RGO Helene
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Je conclus une vente sous condition suspensive : normalement le vendeur ne peut vendre à un
autre parti, mais s’il le fait, on estimait qu’en raison de l’effet rétroactif de la condition il était
impossible de transférer.
La rétroactivité présentait quand même certaines limites, dans la mesure ou certains actes
accomplis par le vendeur se voyaient maintenus. Ainsi, les fruits perçus et les actes
d’administration se trouvaient valables.
Exemple : Possible de louer le bien, dans l’intervalle de temps avant le transfert du bien à
l’acquéreur.
Par ailleurs, les actes de disposition eux-mêmes, peuvent se trouver validés en application de
la règle inscrite à l’article 2276 du Code civil : « en fait de meuble, la possession vaut titre ».
En quoi protège-t-elle l’acquéreur de bonne foi ? Si on achète un bien à un vendeur sous
condition suspensive et que je suis de bonne foi, il semble que si le vendeur vend, c’est bien
qu’il est propriétaire.
La rétroactivité est sans incidence sur l’attribution des risques. L’attribution des risques suit le
transfert du bien. Si la chose périt avant la réalisation de la condition, le vendeur sous condition
suspensive, en assume les risques. Si la perte de la chose intervient après la survenance de la
condition, la logique de la rétroactivité voudrait que l’acquéreur censé en être l’acquéreur dès
la formation du contrat en assume les risques. Or il n’en est rien, l’obligation dans ce cas est
éteinte, ce qui signifie que le vendeur conserve à sa charge les risques et ne pourra réclamer le
paiement.
Le caractère non rétroactif aujourd’hui ou rétractif hier, ne présente pas un caractère d’ordre
public : les parties peuvent prévoir que l’obligation prendra effet au jour de l’échange des
consentements si l’on applique le droit actuel ou au jour de la réalisation de la condition, si on
applique antérieur à la réforme.
Toutefois, lorsque les parties prévoient que la condition rétroagira au jour du contrat, la chose
demeure toujours au risque du débiteur. Quand bien même il serait stipulé que la condition
devient pure et simple à compter de l’échange des cons, les risques restent à la charge du
vendeur jusqu’au jour de l’accomplissement de la condition.
Hypothèse de la défaillance de la condition
Il y a défaillance de la condition lorsque l’événement prévu ne survient pas, alors il n’est pas
toujours facile de constater cette défaillance.
Cela ne soulève pas de difficulté lorsqu’un délai a été fixé pour la survenance de la condition.
Il est en effet fréquent d’enfermer la survenance de la condition dans un délai déterminé. Si la
condition n’est pas intervenue dans le délai prévu, le contrat est réputé n’avoir jamais existé.
Lorsqu’aucun n’est fixé, la situation devient plus floue. L’ancien article 1176 du Code civil
prévoyait que « la condition peut toujours être accompli à moins qu’il soit devenu certain que
l’événement ne se réalisera pas ». Ce texte n’a pas été repris par la réforme : l’article 1304-6
al. 3 se contente d’envisager les conséquences de la défaillance de la condition, en précisant
qu’en pareil cas, l’obligation est réputée n’avoir jamais existé.
Lorsque la condition défaille, les actes de disposition accomplis par le débiteur sont consolidés.
Ceux accomplis par le créancier se trouvent, en revanche, rétroactivement anéantis. Par
ailleurs, si des prestations ont été effectuées entre les parties, elles devront être restituées
puisque l’obligation est réputée n’avoir jamais existé.
La condition résolutoire est moins fréquente que la condition suspensive et entraîne un effet
inverse. Ce qui veut dire qu’avant la survenance de la condition, le contrat produit tous ses
effets ; toutes les obligations auxquelles le contrat a donné naissance sont immédiatement
exigibles.
Avant, le contrat est totalement exécutoire mais je peux me prémunir contre la survenance de
la condition. Si la condition défaille, la situation du créancier est définitivement consolidée : il
sera à l’abris de toute remise en cause de droits issus du contrat. Généralement, le contrat a
déjà produit ses effets et les choses restent en état. Si la condition se réalise, l’obligation sera
rétroactivement anéantie. Dès lors, tous les actes accomplis par le créancier avant la réalisation
de la condition seront anéantis et donneront lieu éventuellement à des restitutions. Les actes
accomplis par le débiteur seront par contre, rétroactivement consolidés.
Le caractère rétroactif de la condition n’est pas d’ordre public. Les parties peuvent prévoir que
la réalisation de la condition emportera la caducité de l’obligation conditionnelle.
Exemple : Dans les contrats de baux, la condition résolutoire de non-paiement s’applique pour
l’avenir.
L’article précise que la rétroactivité n’a pas lieu si telle est la convention des parties ou si les
prestations échangées ont trouvé leur utilité au fur et à mesure de l’exécution réciproque du
contrat. Dans le second cas, la réalisation d’une condition résolutoire n’entrainera pas
l’anéantissement rétroactif de l’obligation, même si les parties ne l’ont pas stipulé.
Chapitre 2 : le terme
Dans sa version antérieure, le Code Civil ne donnait aucune définition du terme, elle fut donnée
par la jurisprudence qui voyait dans le terme, un événement futur et certain auquel est
subordonné l’exigibilité ou l’extinction de l’obligation.
Le nouvel article 1305 du Code civil reprend cette définition avec quelques nuances : le terme
est désormais défini comme « un évènement futur et certain encore que la date en soi
incertaine ». On se trouve donc en présence d’une consécration par le Code Civil d’une solution
de la jurisprudence. Cette définition appelle quelques observations.
Une figure du terme incertain a été dégagé dans la jurisprudence sous l’expression « terme
indéterminé », qui vise l’hypothèse où une partie est engagée à restituer une chose sans pour
autant qu’un délai ait été fixé pour cette restitution. En pareille hypothèse, le juge peut
intervenir pour fixer le terme. Le Code civil prévoyait d’ailleurs déjà l’intervention du juge aux
articles 1900 et 1901 en matière de prêt de consommation.
L’article 1305-1 issu de la réforme prévoit de façon générale, que le juge peut fixer le terme en
considération de la nature de l’obligation et de la situation des parties. Ceci étant dit, le terme
peut avoir deux fonctions différentes, c’est en tout cas de cette façon qu’on présente
traditionnellement le terme. Le terme peut être suspensif ou extinctif.
- Suspensif : lorsqu’il a pour objet de préciser à quelle date l’obligation sera exécutée ;
lorsque l’obligation est affectée d’un terme suspensif, elle n’est pas exigible tant que le
terme n’est pas survenu, c’est seulement après que le créancier pourra exiger
l’exécution
- Extinctif : à l’arrivée du terme, l’obligation sera éteinte ; lorsque l’obligation est affecté
d’un terme extinctif, elle est exigible tant que le terme n’est pas survenu, après,
l’obligation s’éteint. – donc pas une modalité, mais une condition d’extinction et c’est
la raison pour laquelle le Code civil n’envisage pas le terme extinctif. Cela ne signifie
pas, que le terme extinctif n’est pas abordé par la réforme, cela illustre qu’il n’est pas
traité dans le régime général des obligations mais on le trouve à l’article 1212 du Code
Civil, qui aborde la question de la durée du contrat
Le terme peut avoir plusieurs origines, en effet le terme peut être contractuel, légal ou
judiciaire. La distinction entre ces 3 catégories de terme, n’est pas dépourvu d’intérêt.
Seuls les termes contractuels et légaux, s’imposent aux parties et au juge qui doivent en
respecter la durée : on parle donc à ce sujet de terme de droit, qu’on oppose au terme judiciaire
ou « terme de grâce ». Le terme judiciaire doit être sollicité auprès du juge et procède
uniquement de sa faveur.
Le terme contractuel peut être express ou tacite : il est express s’il résulte du contrat ; il est
tacite s’il n’est pas expressément mentionné par le contrat mais peut être déduit de l’obligation
elle-même lorsque son exécution nécessite un certain délai. Il peut y avoir un litige à ce sujet,
dans quel cas, le juge tranchera sur la durée du terme tacite.
Il est ainsi fréquent en matière de prêt par exemple, que le terme soit stipulé en faveur du
débiteur et du créancier. C’est ce qui explique notamment que le remboursement anticipé du
prêt est souvent assorti d’une pénalité.
Pour exprimer ces différentes solutions, on dit couramment « qui a terme ne doit rien ». Cet
adage est trompeur : le terme ne concerne que la seule exigibilité de l’obligation, mais cette
obligation existe bel et bien, mais elle se trouve assortie d’une modalité. C’est la raison pour
laquelle le créancier, s’il ne peut pratiquer une saisie, peut toujours exercer des mesures
conservatoires afin d’éviter que le débiteur se rende insolvable. Par ailleurs, si le débiteur
manifeste son refus d’exécuter avant l’échéance du terme, le créancier peut demander la
résolution du contrat et des dommages et intérêts. Cette action s’explique par le fait que le
débiteur, par son attitude a violé ses obligations. En outre, s’agissant de la prescription,
l’existence d’un terme suspensif, n’a d’influence que pour les actions relatives à l’exécution
du contrat. Mais les autres actions ne voient pas leur point de départ retardé par l’effet du terme.
Enfin et surtout, le paiement anticipé qui intervient avant la survenance du terme est
parfaitement valable. Comme le dit l’article 3102 : « ce qui a été payé d’avance ne peut être
répété. » Aucune répétition n’est possible, et ce quand bien même le paiement serait fait par
erreur. Le débiteur ne peut donc demander la restitution de ce qu’il aurait verser avant la
survenance du terme.
Cette disparition anticipée peut apparaitre dans deux hypothèses : en cas de renonciation
volontaire ou sous l’effet d’une déchéance.
1. La renonciation volontaire
Celui au profit duquel le terme a été stipulé, peut renoncer aux bénéfices du terme. D’où
l’importance donc de la détermination du bénéficiaire. Si le débiteur en est bénéficiaire, il peut
renoncer au terme et exécuter son obligation par anticipation. Le créancier n’est pas tenu
d’accepter une exécution partielle. Seule une exécution totale de l’obligation peut lui être
imposé par le débiteur bénéficiaire. Lorsque le terme bénéfice au créancier, celui-ci ne peut se
voir imposer une exécution imposée. En revanche, le créancier peut à tout moment exiger du
débiteur qu’il exécute ses obligations.
Lorsque le terme est stipulé dans l’intérêt des deux parties, la renonciation au terme ne peut
résulter que d’un accord commun du débiteur et du créancier. Cet accord peut être tacite, par
exemple lorsque le créancier accepte le paiement offert par le débiteur.
2. La déchéance du terme
Dans tous les cas, selon l’article 1305-5, la déchéance du terme encouru par un débiteur est
inopposable a ses coobligés même solidaires.
Il arrive fréquemment en pratique, qu’un même contrat mette à la charge des contractants deux
ou plusieurs obligations : on parle alors d’obligation à pluralité d’objet. Il arrive par ailleurs
que l’obligation mette en rapport plusieurs créanciers ou débiteurs. Cette figure donne
naissance aux obligations à pluralité de sujet. Ce sont ces différentes figures que nous allons
étudier.
En présence d’une obligation à pluralité d’objet, les devoirs du débiteur ne sont pas
toujours identiques. Parfois, il a l’obligation d’exécuter toutes les obligations, on parle alors
d’obligation cumulative (section 1). Dans d’autres cas, le débiteur dispose d’un choix, il lui est
possible de se libérer en exécutant une obligation, parmi celles qui étaient initialement
convenues : on parle alors d’obligation alternative (section 2). Il arrive que le débiteur doive
assumer une obligation principale dont il peut se dégager en exécutant un obligation de
remplacement. L’obligation est alors dite facultative (section 3).