Une Politique Fiscale Pour Les Ped
Une Politique Fiscale Pour Les Ped
Une Politique Fiscale Pour Les Ped
C O N O M I Q U E S
27
Vito Tanzi
Howell Zee
Tax Policy for
Developing Countries (French)
ISBN 1-58906-021-0
F O N D S
M O N T A I R E
I N T E R N A T I O N A L
D O S S I E R S
C O N O M I Q U E S
27
Vito Tanzi
Howell Zee
F O N D S
M O N T A I R E
I N T E R N A T I O N A L
W A S H I N G T O N
Couverture
Massoud Etemadi
Section des travaux graphiques du FMI
dition franaise
Division franaise
Services linguistiques du FMI
Traduction : Pierre Pellerin
Correction & PAO : Catherine Helwig
ISBN 1-58906-021-0
ISSN 1020-7724
Mars 2001
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Prface
La collection des Dossiers conomiques vise prsenter un
vaste public de non-spcialistes quelques-uns des sujets dactualit
sur lesquels travaillent les services du FMI. La matire provient pour
lessentiel de documents de travail tudes techniques qui sont
tablies par des agents du FMI et des chercheurs invits ainsi que
de documents de synthse.
Ce numro sinspire du document de travail du FMI no 00/35, intitul Tax Policy for Emerging Markets, prpar par Vito Tanzi et
Howell Zee. Les textes de rfrence utiliss dans cette version
abrge sont identifis dans le document original, que le lecteur est
invit se procurer auprs du service des publications (10 dollars),
ou tlcharger partir du site du FMI www.imf.org. La version
anglaise de la prsente brochure a t prpare par David Driscoll.
iii
Deuximement, il est difficile de crer un systme efficace dadministration de limpt lorsquon manque demploys instruits et
bien forms, quon ne dispose pas de moyens suffisants pour verser
des salaires acceptables aux agents du fisc et informatiser le systme
fiscal (ni mme pour mettre en place des services efficaces de tlphone et de courrier), et que les contribuables eux-mmes nont pas
toujours les capacits ncessaires pour maintenir des comptes. Les
pouvoirs publics ont donc souvent recours des expdients, optant
pour des systmes qui leur permettent dexploiter les sources de revenu immdiatement disponibles au lieu de chercher tablir des
rgimes fiscaux rationnels, modernes et efficaces.
Troisimement, tant donn la structure informelle de lconomie
de beaucoup de pays en dveloppement et cause de certaines restrictions financires, les services de la statistique et de limpt ont du
mal gnrer des statistiques fiables. Ce manque de donnes
empche les dcideurs dvaluer convenablement lincidence possible de changements majeurs au rgime fiscal. En consquence, on
prfre souvent les changements accessoires aux changements
structuraux fondamentaux, mme lorsque ces derniers seraient
clairement prfrables. Cest ainsi que se perptuent les structures
fiscales inefficaces.
Quatrimement, la rpartition des revenus a tendance tre ingale dans les pays en dveloppement. Mme si, dans une telle situation, la pratique de taux dimposition levs devrait idalement signifier que les plus riches contribuent plus que les pauvres leffort
fiscal, les pouvoirs conomiques et politiques dont ils jouissent leur
permettent souvent de bloquer les rformes qui auraient pour effet
daccrotre leur fardeau fiscal. Cest ce qui explique en partie lincapacit de nombre de pays en dveloppement exploiter leur plein
potentiel des rgimes dimpt sur le revenu et dimpt foncier, et le
manque de progressivit des rgimes fiscaux (limpt des riches devrait tre proportionnellement plus lev).
En conclusion, dans les pays en dveloppement, la politique
fiscale doit souvent faire des compromis qui lempchent de fonctionner dans des conditions optimales. On ne saurait par consquent se surprendre de ce que la thorie conomique notamment les recherches portant sur le rgime fiscal optimal ait si
peu influ sur llaboration des rgimes fiscaux de ces pays. Dans
leur tude des problmes de politique fiscale auxquels beaucoup
de pays en dveloppement sont aujourdhui confronts, les auteurs
du prsent document sinspirent largement de lexprience pratique de terrain ayant trait aux conseils en matire de politique fiscale offerts ces pays par les services du FMI. Ils examinent ces
questions la fois sous langle macroconomique (niveau et
composition des recettes fiscales) et microconomique (conception
doutils fiscaux particuliers).
rduit laptitude du contribuable pargner. Toutefois, certains contestent cette analyse en soulignant le rle crucial de lhorizon de planification du contribuable et le cot de laccumulation du capital humain et physique. Ces considrations thoriques ont pour effet de
compliquer la comparaison des cots conomiques des deux types
dimpt (sur le revenu et sur la consommation).
Limpact relatif que peuvent avoir les deux types dimpt sur
lquit proccupe galement. On a dordinaire tendance penser
que limpt sur la consommation serait essentiellement plus rgressif (cest--dire, quil constituerait un fardeau plus lourd pour les
pauvres que pour les riches) que limpt sur le revenu. Toutefois,
certains mettent galement ce point de vue en doute. Des considrations thoriques et pratiques donnent en effet penser que les
proccupations relatives lquit des formes classiques dimpt sur
la consommation sont probablement exagres et quil serait la
fois inefficace et incommode au plan administratif, pour les pays en
dveloppement, de chercher en tenir compte en adoptant des systmes comme limpt progressif sur la consommation.
Sagissant des taxes limportation, leur rduction conduira une
intensification de la concurrence des entreprises trangres. Si la rduction de la protection accorde aux entreprises nationales contre
cette concurrence est une consquence invitable, pouvant mme
constituer lobjectif dun programme de libralisation du commerce,
la rduction des recettes budgtaires en constitue une retombe indsirable. Dans de telles circonstances, les mesures compensatoires
ralisables comprennent presque toujours une augmentation des
taxes la consommation intrieure. Il est rare quune augmentation
de limpt sur le revenu soit considre comme une option viable
tant au plan stratgique ( cause de son impact ngatif perceptible
sur linvestissement) quau plan administratif (parce que le niveau de
recettes quil procure est moins certain et moins propos que celui
engendr par une modification de limpt sur la consommation).
Les donnes provenant des pays industrialiss et des pays en dveloppement montrent que le ratio impt sur le revenu/impt sur
la consommation des pays industrialiss reste de faon constante
deux fois plus lev que celui des pays en dveloppement. (Autrement dit, comparativement aux pays en dveloppement, les pays
Comme pralable lexamen de limpt sur le revenu des particuliers dans les pays en dveloppement, il convient de rappeler que
ce type dimpt na rapport quune part relativement faible des recettes de la plupart de ces pays, et que le nombre des particuliers
qui y sont soumis (notamment aux taux marginaux les plus levs)
est relativement faible. La structure des taux de limpt sur le revenu
des particuliers est linstrument de politique le plus visible permettant aux autorits de la plupart des pays en dveloppement de
traduire en gestes concrets leur engagement en faveur de la justice
sociale et dobtenir ainsi le soutien politique ncessaire la mise en
uvre de leurs stratgies. Les pays attachent souvent une grande
importance au maintien dun certain degr de progressivit nominale dans ce type dimpt en appliquant plusieurs taux; ils rsistent
lide dadopter des rformes qui conduiraient une rduction du
nombre de ces taux.
Plus souvent quautrement, toutefois, lefficacit de la progressivit du rgime fiscal est gravement rduite par lapplication dimportantes exonrations personnelles et par les nombreuses exemptions et dductions dont peuvent bnficier les contribuables
haut revenu (par exemple, lexemption des plus-values, les dductions gnreuses accordes pour les dpenses de sant et dducation, le faible niveau dimposition du revenu financier). Lallgement fiscal par le biais de dductions constitue un exemple
particulirement flagrant puisquil augmente en gnral lorsquon
passe dune tranche de revenu donne la tranche suprieure.
Lexprience porte trs nettement conclure quil serait possible
politique fiscale : la symtrie et linclusivit. (Il va sans dire, videmment, que la politique fiscale devrait tre guide galement par les
principes gnraux de la neutralit, de lquit et de la simplicit.)
On entend par symtrie le fait de traiter de manire identique, aux
fins de limpt, les gains et les pertes de toutes sources. Si les gains
sont imposables, les pertes devraient alors tre dductibles. Le
principe de linclusivit dfinit pour sa part lassujettissement
limpt dun revenu donn, un point donn de son acheminement. Par exemple, si un paiement donn est exempt dimpt pour
un bnficiaire, il ne devrait pas non plus constituer une dpense
dductible pour le payeur. Le non-respect de ces principes conduit
gnralement des distorsions et des iniquits.
Le traitement fiscal des revenus financiers pose des problmes
dans tous les pays. Il est utile de se pencher, ce propos, sur deux
aspects de limposition des intrts et des dividendes dans les pays
en dveloppement :
Dans beaucoup de pays en dveloppement, le revenu tir dintrts, supposer quil soit impos, fait lobjet dune retenue la
source calcule un taux sensiblement infrieur au taux marginal
suprieur de limpt sur le revenu des particuliers et de limpt
sur les bnfices des socits. Pour les contribuables dont le
revenu est principalement constitu dun salaire, il sagit l dun
compromis acceptable entre la rectitude thorique et la faisabilit
pratique. Pour ceux dont le revenu est principalement tir dune
entreprise, toutefois, le faible taux dimposition du revenu tir
dintrts combin la pleine dductibilit des frais dintrt signifie que de simples oprations darbitrage peuvent ouvrir la
voie dimportantes conomies dimpt. Il est donc important de
cibler avec soin lapplication de la retenue finale dimpt sur le
revenu tir dintrts : cette retenue ne devrait pas sappliquer si
le contribuable dclare un revenu dentreprise.
Le traitement fiscal des dividendes soulve la question bien connue de la double imposition. Pour des motifs de simplicit
administrative, la plupart des pays en dveloppement auraient
intrt soit exclure les dividendes de limpt sur le revenu des
particuliers, soit les imposer un taux relativement bas, peut-
tre par le biais dune retenue finale affecte dun taux identique
celui utilis pour le revenu tir dintrts.
Impt sur les socits
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Si le recours aux encouragements fiscaux est une mthode rpandue de promotion de linvestissement dans le monde, certains faits
dexprience donnent conclure que son efficacit pour attirer des
investissements supplmentaires au-del de ceux dont les pays
auraient bnfici de toute faon sans de tels encouragements est
souvent douteuse. Certaines entreprises peuvent abuser de ces
mesures en se faisant passer pour nouvelles au terme dune rorganisation superficielle, ce qui risque daugmenter considrablement
le manque gagner potentiel d ces encouragements pour ltat.
En outre, les investisseurs trangers, cibles principales de la plupart
des encouragements fiscaux, fondent leurs dcisions dinvestissement sur une vaste gamme de facteurs (par exemple, les ressources
naturelles, la stabilit politique, la transparence des systmes de
rglementation, linfrastructure, la prsence dune main-duvre
qualifie) dont les encouragements fiscaux constituent rarement le
plus important. La valeur de lencouragement fiscal risque par ailleurs dtre toute relative pour un investisseur tranger puisque cest
le Trsor de son pays qui risque den tre le vritable bnficiaire
(dans un cas o, par exemple, les revenus exempts dans le pays
hte sont imposs par le pays de rsidence de linvestisseur).
Les encouragements fiscaux peuvent tre justifis lorsquils visent
corriger une forme quelconque de dfaillance du march, notamment
celle due des effets exognes (consquences conomiques sans rapport direct avec les bnficiaires particuliers de la mesure fiscale). Par
exemple, les encouragements qui visent promouvoir une industrie
de haute technologie qui pourrait stimuler sensiblement lensemble de
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Mcanismes de dclenchement
La rentabilit du recours aux encouragements fiscaux pour promouvoir linvestissement est en gnral douteuse. La meilleure
stratgie envisageable pour promouvoir un investissement durable
consiste crer un cadre juridique et rglementaire stable et transparent, et mettre en place un systme fiscal conforme aux normes
internationales. Certains objectifs par exemple, ceux qui encouragent le dveloppement rgional sont plus valables que dautres
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