024

Table des matières


1 Relation de congruence modulo un réel 1

2 Les fonctions sinus, cosinus et tangente 1


2.1 Définitions géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2.2 Résultats admis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

3 Modes de repérage dans le plan et angles orientés 3


3.1 Coordonnées cartésiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.2 Angles orientés de vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.3 Angles orientés de droites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.4 Cercle trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.5 Coordonnées polaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4 Trigonométrie 7
4.1 Angles remarquables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4.2 Propriétés élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
4.3 Équations trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.4 Formules trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.5 Régularité des fonctions trigonométriques circulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

5 Nombres imaginaires 14
5.1 Bref aperçu historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
5.2 Une définition géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
5.3 Écriture trigonométrique d’un complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5.4 Multiplication de deux complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
5.5 Conjugué et module d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
5.6 Inverse d’un nombre complexe non nul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
5.7 Technique de l’angle moitié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Nous nous placerons dans tout ce chapitre dans 3. Soit k, ℓ ∈ Z tels que a = b + kθ et b = c + ℓθ, alors
le plan R2 , muni de son repère orthonormal cano- a = c + (k + ℓ)θ, or k + ℓ ∈ Z, donc a ≡ c [θ].
nique (O, →
−ı , →
−ȷ ). 4. Soit k, ℓ ∈ Z tels que a = b + kθ et c = d + ℓθ,
alors a + c = b + d + (k + ℓ)θ, or k + ℓ ∈ Z, donc
a + c ≡ b + d [θ].
1 Relation de congruence modulo 5. C’est un cas particulier du point suivant (avec n =
−1).
un réel 6. Soit k ∈ Z tel que a = b + knθ, alors a = b + (nk)θ,
or nk ∈ Z, donc a ≡ b [θ].

Définition 1.0.1. 7. Soit k ∈ Z tel que a = b + kθ, alors ac = bc + k(cθ),


or k ∈ Z, donc ac ≡ bc [cθ].
Soit θ ∈ R. On dit que deux réels a et b sont
congrus modulo θ s’il existe k ∈ Z tel que a =
b + kθ. On note alors a ≡ b [θ], ou aussi a = b [θ]. Exercice 1.0.5.
Parmi la famille de réels suivants, déterminer les-
π π 5π quels sont congrus entre eux modulos 2π. Même
Exemple 1.0.2. • , − et sont congrus π 2π
2 2 2 question pour π, et .
modulo π ; 2 3
π 9π 15π 5π
• , et − sont congrus modulo 2π. • α=1 • ε=
4 4 4 6
• β = 3π 28π
Remarque 1.0.3. • γ = 4π • ζ =
La relation a = b [θ] se lit aussi « a et b sont π 4
• δ=−
égaux à un multiple de θ près ». 2
Au besoin, vous placerez les points/angles cor-
Proposition 1.0.4. respondants sur le cercle trigonométrique (voir
Soit θ ∈ R, et a, b, c, d quatre réels. partie 3.4).
1. On a a ≡ a [θ] (on dit que la relation de Remarque 1.0.6 (Irrationnalité de π).
congruence modulo θ est réflexive). Tout au long de cette année, vous pourrez utiliser
2. Si a ≡ b [θ], alors b ≡ a [θ] (on dit que la le résultat suivant :
relation de congruence modulo θ est symé-
π∈
/ Q.
trique).
3. Si a ≡ b [θ] et b ≡ c [θ], alors a ≡ c [θ] (on Ce résultat sera démontrable en milieu d’année
dit que la relation de congruence modulo θ de MPSI.
est transitive).
4. Si a ≡ b [θ] et c ≡ d [θ], alors a+c ≡ b+d [θ]. 2 Les fonctions sinus, cosinus et
5. Si a ≡ b [θ], alors a ≡ b [−θ]. tangente
6. Si n ∈ Z et a ≡ b [nθ], alors a ≡ b [θ].
7. Si a ≡ b [θ], alors ac ≡ bc [cθ]. 2.1 Définitions géométriques
Une relation vérifiant les trois premiers points de Soit (ABC) un triangle du plan, rectangle en
cette proposition est appelée une relation d’équi- B. On suppose les trois points A, B, C deux à
valence. deux distincts. On note α l’angle (non orienté)
BAC.
\ Alors nous posons :
Démonstration.
AB
• cos α = ;
C’est immédiat en revenant à la définition. AC
CB
1. On a a = a + 0θ, donc a ≡ a [θ]. • sin α = ;
AC
2. Soit k ∈ Z tel que a = b + kθ, alors b = a + (−k)θ, or CB sin α
−k ∈ Z, donc b ≡ a [θ]. • tan α = = .
AB cos α

1
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

En particulier, dans le cas où AC = 1, grâce sin π 1 3π



au théorème de Pythagore nous obtenons que : −2π −π 2 0 π 2 2π
π

cos2 α + sin2 α = AB 2 + CB 2 = AC 2 = 1. − cos −1 2
2
Cette relation entre sinus et cosinus est la
Figure 1 – Fonctions cos et sin.
première formule de trigonométrie à connaître !

Vous connaissez ces définitions depuis la fin


du collège. Elles sont bien sûr historiquement et
géométriquement fondamentales, mais posent Proposition 2.2.1. 1. Les fonctions sinus (sin)
quelques problèmes théoriques : tout d’abord, et cosinus (cos) sont définies sur R et sont
qu’est-ce qu’un angle ? Comment définir cette 2π-périodiques ;
notion ? 2. La fonction cosinus est paire et la fonction
Ensuite, avec cette définition, tous les sinus et sinus est impaire ;
cosinus sont positifs. Pour obtenir des quantités 3. La fonction cos est strictement décroissante
algébriques, donc avec des signes, il faut orienter sur [0, π] établit une bijection de [0, π] dans
toutes les quantités en jeu : aussi bien les angles [−1, 1] ; cela signifie que pour tout x ∈
que les longueurs. Et cela oblige à quelques [−1, 1], il existe un unique réel t ∈ [0, π] tel
contorsions. que x = cos t ;
Enfin, comment définir le sinus et le cosinus d’un 
π

angle droit ? 4. Pour tout t ∈ R, cos t = sin t + (le
2
graphe de cos n’est donc que le translaté de
Dans les mathématiques « modernes », les celui de sin, et la connaissance d’une seule
choses sont introduites différemment : les fonc- de ces deux fonctions permet de connaître
tions sinus et cosinus sont introduites grâce à la l’autre) ;
notion de série entière, que vous étudierez en se-
5. Si t ∈ R,
conde année. Et c’est à partir de ces fonctions que
l’on peut définir ce qu’est un angle, et retrouver π
cos t = 0 ssi t≡ [π]
toutes les propriétés géométriques habituelles. 2
Nous allons dans la suite adopter ce point de sin t = 0 ssi t ≡ 0 [π]
vue : tout ce que nous admettrons, c’est qu’il cos t = 1 ssi t ≡ 0 [2π]
existe deux fonctions réelles sinus et cosinus, dont cos t = −1 ssi t ≡ π [2π]
nous admettrons quelques propriétés, en particu- π
lier que pour tout t ∈ R, cos2 t + sin2 t = 1. sin t = 1 ssi t ≡ [2π]
2
Finalement, en MPSI peu importe le point de π
sin t = −1 ssi t ≡ − [2π]
vue, vous devrez uniquement connaître les liens 2
entre angles et fonctions trigonométriques (vous
les connaissez déjà pour la plupart). 6. Pour tout t ∈ R, cos2 t + sin2 t = 1.

2.2 Résultats admis Nous pouvons alors démontrer le lemme suivant,


fort utile :
Nous admettons qu’il existe deux fonctions si-
nus et cosinus, dont les graphes sont représentés
figure 1, et vérifiant les propriétés suivantes :
Lemme 2.2.2.
Soit a, b ∈ R tels que a2 + b2 = 1. Alors il existe

2
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

( Par parité du cosinus et imparité du sinus, la


a = cos t fonction tangente est impaire. Elle est aussi π-
t ∈ R tel que .
b = sin t périodique, ce que nous allons montrer plus loin.
Les autres propriétés des fonctions cos, sin et tan,
Démonstration. qui sont appelées fonctions trigonométriques cir-
Puisque a2 + b2 = 1, alors a2 et b2 appartiennent à l’inter- culaires, vont être démontrées plus loin également.
valle [0, 1], et donc a, b ∈ [−1, 1]. Ainsi il existe un réel t tel Elles nous permettront de tracer le graphe de la
que a = cos t. Dans ce cas : b2 = 1−a2 = 1−cos2 t = sin2 t.
fonction tangente.
Par conséquent, |b| = | sin t|. Si b et sin t sont de même
signe, b = sin t et nous avons fini. Nous allons d’abord effectuer quelques rappels de
Sinon, b = − sin t = sin(−t) puisque sin est impaire. Si nous géométrie du plan.
posons t′ = −t, alors b = sin t′ et a = cos t = cos(−t′ ) =
cos t′ car cos est paire. Nous avons donc bien démontré le
résultat voulu. 3 Modes de repérage dans le plan
Nous pouvons alors définir la fonction tan- et angles orientés
gente :
3.1 Coordonnées cartésiennes
Définition 2.2.3.
Notons A l’ensemble des points d’annulation de Définition 3.1.1 (voir figure 2). 1. Soit u un
la fonction cos, i.e. l’ensemble des réels congrus à vecteur du plan. Il existe un unique couple
π
modulo π : (a, b) ∈ R2 tel que u = a→ −ı + b→
−ȷ . Ce couple
2 est appelé couple des coordonnées de u!dans
π −ȷ ). On note alors u = a .
 
A = x ∈ R ∃k ∈ Z x = + kπ la base (→
−ı , →
2 b
π
 
= + kπ k ∈ Z . 2. Soit M un point du plan. Soit (a, b) les coor-
−−→
2 données du vecteur OM dans la base (→ −ı , →
−ȷ ).
On appelle alors fonction tangente, notée tan, la Ce couple est appelé couple des coordonnées
fonction : de M dans le repère (O, →−ı , →
−ȷ ). On note alors
M = (a, b). Le réel a est l’abscisse du point
tan : R\A → R . M , le réel b est son ordonnée.
sin t
t 7→
cos t
Remarque 3.1.2.
On identifiera fréquemment le point M avec le
−−→
Remarque 2.2.4. ! OM . Notamment, on notera souvent M =
vecteur
On peut définir de la même manière la fonction a
pour donner les coordonnées de M .
cotangente : b
Posons Rappelons maintenant une série de résultats
B = { x ∈ R | ∃k ∈ Z x = kπ } = πZ. que vous connaissez déjà :
On appelle alors fonction cotangente, notée cotan,
la fonction : Théorème 3.1.3 (Règles de calcul). 1. Soient
u et u′ deux vecteurs de coordonnées respec-
cotan : R\B → R .
cos t tives (x, y) et (x′ , y ′ ), et λ et λ′ deux réels.
t 7→ Le vecteur λu + λ′ u′ a pour coordonnées le
sin t
couple (λx + λ′ x′ , λy + λ′ y ′ ).
2. Soient A et B deux points de coordonnées res-
La fonction cotangente n’est pas égale à −−→
1 pectives (xA , yA ) et (xB , yB ). Le vecteur AB
. Pourquoi ?
tan

3
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

!
−−→ a
b M = (a, b), OM = 1. Soit u, u′ deux vecteurs. Alors
b
∥u∥ − u′ ⩽ u ± u′ ⩽ ∥u∥ + u′ .

2. Soit A, B, C trois points du plan. Alors



−ȷ
|AB − BC| ⩽ AC ⩽ AB + BC.

O →
−ı a
3.2 Angles orientés de vecteurs
Dans toute la suite de ce chapitre et tout au
long de l’année, nous allons parler d’angle. Mais
Figure 2 – Repérage d’un point par ses coordon- qu’est-ce qu’un angle ? Observons tout d’abord
nées cartésiennes. qu’il s’agit de distinguer les angles orientés et
les angles non orientés, ainsi que les angles entre
droites et entre vecteurs.
a pour coordonnées le couple (xB − xA , yB − Nous n’allons considérer que des angles orientés,
yA ). et pour cela il faut orienter le plan : nous
reviendrons plus tard dans l’année sur la défi-
nition précise d’orientation. Contentons-nous
pour!l’instant
!! de considérer la base canonique
Définition 3.1.4. 1. Soit u un vecteur du plan 1 0
de coordonnées (a, b). La norme√(euclidienne) , comme étant directe, et les angles
0 1
du vecteur u est le réel ∥u∥ = a2 + b2 .
étant orientés dans le sens trigonométrique (ou
2. Soient A et B deux points de coordonnées sens anti-horaire), comme vous en avez pris
respectives (xA , yA ) et (xB , yB ). La distance l’habitude au lycée.
AB est le réel
−−→ q Dans le secondaire, vous n’avez jamais vraiment
AB = AB = (xB − xA )2 + (yB − yA )2 . défini ce qu’était un angle. Mais vous avez vu une
définition des fonctions cosinus et sinus à partir
de la notion d’angle. Comme nous l’avons dit plus
On a immédiatement le résultat suivant. haut, nous pouvons faire l’inverse : définir la no-
tion d’angle à partir des fonctions cosinus et sinus.
Proposition 3.1.5.
Il existe plusieurs manières de définir un angle
Soit u un vecteur du plan, soit λ ∈ R.

− entre deux vecteurs. Donnons une définition pos-
1. On a ∥u∥ = 0 ⇔ u = 0 . sible, qui ne figure pas au programme :
2. On a ∥λu∥ = |λ| ∥u∥.
Définition 3.2.1 (voir figure 3).
Soit u, v deux vecteurs non nuls du plan. Nous
Et pour finir, l’inégalité triangulaire, qui sera dé- u v
montrée plus tard grâce aux nombres complexes : introduisons u′ = et v ′ = . Ces deux
∥u∥ ∥v∥
vecteurs sont donc!de norme 1, ou ! unitaires. Nous
a ′ c′
Proposition 3.1.6 (Inégalité triangulaire). noterons u′ = ′ et v ′ = .
b d′

4
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

• Il est important de retenir qu’un angle


orienté de vecteurs se donne toujours mo-
(u, v)
dulo 2π.

−ȷ
• Géométriquement, l’angle (u, v) vaut θ si v ′
v u
est l’image de u′ par la rotation vectorielle
v′ d’angle θ.
u′
Nous pourrons démontrer les résultats suivants
plus tard dans l’année mais nous allons les ad-

−ı mettre ici :
O

Proposition 3.2.3.
Soit u, v, w ∈ R2 .
1. (u, v) = −(v, u) [2π] ;
2. Relation de Chasles :

(u, v) + (v, w) = (u, w) [2π].

Figure 3 – Angle entre deux vecteurs u et v.

3.3 Angles orientés de droites


On appelle mesure de l’angle (u, v) tout réel θ Il est aussi possible de définir l’angle orienté
tel que entre deux droites :
(
c′ = cos θ a′ − sin θ b′
d′ = sin θ a′ + cos θ b′ Définition 3.3.1.
Soit D et D ′ deux droites. On appelle mesure de
Cette condition se note matriciellement
l’angle orienté(D, D ′ ) tout réel θ pour lequel il
existe u un vecteur directeur de D et v un vecteur
!
cos θ − sin θ ′
v′ = u. directeur de D ′ tel que θ est une mesure de l’angle
sin θ cos θ
(u, v).
Il existe une infinité de tels réels, mais si θ0 est Il existe une infinité de tels réels, mais si θ0 est
l’un d’entre eux, l’ensemble des mesures de l’angle l’un d’entre eux, l’ensemble des mesures de l’angle
(u, v) est l’ensemble de tous les réels congrus à θ0 (D, D ′ ) est l’ensemble de tous les réels congrus à
modulo 2π, i.e. θ0 modulo π, i.e. {θ0 + kπ , k ∈ Z}.
On note alors (D, D ′ ) = θ0 [π].
{θ0 + 2kπ , k ∈ Z} .

On note alors (u, v) = θ0 [2π]. Remarque 3.3.2. • Par abus, on parle sou-
vent de « l’angle (D, D ′ ) » plutôt que d’
« une mesure de l’angle (u, v) ».
Remarque 3.2.2. • Par abus, on parle sou- • Il est important de retenir qu’un angle
vent de « l’angle (u, v) » plutôt que d’ « une orienté de droites se donne toujours modulo
mesure de l’angle (u, v) » 1 . π.

1. en toute rigueur l’angle (u, v) est l’ensemble de toutes


Nous pourrons démontrer les résultats suivants
les mesures de l’angle (u, v) : il s’agit d’une classe d’équi- plus tard dans l’année mais nous allons les ad-
valence ; nous en reparlerons plus tard dans l’année mettre ici :

5
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Mais réciproquement, tout point du cercle tri-



−ȷ (→
−ı , u ) = θ [2π]
θ gonométrique est de cette forme.
uθ sin(θ)
Théorème 3.4.1 (Représentation paramétrique
du cercle trigonométrique).
Une représentation
( paramétrique du cercle trigo-
cos(θ) O →
−ı x = cos t
nométrique est , t ∈ R.
y = sin t
Ou encore, U = {(cos t, sin t), t ∈ R}.
U

Démonstration.
L’inclusion U ⊂ {(cos t, sin t), t ∈ R} se démontre direct-
ment grâce au lemme 2.2.2

Remarque 3.4.2 (radians).


Figure 4 – Cercle trigonométrique et vecteur uθ .
La longueur du cercle trigonométrique étant de
2π, par proportionnalité, la mesure d’un angle
est la longueur de l’arc du cercle trigonométrique
intersecté par ledit angle (voir figure 3).
Proposition 3.3.3. La mesure d’un angle « en radians » est le rap-
Soit D, D ′ , D ′′ trois droites du plan. port entre la longueur de l’arc d’un cercle centré
en O intersecté par ledit angle et le rayon de ce
1. (D, D ′ ) = −(D ′ , D) [π] ;
cercle, c’est donc une mesure sans dimension (du
2. Relation de Chasles : (D, D ′ ) + (D ′ , D ′′ ) = point de vue des physiciens). Le cercle trigonomé-
(D, D ′′ ) [π]. trique étant de rayon 1, on obtient immédiatement
que la mesure en radians d’un angle est la mesure
donnée précédemment.
Remarque 3.4.3.
On retrouve sur ce cercle les relations « cosinus
= côté adjacent sur hypoténuse », « sinus = côté
opposé sur hypoténuse » et donc ensuite « tan-
3.4 Cercle trigonométrique gente = côté opposé sur côté adjacent », puisqu’ici
l’hypoténuse est de longueur 1.
Le cercle dit trigonométrique, souvent noté U
(nous en reparlerons), est tout simplement le cercle 3.5 Coordonnées polaires
de rayon 1 et de centre O. Les coordonnées polaires ne sont plus au pro-
gramme en mathématiques, mais vous pourrez
Son utilité est principalement de représenter
les rencontrer en physique, et elles vous aide-
graphiquement les propriétés trigonométriques
ront à comprendre l’écriture trigonométrique des
usuelles.
nombres complexes, que nous verrons dans la suite
Le point de départ est le suivant : pour tout de ce chapitre.
θ ∈ R, posons Mθ le point de coordonnées
(cos θ, sin θ) : puisque cos2 θ + sin2 θ = 1, ce point Définition 3.5.1.
est sur le cercle trigonométrique.
! Si nous posons Soit M un point du plan. On appelle couple de
−−−→ cos θ coordonnées polaires de M tout couple (r, θ) ∈ R2
uθ = OMθ = , alors (→
−ı , u ) = θ [2π] (voir
θ −−→
sin θ tel que OM = ruθ et r ⩾ 0.
figure 4).

6
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES


−ȷ (→
−ı , u ) = θ [2π]
θ
M = (a, b) b U

3/2
uθ √
|r| = OM 2/2
π/3
1/2
a →
−ı
O
π/4
U π/6
√ √
1 2 3
2 2 2

π
 
Figure 5 – Coordonnées polaires (r, θ) de M = Figure 6 – Angles usuels dans 0, .
(a, b). 2

(x, y).
Théorème 3.5.2. Pour l’autre sens, il est nécessaire d’utiliser les
Tout point admet une infinité de couples de coor- fonctions trigonométriques circulaires inverses
données polaires. Arccos, Arcsin et Arctan, que nous définirons
Plus précisément : dans le chapitre sur les fonctions usuelles.
• Les couples de coordonnées polaires de O
sont tous les couples (0, θ) quand θ ∈ R ;
• Si M ̸= O, posons θ = (→ −ı , −−→
OM ) [2π]. Alors 4 Trigonométrie
les couples de coordonnées polaires de M
4.1 Angles remarquables
sont tous les couples (OM, θ + 2kπ) quand
k ∈ Z. Vous devez connaître par cœur les valeurs des
π
sinus, cosinus et tangentes pour les angles 0, ,
6
π π π
Remarque 3.5.3. , , , et tous leurs multiples. Ces valeurs
On rencontre parfois une définition plus générale 4 3 2
sont données dans un tableau du formulaire de
où r peut être négatif, mais nous l’éviterons. Cela trigonométrie qui vous a été distribué en début
dit, il faut remarquer que quel que soit le signe d’année, vous les retrouverez dans la figure 6.
de r, ruθ = −ruθ+π . Il est donc toujours possible Toutes ces valeurs se retrouvent sur le cercle
de se restreindre au cas r positif. trigonométrique, et peuvent se démontrer géomé-
Exemple 3.5.4. triquement. Faisons-le pour retrouver les valeurs
π
Si M est le point de coordonnées cartésiennes des sinus et cosinus des angles (voir figure 7)

√ 3π  √ −5π  4
(−1, 1), alors M admet 2, , 2, π
et (voir figure 8).
4 4 3
comme couples
 de coordonnées polaires. Le couple Démonstration.

√ π π
i
π
h  
π
 
π
− 2, − est parfois accepté. Comme ∈ 0, , on a cos > 0 et sin > 0.
4 4 2 4 4
Si nous notons M, N, P les points de coordonnées respec-
Remarque 3.5.5. tives (cos π4 , sin π4 ), (cos π4 , 0) et (0, sin π4 ), alors ON M P
On passe facilement des coordonnées polaires aux est un carré dont la diagonale est de longueur 1. Ainsi,
coordonnées cartésiennes : si M a pour coordon- grâce au théorème √ de Pythagore, ses côtés sont √ de longueur
1 2 π π 2
nées polaires (r, θ), posons x = r cos θ, y = r sin θ. √ , ou encore . Donc cos = sin = .
2 2 4 4 2
Alors M a pour coordonnées cartésiennes le couple

7
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Démonstration.
π π π π
i h    
Comme ∈ 0, , on a cos > 0 et sin > 0.
3 2 3 3
Si nous notons maintenant A, B les points de coordon-
nées respectives (1, 0) et (cos π3 , sin π3 ), alors OAB est équi-
latéral, de côtés de longueur 1. Ainsi, la médiatrice de
[O, A] passe par B. Si Q est le milieu de [OA], alors
(QB) ⊥ (OA), donc Q a pour coordonnées (cos π3 , 0),
U 1
donc cos π3 = . De plus, avec le théorème de Pythagore,
2 √
M 1 3
P QB = OB − OQ2 = 1 − . Ainsi sin π3 = QB =
2 2
.
4 2

Remarque 4.1.1 ( ).
Il est fréquent d’hésiter dans les valeurs des sinus
π π
et cosinus des angles et : encore une fois, au
3 6
moindre doute, tracez un cercle trigonométrique.
O N
Vous y verrez clairement que le point du cercle
π
trigonométrique désigné par l’angle a une abs-
6
π
  cisse supérieure à celle du√point correspondant à
Figure 7 – Détermination de cos . π π 3 π 1
4 l’angle . Donc cos = et cos = . Même
3 6 2 3 2
méthode pour les sinus.

4.2 Propriétés élémentaires


Là encore, ces propriétés doivent se retrouver
rapidement sur un cercle trigonométrique (voir
exercice 4.2.3).

Proposition 4.2.1.
Les fonctions sin et cos sont 2π-périodiques sur
U R.
B La fonction tan est π-périodique sur son en-
semble de définition.
De plus, pour tout réel α on a :

• cos(−α) = cos(α) • sin(−α) = − sin(α)


• cos(π/2 − α) = sin(α) • sin(π/2 − α) = cos(α)
• cos(π/2 + α) = − sin(α) • sin(π/2 + α) = cos(α)
• cos(π − α) = − cos(α) • sin(π − α) = sin(α)
O Q A
• cos(π + α) = − cos(α) • sin(π + α) = − sin(α)

π
 
Figure 8 – Détermination de cos . Démonstration.
3 Il suffit d’utiliser les formules d’addition (voir la proposi-
tion 4.4.1).

Remarque 4.2.2.
Le dernier point permet de montrer que la fonc-
tion tangente est π-périodique.

8
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

y = sin a. Elle coupe le cercle trigonométrique


en deux points (ou éventuellement un seul si
sin a = ±1). Cela nous donne déjà deux solu-
tions : a et π − a. Il faut ensuite considérer tous
les réels congrus à ces deux solutions modulo 2π.
Même chose pour résoudre cos a = cos b en traçant
la droite d’équation x = cos a.
α

4.4 Formules trigonométriques


Les formules à partir desquelles on retrouve
quasiment toutes les autres sont les suivantes :

Proposition 4.4.1 (formules d’addition).


Soit a, b ∈ R. Alors :
1. cos(a + b) = cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b) ;
Figure 9 – Formules sur les sinus et cosinus. 2. sin(a + b) = sin(a) cos(b) + cos(a) sin(b).

Exercice 4.2.3. Démonstration.


Reproduire à main levée la figure 9 et y placer Notons M le point de coordonnées (cos(a + b), sin(a + b))
(voir figure 10) : cela signifie que
tous les sinus et cosinus relevés, puis retrouver
−−→
graphiquement les formules données par la propo- OM = cos(a + b)−

ı + sin(a + b)−

ȷ (1)
sition 4.2.1.
D’autre part, notons
Exercice 4.2.4.    

→ cos(a) − sin(a)
Ordonner les cosinus des angles suivants. u = et −

v = .
sin(a) cos(a)
π 41π Comme
• α= • δ=
7 3
15π 31π − sin(a) = 0 × cos(a) − 1 sin(a)
• β= • ε= π
 
π
 
6 6 = cos cos(a) − sin sin(a)
37π 112π 2 2
• γ= • ζ=
12 5 et comme

cos(a) = 0 × sin(a) + 1 cos(a)


4.3 Équations trigonométriques π
 
π
 
= cos sin(a) + sin cos(a),
2 2
Proposition 4.3.1. on a
π
(−

u,−

v)=+ [2π].
Soient a et b deux réels. Alors : 2
On peut donc voir que (− →u,−→
v ) est la base obtenue à partir
cos(a) = cos(b) ssi (a = b [2π] ou a = −b [2π]) −
→ −

de ( ı , ȷ ) par la rotation vectorielle d’angle a.
−−→
sin(a) = sin(b) ssi (a = b [2π] ou a = π − b [2π]) Or, comme (− →
ı ,−

u ) = a [2π] et (−→ı , OM ) = a + b [2π],
−−→
tan(a) = tan(b) ssi a = b [π] on a alors (−→u , OM ) = b [2π].
On peut donc écrire que
−−→
OM = cos(b)−

u + sin(b)−

v.
On retrouve ces résultats sur un cercle trigo- Nous avons aussi par définition
nométrique, et en utilisant les propriétés élémen-


u = cos(a)−
→ı + sin(a)−
→ȷ
taires précédentes. Par exemple, pour résoudre


v = − sin(a) ı + cos(a)−

→ →
ȷ
sin x = sin y : on trace sur la droite d’équation

9
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Ainsi, on a
−−→
OM = cos(b)[cos(a)−
→ı + sin(a)−
→ȷ]
+ sin(b)[− sin(a) ı + cos(a)−

→ →
ȷ] →
−ȷ
= (cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b))−

ı →

v
+ (sin(a) cos(b) + cos(a) sin(b))−

ȷ
Grâce à l’unicité des coordonnées d’un vecteur dans une


u
base, il suffit d’utiliser l’expression trouvée en 1 pour obte-
nir les formules demandées.
On peut aussi obtenir ces formules par un raisonnement b
a
géométrique élémentaire i (voirh figure 11), dans le cas où a,
π →
−ı
b et a + b sont dans 0, .
2 M
Notons M le point de coordonnées (cos(a+b), sin(a+b)),
qui se situe sur U (on a donc OM = 1). Notons Da la droite
passant par O et faisant un angle de mesure a avec la droite
O−→ı . Notons A le projeté orthogonal de M sur Da . Ainsi,
le triangle OAM est rectangle en A. Notons J le projeté U
orthogonal de M sur la droite O− →
ȷ . Ainsi, le triangle OJM
est rectangle en J. Notons I le projeté orthogonal de A sur
la droite O− →ı . Ainsi, le triangle OAM est rectangle en I.
On a donc immédiatement, en utilisant OM = 1 :
OJ = sin(a + b), Figure 10 – Formules d’addition : première
JM = cos(a + b), preuve.
OA = cos(b),
AM = sin(b),
AI = sin(a) cos(b),
OI = cos(a) cos(b).
Comme les droites (O− →ı ) et (O, −

ȷ ) sont orthogonales,
les droites (M B) et (AI) sont aussi orthogonales, donc
sécantes : on note B leur point d’intersection. Ainsi, le
M
triangle M AB est rectangle en B.
On admet que la somme des mesures des angles d’un U cos(a + b) sin(a) sin(b)
triangle est égale à π, à un multiple de 2π près. Comme
l’angle OIA
[ est droit, l’angle OAI [ a pour mesure π − a. J B
2 Da
Comme A ∈ (BI), l’angle IAB [ est plat (donc de mesure
π), or cos(a) sin(b)

→ −→ −
→ −→ −→ −−→ −−→ −→
sin(a + b)

(AI, AB) = (AI, AO) + (AO, AM ) + (AM , AB) [2π]. A


On en déduit que l’angle BAM
\ a pour mesure a (ainsi, les sin(a) cos(b)
triangles BAM et OAI sont semblables). Ainsi, b
BA = cos(a) sin(b)
a
BM = sin(a) sin(b).
Remarquons que OJBI est un rectangle, donc OJ = BI
cos(a) cos(b) I
et JB = OI. On en déduit immédiatement la formule
O
demandée.
Nous verrons à la fin de ce chapitre une méthode plus
rapide pour retrouver ces formules, utilisant l’exponentielle
Figure 11 – Formules d’addition : deuxième
complexe.
preuve.
En jouant sur la parité de cosinus et l’imparité
de sinus, nous avons bien sûr également, à partir
de ces deux premières formules :

10
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

les formules de base. Ainsi, pour la première formule :


Corollaire 4.4.2. a+b

a−b

Soit a, b ∈ R. Alors : cos(a) + cos(b) = cos +
2 2
a+b a−b
 
1. cos(a − b) = cos(a) cos(b) + sin(a) sin(b) ; + cos −
2 2
2. sin(a − b) = sin(a) cos(b) − cos(a) sin(b). 
a+b
 
a−b

= cos cos
2 2
a+b a−b
   
− sin sin
2 2
On en tire les formules de duplication des angles, 
a+b
 
a−b

+ cos cos
très utilisées aussi : 2 2
a+b a−b
   
+ sin sin
2 2
a+b a−b
   
= 2 cos cos .
2 2
Corollaire 4.4.3 (formules de duplication). Les trois formules suivantes s’obtiennent de même.
• Pour les deux dernières formules, on procède comme
Soit a ∈ R. Alors suit :

cos(2a) = cos2 (a) − sin2 (a) cos(a + b) = cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b) (2)
cos(a − b) = cos(a) cos(b) + sin(a) sin(b) (3)
= 2 cos2 (a) − 1
Nous obtenons immédiatement les deux formules de produit
= 1 − 2 sin2 (a) par demi-somme et demi-différence des lignes (2) et (3).

et sin(2a) = 2 sin(a) cos(a). Pour finir, voici les formules de trigonométrie


concernant la fonction tangente :

Viennent ensuite les formules d’addition de co- Proposition 4.4.5.


sinus et sinus, et celles de produit : Soit a, b ∈ R. Lorsque les tangentes qui suivent
sont bien définies, nous avons les égalités sui-
vantes :
tan(a) + tan(b)
1. tan(a + b) = ;
1 − tan(a) tan(b)
Proposition 4.4.4.
Soit a, b ∈ R. Alors : tan(a) − tan(b)
2. tan(a − b) = ;
a+b
 
a−b
  1 + tan(a) tan(b)
1. cos(a) + cos(b) = 2 cos cos 2 tan(a)
2 2 3. tan(2a) = ;

a+b
 
a−b
 1 − tan2 (a)
2. sin(a) + sin(b) = 2 sin cos 1
2 2 4. = 1 + tan2 (a) ;

a+b
 
a−b

cos2 (a)
3. cos(a)−cos(b) = −2 sin sin
2 2 1 − tan2 (a)
5. cos(2a) = ;
a+b a−b 1 + tan2 (a)
   
4. sin(a) − sin(b) = 2 cos sin
2 2 2 tan(a)
1 6. sin(2a) = .
5. cos(a) cos(b) = 2 (cos(a + b) + cos(a − b)) 1 + tan2 (a)
6. sin(a) sin(b) = 21 (cos(a − b) − cos(a + b))
7. sin(a) cos(b) = 12 (sin(a + b) + sin(a − b)). Démonstration. 1. On factorise :
sin(a + b)
tan(a + b) =
cos(a + b)
sin(a) cos(b) + sin(b) cos(a)
Démonstration. =
cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b)
• Pour les quatre premières formules, il suffit de remarquer
a+b a−b a+b a−b cos(a) cos(b) tan(a) + tan(b)
que a = + et b = − , et d’appliquer = × .
2 2 2 2 cos(a) cos(b) 1 − tan(a) tan(b)

11
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

2. Utiliser le point précédent en utilisant l’imparité de


la fonction tangente.
U
3. Utiliser le premier point en posant b = a.
sin2 a cos2 a + sin2 a 1
4. 1 + tan2 (a) = 1 + 2
= = .
cos a cos2 a cos2 (a) M
5.
T
cos(2a) = 2 cos2 a − 1
2
= −1
1 + tan2 a
2 − (1 + tan2 a)
=
1 + tan2 a
1 − tan2 (a) O C A
= .
1 + tan2 (a) T
6.
2 tan(a)
= 2 tan(a) cos2 (a) Figure 12 – Preuve du lemme 4.5.1.
1 + tan2 (a)
= 2 sin(a) cos(a)
= sin(2a)
Lemme 4.5.1.
π
Si 0 < x < , alors
2
Proposition 4.4.6 (Forme amplitude-phase).
Soit a, b ∈ R. Alors il existe A, φ ∈ R tels que 0 ⩽ x cos(x) ⩽ sin(x) ⩽ x.
pour tout t ∈ R, a cos(t) + b sin(t) = A cos(t − φ).

Démonstration.  
a Démonstration.
π
Il s’agit de normaliser le vecteur puis d’utiliser des Soit 0 < x < , notons A = (1, 0) et M = (cos(x), sin(x))
b 2
formules de trigonométrie : (voir figure 12).
Si a = b = 0, il suffit 
de poser A = 0. a Remarquons que cos(x), sin(x), tan(x) ∈ R∗+ .
a √ Notons T la perpendiculaire à (OA) passant par A
Sinon, posons A = 2 2
= a + b . Ainsi A =
b A
b
et notons T le point d’intersection de T et (OM ), qui
1. Par conséquent il existe φ ∈ R tel que
a
= cos φ et existe bien car (OM ) et T ne sont pas parallèles, vu
A l’encadrement sur x.
b
= sin φ. Alors, pour tout réel t : Notons C le projeté orthogonal de M sur (OA) : on a
A
C = (cos(x), 0).
a b
 
a cos(t) + b sin(t) = A cos(t) + sin(t) Par le théorème de Thalès, comme CM = sin(x), OC =
A A cos(x) et comme OA = OM = 1, on a AT = tan(x).
= A(cos(φ) cos(t) + sin(φ) sin(t)) sin(x)
Ainsi, le triangle OAM a pour aire .
= A cos(t − φ) 2
Le disque unité a une aire de π et un périmètre de

longueur 2π. La longueur de l’arc de cercle AM est x. Par
Remarque 4.4.7. proportionnalité, la portion du disque unité comprise entre
x
les segments OA et OM a pour aire .
Ce résultat sera utilisé dans le chapitre sur les 2
équations différentielles, pour exprimer sous une tan(x)
Enfin, le triangle OAT a pour aire .
2
certaine forme les solutions de certaines équations. Ces trois domaines sont inclus l’un dans l’autre (on
l’admet), ce qui donne
4.5 Régularité des fonctions
0 ⩽ sin(x) ⩽ x ⩽ tan(x),
trigonométriques circulaires
ce qui donne l’encadrement demandé.
Commençons par démontrer l’inégalité fonda-
mentale suivante.

12
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Par imparité de sin, x 7→ x cos x et x 7→ x, on ob-


Proposition 4.5.2. tient de la même manière
sin(x)
−−−−→ 1, donc
Les fonctions sinus et cosinus sont continues sur x x→0−
sin(x)
R. −−−→ 1.
x x→0

Par les formules de duplication, on obtient


Démonstration.
x x
   
Rappelons qu’une fonction f est continue en un point a cos(x) = cos 2 = 1 − 2 sin2 .
lorsque f (x) −−−→ f (a). 2 2
x→a
Commençons par démontrer la continuité en 0. Ainsi,
π
Si 0 < x < , alors 0 ⩽ sin(x) ⩽ x. Par encadrement, on
2    2
x
obtient donc que sin(x) −−−−→ 0 = sin(0). Mais imparité cos(x) − 1 sin
x→0+ x 2  −−−→ 0.
π =−  x
de sin et x 7→ x, nous avons x ⩽ sin x ⩽ 0 si − < x < 0, x 2 x→0
2 2
donc encore par encadrement, sin(x) −−−−→ 0 = sin(0). Les
x→0−
grâce au premier point.
limites à gauche à droite valant sin(0), sin(x) −−−→ sin(0),
x→0
d’où la continuité de sin en 0.
Pour le cosinus, il suffit d’observer que si x ∈ R,

x

x
  Théorème 4.5.4. 1. La fonction cosinus est dé-
cos(x) = cos 2 = 1 − 2 sin2 .
2 2 rivable sur R, est sa dérivée est cos′ = − sin ;
Il suffit d’utiliser la limite précédente pour obtenir que 2. La fonction sinus est dérivable sur R, est sa
cos(x) −−−→ 1 = cos(0). dérivée est sin′ = cos ;
x→0
3. La fonction tangente est dérivable là où elle
Ainsi cos est aussi continue en 0. est définie, et sa dérivée est
Étudions maintenant la continuité en un point a ∈ 1
R quelconque : si h ∈ R, sin(a + h) = sin(a) cos(h) + tan′ = 1 + tan2 = .
cos(a) sin(h) −−−→ sin(a). Donc sin(x) −−−→ sin(a), et sin cos2
h→0 x→a
est continue en a. On procède de la même manière pour
cos.
Démonstration.
Donnons un dernier résultat intermédiaire, qui On rappelle qu’une fonction f est dérivable en un point a
sera utilisé dans la démonstration du théorème f (x) − f (a)
s’il existe l ∈ R tel que −−−→ l. Dans ce cas,
suivant, mais dont le premier point est un résultat x−a x→a

la dérivée de f en a est f (a) = l.
très important que vous réutiliserez souvent : Directement avec le premier point de la proposition 4.5.3,
nous voyons que sin est dérivable et sin′ (0) = 1.
Et avec le second point de ce même lemme, cos est dérivable
sin(x) en 0 et cos′ (0) = 0.
Proposition 4.5.3. 1. −−−→ 1 ;
x x→0 1. Soit a ∈ R, fixé. Posons f : h 7→ sin(a + h) et g
cos(x) − 1 : h 7→ sin(a) cos(h) + cos(a) sin(h). Alors f = g.
2. −−−→ 0. Puisque g est dérivable en 0, f l’est aussi, et f ′ (0) =
x x→0
g ′ (0) = sin(a) cos′ (0) + cos(a) sin′ (0) = cos(a).
sin(a + h) − sin(a)
Donc −−−→ cos(a), ou encore
Démonstration. 1. Par la continuité du cosinus, on a h h→0
sin(t) − sin(a)
cos(x) −−−→ 1. Par le lemme 4.5.1, on a pour tout −−−→ cos(a).
x→0 t−a t→a
π
0<x< :
2 Ainsi, la fonction sinus est dérivable en a et
sin(x)
cos(x) ⩽ ⩽ 1. sin′ (a) = cos(a).
x
Par encadrement, on obtient que 2. On procède de même pour le cosinus.

sin(x) 3. La fonction tangente est le quotient de deux fonctions


−−−−→ 1, dérivables là où elle est définie, donc elle est dérivable,
x x→0+

13
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

et 5 Nombres imaginaires
sin′ cos − sin cos′
tan′ =
cos2 5.1 Bref aperçu historique
sin2 + cos2
=
cos2
1 Au XVIème siècle, Cardan et Bombelli,
= deux mathématiciens italiens, s’intéressent à la
cos2
= 1 + tan2 . résolution de certaines équations algébriques
du troisième degré. Mais ils sont confrontés
à un problème : ils ont besoin de la racine
Maintenant que nous voyons que la fonction carrée d’un nombre réel négatif pour exprimer
tangente a une dérivée strictement positive, certaines solutions réelles qui existent bel et
nous sommes en mesure d’affirmer qu’elle est bien ! Ils « imaginent » alors que ces racines
strictement croissante sur chaque intervalle où elle carrées existent.
est définie. Par composition de limites, pour tout Pendant trois siècles, des mathématiciens vont
k ∈ Z, tan −−−−−−→ +∞ et tan −−−−−−→ −∞. se pencher sur ces travaux, avec des points de
− +
( π2 +kπ) ( π2 +kπ) vue divers. Pour certains, l’existence de ces
Enfin, tan′ (kπ) = 1, ce qui nous permet de « nombres imaginaires » n’a aucun sens. D’autres
donner une allure du graphe de la fonction, qui vont chercher à comprendre ces nombres. Il
est donné dans la figure 13. faudra attendre des travaux d’Euler à la fin du
XVIIIème siècle pour que la situation s’éclaircisse
et que les mathématiciens acceptent et utilisent
tan
ces nombres.
π 3π 5π À partir du XIXème siècle, plusieurs mathé-
0 2 2 2 maticiens vont proposer des définitions plus
5π 3π π modernes et abouties de ces nombres alors
− − −
2 2 2 appelés « complexes ». Il en existe plusieurs,
ce qui fait l’intérêt et la richesse des nombres
complexes : on peut les comprendre et les
Figure 13 – Fonction tan. utiliser de plusieurs manières, et il existe des
correspondances entre tous ces points de vue.
Les nombres complexes sont très importants.
Un dernier résultat, que la première partie de Vous les rencontrerez dans la plupart des cha-
la démonstration précédente implique déjà sur pitres de MPSI : dans les résolutions d’équations
 π π
−2, 2 : polynomiales, des équations différentielles, des
suites récurrentes linéaires, en algèbre linéaire, et
en géométrie bien sûr. Vous les utiliserez aussi
Proposition 4.5.5. énormément en physique et en SI.
Pour tout x ∈ R, | sin x| ⩽ |x|. C’est pourquoi il est essentiel de bien les
appréhender. Ne vous laissez pas influencer par
leur dénomination de « complexes ». Ils doivent
Démonstration. cet attribut à trois siècles d’assimilation difficile.
Introduisons les fonctions f : x 7→ x − sin(x) et g : x 7→
x + sin(x), définies sur R+ . Ces fonctions sont dérivables,
Mais vous avez suivi une formation moderne,
et f ′ (x) = 1 − cos(x) ⩾ 0. Ainsi f est croissante. Comme dans laquelle les nombres imaginaires (adjectif
elle s’annule en 0, elle est donc positive sur R+ . Avec un plus positif que complexes) vont trouver leur
raisonnement analogue, g est positive également. Donc, place facilement. Après tout, les nombres négatifs
pour tout x ∈ R+ : −x ⩽ sin x ⩽ x, ou encore −|x| ⩽
sin x ⩽ |x| car x ⩾ 0. Finalement, | sin x| ⩽ |x| sur R+ .
ont aussi mis plusieurs siècles à être acceptés,
Mais par parité de x 7→ | sin x| et x 7→ |x|, ce résultat est mais vous les maniez au moins depuis que vous
aussi valable sur R− , donc sur R. avez 12 ans, parfois même bien avant.

14
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

b = Im(a + ib) ∈ R
Aucune construction des nombres complexes
n’est au programme. Mais il faut bien les intro-
duire, et nous allons le faire en gardant un point −−→
M (a + ib)), OM (a + ib),
de vue géométrique. Tous les résultats sur les
complexes s’interprètent géométriquement : ne
l’oubliez pas, cela vous aidera à mieux vous les
représenter, mieux mémoriser les résultats et éla-
borer vos raisonnements. I(i)

5.2 Une définition géométrique


À tout point du plan de coordonnées (a, b), O(0) A(1) a = Re(a + ib) ∈ R
nous allons associer un nouvel objet noté a + ib,
appelé un nombre complexe. À tout point il cor-
respond exactement un nombre complexe. Ainsi,
si a, a′ , b, b′ sont quatre réels, a + ib = a′ + ib′ ssi
Figure 14 – Repérage d’un point par ses coor-
(a, b) = (a′ , b′ ) ssi a = a′ et b = b′ .
données cartésiennes.
La même construction peut être ! faite à partir
a
de vecteurs : à tout vecteur , on associe le
b
complexe a + ib. s’écrivent donc sous la forme a + i.0, avec
a ∈ R, que nous écrirons plus simplement a.
Introduisons maintenant un peu de vocabu- 6. Soit z un complexe de partie réelle a et de
laire : partie imaginaire b. On appelle image de z
le point du!plan de coordonnées (a, b), ou le
Définition 5.2.1 (voir figure 14). 1. On note a
vecteur .
C l’ensemble des nombres complexes, c’est-à- b
dire que C = {a + ib , a, b ∈ R}.
2. Soit M un point du plan de coordonnées
(a, b). On appelle affixe de M le complexe Remarque 5.2.2.
a + ib. L’ensemble des réels correspond donc aux points
du plan qui se trouvent sur l’axe des abscisses.
3. Soit! u un vecteur du plan de coordonnées D’une certaine manière, cela permet de voir R
a
. On appelle affixe de u le complexe a + comme une partie de R2 .
b
L’ensemble des imaginaires purs correspond quant
ib.
à lui à l’axe des ordonnées.
4. Soit z un nombre complexe. Il existe donc un
unique (a, b) ∈ R2 tel que z = a + ib. Le réel Jusque-là, tout cela a peu d’intérêt : nous nous
a est appelé la partie réelle de z. On le note sommes
! contentés de « réécrire » les objets (a, b) et
Re z. Le réel b est appelé la partie imaginaire a
sous une autre forme. Pour qu’un ensemble
de z. On le note Im z. b
5. Un complexe de partie réelle nulle est dit ima- d’objets ait un intérêt, il faut pouvoir faire des
ginaire pur. Les imaginaires purs s’écrivent opérations entre ces objets. Nous allons donc dé-
donc sous la forme 0+ib, avec b ∈ R, que nous finir deux opérations, une addition et un produit
écrirons plus simplement ib. Un complexe de externe, sur C :
partie imaginaire nulle est dit réel. Les réels

15
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Or on a
Définition 5.2.3. 1. Soit z = a + ib et z ′ =
z + λz ′ = (a + ib) + λ(a′ + ib′ )
c + id deux complexes. On définit leur somme
= (a + λa′ ) + i(b + λb′ )
z + z ′ = (a + c) + i(b + d). Ainsi Re(z + z ′ ) =
Re(z)+Re(z ′ ) et Im(z +z ′ ) = Im(z)+Im(z ′ ). Donc − →u + λ− →
u ′ a bien pour affixe z + λz ′ .
Il suffit alors d’étudier les cas particuliers où λ = 1,
2. Soit z = a + ib un complexe et λ ∈ R. On −
→ −

où −→
u = 0 et où − →u = 0 et λ = −1 pour conclure.
définit le complexe λz = (λa) + i(λb). Ainsi −→
(ii) Il suffit d’utiliser la relation fondamentale AB =
Re(λz) = λ Re(z) et Im(λz) = λ Im(z). −−→ −→
OB − OA et le point précédent pour conclure.

Remarque 5.2.4. Remarque 5.2.6.


Un complexe de partie imaginaire nulle est un Soit b ∈ C. L’application
réel. Mais alors pour les réels, nous disposons
maintenant de deux additions : celle entre deux C → C
réels, que vous connaissez depuis toujours ; et celle z 7→ z + b
entre complexes, que nous venons d’introduire.
s’interprète géométriquement comme la transla-
Mais, si a et b sont deux réels, nous pouvons les
tion de vecteur d’affixe b.
voir comme des complexes : a = a + i × 0, et
b = b + i × 0. Si nous les additionnons comme des Mais cela est encore peu. Pour aller plus loin,
complexes, il vient : a + b = a + i × 0 + b + i × 0 = nous voulons pouvoir multiplier des complexes
(a + b) + i × (0 + 0) = a + b, cette dernière somme entre eux.
étant celle entre a et b vus comme des réels. Pour
des réels, il n’y a donc aucune différence entre 5.3 Écriture trigonométrique d’un
ces deux additions : on dit que l’addition des complexe
complexes prolonge celle des réels.
L’écriture précédente des complexes est appe-
Nous pouvons alors aller plus loin dans les iden- lée écriture algébrique. Nous pouvons remarquer
tifications point / complexe et vecteur / com- qu’elle est très liée aux coordonnées cartésiennes.
plexe : Et si nous utilisions les coordonnées polaires ?

Définition 5.3.1.
Théorème 5.2.5 (Règles de calcul). Soit un nombre complexe, que l’on écrit sous
On a les propriétés suivantes : forme algébrique z = a + ib (i.e. a = Re(z) et
(i) Soient →−
u et → −u ′ deux vecteurs d’affixes res- b = Im(z)). √

pectifs z et z , et soit λ ∈ R. Alors le vecteur On appelle module de z le réel a2 + b2 . On le

−u + λ→−u ′ a pour affixe z + λz ′ . En particu- note |z|.
lier, pour tout couple de vecteurs, l’affixe
de la somme de ces vecteurs est la somme
des affixes et pour tout scalaire λ et tout Notation 5.3.2.
vecteur →−u d’affixe z, l’affixe de λ→−
u est λz. On note U le cercle unité complexe :
(ii) Soient A et B deux points d’affixes respectifs
−−→ U = { z ∈ C | |z| = 1 } ,
a et b. Alors le vecteur AB a pour affixe b−a.

Démonstration. (i) Notons a et b respectivement les Remarque 5.3.3. 1. Si x ∈ R, on peut le voir


parties réelle et imaginaire de z, et a′ et b′ celles
de z ′ . Alors −

u (resp. −

u ′ ) a pour coordonnées (a, b)
comme un complexe. On se retrouve alors

→ −

(resp. (a , b )). u + λ u ′ a alors pour coordonnées
′ ′ avec deux objets notés de la même manière,
(a+λa′ , b+λb′ ), donc pour affixe (a+λa′ )+i(b+λb′ ). |x| : son module et sa valeur absolue. Mais

16
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES


x 2
√= x + i.0, donc son module est x + 0 =
x2 : il est donc bien égal à sa valeur absolue. Corollaire 5.3.5.
z
Là encore, le module prolonge sur C la valeur Si z ∈ C \ {0}, alors = 1, i.e
|z|
absolue réelle.
2. Si M (ou le vecteur u) est l’image de z, alors z
∈ U.
|z| n’est autre que la distance OM (ou la |z|
norme ∥u∥).
3. En particulier, soit a et z deux complexes et
R ⩾ 0. Notons M et A les points du plans Démonstration.
Immédiat avec le dernier point de la proposition précédente.
d’affixes respectives z et a. Alors |z − a| est
la distance AM . Et M appartient au cercle
(resp. disque ouvert, resp. disque fermé) de
centre A et de rayon R si et seulement
Théorème 5.3.6 (Inégalité triangulaire).
si |z − a| = R (resp. |z − a| < R, resp.
Soit z, z ′ ∈ C. Alors
|z − a| ⩽ R).
4. L’ensemble des affixes des points du cercle tri- |z| − z ′ ⩽ z ± z ′ ⩽ |z| + z ′ .
gonométrique est donc U. Nous identifierons
donc ces deux objets.

Démonstration.
Proposition 5.3.4. Ce résultat sera démontré dans le chapitre sur les com-
plexes.
Soit z ∈ C
Mais nous allons ici montrer qu’il est équivalent à l’inéga-
1. | Re(z)| ⩽ |z| et | Im z| ⩽ |z| ; lité triangulaire vue dans le plan avec trois points ou deux
vecteurs.
2. |z| = 0 ssi z = 0 ; Soit deux vecteurs − →u et −→
v d’affixes respectifs z et z ′ .
3. Si λ ∈ R, alors |λz| = |λ||z|. Alors l’affixe de −→
u ±− →
v est z ± z ′ , et nous avons les éga-
lités ∥−→u ∥ = |z|, ∥−

v ∥ = |z ′ |,∥−

u ±− →
v ∥ = |z ± z ′ |, donc
directement
Démonstration.
∥−

u ∥ − ∥−

v ∥ ⩽ ∥−

u ±−

v ∥ ⩽ ∥−

u ∥ + ∥−

v∥
Écrivons sous forme algébrique z = a + ib.
1. On a l’encadrement fondamental ⇔ |z| − z ′ ⩽ z ± z ′ ⩽ |z| + z ′ .
0 ⩽ a2 ⩽ a2 + b2 ,

donc
√ racine carrée 0 ⩽ a2 ⩽
par croissance de la √
a2 + b2 , donc 0 ⩽ |a| ⩽ a2 + b2 , ce qui est exac-
tement le premier encadrement demandé.
Définition 5.3.7.
On procède de même pour b.
Soit θ ∈ R. On appelle exponentielle complexe de
2. Si z = 0 = 0 + i0, on a immédiatement |z| = 0.
iθ le complexe e iθ = cos θ + i sin θ.
Si |z| = 0, on a par l’encadrement précédent : 0 ⩽
a2 ⩽ a2 + b2 = 0, donc a2 = 0, donc a = 0. On
procède de même pour b, donc z = 0.
3. On a λz = (λa) + i(λb), or λa et λb sont des réels,
donc
L’écriture e iθ n’est qu’une notation :
en aucun cas il ne s’agit du réel e élevé à la
|λz|2 = (λa)2 + (λb)2 = λ2 (a2 + b2 ) = λ2 |z|2 . puissance iθ, ce qui n’a aucun sens.
Comme |λz| et |z| sont positifs, on obtient bien le Remarque 5.3.8.
résultat demandé.
Pour tout θ ∈ R, e iθ = 1, donc une exponentielle
complexe, tout comme les exponentielles réelles,
ne s’annule jamais.

17
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

(r cos θ) + i(r sin θ). La réciproque nécessite


là aussi l’utilisation des fonctions circulaires
Im(z) M (z) inverses, qui seront bientôt vues.
Exercice 5.3.12.
Mettre sous forme trigonométrique les nombres
complexes suivants.
|z| = OM √ √ √
I(i) −3; −2i; 2 3 − 2i; 6 + i 2
e iθ
−→
5.4 Multiplication de deux complexes
\ −−→
θ = arg(z) = OA; OM [2π] Nous pouvons maintenant définir une multipli-
U
cation sur C :
O(0) Re(z)
A(1)
Définition 5.4.1.
Soit z, z ′ ∈ C. On définit leur produit z × z ′ , ou
plus simplement zz ′ , de la manière suivante :
Si z ou z ′ est nul, alors zz ′ = 0 ;
Figure 15 – Interprétation géométrique du mo- Sinon, on écrit z et z ′ sous forme trigonomé-

dule et de l’argument de z ∈ C∗ . trique, z = re iθ et z ′ = r′ e iθ , et on pose

zz ′ = rr′ e i(θ+θ ) .

Remarque 5.3.9.
Grâce à la représentation paramétrique du cercle Remarque 5.4.2.
trigonométrique, nous pouvons écrire que U = Multiplier un complexe z par z ′ = re iθ , c’est
n o donc multiplier z par la constante réelle positive r
e iθ , θ ∈ R .
(on appelle cette transformation une homothétie
de rapport r), et ensuite appliquer la rotation
Définition 5.3.10. d’angle θ au vecteur obtenu. On remarque que
Soit z ̸= 0. Alors z/|z| ∈ U, donc il existe θ ∈ R l’on peut aussi appliquer d’abord la rotation, puis
vérifiant z/|z| = e iθ , c’est-à-dire z = |z|e iθ . l’homothétie : l’ordre n’importe pas, ces deux
Le réel θ est alors appelé un argument de z. transformations commutent (voir figure 16).
Il existe à 2π près. Il existe alors un unique
θ ∈] − π, π] vérifiant z = |z|e iθ . Ce réel est appelé Le résultat suivant nous permet d’exprimer la
l’argument principal de z, et noté arg z. multiplication entre deux complexes, cette fois-
L’écriture «z = |z|e iθ » est appelée écriture trigo- ci sous forme algébrique, et non pas sous forme
nométrique de z. trigonométrique :

Proposition 5.4.3.
Remarque 5.3.11. 1. Attention à la non uni- Pour tout a, b, a′ , b′ ∈ R,
cité de l’argument.
2. Le complexe 0 n’a pas d’argument ; (a + ib)(a′ + ib′ ) = (aa′ − bb′ ) + i(ab′ + a′ b).
3. Pour tout z non nul, (|z|, arg z) est un couple
Ou encore, si z, z ′ ∈ C :
de coordonnées polaires du point d’affixe z ;
(
4. Il est simple de passer de l’écriture trigono- Re(zz ′ ) = Re(z) Re(z ′ ) − Im(z) Im(z ′ )
.
métrique à l’écriture algébrique, de même Im(zz ′ ) = Re(z) Im(z ′ ) + Im(z) Re(z ′ )
qu’il est simple de passer des coordonnées po-
laires aux coordonnées cartésiennes : re iθ =

18
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES


zz ′ = rr′ e i(θ+θ ) Remarque 5.4.5.
Là encore, si x, y ∈ R, nous pouvons les mulitplier
comme des complexes : (x + i.0)(y + i.0) = (xy −
0) + i(0 + 0) = xy. Nous obtenons le produit de
′ r′ z = rr′ e iθ x et y vus comme des réels : le produit sur C est
z ′ e iθ = r′ e i(θ+θ )
donc un prolongement du produit sur R.
Remarque 5.4.6.
′ ′
z = re iθ ′ ′
L’identité « e iθ .e iθ = e i(θ+θ ) » est inoubliable !
z = r′ e iθ Et à partir de cette identité, la démonstration
précédente permet de retrouver les formules de
θ
trigonométrie de la proposition 4.4.1. Ce sera pour
θ′ vous la technique à favoriser pour retrouver ces
O formules si besoin (mais insistons tout de suite :
vous devriez normalement connaître ces formules
par coeur).
Figure 16 – Produit zz ′ .

Démonstration. Proposition 5.4.7 (règles de calcul).


Les deux formulations de l’énoncé sont équivalentes : dé- Soit a, b, c ∈ C, alors
montrons la seconde.

Soit z, z ′ ∈ C. Notons-les z = re iθ et z ′ = r′ e iθ . Ainsi 1. ab = ba (commutativité de la multiplication)
′ ′ i(θ+θ ′ )
zz = rr e . Nous avons donc : ;
Re(zz ′ ) = Re rr′ cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ )
 
2. (ab)c = a(bc) (associativité de la multiplica-
= rr′ cos(θ + θ′ ) tion) ;
= rr′ cos(θ) cos(θ′ ) − sin(θ) sin(θ′ )
 
3. a(b + c) = ab + ac (distributivité de × sur
′ ′ ′ ′
= r cos(θ)r cos(θ ) − r sin(θ)r sin(θ ) +) ;
= Re(z) Re(z ′ ) − Im(z) Im(z ′ ) 4. 0 + a = a (0 est neutre pour +) ;
De même : 5. a + (−1)a = 0, i.e. (−1)a = −a ;
′ ′ ′
Im(zz ) = rr sin(θ + θ ) 6. 0a = 0 (0 est absorbant pour ×) ;
= rr′ cos(θ) sin(θ′ ) + sin(θ) cos(θ′ )
 
7. 1a = a (1 est neutre pour ×) ;
= r cos(θ)r′ sin(θ′ ) + r sin(θ)r′ cos(θ′ )
8. ab = 0 ⇒ (a = 0 ou b = 0).
= Re(z) Im(z ′ ) + Im(z) Re(z ′ )

Remarque 5.4.4. Démonstration.


Il suffit d’écrire cela avec la définition 5.4.1, ou bien à partir
Nous voyons qu’additionner des complexes sous des formules obtenues à la proposition 5.4.3.
forme algébrique est très simple. Les multiplier
sous forme trigonométrique l’est aussi. Multiplier Remarque 5.4.8.
des complexes sous forme algébrique est déjà Toutes ces propriétés des opérations + et × sur C,
moins agréable. Quant à les additionner sous font que C est appelé un corps : nous en reparle-
forme trigonométrique, nous verrons plus tard rons dans le chapitre sur les groupes, anneaux et
que cela n’est réalisable que si les deux complexes corps.
sont de même module, et même dans ce cas l’opé-
ration n’est pas immédiate.
Il convient donc de choisir l’écriture des com- Théorème 5.4.9.
plexes que vous utiliserez en fonction des opéra- On a i2 = −1.
tions que vous voudrez effectuer.

19
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

Remarque 5.4.10 ( ). Im(z) M (z)


Ce dernier résultat indique que la règle des signes
n’est pas vraie sur C. On ne peut donc prolonger
|z| = OM
la relation d’ordre ⩽ de R à C. I(i)
En résumé, on ne peut pas comparer deux com-
plexes (non réels). Lorsque l’on travaille dans un
cadre complexe, on ne peut donc utiliser aucune
notion construite sur ⩽ (ex : monotonie). O(0) A(1) Re(z)
Comparer deux nombres complexes est une
grave et lourde erreur !

5.5 Conjugué et module d’un nombre


complexe − Im(z) N (z̄)

Définition 5.5.1.
On appelle conjugué d’un complexe z le complexe
z = Re(z) − i Im(z). Figure 17 – Interprétation géométrique du
conjugué de z ∈ C.

Proposition 5.5.2 (Interprétation géométrique). pas intervenir de somme sont même encore plus simple à
Soit M (z) un point du plan. Alors |z| = OM et z̄ démontrer sous forme trigonométrique.
est le symétrique de M par rapport à l’axe (O→
−ı ) Pour la dernière, remarquons aussi que, facilement,
2 2
|zz ′ | = zz ′ zz ′ = zz ′ zz ′ = zzz ′ z ′ = |z|2 |z ′ | .
(voir figure 17).

Démonstration. Corollaire 5.5.5.


Immédiat
Soit z ∈ C, on a

z ∈ R ⇔ z̄ = z,
Proposition 5.5.3.
z ∈ iR ⇔ z̄ = −z.
Soit z un complexe non nul, écrit z = re iθ sous
forme trigonométrique. Alors z̄ = re −iθ .

5.6 Inverse d’un nombre complexe non nul


Proposition 5.5.4 (Règles de calcul).
Soit (z, z ′ ) ∈ C2 , on a les identités suivantes.
Proposition 5.6.1.
z+z z−z Soit z ∈ C tel que z = ̸ 0. Il existe un unique
Re(z) = Im(z) =
2 2i complexe z tel que zz ′ = 1 : on dit que z est

z + z = z + z′
′ z × z = z × z′

inversible pour la multiplication, et que z ′ est son
zz = |z|2 1
z=z inverse. On notera ce dernier ou encore z −1 .
z
|z| = |z| |zz ′ | = |z| × |z ′ | 1 z̄
De plus : = 2 .
z |z|

Démonstration.
Ces identités sont élémentaires et se vérifient directement Remarque 5.6.2.
en posant z = x + iy, avec (x, y) ∈ R2 . Celles qui ne font Attention : 0 n’est pas inversible, et comme avec

20
I - TRIGONOMÉTRIE ET NOMBRES IMAGINAIRES

1 5.7 Technique de l’angle moitié


les réels, il est interdit d’écrire . De manière géné-
0
rale, avant d’écrire une fraction (de complexes ou La méthode suivante est indispensable : elle
d’autre chose), on s’assurera que le dénominateur permet d’additionner deux complexes de même
n’est pas nul. module, le tout sous forme trigonométrique.
Démonstration.
Pour l’existence, il suffit d’utiliser l’égalité z z̄ = |z 2 | vue Théorème 5.7.1 (technique de l’angle moitié).
précédemment. Si z = ̸ 0, alors |z 2 | est un réel non nul donc
z̄ Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a
z × 2 = 1.
|z |  
(x+y) (x−y) (x−y)
Pour l’unicité, si z ′′ est un autre inverse, alors z ′ zz ′′ = e ix
+e iy
=e i 2 e i 2 +e −i 2
(z ′ z)z ′′ = 1.z ′′ = z ′′ mais aussi z ′ zz ′′ = z ′ (zz ′′ ) = z ′ .1 = z ′ ,
par associativité. x−y
 
(x+y)
i
= 2e 2 cos
Nous pouvons compléter les règles de calcul 2
précédentes :

Cette technique permet en particulier de mon-


trer
Proposition 5.6.3 (Règles de calcul).
Soit (z, z ′ ) ∈ C2 , tel que z ′ ̸= 0. On a les identités
Corollaire 5.7.2.
suivantes :
Soit t ∈ R, alors
z |z| z z̄
= ′ et = ′. t
i 2t
 
z ′ |z | z ′
z¯ 1+e it
= 2e cos
2
t
 
t
1 − e it = −2e i 2 i sin
2
Remarque 5.6.4.
L’inverse d’un complexe est donc
Démonstration.
1 a − ib Il suffit de remarquer que 1 = e i0 et d’appliquer la tech-
= 2 nique.
a + ib a + b2
Exercice 5.7.3.
Exercice 5.6.5. Mettre sous forme trigonométrique le nombre com-
1 + 2i
Écrire sous forme algébrique. plexe e 3iπ/5 + e 4iπ/9 .
3 − 4i

21

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