Papers by Isabelle Chouinard
Foreign Influences: The Circulation of Knowledge in Antiquity, 2024
Dans l’Antiquité grecque, la philosophie s’exerce le plus souvent en dehors des murs de sa propre... more Dans l’Antiquité grecque, la philosophie s’exerce le plus souvent en dehors des murs de sa propre cité. Les philosophes grecs sont presque tous représentés dans la littérature antique comme des voyageurs ou des immigrants, à l’exception notable de Socrate. Cette rencontre entre les figures du philosophe et de l’étranger atteste que, aux yeux des Anciens, la vie à l’étranger présente des conditions propices à la pratique de la philosophie. La tradition biographique fait du philosophe-étranger le dépositaire de nouveaux savoirs, tandis que plusieurs textes philosophiques de l’époque classique montrent que la recherche de la sagesse trouve un terreau fertile dans les conditions de vie matérielles et le statut social de l’étranger. Les étrangers n’ont pas accès à la citoyenneté et vivent parfois des difficultés économiques. Pour Platon, Aristippe, Démocrite et Diogène, cette position sociale, généralement perçue comme un désavantage, favorise en réalité l’activité philosophique.
Phronesis, 2023
In Book 3 of the Tusculans, Cicero reports that the Cyrenaics practised the premeditation of futu... more In Book 3 of the Tusculans, Cicero reports that the Cyrenaics practised the premeditation of future evils. This article focusses on the philosophical consistency of this exercise with other Cyrenaic testimonies. It argues for the authenticity of Cicero’s report and provides a critical survey of previous attempts to reconstruct the theory underlying Cyrenaic premeditation, which addresses crucial questions about the management of future pleasures and pains, and the duration of affections. New evidence from Diogenes Laertius 2.94 is then used to support an alternative interpretation of the Cyrenaic praemeditatio malorum.
Archives de Philosophie, 2021
In the ethical fragments, Democritus presents old age as an age when moderation develops more eas... more In the ethical fragments, Democritus presents old age as an age when moderation develops more easily than in youth (68B294 DK). The fact that he also describes old age as “a general mutilation” (πήρωσις ὁλόκληρος) (68B296 DK) suggests that his atomic theory may have been used to account for the phenomenon. Understood as a loss of atoms in all parts of the body, the πήρωσις in turn causes leaks of psychic atoms which can have an impact on the temperament of old people. If this hypothesis is correct, it adds to the number of possible links between the atomic theory and the moral thoughts of Democritus.
Dans les fragments éthiques, Démocrite présente la vieillesse comme un âge où la modération se développe plus facilement que dans la jeunesse (68B294 DK). Le fait qu’il décrive aussi la vieillesse comme une « mutilation intégrale » (πήρωσις ὁλόκληρος) (68B296 DK) laisse croire que sa théorie atomiste a pu servir à rendre compte du phénomène. Comprise comme une perte d’atomes dans toutes les parties du corps, la πήρωσις entraîne avec elle des fuites d’atomes psychiques qui peuvent avoir un effet sur le tempérament des vieillards. Si cette hypothèse est juste, elle s’ajoute au nombre des liens possibles entre la
théorie atomiste et les pensées morales de Démocrite.
Philosophie antique, 2020
Several versions of Diogenes of Sinope’s death are reported in Book VI of the Lives and Opinions ... more Several versions of Diogenes of Sinope’s death are reported in Book VI of the Lives and Opinions of Eminent Philosophers. The heirs of Diogenes have transmitted to posterity that of suicide by self-asphyxiation, a death they deem worthy of his philosophy. This study aims to identify the Cynic foundation of Diogenes’ suicide by reconstructing the Cynic outlook on voluntary death. Several fragments and testimonies show that the Cynics consider life and death indifferent: what matters above all is to lead a good life. Suicide is only justified when the philosopher’s body suffers from extreme and lasting weakness. To reach and maintain his ideal of freedom, the Cynic must submit his body to a training that requires some physical strength. Therefore, as soon as he loses the capacity to practise the Cynic askesis because of the physical limitations brought on by old age or illness, the philosopher does not hesitate commit suicide. This justification is attested in the exhortations to suicide formulated by the Cynics and in the accounts of the self-inflicted deaths of Metrocles, Heracles, Demonax and Peregrinus.
Plusieurs versions de la mort de Diogène de Sinope sont rapportées au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres. Les héritiers de Diogène ont transmis à la postérité celle du suicide par asphyxie volontaire, une mort qu’ils estiment digne de sa philosophie. Cette étude vise à trouver le fondement cynique du suicide de Diogène grâce à une reconstitution du rapport des cyniques à la mort volontaire. Plusieurs fragments et témoignages montrent que les cyniques considèrent la vie et la mort comme indifférentes : ce qui importe avant tout est de mener une bonne vie. Le suicide est justifié seulement lorsque le corps du philosophe souffre d’un affaiblissement extrême et durable. Pour atteindre et maintenir son idéal de liberté, le cynique doit soumettre son corps à un entraînement qui requiert une certaine force corporelle. Aussi, dès qu’il n’est plus capable de pratiquer l’ascèse cynique en raison des limitations physiques dues à la vieillesse ou à la maladie, le philosophe n’hésite pas à quitter la vie. Cette justification est attestée dans les exhortations au suicide formulées par des cyniques ainsi que dans les récits des morts volontaires de Métroclès, d’Héraclès, de Démonax et de Pérégrinos.
Mendiants et mendicité en Grèce ancienne, 2020
L’apparition de la figure du sage-mendiant au IVe av. J.-C. sous l’impulsion de Diogène de Sinope... more L’apparition de la figure du sage-mendiant au IVe av. J.-C. sous l’impulsion de Diogène de Sinope provoque la résistance d’autres philosophes. C’est à la fois parce qu’il est dépossédé et qu’il sollicite des dons pour assurer sa subsistance que les adversaires des cyniques, notamment les épicuriens, refusent d’adopter la vie du mendiant. Ses défenseurs doivent lutter sur plusieurs fronts afin de légitimer son mode de vie et établir sa supériorité morale.
Abstract : The famous story of Diogenes searching for a man (ánthrōpon zētō̂) with his lantern in... more Abstract : The famous story of Diogenes searching for a man (ánthrōpon zētō̂) with his lantern in broad daylight (D.L. VI 41) has been interpreted in two ways, according to the meaning assigned to the word ánthrôpos (« man »). Proponents of the nominalist interpretation, by giving it the sense of man as a concept, see in the quest of Diogenes an attack against Plato’s Ideas. Defenders of the moral interpretation rather give the word ánthrôpos a concrete meaning with meliorative value : Diogenes would search in vain for a virtuous man. After showing that the one and the other are equally valid, our study aims to provide a middle way, that we named « defacing of language », which reconciles the two positions through an analysis of the relationship between language and truth among the Cynics.
Résumé : La célèbre anecdote où Diogène cherche un homme (ánthrōpon zētō̂) avec sa lanterne en plein jour (D.L. VI 41) a été interprétée de deux manières, selon la signification attribuée au mot ánthrôpos (« homme »). Les tenants de l’interprétation nominaliste, en lui assignant le sens d’homme en tant que concept, voient dans la quête de Diogène une attaque contre les Idées platoniciennes. Les défenseurs de l’interprétation morale confèrent plutôt au mot ánthrôpos un sens concret à valeur méliorative : Diogène chercherait en vain un homme vertueux. Après avoir montré que l’une et l’autre sont tout aussi valables, notre étude vise à dégager une voie intermédiaire, que nous avons nommée « falsification du langage », qui réconcilie les deux positions grâce à une analyse du rapport entre langage et vérité chez les Cyniques.
Revue de philosophie ancienne, 2015
Abstract : In Book VI of the Lives and Opinions of Eminent Philosophers, Diogenes Laertius presen... more Abstract : In Book VI of the Lives and Opinions of Eminent Philosophers, Diogenes Laertius presents Cynicism as a philosophical school with origins in Socrates and prefiguring Stoicism, through the sequence: Socrates–Antisthenes–Diogenes–Crates–Zeno. However, the part of the sequence linking Diogenes to Crates is not unanimously accepted. Diogenes Laertius himself mentions that Crates had two other teachers: Bryson of Achaea and Stilpo. The first is unknown, but the sources tell us enough about the second to discern certain similarities between his philosophy and that of Crates. When he wrote Book VI, Diogenes Laertius dismissed this parallel tradition connecting Crates to the Megarian school, preferring to link Stoicism to Socrates via Cynicism exclusively. Although Crates is unquestionably the philosophical heir of Diogenes, it is quite possible that he may have been influenced by both the Cynics and the Megarians.
Résumé : Au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres, Diogène Laërce présente le cynisme comme une école philosophique issue de Socrate et préfigurant le stoïcisme, à travers la séquence Socrate - Antisthène - Diogène - Cratès - Zénon. Le maillon de la chaîne unissant Diogène à Cratès ne fait pourtant pas l’unanimité. Au sein même de son ouvrage, l’auteur mentionne deux autres maîtres attribués à Cratès, soit Bryson d’Achaïe et Stilpon. Si le premier nous est inconnu, les sources nous renseignent assez sur le second pour apprécier des recoupements entre sa philosophie et celle de Cratès. Cette tradition parallèle, qui relie Cratès au mégarisme, fut écartée par Diogène Laërce au moment de la composition du livre VI, au profit d’une version liant le stoïcisme au socratisme via le cynisme exclusivement. Bien qu’il ne fasse aucun doute sur le plan philosophique que Cratès est l’héritier de Diogène, nous ne pouvons toutefois pas exclure la possibilité que le philosophe ait subi une double influence cynique et mégarique.
Book Reviews by Isabelle Chouinard
Revue Philosophique de Louvain, 2022
Philosophie Antique, 2022
Compte rendu de O. Flores-Júnior, La vie facile : une lecture du cynisme ancien, Paris : Vrin, 2021.
Revue de métaphysique et de morale, 2020
Compte rendu de É. Helmer, Platon : Ménexène, Paris : Vrin, 2019.
The Classical Review, 2018
Review of M.-O. Goulet-Cazé, Le cynisme, une philosophie antique, Paris : Vrin, 2017.
Bryn Mawr Classical Review, 2017
Compte rendu de É. Helmer, Diogène le cynique, Paris : Les Belles Lettres, 2017.
Organisation of research activities by Isabelle Chouinard
A conference at Yale University, 5-7 April 2024
Les perspectives féminines* sur l’Antiquité et le Moyen Âge demeurent peu valorisées. En effet, i... more Les perspectives féminines* sur l’Antiquité et le Moyen Âge demeurent peu valorisées. En effet, il n’échappe à personne, au sein de la communauté universitaire, que femmes et autres populations marginalisées (quelles qu’elles soient) tendent à être sous-représentées lors d’événements académiques. Ce constat est d’autant plus regrettable que les femmes* ne sont absentes ni des départements de philosophie, ni des auditoires qui assistent à ces événements.
Ce colloque propose de mettre en valeur les recherches des femmes* en philosophie ancienne et médiévale. En ouvrant un espace d’échange sur leurs savoirs et leurs questionnements, il a pour but d’améliorer leur visibilité et leur représentation dans le milieu de la recherche.
Feminine* perspectives on Antiquity and the Middle Ages remain undervalued. As presenters, women* and other marginalized groups (of any kind) are less represented at academic events. This is all the more disappointing given that a number of women* are part of audiences at these events and of the broader professional community.
The symposium wants to highlight the research of women* in Ancient and Medieval philosophy. It aims to improve the visibility and representation of women* scholars in the research community by creating an environment open to the exchange of their knowledge and interrogations.
Thesis Chapters by Isabelle Chouinard
Mémoire de maîtrise (Université de Montréal), 2016
Diogenes of Sinope, the main representative of ancient Cynicism, says in one of his works that « ... more Diogenes of Sinope, the main representative of ancient Cynicism, says in one of his works that « he preferred freedom above everything ». He does not mean here freedom in its political sense, but rather in its moral and individual meaning, which dates back at least to the sixth century BC and perhaps to the very root of the word ἐλεύθερος. Tracing the history of this notion reveals diverse influences on Cynicism, whether the figure of the « free slave » of the tragedians, or the correspondence between nature and freedom of the Sophists and Democritus. To reach self-sufficiency and apathy, the two characteristics of Cynic freedom, Diogenes must submit his body to physical training, it being the only way to break free from the chains of civilization. Socrates, especially in Xenophon and to a certain extent in Plato, had already made physical exercises a condition for acquiring freedom. However, with Socrates the emancipation of the individual ends in gaining knowledge that he deems necessary to virtue. Cynics, for their part, reject virtue-knowledge and limit their philosophical activity to the practice of a rigorous physical asceticism, so that freedom leads directly to virtue and happiness to the point of identifying with it. Therefore, Cynics differ from their Socratic predecessors by not extending their philosophical quest beyond the moment of liberation and thereby make freedom the true hallmark of their philosophy.
Diogène de Sinope, principal représentant du cynisme ancien, affirme dans une de ses œuvres qu’« il mettait la liberté au-dessus de tout ». Il n’est pas question ici du sens politique de la liberté, mais plutôt de son acception morale et individuelle, dont les origines remontent au moins au VIe s. av. J.-C. et peut-être à la racine même du mot ἐλεύθερος. Retracer l’histoire de cette notion révèle diverses influences sur le cynisme, que ce soit la figure de l’« esclave libre » chez les tragiques, ou la correspondance entre nature et liberté chez les Sophistes et Démocrite. Pour atteindre l’autarcie et l’apathie, les deux caractéristiques de la liberté cynique, Diogène doit soumettre son corps à un entraînement de nature physique, seul moyen de s’émanciper des chaînes de la civilisation. Socrate, surtout chez Xénophon et dans une certaine mesure chez Platon, avait déjà fait des exercices corporels une condition d’acquisition de la liberté. Toutefois, l’émancipation de l’individu débouche avec Socrate sur l’apprentissage du savoir qu’il juge nécessaire à la vertu. Les Cyniques, quant à eux, rejettent la vertu-connaissance et limitent leur activité philosophique à la pratique d’une ascèse corporelle rigoureuse, de sorte que la liberté mène sans détour à la vertu et au bonheur au point de s’y identifier. Les Cyniques se différencient donc de leurs prédécesseurs socratiques en ne prolongeant pas leur quête philosophique au-delà du moment de la libération et, par le fait même, font de la liberté la véritable marque distinctive de leur philosophie.
Conference Presentations by Isabelle Chouinard
Philosophie des cavernes - rencontre du 13 mars 2019, 2019
Le séminaire « Philosophie des cavernes » a pour objectif d’examiner les doctrines antiques porta... more Le séminaire « Philosophie des cavernes » a pour objectif d’examiner les doctrines antiques portant sur l’origine et l’histoire des premiers êtres humains. Les philosophes et autres penseurs de la Grèce antique sont connus pour avoir très tôt proposé plusieurs descriptions et explications de l’origine de l’humanité et des différentes phases de sa préhistoire. Les traitements de ces questions se trouvent, entre autres, chez Hésiode, Protagoras, Platon, et la plupart des grandes écoles philosophiques de l’Antiquité.
Le séminaire cherchera notamment à identifier les raisons qui ont poussé ces penseurs à s’intéresser aux questions de l’origine et de la condition des premiers êtres humains, ainsi qu’à mieux comprendre la cohérence du traitement de la préhistoire qu’ils proposent et la manière dont ce traitement s’inscrit dans le cadre plus général de leur pensée.
Books by Isabelle Chouinard
Zénon de Kition, le fondateur du stoïcisme, a reçu une partie de sa formation philosophique chez ... more Zénon de Kition, le fondateur du stoïcisme, a reçu une partie de sa formation philosophique chez le cynique Cratès de Thèbes. Ce contact a laissé une empreinte durable sur l’école stoïcienne, qui a maintenu des liens étroits avec le cynisme. La première partie de ma thèse propose une contribution à notre connaissance de ces liens en recensant et en analysant toutes les références au cynisme dans les écrits stoïciens, de Zénon à Marc Aurèle. Chaque texte est accompagné d’un commentaire philologique et philosophique. La complexité du rapport que les stoïciens entretiennent avec le cynisme se manifeste particulièrement chez Sénèque et Épictète, qui admettent des cyniques dans leur panthéon des sages tout en critiquant certains aspects de leur philosophie. La deuxième partie de ma thèse s’intéresse en profondeur au débat stoïcien sur la possibilité que le sage « cynicise » : certains stoïciens le refusent, d’autres l’acceptent dans certaines circonstances, et d’autres encore, comme Apollodore de Séleucie, considèrent que le cynisme est une voie d’accès à la vertu rapide mais difficile. Pour éclairer ce débat, je m’intéresse à son rapport avec la doctrine des actions convenables, le contenu de la doxographie cynique générale (D.L., VI 103-105) et l’image de la voie vers la vertu. Ces analyses font ressortir la posture de compromis adoptée par les stoïciens pro-cyniques. Puisque les caractéristiques du cynisme comme le rejet des devoirs sociaux, le choix de la pauvreté et le refus des longues études contreviennent aux recommandations stoïciennes habituelles, ils doivent fixer des limites étroites à l’intérieur desquelles le cynisme devient légitime.
Zeno of Citium, the founder of Stoicism, received part of his philosophical instruction from the Cynic Crates of Thebes. This connection left a lasting imprint on the Stoic school, which maintained strong ties with Cynicism. The first part of my dissertation contributes to our knowledge of these links by listing and analyzing all the references to Cynicism in Stoic writings, from Zeno to Marcus Aurelius. Each text is accompanied by a French translation and a philological and philosophical commentary. The complexity of the Stoics’ perspective on Cynicism is made evident in Seneca and Epictetus, who admit some Cynics in their pantheon of sages while criticizing certain aspects of their philosophy. The second part of my dissertation analyzes the Stoic debate on the possibility for the sage to “cynicize”: some Stoics refuse it, others accept it under certain circumstances, and others, such as Apollodorus of Seleucia, consider Cynicism to be a quick yet difficult path to virtue. To shed light on this debate, I examine its connection with the doctrine of appropriate acts, the content of the Cynic doxography (D.L., VI 103-105), and the image of the path to virtue. These analyses highlight the posture of compromise adopted by pro-Cynic Stoics. Since features of Cynicism such as rejecting social duties, choosing poverty, and refusing long-term studies are contrary to customary Stoic advice, they must set narrow limits within which Cynicism becomes legitimate.
Women's Perspectives on Ancient and Medieval Philosophy, 2021
This book promotes the research of present-day women working in ancient and medieval philosophy, ... more This book promotes the research of present-day women working in ancient and medieval philosophy, with more than 60 women having contributed in some way to the volume in a fruitful collaboration. It contains 22 papers organized into ten distinct parts spanning the sixth century BCE to the fifteenth century CE.
Each part has the same structure: it features, first, a paper which sets up the discussion, and then, one or two responses that open new perspectives and engage in further reflections. Our authors’ contributions address pivotal moments and players in the history of philosophy: women philosophers in antiquity, Cleobulina of Rhodes, Plato, Lucretius, Bardaisan of Edessa, Alexander of Aphrodisias, Plotinus, Porphyry, Peter Abelard, Robert Kilwardby, William Ockham, John Buridan, and Isotta Nogarola.
The result is a thought-provoking collection of papers that will be of interest to historians of philosophy from all horizons. Far from being an isolated effort, this book is a contribution to the ever-growing number of initiatives which endeavour to showcase the work of women in philosophy.
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Papers by Isabelle Chouinard
Dans les fragments éthiques, Démocrite présente la vieillesse comme un âge où la modération se développe plus facilement que dans la jeunesse (68B294 DK). Le fait qu’il décrive aussi la vieillesse comme une « mutilation intégrale » (πήρωσις ὁλόκληρος) (68B296 DK) laisse croire que sa théorie atomiste a pu servir à rendre compte du phénomène. Comprise comme une perte d’atomes dans toutes les parties du corps, la πήρωσις entraîne avec elle des fuites d’atomes psychiques qui peuvent avoir un effet sur le tempérament des vieillards. Si cette hypothèse est juste, elle s’ajoute au nombre des liens possibles entre la
théorie atomiste et les pensées morales de Démocrite.
Plusieurs versions de la mort de Diogène de Sinope sont rapportées au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres. Les héritiers de Diogène ont transmis à la postérité celle du suicide par asphyxie volontaire, une mort qu’ils estiment digne de sa philosophie. Cette étude vise à trouver le fondement cynique du suicide de Diogène grâce à une reconstitution du rapport des cyniques à la mort volontaire. Plusieurs fragments et témoignages montrent que les cyniques considèrent la vie et la mort comme indifférentes : ce qui importe avant tout est de mener une bonne vie. Le suicide est justifié seulement lorsque le corps du philosophe souffre d’un affaiblissement extrême et durable. Pour atteindre et maintenir son idéal de liberté, le cynique doit soumettre son corps à un entraînement qui requiert une certaine force corporelle. Aussi, dès qu’il n’est plus capable de pratiquer l’ascèse cynique en raison des limitations physiques dues à la vieillesse ou à la maladie, le philosophe n’hésite pas à quitter la vie. Cette justification est attestée dans les exhortations au suicide formulées par des cyniques ainsi que dans les récits des morts volontaires de Métroclès, d’Héraclès, de Démonax et de Pérégrinos.
Résumé : La célèbre anecdote où Diogène cherche un homme (ánthrōpon zētō̂) avec sa lanterne en plein jour (D.L. VI 41) a été interprétée de deux manières, selon la signification attribuée au mot ánthrôpos (« homme »). Les tenants de l’interprétation nominaliste, en lui assignant le sens d’homme en tant que concept, voient dans la quête de Diogène une attaque contre les Idées platoniciennes. Les défenseurs de l’interprétation morale confèrent plutôt au mot ánthrôpos un sens concret à valeur méliorative : Diogène chercherait en vain un homme vertueux. Après avoir montré que l’une et l’autre sont tout aussi valables, notre étude vise à dégager une voie intermédiaire, que nous avons nommée « falsification du langage », qui réconcilie les deux positions grâce à une analyse du rapport entre langage et vérité chez les Cyniques.
Résumé : Au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres, Diogène Laërce présente le cynisme comme une école philosophique issue de Socrate et préfigurant le stoïcisme, à travers la séquence Socrate - Antisthène - Diogène - Cratès - Zénon. Le maillon de la chaîne unissant Diogène à Cratès ne fait pourtant pas l’unanimité. Au sein même de son ouvrage, l’auteur mentionne deux autres maîtres attribués à Cratès, soit Bryson d’Achaïe et Stilpon. Si le premier nous est inconnu, les sources nous renseignent assez sur le second pour apprécier des recoupements entre sa philosophie et celle de Cratès. Cette tradition parallèle, qui relie Cratès au mégarisme, fut écartée par Diogène Laërce au moment de la composition du livre VI, au profit d’une version liant le stoïcisme au socratisme via le cynisme exclusivement. Bien qu’il ne fasse aucun doute sur le plan philosophique que Cratès est l’héritier de Diogène, nous ne pouvons toutefois pas exclure la possibilité que le philosophe ait subi une double influence cynique et mégarique.
Book Reviews by Isabelle Chouinard
Organisation of research activities by Isabelle Chouinard
Ce colloque propose de mettre en valeur les recherches des femmes* en philosophie ancienne et médiévale. En ouvrant un espace d’échange sur leurs savoirs et leurs questionnements, il a pour but d’améliorer leur visibilité et leur représentation dans le milieu de la recherche.
Feminine* perspectives on Antiquity and the Middle Ages remain undervalued. As presenters, women* and other marginalized groups (of any kind) are less represented at academic events. This is all the more disappointing given that a number of women* are part of audiences at these events and of the broader professional community.
The symposium wants to highlight the research of women* in Ancient and Medieval philosophy. It aims to improve the visibility and representation of women* scholars in the research community by creating an environment open to the exchange of their knowledge and interrogations.
Thesis Chapters by Isabelle Chouinard
Diogène de Sinope, principal représentant du cynisme ancien, affirme dans une de ses œuvres qu’« il mettait la liberté au-dessus de tout ». Il n’est pas question ici du sens politique de la liberté, mais plutôt de son acception morale et individuelle, dont les origines remontent au moins au VIe s. av. J.-C. et peut-être à la racine même du mot ἐλεύθερος. Retracer l’histoire de cette notion révèle diverses influences sur le cynisme, que ce soit la figure de l’« esclave libre » chez les tragiques, ou la correspondance entre nature et liberté chez les Sophistes et Démocrite. Pour atteindre l’autarcie et l’apathie, les deux caractéristiques de la liberté cynique, Diogène doit soumettre son corps à un entraînement de nature physique, seul moyen de s’émanciper des chaînes de la civilisation. Socrate, surtout chez Xénophon et dans une certaine mesure chez Platon, avait déjà fait des exercices corporels une condition d’acquisition de la liberté. Toutefois, l’émancipation de l’individu débouche avec Socrate sur l’apprentissage du savoir qu’il juge nécessaire à la vertu. Les Cyniques, quant à eux, rejettent la vertu-connaissance et limitent leur activité philosophique à la pratique d’une ascèse corporelle rigoureuse, de sorte que la liberté mène sans détour à la vertu et au bonheur au point de s’y identifier. Les Cyniques se différencient donc de leurs prédécesseurs socratiques en ne prolongeant pas leur quête philosophique au-delà du moment de la libération et, par le fait même, font de la liberté la véritable marque distinctive de leur philosophie.
Conference Presentations by Isabelle Chouinard
Le séminaire cherchera notamment à identifier les raisons qui ont poussé ces penseurs à s’intéresser aux questions de l’origine et de la condition des premiers êtres humains, ainsi qu’à mieux comprendre la cohérence du traitement de la préhistoire qu’ils proposent et la manière dont ce traitement s’inscrit dans le cadre plus général de leur pensée.
Books by Isabelle Chouinard
Zeno of Citium, the founder of Stoicism, received part of his philosophical instruction from the Cynic Crates of Thebes. This connection left a lasting imprint on the Stoic school, which maintained strong ties with Cynicism. The first part of my dissertation contributes to our knowledge of these links by listing and analyzing all the references to Cynicism in Stoic writings, from Zeno to Marcus Aurelius. Each text is accompanied by a French translation and a philological and philosophical commentary. The complexity of the Stoics’ perspective on Cynicism is made evident in Seneca and Epictetus, who admit some Cynics in their pantheon of sages while criticizing certain aspects of their philosophy. The second part of my dissertation analyzes the Stoic debate on the possibility for the sage to “cynicize”: some Stoics refuse it, others accept it under certain circumstances, and others, such as Apollodorus of Seleucia, consider Cynicism to be a quick yet difficult path to virtue. To shed light on this debate, I examine its connection with the doctrine of appropriate acts, the content of the Cynic doxography (D.L., VI 103-105), and the image of the path to virtue. These analyses highlight the posture of compromise adopted by pro-Cynic Stoics. Since features of Cynicism such as rejecting social duties, choosing poverty, and refusing long-term studies are contrary to customary Stoic advice, they must set narrow limits within which Cynicism becomes legitimate.
Each part has the same structure: it features, first, a paper which sets up the discussion, and then, one or two responses that open new perspectives and engage in further reflections. Our authors’ contributions address pivotal moments and players in the history of philosophy: women philosophers in antiquity, Cleobulina of Rhodes, Plato, Lucretius, Bardaisan of Edessa, Alexander of Aphrodisias, Plotinus, Porphyry, Peter Abelard, Robert Kilwardby, William Ockham, John Buridan, and Isotta Nogarola.
The result is a thought-provoking collection of papers that will be of interest to historians of philosophy from all horizons. Far from being an isolated effort, this book is a contribution to the ever-growing number of initiatives which endeavour to showcase the work of women in philosophy.
Dans les fragments éthiques, Démocrite présente la vieillesse comme un âge où la modération se développe plus facilement que dans la jeunesse (68B294 DK). Le fait qu’il décrive aussi la vieillesse comme une « mutilation intégrale » (πήρωσις ὁλόκληρος) (68B296 DK) laisse croire que sa théorie atomiste a pu servir à rendre compte du phénomène. Comprise comme une perte d’atomes dans toutes les parties du corps, la πήρωσις entraîne avec elle des fuites d’atomes psychiques qui peuvent avoir un effet sur le tempérament des vieillards. Si cette hypothèse est juste, elle s’ajoute au nombre des liens possibles entre la
théorie atomiste et les pensées morales de Démocrite.
Plusieurs versions de la mort de Diogène de Sinope sont rapportées au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres. Les héritiers de Diogène ont transmis à la postérité celle du suicide par asphyxie volontaire, une mort qu’ils estiment digne de sa philosophie. Cette étude vise à trouver le fondement cynique du suicide de Diogène grâce à une reconstitution du rapport des cyniques à la mort volontaire. Plusieurs fragments et témoignages montrent que les cyniques considèrent la vie et la mort comme indifférentes : ce qui importe avant tout est de mener une bonne vie. Le suicide est justifié seulement lorsque le corps du philosophe souffre d’un affaiblissement extrême et durable. Pour atteindre et maintenir son idéal de liberté, le cynique doit soumettre son corps à un entraînement qui requiert une certaine force corporelle. Aussi, dès qu’il n’est plus capable de pratiquer l’ascèse cynique en raison des limitations physiques dues à la vieillesse ou à la maladie, le philosophe n’hésite pas à quitter la vie. Cette justification est attestée dans les exhortations au suicide formulées par des cyniques ainsi que dans les récits des morts volontaires de Métroclès, d’Héraclès, de Démonax et de Pérégrinos.
Résumé : La célèbre anecdote où Diogène cherche un homme (ánthrōpon zētō̂) avec sa lanterne en plein jour (D.L. VI 41) a été interprétée de deux manières, selon la signification attribuée au mot ánthrôpos (« homme »). Les tenants de l’interprétation nominaliste, en lui assignant le sens d’homme en tant que concept, voient dans la quête de Diogène une attaque contre les Idées platoniciennes. Les défenseurs de l’interprétation morale confèrent plutôt au mot ánthrôpos un sens concret à valeur méliorative : Diogène chercherait en vain un homme vertueux. Après avoir montré que l’une et l’autre sont tout aussi valables, notre étude vise à dégager une voie intermédiaire, que nous avons nommée « falsification du langage », qui réconcilie les deux positions grâce à une analyse du rapport entre langage et vérité chez les Cyniques.
Résumé : Au livre VI des Vies et doctrines des philosophes illustres, Diogène Laërce présente le cynisme comme une école philosophique issue de Socrate et préfigurant le stoïcisme, à travers la séquence Socrate - Antisthène - Diogène - Cratès - Zénon. Le maillon de la chaîne unissant Diogène à Cratès ne fait pourtant pas l’unanimité. Au sein même de son ouvrage, l’auteur mentionne deux autres maîtres attribués à Cratès, soit Bryson d’Achaïe et Stilpon. Si le premier nous est inconnu, les sources nous renseignent assez sur le second pour apprécier des recoupements entre sa philosophie et celle de Cratès. Cette tradition parallèle, qui relie Cratès au mégarisme, fut écartée par Diogène Laërce au moment de la composition du livre VI, au profit d’une version liant le stoïcisme au socratisme via le cynisme exclusivement. Bien qu’il ne fasse aucun doute sur le plan philosophique que Cratès est l’héritier de Diogène, nous ne pouvons toutefois pas exclure la possibilité que le philosophe ait subi une double influence cynique et mégarique.
Ce colloque propose de mettre en valeur les recherches des femmes* en philosophie ancienne et médiévale. En ouvrant un espace d’échange sur leurs savoirs et leurs questionnements, il a pour but d’améliorer leur visibilité et leur représentation dans le milieu de la recherche.
Feminine* perspectives on Antiquity and the Middle Ages remain undervalued. As presenters, women* and other marginalized groups (of any kind) are less represented at academic events. This is all the more disappointing given that a number of women* are part of audiences at these events and of the broader professional community.
The symposium wants to highlight the research of women* in Ancient and Medieval philosophy. It aims to improve the visibility and representation of women* scholars in the research community by creating an environment open to the exchange of their knowledge and interrogations.
Diogène de Sinope, principal représentant du cynisme ancien, affirme dans une de ses œuvres qu’« il mettait la liberté au-dessus de tout ». Il n’est pas question ici du sens politique de la liberté, mais plutôt de son acception morale et individuelle, dont les origines remontent au moins au VIe s. av. J.-C. et peut-être à la racine même du mot ἐλεύθερος. Retracer l’histoire de cette notion révèle diverses influences sur le cynisme, que ce soit la figure de l’« esclave libre » chez les tragiques, ou la correspondance entre nature et liberté chez les Sophistes et Démocrite. Pour atteindre l’autarcie et l’apathie, les deux caractéristiques de la liberté cynique, Diogène doit soumettre son corps à un entraînement de nature physique, seul moyen de s’émanciper des chaînes de la civilisation. Socrate, surtout chez Xénophon et dans une certaine mesure chez Platon, avait déjà fait des exercices corporels une condition d’acquisition de la liberté. Toutefois, l’émancipation de l’individu débouche avec Socrate sur l’apprentissage du savoir qu’il juge nécessaire à la vertu. Les Cyniques, quant à eux, rejettent la vertu-connaissance et limitent leur activité philosophique à la pratique d’une ascèse corporelle rigoureuse, de sorte que la liberté mène sans détour à la vertu et au bonheur au point de s’y identifier. Les Cyniques se différencient donc de leurs prédécesseurs socratiques en ne prolongeant pas leur quête philosophique au-delà du moment de la libération et, par le fait même, font de la liberté la véritable marque distinctive de leur philosophie.
Le séminaire cherchera notamment à identifier les raisons qui ont poussé ces penseurs à s’intéresser aux questions de l’origine et de la condition des premiers êtres humains, ainsi qu’à mieux comprendre la cohérence du traitement de la préhistoire qu’ils proposent et la manière dont ce traitement s’inscrit dans le cadre plus général de leur pensée.
Zeno of Citium, the founder of Stoicism, received part of his philosophical instruction from the Cynic Crates of Thebes. This connection left a lasting imprint on the Stoic school, which maintained strong ties with Cynicism. The first part of my dissertation contributes to our knowledge of these links by listing and analyzing all the references to Cynicism in Stoic writings, from Zeno to Marcus Aurelius. Each text is accompanied by a French translation and a philological and philosophical commentary. The complexity of the Stoics’ perspective on Cynicism is made evident in Seneca and Epictetus, who admit some Cynics in their pantheon of sages while criticizing certain aspects of their philosophy. The second part of my dissertation analyzes the Stoic debate on the possibility for the sage to “cynicize”: some Stoics refuse it, others accept it under certain circumstances, and others, such as Apollodorus of Seleucia, consider Cynicism to be a quick yet difficult path to virtue. To shed light on this debate, I examine its connection with the doctrine of appropriate acts, the content of the Cynic doxography (D.L., VI 103-105), and the image of the path to virtue. These analyses highlight the posture of compromise adopted by pro-Cynic Stoics. Since features of Cynicism such as rejecting social duties, choosing poverty, and refusing long-term studies are contrary to customary Stoic advice, they must set narrow limits within which Cynicism becomes legitimate.
Each part has the same structure: it features, first, a paper which sets up the discussion, and then, one or two responses that open new perspectives and engage in further reflections. Our authors’ contributions address pivotal moments and players in the history of philosophy: women philosophers in antiquity, Cleobulina of Rhodes, Plato, Lucretius, Bardaisan of Edessa, Alexander of Aphrodisias, Plotinus, Porphyry, Peter Abelard, Robert Kilwardby, William Ockham, John Buridan, and Isotta Nogarola.
The result is a thought-provoking collection of papers that will be of interest to historians of philosophy from all horizons. Far from being an isolated effort, this book is a contribution to the ever-growing number of initiatives which endeavour to showcase the work of women in philosophy.