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Caractérisation des matrices nilpotentes par la trace

Patrice Lassère1
1
, Université Paul Sabatier, Toulouse

11 août 2023

Exercice 0.1 ⋆ Caractérisation des matrices nilpotentes par la trace

[?], [?] 2008.


1. Soit K un sous-corps de C et A ∈ Mn (K). On suppose que pour tout k ∈ N⋆ la trace de
Ak est nulle. Montrer que A est nilpotente.
2. Soit A ∈ Mn (C), établir l’équivalence des propriétés :
1) La seule valeur propre de A est 1.
2) tr(A) = tr(A2 ) = · · · = tr(An ) = n.

Solution : Nous restons ici fidèlement sur la trace de Francinou, Gianella et Nicolas [?] qui
proposent plusieurs solutions de ce classique problème.

1. - Sur C, le polynôme caractérique de A est scindé. Raisonnons par l’absurde en supposant


A non nilpotente. Alors A possède au moins des valeurs propres non nulles que l’on note
λ1 , . . . , λr , 1 ≤ r ≤ n de multiplicités respectives n1 , . . . , nr . Par hypothèse nous avons pour
tout k ∈ N⋆ :
tr(Ak ) = n1 λk1 + · · · + nr λkr .
Écrire ces relations pour k variant de 1 à r équivaut à dire que le vecteur (n1 , . . . , nr ) est
solution du système linéaire
 
λ1 λ2 . . . λr  x1 
λ21 λ22 . . . λ2r  x2 
 ..   = 0.

 
. . . . . . .
λr1 λr2 . . . λrr xr

Et ce système est de Cramer puisque le déterminant de la matrice du système vaut 1


Y
λ1 . . . λr (λi − λj )
1≤i<j≤r

donc nécessairement n1 = n2 = · · · = nr = 0 ce qui est exclu.

1
La seconde solution utilise les formules de Newton. Désignons cette fois-ci par λ1 , . . . , λn
les racines du polynôme caractéristique χA comptées avec leur multiplicités. Dire que
tr(Ak ) = 0 pour tout entier k ∈ N⋆ revient exactement à dire que

tr(Ak ) = 0 = λk1 + · · · + λkn = 0, ∀ k ∈ N⋆

car A étant semblable à une matrice triangulaire à coefficients diagonaux λ1 , . . . , λn les


matrices Ak sont elles semblables à des matrices triangulaires à coefficients diagonaux
λk1 , . . . , λkn . Les formules de Newton 2 impliquent alors que les fonctions symétriques élé-
mentaires des racines λ1 , . . . , λn sont nulles :

σ1 = · · · = σn = 0.

On en déduit que 3

χA = X n − σ1 X n−1 + · · · + (−1)n−1 σn−1 X + (−1)n σn = X n .

Soit An = 0 d’aprés le théorème de Cayley-Hamilton

Pour la troisième solution on procède par récurrence sur la taille de la matrice. Si n = 1,


tr(A) = 0 implique A = 0. Soit donc n ≥ 2, et supposons le résultat vrai jusqu’au rang
n − 1. Le polynôme caractéristique de A

χA = X n − σ1 X n−1 + · · · + (−1)n−1 σn−1 X + (−1)n σn

vérifie par Cayley-Hamilton

χA (A) = 0 = An − σ1 An−1 + · · · + (−1)n−1 σn−1 A + (−1)n σn In

et en prenant la trace de cette dernière expression il vient

(−1)n σn · n = (−1)λ1 . . . λn n = (−1)n n det(A) = 0

soit det(A) = 0. 0 est donc valeur propre de A et on peut écrire

χA = X p Q avec Q(0) 6= 0 et p ≥ 1.

Le théorème de décomposition des noyaux assure alors que

Kn = ker(χA (A)) = ker(Ap ) ⊕ ker(Q(A)).

Supposons maintenant ker(Q(A)) 6= {0}. Dans une base obtenue comme réunion d’une base
de ker(Ap ) et d’une base de ker(Q(A)), l’endomorphisme A admet une matrice de la forme
 ′ 
A 0
.
0 B′

Mais A′p = 0, A′ est donc nilpotente et par conséquent tr(A′k ) = 0, ∀ k ∈ N⋆ . Maintenant,


comme Ak est semblable à  ′k 
A 0
0 B ′k
on a nécessairement tr(B′k ) = 0, ∀ k ∈ N⋆ : B ′ est aussi nilpotente. Mais par hypothèse,
Q(0) 6= 0 qui implique que la restriction de A à ker(Q(A)) est injective, soit B ′ inversible ce
qui fournit la contradiction.
On peut donc affirmer que ker(Q(A)) = {0}, soit Kn = ker(Ap ) et la matrice A est bien
nilpotente.

2. Soient λ1 , . . . , λn les valeurs propres de A, comme rang(Ak ) = λk1 + · · · + λkn pour tout entier
k ∈ {1, . . . , n}, l’implication (1) ⇒ (2) est immédiate.
Pour (2) ⇒ (1), remarquons que spec(A − In ) = { λ − 1, λ ∈ spec(A)}, il est donc suffisant
de montrer que la seule valeur propre de A − In est 0 ou encore que A − In est nilpotente.
D’aprés la première question, A − In est nilpotente, si et seulement si, tr(A − In )k = 0 pour
tout entier k ∈ {1, . . . , n}, et cette dernière vérification est élémentaire car :
k   k  
X k X k
tr(A − In )k = (−1)l tr(Ak−l ) = n (−1)l = (1 − 1)k = 0.
l l
l=0 l=0

Références

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