Thomas Lacomme
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Talks by Thomas Lacomme
La concession du duché de Bourgogne en 1363 à Philippe le Hardi, fils du roi de France, et son mariage avec l’héritière Marguerite de Flandre en 1369 confère à cette principauté un caractère bicéphale. Ce rassemblement de territoires disjoints impose aux ducs et duchesses une itinérance perpétuelle et une gestion accrue de leur communication politique. Dès le règne de Philippe le Hardi (1363-1404), le couple princier, en tant qu’unité solidaire d’action et de décision, apparaît comme l’un des supports privilégiés de celle-ci. Face à l’agrégation continue de nouvelles terres à l’État bourguignon, entre les XIVe et XVe siècles, chaque membre du couple ducal sillonne la principauté afin de marquer leur autorité. Si Élodie Lecuppre-Desjardin a pu insister sur l’utilisation importante de l’espace public urbain comme support de la légitimité des ducs de Bourgogne, les collégiales des Pays-Bas bourguignons sont aussi des lieux privilégiés pour leur communication symbolique. Il s’agira d’interroger comment ces espaces, supports des cérémonies ducales, permettent d’ancrer la souveraineté des couples princiers dans des territoires acquis par différentes voies, faisant des collégiales des centres du pouvoir.
Les cérémonies organisées par les couples princiers, par leurs enjeux politiques et leur dimension symbolique, s’inscrivent dans le cadre d’une réappropriation des collégiales. Elles sont d’autant plus cruciales lorsqu’elles mettent en scène la continuité dynastique. Les baptêmes, les mariages et les funérailles relatés par les chroniqueurs sont des temps forts qui mettent en jeu la pérennité du pouvoir et qui seront ici retenus. Au prisme de ces instants particuliers, on peut distinguer trois stratégies territoriales et symboliques des couples princiers en leurs collégiales.
Le choix de la collégiale leur permet de manifester une légitimité à gouverner un territoire. Ainsi, lorsque Philippe le Hardi organise en 1384 de fastueuses funérailles pour son beau-père Louis II de Male, il s’illustre en tant que successeur. Cette appropriation de l’espace collégial de Saint-Pierre de Lille traduit en réalité une prise de possession beaucoup plus large du comté de Flandre. Cette captation de l’héritage de sa femme est renforcée par l’inhumation de sa veuve au sein de cette même collégiale. Ce choix reflète les stratégies territoriales suivies par le couple afin de se rendre présent dans les Pays de par-delà que les pays d’en-deçà. Ils font de cette collégiale un support de leur légitimité. Dans un second temps, par le décor héraldique, le mobilier, la présence des membres de la cour, les princes et princesses donnent à voir dans leurs collégiales la réunion de plusieurs territoires afin de former un ensemble cohérent. Les baptêmes, mariages et obsèques des Bourgogne-Habsbourg de la fin du XVe siècle sont l’occasion d’associer symboliquement les Pays-Bas Bourguignons aux possessions habsbourgeoises puis au trône de Castille. Les chroniques très précises de Jean de Molinet donnent à voir ces syncrétismes pour le baptême de Marguerite d’Autriche (1479), de Philippe Ier (1481) et d’Éléonore de Habsbourg (1498) dans la collégiale de Sainte-Gudule à Bruxelles. Enfin, si les cérémonies font l’objet d’une mise en scène emblématique fastueuse, celle-ci n’en demeure pas moins temporaire. Il s’agira dans un troisième temps d’interroger la temporalité de la présence des princes et princesses en leurs collégiales. Les dons réalisés par ces derniers visent à la rendre pérenne. Les commandes effectuées à Saint-Gommaire de Lierre, lieu du mariage de Philippe le Beau et Jeanne de Castille en 1496, soulignent une volonté d’ancrer la présence ducale sur le temps long dans un contexte de compétition territoriale. En d’autres termes ces trois temps, nous permettront de mieux cerner la manière dont les couples princiers bourguignons et habsbourgeois se réapproprient des collégiales les mettant au centre de leur communication politique au XIVe-XVe siècle.
La concession du duché de Bourgogne en 1363 à Philippe le Hardi, fils du roi de France, et son mariage avec l’héritière Marguerite de Flandre en 1369 confère à cette principauté un caractère bicéphale. Ce rassemblement de territoires disjoints impose aux ducs et duchesses une itinérance perpétuelle et une gestion accrue de leur communication politique. Dès le règne de Philippe le Hardi (1363-1404), le couple princier, en tant qu’unité solidaire d’action et de décision, apparaît comme l’un des supports privilégiés de celle-ci. Face à l’agrégation continue de nouvelles terres à l’État bourguignon, entre les XIVe et XVe siècles, chaque membre du couple ducal sillonne la principauté afin de marquer leur autorité. Si Élodie Lecuppre-Desjardin a pu insister sur l’utilisation importante de l’espace public urbain comme support de la légitimité des ducs de Bourgogne, les collégiales des Pays-Bas bourguignons sont aussi des lieux privilégiés pour leur communication symbolique. Il s’agira d’interroger comment ces espaces, supports des cérémonies ducales, permettent d’ancrer la souveraineté des couples princiers dans des territoires acquis par différentes voies, faisant des collégiales des centres du pouvoir.
Les cérémonies organisées par les couples princiers, par leurs enjeux politiques et leur dimension symbolique, s’inscrivent dans le cadre d’une réappropriation des collégiales. Elles sont d’autant plus cruciales lorsqu’elles mettent en scène la continuité dynastique. Les baptêmes, les mariages et les funérailles relatés par les chroniqueurs sont des temps forts qui mettent en jeu la pérennité du pouvoir et qui seront ici retenus. Au prisme de ces instants particuliers, on peut distinguer trois stratégies territoriales et symboliques des couples princiers en leurs collégiales.
Le choix de la collégiale leur permet de manifester une légitimité à gouverner un territoire. Ainsi, lorsque Philippe le Hardi organise en 1384 de fastueuses funérailles pour son beau-père Louis II de Male, il s’illustre en tant que successeur. Cette appropriation de l’espace collégial de Saint-Pierre de Lille traduit en réalité une prise de possession beaucoup plus large du comté de Flandre. Cette captation de l’héritage de sa femme est renforcée par l’inhumation de sa veuve au sein de cette même collégiale. Ce choix reflète les stratégies territoriales suivies par le couple afin de se rendre présent dans les Pays de par-delà que les pays d’en-deçà. Ils font de cette collégiale un support de leur légitimité. Dans un second temps, par le décor héraldique, le mobilier, la présence des membres de la cour, les princes et princesses donnent à voir dans leurs collégiales la réunion de plusieurs territoires afin de former un ensemble cohérent. Les baptêmes, mariages et obsèques des Bourgogne-Habsbourg de la fin du XVe siècle sont l’occasion d’associer symboliquement les Pays-Bas Bourguignons aux possessions habsbourgeoises puis au trône de Castille. Les chroniques très précises de Jean de Molinet donnent à voir ces syncrétismes pour le baptême de Marguerite d’Autriche (1479), de Philippe Ier (1481) et d’Éléonore de Habsbourg (1498) dans la collégiale de Sainte-Gudule à Bruxelles. Enfin, si les cérémonies font l’objet d’une mise en scène emblématique fastueuse, celle-ci n’en demeure pas moins temporaire. Il s’agira dans un troisième temps d’interroger la temporalité de la présence des princes et princesses en leurs collégiales. Les dons réalisés par ces derniers visent à la rendre pérenne. Les commandes effectuées à Saint-Gommaire de Lierre, lieu du mariage de Philippe le Beau et Jeanne de Castille en 1496, soulignent une volonté d’ancrer la présence ducale sur le temps long dans un contexte de compétition territoriale. En d’autres termes ces trois temps, nous permettront de mieux cerner la manière dont les couples princiers bourguignons et habsbourgeois se réapproprient des collégiales les mettant au centre de leur communication politique au XIVe-XVe siècle.