Dt_Civil_2024
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Définitions
Une société ne peut vivre de manière stable sans imposées des règles à ses membres.
Lorsqu’une société même limitée se crée (par exemple un club sportif), un règlement est
établi qui doit être respecté pour tous les membres. Le Droit au sens large est l’ensemble
des règles, imposées et sanctionnées par la collectivité pour régir les rapports des hommes
entre eux. Cette notion de contrainte, c’est-à-dire la possibilité d’imposer le respect des lois,
est une des caractéristiques essentielles du droit. Une règle non obligatoire, mais
dépendante de la conscience, de la volonté de chacun, n’est pas une règle de droit mais une
règle morale. Dans une société, plusieurs conceptions morales différentes peuvent coexister,
mais il existera toujours la règle de droit qui s’imposera à tous.
Le droit est omniprésent, partout et tout le temps. Le droit est également relatif, il peut être
différent en fonction de la société et de ses choix. D’autre part, le droit est aussi évolutif. Il
évolue continuellement, il change de plus en plus et de plus en plus vite. Par exemple,
lorsque les technologies évoluées, les lois doivent s’adapter. Le droit comporte plusieurs
branches qui suivent des objectifs précis.
Le droit objectif est un ensemble de règles de conduite, socialement édictées et
sanctionnées, qui s’imposent aux membres de la société. C’est un ensemble de lois et de
règlements qui organisent la vie en société et les rapports entre individus.
Le droit subjectif vise, quant à lui, les prérogatives (c’est à dire les avantages attachés à une
fonction ou une diginté) qui appartiennent à la personne humaine en tant que telle. Les
prérogatives individuelles sont reconnues et sanctionnées par le Droit objectif, ce qui
permet à son titulaire de faire, d’exiger ou d’interdire quelque chose dans son propre intérêt
ou parfois dans l’intérêt d’autrui. Le Droit subjectif vise, en bref, les droits de la personne en
tant que telle.
Divisions du droit
Le droit objectif se divise en deux parties : le droit national et le droit international :
le droit national : ensemble de lois qui s’appliquent à un territoire donné
le droit international : ensemble de lois qui s’appliquent à plusieurs pays d’un
commun accord (ex. Europe)
Ils peuvent être privés ou publics :
le droit privé vise les relations entre citoyens
le droit public vise les relations entre les citoyens et l’Etat
le droit privé international vise les relations entre citoyens de pays différents
le droit public international vise les relations entre Etats différents ; le droit public
international ne s’applique pas facilement car les sanctions ne sont pas efficaces.
Le droit subjectif vise les droits de la personne en tant que telle. Nous avons :
-1-
les droits politiques (ex. droit de vote,...)
les droits publics : droits que l’on possède en tant que membre d’une société
donnée (liberté de culte, droit de se rassembler, ...)
les droits civils : droits que l’on possède en tant qu’individu dans la société
-2-
Première partie : Pour une entrée en matière…
L’organisation d’une société suppose que le pouvoir soit confié à certaines personnes ou
institutions. Une telle organisation n’est possible que si ces personnes ou institutions
obtiennent le pouvoir d’imposer des règles que tous les membres de la société doivent
respecter. Cette attribution de pouvoirs peut être opérée de plusieurs façons : une seule
personne, plusieurs personnes devant ou non rendre des comptes sur la façon dont le
pouvoir qui leur a été confié est rendue. Selon Montesquieu, dans l’Esprit des lois,
quiconque a du pouvoir est porté à en abuser. Aussi, prévoyait-il que le pouvoir devrait être
réparti entre trois instances : le pouvoir législatif, le pouvoir juridictionnel et le pouvoir
exécutif, chacun de ces pouvoirs devant être limité et contrôlé par les autres. Le Congrès
national opta, de façon implicite, pour cette séparation des pouvoirs.
Le pouvoir législatif est compétent pour l’élaboration des lois et pour contrôler
l’exécutif. Il est exercé par le Parlement et par le Roi. Le parlement est composé de deux
chambres : le Sénat et la Chambre des Représentants.
Le pouvoir exécutif exécute les lois. Il se charge de l’application des lois à des cas
concrets. Il administre le pays et doit respecter les lois à cette occasion. Le pouvoir exécutif
est exercé par le Roi et son gouvernement (ministres et secrétaires d’état).
Les juridictions, quant à elles, statuent sur les conflits. Le pouvoir judiciaire est exercé
par les différents tribunaux et cours. Dans le cadre de cette mission, l’importance du
contrôle de la légalité des actes du pouvoir exécutif n’ont jamais cessé de s’accroître.
Le Congrès national préféra opter pour une monarchie plutôt que pour une république, ce,
en raison des réactions internationales plutôt hostiles à l’encontre de la révolution belge. Le
Roi n’a cependant, en Belgique, qu’un pouvoir personnel limité. Il est incapable d’agir seul et
irresponsable. C’est donc le gouvernement qui mène la politique de l’Etat. Dès lors,
lorsqu’un texte légal mentionne le terme « Roi », il faut entendre le pouvoir exercé dans les
faits par le gouvernement (ou les ministres pris isolément). Il ne dispose pas de pouvoir
propre mais uniquement de pouvoirs qu’il exerce de concert avec son gouvernement.
-3-
c) La Belgique est une démocratie représentative et parlementaire
Le pouvoir d’élaborer des lois a été confié à un Parlement, composé de membres élus par le
peuple. La Belgique est une démocratie représentative (la population se fait représenter
pour l’élaboration des lois) et parlementaire (le Parlement est élu et contrôle le
gouvernement non élu).
Depuis 1893, la Belgique connaît l’obligation de vote, ce qui signifie qu’au jour des
élections, chacun est tenu de se présenter au bureau de vote. L’obligation de voter
n’implique nullement l’obligation d’émettre une voix : les votes blancs et les votes nuls (en
cas de vote non informatisé) sont autorisés.
1831 à 1893 : Régime censitaire : notre Etat est un régime libéral et non
une démocratie
1893 à 1914 : Suffrage universel tempéré par le vote plural 25 ans, et votes
supplémentaires pour les ‘intellectuels’, les pères de famille, etc.
1918 – 1920 : A Loppem, avant toute révision, on accorde le suffrage
universel masculin (tout le monde a payé le prix du sang) ; En 1920,
constitutionnalisation du suffrage universel masculin.
1948 : Suffrage universel pur et simple
1981 : Abaissement de l’âge électoral à 18 ans
1988 : Suppression de la condition de domicile de 6 mois dans la même
commune
1998 : Modification de l’article 8 ; extension du droit de vote à certains
étrangers (CE) et pour certaines élections (communales et européennes)
d) La Belgique est un Etat de droit.
L’État de droit se caractérise par ces quatre éléments :
- les représentants de l’autorité doivent respecter le droit élaboré démocratiquement
- les décisions sont prises par la majorité élue démocratiquement
- la majorité doit en tout état de cause respecter certains droits et libertés
- un tribunal indépendant statue sur les conflits.
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Chapitre 2 : Généralité sur le droit (belge).
1.1. La Loi.
Le terme "loi" peut être compris au sens large ou au sens restreint. C'est au sens large que
nous envisageons ici ce vocable. Il couvre ainsi :
- la constitution,
- le droit international directement applicable dans l’ordre juridique belge.
1.2. La jurisprudence.
La jurisprudence couvre l'ensemble des règles de droit qui se dégagent des décisions de
justice rendues par les juridictions belges et internationales.
Il est très important de préciser ici que le juge ne peut violer les règles de droit existantes, ni
créer une règle nouvelle. Il doit nécessairement appliquer la loi et rien que la loi. Si celle-ci
n'est pas suffisamment claire, il doit inévitablement l'interpréter. Si elle paraît mal adaptée à
la situation qui lui est soumise, il peut combler avec une extrême prudence les lacunes de la
loi.
Le juge ne peut aller plus loin : il ne peut modifier la loi ou inventer une nouvelle règle de
droit, même si la loi en vigueur lui semble trop sévère dans le litige qui lui est soumis. C'est
en effet le législateur qui est seul compétent pour actualiser, modifier, abroger ou compléter
une loi.
Un jugement objectivement injuste n'est donc pas nécessairement une mauvaise décision :
si le juge a correctement appliqué la loi en vigueur au moment où il statue, son jugement
n'est pas critiquable, même si la solution retenue paraît, en définitive, inacceptable ! Ce
n'est en ce cas pas le juge que l'on doit critiquer mais bien le législateur, ce que l'on oublie
trop souvent.
Le rôle de la jurisprudence n'est pas négligeable dans notre droit : la solution retenue par un
tribunal peut en effet convaincre les autres tribunaux de la justesse de l'interprétation.
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Les juges ont tendance à se conformer à la jurisprudence des juridictions supérieures pour
que leurs décisions ne soient pas réformées en appel ou cassées par la Cour de cassation. Le
souci de sécurité pousse en outre les juges à adopter une solution semblable dans les cas
similaires.
Il n'y a cependant pas toujours unanimité entre les différentes juridictions belges : la
jurisprudence est parfois hésitante et les controverses ne sont pas rares.
1.3 La doctrine.
La doctrine couvre l'ensemble des ouvrages rédigés par les juristes.
Ces textes n'ont aucune force obligatoire mais certains auteurs exercent une influence
profonde sur l'évolution du droit et les juges s'inspirent souvent de leurs travaux pour
rendre leur décision.
1.4. La coutume.
La coutume fut autrefois la principale source du droit. Il s'agit de l'ensemble des règles
juridiques non écrites considérées comme obligatoires par le groupe social.
C'est surtout lorsque que la loi est muette que la coutume peut encore jouer un rôle à notre
époque. Le législateur a par exemple ignoré les fiançailles. Il est cependant admis
aujourd'hui que la rupture offensante des fiançailles à proximité du mariage peut entraîner
pour l'auteur de la rupture une condamnation à payer des dommages et intérêts.
Il existe par ailleurs de nombreuses règles non écrites qui sont admises par la conscience
collective et qui semble tellement évidentes que le législateur n'a pas estimé devoir les
préciser dans un texte de loi : ce sont les principes généraux du droit (exemple : les droits de
la défense).
1.5. L’équité.
L'équité peut se définir comme le sentiment général de justice partagé par tous les membres
du groupe social. Par exemple : il est parfois très difficile pour une victime de préciser
l'importance de son préjudice, spécialement lorsque celui-ci est purement moral.
Le juge lui accordera en ce cas une indemnité forfaitaire (c'est ce que l'on appelle souvent
l'indemnisation " ex aequo et bono ") : le juge statue, dans ce cas, conformément à l'équité.
La loi autorise le juge à accorder des facilités de payement à un débiteur malheureux et de
bonne foi : le juge apprécie la demande et fixe le montant des mensualités à payer selon
l'équité.
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2. Les branches du droit.
On opère traditionnellement une distinction entre le droit international et le droit interne.
Cette distinction peut toutefois paraître dépassée à notre époque car il existe une série de
règles juridiques internationales directement applicables dans l'ordre juridique interne.
Quoiqu'il en soit, nous nous concentrerons surtout sur le droit interne.
* Le droit constitutionnel
Le droit constitutionnel comprend l'ensemble des règles régissant l'organisation, le
fonctionnement et les pouvoirs des organes supérieurs de l'État ainsi que le contenu et
l'étendue des droits fondamentaux accordés aux individus (exemple : l'égalité de tous les
belges devant la loi ).
Ce sont les règles de base sur lesquelles repose l'édifice de l'État. Elles sont contenues pour
l'essentiel dans la Constitution de notre pays.
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* Le droit administratif
Le droit administratif couvre l'ensemble des règles régissant l'organisation, le
fonctionnement et les pouvoirs de l'administration ainsi que les relations entre celle-ci et les
particuliers.
Exemples : les règles portant sur l'organisation, le fonctionnement et les pouvoirs des
provinces et des communes, celles qui organisent la décentralisation territoriale et la
décentralisation par services, celles qui régissent les permis de bâtir, le statut des
fonctionnaires, la voirie, etc relèvent incontestablement du droit administratif.
* Le droit fiscal
Le droit fiscal comprend l'ensemble des règles relatives à l'impôt. L'impôt peut être défini
comme le prélèvement pratiqué par voie d'autorité par l'État, les Régions, les
Communautés, les Provinces et les Communes sur leur territoire pour financer leur budget.
Il peut être direct ou indirect :
- le premier frappe une situation durable pouvant engendrer une contribution périodique à
charge du contribuable ( exemple : l'impôt sur les revenus )
- le second frappe une opération passagère engendrant à chaque répétition une nouvelle
contribution ( exemple : la T.V.A. ).
L'impôt peut également être proportionnel, progressif ou fixe :
- le premier est constitué par un pourcentage de la base imposable (exemple : la T.V.A.)
- le second se calcule en appliquant à la base imposable des taux successifs croissants en
telle sorte que la tranche inférieure est plus faiblement taxée que la tranche supérieure
(exemple : l'impôt sur les revenus)
- le troisième est invariable (exemple : les droits de timbre, les droits de greffe)
* Le droit judiciaire
Le droit judiciaire couvre l'ensemble des règles qui régissent le fonctionnement des
juridictions de l'ordre judiciaire ainsi que celles qui régissent la procédure à suivre devant ces
juridictions.
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2.2.2. Le droit privé.
Le droit privé couvre l'ensemble des règles régissant les rapports entre les personnes
privées. Il comprend : le droit civil, le droit commercial, le droit social et le droit international
privé.
* Le droit civil
Le droit civil couvre une série de domaines et notamment :
- le droit des personnes : le nom, le domicile, le mariage, les régimes matrimoniaux, la
séparation, le divorce, la filiation, …
- le droit des biens : la propriété, l'usufruit, l'usage, l'habitation, les servitudes, le gage,
l'hypothèque, …
- les obligations : sources, modalités, extinction des obligations…
- la responsabilité : responsabilité personnelle, responsabilité du fait d'autrui,
responsabilité du fait des choses, responsabilité objective …
- les contrats spéciaux : vente, bail, contrat d'entreprise, prêt, dépôt, mandat, …
-
* Le droit commercial
Le droit commercial couvre aujourd'hui non seulement les activités commerciales mais aussi
les activités industrielles, les activités bancaires, les assurances ainsi que tous les services
mis à la disposition des consommateurs : c'est la raison pour laquelle on parle finalement de
plus en plus de droit économique plutôt que de droit commercial.
Le Code de commerce fait appel dans ses premiers articles à trois notions pour délimiter le
champ d'application du droit commercial : l’acte de commerce, le commerçant et
l’entreprise.
* Le droit social
La relation de travail présente un double aspect :
- un aspect individuel : elle résulte d'un contrat entre un employeur et un travailleur
Le contrat de travail est un contrat par lequel une personne s'engage contre une
rémunération à fournir un travail sous l'autorité d'une autre personne. Le lien de
subordination apparaît comme l'élément essentiel de ce contrat (celui qui permet de le
distinguer du contrat d'entreprise). Le contrat de travail est actuellement régi par la loi du 3
juillet 1978 qui est une loi impérative (on ne peut y déroger).
La relation individuelle de travail est également régie par le règlement de travail. On vise ici
les règles relatives à l'horaire de travail, le mode, le moment et le lieu de paiement de la
rémunération, les sanctions disciplinaires applicables au sein de l'entreprise, … Le règlement
de travail s'applique en principe à tous les travailleurs de l'entreprise.
- un aspect collectif : le travailleur n'est pas isolé mais il travaille au sein d'une
entreprise qui fait partie d'une branche d'activité.
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Les travailleurs (syndicats) et les employeurs sont aujourd'hui organisés de manière
collective. Il existe ainsi de multiples groupements dans le monde du travail : le conseil
d'entreprise, le comité pour la prévention et la protection du travail, les commissions
paritaires, le conseil national du travail.
Ces groupements sont susceptibles de conclure des conventions collectives de travail au sein
de l'entreprise, dans une branche d'activité ou au niveau national.
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3. Les acteurs de la justice
Nous examinerons ici le rôle des gens de justice.
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3.3 Les avocats.
Les avocats sont de véritables auxiliaires de la justice. Ils assistent leurs clients (les
justiciables) devant toutes les juridictions.
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4. L'Ordre judiciaire.
Nous examinerons ici les cours et les tribunaux de l'ordre judiciaire :
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4.2. Les juridictions de l'arrondissement
La Belgique est divisée en 12 arrondissements. Chaque arrondissement au comprend : un
Tribunal de première instance, un Tribunal de commerce, un Tribunal du travail.
* Le tribunal civil.
Les chambres civiles du Tribunal de première instance forment le Tribunal civil qui apparaît
comme la juridiction de droit commun, c'est-à-dire celle qui est compétente lorsque le litige
n'est pas soumis par la loi à une autre juridiction. Le Tribunal civil est en outre spécialement
compétent pour certaines matières définies par la loi (ex : divorce, filiation, etc.).
Il constitue également la juridiction d'appel de tous les jugements prononcés par les Justices
de Paix ou par les chambres civiles des Tribunaux de police de l'arrondissement (sauf si
l'enjeu du litige est inférieur au seuil de 1240 euros auquel cas l'appel n'est pas possible).
Certains magistrats y exercent par ailleurs des compétences particulières :
- Le Juge des référés (c'est-à-dire le Président du Tribunal ou son délégué) est
compétent pour trancher de manière provisoire les affaires urgentes.
- Le Juge des saisies contrôle la régularité des mesures tendant à obtenir l'exécution
forcée d'une décision de justice ou d'une obligation contenue dans un acte notarié
ainsi que pour statuer sur les saisies conservatoires.
Il n'est pas assisté par le ministère public, sauf pour certaines matières (divorce, filiation,
droit de garde ou droit de visite, etc.).
Les jugements du Tribunal civil peuvent faire l'objet d'un appel devant la Cour d'appel.
* Le Tribunal correctionnel
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Certaines chambres ou certains magistrats sont chargés de missions spéciales :
- Le Juge d'instruction est chargé de mener l'instruction des affaires (il recherche les
infractions, rassemble et examine les preuves à charge et à décharge et pose le cas
échéant des actes entravant la liberté des personnes qu'il place sous mandat d'arrêt).
-
- La Chambre du conseil est chargée de contrôler la légalité et l'opportunité des
mandats d'arrêts. Elle est également compétente pour statuer sur les mérites de
l'instruction lorsque celle-ci est terminée. Ses ordonnances peuvent faire l'objet d'un
appel devant la Chambre des mises en accusations de la Cour d'appel.
Le Tribunal correctionnel est assisté par le ministère public en la personne du Procureur du
Roi (lequel est assisté de ses premiers substituts et substituts).
Les jugements du Tribunal correctionnel peuvent faire l'objet d'un appel devant la Cour
d'appel.
* Le Tribunal de la jeunesse
- les plaintes introduites par ceux qui ont la garde d'un mineur qui, par son inconduite
ou son indiscipline, donne de graves sujets de mécontentement
- les réquisitions du ministère public relatives aux mineurs qui sont trouvés mendiants
ou vagabonds, qui sont poursuivis pour une infraction ou dont la santé, la sécurité ou
la moralité sont mises en danger
- les litiges familiaux liés à l'exercice de l'autorité parentale (tant que l'enfant est
mineur).
Le Tribunal de la jeunesse est toujours assisté par le ministère public en la personne du
Procureur du Roi (lequel est assisté de ses premiers substituts et substituts).
Les jugements prononcés par cette juridiction sont toujours susceptibles d'appel devant la
Cour d'appel.
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- les litiges dont le défendeur est commerçant lorsqu'ils portent sur des actes réputés
commerciaux par la loi .
- les matières qui lui sont spécialement attribuées par le législateur (ex : les faillites, le
propirété intellectuelle, ...)
- l'appel des jugements prononcés par les Justices de Paix de l'arrondissement lorsqu'il
s'agit d'un litige entre commerçants relatifs à des actes réputés commerciaux par la
loi.
Cette juridiction n'est pas assistée par le ministère public sauf dans certaines matières (ex :
faillite).
Les jugements du Tribunal de commerce sont susceptibles d'appel devant la Cour d'appel.
Les chambres du Tribunal du travail sont composées d'un magistrat professionnel qui en
assure la présidence et de deux juges sociaux dont l'un représente les travailleurs et l'autre
les employeurs.
Il est compétent pour les litiges portant sur :
- les contrats de travail
- la réglementation du travail
- la sécurité sociale (chômage, accidents du travail, assurance maladie-invalidité,
maladies professionnelles, allocations familiales, etc.)
- les allocations aux handicapés
- les élections sociales ...
Le ministère public est assuré par un auditorat du travail en la personne de l'auditeur du
travail (assisté par des premiers substituts et des substituts). L'auditorat donne son avis dans
toutes les affaires portées devant le Tribunal du travail. Il est également chargé de
rechercher et poursuivre les infractions au droit pénal social devant le Tribunal de police ou
le Tribunal correctionnel.
Les jugements sont susceptibles d'appel devant la Cour du travail.
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4.3. Les juridictions du ressort.
Il y a cinq ressorts en Belgique : Bruxelles, Liège, Gand, Anvers et Mons.
Chaque ressort comprend :
- une Cour d'appel
- une Cour du travail
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La Cour d'assises est compétente pour :
- les crimes
- les délits politiques
- les délits de presse.
Le ministère public est exercé par le procureur général ou par un magistrat du parquet
général.
La décision du jury est définitive : aucun appel n'est possible !
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problème de compétence entre les législateurs ou un problème de violation par un
législateur des articles 10, 11 ou 24 de la Constitution.
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5. La procédure.
Nous examinerons ici les différentes phases du procès civil.
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Dans tous les cas, votre adversaire (représenté ou non par un avocat) peut solliciter une
remise à date fixe ou un renvoi au rôle (remise sans date précise) pour prendre connaissance
des pièces de votre dossier et rédiger une note d'observation que l'on appelle "conclusions".
C'est la procédure normale : chacun a le droit de se défendre et de mentionner par écrit ses
moyens de défense.
Vous êtes naturellement tenus de communiquer vos pièces : vous ne pouvez rien cacher !
On joue cartes sur table ! Tant que vous ne communiquez pas vos pièces à votre adversaire,
celui-ci n'est pas obligé de conclure et le Juge n'examinera pas votre affaire.
En principe, le défendeur (c'est-à-dire la personne que vous avez assignée) doit conclure
dans le mois de la réception de vos pièces, mais ce délai n'est pas prévu à peine de nullité : il
peut donc faire traîner les choses en longueur.
Deux possibilités doivent être envisagées :
1) votre adversaire ne conclut pas dans le mois : vous pouvez solliciter une fixation
unilatérale de cette affaire.
2) votre adversaire conclut dans le mois : c'est à votre tour de conclure en réponse.
Dès que toutes les parties ont développé par écrit leurs observations et que chacun
s'accorde pour considérer que le litige est en état d'être plaidé, il faut établir et signer un
bulletin de fixation (c'est une lettre signée par chacune des parties précisant que tout le
monde est prêt à plaider l'affaire pendant X minutes).
La rédaction des conclusions est sans aucun doute l'acte de procédure le plus important
dans le cadre d'une procédure civile. Le Juge est en effet tenu de répondre à tous les
moyens que vous soulevez dans vos conclusions (alors qu'il n'est pas obligé de répondre aux
arguments que vous mentionnez dans votre plaidoirie). On peut même dire qu'il vaut
souvent mieux avoir de bonnes conclusions et une mauvaise plaidoirie que le contraire ...
5.4. Le jugement
Vous recevez une copie libre du jugement.
S'il s’agit d'un jugement par défaut, la partie défaillante a le droit de faire opposition dans le
mois de la signification de cette décision par un Huissier de Justice : le litige est alors soumis
à la même juridiction qui devra, cette fois, tenir compte des arguments de la partie qui était
au départ absente.
S'il s'agit d'un jugement contradictoire (chacun a exposé son point de vue), la partie qui n'est
pas satisfaite de la décision a le droit de faire appel dans le mois de la signification de la
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décision par un Huissier de Justice : l'affaire est alors soumise au juge d'appel désigné par la
loi.
S'il s'agit d'un jugement rendu en dernier ressort parce qu'il s'agit déjà d'un jugement
prononcé après l'appel de l'une des parties), seul un pourvoi devant la Cour de cassation
peut être envisage : la Cour n'examinera cependant pas le fond du litige mais elle vérifiera
seulement si le Juge a correctement appliqué la loi.
En cas de recours, les mêmes règles restent applicables pour la mise en état de l'affaire
(communication des pièces, échange de conclusions, fixation unilatérale ou bilatérale, etc.).
Terminologie : la partie qui fait opposition est appelée demandeur sur opposition tandis que
son adversaire est appelé défendeur sur opposition. La partie qui interjette appel est
appelée appelant tandis que son adversaire est appelé intimé.
Les décisions prononcées par les Cours d'appel, les Cours du travail et la Cour de cassation
sont des arrêts et non des jugements.
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6. La procédure pénale.
Source : https://stat.om-mp.be/corr/start/f/procedure.html
Il est important de garder à l'esprit que les pratiques d'enregistrement qui sont décrites ici font référence à une situation idéale. Dans la
réalité rencontrée au sein des différents parquets correctionnels, il est fréquent que les enregistrements ne soient pas aussi exhaustifs.
[1] Entrée
La procédure pénale débute avec la réception d'un procès-verbal dressé par un service de police ou par un service administratif habilité ou
encore avec la réception d'une plainte déposée par un particulier. A l'entrée du système, une nouvelle affaire est créée par
l'enregistrement du procès-verbal ou de la plainte.
Attention : il arrive fréquemment que les données relatives aux aspects supplémentaires des prévenus et/ou des préjudiciés, de même
d'ailleurs que l'identité et les caractéristiques de ces mêmes préjudiciés, ne soient pas enregistrées. Cela se présente pour les délits
mineurs, en l'absence de constitution de partie civile ou de déclaration de personne lésée, lorsqu'il n'apparaît pas évident que l'affaire
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donnera lieu à des poursuites et fera l'objet d'une fixation devant le tribunal. Il est également possible que ces données soient enregistrées
plus tard s'il devient nécessaire que les personnes concernées se voient adresser une citation ou un avis. Par ailleurs, certaines de ces
données peuvent manquer au procès-verbal ou dans le document établissant la plainte. Elles seront alors introduites ultérieurement, lors
de la phase d'information de l'affaire et suite à la réception d'un devoir d'enquête.
Sitôt l'enregistrement des données d'entrée effectué, une décision immédiate est prise concernant l'affaire.
§ la mise à l'information,
§ le traitement sans poursuites pénales,
§ la transmission 'pour disposition' à un autre parquet.
Durant l'information de l'affaire, les données de base qui n'auraient pas été encodées lors de la création de l'affaire seront enregistrées au
fur et à mesure qu'elles parviennent au parquet.
Mini-instruction
Si un acte de mini-instruction est requis par le procureur du Roi, le parquet enregistre les informations suivantes : le juge d'instruction
auquel l'acte est demandé, le type d'acte requis, la date du réquisitoire et la date de clôture de la mini-instruction.
L'affaire est placée dans l'état 'instruction' lorsque le procureur du Roi requiert qu'un juge d'instruction s'en saisisse ou encore lorsqu'un
juge chargé d'une mini-instruction dans l'affaire décide de faire usage de sa capacité d'auto-saisine. Cet enregistrement de l'état
'instruction' s'effectue également lorsqu'une enquête judiciaire est ouverte par constitution de partie civile.
On enregistre : le juge d'instruction, le numéro attribué au dossier au sein du cabinet du juge, un état d'avancement de l'instruction, à
savoir : 'instruction en cours', ainsi que la date de cet état. L'état 'instruction en cours' sera commuté en 'instruction communiquée' au
moment où le dossier sera communiqué au parquet.
[4a] Si le juge d'instruction ordonne la mise en détention préventive d'un suspect, le greffe de la chambre du conseil enregistrera la fixation
de l'affaire devant la chambre, la décision de la chambre (maintient ou non), ainsi que l'éventuel recours des prévenus et/ou du Ministère
public devant la cour d'appel et, dans ce cas, la décision de la chambre des mises en accusation.
[4b] Lorsque le parquet considère que l'enquête judiciaire est complète, il enregistre l'état d'avancement 'réquisitions finales'. Cet état
perdurera jusqu'au moment où l'affaire sera fixée devant la chambre du conseil en vue du règlement de la procédure. C'est au greffe de la
chambre du conseil qu'il revient normalement d'enregistrer la fixation de l'affaire devant la chambre, la décision de la chambre (non-lieu,
renvoi devant le tribunal correctionnel, etc.), ainsi que l'éventuel recours des prévenus et/ou du Ministère public devant la cour d'appel et,
dans ce cas, la décision de la chambre des mises en accusation. Il arrive cependant souvent que ces données ne soient pas encodées.
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[5] Décisions du parquet
En dehors des cas où l'affaire est mise à l'instruction, c'est au procureur du Roi qu'il appartient de prendre une décision concernant son
règlement.
§ Le signalement du suspect,
§ Le traitement sans poursuites pénales,
§ La probation prétorienne,
§ Le réglement en chaîne: traitement administratif,
§ La transmission du dossier pour disposition à un autre parquet,
§ Autre règlement en chaîne,
§ La proposition d'une paiement d'une somme d'argent par le(s) prévenu(s),
§ La proposition de médiation et mesures au(x) prévenu(s) et à la/aux victime(s),
§ La jonction de l'affaire, à un autre dossier qui l'absorbera. C'est au niveau de cet autre dossier, appelé 'affaire-mère', que seront
prises les décisions finales,
§ La citation du prévenu à comparaître devant le tribunal.
A chacune de ces décisions spécifiques correspond un nouvel état d'avancement attribué à l'affaire. La date à laquelle ce nouvel état
d'avancement est attribué à l'affaire est également enregistrée.
Le signalement du suspect
Tant que le suspect fait l'objet d'un signalement, l’affaire conserve cet état d’avancement.
L’affaire n’est pas poursuivable pour des motifs d’ordre technique (traitement sans poursuites pénales pour des motifs techniques) ou le
ministère public considère que des poursuites dans l'affaire sont inopportunes (traitement sans poursuites pénales pour des motifs
d'opportunité). L’enquête sur les faits est considérée comme terminée et aucune poursuite pénale n’est engagée. Il s’agit d’une décision
provisoire qui peut être revue par le ministère public en cas de nouveaux éléments de preuve ou d’enquête.
La probation prétorienne
Il n’y aura pas de poursuite pénale si les conditions reprises dans la probation sont respectées par l’auteur des faits.
Les faits relèvent de la loi pénale, mais peuvent également être sanctionnés par une autorité administrative, via une sanction
administrative communale ou une mesure administrative. Le ministère public considère que cela suffit pour régler l’affaire.
Dans le cas où le dossier est transmis pour disposition à un autre parquet ou à une autre autorité (parquet général, parquet fédéral,
auditorat, service administratif, etc.), le destinataire de l'envoi est enregistré.
Un traitement de l’affaire par un partenaire du ministère public est considéré comme davantage indiqué que des poursuites pénales. Cette
rubrique englobe le réquisitoire du ministère public devant le tribunal de première instance (civil), le tribunal de l’entreprise ou le tribunal
du travail, le renvoi vers les services d’aide ou une structure mandatée, la priorité au règlement disciplinaire ou traitement fiscal, la
concertation de cas ou la procédure d’hospitalisation forcée.
Dans le cas d'une transaction, une entité 'transaction', identifiée par un numéro de suite unique, est créée dans la base de données. On
enregistre également le montant de la transaction et le délai prévu pour son paiement. Le prévenu est libre de refuser la proposition de
transaction. Dans ce cas, son refus est enregistré comme un nouvel état d'avancement de l'affaire ('transaction refusée'). Par ailleurs, il est
possible que le prévenu ne s'acquitte pas du paiement, c'est-à-dire que la transaction échoue. Dans cette éventualité, l'affaire recevra
également l'état d'avancement de 'transaction refusée'. Un suivi de la transaction permet d'enregistrer les paiements partiels et la clôture
-25-
du paiement. La réussite de la transaction, correspondant au paiement complet du montant, est marquée par un nouvel état
d'avancement ('transaction payée'), lequel état signifie que l'action publique est éteinte.
Dans le cas de médiation et mesures, on enregistre la décision du magistrat de proposer une médiation, ainsi que la date de cette décision.
Le dossier est transmis à un assistant de justice, qui contacte les parties et, si le principe de la médiation est accepté par celles-ci, prépare
le dossier d'audience du magistrat chargé des médiations et mesures.
Il est à remarquer que le parquet lui-même ne procède à aucun enregistrement concernant cette audience. Les assistants de justice sont
en mesure de fournir des données statistiques à ce propos.
Les parties peuvent refuser la médiation avant ou pendant l'audience. L'affaire reçoit dans ce cas l'état d'avancement 'échec/interruption
de médiation et mesures'. Après l'audience, le prévenu peut satisfaire aux mesures qui lui ont été proposées ou faillir à leur exécution.
Selon le cas, l'affaire prendra in fine l'état 'réussite de médiation et mesures' (auquel cas l'action publique est éteinte) ou
'échec/interruption de médiation et mesures'. Dans ce second cas, l'affaire sera remise en information et le procureur du Roi prendra la
décision qui lui paraît s'imposer (citation ou autre). Il est donc à noter que, dans l'état actuel, il n'est pas possible de distinguer les
médiations et mesures refusées avant l'audience de celles qui ont échoué après cette audience.
La jonction
Dans le cas d'une jonction, le procureur du Roi décide de lier le traitement de l'affaire à celui d'une autre, en vertu d'une certaine connexité
ou de l'indivisibilité des faits poursuivis dans les deux affaires. L'affaire en cours, dans laquelle est prise la décision de joindre, reçoit le
statut 'd'affaire-fille', tandis que l'affaire à laquelle la première est jointe est appelée 'affaire-mère'. On enregistre dans le dossier
informatique de l'affaire-fille la décision de joindre, la date de cette décision et le numéro de notice de l'affaire-mère.
Il est à noter qu'à partir de ce moment, les décisions seront prises et enregistrées au niveau de l'affaire-mère.
La citation directe
La citation directe est la mesure par laquelle soit le procureur du Roi, soit un particulier, soit une autre autorité compétente, telle par
exemple un service public fédéral, décide de faire comparaître une personne prévenue d'un délit devant le tribunal. L'enregistrement de
cette décision attribue un nouvel état à l'affaire. Le parquet enregistre la décision, la date à laquelle elle a été prise, l'auteur de la citation
(procureur du Roi, ministère ou particulier) ainsi que les personnes impliquées dans l'affaire qui doivent être citées et celles qui doivent
recevoir notification de la fixation de l'affaire devant le tribunal. Dans certains parquets, peu nombreux, les qualifications juridiques
attribuées par le procureur du Roi aux faits poursuivis sont également enregistrées. Dans d'autres parquets, ces qualifications ne seront
encodées qu'au moment d'enregistrer le jugement.
Suite à une citation directe ou à un renvoi correctionnel par la chambre du conseil, l'affaire est fixée devant le tribunal. Le parquet
enregistre la date à laquelle l'affaire est fixée, la chambre, l'audience et le type de fixation.
Le suivi de la signification aux parties fait également l'objet d'un enregistrement informatique.
[7] Audiences
Les données relatives aux audiences sont enregistrées par le greffe. Il s'agit pour l'essentiel du type de décision d'audience (remise, mise en
délibéré, prononcé, etc.) et, dans le cas des remises, de la date à laquelle est fixée l'audience suivante.
[8] Jugement
Les données du jugement sont enregistrées par le greffe. Une entité 'jugement' est créée dans la base de données, identifiée par un
numéro de greffe. Le greffe enregistre la date et les données de la chambre qui a prononcé le jugement, ainsi que les caractéristiques du
jugement (contradictoire, par défaut, sur opposition, jugement au fond, avant dire droit, intérêts civils, etc.) et le type de décision
(acquittement, condamnation, sursis simple ou probatoire, suspension du prononcé, etc.).
Les condamnations constituent des décisions prises au niveau des personnes. Une entité 'personne condamnée', identifiée par un numéro
dit 'numéro de receveur', est créée pour chaque condamné. Le greffe enregistre les caractéristiques de la condamnation
(emprisonnement, amende, déchéance du droit de conduire, avec ou sans sursis, etc.), ainsi que la qualification des faits sur lesquels porte
cette condamnation et, s'il échoît, le montant des dédommagements accordés aux parties civiles.
-26-
Dans le cas d'un jugement prononcé par défaut, le parquet doit en assurer la signification aux parties défaillantes. Cela donne lieu à
l'enregistrement des données relatives à la signification (personnes signifiées, mode de signification, dates). Les personnes condamnées
par défaut ont la possibilité de faire opposition au jugement. Dans ce cas, une entité 'opposition' est créée dans la base de données,
identifiée par un numéro d'opposition unique. On enregistre la date et le type de l'opposition (pénal, civil). L'affaire jugée par défaut et
faisant l'objet d'une opposition devra être à nouveau fixée devant le tribunal correctionnel. Le jugement sur opposition fera l'objet d'un
enregistrement indépendant, doté d'un nouveau numéro de greffe.
[9] Recours
Les jugements du tribunal sont susceptibles de recours. Le cas échéant, le greffe enregistre la nature du recours (appel, pourvoi en
cassation), la date de l'acte de recours, le type d'appel ou de pourvoi (pénal, civil, etc.) et son auteur (condamné, procureur du Roi,
procureur général, partie civile).
En principe, selon qu'il s'agit d'un appel ou d'un pourvoi en cassation, le greffe enregistrera ultérieurement le type de décision prononcée
par la cour d'appel ou par la Cour de cassation (jugement maintenu, révoqué, cassé). En pratique toutefois, de nombreux greffes ne
procèdent pas à cet enregistrement.
Lorsque la condamnation est en état d'être exécutée, le parquet procède à la création d'un dossier d'exécution, identifié par un numéro de
dossier unique. Chaque dossier a trait à un et un seul jugement (un numéro de greffe) et à une et une seule personne (un numéro de
receveur et un numéro au casier des prévenus).
L'enregistrement porte sur les étapes successives de l'exécution des peines. Chaque étape donne lieu à l'enregistrement d'un état
d'avancement, ainsi que d'une date associée à cet état et, selon les cas, à l'enregistrement du destinataire des documents envoyés.
En raison du manque d'homogénéité des données , l'exécution des peines n'est pas abordée dans le rapport statistique annuel du
Ministère public.
Les recours en grâce font l'objet d'un enregistrement particulier, à partir du dossier d'exécution de la personne concernée. Une entité
'recours en grâce', identifiée par un numéro unique, est créée dans la base de données. Le parquet enregistre les données marquant les
étapes de la procédure de recours en grâce.
La libération anticipée d'un détenu donne également lieu à l'enregistrement d'un nouvel état d'avancement de son dossier d'exécution. Il
convient de noter ici qu'une libération anticipée peut porter sur une détention résultant de plusieurs condamnations successives. L'unité
de compte est donc différente de celle des dossiers d'exécution.
-27-
2ème partie : les matières du droit civil.
Sources :
• « Notion de droit civil », Alexander Fr. & Delrée C., Editions De Beck, Bruxelles, 2005.
• « Cours de droit civil élémentaire », De Clercq M., Editions De Boeck, Bruxelles, 1991.
• Divers articles notamment rédigés par cabinet Legalex à Namur, Maissen Ch., et bien
d’autres…
Introduction
Le droit civil est une matière très vaste qui couvre notamment :
- le droit des personnes : la personnalité juridique, le mariage, les régimes
matrimoniaux, la séparation, le divorce, la filiation, les successions, etc.
- Les biens : la propriété, l'usufruit, les servitudes, etc.
- Les obligations : c'est ce que l'on appelle couramment "le droit commun" car cette
matière comprend les règles de base de notre droit civil (comment naissent les
obligations, quelles sont leurs modalités, comment peuvent-elles disparaître ?).
- la responsabilité : responsabilité personnelle, responsabilité du fait des choses,
responsabilité du fait d'autrui, responsabilité sans faute, etc.
- les contrats spéciaux : la vente, le bail, le contrat d'entreprise, le prêt, le dépôt, le
mandat, etc.
-28-
Chapitre 1 : le droit des personnes.
1. La personnalité juridique.
Une personne juridique est un être capable d'avoir des droits et des obligations. Il existe
deux types de personnes : les personnes physiques et les personnes morales.
A. Les personnes physiques.
Ce sont tous les individus nés vivants et viables. Elles sont caractérisées par les éléments
suivants :
- (1) le nom : il sert à identifier les personnes (*). Il est fixe et il ne peut être cédé. Le
nom est acquis par le seul fait de la filiation. La femme mariée conserve toujours son
nom de jeune fille même si, en pratique, elle utilise souvent celui de son mari (**).
Un changement de nom doit nécessairement être autorisé par le Roi.
(*) Quelques définitions autour du nom.
• Le nom : C'est un élément d'individualisation de la personne. Le nom est
l'appellation servant à désigner une personne.
• Le nom patronymique : c'est le nom de famille. Il permet de rattacher
l'individu à sa famille d'origine. Il s'acquiert essentiellement par la filiation. Il
est immuable et transmissible.
• Le prénom : c'est l'élément d'identification qui précède le nom
patronymique. Il sert à individualiser la personne dans la famille dont il porte
le nom.
• Le surnom : il s'agit de l'appellation donnée à une personne par son
entourage et sous laquelle elle est connue en fait.
• Le pseudonyme : c'est un nom d'emprunt choisi par une personne dans
l'exercice d'une activité particulière, essentiellement littéraire ou artistique.
Contrairement au surnom, le pseudonyme a une valeur juridique et est
protégé par la loi.
-29-
- (2) le domicile : c'est le lieu du principal établissement de la personne. Il n'est
évidemment pas interdit de posséder plusieurs résidences, mais le domicile reste
quant à lui unique. Il est cependant possible de faire élection de domicile (il s'agit
alors d'un domicile fictif).
- (3) l'état civil : il reflète la situation familiale de la personne. Les actes de l'état civil
sont dressés par les officiers de l'état civil (bourgmestre ou délégué). Ce sont des
actes authentiques qui ont une valeur juridique. Les actes les plus importants sont les
suivants :
§ Les actes de naissance : il s'agit de préciser la date et le lieu de
naissance de la personne ainsi que l'identité de ses père et mère.
§ Les actes de mariage : l'officier de l'état civil qui reçoit le
consentement des époux en dresse un acte reprenant la date du
mariage et l'identité des conjoints et de leurs témoins.
§ Les actes de décès : il s'agit de déterminer la date et le lieu du décès
de la personne.
- (4) la nationalité : elle peut être définie comme le lien entre un individu et une
nation.
B. Les personnes morales
Une personne morale est un groupement de personnes physiques auquel le législateur a
conféré une personnalité juridique indépendante de celle de ses membres. On vise
essentiellement les sociétés et les associations. Les personnes morales exercent leurs droits
et exécutent leurs obligations par l'intermédiaire de personnes physiques qui agissent en
leur nom et pour leur compte.
Il existe trois grandes catégories de personnes morales : les personnes morales de droit
public, les personnes morales de droit privé, les personnes morales de droit mixte.
-30-
2. La capacité juridique.
La capacité exprime et mesure la possibilité concrète pour une personne d’être titulaire de
droits et d’obligations et, d’accomplir des actes juridiques valables.
Principe :
La capacité est la règle et l’incapacité l’exception => seules les personnes déclarées telles par
la loi sont incapables.
Il existe une distinction faite par la loi pour les personnes physiques entre la capacité de
jouissance et la capacité d’exercice.
Capacité de jouissance :
en principe, toute personne peut être titulaire de tout droit et obligation, la loi prévoit
cependant des incapacités de jouissance dans des cas déterminé
Capacité d’exercice :
la capacité d’exercice est exercer ses droits et c’est la règle. Dans le Code Civil, chaque
incapacité à ses propres règles. Quelques principes peuvent être dégagés :
3)
En principe, les personnes soumises à un régime de représentation ne peuvent accomplir
elles mêmes aucun acte, sauf exceptions prévues par la loi si l’acte ne compromet pas le
patrimoine ou revêt un caractère personnel qui s’oppose à toute représentation (ex :
mariage, divorce, etc)
C’est différent du régime d’assistance qui ne concerne que certaines catégories d’actes ou
situations, il existe donc une certaine autonomie pour les certains incapables.
- Régimes de représentations :
- tutelles (mineur non émancipé)
- interdiction légale (aliéné)
- minorité prolongée (arriéré mental)
- administrateur provisoire (majeur hors d’état de gérer ses biens)
-31-
- Régimes d’assistance : mise sous conseil judiciaire (faibles d’esprit et
prodigues.
- Les actes accomplis sans l’intervention de la personne qui représente
l’incapable sont considérés comme nuls
Remarque : la personne qui représente ou assiste un incapable exerce les prérogatives dans
l’intérêt de ce dernier.
-32-
Les incapables
A. définition.
Parmi les personnes physiques certaines ne peuvent exercer leurs droits elles-mêmes. Elles
sont incapables.
On distingue ceux qui n'agissent pas eux-mêmes et sont représentés par un tiers ; ce sont les
mineurs les interdits, ainsi que les personnes sous statut de minorité prolongée, et, ceux qui
contractent eux-mêmes, mais sont assistés par un tiers pour certains actes ; ce sont les
prodigues et les faibles d'esprit.
B. Les mineurs.
Les mineurs d'âge (actuellement moins de 18 ans) dans un ménage régulièrement constitué
sont sous l'autorité de leur père et mère qui administrent leurs biens. En cas de décès des
père et mère, la tutelle est organisée.
a. La tutelle.
• Le juge de paix : l’organisation et la surveillance de la tutelle appartient au juge de
paix du domicile du mineur ou à défaut de la résidence de celui-ci.
• Le tuteur : sa désignation est faite par un seul parent ou par les deux parents. Le
parent qui exerce en dernier l'autorité parentale peut désigner un tuteur par
testament ou par déclaration devant un notaire. Si le tuteur désigné accepte le juge
de paix homologuera sa désignation.
En l'absence de choix des parents ou du refus d'homologation par le juge, celui-ci
choisit un tuteur de préférence parmi les proches du mineur. Le juge entend
notamment le mineur âgé de 12 ans.
NB : le juge peut scinder les tutelles en désignant un tuteur au bien et un tuteur à la
personne.
Le rôle du tuteur est de gérer les biens et éduquer le mineur. Le tuteur devra dresser
un inventaire des biens de son pupille sur la base duquel le juge fixera notamment la
somme dont le tuteur disposera chaque année pour la gestion des biens et pour
l'entretien et l'éducation du mineur.
Le tuteur doit avoir l'autorisation du juge de paix pour notamment hypothéquer les
biens, consentir un bail commercial où vendre un immeuble.
• Le subrogé tuteur : Il est nommé par le juge de paix. Il surveille le tuteur et s'il
constate des fautes, soit dans la gestion des biens ou dans l'éducation du mineur, il
en avise le juge de paix. Il remplace le tuteur en cas d'opposition d'intérêt entre le
mineur et le tuteur.
• Le mineur : en cas de conflit grave avec son tuteur, le mineur peut s'adresser au
procureur du Roi : s’il a 12 ans pour des affaires relatives à sa personne et s’il a 15
ans pour celles relatives à ses biens. Si celui-ci (le procureur) estime la demande
fondée il la transmet au juge de paix qui statue après audition des parties.
(Les comptes et les rapports de la tutelle)
Chaque année le tuteur dépose à la justice de paix son compte de tutelle qui est remis
également au subrogé tuteur et aux mineurs âgés de 15 ans. Il remet également un rapport
sur l'éducation et l'accueil de son pupille. Devenu majeur, celui-ci reçoit son compte définitif.
-33-
La prescription est de 5 ans à partir de sa majorité pour toute action du mineur contre le
tuteur ou le subrogé tuteur et relatif au fait et au compte de tutelle.
b. L'émancipation.
Acte par lequel le mineur est relevé en partie de son incapacité.
Le mineur émancipé d'office par le mariage.
Il peut être émancipé dès 15 ans par le tribunal de la jeunesse sur requête présentée par ses
père et mère ou, en cas de dissentiment entre eux, par l'un des deux, l'autre devant dans ce
cas être entendu par le tribunal.
Le mineur sans père ni mère et ayant atteint l'âge de 15 ans accomplis, peut être émancipé
si le tuteur et le subrogé tuteur l'en juge capable.
Son émancipation et prononcé par le tribunal de la jeunesse.
À l'âge de 15 ans et orphelin de père et de mère, il peut personnellement requérir du
procureur du roi de faire statuer par le tribunal de la jeunesse aux fins de délibérer au sujet
de son émancipation.
L'émancipation peut-être révoquée.
Émancipé, le mineur pourra faire seul tous les actes d'administration (ex : conclure un bail
de 9 ans maximum, percevoir ces revenus). Pour certains actes (ex : recevoir un capital), il lui
faut l'assistance d'un curateur. Pour emprunter, aliéner ses immeubles, il lui faut l'accord du
juge de paix.
3. Les interdits.
Peuvent faire l'objet d'une mesure d'interdiction les privant de l'administration de leur
personne et de leurs biens les majeurs en état habituel d’imbécillité et de démence.
L'interdiction est ordonnée par jugement à la requête d'un conjoint, d'un parent ou du
procureur du Roi. L'interdit est comme le mineur représenté par un tuteur désigné par le
juge de paix.
La minorité prolongée.
Le mineur qui en raison d'une arrièration mentale grave, est et paraît devoir rester incapable
de gouverner ça personne et d'administrer ses biens, peut-être placé sous le statut de la
minorité prolongée.
La même mesure peut-être prise à l'égard d'un majeur s'il était durant sa minorité atteint
d’arriération mentale grave.
Quant à sa personne et ses biens, celui qui est sous ce statut est assimilé à un mineur de
moins de 15 ans.
La demande de mise sous statut de minorité prolongée, s’introduit par requête signée par
tout parents ou tuteur ou par le procureur du Roi devant le tribunal de première instance.
Un certificat médical datant de 15 jours au plus, y est joint.
La personne sous statut de minorité prolongée reste soumise à la puissance paternelle de
ses père et mère ou est placé sous tutelle. La main levée de cette mesure peut-être
demander soit par l'intéressé soit par les père et mère, le tuteur, tout parent ou le procureur
du Roi.
Les prodigues et les faibles d'esprit.
Les prodigues sont ceux qui dilapident leur patrimoine en vaines dépenses. Les faibles
d'esprit sont ceux qui sont anormaux sans être cependant dément.
-34-
Le conjoint ou un parent, peut demander au tribunal de première instance de nommer un
conseil judiciaire sans l'assistance duquel le prodigue ou le faible d'esprit ne pourra ni
plaider, ni emprunter, ni aliéner.
Le prodigue et le faible d'esprit restent capables d'agir seuls pour les actes d'administration
n'entraînant pas de dépenses et pour les actes personnels.
L'administration provisoire des biens appartenant à un majeur.
Les majeurs qui ont raison de son état de santé est totalement ou partiellement hors d'état
de gérer ses biens, peut-être pourvu par le juge de paix de sa résidence ou de son domicile
d'un administrateur provisoire.
Toute personne peut également faire une déclaration devant le juge de paix ou un notaire
dans laquelle elle indique sa préférence en ce qui concerne l'administration provisoire à
désigner si elle n'était plus en état de gérer ses biens. la personne à protéger a le droit de se
faire assister par une personne de confiance qui dénoncera tout manquement de
l'administration provisoire.
L'administration provisoire doit annuellement et à la fin de son mandat rendre compte à la
personne protégée et au juge de paix. Il doit avoir l'autorisation spéciale du juge de paix
notamment pour aliéner les biens meubles et immeubles.
Sa mission cesse de plein droit notamment dès l'entrée en fonction du tuteur en cas
d'interdiction ou en cas de placement sous statut de minorité prolongé.
-35-
3. Le mariage.
Le mariage est l'acte par lequel un homme et une femme établissent entre eux une
communauté de vie que la loi protège et qu'ils ne peuvent pas rompre à leur gré. Les
caractéristiques du mariage sont :
- c'est un acte solennel : il est soumis à certaines formalités indispensables (la
célébration devant l'officier de l'état civil).
- c'est un acte laïc : le mariage civil est le seul à être pris en considération (il doit
d'ailleurs être célébré avant la cérémonie religieuse ...).
Les conditions requises pour pouvoir se marier :
- les conditions d'aptitude naturelle : les époux doivent avoir atteint l'âge de 18 ans.
Une dispense peut exceptionnellement être accordée par le Tribunal de la Jeunesse
pour des motifs graves (le consentement des parents est par ailleurs requis dans
cette hypothèse).
- le consentement des époux : il n'y aura pas de mariage si les époux ne donnent pas
leur consentement ...
- les prohibitions : le mariage entre les ascendants et les descendants est interdit. C'est
aussi le cas du mariage entre les frères et les sœurs, les tantes et les neveux, les
oncles et les nièces.
- l'interdiction de la bigamie : il est impossible de se marier en Belgique si l'on est déjà
marié avec une autre personne.
Les effets du mariage :
- les devoirs réciproques des époux :
§ le devoir de cohabitation (les époux doivent habiter ensemble)
§ le devoir de fidélité
§ le devoir de secours (chaque époux doit contribuer aux charges du
mariage selon ses revenus)
§ le devoir d'assistance (il comprend les soins physiques et moraux au
conjoint).
- les droits réciproques des époux
§ un époux ne peut sans l'accord de son conjoint disposer de ses droits
dans la résidence conjugale (le mari ne peut par exemple pas vendre le
domicile de la famille sans l'autorisation de son épouse).
§ un époux ne peut sans l'accord de son conjoint disposer des meubles
garnissant la résidence conjugale.
§ chaque époux peut exercer la profession de son choix.
§ un époux ne peut utiliser le nom de son conjoint sans l'accord de celui-
ci.
§ chaque époux perçoit seul ses revenus, mais il doit les affecter en
priorité à sa contribution aux charges du mariage.
§ chaque époux peut ouvrir un compte en banque ou louer un coffre et
assumer seul la gestion de ceux-ci.
-36-
3b. Les régimes matrimoniaux.
Le régime légal.
Si les époux n'ont pas signé de contrat de mariage, c'est le régime légal qui s'applique. On
opère alors une distinction entre trois patrimoines : le patrimoine propre de la femme, le
patrimoine propre de l'homme, le patrimoine commun des époux.
En ce qui concerne le patrimoine propre à chacun des époux, on distingue l’actif du passif :
- l'actif : chacun des époux reste seul propriétaire de l'ensemble de ses biens et de ses
créances au jour du mariage, des biens et des créances acquises pendant le mariage
par donation ou par succession, de ses effets personnels, de ses droits à la réparation
d'un préjudice personnel, de ses droits de propriété artistique, littéraire ou
industrielle et des pensions et des rentes dont il est le seul titulaire
- le passif : on y retrouve : les dettes antérieures au mariage et les dettes résultant
d'une condamnation pénale
Il va de soi que chaque époux conserve la gestion exclusive de son patrimoine propre.
En ce qui concerne le patrimoine commun des époux, on opère les mêmes distinctions:
- l'actif : tous les biens sont communs, sauf ceux dont le caractère propre est prouvé.
- le passif : les époux sont notamment tenus de payer les dettes contractées
conjointement, les dettes contractées par l'un des époux dans l'intérêt de la famille
et les dettes contractées dans l'intérêt du patrimoine commun.
-37-
4. La séparation
Lorsque le couple traverse une crise, les époux ou les concubins qui ont fait une déclaration
de vie commune auprès de l'administration communale peuvent prendre la décision de ne
plus vivre ensemble pendant un laps de temps déterminé ou non.
Les parties organisent souvent eux-mêmes les modalités de leur séparation, sans passer par
un avocat ni devant un juge. Tant que les accords pris au sein du couple sont respectés, il n'y
a pas - par définition - le moindre problème.
Par contre, si les parties ne parviennent pas à trouver un arrangement ou lorsque l'un des
époux ou concubins ne respecte pas ou plus ses engagements, il devient indispensable de
soumettre le litige au Juge de Paix. Celui-ci est en effet compétent pour prendre des
mesures provisoires et urgentes lorsque l'entente entre les parties est sérieusement
perturbée (ou si l'un des époux manque gravement à ses devoirs).
Cette procédure est relativement simple. Il n'est d'ailleurs pas rare que les époux
comparaissent sans avocat. Il existe en effet des formulaires pré-imprimés au greffe de
chaque Justice de Paix (le greffe correspond au secrétariat du tribunal). L'assistance d'un
avocat devient cependant utile dès que l'un des parties a choisi un conseil ou lorsqu'il existe
une contestation sérieuse entre les époux. Le Juge de Paix apprécie souverainement les
mesures utiles à prendre pour régler provisoirement la crise conjugale.
Les mesures provisoires et urgentes
Les mesures généralement prises sont les suivantes :
1) les résidences séparées : le magistrat peut contraindre l'un des époux ou concubins à
quitter la résidence conjugale. Celui-ci conserve tous ses droits, si ce n'est qu'il n'est plus
autorisé, provisoirement, à résider au domicile du couple. Pour déterminer quel est celui ou
celle qui devra quitter la maison, le Juge de Paix tient compte de nombreux facteurs :
possibilité ou non de trouver facilement un autre logement, choix des enfants, revenus de
chacun, etc. Le magistrat pourrait parfaitement ordonner à un époux de quitter la résidence
conjugale alors que celle-ci fait partie du patrimoine propre de l'intéressé (il peut par
exemple prendre cette décision lorsqu'il est établi que le conjoint, sans ressource, se
retrouvera à la rue s'il était mis à la porte du domicile conjugal, contrairement au
propriétaire de celui-ci).
La volonté de maintenir les enfants dans le cadre familial est souvent prépondérante.
2) l'obligation de faire un inventaire des biens : le Juge de Paix peut désigner un notaire pour
procéder à l'inventaire des biens garnissant la résidence conjugale. Il s'agit naturellement de
prévenir la disparition de ces biens pendant la séparation.
3) l'interdiction de déplacer, de donner en gage ou de vendre les biens garnissant le domicile
conjugal : le but poursuivi est évidemment le même que pour la mesure précédente.
4) une pension alimentaire : lorsque l'un des époux ou concubins se trouvent dans un état
de déséquilibre par rapport à son conjoint sur le plan financier, le Juge peut condamner
l'époux qui jouit de la meilleure situation à payer une pension alimentaire à l'autre. Le
montant de cette pension alimentaire est déterminé en fonction des revenus et des charges
de chacune des parties. Lorsque la situation de l'un est équivalente à celle de l'autre, la
-38-
pension alimentaire ne se justifie pas. Si la situation des parties se modifie après le prononcé
de l'ordonnance, il est possible de retourner devant le Juge de Paix pour réclamer une
réduction, une majoration ou la suppression de la pension alimentaire.
5) la garde des enfants : lorsque le couple marié a un ou plusieurs enfants, il faut régler le
sort de ceux-ci et déterminer lequel des conjoints assumera leur hébergement. Il n'y a
aucune règle automatique en la matière. Le Juge de Paix tiendra uniquement compte de
l'intérêt des enfants. Les enfants sont entendus lorsqu'ils ont plus de 12 ans. Leur volonté
est importante mais elle n'est pas déterminante. Le magistrat peut parfaitement ordonner
une mesure différente de celle souhaitée par les enfants s'il estime que tel est leur intérêt. Il
faut cependant raisonnable : il ne sert à rien de confier la garde d'un jeune homme ou d'une
jeune fille proche de l'âge de la majorité à un parent qu'il ou elle ne souhaite plus voir !
6) le droit de visite : le parent qui n'a pas obtenu la garde de ses enfants conserve bien sûr le
droit de les voir régulièrement. Le régime classique est le suivant : un week-end sur deux et
la moitié des congés scolaires. Il est parfois nécessaire de réduire ce droit de visite : c'est le
cas lorsque la parent non gardien ne s'intéresse pas à ses enfants ou lorsqu'il n'est
manifestement pas capable de s'en occuper. Cela doit cependant rester l'exception. Il est par
contre beaucoup plus souhaitable d'accorder un droit de visite plus étendu lorsque le parent
non gardien a toujours entretenu des relations privilégiées avec ses enfants.
7) la contribution alimentaire : le parent qui a obtenu la garde de ses enfants peut obtenir à
charge de l'autre parent une contribution alimentaire pour pouvoir assumer leur entretien
et leur éducation. Un parent ne peut, par exemple, refuser de contribuer aux charges de
l'entretien et de l'éducation de ses enfants, même s'il renonce à son droit de visite. Le
montant de la contribution alimentaire est fixé en fonction des revenus et des charges de
chacun des époux et en tenant compte de l'âge et des besoins de chaque enfant. Ce
montant peut être revu à la hausse ou à la baisse à tout moment en cas de modification de
la situation financière de l'une des parties. Il est utile de préciser ici que les contributions
alimentaires doivent nécessairement être versées au parent gardien et non à l'enfant lui-
même : celui qui ne paie pas au bon destinataire sera contraint de payer une seconde fois …
Enfin, il faut savoir que l'obligation de contribuer à l'entretien et à l'éducation de ses enfants
persiste au-delà de la majorité, jusqu'à ce que la formation de l'enfant soit achevée. Il est
indispensable de retourner devant le Juge de Paix pour obtenir la suppression de la
contribution alimentaire pour ce motif : tant que l'ordonnance n'est pas réformée, le
bénéficiaire de cette contribution peut continuer à exiger le paiement, même si la formation
de l'enfant est achevée.
8) la délégation de sommes : le Juge peut accorder une délégation de sommes à celui ou à
celle qui bénéficie d'une pension alimentaire ou d'une contribution alimentaire. Il s'agit de
permettre au bénéficiaire de saisir facilement les revenus du débiteur. Il suffit de demander
au greffe de la Justice de Paix de notifier l'ordonnance de la personne chargée de payer ces
revenus. (Attention : lorsque la dette est alimentaire, il est toujours possible se saisir
l'intégralité des revenus !!!) Sachez également que celui qui s'abstient de payer pendant
deux mois une pension alimentaire peut être condamné pour abandon de famille par le
Tribunal correctionnel.
L'ordonnance prononcée par le Juge de Paix reste valable tant qu'elle n'est pas réformée. Il
est possible d'interjeter appel de cette décision devant le Tribunal de première instance. Il
-39-
est toujours possible de demander au Juge de Paix de modifier son ordonnance si la
situation des parties a évolué depuis le prononcé de celle-ci.
Enfin, après le divorce, le Tribunal de la Jeunesse peut, sous certaines conditions, modifier ce
qui a été décidé par le Juge de Paix.
-40-
5. Le divorce
Le divorce peut se définir comme la rupture du lien conjugal pour les causes et selon les
formes que la loi autorise. Il existe, en Belgique, 2 possibilités de mettre fin au mariage (il est
tenu compte ici de la nouvelle loi du 27 avril 2007 entrée en vigueur le 1er septembre
2007): le divorce pour cause de désunion irrémédiable et le divorce par consentement
mutuel.
Il n’existe pas de divorce pour incompatibilité d'humeur, contrairement à ce que beaucoup
de gens pensent encore aujourd'hui ! Il n'y a plus de divorce pour cause déterminée (pour
faute) ni de divorce pour cause de séparation de fait de plus de 2 ans depuis l'entrée en
vigueur de la nouvelle législation.
Le divorce pour cause de désunion irrémédiable.
Il y a désunion irrémédiable lorsqu'il n'est raisonnablement plus possible que les conjoints
poursuivent leur vie commune (les disputes sont incessantes, l'affection entre eux n'existe
plus, chacun souhaite reprendre sa liberté ...).
La preuve de la désunion irrémédiable peut être apportée par toute voie de droit (ex :
adultère, coups et blessures ...). Il suffit donc de convaincre le tribunal qu'il n'est plus
question pour le couple de poursuivre la relation conjugale. Encore faudra-t-il parvenir à le
convaincre, les seules déclarations des personnes concernées ne pouvant évidemment pas
suffire ... Pas question de prononcer un jugement de divorce à la légère, à la suite d'une
banale dispute, sur un simple coup de tête ! Il va de soi que la désunion peut être
irrémédiable alors qu'aucun des conjoints n'a commis de faute. Le couple ne s'entend plus et
il n'est tout simplement plus possible de poursuivre la vie commune, ne fût-ce que parce
que, ni l'un, ni l'autre ne le souhaitent, toutes les tentatives tendant à résoudre la crise
conjugale s'étant soldées par un échec.
Le divorce pour cause de désunion irrémédiable pourra alors être prononcé dans les cas
suivants :
- 1er cas : les deux conjoints s'accordent pour introduire conjointement l'action en
divorce. Il existe deux possibilités de divorcer en pareil cas :
o une séparation de fait de 6 mois au moins
o deux déclarations faites par les conjoints devant le tribunal à 3 mois
d'intervalle au minimum
- 2ème cas : la demande n'est introduite que par un seul conjoint. Il existe aussi deux
possibilités de divorcer en pareille hypothèse :
o - une séparation de fait de 1 an au moins
o - deux déclarations faites par les conjoints devant le tribunal à 6 mois
d'intervalle au minimum
La procédure
La demande de divorce doit être introduite par requête déposée au greffe du tribunal de
première instance de l'arrondissement dans lequel se trouve la dernière résidence conjugale
du couple.
-41-
Le divorce par consentement mutuel
La nouvelle loi permet toujours de divorcer à l'amiable, par consentement mutuel. Un tel
divorce suppose toujours un accord complet entre les parties à la fois sur la volonté de
rompre le lien conjugal et sur les modalités de cette rupture pendant et après la procédure.
Les conditions de forme sont :
1) les époux doivent répartir entre eux les meubles et les immeubles ainsi que les dettes
faisant partie de leur patrimoine commun (quand ils sont mariés sous le régime légal) ou de
leur indivision (quand ils sont mariés sous le régime de la séparation).
2) il faut un acte notarié si la transaction porte sur un ou plusieurs immeuble(s).
3) les époux doivent également régler les droits successoraux du conjoint survivant au cas où
l'un d'eux décèderait avant la transcription du divorce dans les registres de l'état civil
Les parties doivent en outre établir une convention réglant au moins les 6 points suivants :
- la résidence de chacun pendant la procédure
- la garde des enfants communs pendant la procédure et après le divorce
- le droit de visite pendant la procédure et après le divorce
- le montant et les modalités de paiement de la contribution financière de l'époux non
gardien à l'entretien et à l'éducation de ses enfants
- le montant de la pension alimentaire à payer éventuellement par l'un des époux à
l'autre
- la répartition des frais de justice, le choix du Tribunal et la langue de la procédure.
Les conventions préalables à divorce par consentement mutuel sont en principe immuables
et irrévocables : elles ne peuvent normalement plus être modifiées après la transcription du
divorce, sauf dans l'intérêt des enfants.
Les pièces suivantes doivent être en outre annexées à la requête :
- un extrait de l'acte de naissance de chaque époux
- un certificat de nationalité de chaque époux
- un extrait de leur acte de mariage
- un extrait de l'acte de naissance de chaque enfant.
La procédure
La demande en divorce par consentement mutuel est introduite par une requête qui doit
être signée par les époux ou par leur(s) avocat(s) ou par leur(s) notaire(s). La convention
réglant les modalités du divorce doit être annexée à la requête et être reproduite dans cet
acte. La requête doit être déposée en deux exemplaires, sauf si les époux ont au moins un
enfant commun, auquel cas un exemplaire supplémentaire s'avère indispensable.
La procédure en tant que telle comprend 2 comparutions personnelles devant le Président
du Tribunal de première instance ou son délégué. Les époux ne peuvent se faire représenter
lors de ces comparutions, sauf en cas de force majeure (ex : impossibilité de se déplacer
pour raison de santé).
-42-
6. La filiation
La filiation peut se définir comme le rapport juridique entre un enfant et ses parents.
La filiation maternelle
L'enfant a automatiquement pour mère la personne désignée comme telle dans l'acte de
naissance. Il n'y a donc rien à faire pour établir cette filiation (sauf si l'enfant est né à
l'étranger de mère inconnue).
La filiation paternelle
Il faut opérer une distinction entre plusieurs cas :
- 1er cas : la mère de l'enfant est mariée. L'enfant né pendant le mariage ou dans les
300 jours suivant la rupture du lien conjugal a automatiquement pour père le mari de
la mère. Cette paternité peut toutefois être contestée par toutes voies de droit. En
règle générale, le recours à une expertise sanguine est indispensable. L'action en
contestation de paternité est réservée à la mère (laquelle doit agir dans l'année de la
naissance), au mari (lequel doit agir dans l'année de la connaissance de la naissance)
au précédent mari (dans le cas où l'enfant est né pendant le mariage mais moins de
300 jours après la dissolution du précédent mariage) et à l'enfant (lequel doit agir au
plus tôt à sa majorité - 18 ans - et au plus tard lorsqu'il aura attient l'âge de 22 ans). Il
peut aussi y avoir une contestation indirecte : la loi prévoit en effet la possibilité pour
un autre homme que le mari de la mère de reconnaître l'enfant dans certains cas
limitativement énumérés.
- 2ème cas : la mère de l'enfant n'est pas mariée. La filiation paternelle peut en pareil
cas être établie de 2 manières, par la reconnaissance ou un jugement.
La reconnaissance : la reconnaissance est l'acte par lequel une personne se déclare le
père de l'enfant. Il s'agit donc d'un simple aveu de paternité. Aussi curieux que cela
puisse paraître, la personne qui effectue cette déclaration n'a absolument rien à
prouver : sa seule volonté suffit à établir la paternité. Une personne qui n'est donc
pas le père biologique de l'enfant pourrait donc devenir le père juridique de ce
dernier en se bornant à le reconnaître. Toute personne ayant un intérêt autre que
patrimonial peut cependant agir en contestation de la reconnaissance (à charge pour
elle de prouver par toutes voies de droit que l'auteur de cette reconnaissance n'est
pas le père biologique de l'enfant). Le délai pour agir en contestation de paternité est
de 30 ans.
Pour être valable, la reconnaissance doit être actée soit dans l'acte de naissance de
l'enfant, soit dans un acte séparé reçu par l'officier de l'état civil, soit dans un acte
authentique établi par un officier de l'état civil ou par un notaire.
L'établissement judiciaire de la paternité : a défaut de reconnaissance, l'enfant (ou
sa mère) peut agir en justice pour établir sa filiation paternelle. Il peut prouver celle-
ci par toutes voies de droit. Le délai pour agir est de 30 ans.
-43-
7. Les successions
Le terme "succession" suppose naturellement le décès d'une personne. Si la personne
décédée n’a pas rédigé de testament, c’est la loi qui règle le problème de la dévolution de
ses biens et de ses dettes. Si elle a pris la peine de rédiger un testament et si celui-ci est
valable, c’est cet acte qui doit être appliqué (sauf s’il va à l’encontre de certaines règles telle
que celle de la réserve).
La succession légale
Le Code civil a prévu quatre catégories d’héritiers qui succèdent dans un ordre déterminé :
1) Les descendants viennent en premier lieu
2) A défaut de descendants, les ascendants succèdent pour une moitié tandis que les
frères et sœurs succèdent pour l’autre moitié. Si l’un des père et mère est prédécédé,
un quart de la succession revient au survivant tandis que les frères et sœurs (ou leurs
descendants) se partagent le reste de la succession. S’il n’y a plus aucun ascendant,
ce sont les frères et sœurs qui recueillent la totalité de la succession.
3) S’il n’y a pas (ou plus) de frère ou de sœur, ni de descendants de ceux-ci, ce sont
les ascendants les plus proches des lignes paternelle et maternelle qui héritent de la
personne défunte.
4) A défaut de parents appartenant à l’une des catégories précédentes, ce sont les
collatéraux jusqu’au 4ème degré qui recueillent la succession.
La présence d’un conjoint survivant complique les choses : Si le défunt laisse des
descendants, le conjoint recueille l’usufruit de la totalité de la succession. Dans cette
hypothèse, chaque héritier (en ce compris le conjoint) peut solliciter la conversion de
l’usufruit en un capital, en une rente indexée ou en la pleine propriété des biens faisant
l’objet de l’usufruit. Le conjoint survivant peut même exiger à tout moment la cession de la
nue-propriété de l’immeuble qui servait au logement de la famille ainsi que des meubles qui
le garnissaient. S’il est en concours avec un ou plusieurs descendants nés d’un précédent
mariage du défunt, le conjoint sera considéré (fictivement) comme ayant 20 ans de plus que
l’aîné de ces descendants en cas de conversion de l’usufruit (afin de réduire la valeur de cet
usufruit lorsque ledit conjoint est jeune). Si le défunt ne laisse aucun descendant et s’il existe
un ou plusieurs autres successibles, le conjoint obtient la pleine propriété de la part du
défunt dans le patrimoine commun et l’usufruit du patrimoine propre de ce dernier.Si la
personne décédée ne laisse aucun héritier, le conjoint recueille la pleine propriété de toute
la succession.
Lorsque le défunt n’a aucun héritier, la succession revient à l’Etat.
A l’ouverture de la succession, chaque héritier a le choix entre trois options :
1) L’acceptation pure et simple : le successeur recueille l’intégralité des biens du défunt,
mais aussi l’ensemble de ses dettes, même si le passif est supérieur à l’actif.
2) L’acceptation sous bénéfice d’inventaire : elle se réalise par une simple déclaration au
greffe du Tribunal de première instance de l’arrondissement où la succession est ouverte.
Dans ce cas, l’héritier n’est tenu de payer les dettes du défunt que dans la mesure où celles-
ci n’excèdent pas l’actif de la succession.
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3) La renonciation : elle se réalise également par une déclaration au greffe du Tribunal de
première instance de l’arrondissement où la succession est ouverte. C’est naturellement la
solution qui s’impose à l’héritier qui constate que les dettes du défunt sont plus importantes
que la valeur des biens qu’il pourrait recueillir dans la succession.
La succession testamentaire
Il existe trois types de testaments :
1) Le testament olographe : il doit être écrit, daté et signé par le testateur pour être
valable.
2) Le testament public : il est reçu par un notaire en présence de deux témoins ou par
deux notaires. Il est rédigé par un notaire qui se borne à reproduire par écrit ce qui
lui est dicté par le testateur. Il doit être signé par toutes les personnes concernées (le
testateur, le(s) notaire(s), les témoins).
3) Le testament international : il n’est pas nécessairement écrit de la main du
testateur mais ce dernier doit obligatoirement déclarer en présence d’un notaire et
de deux témoins qu’il s’agit bel et bien de son testament et qu’il en connaît le
contenu. Le testateur doit le signer et confirmer sa signature. Les témoins et le
notaire doivent également le signer et ce dernier mentionne en outre la date à la fin
du document.
De manière générale, un testament peut toujours être révoqué par le testateur sans que
celui-ci soit tenu de motiver les raisons qui l’ont amenées à prendre cette décision. La
révocation peut être tacite : c’est le cas lorsque le testateur établit un nouveau testament
incompatible avec le précédent.
On opère généralement une distinction entre trois catégories de legs :
1) Le legs universel : le testateur cède l’intégralité de ses biens à une ou plusieurs
personnes. S’il existe des héritiers réservataires (ascendants, descendants, conjoint
survivant), le légataire universel ne pourra recueillir que la quotité disponible telle
que fixée par la loi. Le légataire universel est tenu de payer les dettes de la personne
dont il recueille la succession mais il(s) peut (peuvent) l’accepter sous bénéfice
d’inventaire par mesure de sécurité.
2) Le legs à titre universel : il porte sur une partie des biens faisant partie de la
succession (exemple : tous les meubles ; un quart de la succession, etc.). Le légataire
à titre universel est tenu de payer les dettes du défunt proportionnellement à la part
qu’il recueille. Il peut lui aussi accepter la succession sous bénéfice d’inventaire.
3) Le legs particulier : il porte sur un ou plusieurs biens déterminés (exemple : la
propriété située à Beverly Hills ; le vase de bobonne ; etc). Très souvent, le testateur
désigne un exécuteur testamentaire chargé de l’exécution de ses dernières volontés.
Cette personne doit assurer l’exécution des legs et le paiement des dettes. Elle peut
prendre certaines mesures conservatoires (exemple : faire l’inventaire des biens)
mais elle n’a pas le pouvoir de vendre les immeubles de la personne décédée.
-45-
Chapitre 2 : les biens.
Le terme de " biens " peut être employé dans trois sens différents : au sens étroit et
matériel, un bien est une chose servant à l'usage de l'homme. Tel est le sens courant de ce
terme.
Ce n'est pas le seul : au sens large et abstrait, les biens sont les différents droits permettant
de se procurer des bénéfices des choses.
Et enfin, le terme "bien" peut aussi désigner le droit portant sur la chose (celle-ci n'ayant une
utilité que parce qu'un droit peut être exercé sur elle). C'est dans cette dernière acception
que le Code civil envisage les biens : nous pouvons dès lors définir les biens comme les droits
réels s'exerçant directement sur une chose (biens = droits réels).
Les droits réels présentent la caractéristique de conférer à leur titulaire un droit de suite et
un droit de préférence :
- le droit de suite : il permet au titulaire du droit réel de suivre le bien sur lequel il
porte (ex : le propriétaire d'un bien peut revendiquer celui-ci et exiger sa restitution à
tout détenteur; le titulaire d'une servitude de passage peut l'exercer quel que soit le
propriétaire du fonds servant; etc.)
- le droit de préférence : il permet au titulaire d'un droit réel sur une chose d'être
préféré au titulaire d'un droit personnel sur la même chose (ex : le créancier
hypothécaire sera préféré aux autres créanciers si l'immeuble sur lequel
l'hypothèque a été constituée est mis en vente).
Les biens sont : cessibles, transmissibles, saisissables et prescriptibles. Les principaux droits
réels que nous étudierons, sont le droit de propriété, l’usufruit et les servitudes.
La propriété.
La propriété peut se définir comme le droit de jouir et de disposer d'une chose de la manière
la plus absolue pourvu que l'on n'en fasse pas un usage prohibé par la loi ou par les
règlements. Ce droit comporte trois attributs :
- le droit d'utiliser la chose
- le droit d'en percevoir les fruits (ex : recevoir les loyers d'un immeuble donné en
location)
- le droit de disposer de la chose (ex : transformer, détruire, vendre, donner, mettre en
gage, etc.).
Les modes d'acquisition de la propriété :
- le contrat : on peut naturellement acquérir la propriété d'un bien par l'effet d'un
contrat tel que la vente, l'échange ou la donation.
- la succession : on peut devenir propriétaire d'un bien ou d'un ensemble de biens
lorsque l'on hérite d'une personne.
- l'occupation : on peut aussi devenir propriétaire d'un bien n'appartenant à personne
par le seul fait de la prise de possession de ce bien (ex : coquillages dans la mer,
choses abandonnées dans une poubelle, etc.).
-46-
- l'invention : on désigne sous ce vocable l'acquisition de la propriété d'un bien enfoui
dans le sol et dont le propriétaire est inconnu par le seul fait de sa découverte (on
parle juridiquement de "trésor").
- l'accession : il s'agit du mode d'acquisition de la propriété des choses produites par
un bien dont on est déjà le propriétaire (ex : les fruits d'un verger, les intérêts d'une
somme d'argent, etc.) ou des choses qui s'incorporent à un bien dont on est le
propriétaire, soit naturellement (ex : plantations), soit artificiellement (ex : les
transformations faites par un locataire qui quitte les lieux à la fin du bail).
- la prescription acquisitive : une personne peut devenir propriétaire d'un bien par le
seul écoulement du temps lorsque sa possession est paisible, continue et non
équivoque.
Elle est de :
o 30 ans pour le possesseur d'un bien immeuble, même s'il est de mauvaise foi.
o 20 ans pour le possesseur de bonne foi d'un immeuble pourvu qu'il dispose
d'un juste titre (ex : une personne achète une maison à une autre qui n'est
pas le véritable propriétaire de ce bien : l'acheteur de bonne foi détient un
juste titre).
o 10 ans pour le possesseur de bonne foi d'un immeuble s'il dispose d'un juste
titre et si le véritable propriétaire de ce bien se trouve dans le ressort de la
cour d'appel où se trouve l'immeuble.
o 3 ans pour le possesseur de bonne foi d'une chose mobilière qui a été volée.
Elle est instantanée pour le possesseur de bonne foi d'une chose mobilière qui n'a
pas été soustraite frauduleusement à son propriétaire (celui qui revendique la
propriété d'un meuble vis-à-vis du possesseur doit donc prouver qu'il est le véritable
propriétaire (ex : ce bien a été prêté au possesseur).
L'usufruit.
L'usufruit peut se définir comme le droit de jouir d'une chose appartenant à autrui à la
condition de conserver cette chose. Le bénéficiaire de l'usufruit est appelé l'usufruitier. Le
propriétaire d'un bien faisant l'objet d'un usufruit est appelé le nu-propriétaire. L'usufruit
peut être consenti pour une période déterminée ou à vie.
L'usufruit peut résulter de la volonté humaine (contrat, testament) ou de la volonté du
législateur (ex : l'usufruit légal du conjoint survivant sur les biens de l'époux prédécédé).
L'usufruitier a le droit d'user de la chose (ex : il peut habiter l'immeuble faisant l'objet de son
usufruit) et il peut en percevoir les fruits (ex : percevoir les loyers de cet immeuble).
Il est tenu de :
- faire l'inventaire des biens avant l'entrée en jouissance
- fournir caution de jouir en bon père de famille (sauf dispense)
- user de la chose en bon père de famille
- entretenir le bien à l'exclusion des grosses réparations
- supporter les charges annuelles de la chose (ex : précompte immobilier).
Le nu-propriétaire peut disposer de la chose mais il ne peut aliéner que le nue-propriété. Il
n'a en principe aucune obligation vis-à-vis de l'usufruitier, si ce n'est de ne pas troubler ce
dernier dans l'exercice de son droit.
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L'extinction de l'usufruit à lieu à :
- la mort de l'usufruitier
- l'échéance du terme
- la confusion (c'est-à-dire la réunion de l'usufruit et de la nue-propriété sur la tête de
la même personne)
- la prescription extinctive (= le non-usage du droit pendant 30 ans)
- la perte totale de la chose
- la prescription acquisitive du droit par un tiers
- la déchéance de l'usufruit pour abus de jouissance lorsque l'usufruitier n'exécute pas
ses obligations.
- la renonciation au droit par l'usufruitier.
Les servitudes.
Une servitude est une charge imposée à un bien (le fonds servant) pour l’usage d’un autre
bien (le fonds dominant) appartenant à une autre personne. Elle n’est pas liée à une
personne, mais à une chose : la servitude ne s’efface donc pas lorsque le bien change de
propriétaire.
Les servitudes peuvent naître de la situation des lieux (exemple : le fonds inférieur est tenu
de recevoir les eaux qui s’écoulent naturellement du fonds supérieur). Elles peuvent aussi
êtres établis par la loi (exemple : la personne qui occupe un fonds enclavé a le droit de
passer sur le fonds voisin pour rejoindre la voie publique). Les servitudes peuvent enfin
résulter de la volonté de l’homme (exemple : X concède un droit de passage au propriétaire
du fonds voisin afin de lui éviter un long détour pour atteindre la voie publique).
Les servitudes continues et apparentes (exemple : l’écoulement de l’eau par une canalisation
traversant le terrain voisin) peuvent s’acquérir par titre (convention) ou par prescription de
30 ans. Les autres servitudes (exemple : le droit de passage) ne peuvent s’acquérir que par
titre (convention ou décision de justice). Elles disparaissent soit par le non-usage pendant 30
ans, soit par la réunion des fonds en une seule main. En cas de conflit portant sur une
servitude, c’est le Juge de Paix qui est le seul compétent pour régler le problème.
-48-
Chapitre 3 : les obligations.
L'obligation peut se définir de manière générale comme le lien de droit obligeant une
personne à donner, faire ou ne pas faire une chose :
- Donner : X doit réparer le dommage causé à Y par sa faute (il doit donc donner une
indemnité).
- Faire : X s'est engagé à construire la maison de Y (il doit donc faire quelque chose).
- Ne pas faire : X s'est engagé à ne pas se fournir ailleurs que chez Y (il est donc tenu
de ne pas faire quelque chose).
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2. Les modalités des obligations.
Nous examinerons ici les modalités affectant la naissance, l'exigibilité ou l'extinction des
obligations (le terme et la condition) ainsi que les obligations à sujets multiples (les
obligations conjointes, solidaires et indivisibles).
Le terme et la condition.
Le terme peut se définir comme un événement futur et certain qui a pour effet de suspendre
l'exigibilité d'une obligation (vente à crédit, prêt à tempérament, etc.).
La condition est un événement futur et incertain qui a pour effet de suspendre la naissance
d'une obligation (condition suspensive) ou de provoquer l'extinction d'une obligation en cas
de réalisation (condition résolutoire). Exemple : X achète une maison au prix de 100.000 €
s'il obtient dans les quatre mois de la signature du compromis de vente un prêt du même
montant.
Les obligations conjointes, solidaires et indivisibles.
L'obligation conjointe est une obligation qui se divise entre plusieurs créanciers et/ou
débiteurs. Par exemple : X et Y contractent ensemble un prêt de 25.000 €. Il s'agit d'une
obligation conjointe qui se divise entre eux : chacun est tenu de rembourser la moitié de la
dette.
L'obligation solidaire est une obligation dont le créancier peut exiger le paiement intégral à
chacun de ses débiteurs. Par exemple : X et Y contractent ensemble un prêt de 25.000 €
mais il est stipulé dans le contrat que la dette est solidaire. Le prêteur pourra exiger de
chacun d'eux qu'il rembourse seul la totalité des mensualités du prêt. Celui qui aura ainsi
supporté seul le remboursement de l'emprunt pourra toutefois se retourner contre son
codébiteur afin que celui-ci paie sa part.
L'obligation indivisible est une obligation qui par sa nature ou par son objet ne peut être
exécuté partiellement. Par exemple : X et Y vendent leur cheval à Z. Il va de soi qu'ils devront
livrer ensemble le cheval et non pas chacun une moitié de l'animal...
-50-
4. L'extinction des obligations
Les obligations peuvent s'éteindre de plusieurs manières : le paiement, la novation, la
compensation, la confusion et la remise de dette.
Le paiement
Le paiement, au sens juridique du terme, désigne de manière générale l'exécution de
l'obligation par le débiteur, quel qu'en soit l'objet. Par exemple : le vendeur paie sa dette en
livrant la chose vendue à l'acheteur. C'est le mode normal d'extinction des obligations.
La novation
La novation est une convention par laquelle les parties remplacent une obligation par une
autre, ce qui provoque indirectement l'extinction de la dette initiale. Par exemple : X vend sa
voiture à Y au prix de 10.000 €. Par la suite Y propose à X de remplacer ce prix de 10.000 €
par sa propre voiture et un montant complémentaire de 2.500 €. X accepte cette proposition
de Y. Il y a novation par changement d'objet : l'obligation initiale de Y (le paiement d'un prix
de 10.000 €) est remplacée par une nouvelle obligation (la livraison de sa propre voiture et
le paiement d'une somme de 2.500 €). La dette initiale de Y est donc éteinte.
La compensation
La compensation peut se définir comme l'extinction de deux obligations qui existent entre
deux personnes à concurrence de la dette la moins élevée. Par exemple : X a confié à son
garagiste le soin de réparer son véhicule. Le garagiste envoie une facture de 2.000 € à X. Il
apparaît cependant que les réparations n'ont pas été correctement effectuées. Les parties
décident de soumettre la question au Tribunal compétent pour trancher le litige. Après
expertise du véhicule, le Tribunal condamne le garagiste à payer une indemnité de 1.200 € à
X pour le préjudice subi par celui-ci à cause de la mauvaise réalisation des travaux de
réparation. Il y aura en l'espèce une compensation entre la facture de 2.000 € et l'indemnité
de 1.200 € en telle sorte que X ne devra plus payer que 800 €. Bref, la dette du garagiste
envers X est éteinte, de même que celle de X envers le garagiste à concurrence de 1.200 €.
La confusion
Il y a confusion lorsqu'il y a réunion de la qualité de créancier et de débiteur sur la tête de la
même personne. Par exemple : le locataire d'un immeuble rachète celui-ci à son bailleur.
La remise de dette
La remise de dette est l'acte par lequel un créancier renonce volontairement à faire valoir
ses droits à l'encontre de son débiteur. Par exemple : X a emprunté une somme de 1.000 € à
son ami Y. Y renonce à lui réclamer le remboursement de ce montant car X l'a beaucoup aidé
à surmonter une pénible maladie.
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Chapitre 4 : la responsabilité.
Tout le monde sait que celui qui cause un dommage à autrui par sa faute doit indemniser la
victime de cette faute. Il n'est cependant pas toujours facile de prouver la faute commise par
l'auteur du préjudice : c'est la raison pour laquelle le législateur a prévu que certaines
personnes sont présumées en faute dans certains cas. Il existe aussi dans notre droit certains
cas de responsabilité sans faute.
Il faut dès lors opérer une distinction entre la responsabilité pour faute personnelle, les
présomptions de faute ou de responsabilité et les responsabilités objectives (sans faute)
-52-
Les maîtres et les commettants
Les maîtres et les commettants sont responsables des actes posés par leurs préposés. Pour
cela, il faut :
- un lien de subordination entre le préposé et le civilement responsable
- une faute du préposé commise à l'occasion de ses fonctions.
Les maîtres et les commettants ne sont pas autorisés à renverser cette présomption de
responsabilité.
Il existe aussi la responsabilité du fait des choses. De manière générale, vous êtes
responsable de tous les dommages causés par le vice d'une chose placée sous votre garde.
Une chose est entachée d'un vice chaque fois qu'elle présente une caractéristique anormale
susceptible de causer un dommage à autrui. Par exemple, le dispositif de retenue du pot de
fleur que vous avez placé sur le bord de la fenêtre de votre maison au 2ème étage cède à
cause du vent et le pot tombe sur la tête de votre voisine : vous êtes responsable du
dommage.
Il n'est pas possible de renverser cette présomption de responsabilité, sauf si vous parvenez
à prouver que le préjudice ne résulte pas du vice de la chose mais d'une cause étrangère.
De manière plus particulière, le Code civil vous rend responsable de tous les dommages
causés par la ruine d'un bâtiment dont vous êtes propriétaire si cette ruine résulte d'un
manque d'entretien ou d'un vice de construction. Vous ne pourrez pas non plus renverser
cette présomption de responsabilité.
De même, vous êtes responsables de tous les dommages causés par un animal placé sous
votre garde, même si cet animal ne vous appartient pas. Vous ne pourrez pas renverser cette
présomption de responsabilité.
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5. Le droit des contrats.
Le contrat est un accord de volonté entre plusieurs parties. Un écrit n'est en principe pas
nécessaire pour que le contrat puisse sortir ses effets.
Nous examinerons les principaux contrats de la vie courante : la vente, le bail, le contrat
d’entreprise, le prêt, le dépôt et le mandat.
5.1 La vente.
Il y a contrat de vente dès que l'acheteur et le vendeur sont d'accords sur la chose et sur le
prix : un écrit n'est donc pas nécessaire. L'échange des consentements est donc suffisant ...
mais il est vrai que la preuve de l'existence et du contenu du contrat sera plus difficile à
rapporter à défaut d'écrit.
5.2. Le bail.
Le bail est un contrat par lequel le bailleur cède au locataire la jouissance d'une chose contre
le paiement d'un loyer.
Nous aborderons, ici, les règles applicables à la location de maisons ou appartements.
Un bail peut être écrit ou verbal. En principe, le bail écrit doit, pour être valable, être rédigé
en autant d'exemplaires qu'il y a de parties à la convention et chaque exemplaire doit
normalement mentionner le nombre d'originaux rédigés et signés par les parties (un
exemplaire supplémentaire paraît en outre nécessaire pour l'enregistrement).. Si ces
conditions ne sont pas remplies, le bail est verbal. Le bail verbal est aussi valable que le bail
écrit.
La durée de la location.
En principe, le bail est conclu pour une durée de 9 ans. Il est cependant possible, à la
condition de le prévoir dans le contrat, de conclure un bail de courte durée (moins de 3 ans),
un bail de longue durée (plus de 9 ans) ou un bail à vie.
La date de l'entrée en vigueur est celle qui est prévue dans le contrat (s'il est écrit) ou celle à
partir de laquelle le locataire peut entrer dans les lieux loués (s'il est verbal).
Le loyer.
Les parties fixent librement le loyer. En principe, celui-ci ne peut pas être modifié en cours
de bail. Cette règle n'est cependant pas absolue : il est en effet possible, sous certaines
conditions prévues pas la loi, de modifier le loyer à la fin de chaque triennat, pour autant
que la demande de révision soit adressée entre le 9ème et le 6ème mois précédant
l'expiration de ce triennat. Si l'une des parties formule cette demande dans le délai légal,
plusieurs solutions sont possibles :
- il y a accord sur la révision et le montant du nouveau loyer : il n'y a en ce cas aucun
problème.
- il n'y a aucun accord entre les parties : le demandeur doit alors saisir le Juge de Paix
entre le 6ème et le 3ème mois précédant l'expiration du triennat.
Le Juge de Paix peut accorder la révision dans 2 hypothèses :
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1° le demandeur prouve que, par le fait de circonstances nouvelles, la valeur locative
normale du bien loué est supérieure ou inférieure de 20 % au moins du loyer payé au
moment de la demande de révision.
2° le demandeur établit que la valeur locative normale de la chose louée est
supérieure de 10 % au moins au loyer payé au moment de l'introduction de la
demande en raison de travaux qu'il a effectués à ses frais dans les lieux loués.
Le loyer ne peut cependant pas être augmenté pendant 9 ans (à l'exception de l'indexation
annuelle) lorsqu'il s'agit de baux de courte durée successifs, de baux conclus avec un
nouveau locataire ou de baux conclus à la suite d'un congé donné par le bailleur.
L'indexation du loyer
Le loyer peut toujours être indexé, une fois par an, à la date anniversaire de l'entrée en
vigueur du bail, même si le contrat ne le prévoit pas (sauf si le contrat précise expressément
que le loyer ne sera pas indexé).
L'indexation n'est cependant pas automatique : le bailleur doit le demander par écrit au
locataire et il ne peut remonter plus de 3 mois en arrière. Il doit par ailleurs agir dans l'année
car l'action en paiement de l'indexation est prescrite après un an. L’indice des prix à la
consommation est publié chaque mois par le Ministère des Affaires Économiques.
Si le locataire ne paie pas ses loyers et/ou ses charges, le bailleur ne peut procéder lui-même
à son expulsion. Il doit mettre son locataire en demeure de payer les arriérés de loyers et de
charges (une lettre recommandée est suffisante). Si le preneur fait la sourde oreille, il doit
déposer une requête devant le Juge de Paix pour réclamer la résolution du bail aux torts du
locataire et sa condamnation à payer les arriérés.
Les charges.
Les charges doivent faire l'objet d'un compte distinct du loyer, même si elles sont fixées
forfaitairement.
Si les charges sont forfaitaires, elles ne peuvent en principe pas être modifiées
unilatéralement par les parties pour tenir compte des charges réelles. Le bailleur et le
locataire ont toutefois la possibilité de saisir le Juge de Paix pour lui demander la révision du
forfait ou la conversion en charges réelles (le magistrat cantonal statue en se fondant sur
l'évolution des dépenses réelles).
Si les charges n'ont pas été fixées forfaitairement, elles doivent correspondre à la réalité (la
charge de la preuve pèse sur le bailleur qui doit dès lors produire l'ensemble des pièces
justificatives).
Le précompte immobilier.
Le précompte immobilier relatif à l'immeuble loué ne peut jamais être mis à la charge du
locataire. C'est la raison pour laquelle le locataire peut déduire de son loyer cette réduction
du précompte immobilier, même si le contrat le lui interdit.
La fin du bail.
La location prend normalement fin à l'expiration du terme convenu entre les parties. Il
convient toutefois de donner un congé à l'autre partie au moins 6 mois avant l'échéance
pour éviter une tacite reconduction. Dans le cas contraire, le bail est prolongé pour une
période de 3 ans aux mêmes conditions (et chacun aura alors la possibilité de mettre fin à ce
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bail prorogé, tous les 3 ans, sans motif et sans devoir payer d'indemnité). Il est cependant
possible pour chacune des parties de mettre fin anticipativement à la convention de bail
moyennant le respect de certaines conditions :
La résiliation par le bailleur
Le bailleur a la possibilité de mettre fin au bail avant l'échéance de son terme sous certaines
conditions :
- l'occupation personnelle : Le bailleur peut mettre fin au bail à tout moment, pour
occupation personnelle, à la condition de notifier un congé de 6 mois.
- la réalisation de travaux : le bailleur peut également mettre fin au bail à l'expiration
de chaque triennat et moyennant un préavis de 6 mois s'il envisage de procéder à
des travaux de reconstruction, transformation ou rénovation du bien loué.
- la résiliation avec indemnité : le bailleur peut mettre fin au bail à l'expiration de
chaque triennat sans fournir le moindre motif mais à la condition de respecter un
préavis de 6 mois et de verser au locataire une indemnité égale à 9 mois de loyers si
le congé est notifié à la fin du premier triennat ou 6 mois de loyers si le congé est
notifié à la fin du deuxième triennat.
De manière générale, le preneur peut quitter les lieux loués avant l'expiration du délai de
préavis en adressant un "contre-préavis" au bailleur.
La résiliation par le preneur
Le locataire peut mettre fin au bail à tout moment à la condition de notifier au bailleur un
congé de 3 mois. Il n'est jamais tenu de motiver son congé. S'il quitte les lieux loués pendant
le premier triennat, il doit payer au bailleur une indemnité égale à 3 mois de loyers s'il part
au cours de la 1ère année, 2 mois de loyers s'il part au cours de la 2ème année ou 1 mois de
loyer s'il quitte l'immeuble au cours de la 3ème année.
La résiliation de commun accord
Les parties peuvent toujours mettre fin au bail anticipativement de commun accord.
5.4. Le dépôt.
Le dépôt est un contrat par lequel une personne remet une chose à une autre personne afin
que celle-ci la garde temporairement et la restitue à première demande.
Le dépôt est en principe gratuit mais il n'est pas interdit de prévoir une rémunération en
faveur du dépositaire. Il est très important de préciser que le dépositaire ne peut utiliser la
chose faisant l'objet du dépôt : il ne peut que la garder. Il est naturellement tenu de la
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restituer dans le même état : il engage sa responsabilité s'il ne le fait pas (ex : la chose a été
volée ou détruite) sauf en cas de force majeure.
5.5. Le mandat.
Le mandat est un contrat par lequel une personne accomplit au nom et pour le compte
d'une autre personne un acte de nature juridique.
Le mandat peut être verbal, mais il est utile de prévoir un écrit pour éviter toute
contestation : cet écrit porte le nom de procuration. L'acte que le mandataire pose au nom
et pour le compte de son mandant engage directement ce dernier et non le mandataire. Il va
cependant de soi que le mandataire doit rendre compte au mandant : il ne peut agir que
dans le cadre de son mandat.
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