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« Rassemblement du peuple français » : différence entre les versions

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{{Infobox Parti politique
{{Infobox Parti politique
| nom = Rassemblement du peuple français
| nom = Rassemblement du peuple français
| logo = Logo RPF.svg
| logo = Rally of the French People logo.svg
| logo-taille = 130
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| dénomination chef = Fondateur
| dénomination chef = Fondateur
| chef = [[Charles de Gaulle]]
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| fondation = {{date|14|avril|1947}}
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| scission de = [[Parti républicain de la liberté|PRL]], [[Union démocratique et socialiste de la résistance|UDSR]]<ref name="France Politique">{{lien web|url=http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_du_Peuple_Fran%C3%A7ais_(RPF)|titre=France Politique - Rassemblement du peuple français (RPF)|site=France Politique|consulté=27 septembre 2018}}</ref>
| scission de = [[Union démocratique et socialiste de la résistance|UDSR]]<ref name="France Politique">{{lien web|url=http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_du_Peuple_Fran%C3%A7ais_(RPF)|titre=France Politique - Rassemblement du peuple français (RPF)|site=France Politique|consulté=27 septembre 2018}}</ref>
| scission dans = [[Action républicaine et sociale (Quatrième République)|ARS]] <small>(1952)</small>
| disparition = {{date|13|septembre|1955}}
| disparition = {{date|13|septembre|1955}}
| siège = 5, [[rue de Solférino (Paris)|rue de Solférino]]<br />75007 Paris
| siège = 5, [[rue de Solférino (Paris)|rue de Solférino]]<br />75007 Paris
| option-1 = [[#Secrétaires généraux|Secrétaires<br />généraux]] successifs
| option-1 = [[#Secrétaires généraux|Secrétaires<br />généraux]] successifs
| valeur-1 = [[Jacques Soustelle]]<br />[[Louis Terrenoire]]<br />[[Jacques Foccart]]<br />[[Michel Anfrol]]
| valeur-1 = [[Jacques Soustelle]]<br />[[Louis Terrenoire]]<br />[[Jacques Foccart]]<br />[[Michel Anfrol]]
| positionnement = [[Parti attrape-tout|Attrape-tout]] à [[Droite (politique)|droite]]<ref name="fp">{{Article|auteur1=Laurent de Boissieu|titre=Rassemblement du Peuple Français (RPF)|périodique=France Politique|date=20 janvier 2015|lire en ligne=http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_du_Peuple_Français_(RPF)|pages=}}.</ref>
| positionnement = [[Droite (politique)|Droite]]<ref name="fp">{{Article|auteur1=Laurent de Boissieu|titre=Rassemblement du Peuple Français (RPF)|périodique=France Politique|date=20 janvier 2015|lire en ligne=http://www.france-politique.fr/wiki/Rassemblement_du_Peuple_Français_(RPF)|pages=}}.</ref>
| idéologie = [[Gaullisme]]<br />[[Conservatisme]]<br />[[Souverainisme]]<br />[[Troisième voie (politique)|Troisième voie]]<br />[[Anticommunisme]]
| idéologie = [[Gaullisme]]<br />[[Anticommunisme]]<br />[[Troisième voie (politique)|Troisième voie]]<br />[[Souverainisme]]
| adherents = De {{formatnum:400000}} à {{formatnum:1000000}} <small>({{nobr|en 1947}})<ref name="1 million">{{Article |titre=Le R.P.F. aura bientôt un million d’adhérents |périodique=Le Monde |date=19 mai 1947 |pages= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1947/05/19/le-r-p-f-aura-bientot-un-million-d-adherents-affirme-m-jacques-soustelle_1888779_1819218.html |consulté le=12 octobre 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Louis Rizzo |préface=[[Alfred Gilder]] |titre=De Gaulle, le gaullisme et la République |éditeur=Glyphe |collection=Histoire et Société |année=2021 |pages totales=228 |isbn=9782352851288}}.</ref></small>
| adherents = De {{formatnum:400000}} à {{formatnum:1000000}} <small>({{nobr|en 1947}})<ref name="1 million">{{Article |titre=Le R.P.F. aura bientôt un million d’adhérents |périodique=Le Monde |date=19 mai 1947 |pages= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1947/05/19/le-r-p-f-aura-bientot-un-million-d-adherents-affirme-m-jacques-soustelle_1888779_1819218.html |consulté le=12 octobre 2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Louis Rizzo |préface=[[Alfred Gilder]] |titre=De Gaulle, le gaullisme et la République |éditeur=Glyphe |collection=Histoire et Société |année=2021 |pages totales=228 |isbn=9782352851288}}.</ref></small>
| couleurs = [[Bleu]], [[blanc]] et [[rouge]]
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{{Infobox Parti politique/Représentation
}}
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{{Infobox Parti politique/Représentation}}
{{Infobox modulaire/Fin}}
{{Infobox modulaire/Fin}}


Le '''Rassemblement du peuple français''' ('''RPF''') est un [[parti politique]] [[France|français]], créé par [[Charles de Gaulle]] en 1947 et mis en sommeil en 1955. Refusant de se positionner dans le [[Gauche et droite en politique|clivage droite-gauche]] bien que souvent classé à [[Droite (politique)|droite]], il est par ailleurs la seule formation de l'histoire du [[gaullisme]] lancée par le général de Gaulle.
Le '''Rassemblement du peuple français''' ('''RPF''') est un [[parti politique]] [[France|français]], créé par [[Charles de Gaulle]] en 1947 et mis en sommeil en 1955. Refusant de se situer dans le [[Gauche et droite en politique|clivage droite-gauche]] bien que souvent classé à [[Droite (politique)|droite]], il est par ailleurs la seule formation de l'histoire du [[gaullisme]] lancée par le général de Gaulle.


Visant à défendre les propositions développées par son fondateur dans son [[discours de Bayeux]] de 1946, il est, avec le [[Parti communiste français]], le principal parti politique de l’époque. Résolument hostile à la {{IVe République}}, il défend le renforcement des prérogatives du [[pouvoir exécutif]], ainsi qu’un programme [[Souverainisme|souverainiste]], [[Anticommunisme|anticommuniste]] et favorable à une [[Troisième voie (politique)|troisième voie]] entre capitalisme et collectivisme.
Visant à défendre les propositions développées par son fondateur dans son [[discours de Bayeux]] de 1946, il est, avec le [[Parti communiste français]], le principal parti politique de l’époque. Résolument hostile à la {{IVe République}}, il défend le renforcement des prérogatives du [[pouvoir exécutif]], ainsi qu’un programme [[Souverainisme|souverainiste]], [[Anticommunisme|anticommuniste]] et favorable à une [[Troisième voie (politique)|troisième voie]] entre capitalisme et communisme.


À la suite d’importants succès à plusieurs élections, lors desquelles il talonne le PCF, le parti connaît des divisions internes, décline sur le plan électoral et en nombre d’adhérents, puis est mis en sommeil par le général de Gaulle, qui reviendra finalement au pouvoir à la faveur de la [[Crise de mai 1958|crise de {{date-|mai 1958}}]].
À la suite d’importants succès à plusieurs élections, lors desquelles il dépasse ou talonne le PCF, le parti connaît des divisions internes, décline sur le plan électoral et en nombre d’adhérents, puis est mis en sommeil par le général de Gaulle, qui reviendra finalement au pouvoir à la faveur de la [[Crise de mai 1958|crise de {{date-|mai 1958}}]].


{{Sommaire|niveau=2}}
{{Sommaire|niveau=2}}


== Historique ==
== Historique ==

=== Lancement par le général de Gaulle ===
=== Lancement par le général de Gaulle ===
[[Fichier:Charles de Gaulle - discours de Bayeux - 16 juin 1946.jpg|vignette|redresse|gauche|[[Charles de Gaulle]] lors de son [[discours de Bayeux]] {{nobr|de 1946}}.]]
[[Fichier:Charles de Gaulle - discours de Bayeux - 16 juin 1946.jpg|vignette|redresse|gauche|[[Charles de Gaulle]] lors de son [[discours de Bayeux]] {{nobr|de 1946}}.]]
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La décision de créer le Rassemblement du peuple français est prise durant l'hiver et annoncée par le général de Gaulle dans son [[discours de Strasbourg]] du {{date-|7 avril 1947}}. Lors de l'annonce de sa création officielle, le {{date-|14 avril 1947-}} suivant, le Général appelle à le rejoindre {{Citation|tous les Français et les Françaises qui veulent s'unir à lui pour le salut commun}}. Souhaitant rassembler le plus largement possible, de Gaulle autorise la double appartenance, permettant aux membres de tous les partis politiques {{incise|sauf ceux du PCF et ceux qui se sont compromis avec le [[régime de Vichy]]}} d'adhérer au RPF tout en restant dans leur parti d'origine.
La décision de créer le Rassemblement du peuple français est prise durant l'hiver et annoncée par le général de Gaulle dans son [[discours de Strasbourg]] du {{date-|7 avril 1947}}. Lors de l'annonce de sa création officielle, le {{date-|14 avril 1947-}} suivant, le Général appelle à le rejoindre {{Citation|tous les Français et les Françaises qui veulent s'unir à lui pour le salut commun}}. Souhaitant rassembler le plus largement possible, de Gaulle autorise la double appartenance, permettant aux membres de tous les partis politiques {{incise|sauf ceux du PCF et ceux qui se sont compromis avec le [[régime de Vichy]]}} d'adhérer au RPF tout en restant dans leur parti d'origine.


À ses débuts, le RPF peut compter sur des personnalités comme [[Jacques Soustelle]], [[André Malraux]], [[René Capitant]], [[Jacques Foccart]], et [[Louis Vallon]], qui entendent protester contre la Constitution de la {{IVe République}}<ref name=croixmrp>« Le 14 avril 1947, le général de Gaulle lance le Rassemblement du peuple français », ''[[La Croix]]'', 14 avril 2017 ([https://www.la-croix.com/Debats/Ce-jour-la/14-avril-1947-general-Gaulle-lance-Rassemblement-peuple-francais-RPF-2017-04-14-1200839542 lire en ligne])</ref>.
À ses débuts, le RPF peut compter sur des personnalités comme [[Jacques Soustelle]], [[André Malraux]], [[René Capitant]], [[Jacques Foccart]] et [[Louis Vallon]], qui entendent protester contre la Constitution de la {{IVe République}}<ref name=croixmrp>« Le 14 avril 1947, le général de Gaulle lance le Rassemblement du peuple français », ''[[La Croix]]'', 14 avril 2017 ([https://www.la-croix.com/Debats/Ce-jour-la/14-avril-1947-general-Gaulle-lance-Rassemblement-peuple-francais-RPF-2017-04-14-1200839542 lire en ligne])</ref>.


==== Nombre et profil des adhérents ====
==== Nombre et profil des adhérents ====
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Peu après les débordements communistes de {{date-|novembre 1947}}, de Gaulle choisit la ville minière de [[Saint-Étienne]], qui en fut le théâtre, pour présenter son projet d'[[Participation des salariés aux résultats de l'entreprise|association capital-travail]]<ref name=Bellaing/>.
Peu après les débordements communistes de {{date-|novembre 1947}}, de Gaulle choisit la ville minière de [[Saint-Étienne]], qui en fut le théâtre, pour présenter son projet d'[[Participation des salariés aux résultats de l'entreprise|association capital-travail]]<ref name=Bellaing/>.


Le RPF profite de sa victoire aux municipales pour demander la dissolution de l’[[Assemblée nationale (Quatrième République)|Assemblée nationale]], mais sans succès. Au contraire, les parlementaires retardent la tenue des [[Élections cantonales françaises de 1949|élections cantonales]], prévues pour {{date-|octobre 1948}} à {{date-|mars 1949}}, ce qui conduit de Gaulle à faire organiser par [[Christian Fouchet]] une « campagne du timbre » pour renflouer financièrement le mouvement gaulliste (près de deux millions et demi de vignettes de cinquante francs sont envoyées par les Français). En 1951, un livre, ''La France sera la France : ce que veut Charles de Gaulle'', est publié pour mieux faire connaître les idées du fondateur du RPF.
Le RPF profite de sa victoire aux municipales pour demander la dissolution de l’[[Assemblée nationale (Quatrième République)|Assemblée nationale]], mais sans l'obtenir. Au contraire, les parlementaires retardent la tenue des [[Élections cantonales françaises de 1949|élections cantonales]], prévues pour {{date-|octobre 1948}} à {{date-|mars 1949}}, ce qui conduit de Gaulle à faire organiser par [[Christian Fouchet]] une « campagne du timbre » pour renflouer financièrement le mouvement gaulliste (près de deux millions et demi de vignettes de cinquante francs sont envoyées par les Français). En 1951, un livre, ''La France sera la France : ce que veut Charles de Gaulle'', est publié pour mieux faire connaître les idées du fondateur du RPF.


=== Affaiblissement et échecs ===
=== Affaiblissement et échecs ===

==== Discrédit du RPF marseillais ====
==== Discrédit du RPF marseillais ====
La gestion des [[Grèves de 1947 en France|évènements sociaux de l'automne 1947]] contribue à affaiblir le parti gaulliste. En effet, c'est le gouvernement de la « [[Troisième Force (politique)|Troisième Force]] » et son ministre de l'Intérieur [[Jules Moch]] qui rétablissent l'ordre au moment où de nombreux Français craignent un basculement du pays vers un régime communiste. Le recours à de Gaulle semble alors moins nécessaire pour les conservateurs, les modérés et le patronat.
La gestion des [[Grèves de 1947 en France|évènements sociaux de l'automne 1947]] contribue à affaiblir le parti gaulliste. En effet, c'est le gouvernement de la « [[Troisième Force (politique)|Troisième Force]] » et son ministre de l'Intérieur [[Jules Moch]] qui rétablissent l'ordre au moment où de nombreux Français craignent un basculement du pays vers un régime communiste. Le recours à de Gaulle semble alors moins nécessaire pour les conservateurs, les modérés et le patronat.
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Charles de Gaulle choisit Marseille pour le premier congrès du RPF, en {{date-|avril 1948}}, alors que la commune représente de l’avis de beaucoup un échec clair du gaullisme municipal. Cette situation contribue à la scission du RPF au printemps 1952, quand [[Henri Bergasse]], le seul député RPF des Bouches-du-Rhône, fait partie des 26 qui votent l’investiture d'[[Antoine Pinay]]. Depuis 1950, Bergasse dénonçait le fait que « la municipalité fait du tort au RPF » et « cède tout à [[Gaston Defferre|Defferre]] », pour se ménager son quotidien ''[[Le Provençal]]''<ref name=Ollivier/>.
Charles de Gaulle choisit Marseille pour le premier congrès du RPF, en {{date-|avril 1948}}, alors que la commune représente de l’avis de beaucoup un échec clair du gaullisme municipal. Cette situation contribue à la scission du RPF au printemps 1952, quand [[Henri Bergasse]], le seul député RPF des Bouches-du-Rhône, fait partie des 26 qui votent l’investiture d'[[Antoine Pinay]]. Depuis 1950, Bergasse dénonçait le fait que « la municipalité fait du tort au RPF » et « cède tout à [[Gaston Defferre|Defferre]] », pour se ménager son quotidien ''[[Le Provençal]]''<ref name=Ollivier/>.


En {{date-|novembre 1948}}, le RPF participe aux [[élections sénatoriales françaises de 1948|élections]] au [[Conseil de la République]]. Quelque 42 % des sénateurs élus s'inscrivent à l'intergroupe gaulliste mais seuls 19 % ({{unité|56|sénateurs}}) constituent un véritable groupe gaulliste, appelé l’Action démocratique et républicaine.
En {{date-|novembre}}, le RPF participe aux [[élections sénatoriales françaises de 1948|élections]] au [[Conseil de la République]]. Quelque 42 % des sénateurs élus s'inscrivent à l'intergroupe gaulliste mais seuls 19 % ({{unité|56|sénateurs}}) constituent un véritable groupe gaulliste, appelé l’Action démocratique et républicaine.


==== Censure médiatique de De Gaulle ====
==== Censure médiatique de De Gaulle ====
Pendant cette période, Charles de Gaulle est interdit d'antenne radio alors que les journaux nationaux lui sont très majoritairement hostiles. Il doit donc se déplacer dans toute la France pour faire connaître son programme. Cependant, il peut compter sur une nouvelle presse affiliée au RPF, comme ''L'Étincelle'', ''Le Rassemblement'' (de 1948 à 1954), ''Liberté de l'esprit'' (de 1949 à 1954), mais aussi sur quelques éditions locales, telles que ''Le Démocrate des Charentes'' ou ''La Voie libre'' (bulletin). Cette presse gaulliste ne connaît néanmoins qu'une faible diffusion.
Pendant cette période, Charles de Gaulle est interdit d'antenne radio alors que les journaux nationaux lui sont très majoritairement hostiles. Il doit donc se déplacer dans toute la France pour faire connaître son programme. Cependant, il peut compter sur une nouvelle presse affiliée au RPF, comme ''L'Étincelle'', ''Le Rassemblement'' (de 1948 à 1954), ''Liberté de l'esprit'' (de 1949 à 1954), mais aussi sur quelques éditions locales, telles que ''Le Démocrate des Charentes'' ou ''La Voie libre'' (bulletin). Cette presse gaulliste ne connaît néanmoins qu'une faible diffusion{{refnec}}.


Ce sont les déplacements du général de Gaulle ou de ses porte-paroles officiels ([[Jacques Debû-Bridel]], [[André Malraux]], [[Gaston Palewski]], [[Geneviève de Gaulle]], le colonel Rémy, [[Jean Nocher]], [[Robert Boulin]]) qui popularisent ses discours. À ces occasions, les réunions du RPF sont souvent accueillies par des militants communistes aux cris de « fascistes ! » et des affrontements opposent alors souvent gaullistes et communistes ({{cf.}} ''[[#Service d'ordre|infra]]'')<ref name="Kauffer">[[Rémi Kauffer]], {{Ouvrage|langue=fr|directeur1=Roger Faligot|directeur2=Jean Guisnel|titre=Histoire secrète de la Ve République|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte|Éditions La Découverte]]|collection=Cahiers libres|année=2006|mois=novembre|jour=2|pages totales=752|isbn=978-2-7071-4902-2|lire en ligne=http://didier.cardon37.over-blog.com/archive-12-13-2007.html Extrait en ligne|partie=pp. 21-32|titre chapitre=L'[[Opération Résurrection|opération ''Résurrection'']] : la {{Ve}} République naît d'un coup d'État}}.</ref>.
Ce sont les déplacements du général de Gaulle ou de ses porte-paroles officiels ([[Jacques Debû-Bridel]], [[André Malraux]], [[Gaston Palewski]], [[Geneviève de Gaulle]], le colonel Rémy, [[Jean Nocher]], [[Robert Boulin]]) qui popularisent ses discours. À ces occasions, les réunions du RPF sont souvent accueillies par des militants communistes aux cris de « fascistes ! » et des affrontements opposent alors souvent gaullistes et communistes ({{cf.}} ''[[#Service d'ordre|infra]]'')<ref name="Kauffer">[[Rémi Kauffer]], {{Ouvrage|langue=fr|directeur1=Roger Faligot|directeur2=Jean Guisnel|titre=Histoire secrète de la Ve République|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte]]|collection=Cahiers libres|année=2006|mois=novembre|jour=2|pages totales=752|isbn=978-2-7071-4902-2|lire en ligne=http://didier.cardon37.over-blog.com/archive-12-13-2007.html Extrait en ligne|passage=21-32|titre chapitre=L'[[Opération Résurrection|opération ''Résurrection'']] : la {{Ve}} République naît d'un coup d'État}}.</ref>.


Les [[Élections cantonales françaises de 1949|élections cantonales de 1949]] sont un nouveau succès pour le RPF, bien que le score soit en retrait par rapport aux élections municipales de 1947. Ses places fortes sont le nord de la France (au-delà d'une ligne Bordeaux-[[Genève]]) : [[Alsace]], [[Lorraine]], [[Nord (département français)|Nord]], [[Seine (département)|Seine]], littoral atlantique jusqu'au [[Pays basque français|Pays basque]]. En dépit de ses performances électorales, le mouvement connait une chute sensible du nombre de ses adhérents alors même que sa position se renforce dans le milieu étudiant par l'entremise de [[Pierre Dumas (homme politique, 1924-2004)|Pierre Dumas]] ou de [[Jacques Dominati]].
Les [[Élections cantonales françaises de 1949|élections cantonales de 1949]] sont un nouveau succès pour le RPF, bien que le score soit en retrait par rapport aux élections municipales de 1947. Ses places fortes sont le nord de la France (au-delà d'une ligne Bordeaux-[[Genève]]) : [[Alsace]], [[Lorraine]], [[Nord (département français)|Nord]], [[Seine (département)|Seine]], littoral atlantique jusqu'au [[Pays basque français|Pays basque]]. En dépit de ses performances électorales, le mouvement connait une chute sensible du nombre de ses adhérents alors même que sa position se renforce dans le milieu étudiant par l'entremise de [[Pierre Dumas (homme politique, 1924-2004)|Pierre Dumas]] ou de [[Jacques Dominati]].
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=== Vers la mise en sommeil ===
=== Vers la mise en sommeil ===

==== Isolement politique ====
==== Isolement politique ====
[[Fichier:Jacques Soustelle, Bestanddeelnr 909-5719 (cropped).jpg|vignette|redresse|alt=|[[Jacques Soustelle]], président du [[Groupes gaullistes à l'Assemblée nationale#Rassemblement du peuple français (1951-1955)|groupe RPF]] à l’[[Assemblée nationale (Quatrième République)|Assemblée nationale]], est pressenti pour devenir [[Président du Conseil (France)|chef du gouvernement]] lors de la crise ministérielle de {{date-|janvier 1952}}, mais renonce en raison de l’opposition du général de Gaulle, hostile à tout compromis avec {{citation|le régime des partis}}.]]
[[Fichier:Jacques Soustelle, Bestanddeelnr 909-5719 (cropped).jpg|vignette|redresse|alt=|[[Jacques Soustelle]], président du [[Groupes gaullistes à l'Assemblée nationale#Rassemblement du peuple français (1951-1955)|groupe RPF]] à l’[[Assemblée nationale (Quatrième République)|Assemblée nationale]], est pressenti pour devenir [[Président du Conseil (France)|chef du gouvernement]] lors de la crise ministérielle de {{date-|janvier 1952}}, mais renonce en raison de l’opposition du général de Gaulle, hostile à tout compromis avec {{citation|le régime des partis}}.]]
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==== Scission de 1952 ====
==== Scission de 1952 ====
En {{date-|mars 1952}}, les dissensions au sein du mouvement finissent par aboutir à une scission. Vingt-sept députés RPF votent l'investiture du [[Gouvernement Antoine Pinay|gouvernement]] d'[[Antoine Pinay]], malgré la consigne contraire donnée par le général de Gaulle. Ces parlementaires sont alors exclus du parti. En {{date-|juillet 1952-}} suivant, quarante-cinq autres députés RPF rompent avec la formation gaulliste.
En {{date-|mars 1952}}, les dissensions au sein du mouvement finissent par aboutir à une scission. Vingt-sept députés RPF votent l'investiture du [[Gouvernement Antoine Pinay|gouvernement]] d'[[Antoine Pinay]], malgré la consigne contraire donnée par le général de Gaulle. Ces parlementaires sont alors exclus du parti. En {{date-|juillet 1952-}} suivant, quarante-cinq autres députés RPF rompent avec la formation gaulliste. On parle alors de la "scission de 1952" au sein du parti gaulliste.


==== Échec aux municipales de 1953 ====
==== Échec aux municipales de 1953 ====
L'année suivante, le {{date-|6 mai 1953}}, Charles de Gaulle rend leur liberté aux parlementaires après le résultat des [[Élections municipales françaises de 1953|élections municipales]], à l’issue desquelles le RPF perd la moitié de ses voix et plusieurs des villes conquises en 1947 ([[Marseille]] notamment). Le Général explique cet échec par la trahison de la [[Droite (politique)|droite]], coupable de l'avoir abandonné une fois que la menace communiste avait disparu. Parmi ces personnalités de droite accusées d'opportunisme figurent les députés qui ont investi Antoine Pinay en 1952 (parmi lesquels [[Édouard Frédéric-Dupont]] et [[Henry Bergasse]]).
L'année suivante, le {{date-|6 mai 1953}}, Charles de Gaulle rend leur liberté aux parlementaires après le résultat des [[Élections municipales françaises de 1953|élections municipales]], à l’issue desquelles le RPF perd la moitié de ses voix et plusieurs des villes conquises en 1947 ([[Marseille]] notamment). Le Général explique cet échec par la trahison de la [[Droite (politique)|droite]], coupable de l'avoir abandonné une fois que la menace communiste avait disparu. Parmi ces personnalités de droite accusées d'opportunisme figurent les députés qui ont investi Antoine Pinay en 1952 (parmi lesquels [[Édouard Frédéric-Dupont]] et [[Henry Bergasse]]). Le Général après cet échec se retire de nouveau et le RPF connaît des difficultés financières<ref>[[Georgette Elgey]], ''Histoire de la Quatrième république'', Bouquins, p. 463.</ref>.


==== Tensions internes persistantes ====
==== Tensions internes persistantes ====
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Les parlementaires restés fidèles au général de Gaulle se retrouvent dans le groupe de l’[[Groupes gaullistes à l'Assemblée nationale#Union des républicains d'action sociale (1955-1956)|Union des républicains d'action sociale]] (URAS), devenu les [[Républicains sociaux]] (RS), tandis que les dissidents, derrière [[Edmond Barrachin]], se rassemblent dans l'[[Action républicaine et sociale (Quatrième République)|Action républicaine et sociale]] (ARS). [[Lucien Neuwirth]], un fidèle du Général, raconte au ''[[Le Figaro Magazine|Figaro Magazine]]'' en 1998, les circonstances de la création des Républicains sociaux :
Les parlementaires restés fidèles au général de Gaulle se retrouvent dans le groupe de l’[[Groupes gaullistes à l'Assemblée nationale#Union des républicains d'action sociale (1955-1956)|Union des républicains d'action sociale]] (URAS), devenu les [[Républicains sociaux]] (RS), tandis que les dissidents, derrière [[Edmond Barrachin]], se rassemblent dans l'[[Action républicaine et sociale (Quatrième République)|Action républicaine et sociale]] (ARS). [[Lucien Neuwirth]], un fidèle du Général, raconte au ''[[Le Figaro Magazine|Figaro Magazine]]'' en 1998, les circonstances de la création des Républicains sociaux :

{{Citation bloc|Après la mise en sommeil du RPF, nous avons fondé les Républicains sociaux. S'y retrouvaient des personnalités politiques comme [[Michel Debré]], [[Edmond Michelet]] ou [[Roger Frey]]. Des jeunes aussi, comme Guy Ribeaud. Et surtout quelqu'un qui allait jouer un rôle capital par la suite, [[Léon Delbecque]]. Les Républicains sociaux avaient tout d'un groupuscule, mais enfin, cette structure nous permettait de survivre. Survivre, il le fallait, parce qu'au fur et à mesure des développements tragiques de l’[[Guerre d'Algérie|affaire algérienne]], nous sentions que là-bas, tout allait exploser […] L'Algérie, c'était une chaudière […] La {{IVe|République}} était incapable de résoudre les grands problèmes et notamment ce drame colonial. Tout laissait à penser que la nation allait s'effondrer. De Gaulle était la seule personnalité capable d'empêcher cela<ref>[[Lucien Neuwirth]], entretien avec ''[[Le Figaro Magazine]]'' du 5 avril 1998, par [[Rémi Kauffer]].</ref>.}}
{{Citation bloc|Après la mise en sommeil du RPF, nous avons fondé les Républicains sociaux. S'y retrouvaient des personnalités politiques comme [[Michel Debré]], [[Edmond Michelet]] ou [[Roger Frey]]. Des jeunes aussi, comme Guy Ribeaud. Et surtout quelqu'un qui allait jouer un rôle capital par la suite, [[Léon Delbecque]]. Les Républicains sociaux avaient tout d'un groupuscule, mais enfin, cette structure nous permettait de survivre. Survivre, il le fallait, parce qu'au fur et à mesure des développements tragiques de l’[[Guerre d'Algérie|affaire algérienne]], nous sentions que là-bas, tout allait exploser […] L'Algérie, c'était une chaudière […] La {{IVe|République}} était incapable de résoudre les grands problèmes et notamment ce drame colonial. Tout laissait à penser que la nation allait s'effondrer. De Gaulle était la seule personnalité capable d'empêcher cela<ref>[[Lucien Neuwirth]], entretien avec ''[[Le Figaro Magazine]]'' du 5 avril 1998, par [[Rémi Kauffer]].</ref>.}}


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=== Politique étrangère ===
=== Politique étrangère ===
En politique extérieure, le RPF fait part de ses inquiétudes concernant l'avancée du communisme dans l'[[Union française]] et la situation en [[Indochine française|Indochine]] (de Gaulle exclut tout meeting sur la [[guerre d’Indochine]] et salue {{cita|avec soulagement et quasi-gratitude une fin scellée}} en 1954-1955 par [[Pierre Mendès-France]])<ref name=rioux>[[Maurice Vaïsse]] et Alain Bizard, [https://books.google.com/books?id=kxGVMCls88QC&printsec=frontcover&hl=fr ''L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?''], par Maurice Vaïsse, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par [[Jean-Pierre Rioux]], aux Editions Complexe, 2000 {{OCLC|44883311}}, page 24.</ref>.
En politique extérieure, le RPF fait part de ses inquiétudes concernant l'avancée du communisme dans l'[[Union française]] et la situation en [[Indochine française|Indochine]] (de Gaulle exclut tout meeting sur la [[guerre d’Indochine]] et salue {{cita|avec soulagement et quasi-gratitude une fin scellée}} en 1954-1955 par [[Pierre Mendès-France]])<ref name=rioux>[[Maurice Vaïsse]] et Alain Bizard, [https://books.google.com/books?id=kxGVMCls88QC&printsec=frontcover&hl=fr ''L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?''], par Maurice Vaïsse, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par [[Jean-Pierre Rioux]], aux Editions Complexe, 2000 {{OCLC|44883311}}, page 24.</ref>.


Le parti se méfie de la renaissance de l'État allemand et désapprouve les initiatives européennes de la France (création du [[conseil de l'Europe]], [[plan Schuman]], [[Communauté européenne du charbon et de l'acier|CECA]], et [[Communauté européenne de défense|CED]]). Au nom de l'indépendance nationale, le mouvement gaulliste se montre également de plus en plus hostile à l'évolution des relations transatlantiques et préconise une Europe confédérée basée sur le droit des nations.
Le parti se méfie de la renaissance de l'État allemand et désapprouve les initiatives européennes de la France (création du [[conseil de l'Europe]], [[plan Schuman]], [[Communauté européenne du charbon et de l'acier|CECA]], et [[Communauté européenne de défense|CED]]). Au nom de l'indépendance nationale, le mouvement gaulliste se montre également de plus en plus hostile à l'évolution des relations transatlantiques et préconise une Europe confédérée basée sur le droit des nations.


== Principales personnalités ==
== Principales personnalités ==

=== Secrétaires généraux ===
=== Secrétaires généraux ===
* 1947-1951 : [[Jacques Soustelle]]
* 1947-1951 : [[Jacques Soustelle]]
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== Service d'ordre ==
== Service d'ordre ==

=== Protection des meetings contre le PCF ===
=== Protection des meetings contre le PCF ===
Des affrontements entre militants gaullistes et contre-manifestants communistes se multiplient après la fondation du RPF. Dès son célèbre discours de Rennes le 27 juillet 1947, de Gaulle dénonce « ces hommes qui ont fait vœu d’obéissance aux ordres d’une entreprise étrangère de domination, dirigée par les maîtres d’une [[Union des républiques socialistes soviétiques|puissance slave]] »<ref name=Audigier/>. Le 20 août suivant, [[Gaston Palewski]] et [[Roger Souchal]] renoncent à tenir une réunion publique à [[Longwy]] en raison de la mobilisation de centaines de mineurs appelés par le PCF<ref name=Audigier />.
Des affrontements entre militants gaullistes et contre-manifestants communistes se multiplient après la fondation du RPF. Dès son célèbre discours de Rennes le 27 juillet 1947, de Gaulle dénonce « ces hommes qui ont fait vœu d’obéissance aux ordres d’une entreprise étrangère de domination, dirigée par les maîtres d’une [[Union des républiques socialistes soviétiques|puissance slave]] »<ref name=Audigier/>. Le 20 août suivant, [[Gaston Palewski]] et [[Roger Souchal]] renoncent à tenir une réunion publique à [[Longwy]] en raison de la mobilisation de centaines de mineurs appelés par le PCF<ref name=Audigier />.
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[[Fichier:Le gymnase Japy et ses reflets, Paris 11 (16018864083).jpg|vignette|alt=|Le [[gymnase Japy]] ({{Arrondissement|11|Paris}}), où des militants communistes perturbent violemment la tenue d'un rassemblement du RPF, le {{date-|2 septembre 1947}}.]]
[[Fichier:Le gymnase Japy et ses reflets, Paris 11 (16018864083).jpg|vignette|alt=|Le [[gymnase Japy]] ({{Arrondissement|11|Paris}}), où des militants communistes perturbent violemment la tenue d'un rassemblement du RPF, le {{date-|2 septembre 1947}}.]]
Si seulement quelques réunions sont perturbées, les contre-manifestations sont systématiques, dégénérant volontiers<ref name=Bellaing>"Une matraque républicaine ? Genèse et pérennisation des compagnies républicaines de sécurité 1944-1955" , Mémoire de DEA sous la directions de [[Serge Bernstein]] à l'IEP de Paris, Cycle Supérieur d’Histoire du XXème siècle, par Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences en sociologie, spécialiste des questions de police [http://polices.mobiles.free.fr/documents/matraque%20republicaine.pdf] </ref>, René Serre, pilier du SO à partir de 1947, raconte dans un livre de 1954, la violence de ces affrontements avec l’extrême gauche<ref>René Serre, ''Croisade à coups de poings'', éditions André Martel, 1954.</ref>. Un service d'ordre « musclé » est ainsi progressivement constitué, notamment à la suite des heurts du [[gymnase Japy]] à [[Paris]], le 2 septembre 1947<ref name=Audigier>François Audigier, dans « Une violence militante de faible intensité : le choc gaullistes-communistes dans l’Est », ouvrage collectif ''Gaullisme et gaullistes : dans la France de l'Est sous la IVe République'', aux Presses universitaires de Rennes, 2009.</ref>. Après ce meeting, où il n'a pas pu parler à la tribune, [[André Malraux]] réclame une réunion de la direction du RPF pour renforcer considérablement le service d'ordre<ref name=péan2014foccart>"L'Homme de l'ombre. Eléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve" par Pierre Péan en 2014 aux Editions Fayard [https://mail.google.com/mail/u/0/#search/modelos/CllgCJqbzFcLXVsRSbGPKtflWCFXqgnBSzRMLKkmGStvNjfTRHGxmBRGJDspCVrGzmrtDrfSzcL?compose=fwmvGMBZkLmrXgbtVmzqJwxtQDDRgLtCzqXWxnksZJBNdqLKnJSVmlbHvhSmnxnXdwPPnSWXfFWzvwLNzdrzljRtcNdHgzrFNKBZhkhlPSwqZSRGBFRV] </ref>. En octobre 1947, il est confié à un proche de Malraux, l'antiquaire Alfred Sambon, un bourgeois parisien sans charisme qui ne donne pas satisfaction<ref name=sacAudigier/>.


Si seulement quelques réunions sont perturbées, les contre-manifestations sont systématiques, dégénérant volontiers<ref name="Bellaing">"Une matraque républicaine ? Genèse et pérennisation des compagnies républicaines de sécurité 1944-1955" , Mémoire de DEA sous la directions de [[Serge Berstein]] à l'IEP de Paris, Cycle Supérieur d’Histoire du {{s-|XX}}, par Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences en sociologie, spécialiste des questions de police [http://polices.mobiles.free.fr/documents/matraque%20republicaine.pdf] </ref>, René Serre, pilier du SO à partir de 1947, raconte dans un livre de 1954, la violence de ces affrontements avec l’extrême gauche<ref>René Serre, ''Croisade à coups de poings'', éditions André Martel, 1954.</ref>. Un service d'ordre « musclé » est ainsi progressivement constitué, notamment à la suite des heurts du [[gymnase Japy]] à [[Paris]], le 2 septembre 1947<ref name=Audigier>François Audigier, dans « Une violence militante de faible intensité : le choc gaullistes-communistes dans l’Est », ouvrage collectif ''Gaullisme et gaullistes : dans la France de l'Est sous la IVe République'', aux Presses universitaires de Rennes, 2009.</ref>. Après ce meeting, où il n'a pas pu parler à la tribune, [[André Malraux]] réclame une réunion de la direction du RPF pour renforcer considérablement le service d'ordre<ref name="péan2014foccart">"L'Homme de l'ombre. Eléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve" par Pierre Péan en 2014 aux Editions Fayard [https://mail.google.com/mail/u/0/#search/modelos/CllgCJqbzFcLXVsRSbGPKtflWCFXqgnBSzRMLKkmGStvNjfTRHGxmBRGJDspCVrGzmrtDrfSzcL?compose=fwmvGMBZkLmrXgbtVmzqJwxtQDDRgLtCzqXWxnksZJBNdqLKnJSVmlbHvhSmnxnXdwPPnSWXfFWzvwLNzdrzljRtcNdHgzrFNKBZhkhlPSwqZSRGBFRV] </ref>. En octobre 1947, il est confié à un proche de Malraux, l'antiquaire Alfred Sambon, un bourgeois parisien sans charisme qui ne donne pas satisfaction<ref name=sacAudigier/>.
À l'automne 1947 aussi, se multiplient les rapports policiers alarmistes et fausses informations, amenant le RPF à fonder un service de sécurité clandestin et militarisé appelé « Auto-Défense »<ref name=Audigier/>. En novembre, l'[[affaire Vincent Voulant]] de [[Marseille]], dans laquelle le RPF local clame son innocence, fait une mauvaise publicité au mouvement gaulliste et lui donne une réputation criminelle, notamment en [[Provence]], ce qui participe à son déclin électoral<ref name=sacAudigier>"Histoire du SAC: Les gaullistes de choc 1958 - 1969" par François Audigier, Place des éditeurs, en 2021 [https://books.google.fr/books?id=FV4kEAAAQBAJ&pg=PP17&lpg=PP17&dq=service+d4ordre+du+RPF+%22Alfred+Sambon%22+l%27automne+1947&source=bl&ots=udCTevbFE-&sig=ACfU3U1987zymfn9NYc8_RgV9-1jgwf0SA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiKxpyqtcLzAhUP1hoKHbVSCMYQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=service%20d4ordre%20du%20RPF%20%22Alfred%20Sambon%22%20l'automne%201947&f=false] </ref>. Afin de se couvrir en cas de « bavure », les statuts du SO interdisent tout port d’armes prohibées, mais l’affaire Vincent Voulant montre la difficulté à faire respecter cette consigne<ref name=Audigier/>{{,}}<ref name=partidaire/>.

À l'automne 1947 aussi, se multiplient les rapports policiers alarmistes et fausses informations, amenant le RPF à fonder un service de sécurité clandestin et militarisé appelé « Auto-Défense »<ref name=Audigier/>. En novembre, l'[[affaire Vincent Voulant]] de [[Marseille]], dans laquelle le RPF local clame son innocence, fait une mauvaise publicité au mouvement gaulliste et lui donne une réputation criminelle, notamment en [[Provence]], ce qui participe à son déclin électoral<ref name="sacAudigier">"Histoire du SAC: Les gaullistes de choc 1958 - 1969" par François Audigier, Place des éditeurs, en 2021 [https://books.google.fr/books?id=FV4kEAAAQBAJ&pg=PP17&lpg=PP17&dq=service+d4ordre+du+RPF+%22Alfred+Sambon%22+l%27automne+1947&source=bl&ots=udCTevbFE-&sig=ACfU3U1987zymfn9NYc8_RgV9-1jgwf0SA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiKxpyqtcLzAhUP1hoKHbVSCMYQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=service%20d4ordre%20du%20RPF%20%22Alfred%20Sambon%22%20l'automne%201947&f=false] </ref>. Afin de se couvrir en cas de « bavure », les statuts du SO interdisent tout port d’armes prohibées, mais l’affaire Vincent Voulant montre la difficulté à faire respecter cette consigne<ref name=Audigier/>{{,}}<ref name=partidaire/>.


C'est seulement au printemps-été 1948 que le service d’ordre arrive à crédibiliser politiquement le parti et à réunir {{nombre|15000|militants}} comme souhaité, après la reprise en main menée par [[Dominique Ponchardier]] début 1948<ref name=sacAudigier/>{{,}}<ref>"Les prétoriens du général : gaullisme et violence politique de 1947 à 1959" par François Audigier aux Presses universitaires de Rennes, en 2018 </ref>. Il est alors organisé sur un modèle [[paramilitaire]], dans un contexte de grande violences politiques et idéologiques<ref>« Les prétoriens du Président », par Jean Pierre RIOUX, historien, dans ''[[Ouest-France]]'' le 30/10/2018 [https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-les-pretoriens-du-president-6043949 ]</ref>.
C'est seulement au printemps-été 1948 que le service d’ordre arrive à crédibiliser politiquement le parti et à réunir {{nombre|15000|militants}} comme souhaité, après la reprise en main menée par [[Dominique Ponchardier]] début 1948<ref name=sacAudigier/>{{,}}<ref>"Les prétoriens du général : gaullisme et violence politique de 1947 à 1959" par François Audigier aux Presses universitaires de Rennes, en 2018 </ref>. Il est alors organisé sur un modèle [[paramilitaire]], dans un contexte de grande violences politiques et idéologiques<ref>« Les prétoriens du Président », par Jean Pierre RIOUX, historien, dans ''[[Ouest-France]]'' le 30/10/2018 [https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-les-pretoriens-du-president-6043949]</ref>.


=== Renseignements sur le PCF ===
=== Renseignements sur le PCF ===
Le souci de renseignements sur le PCF intervient aux débuts de la [[guerre froide]], à un moment où les services américains s'inquiètent sérieusement de l'influence grandissante du communisme<ref name=Punircoda/>. En 1947, au moment de la création de la [[Central Intelligence Agency|CIA]], s'installe dans les milieux dirigeants français l'obsession de {{cita|connaître le nombre}} de militants du PCF<ref name=Punircoda>"Punir les opposants - PCF et procès politique (1947-1962)" par [[Vanessa Codaccioni]] en 2013 [https://books.google.fr/books?id=ICq3Rfk_BKMC&pg=PT90&lpg=PT90&dq=%C3%A9meutes+de+Marseille+en+novembre+1947&source=bl&ots=9wiqCL3lBe&sig=ACfU3U148ijj-GfjSWhNBixlgfwMdPdJEQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj42MyJur3zAhXDxoUKHa1OCTsQ6AF6BAgNEAM#v=onepage&q=%C3%A9meutes%20de%20Marseille%20en%20novembre%201947&f=false] </ref>. Inspiré par l’action de l’ex-[[Bureau central de renseignements et d'action|BCRA]], le RPF double son service d’ordre d’un service de renseignement chargé de surveiller les fédérations locales du PCF<ref name=Audigier/>. Il s'agit de bénéficier d'indiscrétions afin de prévenir les infiltrations/provocations et de repérer les éventuelles menaces<ref name=Audigier/>, ou même rédiger {{cita|des rapports mentionnant des noms d'officiers communistes ou supposés tels}}, notamment les {{cita|anciens [[Francs-tireurs et partisans|FTPF]] intégrés dans l'active}} en recourant à des policiers et militaires<ref name=partidaire/>.
Le souci de renseignements sur le PCF intervient aux débuts de la [[guerre froide]], à un moment où les services américains s'inquiètent sérieusement de l'influence grandissante du communisme<ref name=Punircoda/>. En 1947, au moment de la création de la [[Central Intelligence Agency|CIA]], s'installe dans les milieux dirigeants français l'obsession de {{cita|connaître le nombre}} de militants du PCF<ref name="Punircoda">"Punir les opposants - PCF et procès politique (1947-1962)" par [[Vanessa Codaccioni]] en 2013 [https://books.google.fr/books?id=ICq3Rfk_BKMC&pg=PT90&lpg=PT90&dq=%C3%A9meutes+de+Marseille+en+novembre+1947&source=bl&ots=9wiqCL3lBe&sig=ACfU3U148ijj-GfjSWhNBixlgfwMdPdJEQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj42MyJur3zAhXDxoUKHa1OCTsQ6AF6BAgNEAM#v=onepage&q=%C3%A9meutes%20de%20Marseille%20en%20novembre%201947&f=false] </ref>. Inspiré par l’action de l’ex-[[Bureau central de renseignements et d'action|BCRA]], le RPF double son service d’ordre d’un service de renseignement chargé de surveiller les fédérations locales du PCF<ref name=Audigier/>. Il s'agit de bénéficier d'indiscrétions afin de prévenir les infiltrations/provocations et de repérer les éventuelles menaces<ref name=Audigier/>, ou même rédiger {{cita|des rapports mentionnant des noms d'officiers communistes ou supposés tels}}, notamment les {{cita|anciens [[Francs-tireurs et partisans|FTPF]] intégrés dans l'active}} en recourant à des policiers et militaires<ref name=partidaire/>.


=== Recrutement de militaires ===
=== Recrutement de militaires ===
La composante militaire au sein du parti se renforce progressivement. Dans la [[zone d'occupation française en Allemagne]], le RPF, à ses débuts, recrute dans les casernes<ref name=partidaire>"Évolution du service d'ordre gaulliste des années cinquante aux années soixante : quand la modernisation partidaire passe par la pacification militante", contribution de François Audigier à l'ouvrage collectif "Les partis et la République: La recomposition du système partisan, 1956-1967" sous la direction de Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier aux Presses universitaires de Rennes, en 2007 [https://books.google.fr/books?id=ry8RCwAAQBAJ&pg=PA130&lpg=PA130&dq=%22Croisade+%C3%A0+coups+de+poings%22+Ren%C3%A9+Serre+RPF+1947&source=bl&ots=TFBUL-G_LH&sig=ACfU3U1-2V2eh_6bmaJJZwf9OaFJR63m3g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwij1NCOqMLzAhVCxoUKHevNDQQQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=%22Croisade%20%C3%A0%20coups%20de%20poings%22%20Ren%C3%A9%20Serre%20RPF%201947&f=false] </ref>. Dans l’[[Aube (département)|Aube]], en prévision d'une tentative d’enlèvement communiste, un ancien du réseau Seine-Castille sélectionne des aires d’atterrissage éventuelles pour permettre à de Gaulle de fuir<ref name=Audigier/>. Dans l'Est de la France comme ailleurs, le SO compte beaucoup de militaires en partance ou de retour d’[[Guerre d'Indochine|Indochine]]<ref name=Audigier/> ; dans le [[Haut-Rhin]], en février 1951, son nouveau chef est un jeune officier [[parachutiste]] de réserve<ref name=Audigier/>. Les parachutistes forment notamment la majorité du service d’ordre dans le [[Gers (département)|Gers]], le [[Finistère]], les [[Pyrénées-Orientales]] et le [[Vaucluse (département)|Vaucluse]]<ref name=partidaire/>. À [[Saint-Brieuc]], les 80 « paras » du SAS local travaillent en permission pour le RPF. Le gouvernement est même obligé d'écrire à l'état-major, pour demander à ce que les responsables du service d’ordre n’utilisent plus la logisitique de l'armée (essence, radio{{etc.}})<ref name=partidaire/>.
La composante militaire au sein du parti se renforce progressivement. Dans la [[zone d'occupation française en Allemagne]], le RPF, à ses débuts, recrute dans les casernes<ref name="partidaire">"Évolution du service d'ordre gaulliste des années cinquante aux années soixante : quand la modernisation partidaire passe par la pacification militante", contribution de François Audigier à l'ouvrage collectif ''Les partis et la République: La recomposition du système partisan, 1956-1967'' sous la direction de Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier aux Presses universitaires de Rennes, en 2007 [https://books.google.fr/books?id=ry8RCwAAQBAJ&pg=PA130&lpg=PA130&dq=%22Croisade+%C3%A0+coups+de+poings%22+Ren%C3%A9+Serre+RPF+1947&source=bl&ots=TFBUL-G_LH&sig=ACfU3U1-2V2eh_6bmaJJZwf9OaFJR63m3g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwij1NCOqMLzAhVCxoUKHevNDQQQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=%22Croisade%20%C3%A0%20coups%20de%20poings%22%20Ren%C3%A9%20Serre%20RPF%201947&f=false] </ref>. Dans l’[[Aube (département)|Aube]], en prévision d'une tentative d’enlèvement communiste, un ancien du réseau Seine-Castille sélectionne des aires d’atterrissage éventuelles pour permettre à de Gaulle de fuir<ref name=Audigier/>. Dans l'Est de la France comme ailleurs, le SO compte beaucoup de militaires en partance ou de retour d’[[Guerre d'Indochine|Indochine]]<ref name=Audigier/> ; dans le [[Haut-Rhin]], en février 1951, son nouveau chef est un jeune officier [[parachutiste]] de réserve<ref name=Audigier/>. Les parachutistes forment notamment la majorité du service d’ordre dans le [[Gers (département)|Gers]], le [[Finistère]], les [[Pyrénées-Orientales]] et le [[Vaucluse (département)|Vaucluse]]<ref name=partidaire/>. À [[Saint-Brieuc]], les 80 « paras » du SAS local travaillent en permission pour le RPF. Le gouvernement est même obligé d'écrire à l'état-major, pour demander que les responsables du service d’ordre n’utilisent plus la logistique de l'armée (essence, radio{{etc.}})<ref name=partidaire/>.


== Siège ==
== Siège ==
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* {{Ouvrage|auteur1=Fondation Charles de Gaulle|titre=La genèse du RPF|sous-titre=table ronde organisée par la Fondation Charles de Gaulle, 3 avril 1997|lieu=Paris|éditeur=Fondation Charles de Gaulle|collection=Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle|numéro dans collection=4|année=1997|pages totales=254|isbn=|issn=1266-2437}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Fondation Charles de Gaulle|titre=La genèse du RPF|sous-titre=table ronde organisée par la Fondation Charles de Gaulle, 3 avril 1997|lieu=Paris|éditeur=Fondation Charles de Gaulle|collection=Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle|numéro dans collection=4|année=1997|pages totales=254|isbn=|issn=1266-2437}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Fondation Charles de Gaulle|auteur2=Centre aquitain de recherches en histoire contemporaine|titre=De Gaulle et le Rassemblement du peuple français, 1947-1955|sous-titre=[actes du colloque, Bordeaux, 12-14 novembre 1997]|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|année=1998|pages totales=864|isbn=2-200-21799-4|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1998_num_59_1_3791}}. {{commentaire biblio|Actes du colloque, Bordeaux, 12-14 novembre 1997, organisé par la Fondation Charles de Gaulle et le Centre aquitain de recherches en histoire contemporaine.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Fondation Charles de Gaulle|auteur2=Centre aquitain de recherches en histoire contemporaine|titre=De Gaulle et le Rassemblement du peuple français, 1947-1955|sous-titre=[actes du colloque, Bordeaux, 12-14 novembre 1997]|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|année=1998|pages totales=864|isbn=2-200-21799-4|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1998_num_59_1_3791}}. {{commentaire biblio|Actes du colloque, Bordeaux, 12-14 novembre 1997, organisé par la Fondation Charles de Gaulle et le Centre aquitain de recherches en histoire contemporaine.}}
* {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Pascal|nom1=Girard|titre chapitre=Le gaullisme d'opposition au miroir de la haine politique, 1947-1958 |auteurs ouvrage=Marc Deleplace (dir.) |titre ouvrage=Les discours de la haine |sous-titre ouvrage=récits et figures de la passion dans la cité |lieu= Villeneuve-d'Ascq |éditeur=[[Presses universitaires du Septentrion]] |collection=Histoire et civilisations |année=2009 |isbn=978-2-7574-0083-8 |pages totales= 347|passage=287-305 |lire en ligne=https://books.openedition.org/septentrion/40287}}.
* {{Chapitre|langue=fr|prénom1=Bernard|nom1=Lachaise|titre chapitre=De Gaulle et les gaullistes face aux conflits sociaux au temps du RPF|auteurs ouvrage=Marc Sadoun, [[Jean-François Sirinelli]] et Robert Vandenbussche (dir.)|titre ouvrage=La politique sociale du général de Gaulle|sous-titre=actes du colloque de Lille, 8-{{date-|9 décembre 1989}}, Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du nord-ouest, Université Charles de Gaulle, Lille {{III}}|lieu=Villeneuve-d'Ascq|éditeur=Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du nord-ouest|collection=Histoire et littérature régionales|numéro dans collection=7|année=1990|pages totales=344|isbn=2-905637-10-2|passage=69-89|lire en ligne=https://books.openedition.org/irhis/1083}}.
* Bernard Lachaise, ''Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF'', Bordeaux, Fédération historique du Sud-ouest, 1997.
* Bernard Lachaise, ''Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF'', Bordeaux, Fédération historique du Sud-ouest, 1997.
* [[Gilles Le Béguec]], « Les Antécédents politiques des députés du RPF », dans Bernard Lachaise, [[Maurice Vaïsse]] (dir.), ''De Gaulle et le Rassemblement du peuple français (1947-1955)'', Paris, [[Armand Colin]], 1998, p. 338-351.
* [[Gilles Le Béguec]], « Les Antécédents politiques des députés du RPF », dans Bernard Lachaise, [[Maurice Vaïsse]] (dir.), ''De Gaulle et le Rassemblement du peuple français (1947-1955)'', Paris, [[Armand Colin]], 1998, p. 338-351.
* Sylvain Mary, ''Le gaullisme d'opposition aux Antilles et en Guyane. Le RPF sous l'œil de Jacques Foccart'', Paris, [[L' Harmattan|L'Harmattan]], 2013.
* Sylvain Mary, ''Le gaullisme d'opposition aux Antilles et en Guyane. Le RPF sous l'œil de Jacques Foccart'', Paris, [[L' Harmattan|L'Harmattan]], 2013.
* {{Chapitre |prénom1=Bryan |nom1=Muller |titre chapitre=Violences politiques entre RPF et PCF dans le Midi toulousain entre 1947-1953 |sous-titre chapitre=quels rôles pour le service d'ordre gaulliste ? |auteurs ouvrage=[[François Audigier]] (dir.)|titre ouvrage=Histoire des services d'ordre en France du {{s-|XIX|e}} à nos jours |lieu=Paris |éditeur= [[Riveneuve éditions]] |collection=Violences et radicalités militantes |année=2017 | pages totales=263 |isbn=978-2-36013-433-5 |passage=141-160}}.
* {{Chapitre |prénom1=Bryan |nom1=Muller |titre chapitre=Violences politiques entre RPF et PCF dans le Midi toulousain entre 1947-1953 |sous-titre chapitre=quels rôles pour le service d'ordre gaulliste ? |auteurs ouvrage=[[François Audigier]] (dir.)|titre ouvrage=Histoire des services d'ordre en France du {{s-|XIX|e}} à nos jours |lieu=Paris |éditeur= [[Riveneuve éditions]] |collection=Violences et radicalités militantes |année=2017 | pages totales=263 |isbn=978-2-36013-433-5 |passage=141-160}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=René |nom1=Rémond |lien auteur1=René Rémond |titre=[[Les Droites en France]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Aubier-Montaigne|Aubier Montaigne]] |collection=Collection historique |année=1982 |numéro d'édition=4 |année première édition=1954, sous le titre ''La Droite en France de 1815 à nos jours : continuité et diversité d'une tradition politique'' |pages totales=544 |isbn=2-7007-0260-3 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1982_num_32_4_394040_t1_0857_0000_002}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=news·20101201·SHI·35909601|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.sciencespo.fr/stories/#!/fr/frise/87/la-droite-en-france/|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.erudit.org/fr/revues/po/1983-n4-po2530/041009ar.pdf|texte=présentation en ligne}}.
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* Jean-François Sirinelli (dir.), ''Dictionnaire historique de la vie politique française au {{s-|XX|e}}'', Paris, PUF, 1995. Notice de Jean Charlot.
* [[Jean-François Sirinelli]] (dir.), ''Dictionnaire historique de la vie politique française au {{s-|XX|e}}'', Paris, PUF, 1995. Notice de Jean Charlot.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Touchard|lien auteur1=Jean Touchard|titre=Le gaullisme, 1940-1969|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Points. Histoire|numéro dans collection=32|année=1978|pages totales=379|isbn=2-02-004797-7|présentation en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k18362g/f274.image}}.
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* {{Ouvrage|prénom1=Frédéric|nom1=Turpin|lien auteur1=Frédéric Turpin|titre=De Gaulle, les gaullistes et l'Indochine|sous-titre=1940-1956|lieu=Paris|éditeur=Les Indes savantes|année=2005|pages totales=666|isbn=978-2-84654-099-5|oclc=61665914|présentation en ligne=https://journals.openedition.org/moussons/1159}}, {{lire en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2006_num_93_350_4208_t1_0379_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
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* [[Jacques Soustelle]], ''28 ans de gaullisme'', Paris, [[La Table ronde|La Table-Ronde]], 1968.
* [[Jacques Soustelle]], ''28 ans de gaullisme'', Paris, [[La Table ronde|La Table-Ronde]], 1968.
* [[Colonel Rémy]], ''Dix ans avec de Gaulle'', Paris, [[France-Empire]], 1971.
* [[Colonel Rémy]], ''Dix ans avec de Gaulle'', Paris, [[France-Empire]], 1971.
*Michel Anfrol, ''Entretiens avec Michel Anfrol'', Hélène et Julien Brando, Orléans, Regain de lecture, 2021
* Michel Anfrol, ''Entretiens avec Michel Anfrol'', Hélène et Julien Brando, Orléans, Regain de lecture, 2021

=== Liens externes ===
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Rassemblement du peuple français
Image illustrative de l’article Rassemblement du peuple français
Logotype officiel.
Présentation
Fondateur Charles de Gaulle
Fondation
Scission de UDSR[1]
Disparition
Scission dans ARS (1952)
Siège 5, rue de Solférino
75007 Paris
Secrétaires
généraux
successifs
Jacques Soustelle
Louis Terrenoire
Jacques Foccart
Michel Anfrol
Positionnement Droite[2]
Idéologie Gaullisme
Anticommunisme
Troisième voie
Souverainisme
Adhérents De 400 000 à 1 000 000 (en 1947)[3],[4]
Couleurs Bleu, blanc et rouge

Le Rassemblement du peuple français (RPF) est un parti politique français, créé par Charles de Gaulle en 1947 et mis en sommeil en 1955. Refusant de se situer dans le clivage droite-gauche bien que souvent classé à droite, il est par ailleurs la seule formation de l'histoire du gaullisme lancée par le général de Gaulle.

Visant à défendre les propositions développées par son fondateur dans son discours de Bayeux de 1946, il est, avec le Parti communiste français, le principal parti politique de l’époque. Résolument hostile à la IVe République, il défend le renforcement des prérogatives du pouvoir exécutif, ainsi qu’un programme souverainiste, anticommuniste et favorable à une troisième voie entre capitalisme et communisme.

À la suite d’importants succès à plusieurs élections, lors desquelles il dépasse ou talonne le PCF, le parti connaît des divisions internes, décline sur le plan électoral et en nombre d’adhérents, puis est mis en sommeil par le général de Gaulle, qui reviendra finalement au pouvoir à la faveur de la crise de .

Lancement par le général de Gaulle

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Charles de Gaulle lors de son discours de Bayeux de 1946.

Genèse et fondation

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Pendant la Seconde Guerre mondiale et les mois qui suivent, Charles de Gaulle refuse de créer un parti politique. En 1945, le Mouvement républicain populaire (MRP), formation démocrate-chrétienne et centriste, fait figure de parti de refuge pour un certain nombre de gaullistes. Mais la rupture est consommée en 1946 à propos du choix des institutions à donner à la France (discours de Bayeux).

La décision de créer le Rassemblement du peuple français est prise durant l'hiver et annoncée par le général de Gaulle dans son discours de Strasbourg du . Lors de l'annonce de sa création officielle, le suivant, le Général appelle à le rejoindre « tous les Français et les Françaises qui veulent s'unir à lui pour le salut commun ». Souhaitant rassembler le plus largement possible, de Gaulle autorise la double appartenance, permettant aux membres de tous les partis politiques — sauf ceux du PCF et ceux qui se sont compromis avec le régime de Vichy — d'adhérer au RPF tout en restant dans leur parti d'origine.

À ses débuts, le RPF peut compter sur des personnalités comme Jacques Soustelle, André Malraux, René Capitant, Jacques Foccart et Louis Vallon, qui entendent protester contre la Constitution de la IVe République[5].

Nombre et profil des adhérents

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En un an, selon les spécialistes, le Rassemblement du peuple français devient un parti de masse en atteignant un demi-million d’adhérents, juste derrière le Parti communiste français (PCF)[6]. Le parti revendique même un million de membres[3].

Les adhérents du RPF sont principalement issus des classes moyennes (artisans, commerçants, cadres moyens, employés). Le parti attire plus de femmes que les autres formations (plus d'un quart des effectifs), dont Marie-Madeleine Fourcade, célèbre résistante. Il regroupe aussi bien des monarchistes maurrasiens (Pierre Bénouville et le colonel Rémy, qui finit par adhérer à l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain et sera poussé à la démission par de Gaulle) que des républicains de gauche (André Malraux, Jacques Soustelle, René Capitant et Roger Barberot), des modérés (Gaston Palewski et Jacques Baumel), des démocrates-chrétiens (Louis Terrenoire et Edmond Michelet), des radicaux (Jacques Chaban-Delmas et Michel Debré), ou des socialistes comme Louis Vallon, et même Manuel Bridier, dirigeant national des jeunesses communistes.

Apogée aux municipales de 1947

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Permanence parisienne du RPF, vers 1947.

Six mois après seulement sa création, le RPF remporte élections municipales des et , avec des campagnes massives, comme la diffusion de 10 000 tracts dans la petite ville minière de Briey[7] ou le lancement par un avion de prospectus au-dessus de Nancy[7]. Il obtient 38 % dans les villes de plus de 9 000 habitants, tandis que le MRP chute à 10 %[5]. À gauche, le rapport de force reste stable, avec un PCF à 30 % ; mais la défection ou l'abstention de la SFIO lors de l’élection des maires par les conseils municipaux permet au RPF de prendre les mairies de Paris, Marseille, Bordeaux, Lille, Strasbourg et Rennes, ainsi que des communes plus petites, souvent au détriment du PCF[5]. Son implantation dans la France rurale reste cependant médiocre, le MRP y faisant de bons scores.

Peu après les débordements communistes de , de Gaulle choisit la ville minière de Saint-Étienne, qui en fut le théâtre, pour présenter son projet d'association capital-travail[8].

Le RPF profite de sa victoire aux municipales pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale, mais sans l'obtenir. Au contraire, les parlementaires retardent la tenue des élections cantonales, prévues pour à , ce qui conduit de Gaulle à faire organiser par Christian Fouchet une « campagne du timbre » pour renflouer financièrement le mouvement gaulliste (près de deux millions et demi de vignettes de cinquante francs sont envoyées par les Français). En 1951, un livre, La France sera la France : ce que veut Charles de Gaulle, est publié pour mieux faire connaître les idées du fondateur du RPF.

Affaiblissement et échecs

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Discrédit du RPF marseillais

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La gestion des évènements sociaux de l'automne 1947 contribue à affaiblir le parti gaulliste. En effet, c'est le gouvernement de la « Troisième Force » et son ministre de l'Intérieur Jules Moch qui rétablissent l'ordre au moment où de nombreux Français craignent un basculement du pays vers un régime communiste. Le recours à de Gaulle semble alors moins nécessaire pour les conservateurs, les modérés et le patronat.

À Marseille, la mauvaise réputation du service d'ordre du RPF va nuire au parti après l'affaire Vincent Voulant. S'étant présenté en rempart contre le « péril rouge » mais montré peu regardant sur ses colistiers, le maire de la ville, Michel Carlini, souffre rapidement de la sulfureuse réputation de certains de ses adjoints venus d'une droite locale discréditée[9]. Dès le , une lettre de Louis Gence au général de Gaulle accuse Carlini de pratiquer un « sabianisme à étiquette RPF »[9], en référence à Simon Sabiani, figure du PPF marseillais, qui avait dirigé la commune dans les années 1930 avant sa mise sous tutelle et qui utilisait comme agents de la fraude électorale ses amis du milieu marseillais (Paul Carbone, François Spirito, Antoine Guérini)[10].

Charles de Gaulle choisit Marseille pour le premier congrès du RPF, en , alors que la commune représente de l’avis de beaucoup un échec clair du gaullisme municipal. Cette situation contribue à la scission du RPF au printemps 1952, quand Henri Bergasse, le seul député RPF des Bouches-du-Rhône, fait partie des 26 qui votent l’investiture d'Antoine Pinay. Depuis 1950, Bergasse dénonçait le fait que « la municipalité fait du tort au RPF » et « cède tout à Defferre », pour se ménager son quotidien Le Provençal[9].

En novembre, le RPF participe aux élections au Conseil de la République. Quelque 42 % des sénateurs élus s'inscrivent à l'intergroupe gaulliste mais seuls 19 % (56 sénateurs) constituent un véritable groupe gaulliste, appelé l’Action démocratique et républicaine.

Censure médiatique de De Gaulle

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Pendant cette période, Charles de Gaulle est interdit d'antenne radio alors que les journaux nationaux lui sont très majoritairement hostiles. Il doit donc se déplacer dans toute la France pour faire connaître son programme. Cependant, il peut compter sur une nouvelle presse affiliée au RPF, comme L'Étincelle, Le Rassemblement (de 1948 à 1954), Liberté de l'esprit (de 1949 à 1954), mais aussi sur quelques éditions locales, telles que Le Démocrate des Charentes ou La Voie libre (bulletin). Cette presse gaulliste ne connaît néanmoins qu'une faible diffusion[réf. nécessaire].

Ce sont les déplacements du général de Gaulle ou de ses porte-paroles officiels (Jacques Debû-Bridel, André Malraux, Gaston Palewski, Geneviève de Gaulle, le colonel Rémy, Jean Nocher, Robert Boulin) qui popularisent ses discours. À ces occasions, les réunions du RPF sont souvent accueillies par des militants communistes aux cris de « fascistes ! » et des affrontements opposent alors souvent gaullistes et communistes (cf. infra)[11].

Les élections cantonales de 1949 sont un nouveau succès pour le RPF, bien que le score soit en retrait par rapport aux élections municipales de 1947. Ses places fortes sont le nord de la France (au-delà d'une ligne Bordeaux-Genève) : Alsace, Lorraine, Nord, Seine, littoral atlantique jusqu'au Pays basque. En dépit de ses performances électorales, le mouvement connait une chute sensible du nombre de ses adhérents alors même que sa position se renforce dans le milieu étudiant par l'entremise de Pierre Dumas ou de Jacques Dominati.

Élections législatives de 1951

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La préparation des élections législatives de 1951 se fait non sans difficultés et les acceptations ou refus d’investitures de candidats se font dans la discorde, avec plusieurs démissions d’adhérents. Au scrutin législatif, le RPF obtient plus de quatre millions de voix (22 % des suffrages exprimés) et 117 députés, mais le nouveau système électoral dit des « apparentements » limite son succès. L’importante victoire souhaitée à l’occasion de ces législatives n'a donc pas lieu (la direction souhaitait obtenir plus de 200 élus) et les députés RPF ne sont pas assez nombreux pour infléchir la politique sociale, ni les institutions.

Vers la mise en sommeil

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Isolement politique

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Jacques Soustelle, président du groupe RPF à l’Assemblée nationale, est pressenti pour devenir chef du gouvernement lors de la crise ministérielle de , mais renonce en raison de l’opposition du général de Gaulle, hostile à tout compromis avec « le régime des partis ».

Très populaire, Charles de Gaulle écarte toute solution de force préconisée par certains de ses partisans et refuse toute orientation « bonapartiste » du mouvement.

Dans l'opposition, le RPF vit un véritable ostracisme de la part des autres partis politiques alors que certains de ses parlementaires tentent de nouer des contacts, contre l'avis de Charles de Gaulle, qui refuse toute compromission. De ce fait, Jacques Soustelle, un temps pressenti pour prendre la présidence du Conseil, doit renoncer.

Scission de 1952

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En , les dissensions au sein du mouvement finissent par aboutir à une scission. Vingt-sept députés RPF votent l'investiture du gouvernement d'Antoine Pinay, malgré la consigne contraire donnée par le général de Gaulle. Ces parlementaires sont alors exclus du parti. En suivant, quarante-cinq autres députés RPF rompent avec la formation gaulliste. On parle alors de la "scission de 1952" au sein du parti gaulliste.

Échec aux municipales de 1953

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L'année suivante, le , Charles de Gaulle rend leur liberté aux parlementaires après le résultat des élections municipales, à l’issue desquelles le RPF perd la moitié de ses voix et plusieurs des villes conquises en 1947 (Marseille notamment). Le Général explique cet échec par la trahison de la droite, coupable de l'avoir abandonné une fois que la menace communiste avait disparu. Parmi ces personnalités de droite accusées d'opportunisme figurent les députés qui ont investi Antoine Pinay en 1952 (parmi lesquels Édouard Frédéric-Dupont et Henry Bergasse). Le Général après cet échec se retire de nouveau et le RPF connaît des difficultés financières[12].

Tensions internes persistantes

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D'autres imputent l’échec du RPF à des rivalités et ambitions personnelles, au fonctionnement autoritaire du parti ainsi qu’à ses méthodes, trop musclées pour certains, trop timorées pour d'autres. François Mauriac estime que Charles de Gaulle n'aurait jamais dû s'abaisser à entrer dans l'arène politicienne alors que d'autres considèrent que le rassemblement a échoué faute d’un tri suffisant des personnalités ayant rejoint le RPF, allusion faite à certains politiques, comme Édouard Frédéric-Dupont, qui ont voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. En outre, le principe de la double appartenance n’a pas été un succès, les autres partis l'ayant interdite en qualifiant au passage de Gaulle de nouveau général Boulanger.

Les parlementaires restés fidèles au général de Gaulle se retrouvent dans le groupe de l’Union des républicains d'action sociale (URAS), devenu les Républicains sociaux (RS), tandis que les dissidents, derrière Edmond Barrachin, se rassemblent dans l'Action républicaine et sociale (ARS). Lucien Neuwirth, un fidèle du Général, raconte au Figaro Magazine en 1998, les circonstances de la création des Républicains sociaux :

« Après la mise en sommeil du RPF, nous avons fondé les Républicains sociaux. S'y retrouvaient des personnalités politiques comme Michel Debré, Edmond Michelet ou Roger Frey. Des jeunes aussi, comme Guy Ribeaud. Et surtout quelqu'un qui allait jouer un rôle capital par la suite, Léon Delbecque. Les Républicains sociaux avaient tout d'un groupuscule, mais enfin, cette structure nous permettait de survivre. Survivre, il le fallait, parce qu'au fur et à mesure des développements tragiques de l’affaire algérienne, nous sentions que là-bas, tout allait exploser […] L'Algérie, c'était une chaudière […] La IVe République était incapable de résoudre les grands problèmes et notamment ce drame colonial. Tout laissait à penser que la nation allait s'effondrer. De Gaulle était la seule personnalité capable d'empêcher cela[13]. »

Dernières années

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Le vote en 1954 des élus gaullistes participe, avec celui du PCF, à l'échec de l’instauration de la Communauté européenne de défense (CED).

Le , le RPF est officiellement mis en sommeil. Certains membres des jeunes du RPF (JRF, Paris-jeunes) continuent une action solitaire autour du journal Le Télégramme de Paris, future base du mouvement gaulliste de gauche Front du progrès, et du Mouvement pour la communauté (MPC), une organisation de lutte armée contre l'OAS à la fin de la guerre d'Algérie.

Affiche de 1947 appelant à voter pour les listes du RPF.

Opposition à la IVe République

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À son lancement, le programme du Rassemblement du peuple français repose sur quatre axes principaux : réforme de l’État, anticommunisme, alliance capital-travail et souveraineté française dans les colonies[5]. Le but initial du parti est de lutter contre le régime « exclusif » des partis, de s'opposer à l'avancée du communisme et de promouvoir une nouvelle réforme constitutionnelle privilégiant le pouvoir exécutif.

Le RPF est ainsi avant tout destiné à être un instrument de combat contre les institutions de la IVe République et contre les communistes, qualifiés de « séparatistes » par de Gaulle dans son discours du à Rennes. Les discours de Bayeux () et d’Épinal () sont les fondements des propositions gaulliennes en matière institutionnelle. Le Général dénonce un régime où « les marchandages des partis passent avant les intérêts de la France » et soutient le principe d'un exécutif fort procédant du peuple.

Troisième voie économique

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Le , lors d’un discours à Saint-Étienne, Charles de Gaulle insiste sur des propositions en matière socio-économiques, avec notamment l’association capital-travail, consistant à chercher une troisième voie entre capitalisme et collectivisme. Le RPF se dote d'une Action ouvrière (AO) puissante et bien implantée, et se manifeste aussi à travers le syndicalisme indépendant de la Confédération générale des syndicats indépendants (CGSI).

Politique étrangère

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En politique extérieure, le RPF fait part de ses inquiétudes concernant l'avancée du communisme dans l'Union française et la situation en Indochine (de Gaulle exclut tout meeting sur la guerre d’Indochine et salue « avec soulagement et quasi-gratitude une fin scellée » en 1954-1955 par Pierre Mendès-France)[14].

Le parti se méfie de la renaissance de l'État allemand et désapprouve les initiatives européennes de la France (création du conseil de l'Europe, plan Schuman, CECA, et CED). Au nom de l'indépendance nationale, le mouvement gaulliste se montre également de plus en plus hostile à l'évolution des relations transatlantiques et préconise une Europe confédérée basée sur le droit des nations.

Principales personnalités

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Secrétaires généraux

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Autres figures

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Service d'ordre

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Protection des meetings contre le PCF

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Des affrontements entre militants gaullistes et contre-manifestants communistes se multiplient après la fondation du RPF. Dès son célèbre discours de Rennes le 27 juillet 1947, de Gaulle dénonce « ces hommes qui ont fait vœu d’obéissance aux ordres d’une entreprise étrangère de domination, dirigée par les maîtres d’une puissance slave »[7]. Le 20 août suivant, Gaston Palewski et Roger Souchal renoncent à tenir une réunion publique à Longwy en raison de la mobilisation de centaines de mineurs appelés par le PCF[7].

À ses débuts, le service d’ordre (SO) du RPF n’est ni organisé, ni efficace. Entre avril et septembre 1947, encore trop peu fourni, il ne parvient pas à empêcher la perturbation des rassemblements gaullistes par le PCF[16]. Les forces de l'ordre semblant longtemps absentes lors de rassemblements de masse, comme celui du parc de Vincennes le 5 octobre 1947, le RPF se prémunit[17]. Selon d'autres sources, les CRS commencent cependant à jouer leur rôle à cette époque précise[8].

Le gymnase Japy (Paris 11e), où des militants communistes perturbent violemment la tenue d'un rassemblement du RPF, le .

Si seulement quelques réunions sont perturbées, les contre-manifestations sont systématiques, dégénérant volontiers[8], René Serre, pilier du SO à partir de 1947, raconte dans un livre de 1954, la violence de ces affrontements avec l’extrême gauche[18]. Un service d'ordre « musclé » est ainsi progressivement constitué, notamment à la suite des heurts du gymnase Japy à Paris, le 2 septembre 1947[7]. Après ce meeting, où il n'a pas pu parler à la tribune, André Malraux réclame une réunion de la direction du RPF pour renforcer considérablement le service d'ordre[19]. En octobre 1947, il est confié à un proche de Malraux, l'antiquaire Alfred Sambon, un bourgeois parisien sans charisme qui ne donne pas satisfaction[16].

À l'automne 1947 aussi, se multiplient les rapports policiers alarmistes et fausses informations, amenant le RPF à fonder un service de sécurité clandestin et militarisé appelé « Auto-Défense »[7]. En novembre, l'affaire Vincent Voulant de Marseille, dans laquelle le RPF local clame son innocence, fait une mauvaise publicité au mouvement gaulliste et lui donne une réputation criminelle, notamment en Provence, ce qui participe à son déclin électoral[16]. Afin de se couvrir en cas de « bavure », les statuts du SO interdisent tout port d’armes prohibées, mais l’affaire Vincent Voulant montre la difficulté à faire respecter cette consigne[7],[17].

C'est seulement au printemps-été 1948 que le service d’ordre arrive à crédibiliser politiquement le parti et à réunir 15 000 militants comme souhaité, après la reprise en main menée par Dominique Ponchardier début 1948[16],[20]. Il est alors organisé sur un modèle paramilitaire, dans un contexte de grande violences politiques et idéologiques[21].

Renseignements sur le PCF

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Le souci de renseignements sur le PCF intervient aux débuts de la guerre froide, à un moment où les services américains s'inquiètent sérieusement de l'influence grandissante du communisme[22]. En 1947, au moment de la création de la CIA, s'installe dans les milieux dirigeants français l'obsession de « connaître le nombre » de militants du PCF[22]. Inspiré par l’action de l’ex-BCRA, le RPF double son service d’ordre d’un service de renseignement chargé de surveiller les fédérations locales du PCF[7]. Il s'agit de bénéficier d'indiscrétions afin de prévenir les infiltrations/provocations et de repérer les éventuelles menaces[7], ou même rédiger « des rapports mentionnant des noms d'officiers communistes ou supposés tels », notamment les « anciens FTPF intégrés dans l'active » en recourant à des policiers et militaires[17].

Recrutement de militaires

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La composante militaire au sein du parti se renforce progressivement. Dans la zone d'occupation française en Allemagne, le RPF, à ses débuts, recrute dans les casernes[17]. Dans l’Aube, en prévision d'une tentative d’enlèvement communiste, un ancien du réseau Seine-Castille sélectionne des aires d’atterrissage éventuelles pour permettre à de Gaulle de fuir[7]. Dans l'Est de la France comme ailleurs, le SO compte beaucoup de militaires en partance ou de retour d’Indochine[7] ; dans le Haut-Rhin, en février 1951, son nouveau chef est un jeune officier parachutiste de réserve[7]. Les parachutistes forment notamment la majorité du service d’ordre dans le Gers, le Finistère, les Pyrénées-Orientales et le Vaucluse[17]. À Saint-Brieuc, les 80 « paras » du SAS local travaillent en permission pour le RPF. Le gouvernement est même obligé d'écrire à l'état-major, pour demander que les responsables du service d’ordre n’utilisent plus la logistique de l'armée (essence, radio, etc.)[17].

Immeuble situé au 5, rue de Solférino (Paris), siège du RPF puis de la Fondation Charles-de-Gaulle.

Le siège du RPF se situe au 5, rue de Solférino, qui devient ensuite le siège de la Fondation Charles-de-Gaulle[23].

Bilan et héritage

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Pour Charles de Gaulle, selon des propos rapportés par Alain Peyrefitte, le RPF aura été « un demi-succès ou un demi-échec ». Il aurait surtout permis de préparer le « recours » de 1958, avec des réseaux lui permettant de revenir aux affaires et de fonder l'Union pour la nouvelle République (UNR). Jacques Foccart, avant-dernier secrétaire général du RPF, regroupera dans le même temps d'anciens membres du service d'ordre du Rassemblement pour constituer le Service d'action civique (SAC).

Le RPF aura servi également à affirmer une culture politique gaulliste basée sur la fidélité personnelle à l'homme, l'appel du 18 Juin, le souvenir de la Résistance, l'aspiration à la transformation sociale par l'association et l'indépendance nationale.

Après le RPF, une succession de groupes parlementaires et partis gaullistes ou se réclamant du gaullisme sont créés :

Notes et références

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  1. « France Politique - Rassemblement du peuple français (RPF) », sur France Politique (consulté le )
  2. Laurent de Boissieu, « Rassemblement du Peuple Français (RPF) », France Politique,‎ (lire en ligne).
  3. a et b « Le R.P.F. aura bientôt un million d’adhérents », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Jean-Louis Rizzo (préf. Alfred Gilder), De Gaulle, le gaullisme et la République, Glyphe, coll. « Histoire et Société », , 228 p. (ISBN 9782352851288).
  5. a b c et d « Le 14 avril 1947, le général de Gaulle lance le Rassemblement du peuple français », La Croix, 14 avril 2017 (lire en ligne)
  6. 409 579, selon Georgette Elgey dans La République des illusions, première partie de Histoire de la IVe République, Fayard, Paris, 1993, p. 491.
  7. a b c d e f g h i j k et l François Audigier, dans « Une violence militante de faible intensité : le choc gaullistes-communistes dans l’Est », ouvrage collectif Gaullisme et gaullistes : dans la France de l'Est sous la IVe République, aux Presses universitaires de Rennes, 2009.
  8. a b et c "Une matraque républicaine ? Genèse et pérennisation des compagnies républicaines de sécurité 1944-1955" , Mémoire de DEA sous la directions de Serge Berstein à l'IEP de Paris, Cycle Supérieur d’Histoire du XXe siècle, par Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences en sociologie, spécialiste des questions de police [1]
  9. a b et c Anne-Laure Ollivier, « Gaullistes et socialistes au prisme du pouvoir local : l'exemple de Marseille (1947-1977) », revue d'histoire Vingtième Siècle, 2012 (lire en ligne).
  10. Jean-Paul Brunet, « Un fascisme français : le Parti populaire français de Doriot (1936-1939) », Revue française de science politique, 1983, volume 33, numéro 2, p. 255-280.
  11. Rémi Kauffer, Histoire secrète de la Ve République, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 752 p. (ISBN 978-2-7071-4902-2, lire en ligne), « L'opération Résurrection : la Ve République naît d'un coup d'État », p. 21-32.
  12. Georgette Elgey, Histoire de la Quatrième république, Bouquins, p. 463.
  13. Lucien Neuwirth, entretien avec Le Figaro Magazine du 5 avril 1998, par Rémi Kauffer.
  14. Maurice Vaïsse et Alain Bizard, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation ?, par Maurice Vaïsse, chapitre "Varus qu'a tu fait de mes légions", rédigé par Jean-Pierre Rioux, aux Editions Complexe, 2000 (OCLC 44883311), page 24.
  15. Jean Lacouture, De Gaulle, Le Seuil, Paris, 1984, 1985 et 1986.
  16. a b c et d "Histoire du SAC: Les gaullistes de choc 1958 - 1969" par François Audigier, Place des éditeurs, en 2021 [2]
  17. a b c d e et f "Évolution du service d'ordre gaulliste des années cinquante aux années soixante : quand la modernisation partidaire passe par la pacification militante", contribution de François Audigier à l'ouvrage collectif Les partis et la République: La recomposition du système partisan, 1956-1967 sous la direction de Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier aux Presses universitaires de Rennes, en 2007 [3]
  18. René Serre, Croisade à coups de poings, éditions André Martel, 1954.
  19. "L'Homme de l'ombre. Eléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve" par Pierre Péan en 2014 aux Editions Fayard [4]
  20. "Les prétoriens du général : gaullisme et violence politique de 1947 à 1959" par François Audigier aux Presses universitaires de Rennes, en 2018
  21. « Les prétoriens du Président », par Jean Pierre RIOUX, historien, dans Ouest-France le 30/10/2018 [5]
  22. a et b "Punir les opposants - PCF et procès politique (1947-1962)" par Vanessa Codaccioni en 2013 [6]
  23. Bernard Lachaise, « Rue de Solférino : no 5 ou no 10 ? RPF ou PS ? », charles-de-gaulle.org, consulté le 25 novembre 2015.

Bibliographie

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Témoignages et souvenirs

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Liens externes

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