porter
(Mot repris de porta)1. porter
[ pɔrte] v.t. [ lat. portare ]se porter
v.pr.2. porter
[ pɔrtɛr] n.m. [ mot angl., de porter's ale, bière blonde de portefaix ]porter
Participe passé: porté
Gérondif: portant
Indicatif présent |
---|
je porte |
tu portes |
il/elle porte |
nous portons |
vous portez |
ils/elles portent |
PORTER1
(por-té) v. a.Résumé
PROVERBES
- Argent comptant porte médecine.
- La nuit porte conseil, c'est-à-dire il est bon de laisser passer une nuit, et, en général, du temps sur un parti à prendre.
HISTORIQUE
- XIe s. An dreit Taison espeiret arriver, Mais ne puet estre, ailurs l'estot aler [il lui faut aller ailleurs] ; An dreit à Rome les portet li orez [le vent] [, St Alexis, XXXIX]De l'altre dei qui porte l'anel [, Lois de Guill. 13]Branches d'olive en vos mains porterez [, Ch. de Rol. v]Ne vus ne il n'i porterez les piez [, ib. XVIII]Qu'à Marsilion [il] me portast mon message [, ib. X]Tant vus [mon épée] aurai en curt à rei portée [, ib. XXX]Mult [il] se fait fier de ses armes porter [, ib. LXX]Ce dist Rolanz : purquei me portez ire ? [, ib. CXXIX]
- XIIe s. E si vos les volez saver [savoir les nouvelles], mandez qui les vos port [, Machab. II, 2]Vous porterez ma chartre, où li seax d'or pend [, Sax. XX]Plus biaux princes de lui [que lui] ne put porter escu [, ib. XXVIII]Sire, li reis vus ad porté grand amistié : Bien li devriez faire co qu'il vus ad preié [, Th. le mart. 25]
- XIIIe s. Ce qu'on a tant porté, Quant chiet [tombe], adès en poise [on en a toujours du chagrin], Hist. litt. t. XXIII, p. 572. Et li Grieu [les Grecs] les commencierent à enhaïr et à porter mauvais cuer [VILLEH., CXXVI][Elle] De tout portoit les cles, qu'elle l'ot deservi [mérité] [, Berte, LIX]Et mainte grant riviere qui bien porte navie [, ib. LXXII]Com je vous ai porté mauvaise compaignie ! [, ib. CX]Ma mescheance [j'] ai, sire [Dieu], pour vous en gré portée [, ib. CXXVI]À cinq labiaus de gueule l'ainsnés fils le porta [porta l'écu] [, ib. CXXXI]Les escus [il] froisse et fent com s'il fussent d'escorce ; à chevalier n'assemble qu'à terre ne le porce [AUDEFROI LE BAST., Romancero, p. 19]La boucle d'une pierre fu, Qui ot grant force et grant vertu ; Car cis qui sor soi la portoit Nesuns venins ne redotoit [, la Rose, 1077]Atant s'en entrent tot es nes [dans les navires] ; Or ont boin vent et bien portant [, Fl. et Bl. 114]Si vous cri merci jointes paumes, Que cis las dolereus Guillaumes, Qui si bien s'est vers moi portés [comporté], Soit secorus et confortés [, ib. 10695]Tout li enfant que cele porte qui est serve sont serf, tout soit ce que li peres soit frans hons [BEAUMANOIR, XLV, 45]On ne croit pas que tex teroirs puist tel vin porter [ID., XLV, 14]Et l'un des Turs porta un chevalier du Temple à terre [JOINV., 419]
- XIVe s. Il me souffist, se je tout seul porte mes infortunes [ORESME, Eth. 290]Et as choses maintenant dites font et portent tesmoignage et signe de verité aucunes ordenances propres.... [ID., ib. 72]Pour ce se porta il folement et sotement [ID., ib. 201]Car le vin fait souvent d'ire maint fol parler, Et s'en doit bien garder qui ne le peut porter [, Guesclin. 22113]
- XVe s. Dieu merci ! je me porte assez bien ; mais j'avois plus d'argent quant je faisois guerre pour la partie du roi d'Angleterre [FROISS., II, III, 24]Ainsi se porta celle journée, et n'y eut rien fait, non chose qui fasse à recorder [ID., I, I, 91]Et s'en alla denoncer audit messire Hervey, et dire la besogne ainsi comme elle se portoit [ID., I, I, 177]Les barons qui demeurés estoient et le remenant du pays, ne le [Hue le Despensier] purent plus porter [supporter] [ID., I, I, 9]Au regard de celle que j'ayme loyaulment, elle me suffit très bien ; mais à ce que vous voulez porter la vostre plus belle que la myenne, cela ne pourroye souffrir, ains deffendray sa beauté à l'encontre de tous autres [, Perceforest, t. V, f° 21]Or en as tu assez et plus que porter n'en pues [tu n'en peux porter] [AL. CHART., Quadril. invect.]Quelles nouvelles, ma maistresse ? Comment se portent nos amours ? [CH. D'ORL., Ball. 14]E stendoit ses limites plus avant que le traicté ne portoit [COMM., III, 1]Je sçay bien que ma langue m'a porté grant dommage [ID., I, 10]Le duc de Bourgogne portoit fort grant honneur aux ambassadeurs et gens estranges [ID., V, 9]Autant que la veue pouvoit porter [ID., I, 6]Sa personne pouvoit assez porter le travail qui luy estoit necessaire [ID., III, 3]Je luy ose bien porter ceste louenge, et ne sçay si je l'ay dit ailleurs [ID., III, 12]
- XVIe s. J'ay faict de diligence ce que la compaignie que je mene en a peu porter [MARG., Lett. 41]Madame s'est bien portée jusques à ceste nuict qu'elle a eu peur d'avoir sa goutte [ID., ib. 52]Vous savés combien vostre paine est necessaire aux affaires dont vous portés le faix [ID., ib. 64]Le desir que j'ay de savoir comme se porte votre santé ne me laisse passer en ce lieu sans vous escripre [ID., ib. 17]Comme les occasions de la guerre le portent [comportent] souvent [MONT., I, 49]Quelque masque qu'ils portent [ID., I, 108]Je regarde tousjours comment s'en est porté le bout [de la vie] [ID., I, 68]La main se porte souvent où nous ne l'envoyons pas [ID., I, 98]On peult se porter excessivement en une action juste [ID., I, 233]Ceulx ci portent leurs testes tousjours couvertes de beguins [ID., I, 260]Le pape Boniface huitiesme entra, dict on, en sa charge comme un regnard, s'y porta comme un lion et morut comme un chien [ID., II, 1]Lorsqu'ils commençoient à porter les armes [ID., II, 83]Ny les traicts ny les glaives ne portent que par le congé de nostre fatalité [ID., III, 132]Il est porté par leurs loix, que le larron soit condamné en amende pour le larecin [LA BOÉTIE, 219]La terre qui porte des herbes sauvages [ID., 227]Le bon renom qu'acquiert celui qu'on void qui se porte en toute douceur et facilité avec ses semblables [LANOUE, 47]Et qui s'assujettira aux coustumes domestiques, portera obeissance aux lois publiques [ID., ib.]Le zele que chascun porte à sa religion [ID., 67]Le noble a davantage d'obligation que l'ignoble à se porter vertueusement [ID., 186]Tirant de près, les coups portent, qu'ils adressent tousjours aux cuisses ou aux visages [ID., 313]N'esperant plus que ses affaires se portassent jamais comme il desiroit [AMYOT, Thés. 43]Le temps prefix à porter le deuil estoit fort court [ID., Lyc. 56]Proculus et Velesus porterent la parole [ID., Numa, 9]Il estoit singulierement aimé et porté des gens de bien [ID., Péric. 11]Il fut eleu consul contre sa voulunté, non jà pour affection que le peuple portoit à ce Lepidus, mais pour gratifier à Pompeius, qui le portoit et luy favorisoit [ID., Sylla, 70]Agesilaus, encore qu'il se portoit fort mal, à cause de plusieurs bleceures.... [ID., Agésil. 28]Je suis demourée pour porter encore malheur au grand Pompeius [ID., Pomp. 105]Et ne seroit sa charge gueres vacante, car vous estes icy tout porté pour lui succeder [CARL., I, 38]La Mozelle est si glacée qu'elle porte [ID., V, 8]L'eau de la mer soustient et porte, sans comparaison, plus facilement que la douce des fleuves [PARÉ, I, 35]Qui rien ne porte, rien ne lui chet [tombe] [COTGRAVE, ]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguig. potai ; Berry, pourter ; provenç. et espagn. portar ; ital. portare ; du lat. portare, qui est un dénominatif issu d'un participe passé portum (qu'on ne trouve pas), comme tutari l'est de tutum, qui vient de tueor ; portum tient au radical grec, j'apportai (voy. PORTE).
PORTER2
(por-tèr) s. m.porter
Porter la queue de quelqu'un, Soutenir la queue de sa robe afin qu'elle ne traîne pas.
Prov. et fig., Chacun porte sa croix en ce monde, Il n'y a personne qui n'ait ses afflictions particulières.
Fig., Avoir plus de travail, plus d'affaires qu'on n'en peut porter, Être chargé de tant de travail, d'une si grande quantité d'affaires, qu'on n'y saurait suffire.
Fig., Porter tout le poids des affaires, En être chargé seul, en avoir seul tout le travail.
Fig., Il en portera la peine, Il en sera responsable, il en sera puni. On dit, familièrement, dans le même sens, Il en portera la folle enchère.
Fig., Porter le joug, Être dominé par quelqu'un.
Fig. et fam., Porter quelqu'un sur les épaules, En être importuné, ennuyé, excédé. C'est un homme qu'on porte sur les épaules. Je le porte sur les épaules.
Fig., Porter quelqu'un dans son coeur, Le chérir extrêmement. Il ne le porte pas dans son coeur, Il ne l'aime pas du tout.
Fig., L'un portant l'autre ou Le fort portant le faible, En compensant l'un avec l'autre, de manière à former une quantité moyenne. Cette vigne, cette terre rapporte tant tous les ans, l'un portant l'autre, le fort portant le faible.
Fig., Porter quelqu'un, Mettre en avant quelqu'un comme candidat, dans une élection. Qui portez-vous? Je porte un tel à la députation. Il sera porté par la majorité de l'assemblée.
Fig., Être porté par l'opinion, Avoir la faveur publique.
En termes de Manège, Porter son cheval, Le soutenir, en marchant, de la main, des jarrets et des cuisses.
PORTER se dit aussi des Chevaux, des bêtes de charge et des objets inanimés qui soutiennent quelque chose de pesant. Le cheval qui le portait. Ce vaisseau porte cinq cents hommes d'équipage et des vivres pour six mois. La glace est assez solide pour porter plusieurs personnes. Ces colonnes portent une galerie.
Cette rivière porte bateau, Elle est navigable.
En termes de Marine, Porter de la toile, Avoir beaucoup de voiles dehors. Porter bien, porter mal la voile, Se comporter bien, se comporter mal dans la navigation à voile.
PORTER se dit absolument de la Glace qui est assez solide pour soutenir le poids des hommes, des voitures. La glace porte. Le fleuve était pris, il portait.
PORTER s'emploie figurément dans le sens de Soutenir, en parlant de Dignités, d'honneurs, etc. Il porte bien sa nouvelle dignité. Il porte mal un nom célèbre.
Il signifie encore Supporter, souffrir, endurer. Il porte patiemment sa disgrâce. ce vin porte bien l'eau, On ne laisse pas d'en sentir encore la force quand on y met de l'eau. On dit dans le sens contraire : Ce vin ne porte pas l'eau.
Porter bien le vin, Boire beaucoup de vin sans s'enivrer.
Cet homme porte bien son âge, Il conserve dans un âge avancé un air de vigueur et de santé. Dans un sens opposé et moins ordinaire, Porter bien son âge signifie Annoncer par son extérieur l'âge que l'on a. On dit encore : Il porte cinquante ans, Il paraît avoir cinquante ans.
PORTER signifie aussi simplement Avoir sur soi ou tenir à la main, sans égard à la pesanteur de la chose. Il ne porte jamais d'argent sur lui. Il porte toujours quelque livre dans sa poche. Porter un bouquet à la main.
Il se dit particulièrement, dans cette acception, en parlant de Tout ce qu'on met sur soi, pour servir à l'habillement, à la parure, à la défense, ou pour marquer la profession, l'état, la dignité. Porter une robe toute simple. C'est un vêtement qui n'a jamais été porté. Porter du velours, du satin. Porter des dentelles. Porter des chemises fines. Porter perruque. Il porte toute sa barbe. Porter un collier de perles. Porter une bague au doigt. Porter des plumes à son chapeau. Porter lunettes, des lunettes. Porter une décoration.
Porter l'épée, la robe, la soutane, le petit collet, le froc, la livrée, Être officier, magistrat, ecclésiastique, abbé, moine, laquais.
Porter les armes, Servir dans une armée, faire la guerre. Il a porté les armes sous tel général. Il porta les armes contre son pays.
Dans le langage militaire, Porter l'arme, les armes, Exécuter, au commandement, avec le fusil, le mousqueton ou le sabre un certain mouvement que les règlements décrivent diversement selon les époques. Porter les armes à quelqu'un, Exécuter ce mouvement pour rendre les honneurs à quelqu'un.
Fig. et pop., Cette femme porte la culotte, Elle est plus maîtresse dans sa maison que son mari.
Porter le deuil d'une personne, Être en deuil d'une personne.
Porter les couleurs d'une dame, Porter dans son ajustement les couleurs qu'elle affectionne le plus; et, au figuré, Se mettre au rang de ses adorateurs.
Cela ne se porte plus, Ce n'est plus à la mode.
Cela est bien porté, est mal porté, Cela est de bon, de mauvais ton. Il se dit aussi, figurément, du Bon, du mauvais usage.
PORTER se dit aussi des Différentes manières de tenir son corps, sa tête, ses bras, etc., et de tout ce qui regarde la contenance et le geste. Porter la tête haute. Porter les pieds. en dehors. Porter le bras en écharpe.
Il se dit en ce sens des Animaux, et principalement des Chevaux et des chiens. Ce cheval porte bien sa tête; il porte beau. Ce cheval porte haut, porte bas. Ce chien porte bien ses oreilles. Ce chien porte bas l'oreille.
Porter beau se dit aussi familièrement d'une Personne, principalement d'un Homme d'un certain âge, qui a de l'élégance et un air de jeunesse et de vigueur.
PORTER signifie aussi Transporter une chose d'un lieu dans un autre. Porter une lettre à la poste. Faire porter des marchandises dans un magasin. Portez ces papiers dans mon cabinet.
Porter quelqu'un en terre, Le porter pour l'enterrer.
PORTER signifie encore Pousser, étendre, élever, faire aller, conduire. Il faut porter ce mur plus loin, Il faut le démolir et le reconstruire plus loin; ou bien, Il faut le prolonger. Il faut porter cette haie encore plus loin. La tempête porta le navire contre un écueil. Porter le pied en avant. Porter sa main à sa bouche, à sa tête. Des tuyaux qui portent l'eau dans un jardin.
Porter la main à l'épée, porter la main au chapeau, Étendre sa main pour tirer l'épée, ou pour ôter son chapeau.
Porter la main sur quelqu'un, Le frapper.
PORTER s'emploie aussi figurément dans le sens de Transporter, transmettre, pousser, étendre, élever. Il a porté dans ces contrées quelques-uns des arts de l'Europe. Il porta la guerre dans l'Asie. Il a porté le fer et la flamme dans cette province. Il a porté la désolation, la mort, le carnage dans le pays. Il porte le trouble, la confusion dans cette famille. Porter une nouvelle. Porter un ordre. Porter au loin la terreur de ses armes. Porter son ambition, ses espérances, ses désirs jusqu'aux plus grandes choses. On ne saurait porter le scrupule plus loin. Ses exploits ont porté sa gloire jusqu'aux extrémités du monde. Porter les sciences, les arts à leur perfection. Il porte tout à l'extrême. Il porte loin l'esprit d'économie. Porter son attention sur un objet. Il a porté ses soupçons jusque sur son frère. Il a porté la dignité, l'autorité de la magistrature à un haut degré. Il porte ses prétentions trop haut. Ce nouvel emprunt porte le total de sa dette à dix mille francs.
Porter un article sur un registre, sur un livre de comptes, L'y inscrire. On dit dans le même sens : Porter en compte. Porter en recette, en dépense. Porter au crédit, au débit. On dit encore : Porter quelqu'un sur une liste.
Fig. et fam., Il ne le portera pas loin se dit d'un Homme par qui on a été offensé et signifie qu'On s'en vengera avant peu. On dit dans un sens analogue : Il ne le portera pas en paradis.
Fig., Porter une personne, une chose aux nues, La louer excessivement.
Porter un coup à quelqu'un, Donner, ou tenter de donner un coup à quelqu'un. Ils lui portèrent plusieurs coups, mais il les para tous. Porter un coup d'épée. Porter une botte.
Fig., Cette affaire a porté un coup mortel à son crédit, à sa réputation, Elle a ruiné son crédit, sa réputation.
Fig., Porter coup se dit de Certaines choses qui font une grande impression ou qui tirent à conséquence. Comme il ne dit rien qui ne soit à propos, toutes ses paroles portent coup. Cette démarche a porté coup.
Fig., Porter coup se dit aussi de Certaines choses qui nuisent. Ses plaisanteries portent coup. Cette entreprise a porté coup à sa fortune. Ce chagrin porta coup à sa santé.
Porter ombre, porter son ombre se dit d'un Objet qui projette son ombre sur une surface.
Porter ses regards, sa vue vers quelque endroit, Regarder, diriger ses regards, les fixer, les arrêter en quelque endroit.
Fig., Porter sa vue bien loin, Prévoir de loin les choses à venir. Porter ses vues bien haut, Former de grands desseins.
Porter ses pas en quelque lieu, S'y transporter. Où portez-vous vos pas?
Porter la santé de quelqu'un, porter une santé, Boire à la santé de quelqu'un, en invitant les personnes présentes à en faire autant. À la fin du repas, on porta les santés. On dit dans le même sens : Porter un toast à quelqu'un.
Porter amitié, porter affection à quelqu'un; et Être porté d'amitié pour quelqu'un, Avoir de l'amitié, de l'affection pour quelqu'un.
Porter envie, Envier. Il ne faut pas porter envie aux succès d'autrui. Il signifie aussi Souhaiter, sans malveillance, un bonheur qu'on voit arriver à une autre personne. Je porte envie à mon ami de ce qu'il a le plaisir d'être avec vous.
Porter bonheur, porter malheur, porter chance à quelqu'un se dit d'une Personne qui est censée influer sur le bonheur, sur le malheur de quelque autre. On le dit aussi des Choses. Le service que je lui ai rendu semble m'avoir porté bonheur.
Porter préjudice, un préjudice, Nuire. Je serais désolé de vous porter préjudice. Sa négligence m'a porté un grand préjudice.
Porter ombrage, Causer à quelqu'un une inquiétude provoquée par la crainte d'être éclipsé.
Porter la parole, Parler au nom d'une autorité, d'une compagnie, d'un corps. L'avocat général a porté la parole dans cette affaire. Il portait la parole pour sa compagnie.
Porter à quelqu'un des paroles de paix, de conciliation, Lui faire de la part d'un autre des propositions pacifiques, conciliantes.
Porter témoignage, Témoigner. Il est odieux de porter témoignage contre la vérité. Je puis porter témoignage qu'il n'en a jamais dit un mot. Il a porté témoignage en laveur de l'accusé.
Porter un jugement, son jugement sur quelque chose, Juger de quelque chose. Je n'ai point encore porté de jugement là-dessus.
PORTER signifie, en outre, Soumettre à une juridiction, à un examen, à un jugement. Il porta la proposition à la tribune. Il porta l'affaire à la Cour d'appel. Porter un procès devant le juge. La cause sera portée à l'audience. Porter sa plainte au magistrat. Absolument, Porter plainte, Adresser à une autorité une plainte contre quelqu'un.
Porter à la connaissance de, Faire connaître, faire savoir, informer. Je porte à votre connaissance qu'une vacance s'est produite dans cette administration.
PORTER signifie aussi Induire, exciter à quelque chose. Son inclination le porte à ce genre d'études. Les heures du soir portent à la mélancolie. C'est l'avarice qui l'a porté à cette bassesse. Ses amis l'ont porté à faire cette démarche.
PORTER se dit aussi des Femmes qui sont grosses. Porter un enfant.
Il se dit, absolument, des Femelles des animaux. Les cavales portent onze mois.
Il signifie aussi Produire; et il se dit de la Terre, des arbres, etc. Des terres qui portent du froment. Un arbre qui porte de beaux fruits. L'arbre qui porte la noix muscade.
Cette somme porte intérêt, Elle produit intérêt.
PORTER signifie quelquefois Causer, produire, amener avec soi. Le vice porte avec lui sa punition. Toute bonne action porte avec soi sa récompense. Une pensée forte, juste, lumineuse porte avec elle son expression.
Cela porte son excuse avec soi se dit d'un Empêchement légitime qu'on allègue pour s'excuser de n'avoir pas fait une chose.
PORTER se dit en parlant de l'Esprit, du caractère et signifie Manifester, montrer. Il a porté dans cette affaire un esprit de chicane. Il porte en toutes choses un grand esprit de justice. Il porte dans la société une humeur douce et facile.
Il signifie encore Avoir, présenter, offrir. Il porte la tristesse peinte sur son visage. Il porte en lui le germe des plus heureuses qualités. Ce monument porte telle inscription. Cet acte ne porte point de date. Cette vaisselle porte les armes de telle famille. Tous les ouvrages de cet auteur portent la marque de son talent. Porter les marques d'un coup, d'une blessure. Certaines pierres portent des empreintes de poissons, de feuilles, etc. Les monuments de ce peuple portent un caractère de force et de grandeur qui étonne. Cette conduite porte le caractère de l'hypocrisie.
Il s'emploie absolument dans le même sens, en termes de Blason. Il porte d'azur au lion d'argent. Il porte de gueules à trois besants d'or.
PORTER, en parlant d'Actes publics, de lettres et d'autres écrits, signifie Déclarer, dire, exprimer. L'ordonnance porte que.... L'arrêt porte condamnation. Il est porté par le contrat que... Les peines portées par la loi. Comme le portent vos ordres.
PORTER est aussi verbe intransitif et signifie Poser, être soutenu. Une poutre qui porte sur la muraille. Tout l'édifice porte sur ces colonnes.
Porter à cru, Porter directement sur le sol.
Porter à fond se dit d'une Construction élevée à plomb sur son fondement.
Porter à faux se dit d'une Partie de construction qui est mal posée sur ce qui doit la soutenir, ou qui ne porte pas directement sur sa base, sur son point d'appui. Cette poutre, cette pierre porte à faux. Voyez PORTE À FAUX à son ordre alphabétique.
Fig., Ce raisonnement porte à taux, se dit d'un Raisonnement qui n'est pas concluant, soit que le défaut vienne du principe, soit qu'on fasse du principe une mauvaise application. Cette voiture porte sur la flèche, Elle touche, elle bat sur la flèche quand elle est en mouvement. La selle de ce cheval poile sur le garrot, Elle comprime le garrot du cheval.
En parlant d'Armes à feu, Tirer à bout portant, En appuyant le bout de l'arme sur le corps de quelqu'un, ou au moins de fort près.
Fig. et fam., Dire quelque chose à bout portant, Dire en face à une personne quelque chose de direct, d'inattendu, généralement de désobligeant, en tout cas de gênant. Faire à quelqu'un des reproches, une scène à bout portant. Il souffrait à recevoir de tels éloges à bout portant.
Fig., La perle dans ce combat a porté principalement sur ce corps, Ce corps a principalement souffert, a perdu le plus de monde.
Fig., Cette observation, cette critique, cette objection porte sur telle chose, etc., Elle a telle chose pour objet. Cet examen porte sur la géographie.
En termes de Marine, Porter au sud, au nord, etc., Gouverner, faire route au sud, au nord, etc. On dit de même Porter au large, porter à terre. Laisser porter signifie Venir sous le vent pour se rapprocher du vent arrière.
PORTER, intransitif, signifie aussi Atteindre; et, en ce sens, il se dit principalement des Armes de trait et des armes à feu, ainsi que de leurs projectiles. Ce canon, ce fusil, cette arbalète porte loin. Les flèches ne sauraient porter jusque-là. Tous les traits ont porté.
Il se dit également des Coups d'armes à feu et autres. Tous les coups que l'on tire ne portent pas.
Il signifie aussi Toucher au but, l'atteindre. Le coup a porté juste.
Il se dit, figurément, de Ce qui fait impression, de ce qui est décisif. Son discours a porté. Il n'y a pas, dans cette lettre, un mot qui ne porte.
Cette objection ne porte pas, Elle n'atteint pas son but.
PORTER signifie aussi Parcourir une certaine étendue, en parlant du son, du regard. Sa vue porte loin. Le bruit de la fusillade portait à deux kilomètres. Il se dit du Vent en un sens analogue. Quand le vent porte, le bruit des cloches du village voisin vient jusqu'ici.
La tête a porté se dit en parlant d'un Coup que l'on s'est donné à la tête en tombant.
Fig., Porter à la tête se dit d'une Boisson ou d'une vapeur qui étourdit, qui entête. Ce vin porte à la tête. Cette odeur me porte à la tête. On dit aussi Porter sur les nerfs, en parlant de Certaines choses qui irritent, qui agacent les nerfs.
SE PORTER signifie Aller, se transporter. Le roi, le général se porta, se porta de sa personne au fort de la mêlée. Se porter sur la ligne de bataille. La foule se porte à tel endroit. Cette pièce réussit, la foule s'y porte, on s'y porte en foule.
Fam., On s'y porte, se dit en parlant d'un Lieu où il y a une grande foule, où l'on est très serré.
SE PORTER se dit, dans une acception analogue à la précédente, en parlant de Diverses choses. Le sang s'est porté à la tête. Tout le poids se porte de ce côté. La curiosité, l'intérêt se portait principalement sur lui.
Il se dit encore en parlant de la Disposition de l'esprit, de l'inclination, de la pente qu'on a à faire quelque chose. C'est un jeune homme qui se porte au bien. Il s'est porté à cela de lui- même. Il se porte avec ardeur à tout ce qu'il fait. Il se porte au mal. Il est vieux.
Se porter à la dernière extrémité, aux dernières extrémités, à des extrémités contre quelqu'un, Le traiter avec la dernière sévérité, exercer sur lui des actes de violence, d'emportement. On dit de même Se porter à des excès.
SE PORTER signifie aussi Se présenter comme candidat à un poste électif. Il se porte dans le premier arrondissement.
En termes de Procédure, Se porter partie civile contre quelqu'un, Intervenir contre lui dans un procès. Se porter héritier ou pour héritier, Prendre la qualité d'héritier, se déclarer héritier et agir en cette qualité.
Se porter fort pour quelqu'un, Répondre, se porter caution pour lui.
SE PORTER se dit aussi en parlant de la Santé. Se porter bien. Se porter mal. Comment vous portez-vous? Prenez de l'exercice : vous vous en porterez mieux. Fig., Ses affaires ne s'en portent pas plus mal.
Il signifie aussi Être porté comme vêtement ou comme parure. Cette étoffe ne se porte plus. Les pendants d'oreille se portent moins aujourd'hui qu'autrefois.
ÊTRE PORTÉ signifie Avoir de l'inclination, de la disposition. Il est porté à médire.
Être plus porté pour une chose que pour une autre, Avoir plus de dispositions, plus de goût pour une chose que pour une autre.
Fam., Être porté sur sa bouche, Être gourmand.
Le participe passé PORTÉ s'emploie aussi adjectivement. Vous voilà tout porté, se dit en s'adressant à Quelqu'un qui n'a point à se déplacer. Restez ici à dîner, vous voilà tout porté.
En termes de Peinture, Ombre portée, Toute ombre qu'un corps projette sur une surface.
porter
Porter, Portare, Ferre, Gerere, Supportare, Deferre, Gestare, Ingerere, et en fait de deviser armoiries, Il signifie avoir le blason ainsi ou ainsi composé, comme, Il porte de gueules à un lion passant d'argent, c'est à dire, Il a son blason, ou ses armoiries composé d'un lion passant d'argent sur champ de gueules, voyez Blason.
Porter aussi est estre fertile et produisant fruit, selon ce on dit, une terre porter fruit, une femme porter des enfans, et une brebis porter des aigneaux, à cause de quoy on appelle les brebis portieres en difference des brehaignes. Le tout est ainsi dit, par ce qu'estant pleines elles portent dans leur ventre leur fruit durant le temps prefiny de porter, aussi disent les Latins, Vterum gestare.
Porter à nourrisse, Ad nutricem infantem alendum ferre. Au 3. livr. d'Amad. chap. 6. Lequel ma seur et moy avons porté à nourrisse.
Porter le chaperon, Humerale gestamen gestare. B.
Porter avant, Prouehere.
Porter devant, Praeferre.
Porter ensemble, Comportare, Contollere.
Mal aisé à porter, Portatu graue.
Porter çà et là, Differre, Dirigere, Circunferre.
Porter dedans, Inferre, Introferre, Inuehere.
Porter dedans, ou apporter, Importare.
Porter d'un lieu en autre, Auehere, Deuehere.
Porter plusieurs choses en un lieu, Conferre, Congerere.
Porter de divers lieux et amasser, Conuehere ex diuerso.
Porter un corps mort en terre, Efferre cadauer.
Porter en terre avec convoy, Funere efferre. B. ex Cic.
Porter quelque chose en chemin, Ire cum onere.
Il va sans rien porter, Incedit inanis.
Ils y portent quelque chose, Portant quid rerum.
Porter hors la navire sur la terre, Efferre in terram de naui.
Porter hors, soit par chariot, navire, ou autrement, Euehere.
Porter par mesure, Modice ferre.
Porter quelqu'un en son sein, Aliquem in sinu gestare.
Porter outre, Protollere, Transuehere.
Porter par tout, Circungestare, Circunferre.
Porter tout entour, Circungerere.
Porter jusques au lieu, Perferre.
Porter hors, Exportare, Proferre, Efferre.
Porter par dessus, Superferre.
Porter et s'en aller devant, Praeuehere.
Porter lettres à celuy à qui elles sont envoyées, Perferre literas.
Jumens qui portent fardeaux sur leur dos, Dossuaria iumenta.
Cette navire porte, ou est de port, de trois cens tonneaux, Haec nauis gestat metretas trecentos, id est, trecentorum metretarum capax est.
¶ Retirer et porter de façon de faire à ses parens, Effingere a parentibus mores et formas.
¶ Se porter bien, Vti valetudine firma, Belle habere.
Se porter bien, Ferre annos, Ferre aetatem, id est, non senescere. B. ex Cic. et Quintil.
Tout se porte-il bien? Satin'saluae? vel, Satin'saluae res? Satin'omnia ex sententia?
Si la chose se fust mieux portée, Si res melius vertisset.
Ta mere se porte bien, Apud matrem recte est, Recte valet mater.
Les yeux, la teste se portent bien, et ne sont point malades, Possunt oculi, potest caput, latera, pulmones, possunt omnia.
Tout le monde se portoit bien chez mon maistre, Apud herum recte erat.
Se porter fort bien, Praeclare se habere.
Je me porte mieux, Est mihi melius.
Se porter un peu mieux de sa maladie, Commodiorem esse.
Fay que tu te portes bien, nous ne nous pourrions mieux porter, Fac plane vt valeas, nos ad summum.
Se porter mal, Se male habere, Valetudine esse incommoda.
Quand les affaires se portent mal, Tumor rerum.
Il ne se porte pas bien, Minus valet.
¶ Porter patiemment, Tolerare, AEquo animo ferre, Perferre, Pati aequo animo, Moderate accipere, Conniuere in re aliqua, Quieto et aequo ferre animo.
Chose difficile à porter et endurer, Toleratu difficile.
Porter et endurer la violence d'aucun, Vim alicuius ferre.
Qu'on ne peut porter ne souffrir, Impatibilis, Intolerabilis.
Qui ne peut souffrir, n'endurer, Impatiens.
¶ Se porter bien en quelque besongne, et la bien conduire, Bonam operam nauare.
Les Atheniens se fussent bien portez envers luy, si, etc. Bene egissent Athenienses cum Miltiade, si, etc.
Se porter diligemment envers aucun, Praestare diligentiam alicui.
¶ Qui porte bon heur, Dexter, Prosper, Auspicatus.
J'ay estimé que cela me portera grand profit, Magni mea interesse putaui res eas, etc.
Arbre qui porte deux fois l'an, Bifera arbor, Bis vtilis arbor pomis.
Qui porte fruits trois fois l'an, Trifera arbor.
Porter trop de fruit, Eluxuriari.
Cet arbre portera moins de fruit l'année d'apres, Fructus alternabit arbor.
¶ Comme si j'eusse porté une partie du faix, Velut ipse in parte laboris ac periculi fuissem.
Qui porte tout le faix de la nation, Columen gentis. Bud. ex Cicerone.
¶ Escry moy au long comme s'est porté le commencement, Vt se initia dederint perscribas.
¶ Se porter pour heritier, Adire haereditatem, Cernere haereditatem, Gerere se pro haerede, esse, significare.
Ils n'en dirent ne plus ne moins que leurs instructions en portoyent, Legationem iisdem verbis quibus acceperant, peregerunt. Bud. ex Val. Max.
Porter mal à aucun, C'est luy vouloir mal et luy porter mauvaise volonté. Au 3. livre d'Amad. Et pourtant, Sire, s'il vous plaisoit oublier le mal que leur portez, etc.
Porter faveur, c'est faire faveur, favoriser, ayder. Au 3. livre d'Amadis, chap. 5. Lequel sans la faveur que mon seigneur Galaor nous porta en l'Isle de Mongaze, nous eust tous fait cruellement mourir.
Porter gré à aucun, C'est ce que plus usitéement on dit luy sçavoir gré. Au 3. livre d'Amad. Et que si j'eusse sçeu le peu de gré qu'il me porte de tant de services qu'il a reçeu de moy, etc.
Porter amitié à aucun, Amore aliquem prosequi.
Porter inimitié, Odio prosequi. Au 3. livre d'Amad. chap. 6. Car c'est l'homme du monde qui plus porte d'inimitié à vous et à vostre frere Amadis.
Porter vertu, C'est avoir et livrer à aucun cette faculté, proprieté et vertu, Illa praeditum esse facultate. Ainsi se lit en Maugist. En un desdits annelets y avoit une pierre qui portoit telle vertu, que qui l'avoit sur luy, nul venin ne luy pouvoit mal faire.
Il portera la parole, mais tu luy souffleras par derriere, Quasi oratori pragmaticum, sic te illi adiutorem dabo. B.
Puissance de porter tesmoignage, Dictio testimonij. B.
Porter un tesmoignage suborné, Dictata reddere inquisitori. Budaeus.
¶ Le temps le portoit ainsi, Ita tempus ferebat.
Qui porte, ou qui est porté, Vector.
Qui porte en toute saison de l'an, Annifer.
Portechappe.
Porte-dieu, Est appelé le Prestre qui porte Dieu aux malades à l'extremité.
Port'enseigne, Signifer, Vexillarius.
Celuy qui precede le port'enseigne et le guidon, Antesignanus.
Portefaix, Gerulus, Baiulus dossuarius.
Portepanier, Circuitor, Cistifer.
Portepoche, ou Portesac, Saccarius.
Qui est porté, Gestatus, Latus, Vectus.
Toute chose qui est portée, Gestamen.
Porté dedans, Inuectus, Illatus.
Porté tout entour, Circunlatus.
Estre porté, Deferri, Gestari, Ferri.
Estre porté outre, Praeterferri.
Estre porté çà et là, et travaillé de douleur et ennuyé, Differri doloribus.
porter
PORTER, v. act. [Porté: 2eé fer.] 1°. Avoir un fardeau sur soi. "Porter un sac, un ballot, une hotte, etc. "Porter sur le dôs, sur les épaules, sur la tête, à brâs, au brâs. = 2°. Fig. Assister de son crédit. "Il y a des persones puissantes, qui le portent: il est porté par des persones puissantes. = 3°. Transporter d'un lieu dans un aûtre: portez ces papiers dans mon cabinet. = 4°. Avoir sur soi; il ne porte jamais d'argent sur lui: il porte toujours quelque livre dans sa poche. = 5°. Avoir sur soi, comme servant à l'habillement. "Porter des habits brodés, du velours, du satin, du drap. "Porter le deuil, la perruque, la haire, le cilice, l' épée, la soutane, le petit collet, etc. = 6°. Tenir "porter la tête haute, les pieds en dehors, le bras en écharpe. = 7°. Pousser, étendre. "Arbre qui porte sa tête dans les nûes. "Ce Prince a porté ses armes jusqu'aux confins de l'Europe. = Fig. Porter son ambition, ses espérances, ses desirs jusqu'aux plus grandes chôses. Porter la confusion, la terreur par-tout. = 8°. Fig. aussi avec des noms sans article: être caûse; porter bonheur, malheur, guignon à... = 9°. Adresser: porter un coup d'épée, une botte: on lui porta plusieurs coups, mais il les para tous. = Porter ses regards, sa vue en quelque endroit. Porter ses vûes bien haut, bien loin. = 10°. Être étendu en longueur: "Cette poutre porte trente pieds: cette pièce de drap doit porter vingt aûnes. = 11°. Produire: "Terres qui portent du froment: arbre qui porte de beaux fruits. — Somme, qui porte intérêt. = 12°. Soufrir, endurer. "Il porte impatiemment sa disgrace: il en portera la peine. = Les enfans portent quelquefois les iniquités de leur père: phrâse consacrée. = 13°. Induire, exciter à... C'est un des emplois les plus ordinaires de ce verbe. "Ils l'ont porté à la vengeance, à la débauche, à cette démarche odieuse, à ataquer, à acuser, à se plaindre, etc. = 14°. Il se combine avec plusieurs noms, et forme avec eux des expressions composées:porter amitié à quelqu'un, et être porté d'amitié pour lui, l'aimer. Porter afection, honeur, respect: aimer, honorer, respecter. Porter envie, envier. = Porter la parole: parler au nom d'une Compagnie. Porter parole de, promettre au nom de quelqu'un: Je lui ai porté parole de dix mille écus. — Porter témoignage: témoigner, atester pour ou contre. = 15°. Déclarer, assurer. "L'arrêt porte condamnation: la déclaration porte que "les lettres d'aujourd'hui portent que la guerre est déclarée.
16°. V. n. Poser, être soutenu. "Tout l'édifice porte sur ces colonnes. "Poutre, qui porte à faux. Et fig. Ce raisonement porte à faux. = 17°. Ateindre. "Le canon ne saurait porter si loin. "Cette coulevrine porte à une demi-lieue. "Si tous les coups qu' on tire portaient, il échaperait peu de soldats dans un combat.
18°. V. r. Il se dit de l'état de la santé. Se porter bien, se porter mieux. — De la pente, de l'inclination: se porter au bien, à la vertu, au mal, à la débauche. — De l'aplication: se porter avec ardeur à ce qu'on fait ou à ce qu'on doit faire. — De la manière de se conduire: "Il s'y est porté en homme de coeur ou mollement, en homme indolent.
Rem. On disait plus souvent aûtrefois qu' aujourd'hui, porter pour suporter. "Il portera patiemment cette perte. Boss.
Et qui s'aident l'un l'autre à porter leurs malheurs.
Rac. Britannicus.
"Ils ne peuvent porter ni la tranquillité d'une vie privée, ni la dignité d'une vie publique. Mass. "Porter les plus dures fatigues, et afronter les plus grands dangers. Rollin. — Quelques Auteurs le disent encôre: mais porter, en ce sens, vieillit. Andry se contente de dire que, porter impatiemment est une expression d'usage: elle porta fort impatiemment l'afront qu'elle reçut alors. Je ne l'admettrais que de cette manière. Je ne voudrais pas dire avec BOSSUET, porter patiemment, ni avec l'Acad. "Il a porté son malheur, son afliction en homme de bien. = Suivant Andry, on dit aussi quelquefois porter, pour comprendre. "Les hommes n'étoient pas encôre en état de porter des vérités si relevées. Fleury s'en est servi: "Leur disant tout ce qu'il avoit apris de son Père, autant qu'ils étoient capables de le porter. = On ne trouve point dans le Dictionaire de l'ACAD. porter pour comprendre; mais suivant La Touche, cela ne prouve pas qu' il ne soit pas bon dans ce sens-là. C'est qu'il peut avoir été oublié. Pour moi je ne le crois bon aujourd'hui que dans la traduction de ce passage de l'Évangile: sed non potestis portare modo, qui est l'origine de cette expression. = Selon l'Acad. on dit porter son jugement de quelque chôse, ou sur quelque chôse; je pense avec La Touche, que le dernier est beaucoup meilleur.
Se porter, relativement à la santé, se dit sans régime. On dit absolument, je me porte bien: il ne se porte pas trop bien. Mde. de Sévigné lui fait régir la prép. de: "J'ai envie de savoir comment~ vous vous portez de votre saignée. On dit plus comunément, comment vous vous trouvez de. Mde. de Coulanges dit même, se bien porter d'une colique qu'on a eûe; je sais que vous vous en portez bien présentement. Cela est encôre plus mauvais. Je ne crois pas non plus que se bien porter se dise des parties du corps en particulier. Ses yeux se portent bien, dit encôre Mde. de Sévigné. Je ne conseille pas de le dire aprês elle. = On ne doit pas dire dans l'afirmative, je me porte mal; il faut dire: Je ne me porte pas bien, ou trop bien. Mais avec la négative, se porter mal peut se dire: je ne me porte pas mal. On le dit sur-tout avec la prép. en: "Je travaille horriblement depuis dix-huit mois? et je ne m'en porte pas plus mal. = l'Acad. met en exemple, se porter mal. Je doute qu'il soit du bel usage. Bouhours l'a aussi employé. "Il avoit ordoné que, dès que quelqu'un se porteroit mal, on l'en avertît. Vie de St. Ign. L'expression est impropre, d'autant plus que se porter mal, ne peut se dire d'une maladie subite, mais de l'état habituel de la santé: il faut dire, en parail câs, dês que quelqu'un se trouverait mal. Enfin, j'ai lu, se porter mal, dans les Mém. de Mde. de Maintenon, par la Baumelle: mais il y est employé en plaisanterie et en épigramme, style qui fait passer bien des expressions. "Scarron avoit une pension en qualité de malade de la Reine: sa Veuve en sollicitait le rètablissement. Le Cardinal demanda si la Supliante se portait bien. Oui, Monseigneur, lui dit-on. Eh bien! repliqua-t-il: elle est donc inhabile à succéder à la pension d'un homme, qui se portait mal. = Ne s' en porter pas mieux, se dit au propre et au figuré. "Il a pris bien des remèdes: il ne s'en porte pas mieux. "Je crois que dans ce pays-là une paûvre planète est agitée assez rudement, et que ses habitans ne s'en portent pas mieux. Fonten. Mondes.
porter
porter
porter (se)
porter
(pɔʀte)verbe transitif
porter
tragen, bringencarry, wear, bear, have on, lift, support, bring, have, take, telldragen, brengen, aanhebben, aankomen, ophebben, voeren, voorhebben, aanzetten (tot), betrekking hebben (op), bezitten, bij zich hebben, brengen (naar), een (bepaald) bereik hebben, effect hebben, in de richting gaan (van), inschrijven, steunen (op), tonen, vermelden, veroorzaken, vertonenהרים (הפעיל), לבש (פ'), נשא (פ'), עטה (פ'), ענד (פ'), לָבַשׁ, נָשָׂא, עָטָהnosit, néstllevar, llevar puestobawa, membawacarregar, vestirκουβαλώ, μεταφέρω, φορώнести, носить, битьindossare, portare, recare, vestireيَحْمِلُ, يَرْتَدِيbære, have påkantaa, pitää ylläännositi身に着けている, 運ぶ...을 운반하다, (옷을) 입다bære, ha på (seg)nieść, nosićbära, ha på sigขนส่ง, สวมใส่giymek, taşımakmặc, mang穿, 运送verbe intransitif
porter
[pɔʀte]Elle porte une jolie robe bleue → She's wearing a lovely blue dress.
porter qn au pouvoir → to bring sb to power
porter son effort sur → to direct one's efforts towards
porter un fait à la connaissance de qn → to bring a fact to sb's attention, to bring a fact to sb's notice
porter de l'argent au crédit d'un compte → to credit an account with money
se faire porter malade → to report sick