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SOMMAIRE

SOMMAIRE.............................................................................................................................................. 1
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 2
I / LA PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT A TRAVERS LES INSTRUMENTS NORMATIF ET LES
ORGANISATIONS INSTITUTIONNELLES................................................................................................... 7
A / LES INSTRUMENTS NORMATIFS DE PROTECTION DE L’ENFANT LORS DE CONFLITS ARMES ........ 7
B-/LES MECANISMES INSTITUTIONNELS DE PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT ........................ 9
II-/ LA REPRESSION DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’ENFANT ........................................................ 11
A-/ UNE JUSTICE INTERNE PEU VISIBLES SUR LA REPRESSION DES VIOLATIONS DES DROITS .......... 11
B/ LA RÉPRESSION INTERNATIONALE DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’ENFANT .......................... 12
CONCLUSION ......................................................................................................................................... 15
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................... 16

1
INTRODUCTION

2
A l'Assemblée, célébrant le 25e anniversaire de la convention sur les droits de l'enfant
Teyise DLAMINI affirmait que : « Chaque jour les droits des enfants sont violés à la maison,
à l'école, dans leur environnement social et spécialement dans les sociétés déchirées par la
guerre »1. Pour elle, les droits de l'enfant ne sont pas respectés pendant les conflits armés.

Dès lors, l’on est amené à savoir qui peut être qualifié d’enfant ? Un enfant peut être défini au
regard de plusieurs perspectives :

En biologie, un enfant est un être humain qui se trouve dans la période de développement entre
la naissance et l'adolescence. C'est une phase caractérisée par la croissance physique, mentale,
émotionnelle et sociale.

Psychologiquement, l’enfance représente une période marquée par l’apprentissage, la


dépendance envers les adultes et le développement de l'identité et de la Personnalité

Mais dans le cadre légal, c'est-à-dire en droit, un enfant désigne généralement une personne
mineure, c'est-à-dire une personne qui n'a pas encore atteint l'âge de la majorité, fixé selon les
pays (par exemple, 18 ans dans de nombreux pays). Cela se justifie par la Convention relative
aux droits de l'enfant en son article premier en ces termes : « Au sens de la présente Convention,
un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est
atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable »2. Ce qui signifie que l'enfant
est défini non seulement en fonction du contexte mais aussi en fonction de la législation qui lui
est applicable (en fonction de la législation de son pays).

L'enfant ainsi défini devrait pouvoir bénéficier d’une protection accrue de ses droits et libertés
fondamentales et non être impliqué dans « les guerres » d’après Teyise DLAMINI traduit.

Selon le dictionnaire Larousse un conflit armé est une lutte armée, combat entre deux ou
plusieurs puissances qui se disputent un droit.

Revenant au conflit armé, selon la jurisprudence, « un conflit armé existe chaque fois qu'il y a
recours à la force armée entre Etats ou un conflit armé prolongé entre les autorités
gouvernementales et des groupes armés organisés ou entre de tels groupes au sein d'un Etat. Le
droit international humanitaire s'applique dès l'ouverture de ces conflits armés et s'étend au-

1
Discours lu à l’Assemblée Nationale française, le 25e anniversaire de la Convention relative aux droits de
l’enfant.
2
Aux termes de l’Article 1er de CDE, « un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf
si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable »

3
delà de la cessation des hostilités jusqu'à la conclusion générale de la paix ; ou, dans le cas de
conflits internes, jusqu'à ce qu'un règlement pacifique soit atteint »3.

Selon le dictionnaire pratique du droit humanitaire : « Un conflit armé qui oppose, sur un (ou
des) territoire(s) occupé(s), la puissance occupante et un groupe armé non étatique, même s’il
a les caractéristiques d’un groupe terroriste, constitue un conflit armé international ». Le droit
international humanitaire (DIH) ou droit humanitaire international (DHI), en appellation de ce
qui est connu traditionnellement sous le nom droit de la guerre (ou droit des conflits armés) et
des gens, est un ensemble de règles qui tend à limiter les effets des opérations de guerre, en
particulier à l'égard des populations et des installations civiles et des personnes qui ne
participent pas ou plus aux combats (prisonniers de guerre, réfugiés), ainsi qu'en limitant les
objectifs, les moyens et les armes de guerre »4. Le DIH est également appelé « droit des conflits
armés » et rassemble donc les normes minimales d'humanité devant être respectées dans les
situations de conflit armées. Le droit international humanitaire a étendu ainsi le champ de cette
définition en faisant la distinction entre conflit armé international (article 2 commun aux
conventions de Genève de1949) et conflit armé non international (article 3 commun aux
conventions de Genève de1949).

Aussi, il est important de remarquer que le droit international humanitaire fait partie du droit
international qui régit les relations entre États. Il est formé par un ensemble de règles
internationales d'origines coutumières et conventionnelles. Les conventions de Genève relatives
à la guerre (notamment les quatre conventions de 1949 et leur premier Protocole additionnel de
1977) constituent les principaux traités applicables aux conflits armés internationaux.

Il ne s'applique que dans les situations de guerre (ius in bello)5. Il ne détermine pas si un État a
ou non le droit de recourir à la force (ius ad bellum)6.

3
TPIY, Le Procureur c/ Dusko TADIC, alias "DULE" ; Affaire Tadic N° IT-94-1-AR72, Arrêt relatif à l’appel de
la défense concernant l’exception préjudicielle d’incompétence, Chambre d’Appel, 2 Octobre 1995, paragraphe
70.

4
Jean SALMON, Dictionnaire pratique du droit humanitaire, 3e éditions bruylant, p.233-234

5
Jus in bello, c’est ‘’ le droit dans la guerre’’, il fait référence aux règles du droit international humanitaire qui
régissent la conduite des hostilités pendant un conflit armé.
6
Jus ad bellum c’est ‘’ le droit de faire la guerre, il désigne l’ensemble des règles du droit international qui
régissent la légitimité de recourir à la guerre.

4
Une notion complexe à définir mais qui au vue de l'ampleur de ces actions fait appel à une
protection juridique vis à vis de l'enfant.

C'est dans le cadre que s'inscrit notre thème : La protection juridique de l'enfant dans les
conflits armés. Autrement dit, la sécurité juridique d'une personne mineure lors des conflits
armés.

A partir de 1919, la reconnaissance des Droits de l’Enfant commence à trouver un écho


international avec la création de la Société des Nations, qui met en place un Comité de
protection de l’enfance, ensuite au début du XXe siècle, la protection de l’enfant se met en
place, avec notamment une protection médicale, sociale et judiciaire. Cette protection des
enfants se développe d’abord en France, puis s’établit dans d’autres pays d’Europe. Le 26
septembre 1924, la Société des Nations adopte la Déclaration de Genève. Cette déclaration des
Droits de l’Enfant est le premier texte international adopté. En cinq points, ce texte reconnaît
pour la première fois des droits spécifiques aux enfants et précise les responsabilités des adultes.
L’horreur de la Seconde Guerre mondiale laisse derrière elle des milliers d’enfants en détresse.
Ainsi, en 1947 est créé le Fonds des Nations Unies des secours d’urgence à l’enfance. C’est la
naissance de l’UNICEF qui devient en 1953 une organisation internationale permanente.

Initialement, l’UNICEF a pour mission de porter secours aux victimes de la Seconde Guerre
mondiale, se consacrant ainsi essentiellement aux enfants européens. Mais, dès 1953, son
mandat devient international et ses actions concernent aussi les pays en voie de développement.
L’UNICEF met alors en place des programmes d’aide à l’enfance pour leur éducation, leur
santé, l’eau et l’alimentation. L’année 1979 est proclamée par les Nations Unies « Année
internationale de l’enfant ». 1979 marque une véritable prise de conscience, où la Pologne
propose la constitution d’un groupe de travail au sein de la Commission des droits de l’homme.
Ce groupe de travail est ainsi chargé de rédiger une convention internationale. Le 20 novembre
1989 est adoptée la Convention internationale des droits de l’enfant. Ce texte de 54 articles,
adopté à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies, énonce les droits civils,
économiques, sociaux et culturels de l’enfant.

Jusqu'à ce jour le droit international humanitaire continue de lutter pour la protection des droits
de l'enfant. Il est vital de protéger l'enfant pendant les hostilités au vu de sa grande vulnérabilité,
maltraitance, exploitation, discrimination et violence.

Au vu de ce qui précède l'interpellation est la suivante : comment le Droit international


assure-t-il juridiquement la protection des droits de l'enfant dans les conflits armés ?

5
Il est judicieux de voir la protection des droits de l'enfant selon le cadre normatif et institutionnel
(I) dont le non-respect conduit à la répression des violations des droits de l'enfant (II).

6
I / LA PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT A TRAVERS LES
INSTRUMENTS NORMATIF ET LES ORGANISATIONS INSTITUTIONNELLES

Durant ces dernières décennies la question de protection des enfants victimes des conflits armés
a été l’une des préoccupations majeures de la communauté internationale dont la volonté était
d’assurer les besoins essentiels de l’enfant a conduit à s’interroger plus encore sur la question
de sa sécurité. Ainsi, celle-ci mettra en œuvre un cadre normatif (A) et des mécanismes
institutionnels de protections des enfants dans les conflits armés.

A / LES INSTRUMENTS NORMATIFS DE PROTECTION DE L’ENFANT LORS DE CONFLITS


ARMES

En période de conflits armés, la protection des enfants reste principalement assurée par le droit
international humanitaire à travers les différentes conventions de Genève et leurs protocoles
additionnels mais également par le droit international des droits de l’homme qui tous deux, se
présentent comme les principaux instruments normatifs encadrant la protection de l’enfant
pendant les conflits armés. Le droit international humanitaire (DIH) protège les droits de
l'enfant pendant les conflits armés par le biais de la 4e Convention de Genève de 1949, le
protocole additionnel(I) relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux du
8 juin 1977 ainsi que le protocole additionnel (II) de relatif aux victimes des conflits armés non
internationaux également de la même année.

Analysons la 4e Convention de Genève(IV) relative à la protection des personnes civiles en


temps de guerre de 1949, établissant des dispositions encadrant la protection des enfants
pendant les conflits armés. L'article 14 de ladite convention, laisse entrevoir la protection d'une
certaine catégorie de personnes des effets de la guerre en aménageant des zones et localités
sanitaires. Les personnes dont il s'agit sont entre autres les « les blessés, les malades, les
infirmes, les personnes âgées, les enfants de moins de quinze ans, les femmes enceintes et les
mères d'enfants de moins de sept ans» le droit international humanitaire (DIH) reconnaît un
caractère spécial à l'enfant qui est âgé de moins de 15 ans comme évoqué à l'article 38.5 qui
dispose que « les enfants de moins de 15 ans(...)bénéficieront, dans la même mesure(...) tout
traitement préférentiel ». Il est donc clair que le DIH attache une certaine préférence, un certain
caractère privilégié à la protection des enfants. Il est fait généralement mention de l'enfant de
7
moins de 15 ans. Cette tranche d'âge paraît comme étant réductrice. Toutefois, elle ne doit pas
être comprise comme étant réductrice dans la mesure où le droit international reconnaît l'enfant
comme « tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plutôt en vertu
de la législation qui lui est applicable »7. Toujours est-il que ladite convention joue un rôle de
près ou de loin à la protection des enfants en mettant en œuvre des mécanismes d'évacuation
efforçant les parties au conflit de conclure des arrangements pour l'évacuation « d'une zone
assiégée ou encerclé des blessés, des malades... des enfants et des femmes en couche »8 Un
aspect tout aussi important dans la protection de l'enfant, est la livraison de biens essentiels
comme des vivres et des médicaments aux enfants9 comme il en est fait mention à l'article 23
tout en prenant des mesures nécessaires au profit des enfants afin de les accueillir en pays neutre
pendant la durée du conflit10 en procédant également à l’identification des enfants de moins de
12 ans11. Par ailleurs, cet instrument normatif qu’est cette convention(IV) de Genève, exempte
les mineurs de la peine de mort ou d'autres sanctions sévères en précisant qu’«aucun cas de
peine de mort ne pourra être prononcé contre une personne âgée de moins de 18 ans au moment
de l'infraction12».

En ce qui concerne les protocoles additionnels(I) et (II) respectivement relatifs à la protection


des victimes des conflits armés internationaux et non internationaux, ils consacrent des
dispositions relatives à la protection de l'enfant en temps de conflit armé. Le protocole
additionnel (I) de 1977 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux
participent à la protection des enfants lors des conflits armés présentant un caractère
international. En effet, l’enfant est considéré comme étant un civil, une personne ne participant
pas à un conflit. A cet effet, lors des conflits armés les enfants bénéficient «de soins et d’aides
dont ils ont besoin du fait de leur âge13» ainsi qu'en évitant aux enfants de moins de 15 ans de
participer directement aux hostilités et de se faire recruter dans les forces armées14. Le protocole
additionnel de 1977 relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux

7
Convention relative au droit de l'enfant CIDE, article 1.
8
Article 17 de la convention(IV) de Genève.
9
Article 23 de la convention(IV) de Genève.
10
Article 24(2) « les parties au conflit favoriseront l'accueil de ses enfants en pays neutre pendant la durée du
conflit (...) ».
11
Article 24 de la Convention(IV) de Genève.
12
Article 68 de la convention(IV) de Genève.
13
Article 77.1 du protocole additionnel(I).
14
Ibidem.

8
contribue également à la protection des droits des enfants en interdisant des actes à l’encontre
la population civile, incluant les enfants15, en interdisant le recrutement d'enfants de moins de
15 ans tout en protégeant leur éducation et leur bien-être16.

Cet ensemble d'instruments normatifs de protection des enfants en période de conflit armé dont
consacre le DIH, contribuent, comme nous l'avons vu de manière pertinente à la protection des
droits de l'enfant victime de conflits armés. Le droit international des droits de l'homme encadre
la protection des droits de l'enfant tant de conflit qu’en temps de paix, il a un cadre général
d'application. La Convention relative au droit de l'enfant de 1989 (CIDE), protège les droits de
l'enfant en conflit armé en imposant aux Etats de respecter, protéger les enfants en période de
conflit armé17, l'obligation faite aux états de promouvoir la réhabilitation physique et
psychologique des enfants victimes de conflit armé18. Par ailleurs, le Statut de Rome de la Cour
pénale internationale CPI de 1998 en son Article 8(2)(b)(xxvi) fais savoir que le recrutement
d'enfants de moins de 15 ans ou leur utilisation dans les hostilités est considéré comme une
crime de guerre19. Il est clair que la protection de l'enfant est assurée par le biais du cadre et des
instruments normatifs ci-dessus présentés.

B-/LES MECANISMES INSTITUTIONNELS DE PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT

La protection des droits de l’enfant en situation de conflits armés repose sur de


mécanismes institutionnels qui se déclinent en deux catégories principales : les mécanismes
institutionnels généraux qui interviennent dans tous les contextes et mécanismes institutionnels
spécifiques, qui pour eux répondent aux particularités des conflits armés. Ces institutions sont
appuyées comme nous l’avons signifié précédemment par des instruments juridiques pertinents
visant à protéger les enfants contre les effets dévastateurs des conflits armés. En venons aux
mécanismes institutionnels généraux, il ils regroupent des structures universelles telles que le

15
Article 13 du protocole additionnel(II).
16
Article 4(3) du protocole additionnel(II) de Genève.
17
Article 38 La Convention relative au droit de l'enfant de 1989 (CIDE).
18
Article 39 La Convention relative au droit de l'enfant de 1989 (CIDE).
19
Article 8(2) (b) (xxvi) su statut de Rome.

9
comité des droits de l’homme, institué par la convention relative aux droits de l’enfant (CDE,
1989). Ce comité surveille la mise en œuvre de la convention et de ses protocoles facultatifs
par les Etats parties. Ces textes fondamentaux interdisent notamment le recrutement et
l’utilisation d’enfants dans les hostilités, article 38 et 39 de ladite convention. L’UNICEF, une
autre institution clé, fournit une assistance humanitaire et met en place des programmes de
réhabilitation pour les enfants affectés par les conflits. En outre, ces efforts s’accompagnent
d’une large mobilisation pour prévenir les violences contre les enfants et promouvoir leur
réintégration sociale20.

Les organisations régionales comme le Comité d’experts sur les Droits et le Bien-être de
l’Enfant (CDEDBE) veillent également à l’application des instruments régionaux à travers la
Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant selon la Charte africaine des droits de
l’enfant son en article 2221

Au niveau national, nous avons les commissions nationales des droits de l’homme qui assure
cette protection des enfants en situation de conflits armés et ce à travers les mécanismes locaux
de veille et la publication de rapports. Celles-ci sont épaulées par les ONG telles que Hman
Rights Watch, Amnesty International, Save the Children en autres qui s’investissent à l’effet de
documenter les atteintes aux droits et fournir des solutions adaptées (HRW, World Report 2023,
chapitre sur les conflits armés)22.

Au niveau international, le Conseil de sécurité des Nations-unies a établi un groupe de travail


sur les enfants et les conflits armés et un mécanisme de surveillance et de communication
d’information(MRM) qui documentent les violations graves telles que le recrutement forcé ou
les attaques contre les écoles et les hôpitaux(ONU, Résolution 1622, 2005)23. En parallèle, la
Cour Pénale Internationale est un instrument est l’un des instruments clés pour sanctionner les
crimes de guerre impliquant les enfants (l’enrôlement de mineurs dans les forces armées). Le
cas de Thomas LUBANGA en est une parfaite illustration, condamné pour l’utilisation

20
https//www.unicef.org/cotedivoire/en/topics/child-protection
21
Voir humanium.org. Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant-1999 ;
https//www.ahry.up.ac.za/images/ahry/volumes5/Part%201%20Abelungu%202021.pdf
22
Human Rights Watch, They killed Them Like It Was Nothing : the need for justice for Cotee d’Ivoire’s post-
Election crimes, 2011, www.hrw.org
23
https//www.digitallibrary.un.org/record/554386/files/S-RES-1622-EN.pdf

10
d’enfants soldats en République démocratique du Congo, ce procès illustre de fort belle manière
l’efficacité de ce mécanisme24.

Au niveau régional, la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples reçoit des plaintes
individuelles ou étatiques en lien avec les violations des droits des enfants dans les conflits
armés25. Enfin, les initiatives collaboratives entre les organisations non gouvernementales et les
institutions internationales permettent de développer des programmes de réhabilitation, de
démobilisation et de réintégration des enfants soldats, notamment en Afrique de l’Ouest.

II-/ LA REPRESSION DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’ENFANT

Cette lutte passe bien évidemment par une justice interne peu visibles (A) et la répression
internationale des violations des droits de l’enfant (B).

A-/ UNE JUSTICE INTERNE PEU VISIBLES SUR LA REPRESSION DES VIOLATIONS DES
DROITS

En Côte d’ivoire, les juridictions nationaux sont confrontées à des défis importants dans la
répression des violations graves portées aux atteintes des droits des enfants dans les conflits
armés comme d’ailleurs dans de nombreux pays au monde. Les sanctions sont peu visibles ou
n’existent quasiment pas. Cela peut s’expliquer pour des raisons de ressources limitées sur le
plan technique et financier des tribunaux pénaux qui peinent à traiter ces crimes de manière
efficace renforçant ainsi une impunité généralisée dans le pays. La crise politico-militaire de
2002-2011 a particulièrement mis en lumière ces limites structurelles de la justice ivoirienne.

24
CPI, Le procureur c/ Thomas Lubanga Dyilo, Affaire N° : ICC-01/04-01/06, Jugement, Chambre de Première
Instance 1, 14 mars 2012, § 1358.
25
Lien à consulter https://www.african-court.org/wpafc/?long=fr

11
Bien que la Côte d’Ivoire ait ratifié des instruments internationaux tels la Convention relative
aux droits de l’enfant et son protocole facultatif sur l’implication des enfants dans les conflits
armés, leur transposition en droit interne partielle. Cette situation empêche ainsi une application
complète et efficace de ces normes internationales sur le terrain national. Les tribunaux
ivoiriens ont tenté de juger certains responsables impliqués dans les conflits armés de 2002 et
2010-2011. Par exemple, des enquêtes ont été ouvertes pour identifier les auteurs de crimes
graves, y compris les violations commises contre des enfants. Cependant très peu de ces affaires
ont abouti à des condamnations, en raison des difficultés à collecter des preuves, du manque de
protection pour les témoins et des pressions politiques sur les magistrats. Un exemple, notable
est le procès de l’ancienne première dame Simone GBAGBO, accusée de crimes contre
l’humanité, y compris l’utilisation d’enfants dans des milices pendant la crise post-électorale
de 2010 à 2011. Bien qu’elle ait été acquittée de certains chefs d’accusation par cour d’assises
d’Abidjan en 201726.

Malgré cette invisibilité, nous ne nions pas que dans le cadre des réformes après la crise, la Côte
d’Ivoire a renforcé son arsenal juridique pour inclure des dispositions criminalisant le
recrutement d’enfants dans les groupes armés. Par exemple, l’article 139 du code pénal
criminalise les actes de tortures, les traitements inhumains et conscription forcée d’enfants27.
De plus, des mesures législatives complémentaires, telles que la loi n°2016-886 relative à la
protection de l’enfant renforcent ce cadre normatif28. Ces lois visent à harmoniser la législation
nationale avec les instruments internationaux.

B/ LA RÉPRESSION INTERNATIONALE DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’ENFANT

La répression au niveau international se met en œuvre à travers les juridictions internationales,


qui engagent la responsabilité pénale internationale des contrevenants, des individus qui violent
les droits de l'enfant consacré par le DIH et le droit international des droits de l'homme. Il s'agit
essentiellement de la Cour pénale internationale (CPI) qui a vu le jour avec l'adoption du statut
de Rome le 17 juin 1998. Il faut noter également que, les tribunaux internationaux spéciaux

26
Simone GBAGBO c/ Ministère public, Cour d’Assise, Abidjan-Plateau rendue le 10 mars 2015 ;
www.justice.gouv.ci
27
www.legici.ci
28
www.legici.ci

12
comme les tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie29 le Rwanda30 et le tribunal
spécial pour la Sierra Leone31 ajoutent leurs pierres à l'édifice en jugeant les crimes, les
violations perpétrées au droit des enfants, ainsi que des crimes graves en général. Les textes du
Statut de Rome, réprimandent, tout en jugeant les crimes graves commis à l'encontre des enfants
au niveau international dont notamment à travers le recrutement et l'utilisation d’enfants soldats.
C'est dans ce cadre que l'article 8 (2) (B) interdit de « conscrire ou enrôler des enfants de moins
de 15 ans (...) les faire participer activement aux activités hostilités ». Par ailleurs, l'adoption
du statut de Rome, ce traité international se présentant comme la première juridiction pénale
internationale permanente32, permettant de mettre un terme à l'impunité en réprimant les crimes
les plus graves qui touchent l'enfant, mais la communauté internationale en générale. La Cour
Pénale international (CPI) a jugé plusieurs affaires concernant des violations des droits des
enfants notamment pour le recrutement et l'utilisation d’enfants soldats dans des conflits armés.
A titre d'exemple, l'affaire Thomas Lubanga Dyilo, chef du groupe, Union des patriotes
congolais(UPC) et commandant des forces patriotiques pour la libération du Congo(FPLC) qui
a été accusé par la CPI de crime commis dans la région d’Ituri, en République démocratique du
Congo(RDC) entre 2002 et 2003 lors de conflit armé. Ces chefs-d ‘accusations étaient entre
autres la conscription et l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans dans les forces armées,
l'utilisation d'enfants pendant les hostilités. Le sieur Thomas Lubanga a été arrêter le 17 mars
2006 est transféré à la CPI à La Haye dont le procès a été enclenché le 26 janvier 2009 et marque
même la première affaire juger par la CPI33 .Par ailleurs nous avons d'autres affaires jugées par
la CPI comme l'a fait Bosco Ntaganda, commandant des forces patriotiques qui a été accusé de
18 chefs-d ‘accusations dont des crimes liés aux enfants34. L’affaire Dominique
Ongwen(Ouganda), ancien commandant de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), Ongwen
avait lui-même été enlevé enfant par la LRA (Armée de résistance du Seigneur). Reconnu
coupable en 2021 de 61 crimes, y compris des violations des droits des enfants, il a été
condamné à 25 ans de prison. En outre, les tribunaux spéciaux pour le Rwanda, l’ex-

29
Le 25 Mai 1993.
30
Le 8 Novembre 1994.
31
TSSL du 16 Janvier 2001 chargé de juger les responsables les responsables des crimes graves commis pendant
la guerre civile Sierra Léonaise de 1991-2002.
32
Le préambule et l’art 1 du statut de Rome.
33
Voir le rapport annuel de la CPI adressé à l’assemblée des États parties.
34
Recrutement et utilisation d’enfants soldats de moins de 15 ans, viols et esclavage sexuel des enfants dans les
groupes armés. Il a été condamné à 30 ans de prison.).

13
Yougoslavie et la Sierra Leone ont participé à la poursuite et à l'incrimination des violations
faites à l'encontre des enfants en temps de conflits armé.

L'un des cas soumis au Tribunal pénal international pour le Rwanda(TPIR)35, est le cas Jean-
Paul Akayesu36 de 1998, date à laquelle le verdict du tribunal a été prononcé le condamnant à
la prison en perpétuité. Alors que le tribunal pénal international pour le Rwanda(TPIR) à
marquer une avancée majeure dans la reconnaissance des violences sexuelles sur les femmes et
sur les jeunes filles comme étant des crimes de génocide, le Tribunal pénale international
pourl’ex-Yougoslavie(TPIY), à poursuivi cette dynamique en s'attaquant à la violation des
droits humains mais également à celui de l'enfant. L'affaire implicant les sieurs Dragoljub
Kuranac37, Radomir Kovac38, Zoran Vukovic39 de 2001, date à laquelle le tribunal a jugé les
sieurs des violences sexuelles commises pendant la guerre de Bosnie40, dont notamment des
atteintes portées au droit de l'enfant eu egard aux violences sexuelles faites aux jeunes filles
mineures.

35
Tribunal ad hoc créé par la résolution 955 du Conseil de sécurité des Nations Unies en novembre 1994 pour
juger les responsables du génocide rwandais.
36
Akayesu était maire de la commune Taba au Rwanda durant le génocide de 1994, il a été accusé de génocide,
crime contre l'humanité et des violations sexuelles à l'encontre de jeunes filles Tutusies.
37
Chef d'une unité militaire serbe qui a permis à ses soldats de réduire les femmes et filles à l'état d'esclaves
sexuelles.
38
Responsable de la détention et de la vente de jeunes filles à exploiter sexuellement
39
Accusé d'avoir violé des femmes dont une mineure enceinte.
40
1992-1995.

14
CONCLUSION

En conclusion retenons que, la protection internationale des droits de l’enfant victimes des
conflits armés un sujet d’interrogation continue. Ce constat découle en effet du contraste qui
existe entre, d’une part, les règles juridiques applicables et d’autre part, les réalisations
concrètes obtenues sur le terrain.

En effet la consistance du cadre normatif et institutionnel est une certitude et cette exhaustivité
se vérifie aussi bien au plan juridique qu’au plan institutionnel. Retenons également que, les
règles relatives aux droits de l’homme sont appuyées par le droit humanitaire, lex specialis41
des conflits dont la prépondérance s’impose parfois. Il est donc admis que ces deux branches
du droit international sont inséparables.

L’action internationale a tout son intérêt et grâce à elles que les plus importantes réalisations
ont été notées, notamment en ce qui concerne la baisse du recrutement, la libération et la
réinsertion d’enfants soldats ou l’adoption de sanctions42.

Toutefois, le cadre juridique international ne trouvera son effectivité réelle que si les Etats
assument pleinement leurs responsabilités. D’une part, parce qu’il revient d’abord aux Etats de
respecter et faire respecter le droit international applicable à l’enfant 43. C’est par conséquent,
de leur devoir d’assurer l’adoption de mesures internes idoines tendant à la réalisation des droits
reconnus au niveau international. Cela implique donc des mesures répressives et dures à
l’encontre des acteurs liés aux violations des droits des enfants dans les conflits armés.

41
lex specialis, c’est un principe qui signifie que la règle spécifique prévaut sur la règle générale notamment en
matière de conflit entre normes
42
S/RES/2143(2014), 7 mars 2014. Préambules.
43
S/RES/2143(2014), op. Cit. Préambules.

15
BIBLIOGRAPHIE

DICTIONNAIRE

 Jean SALMON, Dictionnaire pratique du droit humanitaire, 3e éditions bruylant,


p.233-234

JURISPRUDENCE

TPIY, Le Procureur c/ Dusko TADIC, alias "DULE" ; Affaire Tadic N° IT-94-1-AR72, Arrêt
relatif à l’appel de la défense concernant l’exception préjudicielle d’incompétence, Chambre
d’Appel, 2 Octobre 1995, paragraphe 70.

CPI, Le procureur c/ Thomas Lubanga Dyilo, Affaire N° : ICC-01/04-01/06, Jugement,


Chambre de Première Instance 1, 14 mars 2012, § 1358.

Simone GBAGBO c/ Ministère public, Cour d’Assise, Abidjan-Plateau rendue le 10 mars 2015

TSSL du 16 Janvier 2001 chargé de juger les responsables les responsables des crimes graves
commis pendant la guerre civile Sierra Léonaise de 1991-2002.

ARTICLES

Discours lu à l’Assemblée Nationale française, le 25e anniversaire de la Convention relative


aux droits de l’enfant.

Convention relative au droit de l'enfant CIDE, article 1.

Article 17 de la convention(IV) de Genève.

Article 23 de la convention(IV) de Genève.

16
Article 24(2) « les parties au conflit favoriseront l'accueil de ses enfants en pays neutre pendant
la durée du conflit (...) ».

Article 24 de la Convention(IV) de Genève.

Article 68 de la convention(IV) de Genève

Article 77.1 du protocole additionnel(I).

Article 13 du protocole additionnel(II).

Article 4(3) du protocole additionnel(II) de Genève.

Article 38 La Convention relative au droit de l'enfant de 1989 (CIDE).

Article 39 La Convention relative au droit de l'enfant de 1989 (CIDE).

Article 8(2) (b) (xxvi) su statut de Rome.

Le préambule et l’art 1 du statut de Rome.

Voir le rapport annuel de la CPI adressé à l’assemblée des États parties.


Recrutement et utilisation d’enfants soldats de moins de 15 ans, viols et esclavage sexuel des
enfants dans les groupes armés. Il a été condamné à 30 ans de prison.).

S/RES/2143(2014), 7 mars 2014. Préambules.

L’Article 1er de CDE, « un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans,
sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable »

WEBOGRAPHIES

https//www.unicef.org/cotedivoire/en/topics/child-protection
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humanium.org. Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant-1999 ;
https//www.ahry.up.ac.za/images/ahry/volumes5/Part%201%20Abelungu%202021.pdf
www.hrw.org
https//www.digitallibrary.un.org/record/554386/files/S-RES-1622-EN.pdf
Lien à consulter https://www.african-court.org/wpafc/?long=fr
www.justice.gouv.ci
www.legici.ci
www.legici.ci

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