Caietele Echinox, 42/ 2022 : Les Imaginaires du féminin / masculin
53
Blanca Solares
Figures androgynes de la
Vieille Europe et du Mexique Ancien
Androgynous Figures of Old Europe
and Ancient Mexico
Abstract: The symbolic images of the
persistent research for integration or synthesis
of opposites have been expressed throughout
history, in the myth and in an abundant set
of plastic, poetic and literary works. In what
follows, from some examples of the European
Neolithic (7000-3500 B.C.) and the Pre-classic
period of Ancient Mexico (2500-1500 B.C.),
this symbolism of duality is emphasized as
expression of the continuing human quest for
completeness.
Keywords: Androgyny; Marija Gimbutas; Erich
Neumann; Old Europe; Zohapilco.
Blanca Solares
Universidad Nacional Autónoma de México,
Campus Morelos, México
bsolares@unam.mx
DOI: 10.24193/cechinox.2022.42.04
À mes amis : Ruxandra et Corin
Introduction
Dieu : jour et nuit, hiver été, guerre paix,
abondance, famine – tous les contraires.
Héraclite
L
a recherche de l’unité masculin-féminin à travers ses images conceptuelles
et affectives, nous dévoile une nécessité
psychique, présente depuis les premières
étapes de l’Histoire. Cependant, l’interprétation moralisante de ce sujet mythique si
ancien a été souvent condamnée au cours
de l’histoire de la culture, comme un pur
hermaphroditisme morbide, voire satanique. Comme il est dit dans un essai décisif à propos de l’androgynie écrit par Mircea Eliade, quand l’esprit n’est plus capable
de percevoir sa signification métaphysique,
l’androgyne ne signifie plus que seulement
l’hermaphrodite, dans lequel les deux sexes
coexistent de manière anatomique et physiologique ; il n’est plus une complétude
liée à la conjonction harmonieuse des sexes
dans un seul être, mais une complétude liée
à la surabondance de possibilités sexuelles.
Au lieu de le percevoir comme une image
54
Figure 1. Figure féminine 5000-4600 av. J.-C. Musée
National d’Histoire de Roumanie (Bucarest). Chez :
Anthony, David W. et Y. Chi, The Lost World of
Old Europe. The Danube Valley, 5000-3500 BC. New
York-Princeton University Press. Institute for the
Study of the Ancient World, 2010, p. 36.
symbolique d’un nouveau type d’humanité dans laquelle l’union des deux sexes
appelle au développement d’une nouvelle
conscience de son interdépendance avec
l’unité créative de ce qu’on appelle le Tout,
sa signification est réduite à une confusion sensuelle des deux sexes dans un seul
corps1.
La conception moralisante et condamnatoire de l’hermaphroditisme fut encouragée principalement par l’imposition du christianisme en Europe ainsi qu’en Amérique au
XVIe siècle, après la découverte du Nouveau
Monde. La récupération de la signification
spirituelle de l’androgénie fut reprise en
Europe au XIXe siècle avec le Romantisme,
même si Novalis, Nerval ou Balzac ignoraient que la bisexualité avait été considérée
depuis les stades les plus archaïques de la
culture, comme un état idéal ou un modèle
qui constituait symboliquement (et au-delà
des organes sexuels) une unité des puissances
magico-religieuse des deux sexes2.
Déesse androgyne du Néolithique
(7000-3500 av. J.C.)
P
armi les découvertes archéologiques
les plus importantes du XXe siècle,
Blanca Solares
il est nécessaire de souligner les explorations réalisées par Marija Gimbutas
dans la bande du Danube ; ses trouvailles
datent de la période Néolithique. Cette
vaste bande, qui englobe actuellement plusieurs pays d’Europe de l’Est fut désignée
par l’éminente archéologue lituanienne, la
Vieille Europe3.
Le nom qu’elle a choisi nous permet
une compréhension caractéristique des
premières assises sédentaires qui datent
du Néolithique européen. En effet, le
nom de Vieille Europe évoque une certaine
unité, vu que, malgré la vulnérabilité dans
laquelle ses membres vivaient, ils n’avaient
pas construit de murs de défense. Il n’y a
aucune trace d’activité militaire, et même
s’il y avait une activité métallurgique, il n’y
a pas preuves que cela fût pour fabriquer
des armes4. Apparemment, elles étaient des
sociétés pacifiques et fraternelles, à caractère probablement matrifocal ou matrilinéaire ; installées dans des petits villages
de la vallée, et sans murailles. Dans l’ensemble des découvertes, il est à souligner
un groupe de figurines que M. Gimbutas
a classifié comme expressions plastiques
d’une déesse bisexuelle (Figure 1).
Cette déesse androgyne aux bras croisés et aux hanches exubérantes est une
représentation caractéristique du Néolithique. Elle est, d’habitude, sculptée avec
une tête et un cou cylindriques, et des
fesses et des seins ovoïdaux. Cette vierge
néolithique est presque aussi corpulente
que la Vénus paléolithique, spécialement
dans le centre de l’Anatolie et de la région
de l’Égée.
La tête a une forme phallique et
l’absence de traits du visage permet de
lui conférer une nature androgyne5. La
« bisexualité » de la divinité se dévoile dans
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
une forme de cou long et accentué comme
celui d’un oiseau, symboliquement lié aussi
au serpent depuis le Paléolithique supérieur et les millénaires qui ont suivi. Cette
fusion entre l’oiseau et le serpent rappelle
aussi l’état de participation mystique entre
les animaux volants et les animaux terrestres, qui est aussi propre à cette période.
En exagérant la partie génitale, les
bras de ces figurines tendent à être positionnés sur le ventre ou croisés sous la
poitrine, comme dans le cas des déesses
de Lespugue et Willendorf, appartenant
au Paléolithique. Ce trait est aussi une des
caractéristiques des déesses des gisements
de Hacilar, Sésklo et Starcevo dans le centre
de l’Anatolie, aussi bien que dans la région
de l’Égée et dans la Péninsule Balkanique.
La façon dont elles ont été déposées sur
les tombes, nous suggère un lien avec la
mort, même si leur première fonction était
de générer une force vitale. Il s’agit d’un
symbole appartenant à une communauté,
qui selon M. Gimbutas, était saisie par les
questions de la vie et de la mort :
Comme l’Être Créateur, suprême, qui
crée à partir de sa propre substance,
elle est la Déesse fondamentale de la
Vieille Europe. En cela, elle marque un
contraste avec la Mère Terre indoeuropéenne, qui est l’aspect intangible
esprit-terre sacré, et qui n’est pas en
elle-même, une force créatrice ; elle ne
tombe enceinte qu’à travers l’interaction du dieu-ciel masculin6.
Selon M. Gimbutas, cette déesse fut
certainement une Mère Terrible, peut-être
désireuse de sang humain et animal, à travers des sacrifices rituels. Mais, il ne faut
pas oublier que, pendant cette période, il
55
n’y a pas à proprement parler d’image isolée
et reconnaissable d’une Mère Terrible, et
que les aspects de la vie et de la mort, sont
souvent liés7. Ces petites divinités étaient
déposées sur des tombeaux pour stimuler
et perpétuer les pouvoirs procréateurs du
mort. Comme la déesse Ninhursag sumérienne qui donnait la vie aux morts, ici : «
Ses mains et sa musique magique servaient
pour libérer les forces de la vie » 8.
Pendant 4000 ans, sa représentation
n’a pas changé si ce n’est que très légèrement, et cela de façon graduelle ; elle pouvait être constituée de terre, mais aussi de
marbre et même d’or.
Son triangle pubien très accentué
pourrait avoir un lien avec le concept de «
Sein de la Grand-Mère » ou « Giron de la
reine souterraine », mais comme M. Gimbutas le souligne, elle n’était pas entièrement féminine mais androgyne.
Ici, l’androgyne primordial comporte
une similitude avec la structure de la cosmogonie : au début, c’était le chaos, une
totalité compacte. Comme toute chose
était contenue dans la grande mère, elle
a incarné pendant longtemps les attributs masculins et féminins. Sa bisexualité
divine met en lumière son pouvoir absolu.
Le divorce de ses attributs masculins ne
pouvait se produire que plus tard.
La plupart des vases trouvés dans ce
lieu suggèrent un usage rituel. Les décors
font allusion à l’idée d’intégrer, unifier,
totaliser et abolir les contraires, ou rassembler ce qui est fragmenté. La perfection
est conçue comme un état sphérique, le
symbole de la totalité ou de l’œuf cosmologique (Figures 2 et 3). À travers le rite du
sacrifice, les membres séparés étaient unis,
et l’être divin, immolé, était reconstitué in
illo tempore.
56
Blanca Solares
Figure 2 (à gauche). Vase. Terre cuite. Cucuteni. Ghelaiesti-Nedeia, 3700-3500 av. J.-C. Chez : Anthony,
David W. et J.Y. Chi, The Lost World of Old Europe, p.
147.
Figure 3 (à droite). Vase biconique. Terre cuite.
Cucuteni. Vorniceni-Pod Ibabeasa, 3700-3500 av. J.-C.
Chez : Anthony, David W. et J.Y. Chi, The Lost World of
Old Europe, p. 147.
Figure 4 (à gauche). Terre cuite. 7mm. Millénaire av.
J.-C. Musée archéologique d’Olteniţa, Roumanie.
Chez : Claudine Cohen, La femme des origines. Images
de la femme dans la préhistoire occidental, Francia Éd.
Berlin-Hercher, 2003, p. 171.
Figure 5 (à droite). Double tête. Terre cuite. 6.9
cm. Vinca, Rast, 5000-4500 a. C. Vinca tardif. Chez:
Anthony, David W. y J. Y. Chi, The Lost World of Old
Europe, p. 231
La sculpture presque miniature que
nous connaissons sous le nom de :« Les
aimants de Gumelnita » (Roumanie),
montre les caractéristiques sexuelles de
chacun des personnages indiqués de
manière sommaire (Figure 4). Ce couple,
datant du Néolithique, est une figure de
complicité, d’harmonie et d’égalité. En étant
l’habitant du monde, l’homme est constitué
par des contraires ; cependant, les contraires
peuvent être dépassés d’une certaine
manière et être réalisés dans le propre corps
et dans le propre esprit (Figure 5). Également, le « Penseur », qui a pris son nom de
la sculpture de Auguste Rodin, semble être
complètement submergé dans une réflexion
existentialiste, malgré l’énorme distance
qu’il a avec l’existentialisme philosophique.
Il ne semble pas être accablé par l’immédiat
(Figure 6). Il donne l’impression, plutôt,
de vivre une sorte de stupéfaction, dans la
constatation de son déchirement ou de sa
séparation vis-à-vis de « quelque chose »
d’assez puissant et de complètement différent de lui- même ; comme suspendu dans
un « état » atemporel d’admiration, de tristesse ou de désir.
Il fut déposé sur un tombeau, à côté
d’une figurine féminine, probablement une
représentation de la Grande Déesse. Il est
assis sur un tabouret, incliné et soutient
sa tête avec ses bras qui semblent être des
colonnes, tout en posant les coudes sur les
genoux. Ses jambes sont énormes et semblent
figées comme s’il s’agissait d’un trône ; les
traits de son visage sont à peine identifiables,
pas de modelage pour les mains. La Grande
Déesse est aussi une pièce unique d’artisanat. Elle est assise, avec les bras posés sur ses
jambes croisées. Son triangle pubien et son
cou immense et cylindrique, sont typiquement caractéristiques de la période.
Les deux têtes semblent porter un
masque ; elles sont plates avec des perforations dans les parties supérieures. Elles
sont tellement semblables qu’on pourrait
penser à un même sculpteur. Elles ont été
considérées parmi les meilleures sculptures
du Néolithique balkanique9.
Nous devons à la grande exploratrice
du Danube, M. Gimbutas, la découverte
et la classification minutieuse des pièces
trouvées que nous ont permis d´élargir et
d´enrichir notre regard sur la Préhistoire.
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
Dans une perspective psycho-historique
comme celle d’Erich Neumann, collaborateur proéminent de C.G. Jung et du Cercle
Eranos, ces représentations font partie de
la première phase de développement d’une
conscience humaine que nous pourrions
qualifier d’« ouroborique ». Dans ces représentations, les traits du masculin et du
féminin sont mêlés de manière indéterminée mais elles vont commencer à se
différencier dans le devenir historique et
psychique de la culture, jusqu’à ce qu’ils
se retrouvent dans une nouvelle Unité ;
cependant, il s’agit d’un processus qui est
toujours en risque de régression10.
La dualité dans la tradition du
Mexique Ancien11
a. La figurine androgyne de
Zohapilco
L
a dualité et le polythéisme sont deux
traits constitutifs et fondamentaux
de la pensée religieuse dans le Mexique
Ancien (2500 av. J.-C. – 1500 av. J.-C.).
C’est peut-être la figurine de Zohapilco,
qui reste la plus archaïque expression plastique de cette pensée dualiste. C’est en
effet la plus ancienne pièce en argile de la
période préclassique, provenant du haut
plateau mexicain.
Selon Christine Niedeberger12,archéologue du site, les découvertes de Zohapilco
ne correspondent pas de façon exacte au
moment de civilisation qu’avaient atteint
les Olmèques (jusqu’à présent, considérée
comme la plus archaïque de la région). Par
contre, ces découvertes mettent en lumière
l’existence des occupations humaines dans
cette région, ayant lieu cinq millénaires
avant notre ère. L’excavation nous a laissé
57
Figure 6. Le Penseur de Cernavodă et Figure féminine. Terre cuite. Harangua, Cernavodă, 5000-4600
a. C. Chez : de Anthony, David W. y J. Y. Chi, The Lost
World of Old Europe, p. 123.
1207 figurines et plusieurs fragments ;
parmi les figurines, la plus surprenante de
toutes ou la plus énigmatique fut celle de
Zohapilco, restée enterrée à côté des foyers
pendant 4200 ans, et découverte seulement
en 196913.
Pour Ch. Niedeberger, la figurine de
Zohapilco évoquerait une représentation
anthropomorphique d’un genre inconnu,
et cela est évident par sa spécificité stylistique ainsi que par son contexte culturel et
chronologique :
Un corps cylindrique, légèrement
aplati dans la partie frontale, nous
laisse voir une silhouette générale
seulement caractérisée par une continuité plastique entre tête et torse
sans la présence de bras ni d’articulations. Son visage est particulièrement
stylisé, et son vertex est légèrement
arrondi. Son front est embryonnaire.
La ligne horizontale forme un T avec
un nez modelé, proéminent et arqué.
La ligne moyenne du nez sépare le
visage en deux plans symétriques. Le
contour du visage un peu rectangulaire a quatre cavités, représentant les
deux yeux. L’absence de bouche est
emblématique. La partie inférieure
de la silhouette est caractérisée par un
grand ventre repérable par le nombril,
58
Blanca Solares
Figure 7. Figurine de Zohapilco. Chez : Ch. Niedeberger, Zohapilco, Feuille XCV et photo 16.
et par les deux petites jambes en forme
de bulbes. Sa taille est de 5.2. cm.14
(Figure 7)
Dans une perspective plastique et à
l’intérieur d’une analyse structurelle, ces
modalités d’expression l’inscrivent dans les
sociétés du début de la période néolithique.
Il s’agit de figures aplaties, cylindriques,
sans bouche et avec des bras très courts. Ce
genre d’expression est aussi présent dans
le Proche-Orient, l’Europe Archaïque, le
Sahara Central, dans les cultures sud-américaines El Molle et Diaguita, dans le complexe Faldas del Morro (Chili), et dans la
phase Machalilla de la côte équatorienne.
Selon Ch. Niedeberger « La figurine de
Zohapilco fait partie de ces représentations
anthropomorphiques parfaites15».
Ces figurines sans bouche et sans dents,
ou « muettes », sont associées à une finalité
essentiellement funéraire. Le grand érudit de
la Préhistoire, Henri Breuil, y trouve aussi un
symbole androgyne. Contrairement à l’idée
d’un développement matériel coupé de toute
expression artistique, étranger aux manifestations psychiques et spirituelles, cette
petite figure en argile cuite est une preuve
tangible et schématique d’une conception du
monde centrée dans le mystère de la vie et
de la fécondité ; peut-être même l’expression
d’une image cosmogonique capable d’intégrer le tout, dans le début de l’ère agricole.
La figurine de Zohapilco, ce visagetorse, nous rappelle les vestiges du Paléolitique Supérieur en Europe et en Sibérie,
les figures rigides et schématiques retrouvées à Mezin et à Petersfals, dans lesquelles
nous pouvons repérer un attribut bisexuel,
suggéré par la présence de longs cous liés
à l’oiseau (Figure 8). D’un autre côté, cela
nous rapproche des vestiges de Vinça que
nous avons cités auparavant, dans lesquels
le cou est spécialement long et qui selon
M. Gimbutas est un symbole phallique.16
La partie supérieure du torse de la
figurine de Zohapilco, avec les jambes bulbeuses (malheureusement fragmentées)
sont proches de ce symbolisme. Le symbole
phallique nous montre ici l’importance que
tenaient les pouvoirs spontanés de la vie
dans ce milieu. Il n’y a aucune connotation
obscène ni aucun signe de suprématie masculine. Dans un contexte rituel et religieux,
c’était une forme de catharsis et non pas
une pure idolâtrie vis-à-vis de la reproduction. La figurine de Zohapilco nous parlerait d’un temps reculé, dans lequel aussi
bien que dans la Vieille Europe, le ProcheOrient, l’Inde archaïque et l’Amérique
Moyenne, le monde du mythe n’était pas
polarisé à la façon antagonique du féminin
et masculin. En effet, les deux principes
étaient manifestés conjointement comme
des aspects d’une même totalité. La divinité
masculine sous la forme phallique affirme
les forces féminines actives et créatrices, et
vice-versa. Aucune d’elles n’est subordonnée à l’autre, mais bien au contraire, elles se
complémentent dans un double pouvoir, et
une puissance de polarité vitale unifiée.
Les aspects symboliques sacrés de la
sexualité archaïque qui seront développés
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
de manière exubérante dans les cultes religieux aux quatre coins du monde, surtout
à partir du Néolithique, où le phallus est
exposé et les êtres ithyphalliques ou les
hybrides androgynes sont célébrés avec une
vulve, des seins et tous les attributs du sexe
féminin, nous conduisent de façon nécessaire à considérer qu’une grande partie des
cultures préhistoriques, et même si nous
prolongeons le temps jusqu’aux civilisations anciennes, fêtaient le phallus dans un
sens de pouvoir non agressif. Il n’était pas
menaçant ni menacé, mais compris au sein
même des cultes voués à la Déesse ou aux
mystères de la féminité.
Rappelons-nous, à titre d’exemple, la
régénération des attributs d’Osiris grâce à
Isis, dans l’ancien Egypte ; le rôle de Priape
dans le cortège de Dionysos et le lien de
son culte avec les mystères d’Éleusis ; et les
fêtes de régénération de la déesse Tlazoltéotl, parmi les Aztèques, beaucoup plus
tard17. Ces cérémonies dans lesquelles
convergent le caractère sacré du couple et
la projection religieuse dans une hiérogamie aux dimensions cosmiques, fait penser
que probablement, d’une certaine façon,
c’est à partir de ces archétypes que se sont
façonnés les comportements sexuels de
l’humanité dans son histoire.
b. Représentations féminines
biphasiques de Tlatilco
Dans la proximité de Zohapilco-Ixtapaluca, nous trouvons le site archéologique Tlatilco, dans la commune de
Naucalpan, faisant partie aujourd’hui de
la banlieue de la ville de Mexico. Depuis
1500 av.J.-C. jusqu’à 150 ap. J.-C., Tlatilco
s’est épanouie comme un centre culturel
de la période préclassique. Ce fut une des
59
Figure 8. Stylisations de la Déesse oiseau, appartenant au Paléolithique Supérieur, décorées avec
méandres, sous sections, zigzags et lignes parallèles.
Prises par derrière, devant et de profil. Mezin, Ouest
de l’Ukranie. Chez Gimbutas, M., Dioses y Diosas…, p.
154.
régions naturellement les plus riches du
point de vue géographique et biologique.
Les découvertes les plus frappantes dans
l’exploration de la région furent une quantité énorme et très diverse de sépultures.
Le degré de sophistication et de formalisation du culte funèbre nous laisse voir
une ritualité collective aux proportions
immenses dominant la vie du lieu. Leur
production en poterie reflète une constante
et fébrile dévotion aux moments érotiques,
festifs et lucides dans un véritable culte à
la nudité et à la décoration du corps. Au
centre de cet univers, le foyer central est
occupé par des statuettes féminines colorées, avec quelques ornements, comme des
robes et des coiffures très stylisées. Il y en
a de tous les âges et dans les attitudes les
plus inattendues. Les plus nombreuses
sont celles que les archéologues appellent
Pretty Ladies, femmes belles, extrêmement
gracieuses ; elles sont d’habitude toutes
nues, d’une grande beauté et d’une certaine
élégance.
Nous ne prétendons pas développer
ici un canon de représentation caractéristique, mais nous voulons seulement l’énoncer pour regarder avec plus d’attention la
60
figurine qui parmi toutes, est peut-être la
clé énigmatique de la représentation de
la dualité dans le Mexique ancien et dans
la culture universelle : les représentations
féminines bicéphales de Tlatilco18.
Selon P. Westheim19, un historien
reconnu de l’art précolombien, nous pouvons penser que la duplication des têtes
des statuettes, documente l’axe symbolique
de la polarité Vie / Mort, laquelle est liée
à une fonction « psychopompe » ou de
compagnonne rajeunissante du cadavre
dans le sein du tombeau. Il ne s’agit pas
d’un pur fétiche de fertilité ou de représentation d’êtres difformes ou anormaux,
mais bien au contraire, du symbole d’une
double vitalité. Cette catégorie fondamentale, que Marija Gimbutas trouvait à la fois
dans la Méditerrané et au Proche-Orient,
est aussi valable pour ces représentations : «
La Déesse distributrice de la mort est une
contrepartie de la destinée que nous offre
la vie ».
Même si la statuette à double tête de
Tlatilco est une image quintessentielle de
la tension « dithyrambique » entre Vie et
Mort, elle ne possède pas uniquement cet
axe, elle comporte aussi une autre direction
sui generis.
L’oscillation métaphorique de la
double tête de cette statuette rend visible
un événement symbolique, ou un mystère
incarné, qui agit comme une parthénogenèse interne, une connaissance du sacré.
Cette synthèse incroyable au caractère
esthético-religieux d’une configuration
sculpturale de la jeune fille à double tête de
Tlatilco, apparaît comme l’union de deux
axes du sens de l’existence, de l’origine et
de la double destinée : Vie/ Mort ; « belle
fille »/ prêtresse initiée par les mystères de
la Déesse Mère.
Blanca Solares
Ces quatre aspects symboliques constituent sa complétude féminine déterminée
comme une expression historico-concrète
dans l’horizon psycho-social de l’ouroboros matriarcal, pour emprunter le terme
employé par Neumann20. De telle façon
que, si la séquence interprétative que nous
proposons ici est valable, les statuettes sont,
tout en étant le cœur du complexe céramique
de Tlatilco, non pas de pures idoles liées à
une certaine magie vouée à la fécondité,
mais le pouvoir même de la procréation,
l’élément d’un culte sophistiqué pour acquérir l’attribut ou le don que la Magna Mater
fait à ses filles, les prêtresses, à travers un
rituel, et de façon panthéiste à tous les êtres
de la nature. M. Gimbutas nous rappelle :
La Déesse du Paléolithique et du
Néolithique, créatrice de la vie par
elle-même, réalise en soi le pouvoir
de la parthénogenèse. C’est la Déesse
vierge primordiale capable de se
féconder elle-même ; elle a survécu
des nombreuses formes de culture
jusqu’à nos jours21.
Dans les figures bicéphales de Tlatilco,
la tension symbolique entre Vie et Mort
arrive à l’intérieur de la femme elle-même,
comme si la petite sculpture voulait capturer ce moment de séparation originelle,
cette transition du devenir ; la métamorphose intime qui va de la jeune innocente
(pousse verte de maïs) vers la femme mature
initiée dans les mystères de la vie, douée
de toute capacité et aptitudes physiques,
psychiques et spirituelles, pour les exercer
à partir d’elle-même, en étant toute prête
pour la récolte.
Nous croyons que, dans ce carrefour
énigmatique, dans cette expérience de
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
Figure 9. Figurines féminines. Prises chez R. García
Moll y M. Salas Cuesta, Tlatilco. De mujeres bonitas,
hombres y dioses, México, Conaculta, 1998.
frontière entre la jeune fille innocente et la
femme mature, entre la vierge et la prêtresse
liée au savoir propre de la vie et de la mort,
se trouve la clé hermétique (E. Trías) des
figurines à double tête et double face de
Tlatilco, une image qui dévoile d’une façon
toute nouvelle un cercle rituel : la célébration jaillissante, de l’intérieur de son centre,
de sa puissance magique (Figure 9).
C’est une déité féminine qui fait pousser comme des bourgeons de son corps,
toutes les oppositions vitales des êtres. En
elle et à partir d’elle, il y a une conjugaison de la bipartition du monde. Son propre
corps, c’est-à-dire son être même, bifurque
au sein du mystère. La jeune fille est traversée par une force sacrée ou un axe d’initiation la transformant de « belle fille » à vierge
prêtresse consacrée à la Déesse Mère.
c. Le principe dual avant la
Conquête
L
a pensée dualiste dans la tradition
mésoaméricaine comporte un haut
degré de complexité symbolique. C’est
à l’origine d’une période très ancienne,
avec quelques variables significatives que
continuerons tout au long de son histoire.22 (Figure 10) Jusqu’au XVIe siècle
dans la tradition précolombienne, et même
61
Figure 10. Stèles 19 y 20 d’Izapa, Chiapas (400 av.
J.-C. - 200 ap. J.-C.). Selon G. W. Lowe, il est possible
qu’il s’agisse de représentations du principe masculin et féminin. Dans la première, la V nous montre un
cercle tout en bas, cela peut faire appel à l’utérus. La
deuxième est ce que J. M. Jenkins appelle « façade
phallique ».
aujourd’hui dans les communautés indigènes actuelles, tout le cosmos (hommes et
choses) était animé par un processus infini
de création et destruction, par une interaction dramatique entre forces opposées. Les
représentations plastiques des enfants dans
les codex, par exemple, montrent ses caractéristiques sexuelles de façon ambiguë23;
la vie était régie par deux calendriers, un
solaire (celui que nous connaissons) et un
autre rituel (260 jours, un moyen de compter au féminin, suivant les cycles lunaires).
L’univers était constitué par des opposés
complémentaires, ou compensatoires, mais
qui pouvaient aussi être polarisés comme
dans les années précédentes à la Conquête24.
Parmi les Aztèques, la dualité est
exprimée par couples, comme dans le cas de
Mictlantecutli y Mictecacihuatl (Seigneur et
Dame de la mort), Huitzilopochtli et Tezcatlipoca (Soleil du jour et de la nuit), Tlaloc et
Chalchitlicue (Dieu et Déesse des eaux). La
déité duale par excellence était Ometeotl, qui
peut être dédoublé comme Omecihuatl et
Ometecuhtli, « le féminin sacré » et « le masculin sacré ». Le principe de dualité traverse
toute la religion mésoaméricaine, le mythe,
le rite, la sexualité et le langage d’initiation
62
Blanca Solares
ainsi que le quotidien. Ce qui est féminin
est associé au froid, l’inframonde ou l’humidité. Ce qui est masculin est associé à la
chaleur, au ciel et à la sécheresse25.
La plante du maïs, principale divinité
du Mexique Ancien, possède des qualités
masculines et féminines, et ses caractères
sexuels changent selon le développement
de la plante. Nous pouvons dire avec certitude que les nahuas26 savaient que la plante
du maïs était pollinisée par elle-même et
ils lui attribuaient des caractéristiques
androgynes. Ils personnifiaient le maïs :
Cinteotl, (« dieu épi » ou « la plante avant
de porter fruit ») ; Xilonen, déesse du jilote,
et Chicomecoatl (« Sept serpent »). Je cite
l’historienne C. E. Tate :
Les individus grandissant, … leurs traits
sexuels s’estompaient. Parmi les mayas,
ce qui fonctionnait mieux, manifestait
davantage les qualités des deux genres.
Dans la période Classique, les gouverneurs hommes utilisaient, pendant les
rituels de renouvellement, renaissance
ou création, un vêtement fabriqué avec
perles tissées comme une représentation de la végétation terrestre, considérée féminine. Beaucoup de chercheurs
supposent que les hommes saignaient
leur pénis pour imiter les offrandes
féminines du sang menstruel. Les plus
talentueux parmi les compteurs de jours
du Momostenanago actuel, au Guatemala, sont des anciens qu’on appelle «
pères-mère… ».27
Conclusion
S
uivant l’affirmation de Mircea Eliade
sur la coincidentia oppositorum comme
trait fondamental des dieux archaïques,
nous pouvons dire que c’est aussi le cas
pour le Mexique Ancien. Les civilisations
archaïques du Néolithique européen, n’ont
pas méconnu le concept « d’androgyne
divin » ; nous le trouvons directement lié
à la notion de Totalité exprimée par le
moyen des opposés. La plupart des divinités de la végétation gardent ce caractère
duel. Et c’est aussi le cas du dieu du maïs
dans la culture du Mexique ancien28.
Dans la Théogonie d’Hésiode, la Terre
donne naissance au Ciel ; après, elle s’unit à
lui. La féminité contient un principe masculin intégré dès le début et distinct à la
fin. Dans la cosmogonie aztèque, Cipactli
ou Tlaltecutli est solidaire de ce symbolisme de la parthénogenèse ; l’image dérive
d’un schéma archétypique d’une unité
cassée et reconstruite après. Nous savons
qu’à Chypre, il y avait un culte voué à une
Aphrodite barbue qu’on appelait Aphroditos. Geza Roheim nous rappelle qu’Aphrodite est née du contact du sexe de son père
Uranus avec l’eau de la mer ; il y trouve
une preuve du caractère phallique de la
Déesse29. Également, quelques dieux grecs
ayant une tendance virile n’échappent pas
aux extravagances ambiguës. J. Libis nous
donne comme référence un catalogue de
statuettes barbues qui ont des seins (polymastiques), et qui étaient reconnues parmi
les grecs comme Zeus Stratos. Le père des
dieux apparait donc, parfois avec des attributs féminins. Nous savons bien qu’Hermès a une certaine nature féminine, ainsi
que Dionysos, « le dieu barbu, homme et
femme »30. Pour Platon et le gnosticisme
chrétien, « La perfection humaine était
imaginée comme une unité sans fissures31».
Cela nous rappelle la thèse d’Eliade, dans
ce sens que la bisexualité divine – comme
modèle et principe de toute existence
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
– évoque donc l’idée de perfection. Tout ce
qui est par excellence doit être total. Cela
est évident aussi bien dans les mythes des
dieux que dans les mythes symboliques
d’androgynie.
Le mythe de l’androgyne nous fait
remonter aux origines même du temps ;
comme si l’aventure humaine cassait son
état d’Être pour revenir à lui, mais à un
autre niveau. Nous ne devons pas attendre
que la culture fasse tout un parcours historique, car la conscience a son propre temps,
et comme nous l’avons vu, il y a une possibilité latente depuis les étapes premières
de l’histoire pour atteindre un horizon de
réconciliation et de participation mystique
avec le Tout.
Cet état d’androgynie était sans aucun
doute perçu également comme une initiation. La possession des deux sexes ne pouvait être qu’un attribut divin. La possession
de l’androgynie par l’homme sans aucune
initiation a dû être considérée comme un
conflit avec le Dieu ou comme une guerre
entre sexes. Ce fut le cas lors de l’invasion
des tribus indoeuropéennes dans la Vieille
Europe 3000-2500 av. J.-C. Cette même
tendance vers un patriarcat dominant, a pu
être constatée dans l’Empire aztèque32.
Le mythe de l’androgyne prend
diverses directions au cours de l’histoire
de l’Occident : que ce soit une source de
scandale, ou un modèle de perfection. Le
regard aigu de M. Eliade n’ignore pas ces
deux voies, ni leur poids de douleur et
d’équivoque ; c’est- à-dire la fausse initiative d’assembler ce qui est séparé, sans
considérer l’aspect spirituel 33.
Dans l’obscurité imaginaire du commencement, et avant les catégories de
temps et d’espace, le mythe d’ouroboros
nous parle de l’union de réalités (chaos
63
primordial ou Paradis), et de leur séparation
ou expérimentation comme faute (tache
ou péché), ou comme quelque chose d’excluant de la vie ordinaire. Dans les sociétés
traditionnelles, les cérémonies d’initiation
propres au procès de développement de la
conscience, ouvrent à l’homme la possibilité de devenir un avec sa nature féminine
intérieure ; et à la femme, le pouvoir de se
faire une avec sa nature masculine intérieure. C’est ainsi que tous deux peuvent
se retrouver et se réunir. Selon le symbolisme céleste, nous parlons du mariage
entre le Soleil et la Lune, d’une véritable
hiérogamie du Ciel et de la Terre. Selon
la tradition médiévale alchimiste, nous
parlons de distillation et d’anoblissement,
comme points de départ pour la réunion de
la conscience et de la vie34.
Coda
D
ans cette optique structurelle, l’unité-totalité que nous avons présentée comme un trait transhistorique des
cultures, ne veut pas confondre les spécificités de chaque civilisation. Il est important de ne pas perdre de vue la différence
des contenus dans une culture comme celle
des Aztèques, cherchant à dépasser les
contraires par le moyen du déguisement
du Tlatoani (prêtre-gouverneur), et la pratique du Tai chi en Chine, comme discipline basée aussi sur l’union des contraires
(suavité-rigidité, vélocité-lenteur, Yi Jing).
Une grande quantité de découvertes
ont miné les croyances d’un développement linéaire de l’espèce humaine, parmi
celles-ci : les trouvailles de M. Gimbutas, Ch. Niedeberger, R. Moll ; et dans le
champ de l’archéologie de la psychè, de
C.G. Jung et E. Neumann.
64
Pour la conscience ordinaire, la réalité
se présente comme une paire d’opposés :
vie ou mort, temps ou éternité, masculin
ou féminin, toi ou moi. Cependant, dans
la lumière des découvertes du XXe siècle,
nous pouvons affirmer que c’est seulement
pour la conscience partielle de l’Ego qu’il
existe une telle séparation, c’est-à-dire, pour
la culture du Moi et de l’individualisme
nihiliste (de la supériorité de l’un sur l’autre,
Blanca Solares
l’idéologie de la domination, du contrôle de
la sécurité et de la minimisation de l’effort).
Parmi les civilisations anciennes, le mysterium conjuntion apparaissait au moment le
plus obscur de la dépression, de la désolation et de l’angoisse. Il était considéré
comme le noyau du rituel dans les mystères
d’Éleusis, chez les Égyptiens, les Grecs, et
même les Chrétiens, mais bien évidemment
aussi parmi les mystères précolombiens.
NOTES
1. M. Eliade, Mefistófeles y el andrógino, Barcelona, Labor, 1984, p. 126.
2. Ibid., p. 127.
3. Marija Gimbutas quitte l’Europe pour aller définitivement aux États Unis en 1949, à cause du
Stalinisme. L’importance de ses découvertes archéologiques vis-à-vis de la compréhension du
Néolithique a été comparée à la découverte de la Pierre de Rosette vis-à-vis des hiéroglyphes
égyptiens.
4. L’ensemble de peuples néolithiques était interconnecté par un réseau de commerce et d’échange. Ces
sociétés ont évolué progressivement sans aucune altération subite, et elles ont atteint un certain
point culminant dans le Ve millénaire. Ses débuts remontent au moins à deux millénaires. Voir M.
Gimbutas, Dioses y Diosas de la Vieja Europa 7000-3500 a. C., Colombia, Itsmo, 1984.
5. Ibid., 155.
6. Ibid., p. 228
7. Ibid., p. 227
8. Ibid., p. 228
9. M. Gimbutas, Dioses y Diosas…, op, cit., pp. 268 y 269.
10. Voir E. Neumann, The origins and history of consciousness, USA, Princeton University Press, 1970.
11. Région culturelle nommée aussi Mésoamérique (P. Kirschhoff ), située géographiquement à partir du
centre du Mexique jusqu’à Costa Rica ; d’habitude divisé en trois périodes historiques : Préclassique
2550-200 av. J.- C., Classique 200-659/900 ap. J.-C. et Postclassique 900/1520.
12. Ch. Niedeberger, Zohapilco. Cinco milenios de ocupación humana en un sitio lacustre de la Cuenca de
México, Departamento de Prehistoria del Instituto Nacional de Antropología e Historia, 2001.
13. Le site de Zohapilco se trouve dans la colline de Tlapacoya, Ixtapaluca, dans le District de Chalco
(l’État de Mexico). Actuellement, cette pièce est exposée dans la salle dédiée à la période Préclassique du Musée National d’Anthropologie de Mexico. Voir aussi, Di Castro, Ana, “La figurilla de
arcilla más antigua de México”, Arqueología Mexicana, núm. 42, p. 58-59
14. Ch. Niedeberger, op. cit., p. 212.
15. Ibid., p. 213
16. M. Gimbutas, op. cit., p. 175.
17. Ángel Ma. Garibay nous dit que dans le Postclassique, la coa ou uictli, le bâton pour semer, et le
chicauaztli, le bâton hochet, étaient des symboles phalliques liés à la fécondité agricole humaine, et
que dans les représentations des couples dans l’acte sexuel, apparaissait le chicauaztli entre le mâle
et la femme. Veinte himnos sacros de los nahuas, México, UNAM, 1958, p. 144-145. Voir aussi : José
Alcina Frank, “Procreación, amor y sexo entre los mexicas”, in Estudios de Cultura Náhuatl, México,
UNAM, vol. 21, 1991, p. 69.
Figures androgynes de la Vieille Europe et du Mexique Ancien
65
18. Il y a aussi une figure à double tête, qui date de la période tardive Vinca, en Rumanie [Figure 6].
Cependant, l’évidence de ce genre de figurations n’atteint pas le degré de sophistication de Tlatilco.
C’est ainsi que nous l’avons pris comme un prototype pour notre analyse.
19. Paul Westheim, Ideas fundamentales del arte prehispánico en México, México, Era, 1972.
20. E. Neumann, Die Grosse Mutter. Eine Phänomenologie der weiblichen Gestaltungen der Unbewussein,
Zurich/Düsseldorf, Walter-Verlag, 1974.
21. M. Gimbutas, “La religión de la Diosa en la Europa Mediterránea” in, J. Ries, Tratado de antropología
de lo sagrado, Tomo III, España, Trotta, 2005, p. 44.
22. Voir F. Báez Jorge, “Paradojas de las divinidades. El principio dual en la tradición religiosa mesoamericana”, in Revista La Palabra y el Hombre, México, Universidad Veracruzana, julio-septiembre 2004,
no. 131, p. 131-139. Voir aussi : Lowe, Gareth W., Thomas A. Lee Jr., y Eduardo Martínez Espinosa
(2000), Izapa: una Introducción a las ruinas y los monumentos, México, Fundación Arqueológica
Nuevo Mundo, A. C.
23. Carolyn E. Tate, “Cuerpo, cosmos y género”, Arqueología mexicana, no. 65, enero-febrero 2004, p. 37.
24. Même dans une période tardive, nous savons que le roi aztèque régnait à côté du Cihuacoatl, une
figure que tout en étant homme prenait la place de la reine ou de la mère. C’est la raison pour
laquelle cette figure apparaissait toujours habillée en robe de femme, pour évoquer la présence de
la déesse. Pendant 45 ans, une de ces places fut occupée par Tlacaelel, ce que veut dire « femme
serpent » ou « gémeau féminin » (1430-1475).
25. A. López Austin, “La parte femenina del cosmos”, Arqueología mexicana, vol. 5, no. 29, 1998, p. 9.
26. Nahuas : ceux qui parlaient le náhuatl, langue officielle du Mexique ancien.
27. Carolyn E. Tate, “Cuerpo, cosmos y género”, op. cit., p. 39.
28. Entre les mayas, l´ancêtre mythique androgyne prenant la forme d’un couple de gémeaux : Hunaphú
et Ixbalanqué, le Soleil et la Lune.
29. Marie Delcourt, Hermaphrodite, Paris, 1958, cité par Eliade, Mefistófeles…, p. 138.
30. Jean Ibis, Le mythe de l´androgyne, Paris, Berg International éditeurs, 1980, p. 37. También Karl Kerényi, Hermes, el conductor de almas, México, Sexto Piso, 2010.
31. Voir Eliade, op. cit., p. 136, où il parle de Sophia de Jésus, de Khénoboskion.
32. Sous la domination aztèque (1325-1521) parallèlement à la prolifération des représentations de
la Déesse et de l’ensemble des rituels voués à l’aspect féminin du cosmos dans les célébrations du
calendrier rituel, il y aura un accent du caractère terrible et menaçant de la déité. Voir B. Solares:
Madre Terrible. La Diosa en la religión del México Antiguo, Barcelona, Anthropos, 2007.
33. Un exemple contemporain de ce procès c’est la sculpture Paserea Maïstra (1911) de Constantin
Brancusi.
34. Voir C. G. Jung, El secreto de la flor de oro, México, Paidós, 1966, p. 41.