Droit Des Libertés Fondamentales
Droit Des Libertés Fondamentales
Droit Des Libertés Fondamentales
Tout le monde est concerné. Quelque chose qui s’use si on ne s’en sert pas.
« Les droits de l’homme ne seront jamais rien de consistant aussi
longtemps qu’ils ne seront pas devenu, selon le vœu même de la
déclaration de 1789 la pratique ordinaire et obstinée de chacun et de
tous ». Voir poly.
Idée de vigilance. Même dans les démocraties occidentales on n’est pas à l’abri
de pratiques voir même de règles attentatoires aux libertés. Preuve = la JP de la
CEDH. Ni jamais à l’abri de la résurgence de tentations autoritaires ou
totalitaires. Ex = facilité du régime de Vichy.
Cette pratique des droits de l’homme (cette vigilance) suppose une certaine
connaissance, conscience de ses droits. C’est le sens de la phrase du préambule
de la Déclaration de 1789 (voir poly).
Cette citation vise avant tout, compte tenu du contexte de l’époque, la protection
des libertés contre l’Etat. Ceci dit même si on n’y pense pas, garantir les libertés
c’est aussi garantir les libertés contre les agissements éventuellement d’autres
individus.
2ème remarque = ce droit est aussi une discipline carrefour. Dimension citoyenne
et aussi transversale. Le droit des LF touche à toutes les branches du droit. La
distinction droit public/droit privé n’a quasiment aucun sens en droit des libertés
fondamentales. Ex = un pan du droit des LF renvoie au droit pénal. Ex = la
liberté syndicale relève du droit du travail. Le droit de propriété est appréhendé
par le droit civil. Le droit constitutionnel garanti lui-même un certain nombre de
liberté…
Remarque = dimension aussi interne de ce droit. De + en + une dimension
internationale malgré tout et européenne (à partir de la seconde moitié du
XXème siècle). Cette dimension est venue enrichir de façon importante le régime
juridique interne, notamment de protection des droits fondamentaux.
Bibliographie =
- Gilles Lebreton : « Libertés publiques et droit de l’homme » chez Sirey
2008.
- Henry Oberdorf « droit de l’homme et liberté fondamentale » LGDJ 2008.
- J. Robert « Droit de l’homme et libertés fondamentales » chez
Montchrestien dans la collection précis Domat 2009.
- Jean Rivero et Moutouh « Les libertés publiques » tome 1.
Chapitre préliminaire =
Notion/Définition/Classification
Section 1 = Notions et définitions : Liberté / Droits de
l’homme / Libertés publiques / Libertés fondamentales
Le terme « liberté » est un terme qui est polysémique (on peut recenser près
de 100 significations de ce mot). Ce mot peut être employé dans des sens
tellement différents que l’on va repartir des classiques.
Définition classique de Lalande (philosophe) : « la liberté est l’état de celui qui
fait ce qu’il veut et non ce que veut un autre que lui : elle est l’absence de
contrainte étrangère ».
Plus proche de nous, Hayek (prix Nobel d’économie XXème) développe la même
définition dans la route de la servitude : la liberté c’est l’absence de contrainte
qu’il s’agisse de la contrainte d’autrui ou d’une contrainte sociale.
2ème remarque = le caractère très général voir absolu de ces définitions est un
peu trompeur. Cela laisse penser que la liberté elle-même pourrait être absolue.
Il n’en est évidemment rien. L’homme vie en société et même si on ne se situe
pas dans une conception holiste on doit bien tenir compte de ce paramètre (on
n’est pas tout seul). Donc la liberté à forcément des limites.
Deux grandes en tout cas =
- la liberté d’autrui d’un côté
- et ce que l’on peut appeler le bien commun de l’autre
Cela a été contesté devant les organes de la CEDH. Dans un premier temps la
commission européenne de DH (organe de filtrage à l’époque) a considéré que
ces législations ne violaient pas la Convention EDH, que cette ingérence dans le
droit au respect de la vie privée était justifiée par la protection de la morale.
Dans un second temps elles arrivent devant la CEDH, et là la Cour rend une
solution contraire. Elle estime elle que ces Etats violent la Convention, en
particulier le droit au respect de la vie privée. Que cette incursion dans la sphère
privée n’est pas justifiée.
A) La philosophie politique
La philosophie des DH est celle qui s’exprime dans l’intitulé et dans le préambule
de la DDHC de 1789 adopté par l’AN Française le 26 août 1789. Cette philosophie
politique renvoi principalement au droit naturel moderne et particulièrement à
un auteur anglo-saxon : John Locke.
On distingue en général le droit naturel moderne, celui qui inspire la philosophie
des droits de l’homme. Et le droit naturel classique d’inspiration antique ou
religieuse. Le droit naturel antique connait essentiellement le groupe. Il procède
d’une vision essentiellement holiste de la société et dans cette vision le droit
n’est pas conçu ni pensé comme un instrument qui serait destiné à garantir à
l’individu la possibilité de s’épanouir librement.
Par exemple = pour les grecs de la cité antique, y compris quand on parle de
démocratie athénienne, il n’y a pas vraiment de domaines réservés à l’individu. Il
n’y a pas de droits qui seraient opposables au pouvoir. La liberté grecque se
résume pour l’essentielle à l’exercice des droits civiques (liberté des anciens pour
B. Constant) qui permettent de participer à l’organisation de la cité ou à la
formation de la loi. Donc que des droits civiques et encore pas pour tous. Les
esclaves sont exclus.
Le christianisme fait lui aussi partie de ce qu’on appelle l’école classique du droit
naturel. Mais progressivement c’est aussi lui qui va participer à cette
évolution consistant à prendre en compte l’individu. Prise en compte qui va
s’avérer nécessaire à un certain moment de l’histoire compte tenu du contexte
économique et social.
Au siècle suivant Rousseau reprendra l’idée de contrat social sous une forme un
peu renouvelée. Il va essayer de dépasser l’opposition traditionnelle entre
pouvoir et liberté en essayant au contraire de réaliser une synthèse qui
réconcilierait le pouvoir et la liberté. Mais synthèse qui suppose parfois des
raisonnements peu convaincants. Pour Rousseau le dépassement de l’antagoniste
entre pouvoir et liberté suppose d’abord que l’homme par le contrat social
abandonne tous ses droits à la communauté. Pour lui ce n’est qu’à cette
condition que les hommes seront tous égaux et que donc aucun ne pourra
prétendre imposer aux autres sa propre volonté. Pour Rousseau l’égalité fonde la
liberté parce que l’égalité rend impossible la subordination de l’homme à un
autre homme. Par le contrat social chacun se donne à tous c'est-à-dire en terme
de pouvoir : chacun obéit à cette fameuse volonté générale. En obéissant à la
volonté générale chacun n’obéit en fait qu’à lui-même.
En effet le droit français en incorporant les droits de l’homme dans le droit positif
va changer de terminologie, va abandonner cette notion de droits de l’homme
pour lui préférer dans un premier temps la notion de liberté publique.
B) Le droit international
La référence aux droits de l’homme est reprise par la Charte des NU. Aussi la
déclaration universelle des DH de 1948 par une résolution générale des NU.
Elle n’a pas en elle-même de sens obligatoire.
Cette déclaration a été reprise, et la référence aux DH a été reprise par les 2
pactes internationaux de 1966 qui traduisent en droit positif le contenu de la
déclaration universelle.
La référence aux DH est aussi explicite en droit européen. Dans la Convention
européenne de sauvegarde des DH et des libertés fondamentales. Texte qui est
contraignant pour les Etats qui l’ont ratifié, qui est en + d’effet direct. Plus
récemment adoptée en 2000 la Charte européenne des droits fondamentaux.
Le CC utilise lui cette expression, pour la 1ère fois dans une décision du 22 janvier
1990. Il a utilisé cette expression comme équivalent à la notion de droits et
libertés constitutionnellement garantis. En même temps cette question du
sens et de la substitution d’une notion à une autre est délicate à établir.
Quelle serait la différence entre les 2 ?
- 1ère raison, les auteurs divergents assez considérablement sur ce qui
convient d’entendre sur libertés fondamentales.
- En droit positif on ne trouve pas de définition constitutionnelle ou légale
notamment de ce que serait une liberté fondamentale. La loi du 30 juin
2000 est particulièrement révélatrice. Dans cette loi le législateur non
seulement n’a pas défini ce qu’était une liberté fondamentale mais en + il
n’a pas non plus fixé par avance de manière descriptive une liste de ces
libertés fondamentales dont la violation serait susceptible d’ouvrir la voie au
référé suspension… Problème de sécurité juridique. C’est la JP du CE qui
défini au cas par cas la liste des libertés susceptibles d’ouvrir la voie à cette
procédure d’urgence. La liste de ce que le CE considère étant comme des
libertés fondamentales.
Si ce n’est pas une différence de contenu, qu’elle est la différence ? Que signifie
la substitution de LF à LP ?
En France cette substitution tardive de la notion de liberté fondamentale à
celle de liberté publique tend à traduire et à mettre en lumière l’évolution qu’a
connue la garantie juridique des libertés en France. Ce sur quoi on veut insister
est l’idée que les libertés publiques dans leur acception classique
dépendaient du parlement, du législateur. Les DF s’imposent eux désormais
même à la loi. La conception traditionnelle des libertés publiques en France
renvoyait à l’idée de liberté protégée par le législateur parce que reconnue et
organisée par lui et protégée essentiellement contre le pouvoir exécutif. Le
légicentrisme issu de la Révolution française va prévaloir en France jusqu’à la
seconde GM. Ce légicentrisme interdisait que l’on puisse se méfier du pouvoir
législatif. Conception de Rousseau, le législateur ne peut mal faire car il est
l’expression de la volonté générale. Puis il y eu une évolution qui prend sa source
dans la seconde GM et ses suites. Evolution où l’on assiste au développement
des sources internationales des protections de libertés, en particulier les sources
européennes qui s’imposent au législateur. Parallèlement l’essor en France d’un
droit constitutionnel des libertés. Donc des sources et une garantie qui
deviennent supralégislative et qui s’impose au Parlement avec cette idée que la
protection des droits fondamentaux ne relève plus seulement du juge ordinaire
mais aussi du CC et du juge européen.
On passe au pluriel.
La DDHC consacre au titre de ces protections particulières (libertés
individuelles) la liberté religieuse et plus généralement la liberté d’opinion. Elle
consacre aussi dans son article 11 la liberté d’expression. Et enfin le droit de
propriété.
C’est sur ce droit de la propriété là que les controversent ont été les + vives y
compris au moment de la Déclaration elle-même. Dès le XVIIIème siècle il n’y a
pas unanimité pour considérer que le droit de propriété serait inhérent à la
nature humaine.
Certains auteurs comme Rousseau considèrent par exemple que ce droit relève
non pas de l’ordre naturel mais de l’ordre social. Voir phrase sur poly.
C’est le seul quasiment à bénéficier dans la déclaration elle-même de dispositions
protectrices relativement précises. Voir l’article 17. Il en fait un droit sacré.
C’est aussi un droit qui illustre bien les difficultés de la classification. C’est un
droit qui est reconnu dans la DDHC en tant que liberté individuelle et donc en
tant que droit civil. Droit que l’on peut classer aussi parmi les droits
économiques.
L’extension des libertés civiles ne s’est pas limitée aux libertés individuelles.
On a des libertés collectives. Comme la liberté d’association, de manifestation…
Les libertés collectives se distinguent des libertés individuelles en ce sens qu’elles
ne peuvent s’exercer que si plusieurs personnes s’accordent sur leurs mises en
œuvre.
Il ne peut pas y avoir de véritable liberté d’expression sans les libertés collectives
de réunion, d’association ou même de manifestation.
Historiquement sont reconnus quasiment en même temps des droits politiques.
La 1ère génération des droits et libertés comportent aussi des droits politiques
(droits des citoyens) c'est-à-dire le droit de participer aux affaires de la cité.
Plutôt restreint au début avec le suffrage censitaire. C’est un droit qui finira par
imposer le principe du SU.
La nature juridique de ces droits civils et politiques qu’ils soient individuels ou
collectifs c’est d’être des droits de. Des droits de faire, des droits d’agir. Et la
reconnaissance de ces droits là s’appuie en même temps sur une certaine idée de
l’Etat, du pouvoir politique. Etat qui n’est censé intervenir que dans les cas et
selon les formes prévues par la loi et uniquement pour réprimer les abus qui
pourraient avoir lieu dans l’exercice ou la jouissance de ces droits et libertés. Ce
qui sous tend la reconnaissance de ces droits là, c’est l’idée que l’Etat a un devoir
d’abstention, il n’a pas à se mêler à l’exercice normal des libertés. L’évolution
politique et surtout sociale va engendrer une critique de ces droits dits
de 1ère génération pour amener à la reconnaissance d’une catégorie dite
de 2ème génération : la catégorie des droits économiques, sociaux et culturels.
L’évolution politique et sociale va aboutir à mettre en cause cette 1ère génération
de droits. La reconnaissance de ces droits là est insuffisante. C’est une critique
sociale. Voir citation dans le poly.
En même temps on ne peut pas pousser la distinction à l’extrême pour une série
de raisons.
- une partie des droits reconnus dans la sphère sociale comme par exemple
le droit de grève ne sont pas des droits créances. Ils sont garantis et mis en
œuvre par les mêmes procédés juridiques que les droits civils et politiques.
Ce sont de véritables droits subjectifs invocables devant le juge en tant
que tels. Tous les droits sociaux ne sont pas des droits créance.
- les droits créances eux-mêmes peuvent à un certain moment se traduire en
véritable droit subjectif dont le juge pourra sanctionner la violation. Le droit
à l’instruction (droit créance) implique le droit de fréquenter l’école.
- Inversement, on peut dire que toute liberté contient en germe un droit
créance dans la mesure où la proclamation de cette liberté implique
l’obligation pour l’Etat de la garantir y compris le cas échéant en fournissant
les moyens y compris matériels pour que cette liberté ne reste pas lettre
morte.
Arrêt AIREY qui met en cause le droit d’accès à un tribunal reconnu au titre des
droits civils dans la convention EDH. Dans cet arrêt le juge européen va
considérer que pour être effectif (pour avoir une réalité) ce droit d’accès à un
tribunal peut emporter des obligations positives à la charge de l’Etat afin de
faciliter l’accès à la justice. Le juge européen reconnait un droit à l’assistance
judiciaire et il le reconnait dans un contentieux civil. Il fait dire à la convention
quelque chose qu’elle ne prévoit pas dans le souci de rendre effectif ce droit.
Marx critique la distinction qui est opérée dans la DDHC notamment entre les
droits de l’homme (droits civils) d’un côté et les droits du citoyen de l’autre
notamment car pour lui les droits de l’homme seraient ceux de l’homme
égoïste. Pour Marx les DH proclamés dans la DDHC consacrent un individu
séparé de la communauté qui serait uniquement préoccupé de son intérêt
personnel. Et Marx voit la preuve de cela dans la définition de la liberté donnée
par la déclaration c'est-à-dire le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce
qui ne nuit pas à autrui. Selon lui la DDHC fonde le droit à la liberté non pas sur
la relation de l’homme avec l’homme mais au contraire sur la séparation de
l’homme avec l’homme. C’est donc l’homme égoïste avec un paradoxe : un
peuple qui est en train de s’affranchir et qui prétend fonder une nouvelle
communauté politique fait de cette communauté politique un simple moyen, un
simple instrument devant servir les seuls intérêts de l’homme égoïste. Ce
paradoxe fait que cela ne peut pas fonctionner.
Le 2ème aspect de sa critique = pour lui la proclamation des DH telle qu’énoncée
dans la DDH est une mystification idéologique en ce qu’elle laisse croire que les
individus sont des sujets de droits libres et égaux alors que les rapports
économiques engendrent des inégalités concrètes et fondamentales. Pour lui
l’égalité juridique n’est pas la véritable égalité.
La critique marxiste oppose l’homme abstrait de la DDHC à l’homme concret en
reprochant à la DDHC de ne pas prendre en compte cet aspect là des choses.
Piste de réflexion = on peut suivre Marx quand le propos est de dire qu’un
certain nombre de droits et libertés contenus dans la DDHC n’ont pas de contenu
réel. On peut se poser la question de réalité du droit de propriété pour ceux qui
ne possèdent rien. Ce qui est + contestable notamment avec le recul historique :
c’est l’extension de cette critique du droit de propriété à l’ensemble des droits
civils et politique. On ne peut sans doute pas mettre dans le même sac la sûreté
et le droit de propriété ou on peut se demander en quoi la présomption
d’innocence serait une présomption bourgeoise. Ce qu’on peut peut-être
reprocher c’est de ne pas avoir suffisamment mesuré la portée pratique et
l’ampleur de la libération qui malgré tout est fait en 1789 par rapport à l’état de
l’Ancien régime. Marx esquive un certain nombre de question et notamment celle
au cœur de la théorie des DH qui est le refus de l’arbitraire (changement entre
avant et après 1789).
Le totalitarisme
Le mot totalitaire est inventé par Mussolini pour caractériser un Etat dont les
fondements sont à l’exact opposé des fondements de l’Etat libéral. On a une
supériorité du tout, du groupe = vision holiste. Supériorité de l’Etat sur
l’individu. La conception d’un pouvoir qui contrôle la totalité des sphères de
l’activité humaine. Il va par la suite servir à désigner des régimes qui présentent
un certain nombre de points communs : parti unique, idéologie officielle,
suppression des libertés individuelles et politiques. Il va + particulièrement servir
à qualifier et caractériser des régimes comme le nazisme ou le stalinisme qui
sont tous les deux des régimes totalitaires. Le régime de Vichy peut aussi entrer
dans cette catégorie.
La résurgence de ce type de régime peut être le produit de 2 attitudes =
- un régime totalitaire peut résulter soit du détournement des valeurs
libérales
- soit purement et simplement du rejet affirmé des valeurs libérales
Le but affiché de ce type de régime est l’établissement d’une société fondée sur
la liberté et l’égalité. L’objectif est différent que celui des régimes nazis. Le
problème ce n’est pas l’objectif mais ce sont les moyens qui sont utilisés pour
atteindre cet objectif qui pose problème. L’idée c’est qu’on va mettre entre
parenthèses les libertés temporairement à cause d’un certain nombre de
nécessité et notamment la nécessité de lutter contre ceux qui ne veulent pas de
cette société de liberté et d’égalité. C’est donc l’idée très dangereuse que la fin
peut justifier les moyens. On va mettre de côté provisoirement la liberté au nom
de l’établissement de la liberté. Ex historique français = la phase de la Terreur
peut illustrer la dérive d’un régime qui prétend faire triompher la liberté. Cette
période est aussi intéressante car elle inaugure d’une certaine manière les
instruments dont s’inspireront les régimes totalitaires du XXème siècle et
notamment la révolution russe de 1917. Voir les deux citations sur le poly.
Phrase de St Just « pas de liberté, pour les ennemis de la liberté » et de
Mme Roland « liberté, que de crimes on commet en ton nom ». D’un point
de vue juridique, au nom d’un certain nombre de danger (danger extérieur des
autres monarchies, et interne avec les contre révolutions) on va justifier et
adopter des lois qui officialisent l’arbitraire par exemple la « loi des suspects »
du 17 décembre 1793 qui supprime la présomption d’innocence en identifiant
certaine catégorie de personne comme étant d’office suspect. Cette logique
culmine dans le discours de Robespierre qui prononce en 1794 « je dis que
quiconque tremble en ce moment est coupable, car jamais l’innocence
ne redoute la surveillance publique ». Il ne faut pas occulter cette période
liberticide.
Cela n’enlève rien au fait que la révolution globalement a permis l’établissement
d’une société au final + respectueuse des libertés que l’AR.
II / L’essence du totalitarisme
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer le droit est présent dans les
systèmes totalitaires y compris le droit constitutionnel sauf que ce droit n’a
aucune valeur protectrice c’est juste, lui aussi, un instrument de la réalisation
des objectifs du régime. C’est donc du point de vue de son contenu, un droit qui
légitime et organise l’arbitraire. Le meilleur exemple est les lois antisémites du
régime de Vichy qui privent les juifs d’exercer des fonctions électives, puis les
privent d’exercer des fonctions d’enseignement, les excluent de la plupart des
corps de la fonction publique, puis permet de les interner dans des camps
spéciaux de façon discrétionnaire. Dans ce type de régime la caractéristique de
ces règles de droit est qu’elles vont tisser un réseau très dense de prescription et
d’interdiction qui régissent la vie des individus dans les moindres détails. Il y a
du droit et même beaucoup de droit.
L’idéal totalitaire c’est d’imposer des modèles de comportement voir des modèles
de pensées et donc dans ce type de régime il y a beaucoup de règles, beaucoup
de normes, ce qui participe aussi du mécanisme d’intimidation et d’oppression
sur lequel ils reposent. Plus il y a de règles, plus on risque d’être en infraction.
Négation des droits subjectifs, la notion de droits individuels disparait. Seul l’Etat
a des droits. Le totalitarisme est incompatible avec une référence aux DH.
Citation d’Albert Cohen voir poly.
1ère désillusion = c’est sans doute le renoncement à l’idée d’un Etat tout puissant
et surtout au renoncement qu’un Etat puissant va pouvoir bâtir la société idéale.
Renoncement à ce projet utopique qui est à l’origine de tous les totalitarismes.
C’est donc en même temps aussi le renoncement à cette idée de la Révolution
porteuse de libération. L’expérience soviétique en particulier aura discréditée le
mythe du grand soir en montrant les risques inhérents au processus
révolutionnaire.
Phrase de Lacan : « l’aspiration révolutionnaire, ça n’a qu’une chance
d’aboutir, toujours, au discours du maitre. C’est ce dont l’expérience a
fait la preuve. Ce à quoi vous aspirez comme révolutionnaires, c’est à un
maître » : 3 décembre 1969. « Je ne suis libéral, comme tout le monde, que
dans la mesure où je suis anti-progressiste ». Il ne s’agit pas de confondre sans
doute toutes les révolutions. Certaines peuvent être au final délibératrice mais il
s’agit de souligner qu’en elle-même et indépendamment de leur résultat elles
sont porteuses de risques et ces risques sont ceux qui sont liés à la suppression
de toute contrainte, de toute limite parce que supprimer les limites c’est aussi
supprimer les limites qui encadrent le pouvoir étatique lui-même. Et le risque est
là. 1ère désillusion qui va nourrir un ralliement pragmatique au libéralisme
politique.
C’est une contradiction qui a été difficile à gérer pour certains libéraux, qui a
donc suscité un certain nombre de débat mais on a fini par admettre un certain
interventionnisme de l’Etat.
La plupart des droits et libertés qui sont garantis par les textes peuvent faire
l’objet d’une dérogation, d’une suspension en cas de circonstances
exceptionnelles selon les modalités et dans les conditions prévues par les textes
pertinents. Du point de vue philosophique ou politique la justification de cela est
l’idée de légitime défense de la société, un Etat doit être autorisé à déroger aux
obligations qu’il a souscrites, à suspendre la jouissance des droits proclamés, si
la sécurité de la société l’exige.
D’un point de vue interne, ces régimes d’exception naissent souvent dans des
périodes troublées notamment dans des périodes de guerre. A l’origine ils ont
donc quasiment des fins conjoncturelles sauf qu’en général une fois le
trouble passé on ne les abroge pas et ils restent de façon permanente à
la disposition du pouvoir. Ces textes peuvent avoir une origine
constitutionnelle, législative, ou même d’origine jurisprudentielle. Les
conventions internationales ont admit le principe mais elles ont cet intérêt
qu’elles ont cherché aussi à l’encadrer davantage.
A) L’article 15 de la CEDH
La France comme la quasi-totalité des autres Etats, connait des règles qui
dérogent au statut normal des libertés dans un sens aggravant et liberticide. En
France ces régimes sont prévus soient par la Constitution et on va donc reparler
brièvement de l’article 16 de la Constitution, des régimes prévus par la loi (loi
sur l’état de siège non appliquée et la loi sur l’état d’urgence qui est réactivée
régulièrement : décembre 2005). Ce type de régime peut être prévu aussi par la
JP qui a élaboré une théorie JP des circonstances exceptionnelles. La mise en
œuvre de ces régimes est attentatoire aux libertés de 2 manières =
- d’abord directement car ces régimes permettent de déroger aux droits et
libertés garantis, de restreindre voir de supprimer l’exercice de certains
droits et libertés.
- et de façon indirecte aussi. Elle est attentatoire indirectement aux libertés
en ce que ces régimes permettent aussi de déroger aux règles
traditionnelles d’organisations des pouvoirs publics. Ces régimes en
particulier ne permettent plus le jeu protecteur de la séparation des
pouvoirs, ne permettent donc + le jeu protecteur des contre pouvoirs.
L’article 16 de la Constitution par exemple permet la confusion entre
pouvoir exécutif et pouvoir législatif. La loi sur l’état de siège permet elle la
confusion ente les pouvoirs civils et militaires. D’une manière générale ces
régimes permettent d’amoindrir la compétence des juridictions ordinaires.
C’est un régime qui à l’origine a été présenté par le Général De Gaulle comme un
moyen d’éviter en cas de guerre notamment la reproduction des événements de
juin-juillet 1940, notamment la vacance du pouvoir. La mise en oeuvre de ce
régime doit obéir à des conditions de fonds et de formes.
Au fond 2 conditions cumulatives =
- l’article 16 ne peut être déclenché que si « les institutions de la République,
l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de
ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et
immédiate ».
- il faut en outre que cette menace aboutisse à interrompre le
fonctionnement régulier des PP.
Adaptée initialement par une loi du 9 août 1849, modifié par une loi du 3 avril
1875, ancien mais toujours en vigueur. Origine conjoncturelle aussi. C’est le +
ancien des régimes législatifs. L’idée étant de pouvoir réagir
essentiellement dans des situations de types militaires (villes investies par
l’ennemi). Ce texte est très marqué par ces préoccupations militaires.
Au fond il doit exister un péril imminent qui résulterait soit d’une guerre
étrangère, guerre civile ou insurrection à main armée.
Sur la forme, la décision est prise par décret en conseil des ministres, qui peut
être appliqué pendant 12 jours, au-delà il faut l’intervention du Parlement pour
voter une loi de prorogation. Selon l’étendu de la menace il peut porter sur tout
ou partie du territoire.
Implications de ce régime sur les libertés :
- l’autorité militaire peut remplacer l’autorité civile dans l’exercice des
pouvoirs de police du maintien de l’ordre (c’est le seul qui le prévoit).
- ces pouvoirs de police ont une portée supérieure à la normale. Extension
qui porte notamment sur 4 points : perquisitions possibles de jour et de
nuit, remise des armes et munitions appartenant aux particuliers
(réquisition), l’autorité de police peut interdire les publications, les réunions
susceptibles d’entrainer des désordres, enfin les personnes qui ne seraient
pas domiciliés dans la zone de l’état de siège ou qui auraient déjà eu affaire
avec la justice peuvent être interdit de séjour dans la zone.
- des tribunaux d’exception peuvent être mit en place et notamment les
tribunaux militaires peuvent se voir investies de compétence qui seraient
celles des juridictions répressives notamment pénales en temps ordinaire.
Pas appliqué depuis longtemps car il y a d’autres textes, qui sont semblables et
dont le recours et + aisé.
L’état d’urgence aggravé. Le décret qui met en place l’état d’urgence peut
ajouter deux effets supplémentaires. Mais là il faut que le décret le prévoie
expressément. Pas de plein droit.
Théorie purement JP qui trouve ses origines lors de la 1ère GM. Ce sont en effet
les nécessités de la guerre qui vont conduire le CE a admettre que le caractère
exceptionnel des circonstances de la guerre permet à l’autorité administrative, et
notamment à l’autorité de police, de prendre des décisions contraires à la loi
sans pour autant commettre une illégalité. On a déjà des lois d’exception très
permissives, attentatoires aux libertés et l’autorité de police peut en +
s’affranchir de ces droits. Néanmoins cette théorie ne va pas jusqu’à affranchir
l’autorité administrative du respect de toute légalité. Le juge va quand même
exercer un contrôle de proportionnalité entre les mesures prises et la gravité des
circonstances. Les mesures qui excéderaient les nécessités du moment seront
considérés comme illégales.
Affaire Canal de 1962 : le CE annule une ordonnance qui instituait une cour
militaire de justice en l’espèce. Au motif que les atteintes apportées par ce texte
liberté dépassent ce qui était nécessaires dans les circonstances de l’époque.
Théorie qui a pris une tournure + générale et comme le montre l’affaire de 1962
a été appliqué à d’autres crises. Le principal effet de cette théorie est d’étendre
les compétences des autorités de police. Et cette extension se manifeste d’abord
sur le terrain de la légalité. Pour illustrer l’origine de cette théorie : affaire Dame
Dol Laurent, histoire du préfet de Toulon qui limite les activités en l’occurrence
de prostituées alors même que sa décision excède les pouvoirs qui lui sont
conférés par la loi sur l’état de siège. Le juge administratif dit que les
circonstances de l’époque le permettent.
Cette JP des circonstances exceptionnelles a aussi des conséquences sur ce qu’on
appelle la théorie de la voie de fait. En principe la réparation des dommages
qui sont causés à un particulier du fait des agissements de l’administration relève
normalement de la juridiction administrative. Par dérogation à ce principe, le
juge judiciaire va être compétent en cas de voie de fait. Deux conditions pour
qu’elle soit constituée =
- L’acte dommageable doit être vicié par une irrégularité d’une gravité
exceptionnelle. L’acte dommageable doit être « insusceptible de se
rattacher à un pouvoir légal de l’administration ».
Aussi une partie des droits liés à l’intervention de la justice. La convention EDH
se montre ici particulièrement rigoureuse. La construction d’un Etat de droit
repose essentiellement sur l’intervention d’un juge qui doit bénéficier de
certaines qualités juridiques comme notamment en termes d’indépendance et
d’impartialité. Sont mis hors d’atteinte en période normale toute une série de
droit le 1er étant le droit au recours.
A) Le droit au recours
Article 11.
Article 2 du 4ème protocole. Droit qui concerne les personnes ayant la nationalité
de l’Etat en cause mais qui concerne également les étrangers en situations
régulière.
Cette obligation de légalité part d’un principe libéral classique suivant lequel
l’individu doit pouvoir agir en toute connaissance de cause quant à l’étendu exact
de sa liberté. Précision s’agissant du droit européen, la notion de loi est entendue
largement par la CEDH car le juge européen doit aussi tenir compte des
systèmes de Common law, il considère comme satisfaisant à l’exigence de
légalité tout acte de portée générale et aussi une limitation d’origine JP à
condition de satisfaire à certaines exigences. Une JP peut être l’origine de
limitation aux droits à condition de satisfaire à une exigence de qualité. La
limitation doit être, pour le juge européen, suffisamment accessible et précise
pour permettre aux citoyens de prévoir les conséquences de ses actes.
Il s’agit là des valeurs au nom desquelles les autorités publiques vont pouvoir
apporter des limitations aux droits garantis. Il s’agit des valeurs dont la
sauvegarde apparait essentielle pour la préservation du lien social. La liste est
assez longue, elle peut varier d’un droit à l’autre. Dans tous les cas on retrouve
notamment dans les articles 8 à 11, la sureté publique, la défense de l’ordre…
(Voir poly). S’y ajoute selon le droit en cause d’autres valeurs.
Toutes ces rubriques sont assez nombreuses et suffisamment larges pour que
toutes atteintes aux libertés puissent y être facilement rattachées. Et donc ce qui
va être déterminant dans le contrôle exercé par le juge sur ces limitations, c’est
le contrôle sur la nécessité des limitations.
L’atteinte aux droits garantis, la limitation posée par l’Etat doit être nécessaire
dans une nécessité démocratique. C’est ici que la convention européenne et le
juge européen s’avèrent les protecteurs des libertés garanties. Il ne suffit pas
que l’ingérence étatique puisse être justifiée par l’une des valeurs (motif
légitime). Mais cela ne suffit pas encore faut-il que la limitation, par hypothèse
contestée devant le juge européen, s’avère nécessaire et ce dans un cadre bien
précis, celui d’une société démocratique.
Cela signifie notamment que des restrictions qui pourrait éventuellement être
considérées comme nécessaire dans un Etat autoritaire ne seront pas admises
par le juge européen si elle porte atteinte à ce que le juge considère comme
étant les valeurs fondamentales d’une société démocratique. Ces valeurs sont le
pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture.
Ex qui concerne la liberté d’expression « vaut non seulement pour les
informations et idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives
ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent
l’Etat ou fraction quelconque de la population ». Arrêt de principe : arrêt
Handyside contre RU du 7 décembre 1976.
C’est donc à l’aube de ces valeurs que le juge européen va apprécier la nécessité
de la limitation.
Sur l’appréciation de la nécessité, cette nécessité implique selon la Cour une
première chose « l’existence d’un besoin social impérieux ». C’est la 1ère
condition au titre de nécessité qui pourra justifier la limitation. Cette nécessité
implique un contrôle de proportionnalité de la mesure restrictive par rapport au
motif légitime, au but légitime qui est visé.
De nombreux articles de la convention européenne admettent donc des
limitations possible aux droits garantis sous réserve que l’Etat puisse justifier ces
limitations au regard des 3 critères (clause de nécessité dans une société
démocratique). D’autres articles procèdent de manière différente, ils permettent
aussi des limitations aux droits garantis mais cette fois selon une technique un
peu différente c'est-à-dire en définissant avec + ou – de précision ces possibilités
de limitations.
2 techniques possibles =
- la 1ère consiste à énumérer les hypothèses dans lesquelles sera admise une
restriction, une limitation aux droits proclamés
- l’autre consiste à subordonner la restriction du droit à des justifications
d’intérêt général sauf que dans cette hypothèse, la condition de nécessité n’est
plus exigée.
Cette technique là est toujours une technique très protectrice des libertés
puisqu’elle donne tous son sens à l’idée que le droit à la liberté est le
principe, la limitation l’exception. Concrètement toute limitation à la liberté
qui ne rentrera pas dans le cadre des limitations limitativement énumérées par la
Convention sera considérer contraire à la convention. Sont protégés selon cette
technique article 2 (droit à la vie), le droit de ne pas être astreint à accomplir un
travail forcé ou obligatoire (article 4).
Article 5.
A priori cette façon de procéder est moins exigeante, moins protectrice que
l’exigence d’une nécessité.
Le droit de circuler librement sur le territoire de l’Etat. La convention précise que
ces droits peuvent faire l’objet de limitation qui prévues par la loi sont
justifiées par l’intérêt public (motif légitime) dans une société démocratique.
L’intérêt public pertinent n’est pas spécifié, assez large. Et surtout le texte
n’exige qu’une simple justification il n’y a pas la d’exigence de nécessité.
Cela montre l’importance du juge car c’est lui au bout du compte qui va
apprécier ce poids respectif et notamment à travers la mise en œuvre du
contrôle de proportionnalité. Toute la JP du Conseil d’Etat sur les pouvoirs de
police illustre bien la mise en œuvre de ce principe de proportionnalité (arrêt
Benjamin). La mesure de police n’est légale que si les limitations qu’elle apporte
à la liberté sont nécessaires et donc strictement proportionnées à la menace qui
pèse sur l’ordre public. Le CC de son côté va s’assurer de la même façon que le
législateur a correctement opéré « la conciliation nécessaire entre le respect des
libertés et la sauvegarde de l’ordre public sans lequel l’exercice des libertés ne
saurait être assuré ».
Qui est habilité à ces limitations ? Dans une démocratie il ne peut s’agit que du
peuple ou ses représentants. C’est donc l’expression de la majorité qui va
fixer les limites mais avec ce risque d’atteintes aux droits de la minorité. Avec ce
risque de contradiction entre le libéralisme d’un côté et la démocratie de l’autre.
Chapitre 2 = Libéralisme et démocratie
L’expression démocratie libérale est si courante qu’il peut paraitre incongrus de
dissocier les 2 termes. A priori le libéralisme et la démocratie sont 2 notions qui
semblent concordantes. Et il y a effectivement des éléments de concordance.
Pourtant cette concordance de certains points de vue de va pas forcément de soi.
Cette idée de garantie nous amène à une autre articulation entre libéralisme et
démocratie, idée d’une interdépendance entre la démocratie et les DH (le
libéralisme). Cette interdépendance vient de l’idée que seul un régime
démocratique peut garantir de façon satisfaisante les droits et libertés. C’est
aujourd’hui une sorte d’évidence constamment rappelé par les textes
internationaux. Préambule : le maintien des LF repose « essentiellement sur
un régime politique véritablement démocratique ».
Risque est celui du gouvernement des juges. Rengaine à propos du CC. Apparait
une autre contradiction potentielle, entre l’Etat de droit et les démocraties.
Il y a donc toujours des conciliations à trouver, des équilibres qu’il faut
préserver. La démocratie comme l’Etat de droit sont susceptibles de dérives
nuisibles aux libertés.
Pour lui il y a une différence fondamentale entre l’Etat légal et l’Etat de droit,
notamment du point de vue des libertés. L’Etat de droit est institué dans l’intérêt
et pour la sauvegarde des citoyens ou des droits des individus. L’Etat légal lui ne
vise qu’à assurer l’organisation des pouvoirs étant purement et simplement à
assurer la suprématie du corps législatif.
L’idéologie qui sous-tend cette conception est héritée de Rousseau est repose
toujours sur cette même idée que la loi étant l’expression de la volonté générale
elle ne peut être que libératrice, pas de loi liberticide.
Le 2ème niveau est selon lui l’Etat de droit proprement dit, Etat
constitutionnel. L’avènement en France de l’Etat de droit est assez directement
lié politique à la crise du parlementarisme notamment sous la IVème République,
et donc amène cette idée que pour être achevé l’Etat de droit suppose
nécessairement la suprématie de la constitution qui elle-même suppose
nécessairement la sanction de toute violation de cette constitution par un juge
indépendant. 3ème dimension de l’Etat de droit. Instauration d’une juge qui
contrôlera la conformité de la loi à la constitution.
On voit bien que les postulats de l’Etat légal sont en complète opposition avec
ceux de l’Etat de droit. Contradiction fondamentale étant le contrôle de la loi.
Dans l’ordre interne c’est simple, la constitution domine. Les choses se
compliquent quand on veut prendre en compte l’ordre juridique international. Et
c’est important du point de vue liberté car on a des textes internationaux de
protection des libertés. Il faut pouvoir déterminer comment la norme
internationale va s’articuler avec la norme interne.
La réponse n’est pas la même selon qu’on l’envisage du point de vue interne ou
international. Du point de vue international, des organes et des juridictions
internationales, les normes de droit interne et toutes, y compris les normes
constitutionnelles sont subordonnées au droit international.
C’est une opposition que la CPIJ a adopté dès 1932 dans un avis dit avis sur le
traitement des nationaux polonais à Dantzig.
La CJCE a adopté la même position sur des fondements un peu différents, sur le
fondement de la spécificité du droit communautaire. Idem CEDH arrêt de
principe, arrêt de 1998, parti communiste unifié de Turquie et autres contre
Turquie.
Du point de vue du droit interne, les traités (article 55) sont certes supérieurs à
la loi (pas de soucis) mais le droit international reste inférieur à la constitution ce
qui d’une certaine manière est logique car c’est elle qui détermine le statut et la
valeur de ce même droit international.
Cette position, malgré les acrobaties du juge administratif pour tenir compte de
+ en + de la spécificité du droit communautaire. Le principe reste le même, le
droit international est inférieur à la constitution. Dans ce sens arrêt Sarran CE et
arrêt Fraisse Cour de cass.
Arrêt PY contre France CEDH du 11 janvier 2005. Était en jeu matériellement un
problème de … du corps électoral en Nouvelle Calédonie. Le requérant n’avait pas
été admis à s’inscrire sur les listes électorales et donc avait saisi le TGI de
Nouméa puis la Cour de cassation en invoquant une violation de l’article 3 (droit
à des élections libres) du 1er protocole de la convention. Dans la droite ligne de
sa JP Fraisse, la Cour de cassation commence par constater que les restrictions
qui sont dénoncées par le requérant sont prévues dans un texte l’accord de
Nouméa, accord qui a une valeur constitutionnelle en vertu de l’article 77 de la
constitution. Conclusion pour la Cour il ne lui appartient pas d’examiner la
conformité de ces accords à la convention européenne car ils ont valeur
constitutionnelle.
A l’opposé quand l’affaire arrive devant le juge européen, même s’il rejette au
final la requête le juge européen lui accepte de contrôler la compatibilité des
règles constitutionnelles avec la convention. Divergence de principe.
En même temps cette divergence de vue est à relativiser. Les conflits en matière
de liberté entre normes internationales et normes constitutionnelles sont peu
fréquents car le CC s’arrange souvent pour interpréter les dispositions
constitutionnelles à la lumière des engagements internationaux de la France.
Particulièrement vrai quand il s’agit de la convention européenne des DH.
Quoi qu’il en soit et compte tenu de l’efficacité des instruments internationaux et
en particulier européen en matière des DH.
Cette dualité s’explique assez facilement. Elle s’explique par la différence entre
les 2 catégories de droit qui étaient proclamés par la DUDH, d’un côté les droits
civils et politiques qui sont donc en tant que tel énoncés sous la forme de droits
subjectifs et donc en tant que tels opposables aux Etats qui ont encore une fois
ratifié le pacte. A l’inverse beaucoup de droits économiques, sociaux et culturels
ne peuvent être mis en œuvre que progressivement et donc ne peuvent être mis
en œuvre qu’en fonction du niveau de développement de chaque Etat. Le pacte
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ne comporte à la charge des
Etats qu’une simple obligation de moyen. Ils s’engagent à assurer
progressivement le plein exercice des droits qui sont proclamés.
Autre explication à cette dualité liée au contexte de l’époque. Elle s’explique
aussi par le clivage de la société internationale de l’époque, l’URSS et d’une
manière générale le camp soviétique privilégier plutôt les droits économiques et
sociaux tandis que le camp occidental lui insistait davantage sur les droits civils
et politiques.
Ce sont des textes généralistes. On a beaucoup d’autres conventions toujours
élaborées sous l’égide des NU mais qui sont + spécifiques. On a d’autres traités
qui visent soit des atteintes particulières aux DH soit qui visent à protéger des
catégories particulières de personnes. Ex la convention pour la répression au
génocide, convention contre la torture. Convention onusienne relative aux droits
de l’enfant. Ces textes sont toujours + ou – liés au contexte de l’époque. Ce qui
nous explique que l’évolution de la société, l’apparition de nouveaux dangers
pour les libertés motivent sans arrêt l’adoption de nouveaux textes. Toutes les
avancées technologiques s’agissant en particulier des technologies du vivant,
dans le domaine de la technologie du génétique, entrainent à leur tour l’adoption
de nouveaux textes en matière des DH. Au niveau international, car il faut fixer
des principes commun à l’ensemble des Etats si on veut éviter ce qu’on appelle
des phénomènes d’évasion vers des Etats où la législation serait moins
contraignante en matière par exemple de recherche sur les embryons, en
matière de clonage ou d’une manière générale en matière de manipulation
génétique.
On assiste à la construction d’un droit international de la bioéthique. Donc on a
de nouvelles préoccupations au niveau international…
On assiste également à l’apparition de nouveaux instruments. Ça concerne en
particulier le développement du droit pénal international. On peut faire remonter
l’émergence d’un droit pénal international au procès de Nuremberg mais en
même temps du point de vue historique il s’agit là d’une expérience ponctuelle et
par la suite la mise en œuvre d’un droit pénal international va se heurter à un
certains nombres d’obstacles, obstacles qui rendent compte de la réticence des
Etats à accepter une quelconque atteinte au monopole étatique en matière de
justice pénale en particulier. On peut considérer que la répression internationale
de certains crimes se justifie parfaitement et se justifie par au moins 2 types de
considérations.
1er élément de justification = c’est qu’on peut considérer que certains types de
crimes en raison de leur nature (ex = le génocide ou crime contre l’humanité)
concernent la communauté internationale toute entière car ils touchent à
l’essence de l’humain.
2ème élément de justification = c’est le constat que si cette répression
internationale n’existe pas ces crimes peuvent demeurer impunis.
Il y a différents moyens de faire en sorte que ces crimes ne restent pas impunis.
Autre solution = solution des conventions de Genève ou solution qui est mis
en place par la convention contre la torture. Ces textes posent le principe de
ce qu’on appelle la compétence universelle des Etats. Cela signifie que sur la
base de ces textes, les victimes peuvent poursuivre les auteurs de ces crimes
interdits par ces textes devant n’importe quel tribunal de n’importe quel pays
sous réserve évidente que cet Etat ait ratifié la convention et qui ait mis sa
législation nationale en conformité avec les obligations internationales qu’il a
souscrit. La répression de ce type d’infraction peut être aussi confiée à des
juridictions internationales sur le modèle du tribunal de Nuremberg. Sauf qu’il a
fallu attendre 50 ans pour que l’expérience soit renouvelée. Deux juridictions
ad’hoc ont été créée sur décision du Conseil de sécurité. En 1993 le CS crée le
tribunal international pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY). Et en 1994, le CS crée le
tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Pression des événements.
Un pas supplémentaire est franchi avec l’adoption de la convention de Rome qui
créée une Cour pénale internationale permanente, en 1998. Entre en vigueur le
1er juillet 2002 (60 ratifications). On dépasse le ad’hoc. Elle est compétente pour
tous ce qui sera qualifié de génocide, de crimes de guerre ou crime contre
l’humanité quelque soit le lieu du crime. Ceci étant la juridiction de la Cour ne
s’applique qu’à certaines conditions, il y a des règles de compétences.
Pour qu’un individu puisse être jugé par la CPI il faut soit =
- que l’Etat sur le territoire duquel le crime a été commis soit parti au traité
- ou alors il faut que le criminel présumé ait lui-même la nationalité d’un Etat
parti au Traité
S’agissant du système africain, une Charte africaine des DH et des peuples a été
adoptée en 1981 sous l’égide de l’OUA (organisation pour l’unité africaine). Cette
charte notamment du point de vue de son contenu présente plusieurs
particularités par rapport aux systèmes européens et américains. Ces
particularités doivent être éclairées par la façon d’envisager les relations sociales
en Afrique, particularités éclairées aussi par l’histoire de ce continent (par
l’époque de la colonisation). Ces particularités culturelles ou historiques font que
cette Charte proclame bien sur un ensemble de droits individuels mais on y
insiste + sur les droits collectifs que dans les autres chartes. Le droit
notamment des peuples à l’auto-détermination, le droit des peuples à la libre
disposition de leur richesse, le droit au développement.
A l’origine c’était un système très classique du point de vue du DI. Plus classique
de ce point de vue là que les systèmes européens ou américains. Autrement dit il
n’y avait pas d’organe juridictionnel. Et puis un protocole a été adopté en 1998,
entré en vigueur en 2004. Ce protocole institue une Cour africaine des DH et des
peuples. Cour qui peut être saisit par les individus ou les ONG en cas de violation
des droits garantis par la Charte. On a donc là très proche du système européen
en particulier. Cette Cour fonctionne à partir de juillet 2006.
Existe une Charte Arabe des DH adoptée en 1994. Charte particulière car elle
met en avant le particularisme de l’islam en se référant notamment aux
« principes éternels définis par le droit musulman » (dans le préambule). Sa
particularité = elle se situe délibérément en rupture avec la prétention
universaliste de la théorie des DH, du moins théorie occidentale. En rupture de la
vision universaliste de la DUDH.
Le fait aussi que quand il y a des textes, et que le CC s’appuie sur eux, ils sont
soit relativement ancien, soit relativement vague, tout cela est venu alimenter
une critique récurrente. Critique du comportement du juge, il aurait un
pouvoir trop important.
Un problème est posé par ce qu’entend le préambule de 1946 par les PFRLR.
Quelles sont les lois qu’il faut prendre en compte dans les PFRLR ?
Dans les lois retenues quelles sont les dispositions qui constituent des principes
fondamentaux ?
Tant que le CC ne s’est pas prononcé, l’incertitude demeure sur la valeur
constitutionnelle ou simplement législative de la disposition en cause. Et par
conséquent l’incertitude demeure sur la possibilité pour le Parlement de modifier,
voir même de ne pas tenir compte, de cette disposition.
Sur les lois à prendre en considération, question résolue sans trop de difficulté.
Doivent être considérées au titre de ces fameuses lois de la république, les lois
des 2 premières Républiques mais surtout les lois de la IIIème république, de
même que celles adoptées entre novembre 1945 et décembre 1946. Liste
indicative sur le poly.
A) Origine
On rattache traditionnellement l’origine du principe de la compétence législative
à la DDHC. La DDHC fait confiance à la loi et uniquement à elle, notamment pour
déterminer les bornes de la liberté, pour déterminer donc les exigences de l’ordre
public, pour déterminer les cas et les formes dans lesquels il est possible de
porter atteinte aux libertés. Sous la IIIème République la compétence exclusive
du législateur, pour poser le régime des libertés, a été érigée en règle
coutumière confirmé par un avis du CE du 6 février 1953. À l’origine le fait de
confier cette compétence au législateur (lors de la DDHC) renvoie au souci
d’exclure l’exécutif de cette compétence et surtout l’objectif c’est que l’exécutif
ne puisse pas se mêler de fixer les limitations possibles aux libertés. Et donc
toutes les tâches, toutes les missions que la DDHC confie au législateur
concernent ses limitations possibles. C’est au législateur qu’il appartient de fixer
les limitations possibles aux libertés. En revanche l’essentiel des garanties,
l’aspect protection lui relève pour l’essentiel de la Constitution et non de la loi.
La IIIème république modifie les données du problème puisque le silence des lois
constitutionnelles aboutie par la force des choses à confier au législateur une
compétence totale en matière de liberté, aussi bien vis-à-vis de l’exécutif que du
constituant. Ça nous explique que ces fameuses grandes lois de la IIIème
république définissent l’ensemble du statut des libertés reconnues.
B) Actualité du principe
Quelles sont les modalités qui sont utilisées par le législateur pour aménager le
statut des libertés ? Distinction entre régime répressif et préventif.
IV / Les choix du législateur : les techniques d’aménagement des
libertés : régime répressif et régime préventif
A) Le régime répressif
B) Le régime préventif
1°. L’autorisation
Dans ces grandes lignes, c’est l’idée que l’administration joue un rôle assez
passif en ce sens où elle doit simplement enregistrer la déclaration qui lui est
faite. C’est l’idée que l’individu avant d’exercer sa liberté est tenu d’avertir
l’administration (c’est le cas des fondateurs d’une association, c’est le cas des
organisateurs d’une manifestation et aussi pour l’exercice du droit de grève
notamment dans les SP). Dans ces différentes hypothèses l’administration doit
délivrée un récépissé attestant qu’elle a bien reçu la déclaration, elle a donc en la
matière une compétence liée, ce qu’a confirmé à plusieurs reprises le juge
administratif. A priori ce n’est pas en soit très contraignant, sauf qu’en pratique
le problème de la déclaration préalable c’est qu’elle peut faciliter l’exercice
de la 3ème technique possible, qui elle est beaucoup + dangereuse, +
attentatoire aux libertés = l’interdiction. Le décret-loi de 1935 qui régit encore
aujourd’hui les manifestations sur la voie publique, prévoit en même temps la
déclaration obligatoire de ces manifestations et la possibilité de les interdire.
3°. L’interdiction
Il est bien évident que compte tenu du caractère anti-libéral des techniques du
régime préventif et en particulier de l’autorisation préalable, c’est un régime qui
ne s’applique que marginalement à tous ce qui concerne notamment les libertés
de la pensée, qui ne s’applique que marginalement également aux libertés qui
permettent d’exprimer cette pensée.
Donc l’idée générale que ces libertés sont plutôt régies par des techniques de
régime répressif mais il y a des exceptions.
Situation inverse pour ce qu’on peut ranger dans les libertés économiques.
Elles sont beaucoup plus soumises à ce régime préventif. Comme le droit de la
propriété. La seule chose étant que c’est le législateur qui peut décider de
soumettre une activité à une autorisation préalable. Ça ne peut pas venir du
pouvoir règlementaire.
Une seule exception au principe de la compétence législative elle concerne
l’exercice d’activité qui s’exercerait sur la voie publique mais en dehors d’un
usage normal de cette voie publique.
L’autorisation préalable ne fait pas obstacle, ne fait jamais obstacle à une
éventuelle interdiction par une autorité locale notamment.
Ex = même si un visa d’exploitation est donné à un film, un maire peut malgré
tout l’interdire dans sa commune s’il estime que cette interdiction est exigée par
les circonstances locales. Voir l’arrêt Société les films Lutétia 18 décembre 1959.
Cette tendance est vérifiée et d’abord avec les arrêtés municipaux anti-
mendicité. Puis un peu + tardivement les arrêtés édictant les couvres feu des
mineurs (début années 2000). La JP administrative reprend ici les composantes
classiques de son contrôle. Quelles sont les composantes classiques ce contrôle ?
V / La compétence règlementaire
Transition = La question qui se pose est donc de savoir dans quelle mesure ce
pouvoir de police, qu’il s’exprime par des règlements ou par des décisions
individuelles, est-il limité par l’existence de libertés, libertés consacrées par une
norme législative voir même supra-législative ?
Autrement dit, dans quelle mesure la hiérarchie des normes peut-elle
limiter l’exercice des pouvoirs de police ?
La réponse notamment du CE est très claire et elle peut même s’énoncer avec
une certaine brutalité. Elle ressort de l’arrêt Benjamin. Aucune liberté, qu’elle soit
consacrée par la loi, la constitution ou le droit international, ne peut paralyser
l’action de l’autorité de police. La hiérarchie des normes ne peut pas empêcher le
pouvoir de police de limiter l’exercice d’une liberté. Voir poly.
Les faits = Le maire de Nevers qui interdit une conférence d’un écrivain très
engagé à droite en raison de menace, de manifestations énoncées par l’extrême-
gauche. Or une loi du 30 juin 1881 proclame de façon non équivoque « les
réunions publiques sont libres ». Ce qui aurait pu être considéré comme de
nature à désarmer l’autorité de police locale ici. Ce n’est pas l’analyse du CE qui
affirme que la liberté de réunion doit se concilier avec les exigences du maintien
de l’ordre. Cet arrêt est malgré tout important pour les libertés, car c’est à cette
occasion que le juge administratif pose malgré tout l’exigence de la
proportionnalité de la mesure attentatoire aux libertés avec les exigences de
l’ordre public. Il n’empêche qu’à cet occasion le JA aborde la question non pas
sous l’angle de la liberté mais sous l’angle de l’ordre public dont est garante
l’autorité de police. Ce qui a pour conséquence de relativiser les garanties
qui semblaient résulter de la hiérarchie des normes.
La hiérarchie des normes est donc à elle seule à offrir aux libertés une protection
absolue, ou un asile inviolable. Ce qui revient à vérifier au niveau juridique une
constatation que l’on a déjà faite, selon laquelle il n’y a pas de liberté absolue en
raison des contraintes du lien social. Il en résulte que le sort concret des libertés
se trouve au final dans les mains des organes qui sont chargés d’en assurer les
garanties. C’est le CC qui dira par exemple si l’arbitrage effectué par le
législateur entre la liberté de communication et la sauvegarde de l’ordre public
est conforme ou pas à la constitution. C’est le JA qui décidera si l’atteinte portée
par l’autorité de police à la liberté de réunion est ou non justifiée par la gravité
de la menace qui pesait sur l’ordre public.
Chapitre 2 = Les procédures de garantie des
droits et libertés
Dans les démocraties libérales c’est essentiellement le juge qui est chargé de la
mission de protéger les droits et libertés. Le juge judiciaire qui est présenté
comme le gardien par excellence de la liberté individuelle. Le juge administratif
aussi dont on va célébrer de + en + la JP protectrice. Cette protection
juridictionnelle des libertés n’a été longtemps envisagée qu’à l’égard du pouvoir
exécutif. L’idée même que l’on pouvait aussi se prémunir des dangers de la loi ne
c’est traduite que très récemment en France par l’émergence dans la constitution
de 1958 du CC. Donc évidemment un processus juridictionnel qui s’améliore au
fil du temps.
Néanmoins la protection des libertés par le juge présentait malgré tout certaines
insuffisances ; la principale étant que le juge peut être amené à intervenir assez
longtemps après les faits. Mais ces insuffisances ont conduit aussi à une réflexion
sur les ressources qu’étaient susceptibles d’apporter la protection non-
juridictionnelles des libertés qui peut revêtir différentes formes. Historiquement
et depuis un certain nombre d’années, la création des AAI, le médiateur, le
défenseur des enfants, le contrôleur général des prisons…
Se développe donc des procédures alternatives de protection, non-
juridictionnelle.
Ce système Français est quand même marqué par une certaine complexité.
D’abord ce système ce caractérise par la dualité des juridictions
ordinaires. Toutes les deux interviennent dans la protection des libertés.
Elle se caractérise aussi par la superposition d’un organe institutionnel qui est
arrivé assez tard mais à jouer rapidement un rôle relativement important et
ce malgré une compétence relativement mesurée.
A) L’émergence du CC
Le fait qu’une loi puisse échapper au contrôle du CC était d’autant plus gênant et
problématique qu’une fois la loi promulguée, ou une fois le traité ratifié c’était
terminé.
Par deux fois le Conseil des ministres avait adopté un projet de loi
constitutionnelle dans l’objectif de permettre et d’instaurer un contrôle par voie
d’exception lorsqu’était invoqué une atteinte aux droits fondamentaux. Projet de
loi de 1990 et 1993. Réformes jugées un peu compliquées, donc elles ont été
rejeté à chaque fois par le Sénat.
Et puis suite aux travaux de la commission Balladur cette idée s’impose, prévu
dorénavant à l’article 61-1. Cela permet d’ouvrir l’accès de la justice
constitutionnelle aux citoyens même si indirecte.
Nuance qui résulte d’une décision du 25 janvier 1985 qui avait pour objet le
contrôle d’une loi en Nouvelle-Calédonie qui était une loi de prorogation de l’état
d’urgence. Dans sa décision le CC admet l’hypothèse d’un contrôle de
constitutionnalité dans la mesure où on aurait une nouvelle loi qui ferait
référence à une loi déjà promulguée, nouvelle loi qui viendrait par exemple
modifier ou compléter la loi déjà promulguée. Il dit que via l’examen de cette
nouvelle loi, il accepterait d’englober dans son contrôle cette loi déjà
promulguée. Les auteurs de la saisine essayaient de faire contrôler par le CC la
conformité de la loi de 1955 (loi sur l’état d’urgence). En l’espèce le CC refuse en
disant que la loi de 1985 (soumise à son contrôle) ne vient ni modifier ni
compléter la loi de 1955, la loi de 1985 n’étant qu’une simple mise en application
de la loi de 1955.
C’est une hypothèse qu’il recevra dans une décision du 15 mars 1999 toujours
d’ailleurs à propos de la Nouvelle-Calédonie. En l’espèce il s’agissait d’apprécier
la constitutionnalité d’une loi organique qui venait étendre l’application d’une
disposition législative antérieure (déjà promulguée). Elle édictait l’incapacité
d’exercer une fonction politique élective suite au prononcé d’une faillite
personnelle. Cette disposition était en vigueur mais avait échappé au contrôle. La
loi organique prévoyait d’étendre cette incapacité aux élections des assemblées
de provinces de Nouvelle-Calédonie. A cette occasion le CC estime que le
caractère automatique du prononcé de cette incapacité électorale est contraire
au principe de la nécessité des peines posé à l’article 8 de la DDHC.
Il existe toujours cette possibilité de mettre en cause une disposition législative
déjà promulguée par l’intermédiaire d’un contrôle incident, sur une loi qui elle va
être promulguée. Mais la décision de 1985 le montre, cette possibilité est
envisagée de manière restrictive et très prudente. Elle pose des conditions très
strictes à l’exercice de ce contrôle.
En pratique les atteintes d’un particulier aux droits et libertés d’un autre
particulier sont fréquentes.
Selon qu’il s’agit de protéger les libertés contre les pouvoirs publics ou contre les
particuliers 2 solutions sont envisageables =
- soit on va confier ces 2 missions à un seul et même juge.
- soit on va les répartir entre 2 ordres de juridictions (un qui sera compétent
pour régler les litiges entre particuliers et l’autre qui règlera les litiges
entre particuliers et l’administration).
Discussion qui dépasse largement la seule question des libertés, mais en même
temps c’est sur ce terrain là que la question a été le + discuté. Car c’est là que
les enjeux sont le plus importants.
C’est historiquement la solution qui a eu la faveur des libéraux, c’est elle qui a
été adoptée par le droit anglo-saxon en particulier. Solution qui est par ailleurs
en train d’évoluer, qui n’a pas que des avantages. L’évolution fait qu’il s’oriente
vers une certaine spécialisation. Cas de la Haute Cour de Londres.
Le choix de la dualité de juridiction a un peu connu l’évolution inverse. L’origine
Napoléonienne de la juridiction administrative laissé penser que cette juridiction
avait été instituée non pas pour limiter le pouvoir administratif mais au contraire
pour le renforcer. Pour les libéraux classiques il ne pouvait s’agir que de donner
aux actes administratifs un juge partial et complaisant. Et puis au fil du temps le
CE français a donné des gages de son indépendance, a donné des gages d’une
relative efficacité au service des libertés notamment en développant une JP qui a
progressivement réduit le champ du pouvoir discrétionnaire de l’administration.
JP relative à l’ouverture du REP. JP relative aux PGD. Et cette idée que le juge
administratif en tant que juge spécialisé dans le contrôle de l’administration est
le plus efficace pour identifier, éventuellement pour sanctionner, les atteintes aux
libertés commises par les agents de l’administration. Reste que la dualité de
juridiction pose en elle-même un certain nombre de problèmes et notamment
celui de la complexité lié à la répartition des compétences entre les 2 ordres de
juridictions.
Même pour le juge cette répartition n’est pas toujours limpide au point que le
Tribunal des Conflits a été amené à intervenir à de nombreuses reprises pour
résoudre les conflits de compétences.
Mise à part l’action pénale (qui peut être déclenchée par le ministère public)
l’intervention du juge quelqu’il soit suppose une démarche de la victime. Le
juge ne peut statuer que s’il est saisit. Or on sait que la victime dans un certain
nombre de cas va hésiter à recourir à la protection juridictionnelle pour des
raisons multiples (ignorance des voies à suivre quand ce n’est pas ignorance de
ses droits tout court, la crainte aussi des frais à supporter, crainte d’être engagé
dans une procédure qui peut emmener le justiciable loin, dans une procédure
très longue. De + il est aussi relativement fréquent que la victime se trouve dans
une situation de dépendance ou d’infériorité (réelle ou fantasmée) par rapport à
celui qui a porté atteinte à sa la liberté. Cas lorsque l’on a contentieux
salarié/employeur. Peut être vécu aussi comme ça dans un contentieux
administré/administration. Les administrés se sentent souvent démunis, à tort ou
à raison, par rapport au pouvoir de l’administration avec ce sentiment que le
combat est perdu d’avance.
L’information est capitale dans ce domaine d’où en particulier l’importance du
tissu associatif.
Voir poly.