Leçon 3 -le droit de controle fiscal

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Année universitaire 2022-2023/UVT CONTROLE ET CONTENTIEUX EN MATIERE FISCALE

Le droit de contrôle fiscal :

1. Principe général :
La liberté d’entreprise associée à un système fiscal déclaratif, justifie le droit de contrôle
accordé à l’administration fiscale.
Ce régime de déclaration spontanée, dans lequel le contribuable doit, de sa propre
initiative, déposer ses déclarations fiscales en bénéficiant d’une présomption d’exactitude
et de régularité.
En même temps, ce régime de la déclaration est un régime de déclaration contrôlée, dans
la mesure où les déclarations du contribuable sont soumises au contrôle fiscal.
Corollaire logique et indispensable de tout système déclaratif, le contrôle fiscal, attribution
propre de l’administration fiscale, se définît comme le pouvoir reconnu à cette
administration de réparer les omissions, les insuffisances ou les erreurs d’imposition
commises par les contribuables.
Dans ce cadre, et aux termes de l’article 05 du CDPF, l’administration fiscale contrôle et
vérifie les déclarations, actes, écrits, mutations, factures et documents utilisés ou justifiant
l’établissement des impôts et leur paiement ou présentés en vue de bénéficier d’avantages
ou de dégrèvements fiscaux ou de la restitution des sommes perçues en trop au titre de ces
impôts. Elle contrôle également le respect par le contribuable de ses obligations fiscales.

2. Les mécanismes du contrôle fiscal :


Le contrôle fiscal s’exerce à travers les mécanismes suivants :
a. La vérification de la situation fiscale du contribuable et la rectification des
déclarations :

La vérification fiscale et la rectification des déclarations s’effectuent sur la base :

 des déclarations, des factures et des documents utilisés pour établir l’impôt ou
présentés pour bénéficier des avantages fiscaux ou pour la restitution d’impôts.

 des preuves écrites, des présomptions de droit et de fait formées notamment de


comparaisons avec des données relatives à des exploitations, des sources de
revenu ou des opérations similaires.

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b. les demandes de renseignements, éclaircissements ou justifications :

L’administration fiscale peut, dans le cadre de la vérification fiscale, formuler des


demandes de renseignements, d’éclaircissements ou de justifications concernant la
situation fiscale du contribuable.

Les demandes de renseignements, d’éclaircissements ou de justification peuvent


concerner :

 la justification des produits et des charges comptabilisés.

 la justification des charges communes déduites par une personne physique pour
la détermination de son revenu net imposable.

 la justification des écarts entre le revenu net global déclaré par une personne
physique et le revenu apparent déterminé selon l’évaluation forfaitaire selon ses
éléments de train de vie ou, selon les dépenses notoires et ostensibles et
l’accroissement du patrimoine.

 la justification des avantages fiscaux.

 la justification des retenues à la source supportées ou des montants de TVA


déduits de la TVA collectée.

 la justification des charges directes et des charges indirectes comptabilisées par


un établissement stable Tunisien d’une société étrangère.

Le recours aux demandes d'éclaircissement sera également utilisé au cas où


l'administration serait amenée à relever une contradiction :
 soit entre les éléments de la déclaration contrôlée.

 soit entre les bases d'imposition retenues en matière d'impôts directs et celles
retenues en matière de taxes sur le chiffre d'affaires.

 soit encore avec une déclaration antérieure.

 ou lorsque l'administration se trouve en possession de recoupements permettant


de relever une discordance manifeste entre les éléments de la déclaration du
contribuable et les informations disponibles.

Le contribuable doit répondre par écrit dans un délai de 20 jours lorsque la demande
intervient dans le cadre d’une procédure de vérification fiscale approfondie ou dans le

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cadre d’une vérification préliminaire. Ce délai est fixé à 07 jours, si la demande


intervient dans le cadre d’une vérification ponctuelle.

Dans les autres cas, la réponse doit être présentée dans un délai de 30 jours, à compter
de la date de la notification de la demande.

c. la demande des états détaillés du patrimoine et des éléments de train de vie des
personnes physiques :

L’administration fiscale peut demander aux personnes physiques, dans le cadre de la


vérification de leur situation fiscale, des états détaillés de leur patrimoine et des
éléments de leur train de vie visés aux articles 42 et 43 du code de l’IR et de l’IS.

Le contribuable est tenu de répondre, dans un délai de 30 jours à compter de la


notification par les services de l’administration fiscale de la demande écrite,
accompagnée d’une copie de la déclaration du patrimoine et des éléments du train de
vie.

La loi de finances pour l’année 2017 a mis à la charge des personnes physiques
l’obligation de joindre à la déclaration annuelle des revenus, une déclaration des
éléments de train de vie, y compris les éléments qui concernent leurs enfants mineurs
qui ne déclarent pas séparément un revenu personnel, selon un modèle établi par
l’administration fiscale.

d. le droit de visite :

Les agents de l’administration fiscale sont habilités à visiter, sans avis préalable, les
locaux professionnels, magasins ainsi que les entrepôts qui en dépendent et d’une
manière générale tous les lieux utilisés pour des activités ou opérations soumises à
l’impôt et de procéder à des constatations matérielles des éléments relatifs à l’exercice
de l’activité commerciale, industrielle ou professionnelle ou des registres et documents
comptables ou les factures ou les notes d’honoraires ou les documents et actes en
tenant lieu.

Les constatations matérielles s’effectuent sur la base d’un ordre de mission spécial
dont copie est délivrée, contre récépissé, directement au contribuable ou à son
représentant au début de la visite.

Il est établi un procès-verbal relatant le déroulement de l’opération et les constatations


matérielles effectuées avec description détaillée des objets et documents saisis.

Une copie du procès-verbal est délivrée au contribuable ou à son représentant contre


récépissé.

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Ces constatations ne constituent pas un commencement effectif de la vérification


approfondie de la situation fiscale prévue par l’article 38 du CDPF ou de la
vérification ponctuelle prévue par l’article 41 bis du même code.

e. Le droit de perquisition des locaux soupçonnés.

En cas d’existence de présomptions d’exercice d’une activité soumises à l’impôt et


non déclarée ou de manœuvres de fraude fiscale ( double comptabilité, l’édition ou
utilisation de factures falsifiées et l’établissement ou l’utilisation de documents,
marques ou sceaux falsifiés), l’administration fiscale est habilitée à procéder,
conformément aux dispositions du code de procédure pénale, à des visites et
perquisitions dans les locaux soupçonnés en vue de constater les infractions commises
et de recueillir les élément de preuve y afférents.

Les agents de l’administration fiscale peuvent procéder à la saisie de tous documents


ou objets prouvant l’exercice d’une activité soumise à l’impôt et non déclarée ou
présumant une infraction fiscale.

Il est établi un procès-verbal relatant le déroulement de l’opération et les constatations


matérielles effectuées avec description détaillée des objets et documents saisis.

Une copie du procès-verbal est délivrée au contribuable ou à son représentant contre


récépissé.

La loi des finances pour l’année 2020 a permis aux agents du contrôle fiscal, dans le
cadre des visites, perquisitions et constatations matérielles, de prendre des copies des
documents pouvant être utilisés pour contrôler et vérifier la situation fiscale du
contribuable.

f. Le droit de saisie des sommes en espèces dont l’origine n’est pas justifiée :

Les sommes en espèces supérieures ou égales à 5.000 dinars dont l’origine n’est pas
justifiée sont saisies sur la base d’un procès-verbal établi par les agents ci-après
mentionnés :
 les officiers de la police judiciaire.
 les agents des douanes.
 les agents du ministère chargé des finances dûment habilités à cet effet.

Les sommes saisies sont déposées, sur ordonnance du procureur de la république et


dans un délai ne dépassant pas les 72 heures, à la Trésorerie Générale de Tunisie ou à
la trésorerie régionale territorialement compétente.

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Les procédures de saisie, de poursuite et de contentieux sont soumises aux dispositions


prévues par le code des douanes.

g. Obligations de communication des livres et documents comptables et logiciels et


applications informatiques :

Aux termes de l’article 9 du CDPF, les personnes soumises à l’obligation de tenir une
comptabilité, conformément aux dispositions de l’article 62 du code de l’impôt sur le
revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés, doivent communiquer
aux agents de l’administration fiscale, tous registres, titres, documents, programmes,
logiciels et applications informatiques utilisés pour l’arrêté de leurs comptes et pour
l’établissement de leurs déclarations fiscales, ainsi que les informations et données
nécessaires à l’exploitation de ces programmes, logiciels et applications, et les
enregistrements et traitements y afférents, enregistrées sur supports magnétiques.

Les personnes qui tiennent leur comptabilité ou établissent leurs déclarations fiscales
par les moyens informatiques, doivent communiquer, aux agents de l’administration
fiscale, les informations et éclaircissements nécessaires que ces agents leur requièrent
dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.

h. le contrôle dans la voie publique :

Le contrôle fiscal dans la voie publique peut être effectué par :


 les agents de l’administration fiscale.
 les agents de la Brigade des investigations et de lutte contre l’évasion fiscale.
 les agents des douanes.
 et autres agents de l’Etat habilités à verbaliser en matière de circulation (agents
de police, agents de la garde nationale et agents des services du transport
terrestre).

Le contrôle dans la voie publique permet de s’assurer du respect de la législation


relative aux factures et au transport des produits et des marchandises et au paiement
des taxes exigibles sur les moyens de transport routier.

Les agents de l’administration fiscale exerce ce contrôle sur la voie publique, dans les
établissements ouverts au public et en tout autre lieu dont l’accès leur est légalement
permis.

Le rôle des autres agents se limite au contrôle sur la voie publique.

Le rôle des agents de la Brigade des investigations et de lutte contre l’évasion fiscale
se limite au contrôle des factures et du transport des produits et des marchandises.

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Le contrôle dans la voie publique doit être effectué par au moins deux agents
assermentés et munis de leurs cartes de commission agissant sur la base d’un ordre de
mission.

Les agents de l’administration fiscale doivent être accompagnés pour l’exercice du


contrôle dans la voie publique par un agent de police, ou de la garde nationale, ou un
agent des douanes.

Toute personne qui transporte des marchandises non accompagnées de factures ou de


documents en tenant lieu, au sens de l’article 18 du code de la TVA ou non
accompagnées de titres de mouvement prescrits par la législation fiscale, est punie
d’une amende égale à 20% de la valeur des marchandises transportées, avec un
minimum de 500 dinars.

Le moyen de transport et les marchandises transportées seront saisis jusqu’à


justification de paiement de l’amende.

La saisie est limitée à la carte grise pour les moyens de transports transportant des
marchandises périssables ou des marchandises destinées à l’exportation, et ce sur
justificatif.

i. Le recours aux experts publics ou privés :

Les agents de l’administration fiscale peuvent se faire assister, dans le cadre des
opérations de contrôle nécessitant une expertise ou une compétence technique
particulière, par les agents de l’Etat et des établissements publics ou par des experts
non concurrents au contribuable, et ce, sur la base d’une habilitation par le ministre des
finances ou par la personne déléguée par le ministre des finances à cet effet.

j. Obligation des autorités civiles et des autorités de sûreté à prêter main forte aux
agents de l’administration fiscale dans l’exercice de leurs fonctions :

Les autorités civiles et les autorités de sureté prêtent toute l’assistance, qui leur est
requise, aux agents de l’administration fiscale dans le cadre de l’exercice de leurs
fonctions.

L’assistance des autorités civiles et des autorités de sûreté peut être requise notamment
pour effectuer des constatations matérielles en cas d’opposition du contribuable, ou
exercer le droit de perquisition des locaux soupçonnés, ou assurer le contrôle fiscal
dans la voie publique.

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k. La notification des avis et des décisions de l’administration fiscale.

Les avis et les décisions de l’administration fiscale peuvent être notifiés par :
 les agents de l’administration fiscale.
 les huissiers notaires.
 les huissiers du trésor.
 lettre recommandée avec accusé de réception.

La notification obéit aux dispositions du code de procédure civile et commerciale.

La notification doit avoir lieu au domicile réel déclaré par le contribuable dans le cadre
de la déclaration d’existence.

Pour les personnes physiques non soumises à l’obligation du dépôt de la déclaration


d’existence, la notification a lieu au domicile porté sur la dernière déclaration annuelle
de l’impôt sur le revenu ou à défaut, à l’adresse mentionnée dans l’acte, l’écrit ou la
cession.

Les adresses non communiquée à l’administration fiscale conformément à l’article 57


du code de l’IR et de l’IS ne lui sont pas opposables.

En cas de décès du contribuable et lorsque l’administration fiscale ne parvient pas à


identifier l’héritier du défunt, malgré toutes les investigations effectuées et si personne
ne présente l’acte de décès, les héritiers seront mis en demeure par l’administration
fiscale sans en désigner les noms.

Après l’expiration du délai de 30 jours de la date de mise en demeure, les héritiers


seront notifiés sans indication de l’identité.

La mise en demeure et la notification seront faite au dernier domicile du défunt déclaré


à l’administration ou au dernier domicile dont elle a eu connaissance.

Il est à noter aussi que les notifications et correspondances relatives à l’impôt peuvent
être échangées entre l’administration fiscale et le contribuable par les moyens
électroniques fiables donnant à ces notifications et correspondances une force
probante pour s’en prévaloir.

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