HSIA_73501700_2021_Annexe5

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"Les dessous d'une tenue scolaire.

Sociologie du
genre au prisme du code vestimentaire à l'école."

Hsia, Shan

ABSTRACT

Nos travaux de recherches portent sur le code vestimentaire à l’école, et de manière plus spécifique,
sur la tenue scolaire des élèves, en tenant compte de la dimension du genre. La démarche de ce
mémoire a été de comprendre les construits sociaux autour de la tenue correcte exigée à l’école, ainsi que
des éventuels phénomènes y afférents. Nous avons pris connaissance de mouvements estudiantins se
révoltant contre certaines injonctions vestimentaires et luttant pour une liberté vestimentaire à l’école. Nous
avons entre autres parcouru le contexte historico-sociétal lié à la tenue féminine et nous avons également
porté notre intérêt sur l’espace scolaire et son règlement d’ordre intérieur. Au cours de nos recherches
exploratoires, nous avons pu nous rendre compte que la définition de décence liée à une tenue pouvait
diverger d’un individu à un autre, comme par exemple dans la situation d’une étudiante menacée d’une
sanction disciplinaire pour un débardeur jugé inapproprié par le personnel scolaire et considéré comme
étant normal par sa mère. Notre objectif a donc été d’analyser la manière à laquelle se construit la capacité
des individus à reconnaître une tenue « conforme » d’une qui soit « non appropriée » pour l’école. Plus
précisément, nous avons interrogé les représentations sociétales sur la tenue scolaire des élèves dans le
milieu secondaire. Concernant la perception des individus, nous avons questionné en particulier le regard
de parents sur leur « normalité » quant au code ve...

CITE THIS VERSION

Hsia, Shan. Les dessous d'une tenue scolaire. Sociologie du genre au prisme du code vestimentaire à
l'école.. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique
de Louvain, 2020. Prom. : Wynants, Bernadette ; Coenen, Marie-Thérèse ; Van Enis, Nicole. http://
hdl.handle.net/2078.1/thesis:28442

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1

Annexe 5 : Retranscription des entretiens

Table des entretiens

Entretien 1........................................................................................................................................... 2
Entretien 2........................................................................................................................................... 7
Entretien 3......................................................................................................................................... 15
Entretien 4......................................................................................................................................... 23
Entretien 5......................................................................................................................................... 28
Entretien 6......................................................................................................................................... 32
Entretien 7......................................................................................................................................... 36
Entretien 8......................................................................................................................................... 43
Entretien 9......................................................................................................................................... 49
Entretien 10....................................................................................................................................... 54
Entretien 11....................................................................................................................................... 62

Remarques :

Chaque entretien a démarré par un mot d’introduction à partir du texte suivant:

« Dans le cadre de mon mémoire, je réalise une étude sur le code vestimentaire à l’école. C’est
pourquoi je procède à cette interview aujourd’hui. Cet entretien est anonyme et il n’y a pas de
bonnes, ni de mauvaises réponses. L’idée est de connaitre ton opinion. Pour des raisons
pratiques et pour retranscrire le plus fidèlement possible tes propos, es-tu d’accord que
j’enregistre l’entretien stp ? L’enregistrement sera supprimé dès que la retranscription sera
réalisée. Les données recueillies ne seront utilisées que dans le cadre de ce mémoire. »

Tous les enquêtés ont marqué leur accord pour l’enregistrement (qui ont bien été supprimés
après leur retranscription).
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Entretien 1

Shan : Quel est pour toi de manière très très très générale le rôle de l'école ?
Bérengère : Euhm…L'éducation.
Shan : L’éducation… tu penses à d'autres choses ?
Bérengère : Euh oui, la sociabilisation. Et quand même, même si ça n’est plus d’actualité pour
le moment, mais euh… tout ce qui est prise de politesse, tu vois ce que je veux dire ?
Vraiment…Un global quoi.
Shan : Alors… concernant plus particulièrement le code vestimentaire à l'école, qu'est-ce que
toi t'en penses ?
Bérengère : Ben…ça dépend des écoles. Mais…euh… j’ai envie de te dire que…
malheureusement, on est dans une génération où euh…parfois la tenue vestimen… Tu es jugé
sur ta tenue vestimentaire. Donc si tu as des marques ou si tu n’as pas de marques.
Shan : Est-ce que… euhm… à ton avis… quand on évoque le code vestimentaire à l’école, je
ne sais pas ce qui est dit au niveau des consignes ?
Bérengère : Ben écoute, pour le petit, je n’en ai pas vraiment. J’ai envie de te dire… puisque
bon, en primaire, euh… c’est un garçon. Je vais plus te parler au niveau de Danièle. Au
niveau de Danièle, je sais que tout ce qui est jupe, tout ce qui est short doit être au-dessus du
genou. Voilà quoi. Ce que j’estime qui est correct aussi parce que les mini-jupes à l’école…
ça le fait un peu moins, quoi.
Shan : Alors, à ton avis pourquoi l’école met-elle en place le code vestimentaire ? À nouveau
de manière générale…
Bérengère : Euh…Pour avoir un minimum de respect que ce soit envers les professeurs,
envers la direction… envers les autres aussi. Donc ça. Et évidemment au niveau moqueries …
Et j’ai envie de dire, dans le sens… par rapport au poids, ou tu vois d’une personne par
rapport à l’autre, comment ça lui va et comment ça ne lui va pas. Je pense qu’il y a un
minimum quoi.
Shan : Euhm… Si jamais… ben justement, on va porter la mini-jupe ou… ‘fin, les vêtements
qu’on est censé… qui sont interdits.. euh… est-ce qu'il y a au sein de l'école des réactions au
niveau du personnel scolaire ? Ou ?
Bérengère : J'ai envie de te dire que malheureusement ça dépend sur qui tu tombes... Comme
éducateurs. Parce que certains te feront la remarque, d’autres te laisseront passer. Donc c’est
un peu laissé à l’appréciation personnelle de l’éducateur… Et ça, c’est un peu dommage quoi.
Shan : Y a pas… ce n’est pas homogène quoi.
Bérengère : Non…Non.
Shan : Alors justement… parce que j'en viens… De quelle manière les gens arrivent-ils à
reconnaître une tenue qui soit appropriée ? D'un vêtement qui… qui ne va pas passer en fait.
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Bérengère : Euh… Perso. Moi je sais que quand Danièle part le matin, je regarde quand même
sa tenue. Et euh… si moi j’estime que c’est trop décolleté… ou euh… personnellement, oui.
Je bloque directement à la maison en disant : bon, je suis pas d’accord, ta blouse, tu te
changes. Voilà. Maintenant, oui, euh… Il y a des petites gamines qui arrivent avec des trucs
super décolletés. Je trouve ça un peu… fin, elle n’est qu’en deuxième, moi… donc…je trouve
ça un peu choquant quoi…Tu vois… Voilà.
Shan : Et du coup, ben… le personnel scolaire, tu penses qu'il fonctionne de quelle façon ?
Bérengère : Euh… J'ai envie de te dire à Waimes je sais que certaines gamines ont déjà eu des
remarques, oui. En disant : « Ben écoute, ça passe pour aujourd’hui. Mais cette blouse-là la
prochaine fois… Le week-end, ok, mais… tu fais ce que tu veux. Mais à l’école, non. » Et je
trouve : logique quoi. À un moment donné, c’est des salles de classes, c’est pas… des salles
de bals quoi.
Shan : Et à nouveau… ce constat, c’est selon les éducs aussi ? Ou c’est de manière générale à
Waimes ?
Bérengère : Euh non, c’est de manière générale à Waimes, ça, par contre.
Shan : Alors… pour toi, si tu devais définir une tenue correcte… donc la tenue adéquate pour
l’école, ce serait… tu la définirais comment ?
Bérengère : À la limite, c’est ce que je dis… pour éviter tout ce qui est source de moqueries
et tout ça, moi je reviendrais à l’uniforme. Au moins, ils ont tous la même chose. Y en a pas
un qui est habillé en marques, l’autre sans marques… et qu’on puisse faire des différences de
classes sociales entre guillemets quoi.
Shan : Et toi, quand tu penses à uniforme. Tu le visualises comment ?
Bérengère : Euh…Pantalon et euh… pull quoi. Tu vois ? Même un bête… J’ai envie de dire
entre guillemets un bête pull et un bête jean. Mais tout le monde est sur le même pied
d’égalité. Pas le … costume cravate, chemise et tout le bazar. On n’est plus dans cette
génération-là non plus j’ai envie de dire. Mais d’un autre côté, le pull oui, le pantalon oui. Ça
passe très bien.
Shan : Je pensais à un truc parce que… j'avais vu dans une école… eux n'utilisaient pas
l'uniforme-uniforme, tu vois euh… mais ils utilisaient plutôt des codes couleur, tu vois ?
Bérengère : Oui, aussi. Pourquoi pas ? Maintenant, j’ai envie de dire… les codes couleur,
c’est plus contraignant dans le sens où parfois on ne trouve pas toujours la bonne couleur que
t’as besoin spécialement et que voilà. Qu’un pull, un pantalon, ma foi… ça se trouve un peu
partout quoi.
Shan : Alors… euh… si tu devais définir la notion de décence… donc décence liée à une
tenue, tu dirais quoi ? Ça représente quoi pour toi ? Décence.
Bérengère : Décence…Ouh la ! (rires)…
Shan : (rires)… Tu vois, c’est parce que je lisais « tenue décente » et je me suis dit : « Oui,
mais c’est quoi la décence ? Parce qu’en fait… Est-ce que l’on va arriver à cette même
définition ? Enfin… tu vois ? …Comment est-ce qu’on la définit ?
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Bérengère : Oui, on n’a pas tous la même décence. Oui, mais j’ai envie de dire… Sans partir
sur le truc un peu vulgaire. Mais… Pour moi, la décence, c’est quand même d’avoir quelque
chose qui est présentable, propre et … j’ai envie de dire… qui fasse pas ‘tite pute quoi…
(rires gênés de Shan)… T’ sais, des fois, tu passes à l’arrêt de bus à la gare à Malmedy… t’en
regardes certaines, tu te dis « ola » elles vont où quoi. Et c’est dans ce sens-là. Et c’est vrai
que je trouve que, à l’heure actuelle, il n’y a plus de limites à ce niveau-là.
Shan : Alors ça…ça rejoint… on y a déjà un peu répondu…Idéalement, comment est-ce qu'on
devrait s'habiller à l'école ?
Bérengère : Mmh… j’ai envie de te dire… voilà oui, comme je t’ai dit tantôt… (silence)… de
façon décente quoi.
Shan : Alors… je me demandais… quand il fait chaud… euh…là, les jeunes… est-ce que…
au regard du personnel scolaire, au regard de nous en tant que parents… vu qu'il fait chaud,
que les températures… je pense à… au mois de juin, lorsqu'il y a eu… et même en septembre,
parce qu'il a fait des températures de plus de 25 degrés… est-ce que là, les jeunes peuvent
s'habiller autrement ? Que ce que l'on attend de la tenue classique, on va dire.
Bérengère : Ben écoute moi, moi Danièle avait mis un ‘tit top et… elle s’est pris des
remarques … comme quoi il fallait une manche courte.
Shan : Ah ouais. Elle a réagi comment ?
Bérengère : Boh écoute elle est revenue pas choquée plus que ça. Maintenant elle m’a dit :
« Hé fait chaud hein»… Sans plus, j’ai envie de te dire. Le lendemain, elle a mis une blouse
avec une petite manche. Et puis voilà.
Shan : Et toi en tant que parent, ça t’a fait quoi ?
Bérengère : Ben moi personnellement, je t’avoue … ben, je l’avais pas vu parce qu’elle avait
mis son pull au-dessus, donc j’avais pas… Je ne la déshabille quand même pas le matin.
(rires), Mais euh…C’est vrai que je lui ai fait la remarque quand même. « Ben écoute Danièle,
tu as quand même une poitrine. Et voilà. C’est vrai qu’en top, ça devient limite quoi. T’es pas
à la plage quoi. Maintenant, si tu as un petit chemisier dessus, ou un truc en « voiline » au-
dessous tout fin. Ça passe. Que là, oui, ça passe pas quoi. »
Shan : Alors euh…oui… de manière globale, quel est le style vestimentaire de tes enfants si tu
devais plus ou moins les définir ?
Bérengère : (rires) …Alors euh…Baskets ? Comme tous les ados de notre époque ? Ben j’ai
envie de te dire jeans… ben moi Danièle va jamais en jupe à l’école, déjà d’office. Donc oui,
c’est jeans euh… T shirt pull, j’ai envie de dire cool quoi. Mais sans pour autant… bien
habillés, mais sans tirés sur les 4 épingles quoi, costume cravate…
Shan : Euhm… est-ce que pour lui, le style vestimentaire, ça a une importance spécifique ou ?
Pas forcément ?
Bérengère : Le grand, bien. Valéry est très porté marques.
Shan : Il y tient… Ça a une signification pour lui ?
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Bérengère : Euh je pense que oui, parce que dans la classe où il est, c’est beaucoup des
gamins qui sont habillés de marques de la tête aux pieds. Et du coup… je pense que c’est juste
une histoire de se reconnaitre, entre guillemets quoi.
Shan : Oui… l’aspect appartenance au groupe.
Bérengère : Oui, voilà. Que Danièle, elle te passera à côté, complément indifférente, Danièle
quoi.
Shan : Et toi, tes expériences en tant qu’élève, à l’époque, est-ce que t’as déjà vécu quelque
chose avec le code vestimentaire ou… qu’est-ce que t’en retiens ?
Bérengère : J’avais en son temps au Collège Sainte-Marie… on avait en gym l’obligation
d’avoir la tenue de l’école. Ben finalement, en gym, on ne se trouvait pas plus mal. Parce
qu’on avait toute la même tenue et on ne savait pas dire : «Oh, mais toi, tu as ça ou tu as
ça… ». Mais c’est vrai déjà à l’époque, ça commençait tout doucement… euh… « ah, mais
elle a des marques », « elle, elle n’a pas de marques »…tu vois. Et moi, je me souviens à
l’époque, c’était Donaldson la marque super reconnue. Et j’avais une prof quand je mettais un
pull Donaldson à son cours, j’avais interro, je réussissais l’interro. Quand j’avais pas mon
pull, je ratais l’interro.
Shan : Oh lala…
Bérengère : Donc voilà… et ça, moi, j’avais vite compris le système. Donc à chaque fois, je
me disais « je vais mettre mon pull, tranquille… »… Oui, elle, elle réagissait comme ça.
Maintenant, après, à côté de ça, j’aurais pu te dire… c’est la seule qui a réagi comme ça, quoi.
Les autres, j’avais pas vraiment…
Shan : Oui… Donc… par rapport à la vie adulte, concrètement… Quels sont pour toi les
impacts positifs ou négatifs du code vestimentaire à l’école ?
Bérengère : Euh… Ben ça t’apprend quand même, j’ai envie de te dire, à avoir une certaine
tenue devant un employeur… que tu ne vas pas aller en training chez ton employeur pour
postuler, pour des petites choses comme ça… Maintenant, ça évolue tellement. Qu’on n’est
plus choqué de rien. Et c’est malheureux… Mais… ‘fin, je vois bien que leurs tenues à eux ne
correspondent plus à ce que nous, on nous obligeait. Et j’ai l’impression dans 10 ans que ce
sera complètement différent. Même si nous en tant que parents, on essaye de leur inculquer
certaines choses, certaines valeurs…
Shan : Donc… on arrive à la fin… Si toi, tu devais apporter une amélioration, tu… tu
penserais à quoi ?
Bérengère : Euh… c’est vaste parce que… j’ai envie de te dire qu’on ne peut pas interdire les
marques. Mais que si on le pouvait, je le ferais. Parce que finalement… c’est compliqué de…
tu peux les offrir à tes enfants… mais tu te dis : ben de toutes façons, dans 3 mois, il ne le
mettra parce qu’il aura grandi. Et tu te dis que c’est dommage de claquer 70 à 80 euros pour
un truc qu’il ne remettra peut-être pas dans 6 mois quoi…
Shan : Pour éviter qu’on porte telle ou telle marque… ?
Bérengère : Mais je crois que ça se fait quand même… que tu le veuilles ou non... Et je vois
bien, parce que… écoute, je te parle de ça, Valéry, en primaire, avant qu’il n’aille à l’école
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aux Grands Prés, il était ici à Burnenville…et euh… tu sais, moi j’ai envie de te dire… il avait
un pantalon, il avait un pull, un t-shirt. Que ce soit de n’importe… que ce soit du Zeeman, du
Trafic… il était habillé correctement quoi. Et ici, il s’est fait fortement décrier, mis de côté.
Même par le directeur. Parce qu’il n’avait pas des marques quoi…
Shan : Oufti…
Bérengère : Ah oui, c’est comme ça qu’on… enfin, il y a eu toute une histoire et c’est comme
ça qu’au final des comptes, on l’a changé. Parce que c’était catastrophe quoi. Et on avait
remarqué que… euh… le directeur allait défendre systématiquement les élèves qui avaient des
marques. Ça, on l’avait remarqué.
Shan : Et là, maintenant… je ne sais pas où il est… mais il se sent comment ?
Bérengère : Il est à l’IND, mais euh… j’ai envie de te dire que malheureusement, il est
retombé sur quelques-uns de Burnenville… Et c’est vrai que parfois… j’ai l’impression que…
ça aussi ça joue, tu vois… sur le fait que… euh… mais bon, à côté de ça, c’est comme on lui a
dit « tu as des marques aussi ». ‘Fin voilà… oui, on n’accepte pas spécialement tout le temps
des marques non plus quoi. Si même… pour ses pantalons, je suis un peu obligée.
Shan : (rires)
Bérengère : J’ai une grande asperge, moi !
Shan : …Et Danièle, elle se sent…libre au niveau vestimentaire à l’école ?
Bérengère : Ah oui, complètement. Danièle… Danièle a déjà un caractère beaucoup plus fort,
tu vois. Danièle, c’est je vais m’habiller, si ça te plait, ben regarde ailleurs quoi. Que Valéry,
pas. Valéry… il fait… il prête attention aux autres. Que Danièle, pas du tout…
Shan : En fait, je me demandais…pourquoi ce côté strict par rapport aux vêtements ? Tu
vois ?
Bérengère : Je crois qu’ils ont laissé aller à un moment donné. Et ils n’ont plus eu le contrôle,
donc du coup, je pense qu’à un moment donné ils ont fait marche en arrière et ils se sont dit
« basta » et hop tac. Ils bloquent, c’est comme ça et pas autrement.
Shan : Et tu penses que c’est pour un but spécifique ou ?...
Bérengère : Je pense que oui…à un moment donné, ça a amené des débordements. Peut-être
entre élèves hein. Moi c’est ce que je me suis dit, tu vois, peut-être entre élèves qu’il y a eu
des débordements et que du coup ils se sont dit on va mettre le frein tout de suite….
Maintenant, ce n’est qu’un ressenti personnel hein. Et je te dis, je sais que Danièle a reçu une
remarque pour son top. Et voilà…
Shan : Et tu penses à quels débordements ?
Bérengère : Ben tu sais entre élèves… dans les toilettes, ça va vite quoi… Donc euh… J’ai
envie de te dire … est-ce qu’ils ont… voilà… Maintenant, je sais par exemple que… par
rapport à des plus grands, ça va vite dans les toilettes, ou dans l’atelier… Ou… tu vois… Je
me dis « ouais »… Ils ont peut-être eu des débordements et qu’ils se sont dit : ben on va
bloquer. C’est pas plus mal quoi.
Shan : Et… ces débordements… tu crois qu’ils ont un lien avec les vêtements, tu crois ?
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Bérengère : Ben écoute…à un moment donné il y avait quelques petites miss-là qui allaient
bien habillées bien aguicheuses… je pense oui… Les beaux décolletés, les jupes un peu
vraiment limite… Oui, je pense… J’allais à l’école… donc je travaillais à Waimes et je
prenais encore bien une camarade de Danièle… comme je finissais à 16h à Waimes. Et je te
jure que parfois t’en voyais sortir… tu te disais : elles, elles ont été à l’école, elles ? Ben moi,
ma fille, elle ne va pas comme ça quoi. Tu vois. Je ne l’interdis pas à mettre une jupe, je ne
l’interdis pas de mettre un short quand il fait chaud, une petite robe ou quoi. Mais à un
moment donné… enfin voilà. Il y a les tenues du week-end et de la semaine, quand il y a
école quoi.
Shan : Alors… avant de finir…je vais te montrer deux photos… (réglage technique)…Tu vois
les deux photos ?
Bérengère : Oui, je les vois. Ben tu voix le petit top que je te disais avec Danièle. C’était un
petit top comme ça en fait.
Shan : Et donc, ça , ce n’est pas passé à l’école ?
Bérengère : Ça, ça n’est pas passé.
Shan : Et toi, quand tu vois ce top, tu le trouves comment ?
Bérengère : Moi, ça ne me choque pas. J’ai envie de dire que c’est quand même un petit top…
je t’avoue que moi, quand je vais bosser, c’est le petit top que je pourrais mettre pour aller
même chez mes clients en me disant « merci, il fait chaud, il fait 35° ou 25°… à un moment
donné….’fin mes clients le savent que je ne suis pas à aller à moitié dénudée. Quand il fait
chaud, il fait chaud pour tout le monde quoi. Donc là, ça ne me choque pas du tout quoi.
Shan : Et alors la deuxième tenue ?
Bérengère : Ben ça ,j’ai envie de te dire que c’est Danièle, en été ou au printemps. Tu vois…
Ça ne me choque pas. Elle est plus dans ce style-là, tu vois. Plus classique, plus… Enfin
classique… Si on peut appeler ça classique. La mode de toutes les petites jeunes de
maintenant quoi.
Shan : Je ne sais pas si toi tu penses à d’autres choses ?
Bérengère : Non… pas comme ça.
(Fin)

Entretien 2

Shan : Pour toi, de manière très générale, quand tu penses au rôle de l’école, tu dirais quoi ? À
quoi tu penses ?
Patrick : Son rôle ?
Shan : Le rôle de l’école dans la vie des élèves. Et aussi ton point de vue en tant que parent.
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Patrick : À la base, c’est un… un centre d’apprentissage. C’est un lieu où on est censé
apprendre de plus en plus de choses, mais à l’heure actuelle, on est déjà en train de passer à
euh… de l’éducation. Donc l’apprentissage… ça reprend beaucoup plus qu’à l’époque…
Quand j’étais en primaire, c’est plus de l’apprentissage. Et maintenant, c’est de plus en plus
de l’éducation, du comportement…
Shan : Et alors… de manière plus spécifique, qu’est-ce que toi tu penses du code
vestimentaire ?
Patrick : Le code vestimentaire, il a beaucoup changé avec tout ce qui est les médias… etc.
Donc de plus en plus, les enfants s’habillent en fonction de ce qu’ils voient à la tv ou de ce
qu’il y a sur les réseaux sociaux. Donc euh… le problème par rapport aux enfants, c’est qu’ils
ne sont pas tous au même niveau… financière et tout ça… et il y a énormément de…
énormément de stress entre les gosses qui se crée…parce que tout le monde n’a pas les
mêmes moyens pour s’habiller de la même manière. Et donc d’un point de vue, équité, ça
devient de moins en moins équitable. Donc les gens qui ont les moyens… ont le droit d’avoir
un enseignement plus profond… c’est-à-dire prendre des cours particuliers et même temps
s’habiller de manière beaucoup plus…euh… beaucoup plus sélect qu’à l’époque… Donc il y
a des différences qui s’installent de plus en plus entre les enfants quoi.
Shan : Tu… tu le remarques en tant que parent ?
Patrick : Euh…en tant que parent, parce que ma fille est fille unique, elle est un peu
privilégiée. Et je le vois également avec les enfants de certains collègues qui.. certains m’ont
déjà fait la réflexion que ce serait pas plus mal finalement de revenir à l’uniforme pour ne plus
avoir cette disparité. Et… mais c’est simplement d’un point de vue disparité. Donc ce n’est
pas d’un point de vue euh… militaire. En fait, ce n’est pas l’uniforme… parce qu’ils voient
moins de différences une fois que les élèves sont tous habillés de la même manière.
Shan : Et donc du coup… toi… quand on parle du code vestimentaire à l’école, ça t’évoque
quoi ?
Patrick : Ben moi, ça m’évoque uniquement les remarques des personnes qui m’entourent…
donc euh… toutes les personnes ont des idées différentes, que ce soient certains enseignants
qui sont très carrés, d’autres pas du tout. Je vois la préfète de l’Athénée qui vient du milieu
militaire et qui est assez rigoureuse par rapport à l’habillement des filles. Un peu moins au
niveau des garçons. Mais je veux dire… elle veut absolument maintenant la jupe en dessous
du genou, comme elle mesure à la limite des déchirures dans les jeans, etc. Donc y a des
profs, que ça ne dérange pas du tout. Et y a des personnes que ça dérange absolument quoi. Et
les mini-jupes… bon… parce que les enfants ne sont pas toujours bien conscients de… de la
manière à laquelle ils s’habillent par rapport à l’école quoi. Le rôle de l’école, c’est… plus
vite olé olé… Euh... un enfant n’est pas à l’autre non plus quoi.
Shan : Et du coup, la préfète, elle l’explique comment en fait… son côté rigoureux ?
Patrick : Elle ne l’explique pas (rires). Elle l’impose. (rires).
Shan : À son personnel de l’école ?
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Patrick : Euh… oui, comme elle nous interdisait de nous promener, même mes collègues qui
ont peu de cheveux, de se promener à l’intérieur de l’école avec une casquette alors qu’on
sortait, qu’on rentrait… enfin, des conneries quoi.
Shan : Du coup, le code vestimentaire n’est pas uniquement destiné aux élèves. Il est aussi
d’application aux profs ?
Patrick : Oui, je pense qu’elle a déjà fait des remarques à certaines profs comme quoi elles
n’étaient pas habillées comme il fallait, etc.
Shan : Ah oui…
Patrick : Ah ouais, non non… (rires) Non, ça ne rigole pas tous les jours. Mais bon, je vais
dire… c’est vrai qu’il y a des normes à fixer. Des fois, certains les dépassent. Donc voilà…
Moi, je n’ai pas de code vestimentaire vu que j’ai toujours le même pantalon… non, pas le
même. J’ai 4 exemplaires du même pantalon de travail et… 4 chemises totalement identiques.
Mes vêtements de travail sont interchangeables, ils sont les mêmes… Je les change
régulièrement hein… Mais je suis toujours habillé de la même manière. Et en cuisine, je vois
que tout le monde essaye… essaye de suivre les normes de l’AFSCA, mais en même
temps…euh… ils aiment bien avoir leurs baskets, ils n’ont pas leurs chaussures de travail et
tous trucs pareils, mais ça… c’est les règles quoi.
Shan : Et quand tu dis normes par rapport à l’école ? Tu penses à quelles normes par
exemple ?
Patrick : Ben je veux dire… on n’est pas comme dans le privé, où dans certaines écoles
privées ont toujours l’uniforme obligatoire, etc. donc euh… et ici, il n’y a pas d’obligation
d’avoir de chemises… il faut être habillé d’une manière décente, c’est tout. Jusqu’à présent, je
n’ai pas vu de trucs euh… c’est vrai que les jeunes filles, il faut leur dire de temps en temps
mollo mollo parce que euh… ce sont des choses qui se font hors de l’école, se promener le
nombril à l’air… (rires) c’est pas…
Shan : C’est pas pour l’école ?
Patrick : Pour l’école ? Ben je sais pas… il faudrait revoir le rôle de l’école, si par rapport à
l’éducation… euh… à l’encadrement des enfants, ce qu’on veut leur… ce qu’on veut leur
apprendre ou pas. Donc en fait… moi, je ne suis pas très normaliste. Je prends tous les avis.
Mais euh… dans la société dans laquelle on vit, il faut avoir un minimum de choses qui
tiennent dans la manière vestimentaire que… quelle que soit l’origine qu’on ait… il faut… on
fait partie d’une même société donc il faut que les gens restent plus ou moins… au niveau de
cette société. En tout cas, dans le cadre d’une école quoi. Qui est une école laïque
normalement. Enfin, une école publique… où normalement l’enseignement devrait être
gratuit, qui ne l’est pas non plus. Et équitable pour les enfants quoi. Mais ce n’est pas non
plus. Donc si… les vêtements à l’école, ça… ça discrimine certains enfants par rapport à
d’autres.
Shan : Tu penses à quoi par exemple ?
Patrick : Ben que certains n’ont pas les moyens de s’acheter des marques ou s’habiller de
manière en Desigual ou mettre des … parce que pour le moment, les enfants sont hyper…
même en primaire, sont moqueurs par rapport à… que ce soit à 8-10 ans, que ce soient par
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rapport à leurs vêtements à l’école quoi. Donc parfois… comment dire ?... il y a déjà une
certaine ségrégation par rapport à un groupe par rapport à certains d’autres. D’un point de vue
vestimentaire hein, simplement.
Shan : Tantôt, tu as parlé de tenue décente. Quand tu dis tenue décente, tu penses à quoi ?
Patrick : Ben je vois que certaines jeunes filles viennent avec des shorts vraiment très très
courts et là elles se font remballer direct.
Shan : Elles se font remballés par… ?
Patrick : Par la direction. Mais je pense que… bon… la plage, c’est la plage. Et l’école, c’est
l’école. C’est pas… (rires)
Shan : Est-ce que tu remarques une différence avec les…les garçons et leurs vêtements ?
Ou… ?
Patrick : Ben disons qu’à Stavelot, je n’ai connu un… un seul qui s’est baladé pendant les 3-4
années que je l’ai connu euh… en short toute l’année. Mais autrement, les garçons sont
assez… en pantalon… comme tous les jeunes à l’heure actuelle quoi. Je vois à Stavelot qu’il y
a quand même une moins grande différence au niveau… marques et tout ça entre les… Même
entre les années, les élèves de différentes années se fréquentent l’un l’autre. Qu’à Malmedy,
c’est d’année en année. On ne va discuter avec les 3ème, vont pas discuter avec les 4ème, les
4ème avec les 5ème, les 5ème avec les 6ème. À Stavelot, ce n’est pas du tout la même mentalité,
c’est une autre mentalité. Et c’est pas plus mal, je trouve.
Shan : Par rapport au garçon qui portait un short… Lui, il n’a pas eu forcément
de…remarques ?
Patrick : Non… il a juste mis un costard cravate quand il a présenté ses examens oraux.
Comme on devait le faire à l’époque à l’unif. Mais non…il n’a pas eu de remarques. Enfin…
c’était un bermuda en fait, en permanence. Ce n’était pas un short. Par contre, j’ai un collègue
qui s’est promené en short… pendant quelques années à l’école en train de tondre les pelouses
et avec un… un marcel il s’est fait reprendre à l’ordre quoi… C’est ce qui est tout à fait
normal quoi…
Shan : Par la même directrice ? Ou c’était une autre directrice ?
Patrick : Je pense que… il s’est fait reprendre par celle-ci et la précédente également. (rires)
Shan : Et du coup, il a dû mettre quoi comme vêtement ?
Patrick : Ben… comme tout le monde. De temps en temps avec un short en été, mais c’est un
short de travail quoi. Je ne viens pas habiller en … C’est comment le gars de Camping
Paradise ou… c’est ça ? Le fameux Patrick qui fait le guignol … Euh… Le Dubosc. (rires)
Enfin… tu vois où se trouve la limite quoi. (rires) Je dis l’école, c’est pas la plage, c’est tout.
Shan : Euh… alors… je me demandais… donc, par exemple, dans le cas de la directrice,
comment est-ce qu’elle fait pour reconnaitre justement les tenues qui sont, à ton avis hein…
qui sont appropriées, non appropriées… elle les… comment est-ce… en fait, je me demandais
comme le personnel scolaire arrive à reconnaitre une tenue adéquate à l’école d’une qui ne
l’est pas forcément ?
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Patrick : Je pense qu’en ce qui la concerne, elle, elle a son avis. Une fois qu’elle a, ben… elle
a décidé que cette tenue est adéquate et l’autre pas. Point barre. Au niveau des profs, il y a
sûrement des discussions d’un à l’autre qui vont dire « oui pour moi, y a un souci », « pour
moi, y en a un ». Et puis voilà, ça… faut juste voir jusqu’où ça peut aller quoi.
Shan : Et alors je me demandais… par rapport au garçon qui s’est habillé en costume pour son
examen… c’est… c’est parce qu’on lui avait demandé ou c’était spontanément ?
Patrick : Je pense que c’est une tradition en rhéto, c’est comme une préparation aux études
supérieures où tous les examens comme moi, les seules fois où j’ai dû porter la cravate, c’était
à l’unif. C’était comme ça, et pas autrement. Personne n’y dérogeait donc… Déjà, si tu
arrivais sans ta cravate et sans ton costard, tu pouvais faire demi-tour… tu étais déjà… déjà
éjecté.
Shan : Tu en as déjà parlé tantôt… est-ce que selon toi…est-ce qu’on pourrait s’habiller
librement à l’école ? Si oui, ce serait quoi ? Si non, ce seraient quelles limites ? … Je ne sais
pas ce que toi, t’en penses ?
Patrick : Ben je pense qu’à l’heure actuelle, l’habillement est libre, à part… euh, certains
excès vestimentaires ou au niveau des piercings, des tattoos… tant que ça reste… dans la
décence absolue. Enfin, c’est… je veux dire, les seuls qui ont des problèmes, sont ceux qui
essayent de faire de la provoc en fait, quoi…
Shan : Genre, par exemple…tu penses à quoi ?
Patrick : Les shorts trop courts…les nombrils à l’air…euh… ou des piercings à gauche, des
coupes de cheveux qui n’en sont pas… Ah oui, il y a eu des réflexions par rapport à des
cheveux, des teintures de cheveux aussi… des gamines qui s’étaient teint les cheveux en bleu
ou mauve… Et ça n’est pas passé. Ça a dû passer par la direction également. Moi,
personnellement, je n’en pense rien. Pour moi, ça ne me dérange pas. Qu’un élève puisse
apprendre avec des cheveux qui soient jaunes, verts ou ce que tu veux. Moi, ça ne me dérange
absolument. Mais je sais que quand tu arrives à l’adolescence, il y a certaines tenues… au
niveau aussi bien des garçons que des jeunes filles… qui sont… ben il faut pas faire bouillir
les hormones plus qu’elles ne le bouillent déjà. (rires) Il faut qu’ils puissent se concentrer sur
leurs études aussi quoi… (rires)
Shan : Et du coup, euhm…les filles qui viennent avec des shorts courts ? On leur dire quoi en
fait?...
Patrick : Filles ou garçons. Les garçons ne se promènent pas torse nu… Il n’y a pas de… je ne
fais pas de discrimination entre les filles ou les garçons, c’est la même chose hein…
Shan : Et on leur dit quoi ? On leur explique… pourquoi ? enfin… pourquoi ce vêtement-là ?
Pas celui-là ? Celui-là convient ?...
Patrick : Ben personnellement, c’est pas moi qui donne les explications donc je ne saurais pas
te dire ce que… sur quelles bases… sur quel règlement ils se basent.. Il y a quand même un
règlement vestimentaire à la base… je pense qu’il y a quelques normes relatives à la manière
de s’habiller de se comporter et de s’habiller à l’école. Même si c’est une Athénée, une école
publique… y a quand même des règles, qui sont… à suivre et les enfants le savent à la base.
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Je pense que l’histoire des cheveux, c’est repris dans le règlement. Mais je n’ai jamais lu
complètement le règlement.
Shan : Alors…mmh… par rapport à ta fille… est-ce que pour elle, son style vestimentaire…
est-ce qu’il signifie quelque chose de spécifique ? ou pas nécessairement ? ou ?...
Patrick : Ben je dirais que ma fille qui est à St-Remacle, elle est un peu… un peu plus cool
que… moins pèt-pèt que certains… mais elle s’habille aussi avec des marques... hein donc…
elles ont leur style. Tu sais une fille de 18 ans, elle a envie de… elle aime bien qu’on la
remarque. Et donc voilà… elle s’habille… elle utilise ses charmes également. Mais jusqu’à
présent, je n’ai pas dû crier « horreur et malheur » et « rentre à la maison » quoi. (rires)
Shan : Elle a déjà reçu des remarques à l’école ou ?
Patrick : Non… Elle n’a jamais… Elle a toujours… Marie est une fille qui est toujours
restée… Elle n’est pas dans l’excès quoi. Pas devant moi en tout cas. Pas que je l’ai appris,
donc voilà…
Shan : Du coup… toi, par rapport à toi en tant que parent, tu as déjà dû faire des remarques ou
pas ?
Patrick : Euh… si, à un moment. Parce qu’elle voulait aller à l’école avec des pantalons
totalement déchirés à l’école et je lui ai dit que ce n’était pas très judicieux, ni avec des tops..
des tops… je lui ai dit : bon Marie, tu mets ça à la maison, tu mets ça quand tu es dans le
jardin, quand tu es avec les copines, ce que tu veux… ou à la piscine, mais à l’école, t’y vas
pas comme ça et puis c’est tout.
Shan : Elle t’a demandé pourquoi ?
Patrick : Oui, ben je lui ai expliqué qu’on étant dans une école, pas dans une plaine de jeux. Et
puis, c’est tout.
Shan : Elle a réagi comment ?
Patrick : Ça a été. Un peu réfractaire à la base, puis c’est passé. Puis y a pas que mon avis. Il y
a l’avis de sa maman, de ses grands-parents. Puis les enfants…tu ne peux te baser sur un avis
d’adulte. Il y a d’autres avis et puis… si les profs doivent faire des commentaires, puis
voilà… c’est à éviter. Parce que ça ne fait pas partie du milieu scolaire. C’est tout.
Shan : Et toi… par rapport à toi, ton vécu, en tant qu’élève à l’école ?
Patrick : J’étais un affreux… J’avais une crête, j’avais les cheveux longs…(rires)
Shan : Et par rapport au code vestimentaire, t’en gardes quoi comme souvenirs…?
Patrick : À l’époque, j’étais à la Reid. Donc la moyenne des gars de mon genre... avaient déjà
raté 2-3 années, on s’amenait avec des cheveux longs… des boucles d’oreille… (rires) des
perfectos blancs, des ABL, des…
Shan : C’est quoi des ABL ?
Patrick : (rires) C’est des chaussures militaires.
Shan : Ah ouiii… Et du coup, est-ce que vous… vous receviez des remarques ?
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Patrick : À la Reid, pas tellement parce que c’était la plupart… c’était une école fourre-tout à
un moment… c’était tout ce qui n’allait pas ailleurs, allait là, donc euh…(rires)… Mais bon,
pour aller travailler dans le bois ou à l’extérieur… ça ne posait pas de problèmes. Mais je sais
qu’on a peut-être eu une fille ou deux… au niveau des travaux pratiques, on leur a dit aussi au
niveau du short… de ne pas mettre un short… enfin des années 68 (rires). Trop trop grunch
quoi… surtout quand on travaille dans le bois avec tout plein de garçons autour, c’est pas
spécialement drôle quoi…
Shan : Ah ouais… ouais… (rires)… sinon… sinon quoi ? (rires)
Patrick : Ben… il y a déjà eu des dérapages à l’époque donc euh… tu sais… moi, à l’époque,
où j’étais même en secondaire à Waimes… il y a des filles qui sont tombées enceintes à 16
ans ou 15 ans donc c’était pas euh… oui oui, même à mon époque, ça existait donc euh… ça a
existé donc euh… franchement, c’était pas top top quoi… C’est beaucoup moins le cas à
l’heure actuelle parce qu’il y a moins d’accident, mais à l’époque, ça arrivait régulièrement.
Shan : Et du coup, pour toi, l’impact positif ou négatif du code vestimentaire à l’école… enfin
auprès des jeunes… quel est l’impact pour toi ? Qu’est-ce qu’ils retiendront pour toi ?
Patrick : Je ne pense pas qu’on leur laisse faire dans la mesure de ce qu’ils veulent et… dans
la mesure…euh…dans laquelle ils respectent les principes de base…ben ça ne cause aucun
problème, c’est tout. Il faut que certaines fois, ils se mettent… se mettent… dans le
mouvement de la société et d’autres fois, quand ils sont seuls à la piscine ou… avec leurs
amis ben c’est les loisirs. Il faut la différence entre… c’est comme toi entre le travail et la
maison, ben tu n’es pas la même au travail qu’à la maison. C’est exactement la même chose.
Et je pense que l’impact, par rapport aux enfants… c’est … bien scindé les différents
moments qu’on peut avoir dans la vie, que ce soit le privé, le… le public...euh…l’officiel, le
pas officiel…les loisirs et le travail. C’est tout. Et au niveau du boulot, ici, on ne le … ici, il
n’y a pas de règle de sécurité au niveau vestimentaire pour la sécurité… comme des
chaussures ad hoc, y a des… genouillères, y a des des lunettes de protection, des casques et
des trucs… et un jour, certains, dans certains domaines vont devoir absolument devoir suivre
ces règles parce qu’elles seront vitales. Et si elles ont été imposées, c’est qu’il y a des bonnes
raisons.... Le casque, je sais, c’est pénible à porter, mais on s’y habitue, c’est comme le reste.
Et à un moment, il faut… y a des endroits où on est obligé de le mettre. Sinon, c’est se mettre
en danger soi-même et les autres…
Shan : Qu’il y a une raison au code vestimentaire…
Patrick : Ben ça ne s’appelle pas un code. Un règlement, ce n’est pas un code. ‘Fin… je ne
cerne pas bien la différence entre code et… règle.
Shan : Oui, non, c’est …
Patrick : Parce que dans le bâtiment, il y a des normes qui sont obligatoires : le non-port du
bijou, le port du casque, le port des lunettes quand on travaille avec certaines machines, le
port des gants quand on fait certains travaux et ce sont des règles de base. Comme en cuisine,
tu mets des gants quand tu travailles avec des aliments, tu dois mettre ta charlotte pour ne pas
avoir des cheveux partout et des vêtements ad hoc pour servir à manger aux enfants, etc. Donc
chaque métier a des règles et des codes vestimentaires qui ont un sens. C’est pas des trucs qui
n’ont pas de sens. ‘Fin, les codes qui n’ont pas de sens, n’ont pas de raison d’être.
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Shan : Si toi, tu devais apporter une amélioration au… au… vêtement à l’école, ce serait
quoi ?
Patrick : Ce serait plutôt une amélioration par rapport au comportement des élèves et leurs
vêtements.
Shan : Tu penses à quoi par exemple ?
Patrick : C’est par exemple lorsqu’ils portent une veste, qu’ils ne l’oublient pas pour rentrer
au soir, qu’ils ne la laissent pas trainer dans la boue ou qu’ils arrêtent de se rouler dans la terre
pour ne pas… parce que les parents deviennent dingues à un moment… c’est la même chose
avec les boites à tartines. C’est un meilleur respect de leurs… leurs vêtements. Et puis voilà,
sans plus quoi. Y a pas de… Moi, je ne vois pas de règle absolue à imposer au niveau de
l’école, de l’enseignement… mis à part ce que je t’ai dit au début, à la base… les quelques
règles de base. Bien différer entre la vie privée et la vie publique. Et… l’école et les loisirs
quoi.
Shan : Alors dernier truc… c’est juste pour te demander ton avis sur 2 vêtements… (réglage
technique)… je ne sais pas si tu arrives à les voir ?
Patrick : Ici, sur Skype ?
Shan : Tu vois… tu as sur « Converser »…
Patrick : Ah oui, j’y vais…
Shan : Et là, je viens d’envoyer les fichier… tu arrives à les voir ?
… (réglage technique)…
Patrick : Oui…Maintenant, je les vois.
Shan : Là, est-ce que tu saurais juste me donner ton avis sur les vêtements qu’elle porte ?
Patrick : Elle est chez elle.
Shan : Imagine qu’elle se rend à l’école comme ça.
Patrick : Euh…ben… faut qu’il fasse vraiment très très chaud dehors quoi…
Shan : Si… en cas de chaleur, c’est bon quoi ?... Ou… Je ne sais pas ce que la directrice en
penserait ?
Patrick : Je pense… Je ne pense pas qu’elle ferait une remarque… j’espère en tous les cas…
Je pense qu’elles seraient… que toutes les gamines seraient habillées de cette manière-là,
c’est surtout ce qui fait la différence. C’est que une soit habillée et toutes les autres
différemment. Donc euh…
Shan : Du coup, je te montre une autre… (réglage technique)… Et cette tenue-ci ? Pour
l’école ?
Patrick : Ben pourquoi pas… mais bon, c’est…c’est très chic aussi, tu vois.
Shan : Et quand tu dis chic, c’est quoi ?
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Patrick : Y a pas une… c’est pas une tenue à 2 balles, c’est une tenue qui coûte bonbon, ça…
C’est pas la fille du prolo du coin qui met ça (rires).
Shan : Donc…euh… ce que tu relèves, c’est le côté chic de la tenue…
Patrick : Ben oui, c’est ce que la plupart des filles de… mettent à St-Remacle. Et l’autre, tu
mettras l’autre photo pour celles qui viennent à l’Athénée en été quoi… (rires)
Shan : Est-ce que… par exemple, la directrice réagirait sur ce genre de tenue ?
Patrick : Ah pas du tout…Non, elle, c’est la pudeur, c’est tout. C’est le côté pudique de la
chose… qui la dérange.
Shan : En termes de pudeur, qu’est-ce qu’elle trouverait sur cette tenue ?
Patrick : Ah ici, rien du tout… mais sur l’autre, peut-être les bras trop dégarnis… sauf s’il fait
trop chaud et que toutes les filles sont comme ça, elle ne dira rien. Mais si y en a une qui vient
comme ça en hiver, elle lui ferait une remarque, ça c’est certain. Ça… y a pas de secret. (rires)
Elle vient d’une famille de militaire aussi, hein.
Shan : Euhm…est-ce que tu aurais d’autres remarques ou… autres ?
Patrick : Pas particulièrement, je trouve que les enfants sont relativement bien habillés. Ce qui
est dommage, c’est que tous n’aient pas le choix de s’habiller comme ils veulent. Donc euh…
niveau finances, tous les enfants ne sont pas mis à la même… au même niveau. C’est comme
certains puissent se payer des repas chauds, on en est au même niveau… c’est toujours les
mêmes problèmes… quand l’un a un compas à 2000 balles et l’autre un bout de ficelle et un
bout de crayon pour faire le même travail, c’est l’équité et puis c’est tout. Sinon tant que les
enfants s’entendent, y a pas de raison qu’on se prenne la tête quoi…
Shan : Maintenant… en termes d’équité au niveau des vêtements, c’est compliqué, non ?...
Patrick : Ah oui oui, je sais…je sais… mais disons… la solution de mes collègues… qui sont
plus défavorisés… qui parlent de l’uniforme, mais tout en ne sachant pas le prix de l’uniforme
aussi…parce qu’un uniforme, c’est très très cher aussi hein…Donc,mais… ça retire de la
liberté d’expression… aux enfants qui en ont de moins en moins aussi. Le fait de s’habiller,
c’est aussi une manière de s’exprimer. Donc voilà…
Shan : … Et tu penses que la perception, elle est différente selon… selon quoi ? Au niveau
des gens ?
Patrick : Euh… je pense que c’est le vécu, l’éducation. Ce qu’on a… Le vécu… les origines
également. Donc voilà… Et la sensibilité également. Une personne n’a pas la même
sensibilité qu’une autre et… voilà.
(Fin)

Entretien 3

Shan : Pour toi, que représente l’école ? Quel est son rôle… tout simplement…
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Michèle : Ben l’école, c’est un rôle éducatif. C’est pour apprendre aux enfants à… à
apprendre le français, les langues, les maths… pour leur donner une aide pour arriver à avoir
un emploi plus tard dans la vie.
Shan : Est-ce que… si je t’évoque le code vestimentaire à l’école… enfin, quand je te dis code
vestimentaire, c’est tout ce qui est mesures liées aux vêtements… qu’est-ce que ça te fait… à
quoi tu penses ?
Michèle : Je vais te dire une petite anecdote avant… du vécu. Donc un jour, un de mes fils
était à l’école maternelle, et… étant donné que moi, je ne roule pas sur l’or… j’avais été à la
boutique Croix-Rouge un bel anorak qui m’a couté presque rien. Et je suis arrivée avec mon
fils à l’école… un autre enfant qui avait l’âge de mon fils… le fils d’une enseignante avait
aussi des nouveaux vêtements, mais d’une marque connue. Qu’a fait l’institutrice maternelle :
« Oh… tu as un nouveau manteau ! » . Marque Esprit je crois que c’était. Et moi, j’étais un
peu vexée. Et j’ai regardé l’institutrice : « Ben oui, ici, c’est Croix-Rouge, c’est 3 euros ».
Moi, la tenue vestimentaire pour l’école, je serais pour l’uniforme. Moi, je suis pour. Comme
ça, y a pas de… Parce que… les tenues vestimentaires, à mon avis…ça fait vraiment une… y
a une marge de distance… y a du favoritisme par rapport à certains élèves qui ont des
vêtements de marque… ou parce que ce sont des élèves de tel ou de tel… Ça, je le
remarque… Ecoute…ça fait 16 ans que je fais les garderies…je le remarque…
Shan : Dans ton métier, tu… tu le sens fort…
Michèle : Je le vois…je le vois…le favoritisme, c’est fou !
Shan : Et alors toi… en tant que maman ?...
Michèle : En tant que maman, ben moi j’estime qu’un enfant qui a ses vêtements propres, qui
est habillé comme il faut, coiffé comme il faut… moi y a pas de problèmes… Bon, moi j’ai
des garçons. Mais évidemment, j’ai déjà vu des gamines de 11-12 ans… que je trouvais un
peu… je suis vieux jeu hein…mais euh… des petits singlets, des petits bazars comme ça, je
ne suis pas pour. Je ne dis pas qu’ils doivent être jusque là, mais… y a des gamines à 11-12
ans qui commencent à avoir de la poitrine, et tout ça… et qui mettent des trucs moulants, je
trouve que c’est un peu… j’aime pas trop.
Shan : Et euh… ce serait à éviter…euh… au niveau de l’école ?
Michèle : Personnellement, je trouve que ce serait à éviter… du trop court au niveau de
l’école. Je dis pas qu’ils doivent à avoir des longues robes, mais des gamines qui viennent
avec des shorts… des shorts très courts et… des petites blouses, même s’il fait chaud, ben…
mets une blouse…mets un top, mets une blouse légère au-dessus, et ne mets pas un short…
mets un short qui va jusqu’au-dessous des genoux, mais pas jusqu’au bas de la cuisse quoi. Y
en a pas beaucoup hein… y en a quelques-unes hein, pas beaucoup. Mais bon… je suis dans
un village aussi. Y a 50 élèves aussi. Donc y en a pas 50… en 5-6 quoi. Y en a peut-être 20
hein... Et c’est mixte, donc voilà…
Shan : Et pour toi… cette tenue, ça renvoie quoi en fait ? T’en penses quoi en fait ?
Michèle : Ben je trouve que c’est un peu de la provoc en fait. C’est un peu… ben la gamine
elle ne le sait pas, les parents sont peut-être inconscients… Perso, je trouve qu’ils sont en
pleine… en début de… en préadolescence. Il faut penser que les garçons aussi sont en
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préadolescence et ça peut donner des idées… ou des insultes aussi… ça peut arriver aussi
comme tout va… le harcèlement et tout ça… ça peut démarrer après là-dedans quoi. Mon avis
hein…
Shan : Et… quand tu penses à … que ça peut donner certaines idées ou certaines envies… tu
penses à quoi par exemple ?
Michèle : Ben par exemple…t’as une fille qui est habillée euh… trop sexy… ou trop court…
ben ça peut donner des idées… ben les garçons peuvent dire : « oh regarde, c’est une chaude »
ou « c’est une petite pute » ou euh… Mais ça… c’était déjà comme ça avant. Comme moi,
quand j’étais à l’école…Mais je n’ai jamais entendu d’insulte, mais… mais moi, je regrette, je
pense en moi-même, « oh mon dieu… moi j’aurais une fille, je ne l’habillerais pas comme
ça »… Tu vois, ça c’est mon opinion. 16-17-18 ans, ça change, mais pas 11-12 ans quoi. Et
puis bon… elles se croient déjà des femmes aussi hein… Elles sont déjà… Ben oui, je crois
que c’est les ados de maintenant. Moi aussi j’ai mis des trucs courts, mais pas comme ça.
Jamais. Si mon short de gym. La gym, ça c’est autre chose. C’est une tenue… il faut faire
gym quoi. Mais tu mets pas un jean qui vient juste en dessous de la fesse avec euh… un trou
dans la fesse et qu’il y a un petit bout de fesse qui sort, tu vois ce que je veux dire ?
Shan : Et euhm… par rapport à l’âge, donc 11-12 et 16-17, pour toi... c’est ?...
Michèle : Ben 16-17, y a un peu plus de maturité aussi. Je dis pas qu’elles sont 100% mûres.
Mais 11-12, c’est l’âge bête. 16-17, c’est l’âge un peu moins bête. Mais euh… comment est-
ce que je vais t’expliquer ça ?... Pour moi, 11-12, ce sont encore des enfants. À 11-12 ans,
voilà… Mais maintenant, à 13 ans, les filles, elles couchent hein, donc voilà… Oui,
maintenant, c’est… il faut vivre avec son époque, mais je te jure que j’ai déjà vu… cette
année, ça va. Mais y a deux ans d’ici, y en avait une… franchement…euh… je me disais en
moi-même… je le pensais pour moi quoi… Mais on n’avait eu aussi il y a 3 ans, une réunion
avec un monsieur de justement…euh…l’Union Wallonie-Bruxelles qui était venue nous
expliquer que normalement, les filles ne pouvaient plus avoir des trucs trop courts et des… les
épaules dénudées…
Shan : Ah ouais… ?
Michèle : Ah oui… on a eu des réunions pour ça, même si c’était pour tout. Toutes les
femmes d’ouvrage, tout… toutes les institutrices, les directrices et les gardiennes, on a eu une
réunion avec un monsieur, même concernant les boites à tartines et tout…Ca a été un truc. Tu
sais que normalement, on ne peut plus voir de signes distinctifs de religion. Or moi, comme
c’est dans un petit village… elle avait…ils ont eu leur communion, ils montrent leur petite
croix, ils sont contents. Alors moi « elle est belle, elle est belle. Mets ça en dessous de ton
pull ». Mais tu sais, dans les villages, il y a personne qui va venir nous contrôler hein. Mais
évidemment, il n’y a plus de photos, plus de signes… y a plus de croix dans les écoles… et y
a plus de Roi. Y a plus… ça c’est banni. Y a plus. On devient neutre partout. Alors qu’on…
on n’a pas d’étranger… Si, à part un Africain, on n’a pas d’étranger pour dire dans l’école de
Thirimont. Mais dans les villes, c’est différent quoi.
Shan : Et alors, le monsieur, il est venu par rapport aux écoles de Waimes et les villages… ?
Michèle : Oui, pour la commune de Waimes, oui. Maintenant, est-ce qu’il a été dans d’autres
écoles, ça je ne sais pas. Parce que c’est à partir de ce moment qu’il a commencé à avoir un
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règlement d’ordre intérieur. Et comme moi, je suis gardienne et que parfois je fais des
remplacements… Y a personne qui respecte le règlement d’ordre intérieur. Dans aucune
école. Moi je le respecte. Mais alors je me mets les parents à dos.
Shan : … Et…euhm… je me demandais par rapport au code vestimentaire et là, du coup, je
pense plutôt à tes enfants… ils ont été confrontés à certaines mesures vestimentaires ou ?...
Pas forcément…
Michèle : Non, pas spécialement, mis à part, cette fois-là…euh…
Shan : Dans le secondaire ?...
Michèle : Non, parce qu’ils travaillent en tant qu’étudiants, donc du coup… ils se payent des
marques maintenant, donc euh… Si…Je me souviens pour Pierre, quand il allait à l’école à la
Reid… eh ben au début, j’achetais souvent chez Trafic, chez Aldi… En plus, des garçons qui
te bousillent tout tout de suite… ben écoute, un moment donné, ça a commencé. Il ne fallait
que du J&Jo, Jack & Jones. Mais moi…j’ai dit : « Ecoute, du Jack & Jones, va falloir
travailler pour te le payer mon ami ». Parce que moi, on avait déjà un internat à payer aussi…
Donc maintenant, lui, ce n’est plus du Jack & Jones, maintenant, c’est… du G-star, c’est
ça ?... Laurent commence aussi avec des marques. Donc voilà… ils se le payent eux-mêmes,
donc voilà…
Shan : Donc…euh… par rapport au code vestimentaire… mis en place…qui dit qu’il ne faut
pas porter de chapeau, qu’il faut s’habiller dans une tenue décente, etc., etc. … à ton avis,
pourquoi ça a été mis en place ?
Michèle : Ben je pense déjà…parce que…pour ne pas faire de différence sociale peut-être.
Peut-être ?... parce que bon… t’as de toutes sortes. T’en en as de ceux qui mettent des
casquettes à l’envers, bon ça… ils peuvent pas, ils peuvent pas. Y a plus personne qui vient
avec des casquettes, mis à part les maternelles une casquette ou un chapeau quand il fait très
chaud. Mais autrement, dans les élèves, y a aucun qui vient avec des casquettes ou des
chapeaux. Mais moi, je suis en primaire.
Shan : Et par rapport à… quand il fait chaud… donc là, je suis plus dans le secondaire… le
port de short, de tenue estivale et tout ça… c’est quoi ton avis là-dessus ?
Michèle : Ecoute… franchement, je n’ai jamais vu…euh… mes enfants aller à l’école en
secondaire en short… mes enfants n’ont jamais été en short à l’école. Sauf pour faire gym.
Shan : C’était plutôt leur style vestimentaire à eux ou c’était un choix ou ?...
Michèle : Ben je suppose que c’était leur choix à eux hein… c’est un jean et un t-shirt quoi. Je
pense que c’était leur choix à eux.
Shan : Et alors… l’expression « tenue correcte » exigée par l’école, pour toi, ça t’évoque
quoi ?
Michèle : Ben tenue correcte…ben écoute, pour moi, ça évoque…ça veut dire… des
vêtements propres, pas des vêtements troués et… pas des mini-jupes, pas des… ni des
trucs…voilà…tenues normales. Habillé normalement…Oui… qu’est-ce que je considère
comme normal ?...(rires)
Shan : (rires)
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Michèle : Un pantalon, un t-shirt…


Shan : C’est quoi la définition du mot « décence », qu’est-ce que pour toi ça t’évoque ? Le
mot décent, donc toujours par rapport au vêtement.
Michèle : Mais correct ! (rires)
Shan : (rires)
Michèle : Non, une tenue décente, c’est… c’est… c’est une tenue qui doit pas être
provocatrice, dans n’importe quel sens du terme. Que ce soit provocatrice dans… dans… le
sens si tu t’habilles comme un casseur, comme un bagarreur… que tu ne sois pas habillé
comme un bagarreur que tu le sois ou que tu ne le sois pas. Et pareil pour les filles que tu ne
sois pas habillée comme une pin-up quoi… Décence… pour moi, la décence, c’est le
classique. Dans une école hein… Donc c’est pour ça que je te dis que pour moi, je suis pour
l’uniforme… Ce serait bien mieux, de un pour les élèves. On ne saurait plus dire : « Celui-là,
c’est le fils du peintre. Celui-là, c’est le fils du boucher et celui-là, c’est le fils du
bourgmestre ». Tu voix… il y aura moins de … moins de… comment est-ce que je vais
dire… moins de têtes de Turc dans les écoles peut-être ?... Peut-être bien, oui… J’ai déjà eu
des enfants à la garderie… Moi, je n’ai jamais regardé vraiment comment les enfants… si
parfois, je vois qu’ils ont un beau pull ou quoi, mais je ne leur dis même pas quoi, tu vois. Y a
des filles, des gamines, qui ont tous les jours une autre tenue. Qui ont des pulls… et pourtant
les parents, ce sont des simples ouvriers hein. Mais qui ont des tenues chères. Je trouve ça
ridicule. Mais bon, chacun fait ce qu’il veut hein. Je dis… tant que les enfants n’ont pas des…
qu’ils ne sont pas tous sales, qu’ils ne sont pas tous troués… Mais on a eu une fois un garçon,
mais il n’est plus là maintenant... Je lui ai donné des vêtements hein. J’ai donné des vêtements
de mes fils à un garçon parce que… ils étaient pauvres… et sales… et puants… et y en a aussi
hein. C’est pas des gens du village. C’est des gens qui arrivent de Charleroi peut-être ou
Stavelot. (rires) Non, voilà quoi, mon avis en tant que maman… ben moi je dis, franchement,
je trouve qu’il faudrait l’uniforme. Mais ça ne date pas de maintenant, sais-tu. Parce que je
travaillais à l’usine… Donc cet homme-là, il a 30 et des ans maintenant. À l’époque, il avait
13 ans quand il a été à Stavelot à l’Institut et sa mère m’avait dit… c’était une collègue à moi,
sa maman… elle m’avait dit à l’époque : « c’est quand même terrible, quand tu vas à
l’Institut, tu dois avoir des vêtements de marques sinon t’es rejeté ». À l’époque hein…je te
parle il y a… 30 ans. (silence) Moi, je n’ai jamais eu de problème pour mes… mes tenues
vestimentaires à l’école. Ça n’existait pas.
Shan : L’institut… l’Institut ?...
Michèle : L’institut Saint-Remacle.
Shan : Ah oui, ok…
Michèle : Avant c’était comme ça. Maintenant c’est probablement encore comme ça. Puisque
ces trucs-là évoluent dans toutes les écoles je pense…
Shan : Oui… Alors… Les enfants qui ne respecteraient pas le code vestimentaire… comment
est-ce que devrait réagir l’école ?
Michèle : Comment devrait réagir l’école ?... Ben je pense que ce serait déjà en toucher un
mot aux parents. Parce que ce n’est pas toujours les enfants qui choisissent…dans le
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primaire… Ben même dans le secondaire puisque tant qu’ils sont… tant qu’ils sont mineurs,
je trouve que les parents ont part de leurs responsabilités à voir que leurs enfants… ne
s’habillent pas n’importe comment quoi. Quand tu vas à l’église, c’est pareil quoi… tu ne vas
pas en mini-jupe.
Shan : Attends… je vais ici te montrer deux photos…(réglage technique)… Tu vois les
photos ?
Michèle : … Oui…
Shan : Donc… imagine cette tenue-là à l’école, qu’est-ce que toi t’en penses ?
Michèle : Pour moi, perso… ça va. Moi, ça ne me dérange pas. Même si les épaules doivent
être couvertes. Comme ça, ça va, ça ne me dérange pas. Parce que ce n’est pas court partout…
Mais elle aurait un t-shirt, ce serait mieux.
Shan : Est-ce que pour toi, tu considères cette tenue euh… ‘fin, est-ce qu’elle est décente
ou ?... En termes de décence…
Michèle : Pour le secondaire, oui… ça va aller, oui. Oui, parce que le décolleté n’est pas trop
trop grand. Ça a l’air correct.
Shan : Alors, du coup, je vais te montrer une deuxième maintenant…(réglage technique)…Tu
arrives à bien la voir celle-là ?
Michèle : Ah ben ça, c’est bien mieux ! C’est mieux ça.
Shan : Donc… cette tenue à l’école.
Michèle : Oui.
Shan : En termes de décence…
Michèle : C’est mieux parce que les épaules sont couvertes, et c’est… c’est un peu… c’est
être habillé correct pour moi, ça…
Shan : Du coup… je me demandais… en été, est-ce que les jeunes peuvent se permettre des
tenues euh… estivales ? estivales entre guillemets…
Michèle : Comme la première photo que tu m’as montrée ?... Oui, ça peut aller… Dans le
secondaire hein…
Shan : Selon toi…comment devrait-on s’habiller à l’école ?...
Michèle : Correctement (rires)
Shan : (rires) Est-ce qu’on peut s’habiller comme on veut ?
Michèle : …hum ! ça c’est la question piège… qu’est-ce qu’on appelle par « comme on
veut »… ? C’est vaste hein…
Shan : Dans le sens… où tu te lèves… tu ne te tracasses pas de ta tenue, quelle que soit ta
tenue vestimentaire et tu vas à l’école quoi… Que ce soient grunch, classique…
Michèle : Non, non, non, il faut quand même…pas du grunch, pas du punk et du bazar ainsi.
Il faut vraiment que ce soit correct quoi.
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Shan : Et alors si tu devais mettre des mots sur…euh… sur « correct » ?


Michèle : Décence ! (rires)… c’est comme la deuxième photo, style une tenue
euh…décontractée… mais pas allé dans l’exagération quoi. Habillé décontracté, être bien
dans ses vêtements, mais pas des trucs provocants, ni des trucs grunch, punk… voilà quoi.
Shan : Toi, en tant que maman, t’as déjà dû faire des remarques à Pierre et Laurent par rapport
à leurs tenues à l’école ou… pas nécessairement.
Michèle : Non, parce que c’est moi qui choisissais ce qu’ils allaient mettre.
Shan : Et eux ont reçu des remarques ou autres au niveau de l’école ?
Michèle : Jamais.
Shan : Et alors toi, par rapport à toi… quand tu étais ado à l’école… par rapport aux profs, au
personnel scolaire…
Michèle : Ben en fait, moi… quand j’étais à l’école… donc je parle du secondaire, puisque
que quand j’étais en primaire, c’était maman qui nous disait ce qu’on devait mettre, donc on a
toujours eu des tenues correctes. Évidemment quand j’étais en secondaire, enfin… à l’école
professionnelle, j’avais 12 ans, c’était la mode style baba cool quoi… Donc on mettait des
chemises de nos parents, des chemises des pères, des pins…Mais c’était tout le monde était
comme ça. Tu vois on avait des pins ACDC, Van Halen et tout ça… On mettait des longues
chemises, on avait des jeans qu’on coupait et qu’on recousait et qui étaient tout écrit de…
Mais tout le monde était comme ça. Tout le monde avait le même Duffel coat de chez
Delvenne. Tout Malmedy avait le même manteau. Donc non… nous n’avons… je n’ai jamais
eu de remarques, ni mes… ni mes copines de classes. Y a jamais personne qui ont eu des
remarques, parce que tout le monde avait ça. C’était soit ça ou tu étais super disco quoi… Y
avait pas… y avait pas de trucs punk…
Shan : Et du coup… pour toi, au niveau de la vie future des élèves, quel impact peut avoir le
code vestimentaire, que ce soit positif ou négatif… au niveau de leur vie après ?
Michèle : On dit que l’habit ne fait pas le moine, mais euh… (silence)… si tu es mal habillé…
je ne parle en point de vue des marques, je ne parle pas des marques hein… si tu as 18 ans, tu
dois te présenter au boulot, et que… t’as tes cheveux tout gras, qu’il te manque un bouton-là,
que t’as un trou dans ton pantalon là, que t’as des chaussures dégueulasses… je pense que t’as
des chances de décrocher quelque chose quoi…Et même au regard des autres. Au regard des
autres aussi. Tu as le regard des autres aussi. T’es un jeune ou une jeune…tu vas sortir…tu
vas au bal ou tu vas au restaurant… et que t’es pas soigné, t’es mal habillé…euh… t’es
grunch ou quoi… tu vas en training quoi… ben tu vas pas te… Comment je vais dire ?... Tu
vas avoir une étiquette. Pas sur le vêtement. Dans ton dos. Tu vas avoir des préjugés qui… qui
ne sont peut-être pas corrects. Mais vis-à-vis de ta personnalité, tu auras des préjugés… Parce
que je pense que ça nous est tous arrivé… aussi bien à toi qu’à moi…peut-être des gens vis-à-
vis de moi, peut-être des gens vis-à-vis de toi… « ‘tain ti, t’as vu comment elle est habillée
aujourd’hui », ou… tu vois ?...Même en tant qu’adulte, on a les réflexions comme ça…Je
pense… Moi j’ai déjà vu…au bal de la Frat’ , je m’étais dit : « ‘Tain, y a rien qui va
ensemble »… C’est le regard…je pense que ça a voir sur le regard des autres.
Shan : La manière de se vêtir…
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Michèle : Ben oui, le tout… c’est un tout. Parce que c’est ce que l’on voit. C’est ce que l’on
voit d’abord. On voit d’abord ton enveloppe corporelle et… tes vêtements. On ne voit pas ce
qu’il y a là. On ne voit pas de ce qu’il y a dedans toi. On voit…on voit…
Shan : L’extérieur…
Michèle : L’extérieur.
Shan : Si… en pensant à l’école…si on pouvait entre guillemets améliorer le code
vestimentaire, tu penserais à quoi, toi ?
Michèle : Je t’ai dit.
Shan : L’uniforme.
Michèle : L’uniforme. Moi, je suis partante pour ça. Tu vas en Espagne, tu vas du côté de…
de Barcelone. Les enfants, ils sont en bleu et blanc hein. Aussi bien en maternelle. Les filles
sont peut-être en petites jupes plissées et les garçons voilà… En Espagne. Peut-être pas
partout en Espagne. Mais moi je l’ai vu de mes propres yeux, donc je ne l’invente pas. Moi je
trouve que ce serait bien. Ou bien quitte à avoir un sweat ou un t-shirt que la Wallonie-
Bruxelles fournirait. (rires). Tu vois avec le nom de l’école où tu es… Ça ne doit pas être
toutes les écoles le même vêtement, mais ça peut être par école. Tu voix…euh ça va être en
gris…une autre école, ça va être en rouge… bon, pas jaune, mais euh… ni… des couleurs…
peut-être des couleurs neutres quoi… Ben le rouge, c’est déjà trop flashy. Mais tu vois gris,
bleu marine, bleu clair…crème. Je pense que ce serait bien.
Shan : Est-ce que tu as d’autres remarques…idées… ?
Michèle : …Ben déjà les professeurs aussi hein.
Shan : Tu penses à quoi par exemple ?
Michèle : C’est beaucoup des miss « prout-prout » hein… Je suis désolée, mais hein…
Shan : Et tu veux dire quoi par là, miss « prout-prout » ?...
Michèle : Ben dans les enseignants euh… Y en a certaines qui se la tapent aussi, qui disent :
« Ben je suis la plus belle, je suis tchic, je suis tchac… »… Tu vois, elles sont super bien
maquillées, elles vont faire leurs faux ongles, vont faire tout leur bazar quoi… et déjà eux, tu
vois les professeurs… tu vois, les professeurs, eux aussi, devraient peut-être être
neutres ?...Parce que c’est sûr qu’il y a des professeurs qui te regardent comme ça… Moi j’en
ai déjà eu hein… Moi, je m’en fous moi… parce que quand j’ai fait la formation pour être
gardienne… normalement, la gardienne idéale ne peut pas avoir de talons… la gardienne
idéale ne doit pas mettre de mini-jupe ni des bazars ainsi euh… tu vois, la gardienne idéale,
elle doit… on avait dû faire des jeux de rôle tu vois…On avait fait des jeux de rôle concernant
ça et… et voir ce qu’elle devait avoir…une montre pour savoir l’heure… Des trucs de ouf
quoi… Tu crois que je vais pas… je vais pas… je vais pas comme si j’allais au bal. Je suis
habillée normalement comme je m’habille en semaine. Je ne me maquille pas. Je me… De
toute façon, je me maquille rarement…sauf quand je vois quelqu’un. Ou que je sors. Mais ici
je suis allée à l’école, j’ai un pantalon, j’ai un pull ici… et mes chaussures plates. Mais je vais
pas… De toute façon, il fait mauvais, mais je ne vais pas mettre des talons pour me casser une
jambe dans la cour hein. (rires) Non, tu vois, alors les profs… « Oh oui, oh c’est beau », « Oh
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t’as fait combien de séances »… tu vois. Tu les entends parler, tu vois. Et puis y a une qui
s’est fait un masque personnalisé alors « c’était magnifique »…(rires) Voilà quoi… moi je ne
suis que la gardienne quoi.
(Fin)

Entretien 4

Shan : Quel est de manière de très très générale le rôle de l’école… dans la vie de l’enfant…
de l’étudiant… ?
Yolande : Pour moi, l’école… ce n’est pas éducatif. Ça relève des parents. L’école est là pour
ouvrir l’enfant sur ses connaissances, sur la vie en communauté… les apprentissages de la vie,
les apprentissages tout courts. Mais pas pour la politesse, pas pour le respect de l’adulte. Ca,
je pense que les parents sont… euh… c’est à eux de faire le travail là. Les professeurs peuvent
entretenir. Mais c’est pas à eux d’inculquer cela. Pour moi, c’est pas leur rôle.
Shan : Et alors ici… par rapport au code vestimentaire… pour toi, ça évoque quoi ?
Yolande : Moi je pense que…Voilà, tu peux t’habiller comme tu veux… parce que c’est pas
l’habit qui fait la personnalité, mais… je pense aussi que… pour moi, tu ne vas quand même
pas à l’école avec un top, ta poitrine à moitié à l’air et le short… la moitié de la fesse qui
dépasse quoi. Maintenant, une jupe, même si elle est mini, tu vois comme on voit le ‘tit truc
carré qui arrive à mi-cuisses et même les tops avec des fines bretelles quand il fait chaud, ça
ne me dérange pas. Je ne trouve pas ça choquant. Un jeune homme en bermuda ne me dérange
pas, même pas avec un petit t-shirt… maintenant il arriverait avec un t-shirt de sport, comme
tu sais, comme dans les années 90… (elle me montre la longueur du décolleté du t-shirt
masculin : profond). Je pense aussi que… la tenue est un peu aussi le respect de l’autre. Parce
que tu peux prendre la même tenue sur une personne, tu vas lui dire « oh ça te va vraiment
bien » et ça ne va pas être provocant. Et ça ne va pas être … Et puis tu vas avoir une autre
gamine… qui ne va pas du tout refléter la même chose… par son attitude aussi. ‘Fin je trouve
ça quand même qu’au niveau des écoles…euh…y ait un minimum. Maintenant, le scandale
qu’il y a eu à l’école de Verviers où des jeunes filles ne pouvaient pas mettre des petits
chemisiers sans manches et pas des jupes qui arrivent à mi-cuisses… c’est pas la jupe ceinture
quoi…
Shan : Ici dans les écoles… ou tu penses à quoi ?
Yolande : Du côté de Verviers…parce qu’elles avaient des tops à fines bretelles. Donc
voilà… faut… À partir du moment où la tenue est… comment est-ce qu’on dit ?... c’est pas
séant… mais correct entre guillemets. Ou tu peux pas voir…la moitié de la moitié de la moitié
de la fesse… moi je trouve hein…euh…
Shan : Pour toi, si tu devais définir une tenue correcte…tu la définirais comment ?
Yolande : Alors pour moi, une tenue correcte, elle peut être décolletée… Comment je peux
dire ?... Ça doit pas être vulgaire. Porter une mini-jupe ne me dérange pas… Maintenant, tu
mets une mini-jupe… et ça, c’est parfois le problème, mais… euh… alors là, on va me dire
« oh mon dieu, c’est honteux, parce que les rondes, elles ne peuvent pas s’habiller comme
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elles veulent ». Mais t’as parfois… enfin, moi je sais que j’aurais jamais porté une mini-jupe
parce que… c’était… ça faisait vulgaire et négligé…parce que comme j’avais des
jambonneaux… grands, ben quand tu t’assieds, ta jupe elle remonte, tu te penches, on voit la
moitié de ta fesse…Euh voilà…Je pense…voilà… Elle peut laisser paraître des choses, mais
elle ne peut pas laisser apparaître la chose. (rires)
Shan : (rires)… parce que tu vois… je me suis dit… dans un des règlements scolaires…tenue
décente, ça veut dire quoi ? Tu vois ?
Yolande : C’est très difficile hein… de dire que c’est décent ou pas. Moi je pense que… pour
moi, une tenue est décente à partir du moment on ne voit pas les sous-vêtements. Quand je
parle de sous-vêtements, c’est par exemple la jupe tellement courte qu’on voit la petite
culotte… ou les chemisiers, les tops tellement échancrés qu’on pourrait voir le soutien-gorge.
Je ne te parle pas de la petite bretelle hein. La ‘tite bretelle, ce n’est rien de vulgaire ou de
grossier. Enfin, je pense… Maintenant, tu me dirais en plein hiver, y en a qui sont avec des
jeans à moitié déchiré… Mais bon, enfin, c’est la mode d’aujourd’hui… Je suis un peu vielle
là-dessus.
Shan : Et du coup…à quoi il sert selon toi le code vestimentaire ?... Quand l’école met en
place un code vestimentaire, c’est dans quel but à ton avis ?
Yolande : Alors, franchement… je dirais que le code vestimentaire que j’aurais rêvé, c’était
l’uniforme. Tout bêtement parce que j’étais la 5ème d’une famille. Donc je récupérais… Donc
ben voilà quoi… Avant mes 14-15 ans, j’ai jamais eu des vêtements tip top… Et on était très
fort jugé sur ses vêtements…Donc ça… ça me… c’était un peu dérangeant je trouve.
Maintenant, je peux dire que mes enfants n’ont jamais souffert du code vestimentaire à
l’école…je pense pas. Et je ne les ai jamais habillées en marques.
Shan : Et de la part du personnel scolaire… pas de remarques ou ce genre de choses ?
Yolande : Cha ? (sa fille la rejoint dans la pièce du salon) …Non… Maintenant, dans l’école
de Charline, elle a un code quand même très strict. Elle peut pas porter de top… tu vois avec
de la dentelle un peu au niveau de la poitrine…
Shan : Et ils expliquent pourquoi ?...Enfin…l’établissement ?...
Yolande : Non… Attends… (sa fille lui donne des renseignements)…Ah oui…voilà… que ça
risquerait d’exciter la gent masculine. Parfois, je découvre… l’autre fois, les filles n’ont pas le
droit de porter un jogging. Parce que ce n’est pas un élément vestimentaire féminin.
Shan : Ah ouais ?... Et ça, c’est qui qui leur a dit ?
Yolande : Ça…c’est un truc qui s’est passé à Verviers.
Shan : Et à Malmedy, y a eu des trucs ?...
Yolande : Elle a fait ses primaires à l’école du Centre. Au niveau vestimentaire, y avait rien
de spécial… Et à l’Athénée, c’est plus… une incompétence avec… les gamines de classes…
et les branches qui ne lui conviennent pas.
Shan : Et des remarques sur les vêtements ou ?...Ou pas nécessairement ?
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Yolande : Ben si…comme Chacha, elle était ronde plus petite… c’était pas facile de
l’habiller… donc tu vas chercher des robes taille 42-44. Donc c’était pas la mode…teenager
quoi hein. C’était déjà… on essayait d’agrémenter la chose quoi. Mais donc… c’était
pas…euh…
Shan : Est-ce que selon toi, on peut s’habiller comme on veut à l’école ? Ou au contraire,
non…on s’habille pas comme on veut ?
Yolande : J’ai envie de dire qu’on ne s’habille pas comme on veut… dans le sens où si tu leur
apprends dés le plus jeune âge à respecter un minimum de règles, quand ils sortent, ils vont au
bal et puis voilà. Mais quand ils sortent, ils vont au travail… Y aura un code vestimentaire
aussi quoi. Et si tu leur apprends dés le plus jeune âge, ben… ils ne vont pas se retrouver
perturbés quoi. Ils ne vont pas être réactionnaires… à devoir suivre une règle réglementaire…
Maintenant il ne faut pas non plus qu’elle soit drastique… Euh…Quand je disais l’uniforme,
ben c’est l’uniforme pour uniquement le côté pratique. C’est pas pour faire grand genre…
Mais si on commence à exiger des chemises à 150 boules la chemise, la jupe plissée qui fait
450 euros, faut quand même pas rire. Je pense qu’il faut laisser le choix à l’enfant d’acheter
ses vêtements là où il souhaite, mais toujours en se disant… quand on te regarde, tu dois…
comme on disait dans le temps : bien présenter. C’était un minimum… Et puis un peu…
refléter un petit peu la fraicheur…le propre…enfin, je sais pas… imagine une belle petite
jeune fille, qui arrive en guenilles… ou… enfin… c’est un peu de l’estime de soi quoi. De
l’estime de sa personne. L’image que tu donnes de toi quoi… J’ai eu la chance de n’avoir pas
eu une fille grunchy.
Shan : Et…je me demandais… en été… quand il fait chaud… les élèves… maintenant, je ne
sais pas comment c’est à Malmedy ?...
Yolande : Les deux grandes ont fait aussi leur humanité à Malmedy, toutes les deux. Quand il
faisait chaud, elles s’habillaient euh… elles avaient des tops… pas des shorts parce qu’elles
étaient rondes aussi… mais habillées de manière estivale quoi. Et Chacha pareille.
Shan : Et si toi, tu devais apporter une amélioration au code vestimentaire à l’école, tu
penserais à quoi ?...
Yolande : Améliorer le code vestimentaire ?...Ce serait plutôt dans la philosophie de respecter
ce que chacun a… Plutôt que se moquer parce que ça ne vient pas de… de chez… des
marques, je connais pas. Des vraies marques de vêtements… Des Gucci ou des machins
comme ça. Donc voilà… arriver à dépasser « Oh mon pull, il est payé 100€, il est beaucoup
plus beau que le tien chez Zeeman », non quoi. Ce que le code vestimentaire, c’est
tellement… je te dis, moi vraiment… la seule chose qui me dérange parfois… c’est quand t’as
l’impression qu’elles sont à moitié nues quoi, que la jupe t’as l’impression que c’est une
ceinture. À l’école, est-ce vraiment le lieu adapté ? Pour moi, pas… Voilà… Je n’irais pas
jusqu’à… Je ne permettrais pas mes filles de s’habiller comme ça même si c’étaient des
canons… Mais je ne pense pas qu’il ne faille non plus… ‘fin, j’ai toujours cette impression
de…il est interdit d’interdire pour permettre… pour provoquer. Alors souvent tu leur dis
« c’est interdit », ils sautent sur l’occasion pour le faire. Mais euh… si en tout cas, ne pas
interdire sur le code vestimentaire, mais les responsabiliser. Leurs images dans leurs
vêtements. Parce que là… si tu les responsabilises, tu… tu arrives à leur expliquer. Et pas
imposer l’image que tu as d’eux. Si c’était une petite jeune fille, tu lui dis « ta jupe, elle est
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bien trop courte, regarde ». Mais si elle ne le perçoit pas, lui dire ne lui servira à rien.
Vraiment… c’est pas l’image que tu as d’elle… lui faire passer… c’est lui faire rendre compte
de l’image qu’elle redonne… Un moment très bien, puis à un moment moins bien. Et qu’elle
puisse elle-même ajuster le tir. Et pas qu’on doive le faire pour elle. Parce que sinon ça ne sert
à rien… C’est devoir apprendre à l’enfant à se connaitre, à se respecter, à acquérir de l’estime
de soi et de la confiance en soi. Et pas toujours tout imposer et… euh… sans explication, sans
guider… Pour moi, l’école doit guider l’enfant…l’accompagner. Avec des milieux qui sont à
côté, que ce soient famille ou lieux d’accueils. Mais pas être… plus éducative comme elle a
pu l’être et ne pas être directive… C’est comme tu peux avoir une jupe qui n’a pas de gueule,
qui touche au sol, mais qui… sur la jeune fille… va… partira tellement l’œil parce que mal
porté, parce qu’elle tombe mal… ma gamine risquerait de passer pour une provocante, alors
qu’elle trouve juste sa jupe belle. Elle ne se rend pas compte de l’image qu’elle renvoie. Mais
je crois que si on leur explique pas… pour moi, ça sert à rien.
Shan : Alors maintenant… je vais te montrer 2 photos… (réglage technique)… C’est juste
pour te demander l’avis de… des vêtements que je vais te montrer… dans le cadre de
l’école…
Yolande : Tant que tu m’épargnes le t-short bleu marine et la petite culotte en mousse pour les
filles pour faire gym, ce serait bien… Moi, ça m’a traumatisé. À Trois-Ponts, on était obligé
d’avoir un t-shirt à l’effigie de Trois-Ponts… et le petit short, tu vois… c’était un peu comme
la culotte d’athlétisme en mousse…Ah c’était top…je te le dis… Heureusement, ça a vite
changé ça. C’étaient les 2 premières années, puis après on a pu faire gym comme on le
souhaitait.
Shan : Et pourquoi ils ont changé ?
Yolande : Ben je pense qu’ils se sont rendu compte que c’était…euh… d’abord je pensais
qu’ils écoulaient leurs t-shirts d’invendus… Et puis, ils se sont rendu compte que c’était pas…
ça ne servait rien parce que… t’avais le prof de gym qui arrivait avec son training Adidas et
qui donnait cours…et c’étaient des ‘tits bouts de femmes, et y en avait une qui était un peu
rondouillette… et puis moi, pour tout l’or du monde, je ne mets pas ça. Et eux… Et nous…
c’est comme ça que les profs nous ont laissés mettre ce qu’on voulait, parce que c’était non…
c’était ridicule. C’était un outrage.
Shan : Tu vois… là… les 2 photos ?...Attends, je vais réessayer…(réglage technique)…
Yolande : Là… oui, je vois…
Shan : Nickel… Alors, imagine cette tenue à l’école, qu’est-ce que t’en penses ?
Yolande : Moi, s’il fait chaud, y a pas de souci.
Shan : En termes de décence…
Yolande : Oui, pour moi, y a pas de problèmes là. Et euh… le t-shirt est bien arrondi en
dessous des bras…il ne pendouille pas. Je trouve pas ça indécent du tout.
Shan : Alors je passe à la deuxième photo…Là tu vois ?
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Yolande : Oui, je vois aussi. Celle-là, elle est un peu plus chic. Mais tu peux très bien essayer
de trouver toutes ces pièces à un Zeeman et je trouve ça très chouette, même pour l’école. Ça
ne me dérange pas.
Shan : En termes de décence, qu’est-ce que t’en penses ? À l’école…
Yolande : Ben je trouve pas ça indécent du tout…
Shan : …Eh ben voilà…est-ce que tu avais autre chose auquel tu pensais ? Euh… par rapport
au sujet ou…
Yolande : Non… je te dis moi…je pense que la chose la plus importante concernant le code
vestimentaire à l’école, c’est qu’on ne l’impose pas aux élèves. Mais qu’on leur fasse
comprendre. Et que… Que ce soit un mec ou une fille… qu’ils réalisent de l’image qu’ils
donnent d’eux sans qu’on leur impose notre image qu’on perçoit d’eux. Qu’ils se rendent
compte que le gars, il se dit « ben non, moi, quand je mets, ce n’est pas vraiment bon pour
moi ». Mais sans qu’ils se sentent dégradés, dévalorisés… Tu sais… Cha Cha… Charline…
Elle met des robes…Charline elle met des robes et moi je n’aurais jamais mis ça. On a des
goûts diamétralement opposés…Moi je te dis… elle a ici des robes que je ne mettrais
jamais… J’aurais jamais…Même à son âge, je n’aurais jamais osé, parce que… je n’aurais
jamais osé porter une robe au-dessus du genou…Voilà… c’était pas mon trip. Elle, elle met
des jupes au-dessus du genou, ça lui va super bien. Ma fille ainée, elle met la même robe, elle
a l’air d’un clown. C’est très comique…2 morphologies complètement différentes… Charline,
elle porte des trucs… Et Aline… C’est pour ça que je dis… imposer…’fin… tu peux pas dire
« ne faites pas ci, ne faites pas ça » parce que… une petite mince portera une tenue qui ne lui
ira pas du tout… tu prends la tenue et tu la mets sur une personne de plus rond, et si ça se
trouve, ça lui ira tip top. Et que ça ne passera pas vulgaire, ça ne passera pas négligé… C’est
pour ça que je te dis les conscientiser à leur corps, à leur image… Oui, bon, évidemment…
t’évites quand même le t-shirt avec des trous, en filet de pêche… Tu vois, ça…ça me dérange
un peu… les t-shirt…les chemisiers en voilage, c’est vraiment transparent… y a rien en
dessous. Alors parfois, t’as juste un petit top… un petit chemisier… mais qui va quand
même… cacher un minimum…quand c’est juste le soutien-gorge, je trouve que ça fait un
peu…voilà, mets ça quand tu sors en boite, mais pour aller à l’école… ‘fin voilà, je pense ça
parce que je me dis… ils doivent aussi quand même être conscient que l’école, c’est un
endroit où… on y va pour bosser… Donc on a une responsabilité vis-à-vis de l’école, vis-à-
vis des autres… et que ben… voilà y a des tenues qu’on peut se permettre quand on sort en
boite si on veut, pour draguer. Mais à l’école, on n’est pas là pour ça au départ. Y a un autre
but derrière l’école quoi…
Shan : Est-ce que tu penses que ça laisse une trace aux jeunes dans leur vie adulte ? ‘fin…
quelle trace plutôt ?
Yolande : Ca dépend… je pense que si… imagine l’école qui interdit… aux filles de porter
une jupe… qui permet le port de la jupe au-dessus du genou…mais qui permet pas la jupe à
raz de la mozette… je pense pas que la jeune… qu’à l’âge adulte, l’enfant sera traumatisé. Par
contre, imagine…euh… ben, ça s’est passé en Angleterre ou je sais plus où… non non, c’était
ici en Australie…où il y a eu le cas des uniformes. Où il faisait tellement chaud que les
garçons voulaient porter des bermudas et qu’ils pouvaient pas, parce que c’était l’uniforme
des filles… ben ils ont porté les jupes des filles. Là je trouve que c’est du…du ridicule à faire
28

peur, tu dois être cohérent dans tes règles. C’est une façon de penser au bien-être des enfants.
Alors c’est sûr que tu les traumatises parce qu’ils doivent porter tenues en tergal, qui grattent,
qui chatouillent, où t’es serré dedans, que tu crèves de chaud et que tu peux rien enlever…
C’est clair que quand tu seras à l’âge adulte… tu seras… ça te laissera un mauvais souvenir
de… de tes études. Et ça risque de passer sur… d’écraser des bons souvenirs. Que si tu laisses
un choix… Je te dis, regarde moi… la tenue de gym… j’en ai toujours été traumatisée…
Purée ti… j’étais dans les vestiaires, tu disais « non, je n’y vais pas…je reste ici… ». Et
encore, on avait de la chance à Trois-Ponts, on faisait gym…y avait que des filles… on avait
une classe mixte, on avait deux garçons en classe… mais on avait cours de gym séparément.
Et pas dans les mêmes locaux, on était vraiment… entre nénettes. Tu me diras que c’est pas
toujours gentil… Mais bon, c’était un outrage. C’est ça que je me dis que le code
vestimentaire doit évoluer avec l’âge, avec son temps… mais pas… rester enfermé dans…on
pourrait pas demander aux enfants d’aujourd’hui de porter des tenues des écoliers des années
50, ça n’a pas de sens. Ça ne représente rien dans le monde d’aujourd’hui… ça n’avancerait à
rien. Tout le monde mettra son tablier et on se demandera pourquoi. Ça n’a plus aucun sens.
C’est ça qui compte… c’est le sens de la chose de comprendre comment. Sinon ça sert à rien.
(Fin)

Entretien 5

Shan : De manière générale, que penses-tu de l’école ? Son rôle par rapport à la vie des
enfants ?...
Pamela : Oh… pour moi, l’école actuelle a beaucoup de manquements… Ça c’est…voilà…
elle n’est pas adéquate aux enfants de maintenant… Pour moi, elle devrait être beaucoup plus
humaine, plus ludique, créative… Voilà… en un mot, parce que la créativité reprend tout. Ça
peut être…voilà…ça devrait être beaucoup plus humain dans le sens où euh… il y a plusieurs
intelligences… et que je pense qu’elles ne sont pas suffisamment développées toutes…
Shan : En termes d’approche pédagogique… Hum… Sur la vie de… de l’enfant sur la vie de
l’enfant, tu dirais quoi ?...
Pamela : Que ce n’est pas facile… J’en ai 4 à la maison et je le vois bien…que c’est pas facile
pour les enfants qui ne sont plus sensibles, les enfants qui ont simplement une intelligence ou
un fonctionnement… différent des autres… au niveau de l’apprentissage, ça je le vois avec…
voilà… ils sont tous un peu…spéciaux…au niveau … voilà… c’est vrai que parfois… même
parfois…je trouve que le sens des questions…le fait que mes enfants répondent et qu’on leur
mette que c’est faux. Alors que ça peut très bien compris autrement et être juste… donc c’est
vrai que c’est pas évident…car c’est ce qu’on voit au niveau écrit… mais les ressentis on ne
les voit pas forcément. Et à mon avis, il doit y avoir vraiment des gros manquements et…
vraiment des grosses incompréhensions entre les professeurs et les élèves, je pense…voilà…
Shan : Et alors…ici…concrètement…par rapport juste aux vêtements… et…et au code
vestimentaire…qu’est-ce que toi…ça t’évoque ?
Pamela : …Euh… en gros, ça m’évoque mon passé. Je vais être dans la spontanéité…mon
passé…où je n’avais pas de marques…euh… et que ça fait justement déjà…un…une…un
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morceau… quelque chose de discriminatoire par rapport à certains autres


élèves…euh…voilà… et c’est pas toujours évident…euh… Donc, c’est vrai que ça, c’est pas
évident à vivre pour les enfants… Et… enfin, personnellement, dans ma philosophie de vie, je
ne pense pas que ce soit…indispensable d’avoir des marques pour être quelqu’un et pour
être…voilà… pour être une personne. Mais c’est vrai que ça doit pas être évident…
maintenant je ne sais pas du tout s’il faudrait remettre… tu vois… l’uniforme… je ne suis pas
forcément plus pour l’uniforme…. Mais voilà… ça peut… C’est vrai que c’est une question à
se poser en tout cas. Voilà… mais je ne sais pas du tout si l’uniforme serait mieux…parce que
quelque part, là ils seraient tous entre guillemets les mêmes… et on irait plus sur du cadrage
davantage. Tu vois ?...voilà… il faudrait presqu’un entre-deux, mais quel est-il ?... Tu
vois…voilà.
Shan : Ici…en fait…quand on dit, les règlements d’ordre intérieur…on parle souvent de tenue
correcte… et je me demandais, c’est quoi le but ? ‘Fin… quel est le but recherché ?... Je ne
sais pas ce que toi tu en penses ?...
Pamela : Ben oui… c’est un mot fourre-tout en gros hein…parce que tout le monde n’a pas…
de nouveau… tout le monde n’a pas la même notion de ce qui est conforme ou pas. Euh…
correct ou pas. Voilà… je vais dire… Il y a des personnes qui pourront trouver qu’un training
n’est pas correct, tu vois ? Alors que… je vais même dire que la mode pousse à… parce qu’il
y en a beaucoup qui sont habillés en training maintenant, donc euh… voilà. Donc c’est vrai
que ça c’est compliqué, j’ai envie de dire à ce niveau-là « tenue correcte ». Maintenant, c’est
clair que je ne suis pas pour. ‘Tention, je ne suis pas non plus…euh … à l’exagération …
Mais pour la mini-jupe non plus, vraiment très haute… on va dire un minimum je pense… Je
dis toujours au-dessus du genou. Maintenant voilà… c’est pas pour autant que…quand on
passe dans les… filles et les jeunes filles… c’est pas pour autant qu’on doit abuser d’elles
même si c’est le cas, je vas dire. Tu vois ce que je veux dire ? Alors voilà, voilà. Ça, on est
d’accord. Maintenant, c’est vrai que… voilà… je pense que pour l’école, le fait d’avoir, par
exemple, une jupe au-dessus du genou, c’est… bien. Ça n’empêche pas sa féminité, mais ça
reste…voilà…
Shan : Et euhm… qu’est-ce c’est sensé leur apprendre… en fait… quand on leur demande une
tenue correcte… à l’école ?
Pamela : (rires) C’est une bonne question ! C’est… Mais oui, mais oui ! Parce qu’à nouveau,
c’est euh… c’est assez comique, parce que chez moi, le… le grand est beaucoup plus, tu vois,
jeans…Et encore… c’est jeans avec le truc euh… le dessus qui est plutôt training. Et euh… et
je vais dire… Tristan qui serait plutôt la chemise et le jeans, tu vois ?... Donc chacun… ça fait
partie de sa personnalité j’ai envie de dire, quelque part les vêtements… Voilà, je pense qu’on
se forge aussi, on se crée par rapport à ça. Donc voilà, je pense que … imposer… enfin dire
une tenue correcte, ben… de un, comme beaucoup de choses à l’école, c’est pas…euh…
compréhensible, c’est pas clair. Comme beaucoup de choses en ce moment d’ailleurs (rires),
Mais… voilà. C’est pas clair euh… dans le sens : qu’est-ce qui est correct et pas correct,
oui… C’est… on peut se poser la question. On est dans des points d’interrogation en fait.
Shan : Et tu penses que… lorsqu’ils seront… plus tard, dans leur vie adulte… ils en
retiendront quoi ? Ou ?...
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Pamela : … Ca dépend du vécu de chacun j’ai envie de dire. Tu vois ? Ca dépend le vécu de
chacun parce que… celui qui aura été moqué parce qu’il n’avait pas des marques ou celui qui
aura été moqué parce qu’il était en training ou… euh… catégorisé parce qu’elle était peut-être
trop sexy…ou tu vois ?... Forcément, ça laisse des traces sur la vie d’adulte. Voilà… Je ne le
vois que trop… dans la vie professionnelle et personnelle aussi, que tout ce qu’on vit petit a
une trace plus grande… quand on est plus grand. Ca c’est … voilà… ça fait qui on est. Avec
les blessures et les côtés positifs, mais… voilà.
Shan : Alors… je me demandais par rapport à … « tenue correcte exigée », « tenue
décente »… ça signifie quoi ?... Et si on devait définir ça, ce serait comment ?... Tu vois, cette
expression ?... En mettant des mots…
Pamela : Ha ! …Oui, ben oui… C’est euh… tenue décente…’fin… ça m’évoque
personnellement… c’est vague, ok… maintenant, ce qui … enfin, je pense que ce qui se dit…
essaye de demande, c’est euh… ben qu’on ne voit pas trop de peau quoi, en gros. On va dire
ça clairement. (rires) Ben tu… voilà… (rires) Je vois ça comme ça. Pour moi, c’est ça. Au
plus tu es habillé, au mieux c’est. Tu vois ? Voilà… sauf qu’un corps aussi, reste un corps à la
base aussi. Voilà.
Shan : Alors… selon toi… selon toi hein… comment on devrait s’habiller à l’école ?
Pamela : Alors… la phrase, elle va être un petit peu… ben, selon sa personnalité. Maintenant,
dans le… dans le respect aussi peut-être, éventuellement… des autres. C’est-à-dire… comme
je le disais tantôt, on peut assumer sa féminité sans être dans l’excès aussi. Voilà… Donc… je
pense que la personnalité doit être gardée… euh… tout en étant, ben… ‘fin je vais dire voilà.
Juste quoi. ‘fin… « juste »… là aussi la définition de « juste » de l’un à l’autre n’est pas la
même… Tu vois ? Mais voilà, j’ai envie de dire on peut garder sa féminité tout en étant quand
même, voilà… dans le respect de l’autre et pas être dans l’exagération. Voilà. Simplement.
Pas dans l’exubérance on va dire. Tu vois ? Maintenant, c’est clair qu’à l’adolescence…
une… ‘fin… une partie des adolescents ont besoin de cette exubérance, tu vois ce que je veux
dire ? Un bon dans ça pour pouvoir se trouver en fait hein. Ils sont dans la recherche d’eux-
mêmes. Donc euh… voilà. Il y en a qui sont très discrets qui essayent de passer dans le… tu
vois ?... dans la normalité… Et d’autres qui vont avoir besoin de… passer par les couleurs
fluo dans les cheveux et les choses comme ça pour pouvoir exister, donc euh… voilà. (rires)
Et pas qu’enfants d’ailleurs. (rires).
Shan : Mmh… De manière générale… toi ou…ou… les enfants… est-ce qu’il est déjà arrivé
d’avoir des remarques sur les tenues ou autres ?... euh… vraiment de manière générale ?
Pamela : Euh… au niveau des marques. Moi, c’est arrivé pas à l’école de Géromont. Dans
l’école précédente des enfants… ou… euh… réellement, ça se passait, c’était… et… enfin…
‘fin voilà, c’est un vécu, qui a été partagé avec d’autres… Et euh… où les institutrices
regardaient en remettant le col des enfants, regardaient de quelle marque était le vêtement.
Shan : Ah ouais…
Pamela : Voilà. Ca remonte à quelques années hein. Voilà… Et c’était choquant. Et c’est vrai
que euh… au début, je ne le croyais pas, mais jusqu’à l’avoir vu moi-même en fait. Voilà. Et
ça… je trouve ça très dommage.
Shan : T’en as été témoin… t’en as été témoin par rapport à tes enfants aussi ?
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Pamela : Oui, voilà. J’en ai été témoin… mais pas forcément mes enfants. Mais voilà. Étant
donné que les miens n’avaient pas forcément des… Si, moi, quand ils ont des marques, c’est
des trucs que je vois à 2-3 euros, tu vois ? Enfin voilà (rires) Parce que j’achète que comme
ça. J’achète très peu du nouveau, donc euh… voilà. Et… mais euh… c’est vrai qu’au niveau
des marques, je m’étais dit « ben si elle le fait avec eux, elle le fait certainement avec les
miens ». Voilà. Voilà… Je ne vois pas pourquoi c’est un et pas l’autre quoi. Voilà… Donc
euh… voilà. Et ça, je l’ai déjà vécu moi-même. Je vais dire aussi… Moi, forcément… j’étais
dans une classe de fils de docteur et… euh… de… (rires)… donc voilà, forcément… oui, la
… l’école n’est pas forcément un merveilleux souvenir…
Shan : Et au niveau secondaire… tu… tu as vu des différences ou ?...
Pamela : Au niveau secondaire, je pense que c’est plus l’enfant qui est à la recherche de
marques ou quoi. Enfin, le préado ou l’ado, ça dépend de… à quel âge. Mais euh… je pense
que quelque part, maintenant, c’est certainement d’après mon vécu à moi aussi. C’est peut-
être euh… je crois que c’est l’enfant qui se dit plutôt « est-ce que je suis bien habillé ? » et qui
se compare. Je pense qu’on est dans la comparaison à ce moment-là. Voilà. Maintenant peut-
être qu’elle a été incitée plus tôt. Tu vois ? C’est peut-être une graine qui a été mise aussi,
voilà. Je… je pense que c’est moins… tu as moins le rapport de l’adulte par rapport à ça,
peut-être… tu vois ? Les parents sont moins présents puisque forcément on est plus grand
déjà, tu vois ? Donc ça se passe plutôt entre groupes d’élèves les comparaisons… voilà. La
comparaison… Ils y arrivent de plus en plus tôt hein. Même pas forcément qu’à la secondaire.
Je vois les comparaisons… C’est… pourquoi se comparer (rires) Enfin tu vois ? Mais voilà.
On le fait tous hein, donc euh… Je vais dire… On l’a tous fait un moment, donc euh…
Mais… Voilà. Je pense que si on apprenait plus tôt à l’école tout ce qui est euh… richesse
intérieure, potentiel intérieur, la confiance en soi, on ne devrait peut-être pas passer par là
(rires). Voilà. Tout simplement en faisant comprendre qu’on est tous différents. C’est
tellement important quoi !
Shan : Alors… si tu devais apporter une amélioration… par rapport à euh… ben justement au
code vestimentaire, tu… penserais à quoi ?
Pamela : (soupir) C’est compliqué de le mettre par écrit. C’est déjà compliqué pour moi de
mettre par écrit. Voilà. Mais… (silence) … Je ne mettrai déjà pas cette notion de tenue
correcte. Euhm… C’est nouveau la notion de respect de soi et de respect de l’autre. Pour
qui… au moins pour être engagé. C’est… le mettre en mots, c’est compliqué pour moi. Je
dirais qu’il faut… une tenue qui… respecte la personnalité de la personne, tu vois. Bon,
maintenant, ça ne peut pas être mis comme ça, mais euh… Mais qui respecte également…
voilà… l’autre. Voilà.
Shan : Alors… je vais te montrer deux photos… (réglage technique)… dans le contexte
scolaire… Alors… photo numéro 1… Je ne sais pas si tu la vois ?
Pamela : Ok je vois.
Shan : Alors que penses-tu de la tenue numéro 1 ? C’est celle avec le débardeur qui est rayé…
dans le cadre de l’école… en gardant l’idée de tenue décente à l’école. Qu’est-ce que toi t’en
penses ?
Pamela : Euh moi c’est ok.
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Shan : Pour toi c’est décent ?


Pamela : Oui, bien sûr ! (rires) Ce sont des bras et un dessus. Enfin, tu vois… je veux dire,
c’est pas… (rires)
Shan : Et alors… la photo numéro deux… Donc alors… idem, dans le même contexte…
Pamela : Oui ben, elle est aussi décente. Voilà.
(Fin)

Entretien 6

Shan : Je voulais connaître ton avis général sur l’école. Pour toi, qu’est-ce qu’elle représente.
Quel est son rôle ? … Au niveau des enfants à l’école…
Benoit : Pour moi, l’école… ben ça se représente l’apprentissage, déjà. Donc euh…
L’apprentissage… Je ne saurais pas donner un … faut qu’ils soient entourés, encadrés… Et
donc, ce qu’on souhaite de l’école, c’est qu’ils apprennent de plus de choses possibles et
qu’ils soient… comment… qu’ils apprennent le … le maximum quoi. Pour les lancer dans la
vie professionnelle euh… au départ … pour la préparation… le primaire… pour la préparation
au secondaire, avoir les bases. Puis le secondaire, c’est différent… c’est se diriger… essayer
de trouver une branche qui leur plaise. Donc c’est pour les lancer… c’est un bon
apprentissage pour les lancer par la suite dans la vie professionnelle quoi.
Shan : Et alors… le rôle du règlement par rapport aux vêtements ? … par rapport au code
vestimentaire à l’école… pour toi, ça consisterait en quoi ?
Benoit : Ben je sais bien que dans le temps… des tenues tout le monde égales… tout le monde
avec des tenues vestimentaires règlementaires… tout le monde habillé de la même façon. Je
pense que c’était pas mal. Moi, personnellement, parce que… maintenant… on se rend
compte qu’il y a beaucoup de… parfois de… jalousie entre les enfants… voilà, parce qu’il y
en a de ceux qui sont habillés avec des marques, d’autres pas… Ça dépend évidemment de la
situation familiale, sociale, etc. Donc euh… c’est … je trouve que… tout le monde la même
tenue n’était pas mal. Voilà. Au moins… maintenant… voilà … Bon, maintenant… on va
certainement ne pas y revenir, mais… voilà… maintenant, il y a beaucoup de phénomènes de
modes, de tchic de tchac, ‘fin voilà. Les parents font… la mode, voilà… je pense que par
rapport à certaines personnes, ça peut parfois… blesser certains enfants, parce que… voilà.
Des moqueries ou quoi que ce soit, ça peut toucher des enfants et les blesser quoi. Enfin, tu
comprends ce que je veux dire ?
Shan : La… le côté… l’importance des marques dans les vêtements ?...
Benoit : C’est un peu la compétitivité comme on peut le dire hein. C’est un peu compétition
tout ça hein… Un qui a, puis faut que l’autre ait… voilà… C’est un petit peu… Chaque
famille ne sait pas quand même pas suivre comme certaines d’autres.
Shan : Toi… toi, tu l’as vécu ?
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Benoit : Je l’ai vécu, non… mes enfants ont ce qu’ils ont besoin, mais je mets des limites
quoi. Parce que y a des fois « Oh j’ai un copain qui ça » et puis tchic et tchac… donc je trouve
non. À un moment donné, il faut mettre des limites. C’est de l’éducation que j’ai eu aussi.
Donc et euh… voilà. On ne sait pas tout avoir dans la vie. Moi je leur ai dit, je leur ai déjà
expliqué. On veut des choses, mais… moi, il y a des choses que je voulais quand… avec mes
parents, ben… Quand j’ai eu la chance d’aller travailler, ben j’ai pu aller travailler à l’âge
de… 14-15 ans j’ai travaillé et puis voilà. Je gagnais des sous et si je voulais m’acheter
quelque chose ben je m’achetais et… puis voilà, c’est comme ça. Leur donner tout n’est pas
bon non plus… Ce n’est pas pour moi une forme d’éducation… Et déjà qu’ils ont
énormément… beaucoup plus que nous déjà… Quand tu vois tout ce qu’ils ont par rapport à
nous, c’est…enfin, c’est pas une question de jalousie. C’est… C’est une question que c’est du
non sens… Je trouve. Ils ont de trop, ils ne savent plus d’où donner de la tête. Ils ne savent
plus vraiment les valeurs des choses quoi.
Shan : Par rapport à l’expression « tenue correcte exigée ». Toi, ça t’évoque pour l’école ?
Benoit : Ah… tenue correcte exigée, ben moi… pour moi, ça m’évoque une tenue propre
déjà. Propre, pas arrivé avec… euh… voilà… je vais dire pas training, pas jogging, voilà.
Plutôt jeans… voilà. Pour moi, ça ne veut pas dire costard cravate quoi hein. Tenue correcte
exigée, pour moi, c’est être présentable aussi hein, tu vois. C’est être présentable. Ne pas
arriver non plus euh… jeans troué…
Shan : Et vis-à-vis des jeunes, ça leur servirait à quoi… pour toi… de leur dire « venez à
l’école avec une tenue… euh… correcte »…
Benoit : Ça leur ferait quoi ?...
Shan : Dans quel but par exemple ?...
Benoit : Ah ben à mon avis, c’est pour ne pas avoir… trop de… trop de différences peut-être.
Peut-être que c’est ça ? Je ne sais pas leur but exact. Ne pas avoir trop de différences déjà…
qui viennent de… je vais dire… training, c’est plutôt … tenue décontractée quoi. Tu vois ?
C’est… pour une tenue que tu chez toi… voilà. Mais bon… je vais dire… pratiquement…
jean, t-shirt, polo… c’est déjà présentable, je trouve. Voilà. Tu comprends ce que je veux
dire ? Maintenant, leur but… oui, je pense que c’est pour avoir tout le monde du même niveau
j’espère. Maintenant, tous les parents ne représentent pas le même point de vue que moi…
peut-être qu’eux, tenue correcte c’est costume cravate. J’exagère peut-être… voilà, que c’est
plutôt ça. Ça dépend un peu… des parents, ça, je pense. Comment on voit les choses « tenue
correcte ».
Shan : Voilà… parce que… si on devait définir « tenue décente »… ce serait quoi ? Je ne sais
pas ce que toi t’en penses ?
Benoit : Tenue décente… (rires)… ben c’est une tenue… euh… tenue convenable, pour moi.
C’est une tenue… de nouveau présentable, être présentable. Je me souviens qu’on disait aux
examens, que tu devais aller en… costume cravate. Donc c’était une tenue de ville, qu’on
disait à l’époque. Ou de ville exigée.
Shan : Est-ce que pour toi à l’école on peut s’habiller comme on veut ?
34

Benoit : Non… je pense qu’il y a des limites à tracer. Je pense qu’il y a des limites… faut
pas… voilà. Je pense surtout au niveau secondaire… des filles ou quoi… la provocation.
C’est un peu… il y a des limites quoi. Moi, je laisserais pas partir ma fille avec une mini-jupe,
etc. par exemple.
Shan : Et les limites…
Benoit : Oui, je te dis… dans l’adolescence… les garçons sont un peu fous fous. Hein donc
euh… (rires) C’est pas toujours réfléchi (rires) Donc euh… je pense qu’il y a des limites.
Shan : Et les limites, tu les définirais comment par exemple ?
Benoit : Euh… comme je t’ai dit : tenue… tenue adaptée et pas sexy sexy quoi. Euh… voilà.
Pas… il faut rester correct et pas dans la provocation.
Shan : Alors… je vais te montrer 2 images… (réglage technique)… Donc photo numéro 1…
Dans le contexte de l’école hein… toutes les 2 images… Je ne sais pas si tu les vois ?
Benoit : … Oui, je les vois les 2 photos. Je les vois.
Shan : Alors dans le contexte de l’école, qu’est-ce que tu penses de la tenue numéro 1 ? …
Est-ce que pour toi, c’est une tenue décente ?
Benoit : Euh… un peu… oui, ça va quoi. C’est pas… c’est pas… c’est pas provocant je
trouve. C’est bien. C’est bien. Et la tenue numéro 2, ben… à mon avis c’est la même chose et
qu’il y a une veste en plus quoi. Pour moi… Donc euh… Pour moi, ce n’est pas… je pense
que c’est acceptable.
Shan : En termes de décence pour toi ? C’est…
Benoit : Oui, c’est décent…
Shan : Alors… si toi tu devais imaginer… des améliorations au règlement de l’école sur les
tenues, tu penserais à quoi ?
Benoit : Si je devais mettre une amélioration au règlement… Je penserais… Ben là, c’est
compliqué… c’est compliqué comme question.
Shan : Ou ça peut rester tel quel hein…
Benoit : Oui, oui… ben je pense que … c’est… c’est bien comme ça. Bon maintenant, on est
dans le monde moderne aussi hein. On n’est pas… on… à l’époque des… des tenues
identiques. Mais voilà… je pense que à l’époque, ils avaient l’égalité entre eux. C’étaient tous
les mêmes. Il n’y avait pas de chichi, de chacha comme on dit… (rires) Et voilà. Ils avaient
l’égalité… et je vais dire l’égalité entre eux … et ça c’était quand même bien. Maintenant,
voilà… on est à une autre époque et il faut vivre avec. Mais je pense que c’est pas toujours
facile pour les familles parce que … voilà… Que ce soient à tous niveaux, il faut euh… que
ce soit au niveau vestimentaire, au niveau jeux… ils ont … il y a beaucoup de différences
entre certaines familles et ça, ça crée des… problèmes aux enfants, je trouve.
Shan : Toi, en tant qu’étudiant, t’as été marqué par tout ça ? Par euh… les règlements
concernant les vêtements et tout ça ?...
35

Benoit : Moi, personnellement non… personnellement non. Voilà, on était… je voyais bien
qu’il y avait des gens qui avaient des marques, etc., mais moi je n’ai pas été éduqué comme
ça. Donc moi personnellement ça ne m’a pas touché. Ça ne me faisait rien. Il y avait des gens
qui avaient des marques. Tant mieux pour eux… C’est bien… Et euh… Si… euh… Si moi je
n’en avais pas, ben je n’en avais pas. Ça ne me faisait rien. Qu’est-ce que tu veux… Moi je
n’ai jamais vraiment regardé une montre à côté de moi, comment il était, ou voilà… Moi je…
j’ai toujours été dans le principe qu’euh… on ne sait pas comment les gens vivent, comment
les gens ont difficile… facile… comment ils vivent donc euh… les gens font ce qu’ils
peuvent avec ce qu’ils ont. Je suis comme ça. Je pense que j’ai toujours été comme ça. Donc
voilà… Mais c’est aussi mon éducation, donc voilà. (rires)
Shan : Donc… je me demandais… par rapport… à la… quand il fait chaud… les jeunes, leurs
tenues…
Benoit : Je pense qu’il y a moyen de rester… de rester dans une tenue correcte quand il fait
chaud. Euh… sans être dans la provocation…
Shan : Quoi comme vêtements par exemple… ?
Benoit : Jupes, bermudas…shorts… enfin… des shorts pour les garçons… je pense… enfin
voilà. Je pense qu’il y a assez de choses comme ça sur le marché… qui ne sont pas dans la
provocation. Enfin voilà…
Shan : Est-ce que tu penses à d’autres choses ? … Parce qu’en fait… je me demandais… ben
tiens… est-ce que les enfants… gardent des… restent… sont… est-ce que ça les marque ou
pas les règles sur les vêtements et tout ça… tu vois ?
Benoit : Oui oui… ben moi, je ne pense pas. Moi comme je t’ai dit, ça ne m’a pas marqué.
Mais… ça dépend. J’imagine qu’il y a des gens que ça va. Je pense que ça dépend de la forme
d’éducation que l’on reçoit et puis voilà… faut pas être… euh… voilà… quelqu’un... Moi je
me souviens… Enfin, ça dérive un peu de la chose, mais c’est… ça rejoint un petit peu…
J’avais un ami, dans l’école primaire… moi j’avais… On était copains. On jouait ensemble et
tout… et donc… lui, était seul… moi j’ai une sœur. Et lui… Lui, il avait tout ce qu’il voulait
par ses parents et … lui, il avait des jeux vidéos, il avait une PlayStation déjà… enfin, tous ces
trucs-là il avait déjà… Donc moi quand j’allais chez lui, j’étais à la fête quoi. (rires) Donc
voilà. Et quand je rentrais à la maison, ben… là, je me… je me plaignais auprès de mes
parents et … « moi, je n’ai pas… na na ni na na na ». Enfin voilà. « J’aurais bien aimé avoir,
etc. ». Je n’ai jamais eu, mais je ne suis pas mort pour la cause. Et avec l’âge, on réfléchit et
on se dit : « Ben… je ne suis pas plus mal que lui finalement » donc euh… Voilà. Et ça,
quand on est jeune, on ne s’en rend pas toujours compte. Donc ça… ça rejoint un peu euh…
comme ici, les tenues vestimentaires… faut pas être jamais plus haut que l’autre. La jalousie,
ça n’amène à rien. Je te dis, les familles, elles font ce qu’ils peuvent avec… je pense que ça
résume… avec les moyens qu’ils ont. Et le nombre d’enfants. Si t’as un enfant ou trois
enfants, c’est différent. Euh… Donc euh voilà. Quand t’as un enfant, tu peux peut-être te
permettre plus de choses que… quand tu as trois enfants, ben… t’es obligé de… de mettre un
peu l’église autour du village.
Shan : Par rapport aux vêtements de marque et tout ça alors…
36

Benoit : Oui oui… Bon ben voilà. La vie n’est pas la même quand tu as un enfant ou 3
enfants. Je veux dire euh… tu peux un peu plus gâter un enfant que si … que quand tu en as
3… tu as… un seul exemple. Voilà.
Shan : Y avait un truc qui me turlupinait… C’était la question … enfin l’expression tenue
décente… tu vois… C’est … c’est quoi enfin… tu vois ?
Benoit : Ben voilà… oui. Chaque famille a peut-être sa propre définition de décence. Voilà.
Tout le monde n’a pas la même vision de tenue décente ou tenue correcte ou tenue de ville ou
euh… Et c’est pas…
Shan : Et pourquoi demander aux élèves de s’habiller en tenue décente ?... Dans quel but ?
Benoit : Oui… Dans quel but… oui… Et ça, c’est vrai, dans quel but ? Tout le monde doit
faire… je te dis… évidemment… faut pas venir avec des tenues dégueulasses et … voilà…
C’est évidemment … tenue décente… déjà propre, c’est une tenue décente. Propre, pas troué
partout. Pour moi, c’est une tenue décente déjà. Si tu es propre et que tu as de l’hygiène sur
toi, pour moi, tu es présentable, tu iras… t’as une tenue décente pour moi. Faut rester… Enfin,
ça reste pour moi dans la simplicité… C’est euh… si t’es présentable déjà sur toi. Au niveau
hygiène et tenue, ben… pour moi, tu es présentable, tu es décent.

Entretien 7

Shan : Alors… voilà… de manière générale… que penses-tu de l’école ? C’est quoi son but ?
Par rapport à son rôle dans la vie des élèves ?
Marcel : C’est… c’est en premier un lieu… un lieu d’éducation. C’est pour transmettre un
savoir. C’est un lieu d’émancipation. C’est un endroit où peuvent… acquérir leurs propres
connaissances, à avoir… un accès, des chances égales par rapport à … à leur vie future et
c’est un lieu aussi… je vais dire ça comme ça : un lieu de socialisation où on apprend aussi les
règles euh… de la vie en communauté, en société et à partager, et à échanger avec euh… avec
des condisciples, des gens… je pense, pas spécialement comme nous, mais qui ont des
horizons et des origines différentes. Ouais… donc voilà, je dirais éducation, socialisation et
émancipation, voilà.
Shan : Ok… Alors… euh… Ton avis sur le règlement vestimentaire, tout ce qui est
mesures… ça t’évoque quoi en premier lieu ?
Marcel : Ben moi en tant que euh… si je me replonge dans ma vie de… d’étudiant…
d’adolescent… j’ai pas… je n’ai pas l’impression pour moi c’était un problème, d’avoir un
règlement vestimentaire. À la limite, quand j’étais étudiant, je pensais même pas qu’il y avait
un règlement. C’est pour ça… Ca me coulait de source qu’il fallait une tenue correcte pour se
présenter à l’école, mais je sais que … actuellement, et j’ai des filles… euh… que ça fait de
temps en temps débat…. Euh… sur des tenues… que la direction juge euh… inappropriées.
Shan : Tu penses à quoi par exemple ?
Marcel : C’est souvent… apparemment, par rapport à des tenues qui auraient peut-être une
connotation euh… ou qui seraient… trop dévêtues apparemment hein donc… c’est-à-dire
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qu’on jugerait euh… la longueur de la jupe ou euh… le fait de se couvrir ou pas les bras ou
les épaules, tu vois ? Euh… voilà, je trouve que dans certains cas, il n’y a une approche peut-
être trop coercitive… Trop dans… dans une imposition de normes alors que c’est vrai qu’il y
a un bon sens et une attitude correcte à avoir, mais… c’est dans certains cas c’est quasi
assimilé à un régime militaire. Même si je suis convaincu que euh… voilà, l’école est… un
endroit aussi important avec ses cadres, ses règles et que c’est une institution qui doit aussi
pouvoir…euh… se gérer… entre la direction, ses enseignants et... ses élèves. Et ça… ce qui
est dommage, c’est qu’il y a… très peu, très peu… en tout cas dans l’école que je connais et
que mes filles fréquentent, très peu d’échanges et d’informations avec les élèves à ce sujet.
Shan : Et concrètement… c’est quoi qui pose débat ?
Marcel : Euh… ben je sais qu’il y a régulièrement des jeunes filles qui sont… qui sont
appelées à la direction parce que… la préfète estime que la jupe est trop courte, tu vois. Donc
euh… comme je disais une blouse en été… euh… l’épaule est trop découverte.
Shan : Et… on leur explique pourquoi ?
Marcel : Euh… c’est ça le problème, je dis… Je pense qu’il n’y a pas beaucoup
d’échanges…On en fait un… ordre militaire, tu vois euh… comme une caserne. Et qu’il n’y a
pas beaucoup d’échanges et je pense que la mesure n’est pas comprise parce que ce n’est pas
expliqué.
Shan : Les filles, elles en parlent en fait ?
Marcel : Oui, apparemment, les filles en parlent entre elles. Et puis aussi… c’est
apparemment appliqué de manière pas toujours cohérente… Certaines choses sont accordées
et pas d’autres. Je sais aussi débat sur les… la mode des pantalons déchirés, tu vois. Des trous
hein. Un petit trou ou pas. Mais si tu as un pantalon avec un trou béant entre la cuisse et le
genou, là… il y aura une intervention.
Shan : Et là… tu penses que c’est dû à quoi ces… ces mesures coercitives ?
Marcel : Ben des fois, c’est un excès de discipline, tu vois euh... L’école est quand même
aussi attachée à garder une bonne image et… dans les écoles euh… souvent la réputation
d’une école est jugée avec la discipline qu’on a à l’intérieur hein. Et je ne sais pas… à mon
avis, ça se raccrocherait à ça. Alors qu’on devrait plutôt juger… euh… la qualité de l’école au
bien-être des enfants et par rapport à leur parcours, à ce qui… ce qui sont en mesure quand ils
ont terminé leur parcours. Et pas simplement à une rigueur disciplinaire qui dans certains cas,
pour moi euh… est excessive quoi.
Shan : Et donc…du coup, pour l’école, c’est quoi… euh… la tenue qui serait idéale ?
Marcel : Ben moi, je ne fais pas de séparation entre la vie familiale, la vie sociale et la vie à
l’école euh… je vais dire, voilà… je suis assez classique, je ne recherche pas non plus
l’excentricité. Il y a certains enfants ou certains jeunes qui ont des personnalités un peu
différentes et donc…qui n’ont peut-être pas non plus envie qu’on leur impose des codes,
qu’on leur impose un moule et donc… ils ont aussi pour moi le droit peut-être au travers de
l’outil vestimentaire… euh… l’expression d’une personnalité qui est un peu différente hein.
Le fait de la brider, je ne pense que ce soit profitable à long terme. Que bon… on peut peu à
peu… commencer par les vêtements… puis on peut peu à peu agir sur les idées, sur
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l’expression orale donc euh… voilà, il y a toutes formes à un moment donné de contraintes
euh… et l’ingérer peut être contre-productive… Et alors il y a l’extrême hein. Je ne sais pas si
tu voulais en parler ? Euh… J’ai déjà vu aussi… euh… dans certains cadres et… en voyage,
j’étais chez mon frère à Cuba et… c’est le petit costume qui est imposé pour euh… pour les
enfants. Et… des costumes, des codes différents, en fonction du niveau d’études des enfants.
Shan : Et t’en penses quoi ?
Marcel : Je comprends la logique qui est aussi derrière. Parce qu’à un moment donné, comme
je le disais, l’école est un lieu de socialisation, d’émancipation. C’est pour dire aussi qu’il n’y
a pas de… de strates. Il n’y a pas de… de… de différences sociales. Donc chacun, il croit
qu’il est dans l’école, ben il vient en tant qu’élève et… pas nécessairement en tant que
représentant d’une classe sociale qui peut être aussi… les habits peuvent à un moment donné
être aussi le marqueur de… de position sociale. Dominante ou… précarisée. Et c’est une
forme dans cette approche-là de gommer toutes ces différences et de mettre tous les enfants
sur le même pied d’égalité, dans le cadre, dans le cercle de… des écoles voilà quoi. C’est
deux thèses qui s’affrontent… Enfin, on peut argumenter pour les deux. Il y a du bon et du
mauvais, mais bon… euh… Je pense que peut-être… c’étaient des choses qui étaient peut-
être… qui avaient un intérêt par le passé où on avait des différences sociales qui étaient
énormes et où on voyait bien que l’accès pour… pour euh… déjà l’école n’était pas garantie
pour tout le monde hein. Et après, il y avait encore différentes manières de marquer la
différence. Aujourd’hui, je pense qu’on est dans une société où euh… ces différences sont
peut-être moins marquées hein. Mais peut-être que… je pense dans le cas de Cuba, que là…
c’est encore positif encore tu vois… enfin, pour moi, on a au moins la garantie que les enfants
bénéficient de… de … de tenues adaptées et de tenues propres pour tout le monde quoi.
Shan : Et à ton avis, pourquoi est-ce que l’école met en place… ces mesures vestimentaires ?
… Je parle plutôt du cas en Belgique ?... C’est quoi l’intention derrière ?...
Marcel : C’est plutôt par rapport… à mon avis… vouloir imposer une discipline et donner…
L’impression qu’il y a de la rigueur et que la rigueur s’exprimer aussi à travers la tenue
vestimentaire. Comme je te disais, à mon avis, il y a moyen de marquer la qualité de son école
par d’autres choses. Que uniquement euh… le respect d’un horaire strict, le respect d’une
tenue stricte… donc voilà…
Shan : J’avais lu dans un des règlements d’ordre intérieur l’expression « tenue décente » ou
l’expression « tenue correcte » exigée. Mais alors… je me demandais c’est quoi la
définition… Pour toi, ce serait quoi ?
Marcel : Alors là, oui… c’est complètement subjectif. Ce qui peut être décent pour l’un
pourrait être indécent pour l’autre. Je dirais à chacun de fixer ses … ses limites. Quelqu’un
qui trouve… quelque chose de choquant pour l’un peut être totalement normal pour l’autre.
Donc c’est pour ça que je dis, ce genre de … ligne, de définition parait quand même assez
arbitraire. Tu vois.
Shan : Et à ton avis… concernant le cas de la préfète, elle… fonctionnerait sur quelles…
normes ?
Marcel : Je pense qu’elle a déterminé ce qu’elle juge… Je pense qu’une jupe qui serait au-
dessus du genou serait considérée comme indécente. Mais alors que… voilà… des fois, il y a
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des conditions climatiques, il fait chaud, t’es en été… euh… t’as pas envie de porter certaines
tenues… et que le fait de porter un short pour une jeune fille euh… peut être assimilé à une
tenue indécente. Alors que je ne pense pas que… donc on cherche, je veux dire. Euh… qu’on
est dans une provocation extrême parce qu’une fille a porté un short ou un garçon avec un
bermuda. C’est la même pour les garçons hein. Un bermuda parce qu’il fait 35°C en période
de canicule quoi.
Shan : Alors…je vais te montrer deux photos, ça va ? (réglage technique) … Ça va ?...Tu vois
les images ?
Marcel : Ah ça marche, je les vois.
Shan : Alors… que penses-tu de ces tenues ? Dans le contexte de l’école ?
Marcel : Je n’ai pas de souci particulier avec… le t-shirt avec les bretelles. Je vais dire… si la
fille se sent bien dans son t-shirt et qu’elle est l’aise pour venir à l’école…
Shan : Tu la considères décente ou… ?
Marcel : Oui.
Shan : Et l’autre photo ? … Dans le même contexte. Je ne sais pas ce que t’en penses ?
Marcel : Je n’ai pas d’avis particulier… Je… Quand je verrais une fille comme ça, je passerais
à côté d’elle, je me ferais aucune remarque. Tu comprends… parce que voilà. Pour moi, la
fille est habillée avec une veste en cuir, un pantalon, une blouse… Si en classe il fait chaud,
elle enlève sa veste…Et puis c’est tout.
Shan : Dans le contexte de l’école, ça passe…
Marcel : Non non non, je n’ai pas de souci.
Shan : Si toi… tu devais décrire le mot « décence », ce serait quoi en fait ?...
Marcel : Je réfléchis... C’est une attitude. On va dire appropriée et qui ne heurte pas les
valeurs de l’époque et de l’endroit. Je vais dire que… en fonction de l’endroit ou de la période
que tu es, elle peut changer… Que ce soit au 18e siècle ou au 20e siècle, une fille en maillot de
bain sur une affiche, c’était assimilé à de l’indécence. Aujourd’hui… on peut voir dans
différentes publicités une fille en maillot de bain ou… tu vois… dans les lieux publics une
fille en maillot de bain… Si c’est dans le cadre d’une activité liée à une piscine, c’est tout à
fait adapté.
Shan : Euh… Sur base de quels critères selon toi… on différencie une tenue « normale »
d’une tenue « anormale » pour l’école ? De manière générale, pas uniquement dans le cas de
la préfète hein…
Marcel : Ben pour moi… est-ce que la tenue a le seul but de provoquer… hein… Donc… si
c’est dans une démarche de provocation, ben je dirais… que c’est dans une démarche
anormale hein. Mais si la tenue est juste le reflet… euh… de la personnalité de l’étudiant ou
juste… on va dire une tenue qui est adaptée aux conditions climatiques… euh… je n’ai pas de
souci avec ça. Quelqu’un qui viendrait en… je ne sais pas moi… qui viendrait en mini-short
en hiver… euh… et en bretelles… juste pour provoquer je vais dire… alors qu’il fait -5°C
dehors, ben là oui… on pourrait se poser des questions et se demander… ben qu’est-ce que
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l’élève cherche, tu vois. On peut se poser d’autres questions hein… Quel est le mal-être de
l’élève ?... Qu’est-ce qu’il cherche à démontrer ou… à faire passer comme message, voilà…
Shan : Mais alors dans le cas de l’école… tu vois les filles… qui ont reçu des… des
remarques… l’intention, je veux dire… n’étaient pas forcément de provoquer ?... Tu vois ce
que je veux dire ?
Marcel : Non, c’est ce que je dis… Mais bon… C’est pas moi qui écrit le règlement d’ordre
de l’école. Mais… tu vois c’est une approche très très très… d’exclusion. Et la préfète y tient.
Shan : Et alors ici… selon toi, qu’est-ce que c’est censé apprendre aux jeunes dans leur vie
future ? Qu’est-ce qu’ils vont en retenir en fait ?...
Marcel : Mais… c’est la question que je me pose, parce que… comme je te le disais tantôt…
Est-ce que c’est proportionné ? Et que ça n’apporte pas grand-chose. C’est pour ça que je ne
suis pas… pas favorable à ce genre de… de règlement d’ordre intérieur qui veut codifier la
tenue vestimentaire, voilà.
Shan : On pourrait s’habiller comme on veut à l’école ?
Marcel : Je ne dis pas comme on veut, mais… euh… avoir… quand même pas non plus une
liberté plus importante… tant que la démarche, elle est sincère et qu’elle n’est pas dans
l’objectif d’une provocation et qu’elle euh… n’est pas contraire aux bonnes mœurs. Ca c’est
plutôt euh…un terme légal. Je veux dire…aujourd’hui, tu ne peux pas te promener euh… nu
en ville. Ça c’est une loi, je vais dire. Ça… c’est pas une question de décence ou d’indécence.
Simplement voilà… à part au moment de l’espace public, tu dois avoir une tenue qui est
adaptée, tu vois. Euh… Comme je te dis, c’est ça… C’est… pas provocation, c’est le
respect… quand même d’un cadre légal, qui est quand même décliné, qui est plus large que
l’école.
Shan : Maintenant… tenue adaptée, tu la définirais comment ?
Marcel : Tenue adaptée…Comme je te disais… qui est adaptée aux conditions climatiques,
qui est adaptée au confort de l’étudiant. C’est la même chose hein… Si quelqu’un vient avec
une doudoune en été, je me poserais la même question. Je me dirais « la personne, elle doit
pas être confortable, de pas rester concentrée pour euh… avoir une bonne attitude en
classe »… parce qu’elle… à un moment donné, elle va transpirer et je pense que… la
transpiration dans les locaux n’est pas adaptée non plus. Donc voilà, je dirais qu’une tenue
adaptée… pour l’apprentissage et pour le bien-être de l’élève, et puis voilà.
Shan : Et toi, en tant que papa, tu as déjà dû faire des remarques aux filles par rapport à leurs
vêtements ? Ou pas nécessairement ?... Ça se passe comment ?
Marcel : Non, je … je… Ta question est pertinente. Euh…je réfléchis… Je crois que j’ai
jamais dû faire de… à la limite, des fois… je leur dis : « Oui, ajoute une veste. » Tu vois, pour
le moment du trajet hein. Euh… Même si… en classe, faut enlever ta veste. Mais au moins, tu
mets… une veste pour le trajet, tu vois. Parce que les jeunes, des fois… privilégient plutôt le
look… au… à l’aspect pratique. Pour une fois, c’est la logique de la tenue adaptée.
Shan : Et… Et Estelle et toi, vous partagez le même avis ? Ou… Des fois il arrive que vous ne
tombiez pas d’accord ? Ou euh…
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Marcel : Je n’ai souvenance qu’on ait eu des différends ou des échanges par rapport à ça. Non,
je pense qu’en tant qu’adultes, on… on est sur la même longueur d’onde. Et quand on pense
que la petite devrait plutôt mettre une veste en plus du pull, au moins pour le trajet, on est
souvent d’accord… Ou bien, que c’est plutôt… si la grande va aller faire quelque chose
dehors… et qu’on sait que ça va être un parcours euh… où il y aura de la boue ou quoi, on va
peut-être lui dire de ne pas mettre des chaussures blanches. Donc voilà, tous des trucs comme
ça. Parce que je sais alors qu’elle va revenir, ça va être dégueulasse et… et qu’elle devra les
nettoyer. Voilà, c’est du bon sens.
Shan : Si toi, tu devais… idéalement le règlement vestimentaire à l’école, tu dirais quoi ?
Marcel : Je serais quand même moins restrictif, je serais quand même plus libre dans
l’approche des… des règles et je n’interviendrais que vraiment quand j’estime que les … les
limites… euh… sont dépassées et qu’on serait dans une logique de pure provocation ou que
ce n’est pas adapté, tu vois. En tout cas, je n’en serais pas à un point euh…
d’accroche…euh…régulier avec les élèves. Parce que ça crée de la tension, ça crée de
l’animosité entre éducateurs, entre élèves, entre direction en permanence pour des choses
qui… pour me semblent assez quand même…euh… futiles.
Shan : Parce que… quelque part… quelle est la philosophie derrière… ? Tu vois le code
vestimentaire à l’école…
Marcel : Ben je te dis, c’est un excès de discipline, de rigueur qu’on veut imposer, parce
qu’on estime que… que la finalité d’une école, c’est une mesure des points uniquement… à
… à … non, pour moi, on peut avoir une mauvaise école… avoir un mauvais enseignement…
même si du matin au soir, on sait que tous les élèves sont là de 8h10 à 16h15… et qu’il y a
pas un bruit à l’école et que… qu’il n’y a pas d’absences injustifiées, mais c’est pour ça que
l’école a… que l’enseignement est bon hein…voilà. Ca me parait quand même assez loin,
pour moi, dans la hiérarchie des priorités dans une école, même si, à un moment donné, ça
doit y être hein. Euh… Ce n’est pas non plus la foire hein.
Shan : Et quand tu penses à la foire, c’est… c’est quoi par exemple ?
Marcel : Ben… si… imaginons que des gens viennent avec des costumes de carnaval, c’est
pas adapté, je vais dire. Et si à l’occasion d’une activité… en lien avec le carnaval ou de la St-
Nicolas, des élèves, des rhétos, que les rhétos sont déguisés… et que cette une journée un
peu… un peu plus… humoristique, c’est une tenue adaptée. Voilà. Si… si… c’est dans le
courant du mois de mars, je me poserais des questions.
Shan : Et toi, en tant qu’étudiant… t’en gardes quoi comme souvenirs ?
Marcel : Non… moi, je n’ai jamais eu de soucis ou de remarques par rapport à ma tenue
vestimentaire… adaptée, pas adaptée… Euh… Je n’ai jamais eu de problèmes. Je sais que ça
focalise plus sur les … sur les jeunes filles. Mais j’étais pas non plus un adepte, par exemple,
du… du bermuda. Moi, je ne souffre pas assez rapidement de la chaleur. Donc euh… je sais
que des hommes ou des jeunes garçons, que dés qu’il fait 20°C, ils mettent des bermudas.
Moi, franchement, il me faut déjà beaucoup pour que je sorte le bermuda. C’était peut-être
aussi parce que je souffre moins vite de la chaleur. Moi déjà, il faut qu’il fasse au moins 30°C
pour commencer à ressentir de la chaleur.
Shan : Et alors… ton impression, que c’est plus focus sur les filles… ?
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Marcel : Euh…oui, je sais pas, je sais pas. C’est peut-être… un âge particulier, qu’on est en
mutation…dans le corps des filles… c’est peut-être aussi l’âge des premières rencontres… je
ne sais pas si on veut réglementer ce genre de… de relations, donc euh… Et que ça peut aussi
jouer entre… entre les relations entre les élèves quoi… à un moment donné…
Shan : Tu penses à quoi ?
Marcel : Ben voilà… à partir de… je ne sais pas moi où on situe l’âge hein… de… de la
libido …12-13-14-15-16 ans… on peut aussi avoir des… des attirances, tu vois… entre
jeunes… et que… c’est vrai que des fois, une tenue peut… peut susciter des idées chez les uns
et chez les autres quoi.
Shan : Tu penses à quelles tenues par exemple?
Marcel : Ben… une tenue on va dire euh… qui serait exagérément dévêtue, tu vois. Ben … on
va … qui aurait peut-être le don de susciter tout un tas de réactions …à d’autres jeunes filles
ou d’autres garçons, enfin voilà… Mais je crois que, mais … malgré ça, je pense que quand
même que… l’être humain est quand même… capable de résister hein. Je veux dire… on
n’est pas non plus des animaux, tu vois. Euh… Là, je sais que c’est une matière sensible, je
ne… Je ne dis pas qu’une tenue doit nécessairement engendrer une réaction hein, tu vois… là,
c’est pas… faut mal me comprendre hein, tu vois. Mais peut-être que je dis… dans le chef de
certains… peuvent assimiler le fait d’avoir des … des tenues dévêtues une forme de… euh…
de réactions susceptibles d’être engendrées… Surtout peut-être chez des plus jeunes, qui sont
pas… pas habitués et qui n’ont pas encore évolué dans leur.. vie sentimentale, émotionnelle…
sexuelle. Tu vois…
Shan : Je ne sais pas si tu pensais à d’autres choses par rapport au règlement vestimentaire à
l’école ?
Marcel : Non… c’est vrai que je ne m’étais pas vraiment la question.
Shan : Et ici… je me demandais… les filles, elles… elles l’ont vécu comment ? Elles t’en ont
parlé où ?
Marcel : Ben de temps en temps… C’est peut-être plus la petite, qui est un peu plus
rebelle… « Ouais, t’as vu, la préfère a encore fait ça… elle m’a dit que ma jupe était trop
courte… »… Donc voilà… Maintenant, je ne porte pas la prétention de faire de la police
quoi… donc euh… « Tant que tu es là, tant qu’elle est là… est que le règlement
d’application… faut… faut… s’y conformer »… ça oui…oui.
Shan : Mais… alors… c’est fort basé sur le ressenti de la préfète…
Marcel : Oui, je sais pas pourquoi. Mais en plus, elle fait… elle assume cette mission elle-
même. Ça veut dire qu’elle se met à l’entrée… Mais je suis quand même des fois un peu
étonné des critères qu’elle se fixe… elle se met à l’entrée et elle fait elle-même le check-in tu
vois… C’était comme si on était dans un check point et qu’elle dit « Vous, ça va » ou « Vous,
ça va pas » hein, tu vois.
Shan : Et… et les enseignants là-dedans ?
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Marcel : Ah les enseignants n’ont pas de trucs là-dedans… n’ont pas… euh… les enseignants
n’ont pas leur mot à dire. Ce n’est pas leur mission, je vais dire hein. C’est… c’est la direction
avec l’étiquette euh…
Shan : Et les éducateurs ?... Ils reçoivent des consignes de la préfète ?...
Marcel : À mon avis, oui, oui. Mais bon… les éducateurs n’ont pas tous la même approche
quoi. Mais bon, à partir du moment où la préfète euh… estime que c’est important. Donc
euh… ils sont… les éducateurs sont sensés quand même suivre la même direction hein.
Shan : Et du coup… euh… les filles n’ont connu que cette préfète ?
Marcel : Oui oui.
Shan : Et… quelque part… ce serait donc la politique de la préfère entre guillemets… ?
Marcel : Je pense que… euh… juste un règlement qui dicte des termes assez vagues, même
pas … quand tu définis, c’est pas… c’est pas facile « décence ». Après je veux dire… euh…
sur base de ça, tu peux avoir une action différente hein… La question, c’est se dire euh…
voilà. Tu fixes les limites de la décence.
(Fin)

Entretien 8

Shan : Donc voilà… ton avis, très général, sur l’école et son rôle par rapport aux élèves, tu
dirais quoi ?... Ta vision ?
Ingo : C’est très très vaste comme question… C’est très très large.
Shan : Quel est son rôle d’après toi ?
Ingo : Le rôle de l’école… Moi, je dirais… augmenter la culture des enfants et de leur
apprendre un tas de choses. Maintenant, c’est vrai que quand on dit apprendre des choses aux
enfants… dans le cadre scolaire quoi… C’est vrai… qu’il y a souvent… cette limite où on a
tendance à dire « ils n’ont qu’à faire ça à l’école », ça devient presque de l’éducation. Donc,
c’est vrai je dirais… leur apprendre le plus de choses possibles. Et peut-être un truc que moi,
ça m’a manqué à l’école. Donc c’est plutôt ce que l’école ne fait pas, que plutôt ce que l’école
fait (rires). Ben plutôt ce qu’elle pourrait faire… C’est… vers la fin de la scolarité, apprendre
plus à l’enfant à rentrer dans la vie active. Ça, je pense que ça manque parfois. Peut-être
manque de stages ou… des choses comme ça. Je trouve… on reste peut-être trop dans le
théorique peut-être à l’école. Donc voilà, ça dépend peut-être aussi des écoles qui pensent
qu’elles… ne sont pas toutes identiques. Ben moi je dirais apprendre le plus de choses
possibles et à la limite… peut-être même trop de choses pour que l’enfant puisse après choisir
et voir ce qu’il lui plait, ce qu’il lui plait pas.
Shan : Concernant… de manière générale, les mesures vestimentaires à l’école… qu’est-ce
que toi, d’une part, ça t’évoque… qu’est-ce que toi, t’en penses ?
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Ingo : C’est vrai que… c’est peut-être la question principale … J’en pense qu’il y a du pour et
du contre. Y a du pour et du contre. C’est vrai que… je trouve que la tenue vestimentaire
parfois peut permettre … justement de donner une identité à l’enfant. Tu vois ? Ceux qui
s’habillent de manière plus originale… ou peut-être plus sportive ou peut-être plus classique.
Chacun a son style et ça permet peut-être de mieux comprendre parfois le… à qui on a
affaire… ou à qui on veut discuter. Et d’un autre côté, comme des fois ça peut créer des
différences. C’est vrai qu’un costume, ça mettrait tout le monde sur le même pied d’égalité.
C’est vrai que ce serait peut-être un petit peu vieux jeu de demander à tout le monde de mettre
un costume, mais… Mais… Il y a à boire et à manger dans les deux. Maintenant, ce que j’en
pense, c’est vrai que… Je pense qu’il y a un minimum. Parfois les enfants veulent aller euh…
quasiment en slashs à l’école, ben là… il faut gérer. Et d’un autre côté, c’est vrai que si c’est
son style, c’est quelqu’un qui est plus baba cool, qui est plus tranquille… c’est pas pour ça
qu’on fera un moins bon élève quoi.
Shan : Quand… quand on évoque les mesures vestimentaires, tu… tu penses à quoi comme
mesures par exemple ?
Ingo : Je vais prendre l’exemple où Clara, elle.. elle aime bien mettre des shorts. Et elle dit
« oh non, on ne peut plus aller à l’école en short ». Elle s’étonne d’être embêtée parce que les
garçons peuvent et les filles pas. Donc c’est vrai que c’est déjà bizarre aussi … de… de faire
des différences par rapport à ça. Mais… moi, ça ne me choque pas quelqu’un vienne en short,
maintenant… De nouveau, y a short et short. Tu peux peut-être venir avec un pull qui fait
habillé et un pull qui … qui fait un peu déplacé donc… Je pense que … y a ça. C’est vrai
qu’on avait reçu ça dans une circulaire au début de l’année scolaire où on mettait « les shorts
sont interdits à l’école ». Bon, moi je me suis dit « c’est peut-être un peu exagéré »… mais
bon, c’est vrai qu’il y a short et short.
Shan : Et on… on leur a expliqué à Clara pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas porter son
short ?
Ingo : Je ne pense pas parce que c’est vrai que… quand elle avait dit une fois, qu’elle avait
mis un short qui était un bermuda, qui était vraiment juste au-dessus du genou… c’est vrai
que ça faisait habillé mais c’était un peu… Et je crois qu’elle a eu une remarque en disant
« Tiens Clara, pas de short à l’école ». Alors elle dit que d’il y a d’autres qui mettent des
mini-jupes à… à ras de l’ fesse et ça… c’est pas grave. Donc c’est vrai que quand c’est un
short qui fait plus habillé et une jupe qui est un peu limite… C’est bizarre d’autorisé la jupe et
d’interdire le short.
Shan : Dans la même école ?
Ingo : Ben oui, à l’Athénée.
Shan : Et euh… cette différence… je ne sais pas… ça s’explique ? Ou ?
Ingo : Ben moi, je n’ai pas été plus loin. Je lui ai dit « Ben écoute, c’est vrai qu’il est marqué
qu’il ne faut pas mettre de short, n’en mets pas ». Moi j’dis, si un jour t’as un problème parce
que tu mets quand même un bermuda au-dessus des genoux ben… je lui ai dit « On peut peut-
être aussi te défendre »… Mais c’est vrai qu’on lui a fait la remarque, mais après y a pas eu de
plus quoi, tu vois. Et ça n’a pas été plus loin non plus, elle n’a pas reçu de remarque écrite
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ou… tu vois… des points en moins. Donc c’était resté juste à … si ma mémoire est bonne
hein.
Shan : Et… à ton avis, ce serait quoi le but de ces mesures vestimentaires ?
Ingo : Pour moi, ce serait d’éviter des excès comme… je dirais… je vais prendre l’exemple de
ma jupe pour quelqu’un qui viendrait peut-être avec des habits provocants. Mais je trouve
que… aujourd’hui tu peux tout critiquer ou… tout valider. Et c’est vrai que je me dis que si
quelqu’un vient avec une jupe trop courte, autant la laisser. Ça ne devrait pas avoir d’impact
sur son comportement scolaire. Comme il y a des choses, moi je vais peut-être mettre une
limite là. Et un autre la mettra un peu plus bas ou un peu plus haut. Mais je… Pourquoi ils
instaurent ça, je ne sais pas. C’est peut-être histoire de dire « voilà, chez nous, on fait
attention ». Alors que finalement, quand on creuse un peu, ça sert pas à grand-chose.
Puisqu’ils autorisent des fois des choses plus courtes en jupe alors qu’en short, c’est interdit.
Shan : Ouais… y a même de… d’homogénéité dans ce qu’on dit aux élèves quoi…
Ingo : Oui. C’est comme quand on dit « short interdit », ben c’est vaste quoi. Qu’est-ce qui est
short, qu’est-ce qui n’est pas short. Qu’est-ce qui est bermuda ? Parce que dans les shorts, on
fait des bermudas aussi. Donc… Mais … y a une histoire… Mais c’est peut-être moins…
moins par rapport à … peut-être au style vestimentaire… Mais c’est vrai que… à l’école chez
nous… et c’est vrai que Christelle m’a raconté une histoire aussi chez eux. Y a parfois des
différences avec les gens qui s’habillent de marques et pas de marques. Donc là c’est vrai que
je pense que… Tu peux pas interdire à quelqu’un de porter des habits de marques. Mais c’est
vrai que quand ça a un impact sur les comportements des élèves, c’est peut-être quelque chose
à lutter. Et alors… c’est vrai que chez Christelle, à son école… c’était… c’était à l’époque des
francs belges… certains portaient des 60 000… Ben quand tu avais 60 000 d’habits, tu
pouvais aller dans le club. Et si t’en avais pour moins, tu ne pouvais pas y aller. Donc c’était
assez comique d’aller jusque là quoi. Et là je me dis « Tiens…là, il y a peut-être aussi une
règle à mettre en place pour éviter une souffrance… »… enfin, je vais pas dire discrimination,
car… il n’y a rien de discriminatoire, mais … je veux dire… tu peux aussi empêcher un autre
de jouer avec toi, peu importe les critères que tu mets en place, et on l’a fait aussi
certainement pour certaines choses. Mais c’est vrai que lorsque la tenue vestimentaire permet
de faire partie d’un club ou pas, ça fait un peu… un peu sourire quand même. Surtout avec le
recul quoi…
Shan : Christelle… elle a connu ça quand elle était étudiante…
Ingo : Oui, quand elle était en secondaire… Mais euh… c’est vrai que j’avais une histoire
aussi. C’est… c’est sympathique aussi de la raconter… J’avais un ami qui était toujours
habillé de marques. Donc il était fils unique, ils avaient les moyens et nous, c’était l’inverse,
tu vois. On n’avait pas toujours facile donc euh… On n’avait… on n’allait acheter des jeans
au C&A, plein de trucs comme ça… Et… je m’entendais vraiment bien avec cet ami… et
effectivement… je dis pas que ça aidait, mais quand tu t’entends avec quelqu’un qui est
toujours bien habillé, on te fout aussi un peu plus la paix, parce que… Et alors, un jour…
quelqu’un avait un polo Lacoste et… mon ami aussi (rires)… Et alors, mon ami dit « Tiens…
ce n’est pas un vrai Lacoste »… regarde ton crocodile-là… on dirait que ce n’est pas un
vrai ». Puis lui était tout gêné parce qu’il n’avait pas un vrai polo « Lacoste »… Il dit « Tu
sais quoi, je vais te donner le mien ». Alors il arrache son crocodile du polo Lacoste : « Je te
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le vends » et l’autre qui dit « Oh ouais, tu me le vends à combien ? »… Et il lui répond :


« Rien ! Je te le donne ». Et il lui donne son petit logo Lacoste, l’autre il était tout content. Il
dit « Il y a juste une différence entre nos deux polos… Toi, c’est toujours pas un vrai Lacoste.
Et le mien bien. » Et tu vois… (rires) C’est comique jusqu’où ça peut aller entre enfants. C’est
qu’on avait 15-16 ans à l’époque… quelqu’un qui n’avait pas les moyens et d’être fier d’avoir
son Lacoste… ça va même à la limite acheter un crocodile pour faire plus vrai… et à côté de
ça… ben finalement, on s’en fout qui est dans le polo. C’est… c’est la personne qui est
importante. C’est… ce n’est pas la marque ni le polo. Et.. c’est vrai que… ben je pense que le
fait d’avoir… pas de costume à l’école, ça peut effectivement créer des discriminations
comme ça entre jeunes quoi.
Shan : Et toi… quand tu étais étudiant… tu … tu… rapport aux mesures vestimentaires ?...
T’en retiens quoi ? Tu vois… le fait qu’on demande « tenue correcte exigée à l’école » …
Ingo : Ben quelque part, ça montre que quand même l’école est un peu plus… on va dire…
plus stricte… c’est vrai que des fois, on entend … par les rumeurs, tiens on entend qu’il y a
des écoles qui sont moins… moins… moins strictes que d’autres. Tu te dis peut-être « Tiens,
y a peut-être moins de discipline »… C’est vrai qu’on attache de l’importance à l’habillement.
Mais… non, je dirais que ça rassure peut-être, qu’il y ait un règlement. Mais maintenant, le
contenu… c’est vraiment… allez, c’est… c’est bien d’en avoir un mais finalement, c’est
tellement vaste qu’on y baigne… Allez, moi je dirais… si on veut faire quelque chose,
faudrait carrément instaurer un costume. Ça, tout le monde a le même et y a pas de discussion
possible. Qu’interdire un short… comme ont dit, ça peut être de longueur différente… style
des habillements trop cool, ben qu’est-ce qu’on entend par trop cool… Donc…
Shan : Ben justement… toi, qu’est-ce que tu mets derrière l’expression tenue correcte exigée ?
Ingo : Ouais, c’est nouveau ce qu’on disait… On a tous des avis différents… Moi, je dirais
que c’est une tenue que je mettrais pour sortir de la maison. Parce que oui… Bon, c’est vrai
que moi, quand je dis classique, normal… Oui, qu’est-ce qu’on mettrait derrière ?... Moi, à
mon avis, dés que tu t’habilles en jeans et… chemise… ou même sweatshirt… et souliers,
pour moi, c’est une tenue correcte. Maintenant, c’est vrai que si c’est pour aller à une soirée
ou à un mariage… euh… je vais peut-être dire… c’est peut-être mieux de mettre un veston et
mettre des souliers plus chics. Dans ça dépendrait peut-être de l’endroit pour voir… où je
devrais mettre une tenue correcte exigée. Je serai plus cool pour une fête d’anniversaire que
d’aller à un mariage ou un enterrement.
Shan : Et… quand on dit « Venez à l’école avec une tenue décente » … ?
Ingo : Oh ben pour moi aussi, c’est venir avec un pantalon, souliers… donc pas aller en slashs
ou en maillot de bain… ou mettre un t-shirt, un sweatshirt ou une chemise…
Shan : Et alors je me demandais… dans le cas de Clara, la personne qui a vu son short… de
quelle façon… selon toi hein… est-ce qu’elle considère… sur base de quels critères elle va
dire « ben ton short il est pas adapté… ». Enfin… tu vois ce que je veux dire ?
Ingo : Oui, je n’ai pas creusé plus loin. Car… pour nous, si on l’a laissé partir comme ça à
l’école, c’est que pour nous on estimait que ça allait. Maintenant, la réaction de l’autre
personne, c’était peut-être juste pour appliquer le règlement. Peut-être qu’ils ont fait une
réflexion à un gosse qui venait effectivement avec un short… tu vois les shorts courts qu’on
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met pour aller faire du sport… parce qu’il y avait peut-être un comme ça, donc du coup… on
fait peut-être la remarque à un et donc on fait la remarque à d’autres aussi.
Shan : Et du coup… lorsqu’il fait 25°C… l’école, elle réagit comment ?
Ingo : Apparemment, ils n’ont pas… à dire voilà on tolère plus parce qu’il fait plus chaud.
Mais je crois qu’à un moment donné c’est un peu plus cool, quand même. De mémoire, avec
les grosses chaleurs… je pense que là, ils ont été plus cool. Là, on n’a pas eu un courrier
disant « Tiens, exceptionnellement, on autorise des… shorts ou le port du short ».
Shan : Et alors… question… d’ordre très générale aussi… selon toi, est-ce qu’on pourrait
s’habiller comme on veut pour aller à l’école ?
Ingo : C’est de nouveau le « comme on veut »… Moi, je dirais oui. Parce que parfois, je suis
justement un peu anti euh… tout ce qui est trop strict, etc. Mais tant que ça reste dans un
canevas correct. Maintenant le canevas correct, c’est quoi ? C’est effectivement ne pas aller
en maillot de bain. C’est vrai que celui qui veut aller en basket et en jeans, pour moi y a pas
de souci d’aller à l’école comme ça. C’est vrai que si c’est pour aller en slashs ou en Crocs, je
dirais peut-être que ce serait peut-être mieux de mettre des souliers normaux. Maintenant…
c’est vrai que ça n’empêche pas un élève de bien travailler en Crocs à l’école.
Shan : Ouais… Est-ce que Christelle et toi, vous portez attention aux vêtements des enfants
ou… vraiment… pas du tout ?
Ingo : Christelle plus que moi. Et… c’est vrai que.. Allez, Clara… C’est vrai que c’est
marrant d’avoir les deux exemples à la maison… Clara, c’est vrai qu’elle, elle s’en fiche un
peu plus. Donc elle, elle ne va pas faire attention. Pour elle, si elle a une tache sur son sweat,
ce n’est pas grave. Que Tom, lui, il va vraiment faire attention. Ben lui… à la limite, tu
pourrais dire « Là, il va à une soirée et pas à l’école ». Et alors qu’on a pris… on a éduqué
entre guillemets les deux de la même façon. Mais… C’est vrai que Clara est peut-être un
exemple… c’est pour ça que tu devrais peut-être l’interroger aussi, je ne sais pas si tu
interroges les enfants… Moi, je dis toujours… Qu’est-ce qui m’avait dit cette phrase ?... Qu’il
y a des gens qui s’habillent pour ne pas être tout nu ou d’autres… Et c’est vrai que Clara
s’habille pour ne pas être toute nue. Mais elle ne va pas mettre trois heures pour s’habiller ou
mettre des habits. Et alors que Tom, il est complément à l’inverse. Il va essayer deux jeans
différents pour être sûr que ça aille bien. Mais non, c’est vrai que Clara est beaucoup plus cool
au niveau vestimentaire. Oh… moi je les laisse vraiment faire. C’est vrai que Christelle,
parfois elle dit à Clara « Tiens, va peut-être mettre autre chose. Ne sors pas comme ça. » Donc
Christelle fait un peu plus attention que moi. Elle fait peut-être plus attention aux « on-dit »…
Puis, c’est vrai… Maintenant c’est peut-être sexiste… généraliste… de parler comme ça. Je
pense que c’est plus le rôle de la mère. Mais c’est vrai que Christelle s’est toujours plus
occupé un peu des habillements des enfants que moi, tu vois. Pour acheter des habits aussi ou
quoi. Ce sera plutôt Christelle qui va aller que moi. Que moi, même si je vais avec eux, je vais
les laisser choisir sans regarder trois fois. Que Christelle, elle va avec eux, elle va essayer
avec eux. Mais je pense aussi qu’elle a le plaisir à bien s’habiller. C’est peut-être pour ça
qu’elle attache plus d’importance aux enfants, parce qu’elle-même…
Shan : Alors maintenant… je vais te montrer deux photos… (réglage technique) et dis-moi ce
que t’en penses dans le cadre de l’école… en termes de décence… Qu’est-ce que toi t’en
penses ?
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Ingo : Pour moi, c’est très décent.


Shan : Pour toi, c’est quoi ce qui serait pas décent ?
Ingo : Ben… peut-être ne pas mettre de jeans ? Peut-être un … short… ou une jupe très très
courte.
Shan : Mais là… pour toi, aller à l’école ? C’est…
Ingo : Au niveau dessus un plus grand décolleté. Bon maintenant allez… Décent, ce serait
peut-être pas le mot… Je dirais peut-être plus « approprié » que décent. Parce que… allez…
je suis fort tolérant donc moi je dis souvent aussi… C’est vrai aussi que… au travail… un
collègue mettait souvent un vêtement grand décolleté… et c’est vrai que comme… comme
chaque être sensible, on jetait parfois un coup d’œil… et là alors… elle avait toujours un
malin de dire « Ah tiens, tu regardes mon décolleté ». Ben j’dis « Ben oui… si t’as pas envie
qu’on te regarde, n’en mets pas ». Donc quelque part, quelqu’un qui en met, ça ne me dérange
pas. Mais quelqu’un qui fait une réflexion parce que tu regardes… ben ça, ça me dérange
plus. Mais vraiment, je ne suis pas vite vite choqué des habillements ou… c’est plus par
rapport au contexte et ce qu’on en fait quoi.
Shan : Dans le contexte de l’école, cette tenue, tu la trouves appropriée quoi…
Ingo : Oui oui… c’est pas choquant.
Shan : Je vais te montrer la deuxième photo… idem, dans le contexte de l’école…
Ingo : Ça ne me choque pas non plus. Je dirais même… que c’est un peu plus habillé que
l’autre personne. Je dirais qu’elle est aussi décente que l’autre.
Shan : Ok. Je vais arrêter… Euhm… Si toi… tu devais apporter une amélioration au… à tout
ce qui touche aux mesures vestimentaires, tu penserais à quoi ?
Ingo : Moi je serais plus de laisser un peu plus de liberté dans le sens où… on découvrirait
peut-être autre chose. Allez, je pense aux mélanges de cultures qu’on a aujourd’hui. Allez,
c’est vrai qu’il y a des pays où les gens s’habillent complètement différemment. Y a peut-être
moyen de comprendre mieux les autres si on accepte leur habillement… C’est vrai que le
costume, je trouve ça un peu strict. C’est vrai que ça pourrait être pas mal pour éviter des
discussions. Donc c’est vrai qu’il y a à boire et à manger dans les deux. Mais je serai plus
pour une liberté quasi totale pour l’habillement. Mais c’est vrai… quelle est la limite du
décent, du pas décent…
Shan : Pour toi, ce seraient quoi les limites ?
Ingo : Je crois que j’en aurais très peu je crois… C’est vrai que… que c’est difficile de dire
peut-être… où est la limite… parce que c’est vrai que pour moi… à l’école, ça reste quand
même un endroit très ouvert et faut que les gens apprennent des choses à l’école. Donc
l’habillement en fait partie aussi. C’est vrai qu’il y a peut-être peu d’intersection. Mais
maintenant, c’est vrai que… Moi, je vais peut-être te dire que certaines tenues, je les trouve…
euh… décentes, qu’un autre « ben non, pour moi, c’est à la limite de l’indécence ».
(Fin)
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Entretien 9

Shan : Qu’est-ce que toi, tu penses, de manière générale… le rôle de l’école ?


Isabelle : Ben c’est éduquer les enfants, déjà une chose… L’éducation en plus de la maison.
Donc une éducation, voilà… Leur apprendre les choses de la vie… Parfois, ça vient plus
facilement d’une personne extérieure que des parents et de la famille. Donc euh voilà (rires)…
Shan : Et alors… au sein de l’école… selon toi, à quoi servent les mesures vestimentaires ? Et
alors… quand je dis mesures vestimentaires, je pense à … venir à l’école avec une tenue
correcte ?
Isabelle : Moi, je suis totalement pour. Maintenant, il y a des écoles qui sont totalement plus
strictes que d’autres. C’est vrai que … mais… Je vais parler comme j’ai des filles, voilà… je
trouve que les filles, c’est important d’avoir une tenue vestimentaire correcte, donc euh…
pour ne pas aller à l’excès non plus. Et voilà… maintenant, il y a le règlement et le règlement.
Parfois, dans certaines écoles, parfois le règlement il est écrit… mais parfois, c’est pas… pas
voilà… parfois, il n’est pas bien suivi. Mais de toute façon…
Shan : Quand tu dis que le règlement, il est strict, tu penses à quoi par exemple ?
Isabelle : Ben … les tenues pour les filles par exemple. Les tenues pas trop courtes… pas trop
dévoilées les parties du corps, etc. Donc euh… voilà, les coiffures un peu extravagantes. Et
tout ce qui est un peu… Donc voilà… je trouve qu’à l’école, ça leur apprend quand même
pour plus tard au travail dans une tenue correcte, donc euh… il faut… il faut apprendre à se
tenir correctement en public je veux dire.
Shan : À l’école à Waimes, ça… ça se passe comment ?... C’est comment ?
Isabelle : En fait… l’école à Waimes, je pense qu’elle… pour le dessous, en fait… elles
doivent mettre la main le long du corps et ça doit arriver au-dessous de la main… je crois que
ça doit arriver mi-genou, je crois… ou jusqu’au-dessus du genou, donc euh… et le dessus,
logiquement ça ne doit pas être des crop tops ou des choses qui découvrent le corps. Mais
voilà… je pense qu’il y en a certaines qui le font… et parfois, ça passe quand même donc
euh…
Shan : Et celles qui respectent pas… elles… y pas…
Isabelle : Parfois on leur fait des remarques, mais… des fois, ça passe. Je sais que… Océane
dit que parfois… il y en a celles dont… dont on le ventre donc euh… mais voilà. Par exemple,
à l’Athénée à Malmedy, d’après ce que j’entends, c’est beaucoup plus strict en fait, voilà
quoi… Quand les filles sont en mini-jupe, ils mettent des blouses de … chimie… pour cacher
quoi, voilà quoi. Ca dépend petit peu… (rires) Oui, y en a certaines qui se sont retrouvées en
blouse de chimie pendant toute la journée pour cacher leur mini-jupe, donc euh… donc voilà.
Mais au moins, ça leur apprend et je suppose que le lendemain, elles ont compris donc euh…
(rires). Mais à Waimes, Océane m’a déjà dit que… certaines parfois… le ventre un peu plus
découvert ou des choses comme ça… ou des jupes fort courtes, et parfois… ça passait donc…
Shan : Océane, elle … a déjà été confrontée à ça… ou pas du tout ?...
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Isabelle : Euh…non. Non non. Ça… maintenant du côté des marques, je trouve quand même
que… voilà… La mode des marques, comme toujours hein… à notre époque, c’était la même
chose aussi. C’est beaucoup et… quand on fait les magasins… elles disent souvent « Rho
maman, je me demande comment elles arrivent à se payer ça » parce qu’à … 16 ans, elles
sont avec des marques de sport et des choses qui coûtent très cher.
Shan : Et… elle ressent quoi en fait ?... Quand elles t’en parlent ?... Ou même toi quand tu
étais étudiante ?
Isabelle : Ben c’est un peu comme de la discrimination parce qu’en fait… c’est un peu avec
les moyens des parents quoi, donc euh… Et voilà, je pense que… elle le prend bien. Je pense
qu’elle le sait, quand on va dans des magasins, il ne faut pas dépasser un certain budget…
Maintenant, y en a qui travaillent pour se les payer. Donc de ce côté-là ben… Elle ne
demande pas spécialement à travailler parce que nous, on lui paye entre guillemets pas tout ce
qu’elle veut, mais on lui paye quand même. Mais au sinon voilà… elle est raisonnable de ce
côté-là. Je pense que c’est… elle n’est pas un frein… elles sont 3-4 à être dans le cas, à ne pas
avoir des vêtements de marque, etc. Mais… elle n’a jamais reçu de moqueries, des deux
côtés… parce qu’elle n’avait pas de remarques, ça non… Elle n’a jamais… donc voilà.
Shan : Euh… je me demandais… est-ce qu’on pourrait s’habiller comme on veut à l’école ?
Je ne sais pas ce que toi t’en penses ?
Isabelle : Non, moi je trouve que… voilà, il doit y avoir un règlement, et c’est… et c’est
obligé. Maintenant, ça dépend de la personnalité. Moi j’ai toujours eu… une éducation où
on… je ne me suis jamais habillée de manière provocante non plus. Et je trouve l’époque où
on vit… il y a le harcèlement… voilà… c’est quand même… faut quand même faire
attention… comment est-ce que les filles surtout… ‘fin voilà, ce sont surtout les filles les
filles… Maintenant, je pense que les garçons, qu’à un moment donné il y avait une révolte
parce qu’il ne pouvait pas se mettre en short ou en bermuda, donc… c’est un peu la même
chose du côté des garçons aussi en fait… Pourquoi eux lorsqu’il fait chaud, ils devraient
s’habiller euh… voilà en pantalon. Mais euh… Mais voilà je n’en pense que du bien. Je ne dis
pas de revenir à l’uniforme quand même, mais voilà… Je trouve ça juste bien, je trouve.
(rires)
Shan : Et notre époque, tu la décrirais comment ?...
Isabelle : J’ai pas l’impression… je pense qu’il y a toujours eu des filles qui s’habillaient de
manière provocante et qui s’habillent de… enfin voilà… les marques, toujours la guerre des
marques. Voilà, certaines écoles sont réputées pour être… voilà, où il y a beaucoup des
marques. Voilà… Moi, quand j’étais jeune, j’étais dans une école où c’était pas tellement…
tellement ça… Mais mes sœurs… enfin voilà… Ma sœur à Verviers, c’était quand même…
les marques, les marques… Malgré que mes parents n’avaient pas les moyens, donc il
fallait… il fallait qu’on tienne et c’était … c’était comme ça, donc. C’est un peu une
discrimination et ça l’est toujours quand même.
Shan : Par rapport à l’expression… « tenue correcte exigée à l’école », ça t’évoque quoi ? …
Concrètement ?...
Isabelle : Ce … ce que ça veut dire ? Ben, correct… euh, ben… de nouveau …’fin… un peu
comme si on devait se projeter dans la vie au travail… enfin, si on allait au travail. Ou pour
51

euh… ‘fin voilà… pour les examens oraux, ben… c’est quand même voilà. Des jupes pas trop
courtes, mais quand même jupe et chemisier pour moi. Je parle souvent aussi quand ils sont
plus âgés aussi. En primaire… c’est plus… y a moins de règles je suppose. Mais… Mais au
sinon, dans le sens inverse, ben voilà… les jeans troués, un peu… enfin… voilà quoi. C’est …
Shan : Et pour toi, c’est quoi une tenue provocante ? Tu dirais quoi ?
Isabelle : Pour les filles, c’est surtout les… les tenues courtes en fait. Les tenues courtes et…
les tenues où… où c’est… où on montre le ventre euh… Je sais qu’il y a eu beaucoup de
débats sur ça en fait. Parce que beaucoup de filles disent que ce n’est pas provocant d’être
comme ça, mais euh… Mais voilà, c’est plus… euh… ‘fin… c’est… De toute façon… Il y a
des gens qui aiment bien attirer le regard, donc si ce n’est pas sur la tenue, c’est sur la coupe
de cheveux, voilà… Les … Le genre punk. Ou le genre gothique ou comme ça, que je pense
dans les écoles ne sont pas autorisés non plus.
Shan : Je vais te montrer deux photos… (réglage technique) Alors c’est juste pour te
demander ton avis… dans le contexte de l’école… voir ce que toi t’en penses en termes de
décence… donc pour l’école.
Isabelle : Ah moi je trouve ces photos-là quand même correctes. Ce… n’est pas provocant du
tout.
Shan : La première ?
Isabelle : La première, pour moi… pour moi, personnellement, en été, même quand je vais en
ville, je porte des tenues comme ça, donc euh… maintenant, je ne sais pas si dans les écoles,
c’est autorisé. Maintenant, dans les écoles, je ne sais pas si c’est autorisé les épaules
dénudées… que… non, pour moi, c’est des tenues très correctes. Ça, y a pas…
Shan : Et Océane, elle pourrait mettre ça… à l’Athénée à Waimes, tu penses ?
Isabelle : Concernant la première photo, je ne serais pas si sûre… Je ne saurais pas te dire.
Mais la deuxième photo, je ne vois pas ce qui pourrait… Oui, Océane a souvent des vestes en
cuir avec… euh… des petits tops et un jeans, donc… euh… Mais je ne serais pas si sûre
qu’Océane en été porterait… elle pourrait le porter de toute façon, ça oui oui oui.
Shan : Donc… imaginons… Océane porte le débardeur rayé… toi, ta réaction… pour l’école
hein… toi, tu réagirais ?...
Isabelle : Non… non… pour moi y a pas de… le décolleté n’est pas trop plongeant, donc
euh… Ben, non, pour moi. Faut pas non plus, quand il fait très chaud… Non, c’est une tenue
que j’autoriserais à Océane… même à Amélie… Fin voilà, puisque… La deuxième est là
aussi, elle est en 1ère secondaire. Donc ça, ce sont des tenues où je ne serais pas du tout
choquée… je ne la renverrais pas se rhabiller si elle va à l’école comme ça.
Shan : Et alors… je me demandais… comment est-ce qu’on arrive… à nouveau, en… en se
mettant dans la peau du personnel scolaire… comment reconnaître une tenue normale d’une
tenue anormale ? Pour toi, ce seraient quoi les limites, les critères ou… ?
Isabelle : Ben ça doit être difficile pour l’école, oui, en effet… de se mettre d’accord. Parce
qu’il y a toujours des gens qui… qui trouverait que la première tenue c’est déjà trop dévoilé le
corps, les bras nus, etc. Donc euh… Mais… voilà… Moi, le critère, j’ai toujours eu euh…
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tout ce qui est le haut, c’est… voilà… ne pas trop… quand on se penche, ne pas voir les
décolletés trop plongeants et la poitrine, etc. Et je pense que dévoiler le ventre, le nombril…
pour moi, il y a des tenues de vacances et des tenues autres. C’est vrai qu’en vacances, on
peut se permettre de tout, mais… euh… Mais voilà. Maintenant, c’est ça que… Maintenant, le
bikini est à la mode. On est à une époque où on fait beaucoup euh… des bikinis, etc. Donc
parfois… on n’est pas choqué… des filles quasi… on dirait des soutiens-gorges bikini, on ne
sait pas vraiment, mais euh… Mais voilà, c’est plutôt ça.
Shan : Et à ton avis… qu’est-ce que les jeunes retiendront de tout ça par rapport à leur vie
future ?... Tu vois l’impact positif ou bien négatif… je ne sais pas…
Isabelle : Ben ça dépend un petit peu comment prend l’adolescent aussi… S’il le prend mal, il
va peut-être se révolter… et plus tard alors s’habiller vraiment, ‘fin voilà… oui, provocant,
parce qu’étant jeune, on lui a interdit donc euh… Mais du fait que moi j’ai eu l’éducation
comme ça, je le refais à mes filles, ben… je pense que pour moi, y a que du positif. Voilà… je
pense qu’elles ne … elles ne sont pas… euh… frustrées de ne pas pouvoir s’habiller euh…
comme elles le veulent, enfin voilà… avec des marques ou des euh… de toute façon, je ne
pense pas que ce soit le caractère de mes filles. Voilà… Maintenant ça peut très bien changer
aussi. (rires) Et l’influence beaucoup aussi, je pense… Je pense que s’il y a des copines, je
pense qu’à un moment donné, les enfants ont envie de s’habiller comme ça… Voilà, il suffit
de shopping entre copines pour qu’elles reviennent avec des choses euh… qui ne sont pas du
tout dans sa garde-robe, mais… euh… voilà, ’fin… Ça dépend un peu de la personnalité du
jeune, je pense.
Shan : Tu verrais quelque chose à améliorer dans… dans tout ça ?
Isabelle : Non… Non, je pense que euh… les … les… c’est fait comme ça. Je pense que pire,
on ne saurait pas. À moins de … de redescendre, je pense… Qu’à l’époque… redescendre
dans la mentalité de tout le monde, comme euh… comme à un moment donné, il y a eu la
révolte des mini-jupes dans les années sixties qu’avant ils ne pouvaient et… voilà,
maintenant, la femme est libre de s’habiller comme elle veut, donc euh… Je pense qu’on ne
pourrait pas faire pire que… voilà… Qu’on pourrait faire revenir en arrière alors et… Et
réinterdire les mini-jupes comme dans l’ancien temps, alors voilà… Revenir à une époque
plus bas, on va dire.
Shan : Est-ce que toi… tu penses à autre chose au… euh… règlement vestimentaire à
l’école ?
Isabelle : Non non, je pense que c’est … le principal des discussions euh… en général de tout
ce qui se fait à l’école… entre jeunes, ‘fin voilà… ils discutent beaucoup aussi. Et je sais que
j’ai déjà dans des émissions… des jeunes qui… qui disaient que c’était pas normal, que la
femme était libre… et qu’à cette époque-ci on ne pouvait pas leur interdire… ben oui, de
dévoiler leur corps… de montrer des parties de leur corps… qu’ils trouvaient ça totalement
normal.
Shan : Et… et ces filles-là… par rapport à quoi ? Pour… une raison spécifique ou… ou ?
Isabelle : Non, parce qu’elles se sentaient bien comme ça et que… et que voilà. Maintenant,
c’est leur personnalité, leur style et… et euh… voilà, donc euh… Voilà, moi, je reste toujours
dans ma ligne que … à un moment donné, voilà… enfin, si on n’a pas d’idée sur la tenue
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correcte, ben dans le futur, au travail ou quoi euh… ça ne marchera pas quoi. C’est ça qu’il
faut que les jeunes comprennent… Et que voilà quoi. Quand ils sont à la maison, en vacances
ou… où ils peuvent s’habiller comme ils veulent… mais c’est comme ça, c’est la vie. C’est
comme ça, quand on va au travail, quand on va à un entretien d’embauche… ou… même dans
un magasin… Voilà, c’est vrai qu’à la mer, quand je voyais des gens qui… qui… qui étaient
au magasin au Delhaize en bikini… c’était… c’était (rires) enfin voilà, je trouve que c’est pas
normal non plus là… Il y a des choses à faire et il y a des choses à ne pas faire. (rires)
Shan : Et tu penses que … cette différence de façon de faire, ça viendrait d’où ?
Isabelle : La différence de… de ce que je pense alors... ?
Shan : Qui fait que… que la cliente, elle se balade en bikini au supermarché… enfin, tu vois
quoi ?
Isabelle : Oui… ben oui… c’est sûrement une question de personnalité, parce que peut-être
que ces gens-là ne sont peut-être gênés de rien. C’est ça que… voilà. Je pense que c’est une
question aussi de euh… Oui, de personnalité. Oui… Il y a des femmes qui sont jamais… qui
sont toujours en pantalon, qui n’aiment… se montrer féminines… et qui voilà, sont toujours
en pantalon, en pull et… Maintenant, dans le sens inverse… C’est vrai qu’il y a .. Il y a des
jeunes, à un moment donné de leur époque… Océane a aussi connu ça avec ses copines en
été… Elles voulaient pas se montrer, elles voulaient pas se montrer, elles étaient en pull, en
pantalon, en grosses chaussures… alors qu’Océane était en petite jupette et en singlet, donc
euh… C’est des évolutions que les jeunes ont… et puis, voilà… C’est la personnalité aussi, ça
hein…
Shan : Euh… je t’avais demandé comment… comment est-ce qu’on pourrait définir le mot
« décence » ?
Isabelle : Ah ça… non… tu ne m’as pas encore demandé, non… Comment je peux…
Décence ? Ouh… ça dépend… c’est compliqué ça…
Shan : Oui.. toujours le lien avec le vêtement… tu vois ?
Isabelle : Ben… c’est … c’est un juste milieu… Décence, c’est… ce… c’est difficile (rires).
C’est pas trop vulgaire… c’est… voilà, quoi. C’est… un peu comme tout… c’est un peu le
look de tout le monde… c’est … c’est en général. Voilà. Je vais dire qu’il y a une minorité de
gens qui a un look très très extravagant… au sinon, la plupart de la population, je pense… est
normale (rires). C’est pas facile d’expliquer.
Shan : Oui, c’est pas facile. Tu vois, c’est comme euh… « normal », tu vois ? « Normal », tu
vois ?
Isabelle : Oui oui oui…
Shan : Tu dirais quoi toi par exemple ? C’est quoi une tenue normale pour toi ?
Isabelle : (rires) Une tenue normale, c’est… c’est… c’est un pantalon, c’est… je ne saurais
pas te dire. De nouveau, c’est toujours les clichés, mais je veux dire… oui… les jupes, c’est
pas trop court. Les shorts non plus euh… Ben de nouveau, les tenues du haut, c’est pas trop
provocant non plus. Et voilà, mais ça dépend un peu de la … la personnalité. Maintenant
quand on voit des gens… des gens gothiques ou des punks, c’est vrai qu’on est… toujours…
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un peu gêné. Eux pas du tout à mon avis. Mais c’est nous qui sommes plus gênés que eux,
donc euh… parce qu’ils sortent de la normale, c’est ça.
Shan : Et alors… comment tu pourrais définir… une tenue vulgaire ? Par exemple ?
Isabelle : Euh… Vulgaire, pour moi, c’est … c’est trop court en fait. Trop court euh… et qui
dévoile vraiment… voilà, ça dépend… dans quelles circonstances je vais dire… Maintenant,
lorsque je vois les… les actrices à la télévision dans les Music Awards ou les… les.. À
Cannes, etc. qui dévoilent la moitié de leurs seins ou des choses comme ça, je trouve quand
même que… c’est pas… c’est pas un endroit pour dévoiler ses seins quoi… À la plage, quand
on fait du monokini, pour moi, c’est pas vulgaire, c’est la tenue à l’endroit précis. Y a rien qui
me choque, voilà… le monokini, le nudisme, etc. ne me choquent pas dans ce contexte-là,
mais dans d’autres contextes euh… voilà…
Shan : Tu pensais à autre chose ?...
Isabelle : Non, non, non… Je pense euh… Voilà, c’est… c’est … C’est peut-être, voilà. C’est
difficile à expliquer parce que… voilà, c’est … c’est son ressenti personnel, c’est sur
l’éducation souvent et… Et voilà, quoi donc euh… Maintenant, c’est vrai que le point de vue
d’un point n’est peut-être… pas du tout la même chose par rapport à la fille, donc euh… voilà.
À mon avis, ça doit être plus… Je suppose qu’un père n’aime pas… (rires) … que sa fille
s’habille d’une certaine façon, donc euh… voilà, c’est bien d’avoir l’avis des parents des deux
côtés, donc voilà.
(Fin)

Entretien 10

Shan : De manière générale, qu’est-ce que toi tu penses du rôle de l’école ?... Ça sert à quoi ?
Pour les enfants…
Daty : Ca sert à … c’est pour l’avenir des enfants. Pour… Pour moi, je dirais pour devenir
quelqu’un… Je dirais des gens… pour être cultivés… pour leur travail plus tard. Pour la vie
de tous les jours. L’éducation à la maison, ça ne suffit pas. C’est pas la même chose. C’est
intelligence différente. Nous, on éduque autrement. À l’école, on donne … comment on dit
ça ?... C’est… instruire pour le futur.
Shan : Et alors… par rapport au règlement vestimentaire… à l’école ? À quoi tu penses que ça
sert… Tu vois ? Quand on dit aux enfants de leur dire de venir avec une tenue correcte exigée
à l’école … ça leur sert à quoi ?... Pour toi ?
Daty : Moi, je pense… comme moi, je dis toujours à mes filles de s’habiller correctement à
l’école parce que c’est aussi la vie de plus tard, quand tu te présentes au travail… n’importe…
par exemple, tu ne vas pas aller avec des pantalons déchirés… ou les vêtements courts, le
ventre dehors, ça… ça ne fait pas… ça ne présente pas de la personnalité… une personnalité
d’une personne… Une personne doit bien s’habiller pour euh… pour… je pense que c’est…
je ne sais pas comme le dire… parce que je dis souvent ça à mes filles. Ça leur arrive de
mettre un pantalon déchiré et on leur dit que c’est interdit à l’école. Et moi je leur dis « C’est
normal parce qu’à l’école, on apprend quelque chose ». Juste comme aller au travail. C’est…
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c’est du respect. Tout ce qui représente le corps doit être caché, doit être respecté… Je trouve
que c’est normal.
Shan : Les filles… elles… elles… ça se passe comment à l’école ? ‘Fin… on leur dit quoi ?
Daty : Par exemple les filles me disent à l’Athénée à Mamedy… La grande m’a déjà dit que la
préfète, elle n’aime quand les enfants portent des vêtements un peu déchirés... Quand elle les
voit, par exemple… à la récré… comme une de ses amies… parce qu’elles m’écoutent, elles
sont devant moi. Elle portait un habit déchiré et tout. Euh… ils lui ont mis une blouse de
laboratoire, ils l’ont mis dessus pour se couvrir parce que le vêtement était vraiment très
très… vraiment dévoilant hein. Moi je dis que c’était bien parce que déjà, c’est quelque chose
que ils nous disent, les parents au départ… C’est des choses qu’on devrait respecter. Quand
un enfant qui sort comme ça, je me demande est-ce que les parents l’ont vu en sortant… ou il
se cache comme ça en sortant ?... Quand… ça se peut, je pars au travail et ma fille, je ne l’ai
pas vue. Mais c’est quand même moi qui achète les vêtements. Donc je leur dis qu’il faut
s’habiller correctement. Parce que moi je dis que c’est du respect vis-à-vis des autres et de
soi-même.
Shan : Et correctement… s’habiller correctement, c’est quoi pour toi par exemple ?
Daty : Correctement, pour moi, ça va être… un pantalon, mais je dis pantalon, parce qu’ici, on
s’habille en pantalon. Parce que moi, je viens de l’Afrique et on ne porte pas de pantalon.
(rires) Nous, on portait des jupes. Et donc les jupes ne devaient pas être au-dessus du genou.
Ça devrait dépasser les genoux, ils lui feront une chemise bien repassée, doit être bien enfilée.
Donc il faut pas laisser les bras ouverts… c’étaient des manches longues, jusqu’à moitié des
mi-bras. Cacher les choses qu’il ne faut pas dévoiler, parce que ce sont aussi des écoles
mixtes aussi. C’est mélangé avec des garçons, faut qu’il y ait du respect dans la classe. C’est
la vie de société de tous les jours. Parce que des fois, quand les enfants, moi je trouve…
quand ils suivent la société d’aujourd’hui, que dés que quelque chose… c’est pas forcément
qu’elle veut, c’est que… « pourquoi les autres peuvent et moi je peux pas ». Mais il faut
l’expliquer à ce moment-là. Faut pas suivre les autres. Toi, tu t’habilles jeans et normal, et
tout. Tu es propre comme ça. En plus… en plus, c’est bien présenté comme ça. C’est comme
moi, j’ai juste mon sweat, mon jeans… je suis allée au travail et je suis rentrée. J’ai mes
cheveux attachés, je me sens bien comme ça…
Shan : Et à l’école… on leur explique ?
Daty : On vous explique à l’école ? (chuchotements) … Ah ben voilà… celle qui est à
l’Athénée à Waimes parce qu’il y a même un règlement pour ça. (chuchotements)
Shan : Et…Et on leur explique comment ? En disant quoi ?
Daty : (chuchotements venant de ses filles) …
Shan : Attends… parle un peu plus fort… comme ça, je t’entends mieux… (rires)
Babou : Ben en gros… la préfète… elle dit… interdit le pantalon déchiré…
Shan : Ça, c’est à Waimes ou à Malmedy ?...
Daty : Elle, elle est à Malmedy… Divine, elle, elle à Waimes.
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Babou : Ce que je voulais dire… donc à Malmedy, la préfète, elle nous voit avec des
pantalons déchirés ou quoi… Ben avant, elle faisait ça sur tout… mais euh… elle allait
chercher une blouse et elle allait devant tout le monde dans la salle polyvalente en mettant la
blouse… et du coup, il y en avait certains qui se moquaient et tout… et du coup, elle dit que
c’est une bonne leçon, car comme ça, la prochaine fois, tu ne mettras pas…
Shan : Mais la blouse… le vêtement… pas la… pas la personne avec la blouse…
Babou : Non non, c’est une blouse de laboratoire.
Daty : Ah, c’est une longue blouse de laboratoire. C’est pour qu’elle… pour la couvrir,
comme c’est long… comme ça, la prochaine fois, pour que tu sois pas…
Babou : Oui… c’est comme une leçon quoi…
Daty : (à Divine) Et à Waimes, il dit quoi ?
Divine : Ah… à Waimes, il faut dire qu’ils sont plus… un peu plus laxistes qu’à Malmedy.
Parce qu’à Waimes, ils ne disent pas grand-chose. Mais euh…
Daty : À Waimes, ils ne disent pas grand-chose. Ah oui, c’est vrai… elle m’a expliqué qu’une
fille… ma copine, elle a sa fille qui part à l’école. Moi, quand je prends le bus, je rentre… je
l’ai dit « Mais c’est bizarre, elle met des petites jupes courtes, vraiment à moitié de la cuisse »
ou des hauts courts… Et je me demande… Elle est dans la même classe que elle… Je me dis
comment est-ce qu’elle arrive à entrer dans la classe comme ça. Elle me dit qu’à Waimes, ils
suivent pas… ils disent pas grand-chose.
Divine : Ben ils voient, mais ils ne disent rien.
Daty : Ils voient, mais ils ne disent rien.
Divine : Mais il faut savoir que la directrice aussi, elle est pas tout le temps-là. Elle est
souvent dans son bureau. Et… mais les éducateurs, ils disent rien, mais je sais très bien que si
la directrice est là, elle dira quelque chose.
Daty : Elle dit que les suivis ne sont pas souvent comme à Malmedy quoi…
Shan : Les éducateurs sont plus cools que… que la directrice quoi.
Divine : Oui… oui.
Daty : Je pense aussi.
Shan : Et ça… c’est à Waimes.
Daty : Oui. Parce qu’elle a commencé à Waimes que cette année.
Shan : Et du coup… les éducateurs… est-ce qu’à Malmedy, c’est juste la préfète ? Ou les
éducateurs, ils sont aussi… euh…
Babou : Ben pas tous… il y en qu’une qui fait vraiment attention à ça aussi.
Daty : Babou dit que c’est seulement une qui fait souvent attention à ça…
Shan : Et du coup… est-ce qu’on vous explique pourquoi ? Enfin… quelle est la raison
derrière ?...
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Babou : La préfète, elle dit par exemple qu’on met des jupes trop courtes, elle dit que c’est
vulgaire et que… on ne devrait pas venir avec des tenues pareilles. Parce que l’école, c’est
plus… plus un lieu pour s’instruire que montrer ce qu’on porte. Et que… c’est comme… un
lieu de travail. Tu n’y vas pas avec une jupe à la moitié de la cuisse quoi.
Shan : Et vous… vous en pensez quoi ?
Babou : Moi je suis d’accord.
Divine : Moi, ça ne me dérange pas.
Daty : (à Divine) Ca te dérange pas ou tu penses quoi ? Tu penses que ça dérange pas, tu
fais… pour toi, c’est quoi ? On doit s’habiller librement, comme on veut ?
Divine : Je trouve qu’en fait… le problème est que… quand on dit s’habiller librement…
d’ailleurs, y a certaines filles qui… qui en abusent en fait. Et du coup, c’est pour ça qu’on met
des règles. Mais elles ne comprennent pas. Et du coup, ça… ça devient un problème aussi. Et
si la préfète autorise tout le monde à s’habiller normalement, demain ils viendront euh… en…
en débardeur… ou alors en mini-jupe comme si… comme si… enfin, je sais pas.
Shan : Et quand tu dis… abuser, c’est… c’est… c’est quoi par exemple ?
Divine : Ben je sais pas… mais c’est par exemple, quand elles mettent des jupes trop courtes.
Daty : (à Babou) Et pour toi abuser c’est quoi ?
Babou : Pour moi, c’est comme euh… certaines filles qui venaient en short par exemple.
Franchement… c’est comme des shorts trop courts. Ou alors par exemple venir en singlet…
Ou à l’école sans veste, comme ça euh… Enfin… Ça, c’est un peu exagéré.
Daty : Parce que le problème, ce n’est pas seulement les habits courts. C’est parce que moi, je
pense que Anne-Marie, elle est encore en primaire. Je pense qu’on a déjà reçu des papiers.
Que les parents devraient arrêter de faire porter les vêtements de sport aux enfants. Donc
euh… ça n’a rien à voir avec les vêtements courts ou autres sujets. C’est juste parce que je
pense que quand les enfants avaient sport, les parents se disent « On les habille déjà en
sport », comme ça lorsqu’ils feront sport en training, ils restent en baskets et tout. Donc les
profs ont fait cette remarque parce que ça devient habituel et qu’ils pensent que les enfants
doivent apprendre à s’habiller déjà. Comme… comme je dis. C’est vrai parce que comme on
dit, au travail. C’est vrai, prends un adolescent et dis-lui. Comme Babou va aller se présenter
pour le travail… Ici à la friterie. Dans sa tête, elle va se dire « Ah, mais je peux mettre cet
habit. Je vais me mettre comme ça, comme ça. » Pourquoi elle aura cette idée de se mettre
comme ça "travail" et pas la même idée quand j’irai à l’école. Tu vois un peu ?... C’est pour
ça qu’à l’école, on leur apprend déjà. Même à l’école, c’est comme un lieu de travail. Moi je
leur dis ça. Donc tu vois, tu rencontres beaucoup de personnes… directeurs, élèves , profs…
Donc, c’est comme euh… C’est comme en cuisine, on me dit « Tu t’habilles en telle tenue »
comme le chef nous explique. Il nous explique pourquoi. À l’école, je ne sais pas si on leur
explique vraiment pourquoi. Ca, je ne saurais pas dire.
Shan : (À Babou et à Divine) Les filles… on vous dit pourquoi ? Ou…
Divine : C’est vulgaire…
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Daty : (Divine) Non. Vulgaire c’est quoi ? … Mais tu sais pas pourquoi la préfète elle dit
« C’est vulgaire »…
Divine : Ben elles n’ont jamais pris le temps de… la peine de nous prendre à part pour nous
expliquer.
Daty : Ben voilà… Divine dit qu’ils n’ont jamais eu la peine de les apprendre à part pour leur
expliquer.
Babou : Un de nos éducateurs en tout cas… disait que… par exemple pour une fois… enfin,
c’est toujours comme ça, c’est vrai. C’est par exemple… pour une fois… vous serez déjà…
autour de l’école… parfois, il y en a des certains qui… des hommes bizarres qui trainent
autour de l’école… du coup, l’éducateur disait aux filles qui si elles venaient en mini-jupe, ce
serait comme euh… attirer les problèmes. Enfin, je vais dire ça comme ça, mais…
Daty : Attirer des problèmes… Mais y a pas que les filles hein… Il y a aussi les garçons hein.
Parce qu’on en parle… Mais il y a aussi les garçons… Parce qu’il n’y a pas de différences
entre filles et garçons. Parce que pourquoi est-ce qu’on dirait à un garçon « Tu ne peux pas
venir comme ça à l’école, tu peux venir comme ça ».
Babou : Ils n’ont pas vraiment des pantalons à trous et … Et ils doivent porter des bermudas
et pas des shorts.
Shan : Je vais vous montrer deux photos… et vous me direz quoi dans le contexte de l’école,
ça va ? (réglage technique)
Daty : Je vois la première photo avec la fille, son singlet et son jeans. Deuxième photo, on ne
sait pas si c’est singlet ou manches longues ou pas. Et… avec une veste, un jeans aussi et une
ceinture. Bien enfilée.
Shan : La première tenue dans le contexte de l’école… qu’est-ce que t’en penses ? Est-ce que
pour toi, c’est décent ?
Daty : Décent… ça veut dire ?...
Shan : Est-ce que c’est… approprié pour l’école de s’habiller comme ça ?
Daty : Je trouve que pour moi, ce n’est pas approprié. C’est pas exagéré, mais… juste parce
que l’habit, c’est un singlet. Voilà… et… si je veux rentrer dans le logique… enfiler (rires)
Shan : Et alors… la deuxième tenue ?
Daty : La deuxième tenue… je ne suis pas du tout d’accord. Aussi… Parce que le décolleté, il
est quand même plongeant et l’habit est trop près du corps aussi. Ca fait déceler le soutien-
gorge et tout… Donc euh… s’il fait chaud en classe, elle enlève sa veste, à l’intérieur… Elle
finira par enlever… La même chose. C’est pas le fait qu’elle est enfilée… Il n’y a pas
vraiment de différence entre les deux tenues.
Shan : Et euh… imaginons euh… que ce soit printemps ou été… est-ce que l’un ou l’autre
pourrait convenir ? Ou non, ça ne convient vraiment pas à l’école ?
Daty : Pour moi, les deux, ils ne conviennent pas.
Babou : Ben moi, je trouve surtout que la deuxième, une veste en cuir c’est pas…
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Divine : Moi, je dis pas par rapport à ça… je dis qu’en été… tu peux avoir chaud. Mais faut
quand même porter un t-shirt. Y a quand même des t-shirts habillés pour l’été, mais pas des
débardeurs. Pour moi, les débardeurs, tu mets ça en dessous de tes habits. Pas comme ça… Et
puis, sur la première photo, c’est vraiment le débardeur que je…
Babou et Daty (ensemble) : Même la deuxième aussi…
Daty : Parce que c’est pas le fait qu’elle ait mis une veste et que… l’autre avec son singlet…
elle est mieux que l’autre. Pour moi, c’est la même chose.
Shan : Vous avez d’autre remarques ou autres ?
Daty : Non, pas de remarques… Par rapport aux tenues… par rapport à l’école, moi je dis
vraiment non. Mais il faut dire aussi que … allez Shan, franchement, on ne vient pas de la
même école. (rires) Nous, on est… Moi, j’ai été élevée dans une école où on avait des
uniformes, un peu comme chez toi, je pense, donc euh… Moi, les filles, comme ça, à
l’école… Si je le vois, je dirais que le haut à l’intérieur, il est… très près du corps. Mais à
part, ça…y a pas de problèmes. Parce que Divine, elle aime bien… enfilé ou pas enfilé, ça
reste quand même bien habillé. Mais le vêtement au-dessus, vraiment comme ça, sans
manche… C’est… Ça, c’est non, quand même. Même si le jeans n’est pas troué, c’est non
(rires).
Shan : Et euh… pour toi, justement… c’est… qu’est-ce… pour toi, c’est quoi « tenue correcte
exigée à l’école »… pour toi, c’est quoi par exemple ?
Daty : « Tenue correcte exigée » pour moi, c’est la tenue que l’école demande.
Shan : Oui… et ce serait quels vêtements par exemple ? Tu penserais à quoi ?
Daty : Je pense à quoi ? … (chuchotements)
Babou : Pour l’été… un simple jeans ou un short, mais milieu du genou… avec un t-shirt.
Daty : Moi, ça peut être tout. Ca peut être robe, t-shirt, chemise, jeans… jupe et… mais il ne
faut pas que ce soient des jupes courtes. Y a pas de jeans, jupes ou n’importe. Il faut juste que
les tenues soient… je pense que ça soit… ton corps soit très dévoilé avec ces … ces… avec
tes vêtements. Comme moi, je ne saurais pas personnellement aller à l’école avec un haut qui
serre ma poitrine… Que serait mon corps où le jeans bien serrer les fesses, les choses ainsi…
Même pas court, mais des pantalons qui sont moulants, des choses ainsi. Hein.. c’est quand
même pas des tenues adaptées. Pas correctes, mais pas adaptées.
Shan : Et comment reconnaitre une tenue « normale » et une tenue qui n’est pas « normale » ?
Daty : « Normal »… (rires) Les tenues, si on veut dire « normales », moi je dis que… jupe,
pantalon ou robe. Mais jupes qui ne soient pas au-dessus des genoux. Trop courts. Même
robe, c’est pareil. Un habit qui n’a pas… qui ne laisse pas les bras… tout nus. Ou des mi-
manches, n’importe. Chemise… ou euh… polo, t-shirt. Bien enfilé.
Shan : Et pour vous… ce serait quoi l’impact positif ou négatif des … justement… des
règlements vestimentaires ?
Divine : Moi, je trouve déjà, à l’école… c’est que… au moins, ça… c’est une façon de
montrer à chacun de montrer comment se respecter…
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Daty : Non, Divine… ça n’a rien à voir. Moi, pour moi, si je dois dire des impacts positifs ou
négatifs… à l’école… Je vais revenir dans les temps… je préfère que toute l’école ait un
uniforme hein.
Divine : Ça, je le mettrai dans un impact négatif.
Daty : Je trouve que ça aurait un impact positif pour tout le monde et tous les élèves.
Shan : Tu penses pourquoi ?... Pour quelles raisons ?
Daty : Ben… il y aura pas déjà des problèmes… parce que ça aussi il faut le dire…
Maintenant à l’école, quand tu n’as pas un jeans… ben qui est de tel modèle ou de telle
marque… ou basket… ou haut… ou crop top parce que c’est à la mode et je vais suivre…
Non, si tu portes un polo, un pull, c’est vieillot… t’es critiqué… du coup, les enfants sont
enfermés. Et ça… c’est même plus être tranquille ou joyeux à l’école parce que… il y a des
critiques vis-à-vis des autres. Donc ça changerait vraiment tout ça. Tout le monde le même
intérêt dans la même classe.
Babou : En tant que délégué, j’avais demandé d’avoir des uniformes, mais euh… mais ça
n’avait pas plu à beaucoup d’élèves.
Daty : Ça ne plait pas parce que les parents disent qu’on va mettre de l’argent. Maintenant
c’est trop parce que… l’argent déjà, on va mettre de l’argent pour acheter des chaussures, des
jeans, des vêtements, des robes… Si on a un uniforme, je pense que toute l’année on
dépensera tout autant de l’argent. On n’aura pas besoin de trois uniformes. Deux, ce serait
assez. Hein… deux paires de chaussures assez. J’ai mon chignon, mon chouchou, j’attache
mes cheveux… Ce serait vraiment assez. Je pense que ça serait même beaucoup économique.
Même pour les parents. Les enfants seront… mieux. Tranquilles, posés. Moi, je pense que ce
serait vraiment une meilleure des choses, parce qu’au Congo, il y a une école belge qui est là-
bas. Les enfants sont habillés tous jeans bleu-bleu et au-dessous, en chemise. Et tout le monde
se sent bien, que ce soient noirs ou blancs, y a pas de problèmes.
Shan : Et si pour vous… on devait apporter… une amélioration par rapport aux vêtements à
l’école, ça pourrait être ça… ou quoi d’autre ?
Babou ou Divine : Ah ben…je garderais le même règlement.
Daty : Parce que le fait que moi je dis… le fait que ça porterait quelque chose. Il n’y aura
pas… comme je dis, il n’y aura pas d’insultes ou de moqueries. Parce que le fait que tout le
monde porte des vêtements de la maison… euh… il y aura toujours des problèmes. Parce
qu’on achète des vêtements que moi-même j’achète, je le dis. Ces vêtements-là… vous
pouvez les habiller pendant les congés, vous balader avec vos amis… Je ne… vous interdis
pas de les mettre. Ne les mettez pas à l’école. Mais quand je suis au travail et le fait que ça
mélange avec les vêtements de la maison, ils vont toujours les mettre. Elles ont aussi des
crops tops et des jupes moyens, mais je leur dis, c’est des vêtements qu’on peut porter à la
maison, se balader en ville, mais pas à l’école. Mais vu que ça fait partie des vêtements de
tous les jours, les enfants arrivent quand même à les mettre à l’école. Alors tu vois… Mais…
même pour nos enfants, c’est difficile… T’as aussi une fille, c’est difficile… pour nos
enfants… des fois, à certains moments… chez les adolescents, parce que tu leur diras que
non… ça, j’aimerais que tu mettes ça… même si elle n’est même pas d’accord avec moi. Elle
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dit « Mais… regarde, les autres, ils avaient mis. On leur avait rien dit ». Hein… donc du coup,
il y a aussi les parents qui perdent leurs enfants parce qu’ils suivent les attitudes des autres.
Shan : Oui… vous pensiez à d’autres choses ? Des… des points que j’aurais pas abordé ou
autres ? Ou des choses que vous aimeriez rajouter ?
Divine : Ben… ce que j’allais dire… c’est aussi… qu’on puisse inclure dedans aussi… par
exemple, pour les filles musulmanes le voile. Je ne vois pas en quoi ça dérange en fait… Mais
ils interdisent de le mettre à l’école. Donc en soit, je trouve qu’on devrait les laisser mettre…
Shan : Tu parles de Malmedy… ou de Waimes… ?
Divine : Ben… Waimes… les écoles… enfin, je crois que un peu partout c’est interdit.
Daty : Waimes… À Malmedy, c’est interdit ?
Babou : Oui, c’est interdit… à Stavelot aussi, c’est interdit.
(chuchotements)
Shan : Euh… j’ai pas compr…
Daty : Ben elles ont dit que l’école à Malmedy, c’est interdit. À Stavelot c’est interdit. Divine
dit qu’il y a une fille qui veut étudier à l’école, quand elle arrive à l’école, elle doit enlever ça
parce que c’est interdit.
Shan : À Waimes ?
Divine : À Malmedy-Stavelot (Athénée Royal Ardenne – Hautes Fagnes)… c’est interdit.
Daty : À Waimes, elle ne sait pas encore, car à Waimes, elle n’est pas encore tombée… elle
n’a pas encore vu ça… Elle n’a pas encore vu… Ben, c’est encore un autre contexte, ça…
(chuchotements)
Babou : Sinon… Comme autres remarques… y a aussi… concernant le maquillage. On y a
droit, mais que… tu peux pas venir avec un rouge pétant ou un rouge à lèvres noir… Ou trop
maquillée.
Daty : Donc… dans tous les coups, habillage, maquillage… rien doit être à l’extrême. Quand
ça reste discret, c’est … pas abusé. Voilà…
Shan : Et… et on vous explique pourquoi ?
Daty : Même les vêtements… ben, c’est vrai. Quelque chose comme ça, je pense qu’il devrait
y avoir une personne euh… parce que c’est vrai, on vient tous les parents. On nous dit
toujours le règlement, le règlement, le règlement… Mais ce qu’ils devraient aussi faire dans
des cours, c’est aussi de mettre un cours comme ça. Une personne comme chez nous, il y
avait éducation à la vie. Comme ça… Une personne qui doit parler aux élèves, leur expliquer.
Parce qu’ils écoutent hein. Parce qu’on dit souvent les jeunes, ils n’écoutent pas, c’est faux.
Ça… Ca dépend comment la formation a été envoyée. Ils donnent le règlement, mais ils
disent pas vraiment pourquoi. Le problème… une enfant, tu l’interdis, tu l’interdis, tu
l’interdis… mais explique-lui pourquoi. Il n’écoute pas parce que c’est comme ça, que c’est le
règlement… Il devrait y avoir une personne comme ça… (rires) C’est vrai parce que je me
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rends compte… quand tu poses les questions… elles deux… on leur dit jamais vraiment
pourquoi. Parce que comme si c’est moi qui dis toujours plus à la maison, parce que c’est vrai
que… quand je … celle-là… elle a déjà mis son crop top une fois. On voit la ceinture. Je dis
« Dés que tu lèves ton bras, on voit ton ventre, ça ne va pas pour l’école. » Et puis… euh… ils
changent. Sinon à l’école je pense qu’elle allait rentrer avec hein…
Shan : À Waimes…
Daty : Oui, à Waimes. Tu sais, moi, je prends le premier bus… J’ai à 16h… dés que j’arrive à
l’école, c’est bourré des élèves. J’ai déjà dit, je regarde les élèves… Tu regardes … et je me
dis « Mais c’est quoi ce monde d’aujourd’hui, cette génération d’aujourd’hui ». Mais en
parlant comme ça, ce n’est pas aussi eux… C’est aussi … comment… il faut parler aux
jeunes, il faut leur expliquer. Mais ils n’expliquent pas. Je ne sais pas s’ils ont peur, faut dire.
Non ? Peut-être qu’ils pensent que … des fois y a des ados qui répondent aux profs… au
prof… moi, par exemple… je dis aussi… c’est nul… y a des profs aussi qui disent « Ah moi,
je donne cours et ils ne comprennent pas, c’est pas grave, moi, j’ai fait mes huit heures, j’ai
fini et je rentre ». Tu vois un peu ? Comme elle dit des fois… en direct, quand les autres, ils
parlent derrière, le prof, il s’énerve… il coupe directement la caméra. Donc euh… du coup, ils
font pas leur travail. Parce que tu dois pas t’énerver quand tu es en direct avec les élèves …
parce que c’est comprendre pas bien, et du coup, tu coupes la caméra…
(Fin)

Entretien 11

Shan : De manière générale, globale… toi, ton avis sur l’école, ce serait quoi ? Par rapport
aux élèves ?...
Jean-Louis : Ben… le rôle que tout le monde connait de l’école, c’est-à-dire fournir une
formation aux élèves. Formation générale, bien sûr et parfois aussi, de manière un peu plus
spécifique pour les élèves qui sont dans des cours plus techniques. Euh… Et… maintenant
bon… je sais aussi que quand on parle de ça, on parle aussi de l’éducation… Je pense que
l’éducation des enfants, ça reste le rôle des parents, essentiellement. Maintenant, il est clair
que quand on est dans une école, qu’on a un cours d’anglais ou de mathématiques, ben… le
professeur va peut-être de temps en temps déborder aussi… Euh… Pour recadrer un élève
qui… qui ne se comporterait pas bien. Ou au contraire pour féliciter un élève qui se comporte
bien. Donc pour moi, le rôle essentiel de l’école, c’est la formation manuelle ou intellectuelle.
Shan : Et alors… concernant plus spécifiquement les mesures vestimentaires à l’école.
Qu’est-ce que toi t’en penses ?
Jean-Louis : Alors… euh… je vois… toutes les écoles n’ont pas les mêmes mesures
vestimentaires hein… Donc euh… Si tu vas dans une école, dans un collège en Angleterre…
encore aujourd’hui, les élèves portent un uniforme. Je pense que dans ce… dans quelques
écoles huppées, notamment du côté de Namur, ça existe aussi… Donc moi, dans toutes les
écoles où j’ai travaillé, je n’ai jamais connu ça. Donc euh… Moi, je pense que… maintenant,
c’est mon avis de papa… plus qu’un avis de professeur… ben un enfant doit aller à l’école
avec des vêtements corrects. Euh… sans plus. C’est-à-dire que je pense qu’il n’est pas
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vraiment utile pour un enfant de se promener avec des vêtements de grand luxe. Et d’un autre
côté, je pense que la tenue doit être correcte. Par exemple, le pull jeans déchiré… ben voilà…
moi, j’estime que… enfin, mes enfants, je… le mettent parfois. Mais je ne suis pas trop pour.
Mais je suis encore de l’ancienne génération moi… Euh… voilà… Je dirais une tenue
correcte sans plus. Parce que voilà, bon… venir avec du Louis Vitton, ça peut peut-être créer
des jalousies… et venir débraillé, c’est peut-être pas correct vis-à-vis des… ni des enseignants
ni des condisciples…
Shan : Et toi… si tu devais mettre des mots sur « tenue correcte », ce serait quoi ?
Jean-Louis : Ben justement… c’est ce que je disais. C’est une tenue qui ne serait pas exagérée
dans un sens comme dans un autre, donc… ça ne doit pas être euh… faut pas venir avec du
grand luxe. Ben voilà… tenue correcte, ça ne veut pas dire qu’une fille doit venir avec une
jupe et qu’un garçon doit avoir un pantalon, qu’on soit bien d’accord hein. Donc ce n’est tout
sexiste, c’est simplement des vêtements d’abord… euh… en bon état et propre.
Shan : Et alors concernant… dans les règlements d’ordre intérieur que j’ai parcouru… je lisais
l’expression « tenue décente »… à nouveau, qu’est-ce que pour toi, ça t’évoque ?
Jean-Louis : Ah ben oui… pour moi décent et correct, ça va exactement dans le même sens.
Shan : Et quel serait… selon toi l’intention cette… cette mesure ? Ce cadre vestimentaire ?
Jean-Louis : L’intention… ben, je pense que… ce qui est important dans une école, ben… je
pense que … il ne faut pas que les vêtements soient à l’origine… comme vais-je dire ça…
d’une différenciation entre les élèves. C’est d’ailleurs en fait pour ça que l’uniforme a été créé
au départ dans les écoles. Il y avait bien sûr le côté protection salissures puisqu’on écrivait
avec de l’encre, etc. Mais il y avait aussi derrière ça l’idée de dire… ben voilà, tous les élèves,
riches ou pauvres… d’une grande famille ou euh…dont le papa est malheureusement sans
travail… ben ils ont le même vêtement. Donc il n’y a pas de différenciation. C’est peut-être ça
que je pense aussi pour la tenue correcte, mais sans plus. Donc sans… Maintenant, celui… si
certains élèves veulent mettre absolument une veste Louis Vitton, ben… Je ne l’en
empêcherai pas, mais je ne le favoriserai pas non plus. Donc tu vois, c’est … Voilà, on… les
élèves ne doivent pas s’évaluer entre eux ou se juger entre eux… sur base. Quoi que je sais
que ça se fait hein. Les jeunes maintenant… Et à l’époque aussi… Ils aiment bien d’avoir les
dernières Nike… Voilà justement… ça peut peut-être des fois créer des jalousies… Alors
oui… dans le mot « décent », il y autre chose, il y aussi le côté évidemment… il ne faut
qu’une tenue soit… provocante. Euh… voilà. Donc une jeune fille qui… qui aurait une jupe
trop courte, ben voilà… ça, je trouve aussi que ce ne serait pas bienvenu à l’école. De même
qu’un garçon qui viendrait avec une chemise… donc ça n’a rien de sexiste… qui viendrait
avec une chemise ouverte jusqu’au nombril quoi, hein…
Shan : Et euh… quelque part… quel est, selon toi… l’intention derrière les mesures
vestimentaires ? Quand on leur dit « tenue correcte exigée à l’école » ?
Jean-Louis : Ah, mais, c’est ce que je viens de t’expliquer hein… Enfin, on est quand même à
un endroit où ils doivent avoir une certaine discipline hein… Donc il faut que la tenue soit
décente, un peu comme quand tu vas travailler dans une entreprise. L’école forme aussi euh…
les élèves à des matières, comme les mathématiques et le français, etc. … Et forme aussi les
jeunes à entrer dans la vie professionnelle. Or, le jour où un jeune va faire un stage en
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entreprise… ou carrément commence son travail dans une entreprise… il faut qu’il soit
habitué, que lorsqu’on est au travail, ben… on ne s’habille pas n’importe comment. On ne va
pas travailler dans une banque en short, hein… ce qui n’empêche qu’à l’école, on peut quand
même peut-être aller en short hein… moi, je dis plus tard, on ira peut-être pas en short, mais
le short doit être correct. Donc l’élève sait dés le départ « Tiens, je ne suis pas dans ma salle
de bain, je suis dans une école, je côtoie des élèves, je côtoie des professeurs, je côtoie des
membres de la direction »… euh… voilà, donc ma tenue doit être adaptée.
Shan : Euhm… toi en tant qu’étudiant… t’en gardes comme souvenirs ? Ou ?...
Jean-Louis : Moi, faut te dire que ça remonte à très longtemps… et je vais te dire… qu’il y a
tellement longtemps que moi… mais ce n’était qu’en première primaire, donc quand j’étais
moi-même en première primaire à l’Athénée de Malmedy… j’ai encore… euh… connu…
donc notre instituteur nous obligeait… non pas un uniforme, mais un tablier. Et tous les élèves
devaient avoir le même tablier. Donc c’était un tablier bleu marine. Mais… ça, ça n’a pas
duré. Mais je n’ai jamais été… quelque part… euh… obligé à … par un professeur à mettre
une tenue que je voulais pas… ni mettre par mes parents, voilà… ça allait un peu de soi que…
qu’on mettait une tenue… classique. Donc je n’ai aucune… je n’ai pas de souvenir ni positif
ni négatif. Pour moi, je dirais… je m’habillais à l’école… comme je m’habillais à la maison.
Peut-être pas pour aller travailler ou jouer dans le jardin hein. Mais j’allais faire des courses
avec mes parents, par exemple, pour euh… au GB à l’époque, ben je m’habillais de la même
façon que pour aller à l’école. Il n’y avait pas… une contrainte particulière.
Shan : Et pour toi… une tenue classique, tu la décrirais comment ?
Jean-Louis : Ah oui… on est toujours dans les mêmes objectifs… classique, décent euh…
correct. Ben tenue classique, c’est ça… c’est … je réfléchis tout haut hein… Il y a quand
même une différence entre décent et classique hein.
Shan : Et tu fixes…
Jean-Louis : C’est moi qui ai prononcé le mot classique ou c’est toi qui me poses la question ?
Shan : Non, non… c’est le mot que tu as utilisé tout à l’heure…
Jean-Louis : Ben oui… c’est moi qui ai utilisé classique… Ben ça c’est parce que… Ben ça
vient un peu de … de ma propre personnalité. Moi, je suis quelqu’un d’assez classique, tu
vois ?... Donc je mets… euh… pour aller à l’école… je ne le fais plus, mais j’ai mis le costard
cravate à l’époque hein. Je ne le fais plus maintenant parce que plus personne ne le fait
maintenant, même plus les … les membres de la direction.
Shan : Durant tes secondaires ?... ou tu parles de quoi ?
Jean-Louis : Non non, je parle maintenant en tant que prof hein. Et donc c’est simplement
pour dire que je suis moi-même assez classique et que… peut-être que j’attends de mes
enfants qu’ils soient un peu plus classiques. Et classique… ça veut dire… ben oui, des
couleurs euh… peut-être… pas nécessairement mettre du rose vif hein… même si ça peut être
très beau (rires). Donc voilà, c’est les couleurs classiques, le pantalon classique, ni trop large,
ni trop étroit. Euh… la veste… oui, couleur classique aussi. Maintenant, je ne vais jamais…
moi, en tant que professeur, faire une remarque à un élève qui une veste rose hein… Mais
peut-être que je me dirais « Ma fille, je préfère qu’elle n’en mette pas ».
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Shan : Est-ce que pour toi, à l’école, on pourrait s’habiller comme on veut ?
Jean-Louis : Non…
Shan : Dis-moi pourquoi… Tu aurais dit oui, je t’aurais demandé pourquoi aussi hein…(rires)
Jean-Louis : Oui oui oui. Ben… pour tout ce que je t’ai expliqué avant. Euh… Mais alors…
s’habiller n’importe comment, ça veut dire quoi ?
Shan : Pas forcément n’importe comment… c’est plutôt comme on veut… tu vois ?
Jean-Louis : Donc ça veut dire que… Bon… c’est peut-être un peu caricatural, mais si… on
applique à la lettre ce que tu dis, s’habiller comme on veut, au mois de juin, un jour où il ferait
25-26°C, ben… tu pourrais aller à l’école en maillot de bain ? Ben ça… je… je n’accepterais
pas que mes enfants le fassent. Et je dis de suite aussi que je n’accepterais pas qu’un de mes
élèves rentre dans ma classe comme ça. D’ailleurs il n’arriverait même pas à ma classe, parce
que dés qu’il aurait franchi les portes de l’école, il aurait été arrêté, soit par la direction, soit
par un éducateur. Maintenant… quand l’élève va à la piscine avec son éducateur physique, il
n’y aurait pas de problèmes, il met son maillot… On doit être adapté au contexte. Donc c’est
pour ça… Maintenant euh… s’habiller n’importe comment… je pense quand même que je
suis tolérant, d’une grande latitude. Hein… je veux te donner l’exemple d’un maillot de bain
qui est un extrême et qui …en pratique n’arriverait pas, mais… si tu dis… aux élèves « Vous
pouvez venir comme vous voulez », tu peux être sûr… que sur une classe, un jour il y en aura
un qui va arriver comme ça hein… Voilà. Non… je pense qu’il doit y avoir des règles
vestimentaires qui doivent être évidemment mesurées. Tout comme il y a des règles pour
d’autres choses hein… Il y a des règles de disciplines, dans une école, on ne fume pas, on
n’utilise pas son gsm. Ben voilà… dans une école, on ne vient pas pieds nus. Ben voilà…
Shan : Et euhm… ça se passe comment les filles à l’école ? Elles en parlent ou ?...
Jean-Louis : Non, euh… Maintenant, par exemple… chez nous, on a deux filles… Laure, qui
est… on va dire assez classique justement. Et Lise, elle a … elle est toujours très bien habillée
aussi, mais elle a sa propre façon de voir les choses. Elle aime plutôt s’habiller comme un
garçon hein… Elle est d’ailleurs dans une école de garçons, d’ailleurs elle ne dénote pas…
Euh… voilà. Donc voilà, il n’y a pas de soucis pour moi. Mais je vérifie quand même pour
voir si…
Élise : Ben… c’est pareil… on peut mettre des shorts, qui n’arrivent pas là, par exemple…
Jean-Louis : Ah oui, j’ai bien dit hein. Tu peux mettre un short à l’école hein. Tu peux pas
mettre un maillot de bain (rires).
Élise : Tu auras du mal aussi avec une jupe. Une jupe à l’école, c’est… ça, c’est…
Jean-Louis : Mais une jupe, ce n’est pas obligatoire de mettre une jupe.
Élise : Non, justement, ce n’est pas obligatoire, mais… En mettre à l’école, t’en auras toujours
l’un ou l’autre qui voudra regarder en dessous.
Jean-Louis : Je parle avec Élise ici. (rires) Euhm… donc ta dernière question, c’était ?...
Shan : Euhm… si les filles… elles avaient déjà… été dans des situations par rapport à leurs
tenues vestimentaires… si elles en parlaient ou… ?
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Jean-Louis : Non, non non… Elles sont toutes les deux dans des écoles qui…
Élise : Laure si.
Jean-Louis : Laure quoi ?... Qu’est-ce que tu dis ?...
Élise : Laure oui. Elle a déjà été… refusée parce qu’on voyait ses épaules…
Jean-Louis : Par qui ? Par un professeur ?
Élise : Par un éducateur.
Jean-Louis : Non… Oui… Ben je ne suis pas au courant, donc… c’est… c’est… c’est Élise
qui me dit qu’un jour un éducateur … elle avait mis une tenue où on voyait ses épaules…
Et… elle a eu une remarque d’un éducateur. Maintenant les épaules, oui… voilà.
Élise : C’est des épaules ! Des épaules quoi !
Jean-Louis : Oui, c’est peut-être exagéré… Mais oui… c’est arrivé, oui…
Shan : Et… on lui a expliqué pourquoi ?
Jean-Louis : Ah ça je ne saurais pas te …
Élise : C’était euh…voyant.
Jean-Louis : C’était trop voyant. Donc je te dis qu’Élise me dit hein. Parce que c’est Élise qui
me raconte quelque chose de Laure, donc … Laure n’est pas là.
Élise : Que c’était voyant. C’était pas… vulgaire, mais c’était presque vulgaire.
Jean-Louis : Maintenant… euh… je prends un autre exemple, il y a des écoles où… euh… le
tatouage n’est pas admis. Donc ça veut dire qu’un élève qui a un tatouage… on va lui
demander de l’enlever. Il est là, il est là pour le restant de sa vie. Mais il ne peut pas le
montrer. Donc y a des écoles qui sont comme ça. Et… idem pour les professeurs d’ailleurs.
Donc ça veut dire qu’un élève qui a un tatouage sur l’avant-bras euh… et bien… est obligé,
dans cette école-là… que je connais, mais que je ne veux pas citer… De mettre une chemise à
manches longues. Ben ça, par exemple, je trouve ça exagéré.
(Chuchotement d’Élise)
Shan : Et… et la raison derrière, ce serait quoi ?
Jean-Louis : Ben la raison… je pense… c’est voilà… pour éviter, on ne sait jamais ce qui est
mis sur le tatouage hein… il y a des tatouages très décents, d’autres qui ne le sont pas. Donc
le fait d’interdire tout tatouage coupe court à discussion. Je pense que c’est ça… C’est
justement pour ne pas devoir commencer à discuter, à négocier. Je pense que l’école… essaye
au maximum… évidemment d’éviter des situations conflictuelles. Et… les vêtements peuvent
être une source de conflits… ou de jalousie. Ou même … peut-être de provocation dans
certains cas. Oui… il faut savoir dans une école, il y a …. Il y a entre 400-800 parfois 1000
personnes donc il faut pouvoir gérer ça… Donc en mettant parfois des balises, en disant
« Voilà, chez nous on accepte » et sans exagérer hein… sans aller jusque… comme on le
faisait à l’époque… les filles, c’était en jupe, les garçons, c’était en pantalon. Ben voilà, je
vais dire « Vous vous mettez en pantalon, mais le pantalon ne peut pas être déchiré. Quand
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vous êtes à la maison, vous faites ce que vous voulez ». Mais c’est un peu pour éviter ça. Je
crois de… de heurter certaines sensibilités.
Shan : Et tu penses à quels exemples ?... Pour illustrer.
Jean-Louis : Ben l’exemple, par exemple, ce serait donc voilà… justement donc euh… des
vêtements un peu trop légers hein… Euh… des vêtements sales. Maintenant, ça peut arriver
qu’on tombe dans la cour et qu’on soit sale hein… On peut pas reprocher ça à un élève. Mais
un élève qui viendrait tous les jours avec des vêtements sales, voire peut-être même…
malodorants… Ben voilà, ça finit par gêner la vie sociale. Alors bien sûr… il y a quelque
chose là derrière. L’élève ne le fait peut-être pas exprès. Et là, c’est peut-être le rôle de l’école
dire euh… voilà… « Honnêtement, il faudra trouver une solution. On va peut-être t’aider à
trouver une solution ». Euh… oui.
Shan : Alors… ici… maintenant, je vais te montrer deux photos… Et c’est pour te demander
ton avis concernant ces tenues dans le cadre de l’école… (réglage technique)
Jean-Louis : Je vois les deux photos.
Shan : Donc voilà… ton avis là-dessus en gardant cette idée de… tenue décente à l’école,
qu’est-ce que toi t’en penses ?
Jean-Louis : Moi les deux sont acceptables… en sachant que la première évidemment… Non,
les deux sont acceptables… C’est vrai que… on va dire la 2, on pourrait dire que c’est une
fille qui est habillée comme un garçon, mais ça ne me dérange absolument pas. La première
euh… oui, ben… c’est un peu… un peu light au niveau… par exemple, quelqu’un qui vient
comme ça en été à l’école… quand il y a 25°C, pour moi, il n’y a pas de soucis. Je me
poserais peut-être des questions si… euh… cette tenue était mise en plein hiver. Parce
qu’alors, il y aurait peut-être une idée de provocation derrière. Alors que… si c’était en été, ce
serait tout simplement qui s’habille léger parce qu’il fait chaud quoi.
Shan : Et alors, la deuxième tenue ?...
Jean-Louis : Même chose. Euh… ça… ça ne me dérange absolument pas. Effectivement, je
sais pourquoi elle est là… c’est probablement voilà… justement hop… quelqu’un comme ma
fille Élise, une fille qui… s’habille un peu comme un garçon.
Élise : Mais moi je ne mets pas tout ce qui est fleurs…
Jean-Louis : Tout à fait… Ma fille Élise, c’est même pire, y a pas du tout de fleurs… Mais
c’est correct. Euh… C’est un peu blouson noir, c’est propre, c’est net, c’est… y a pas de
problèmes. Pour moi, c’est une tenue correcte. Peut-être pas une tenue classique ceci. Hein…
le classique, ce serait… c’est correct, c’est décent.
Shan : Du coup… je me demandais… alors, que ce soient ton regard … soit de prof… et/ou
ton regard de papa… quels seraient pour toi les impacts positifs et/ou négatifs des mesures
vestimentaires à l’école ?
Jean-Louis : Ben pour moi, il y a… Je te dis… je n’ai en tant que père je n’ai jamais lu… Mes
enfants étant à l’Athénée de Malmedy ou à l’Institut Notre Dame . Je n’ai jamais lu de
document où… justement on obligerait… où il y avait quelque chose de coercitif dans la
tenue vestimentaire euhm…donc je ne vois pas bien le côté positif ou le côté négatif… Euh…
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je ne pense pas que les écoles aujourd’hui imposent un code vestimentaire aujourd’hui… Elle
dit simplement… Je n’ai par exemple qu’un règlement d’ordre intérieur… Et bien dans le
règlement d’ordre intérieur qui fait 4 ou 5 pages, il y a peut-être 3 phrases sur le code
vestimentaire. Et ça va probablement être limité à une phrase dans le style « tenue correcte
exigée » hein… Et donc, après ça, ben on n’en parle plus. Tout simplement. Et ce n’est que…
lorsqu’il y a des cas vraiment extrêmes qu’on va parfois intervenir. Donc là je parle… c’est
plus du côté prof hein. Et donc, moi, comme moi, de mon côté, si je vois un jour que… ben
voilà, que ma fille s’en va en maillot de bain, ben… je lui dirai…
Élise : Ça n’arrivera pas. (rires) Ça n’arrivera pas.
Jean-Louis : « Tu ne sortiras pas d’ici comme ça hein … sauf pour aller à la piscine.»
Maintenant, je pense qu’il existe probablement des écoles… où euh… les règles sont plus
strictes. Mais je… je n’en connais pas personnellement. Mais je sais pas, toi.. par exemple,
toi, dans l’école où sont tes enfants… est-ce qu’à Waimes, il y a une… des mesures strictes
vis-à-vis de … Je parle de l’Athénée de Waimes… pour les vêtements ?
Shan : Alors… de mémoire… il me semble avoir lu… alors comme tu dis, c’est quelques
lignes dans le règlement d’ordre intérieur… il me semble avoir lu « les étudiants portant des
tenues provocantes » donc filles ou garçons… « seront renvoyés chez eux pour se… pour se
rechanger ». Maintenant, c’est… tu vois… le côté… qu’est-ce qui est provocant ? Qu’est-ce
qui ne l’est pas ?
Jean-Louis : Ben oui, donc voilà, c’est pour ça que c’est… que … effectivement, on ne
s’attarde pas trop dessus… Mais voilà, les… On devrait préciser plus, oui.
Élise : Et si ça dépend de la personne qui dirige l’école… ?
Jean-Louis : Ouais… Oui, ma fille me dit… en fait, ça dépend aussi d’un chef d’établissement
à l’autre.
Élise : La préfète, elle aime pas qu’on montre ses épaules. Alors que ça n’arrive pas. Ben
voilà.
Jean-Louis : Apparemment, à l’Athénée à Malmedy, c’est… c’est la préfère qui est peu…
bon, on va pas dire vieux jeu, mais… elle n’aime pas que les filles montrent leurs épaules.
Élise : Alors que ça n’a rien de provocant en soi.
Jean-Louis : Ben c’est elle qui décide, c’est elle qui est la cheffe.
Élise : Je comprends, mais bon euh…
Jean-Louis : Ben voilà, je… je ne crois pas que ce soit quelque chose qui crée vraiment des
soucis. Je n’ai jamais par exemple entendu parler, moi dans… dans… j’ai quand même été
dans beaucoup d’écoles … qu’un élève aurait été renvoyé pour une question vestimentaire.
Donc… des élèves qui sont renvoyés, y en a chaque année. Mais… voilà…ça, ça ne suffira
jamais à renvoyer un élève. Par contre, un acte de violence, l’impolitesse, là oui… Donc…
l’élève qui n’a pas une tenue correcte, il aura une remarque, deux remarques… mais on va
jamais le foutre à la porte pour ça. À la limite, même s’il continue de s’habiller comme ça…
comme il le fait. Donc euh… Et le côté positif… Donc pour moi, je ne vois pas vraiment de
côté négatif à mettre une remarque sur… euh… en tout cas, je … je trouve qu’il est normal
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qu’une école mette dans les 5 pages du règlement d’ordre intérieur hein… où on parle
d’énormément de choses, mais qu’il y a un petit paragraphe sur la tenue. Je pense que ça va
éviter des abus. Euh… mais pour moi, il n’y a pas d’impact négatif, sauf peut-être s’il y avait
un professeur dictateur… ça, ça peut arriver. Mais s’il y en a que un… probablement que ça
n’aura pas beaucoup de conséquences.
(Chuchotement d’Élise)
Jean-Louis : (À Élise) Attends… Là, je suis en train de parler avec elle, ça va ? Donc c’est un
entretien à deux. Je suis d’accord que tu donnes ton avis hein… Les professeurs doivent avoir
une tenue correcte aussi hein. Donc c’est ce qu’elle me dit, mais… ça c’est en général bien
suivi.
Shan : Et toi, en tant que prof… t’as déjà été témoin de… de remarques concernant des tenues
d’élèves ou ?... Ou pas nécessairement ?
Jean-Louis : Ben… je suis en train de réfléchir… Effectivement, oui. Je dirais oui. Et… c’est
ce qui me fait penser que… une tenue, je dirais « passe-partout » évite beaucoup de
problèmes. En fait, j’avais une élève qui était d’origine… elle était… témoin de Jéhovah.
Mais alors dans les témoins de Jéhovah, il y a encore différents euh… différentes sortes, je
dirais. Et c’était une… allez, on va dire… une branche assez stricte. Et où les filles doivent
être habillées vraiment de façon… euh… pratiquement comme au 19e siècle. Tu vois ? Donc
euh… elle arrivait à l’école… elle était bien habillée hein, c’est pas ça… elle arrivait avec un
col roulé. On… on voyait … donc elle avait un complet, elle était vraiment emmitouflée en
dessous avec une tenue, on va dire assez vieux jeu… et elle a… elle a subi des moqueries…
d’autres élèves. Et euhm… elle en a… elle en a souffert. Mais ici justement, c’est quelque
part… ces vêtements lui étaient imposés par ses parents… ou par sa religion… Euh… Et
donc ça, ça me conforte dans l’idée de dire… pas d’empêcher l’élève de venir dans cette
tenue-là, parce que c’est… une tenue correcte donc on ne pourrait pas. Mais tu vois… comme
ça sortait de l’ordinaire, certains élèves ont un peu… je pense pas que c’était vraiment
méchant, mais… ils se foutaient un peu de sa tronche quoi… mais l’école ne lui a fait aucun
reproche, qu’on soit bien clair. C’étaient justement les élèves qui… et donc là, justement… le
fait de dire euh… voilà… c’est quoi une tenue… J’en reviens à l’uniforme qui faciliterait
beaucoup de choses. (rires) Je ne suis pas pour, mais je dis simplement qu’à l’époque, on avait
pas besoin de parler de ça. Ben voilà… tout le monde est habillé de la même façon, il n’y a
plus de moqueries, plus de… plus de distinction.
Shan : Et pourquoi tu ne serais pas pour ?
Jean-Louis : Ben… parce … je ne serais pas pour… Parce que, bon… de toute façon… je ne
pense pas qu’il y ait jamais un directeur d’école qui reviendrait avec ça… euh… parce que là,
probablement, on risquerait d’avoir peut-être des… des remarques de certains parents… de
dire « Non, qu’est-ce qui vous prend ? » au 21e siècle de revenir avec euh… à l’uniforme.
Euh… Outre le fait qu’il y aura encore la question du financement hein. Si l’école fournit
l’uniforme de façon gratuite, ça ne posera pas… peut-être moins de problème. Mais si on
oblige les parents à en acheter un, là… peut-être que… chez certains, ça pourrait… Attends,
parce que j’ai ma fille qui a un… son avis là-dessus.
Élise : Ce qui se passe, c’est que… certains élèves vont peut-être ressentir du mal-être peut-
être. Par exemple euh… Y a un uniforme pour fille et y a un uniforme pour garçon.
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Jean-Louis : Non, ce serait le même pour tout le monde.


Élise : Oui, mais imagine. C’est comme ça que l’école fait. Y a des filles qui préfèrent
s’habiller en garçon comme moi. Imagine ! Porter un uniforme pour fille, même une jupe
longue, je serais grave mal hein… Tu sais, il y a de plus en plus de filles qui s’habillent
comme des garçons donc euh…
Jean-Louis : Voilà, y a ma fille qui dit que si l’uniforme, c’était une jupe pour les filles…
mais je ne suis pas sûr que ce serait comme ça de nos jours… Ce serait un pantalon noir avec
une veste noire… Donc euh… Je répète ce que je dis. L’uniforme était peut-être une façon
d’éviter tout plein de problèmes, mais le.. le réintroduire en 2021e semble pas… à part à
l’armée, à l’école militaire… aujourd’hui en Belgique, ça me semble pas à l’ordre du jour.
Shan : Euhm… Si tu devais améliorer les mesures concernant les vêtements à l’école. Tu
dirais quoi ?
Jean-Louis : Je ne pense pas qu’elles devraient être améliorées... je pense que dans une grande
majorité des cas, les élèves sont habillés … ou plutôt… les vêtements qu’ils portent ne
justifient aucune remarque donc je ne vois pas ce qu’il faudrait améliorer. Maintenant, comme
on en parlait tout à l’heure, si dans le règlement d’ordre intérieur, on met « tenue correcte
exigée », peut-être là… que on pourrait être un petit peu plus précis. Sans devoir faire une
page complète. Comme tu le disais toi-même, c’est quoi une tenue correcte, hein. La tenue
correcte pour euh… une personne de 60 ans n’est pas peut-être pas du tout la même pour…
alors qu’il y a des professeurs de 60 ans à l’école… pour un professeur de 30 ans. Donc euh…
il faudrait peut-être que la direction précise qu’est-ce que c’est une tenue correcte. Par
exemple euh… carrément mettre pas de jeans déchiré. Alors on pourrait dire « Pourquoi pas
le jeans déchiré ? »… Ben parce que voilà… Euh… Je n’ai rien contre le jeans déchiré, mais
faut qu’on précise. Parce qu’autrement, si l’élève vient avec un jeans déchiré… il va
dire « Ben si monsieur, c’est une tenue correcte. J’ai acheté le jeans à 100€ chez Delvenne et
il était déchiré quand je l’ai acheté. C’est qu’il était correct ». Donc voilà… C’est toujours un
peu dangereux quand on établit des règles, il faut pouvoir … les justifier et les vérifier, oui.
Shan : Est-ce que… Laure et Élise, elles peuvent mettre des jeans troués ?
Jean-Louis : Je ne sais pas…
Élise : Ben moi… ça fait longtemps que je suis avec ce jeans-là et franchement euh… tant que
ce n’est pas trop troué. Alors je ne suis pas trouée partout, alors ça va. Un peu les genoux.
Mais à partir du moment où on voit les cuisses, ça… ça commence à être chaud.
Jean-Louis : Donc elles peuvent. Et dans mon école, aussi. Par contre, j’étais à l’Athénée
Royal à Spa, c’est interdit. Voilà donc… c’était une décision du préfet… Je pense que ce qu’il
faut… c’est le flou. Euh…Etablir des règles, oui. Est-ce qu’il faut nécessairement les justifier,
non. Je pense que si le directeur d’école établit des règles, il ne doit justifier toutes ses
décisions. Par contre, il doit… euh… elles doivent être précises les règles, elles doivent être
claires. Mais pas après prêtées à.. à discussion. « Vous vous dites que j’ai une tenue pas
correcte. Moi je dis que j’ai une tenue correcte. » Voilà… Maintenant… les extrêmes sont
vite repérés hein. Il faut établir des règles précises et claires, ça oui. Donc ça c’est peut-être
quelque chose d’une école doit faire. Soit elle accepte tout et n’importe quoi et à ce moment-
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là, évidemment, il n’y a plus de souci. Ou bien, elle exige certaines choses et… des exigences
doivent être précisées.
Shan : Est-ce que tu penses à autre chose ou des points que je n’aurais pas abordés ?
Jean-Louis : Non… non… je pense que… Je réfléchis… Simplement en conclusion de dire
que… voilà l’école est un lieu public où se côtoient de très nombreuses personnes… et que…
c’est pas toujours facile de.. gérer ça hein. Je ne parle pas forcément du profession qui a, lui,
une classe de 15-20 élèves, mais… je parle plutôt des éducateurs et de la direction de l’école
qui doit gérer 4-5-600 élèves… et qu’il faut simplifier ça au maximum et que donc… euh… le
fait d’avoir des exigences vestimentaires me semble adéquat… euh… mais qu’il faut quand
même… adéquat, donc il faut des règles… que ces règles doivent être précises, mais que… ça
ne doit pas non plus devenir une dictature. Donc on doit accepter qu’une fille s’habille comme
un garçon… qu’un garçon s’habille comme une fille, c’est peut-être différent… Pas tellement
pour l’école… mais pour euh… pour le garçon même, qui risquerait de… de… parce qu’il n’y
a rien de plus cruel que les jeunes hein… Donc ça, faut bien se rendre compte… que parfois
on établit des règles pour protéger les jeunes contre eux-mêmes. Et donc voilà… il faut… il
faut… ça doit se faire dans un cadre réglementé, mais réglementé de façon euh… souple.
Donc pas de règles du tout, ça ne va pas. Comme dans tout. Et.. et… et des règles
draconiennes, ça ne va pas non plus parce qu’à un moment donné, on ne sera plus les… les
faire respecter.
Shan : Est-ce que pour toi… qu’est-ce…qu’est-ce que les jeunes… vont garder… par rapport
à leur vie future… tu vois, de tout ça ?
Jean-Louis : Ben je dirais, dans… dans les écoles que je connais moi comme prof et aussi
celles que je connais dans les écoles de mes enfants… il n’y aura pas… ils ne vont pas en
retenir grand-chose. Puisque justement il n’y a pas d’excès. Euh… effectivement, hein…
Élise m’a rappelé que Laure avait reçu une remarque pour ses épaules dévêtues. Elle devait
certainement ne pas être très contente, mais cela ne l’a pas martyrisée.
Élise : Non, mais… ça lui a donné le seum quoi.
Jean-Louis : Ben voilà… et même si certains élèves se font remonter les bretelles parce que
leur tenue n’était pas correcte, c’est peut-être mieux que ça se fasse à l’école que… lorsqu’ils
vont aller se présenter à un emploi et que… ce ne sera peut-être pas la raison pour laquelle ils
n’obtiendront pas l’emploi, mais… euh… ou dans un certain nombre de critères, ça risque
certainement de … de les désavantager. Parce que bon… les critères vestimentaires, ici nous
parlons de l’école. Mais ça existe partout. Et dans le monde de l’entreprise, certainement.
Donc moi je n’ai pas toujours été prof. J’ai travaillé dans une banque avant. Et bien lorsque je
suis rentré à la banque, mais bon… c’était dans les années 80 hein… les femmes ne pouvaient
pas venir en pantalon. Et on n’est pas au Moyen Âge. On est en 1988-89. C’est fini hein. Je
précise de suite. Mais… encore aujourd’hui… dans le monde de l’entreprise, on exige aussi…
Euh… certains critères vestimentaires... Et je pense que l’école va déjà mettre les enfants dans
le bain en leur disant… voilà… « Vous pouvez grosso modo mettre ce que vous vous voulez,
mais il y a certaines barrières à ne pas dépasser »… Oui, donc, je ne pense pas que les enfants
soient … en tout cas, pas les miens, martyrisés euh… Ils sont peut-être plus euh… Il y a
d’autres choses à l’école qui sont… qui marquent bien plus. Des profs trop sévères, des profs
pas assez sévères…
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(Fin)

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