Chapitre Deux
Chapitre Deux
Chapitre Deux
L’analyse stratégique d’un domaine d’activité fait référence aux facteurs de performance dans un secteur bien
déterminé. Les choix stratégiques de l’entreprise sont conditionnés par l’examen des facteurs de performance de l’entreprise
ainsi que la situation de l’environnement.
Le choix stratégique de l’entreprise peut porter soit sur un domaine précis de son activité, dans le sens qu’on se trouve
contraint de décider de l’orientation stratégique de l’entreprise vis-à-vis d’un DAS, on parle dans ce cas des stratégies business
(stratégies génériques), soit sur la composition de son portefeuille d’activité et le développement de son envergure.
Section 1
Les stratégies business permettent à l’entreprise de s’imposer sur un domaine d’activité stratégique et
de faire preuve d’un niveau de performance. Cette notion de performance est la variable clé dans
l’appréhension de la stratégie business.
La position de
leader
L’accumulation La maitrise du
d’expérience
temps
Facteurs de
performance dans La mobilisation des
La maitrise du cycle de
un DAS compétences
vie
la maitrise du cycle de vie c'est-à-dire la gestion de la relation entre le temps et les ventes ;
l’accumulation de l’expérience qui permet de réduire les coûts unitaires ;
la position de leader en termes de part de marché et de rentabilité ;
la maitrise du temps qui permet aux entreprises de gager quand le marché est caractérisé
par la réactivité ;
la mobilisation des compétences de l’entreprise.
1.1.1. Le cycle de vie : la relation ventes-temps
Le concept du cycle de vie met en relation l’évolution des ventes ou de la demande dans un
secteur avec le temps. Il permet de visualiser quatre phases essentielles qui peuvent être distinguées par le
taux de croissance des ventes. La figure ci-après caractérise le cycle de vie d’un DAS d’une entreprise.
Taux
maturité
de declin
croissance croissanc
de la e
demande
lancemen
t
La stratégie de l’entreprise peut avoir pour objectif de prolonger le plus possible le cycle de vie du DAS.
L’action visera donc à :
La loi d’expérience stipule que le coût unitaire de la valeur ajoutée d’un produit homogène,
mesuré en unités monétaires constantes, diminue d’un pourcentage fixe et prévisible chaque fois que la
production cumulée double. En d’autre terme, plus la production augmente, plus les coûts vont baisser.
Empiriquement, il a été observé que la plupart des courbes d’expérience avaient une pente
comprise entre 70 et 80%. Ainsi, le coût unitaire d’un produit diminue respectivement de 30 à 20%.
Cette relation entre l’expérience et le coût est essentielle pour l’analyse stratégique. Pour
l’appréhender, il est indispensable de s’interroger sur les origines de l’expérience et la manière par laquelle
elles affectent les coûts. Trois phénomènes sont à distinguer : l’effet, apprentissage, l’effet des économies
d’échelle et l’effet de l’innovation.
L’effet de l’apprentissage : lié au temps, il se traduit par des économies engendrées par
l’amélioration du savoir-faire de l’entreprise. Cet effet d’apprentissage peut prendre
plusieurs formes. D’abord, à travers la répartition et l’amélioration de l’expertise
individuelle des salariés. Ensuite, par l’amélioration des procédés de fabrication et des
processus de traitement administratifs. Enfin, par la simplification des produits et la
suppression des aspects superflus ou coûteux.
L’effet des économies d’échelle ou l’effet volume : il correspond à la réduction des
coûts unitaires observés lorsque le coût de l’investissement augmente moins que
proportionnellement. Ainsi, dans le domaine industriel, le coût d’un équipement ne croit
pas proportionnellement à ses capacités et le coût par unité produite diminue par
conséquent. Les économies d’échelle se subdivisent en deux grandes catégories :
- L’étalement des charges fixes sur des quantités produites plus importantes ;
- La diminution des frais variables unitaires au fait d’un recours à des meilleurs
procédés.
L’effet de l’innovation ou du progrès technique : elle fait référence à la recherche et
peut permettre de produire à des coûts moindres. Lorsque l’innovation est importante, il
faut considérer que l’entreprise va changer de courbe d’expérience.
Prix – coût unitaire
Ombrelle de prix
P1
C1
Coût
E1 E2 Expérience
Pour devenir maître du temps, il faut retenir les trois orientations suivantes :
Mettre en place un système de création de valeur flexible et réactif : les délais engendrés
par les contraintes de procédures, par le souci de qualité, par les difficultés structurelles
doivent être minimisées ;
Offrir un meilleur délai à ses clients permet de justifier un prix plus élevé ;
Apprendre à surprendre les concurrents car ceux-ci peuvent également se lancer dans le
concurrence par le temps.
Ainsi, le temps est un accélérateur des autres sources de performance. Les entreprises sont
conduites à tout mettre en œuvre pour mieux maitriser le temps et réduire leurs délais de réaction. Cette
maîtrise du temps peut constituer un avantage concurrentiel sur au mois deux plans : d’une part, sur le
plan opérationnel, il s’agit de répondre plus vite que les concurrents à un appel d’offre, à une demande de
devis, livrer plus rapidement que les concurrents, être plus réactif face aux questions des clients…D’autre
part, sur le plan stratégique, il s’agit changer rapidement de stratégie suite à une révolution technologique
ou l’arrivée d’un nouvel entrant.
Cependant, si cette stratégie permet de dominer les concurrents à travers des coûts plus faibles,
elle demeure néanmoins risquée notamment si l’un des facteurs de domination disparait. En effet, il suffit
qu’une révolution technologique soit entreprise ou que le prix d’une matière première augmente
brutalement pour que la stratégie de domination par les coûts devienne inefficace.
La stratégie de volume repose sur plusieurs composantes interdépendantes qui renforcent les une
les autres, il s’agit d’un cercle vertueux parfaitement fermé où chaque facteur contribue à la réduction des
coûts de production, mais que la moindre déviation pourrait remettre en question tous les bienfaits de la
stratégie entreprise. La maîtrise de l’évolution des coûts est la préoccupation de toute entreprise, mais la
réussite dans cette tâche est tributaire du bon usage des différents facteurs de la stratégie de domination
par les coûts. Le graphique ci-après illustre les différentes composantes de la stratégie de volume ou de
domination par les coûts.
Coûts faibles
Contrôle Prix bas
serré des
coûts
Marché
Investisseme
large
nt
Communicati
en
Economie on
capacité
d’échelle
en masse
Distribution
Effet
large
d’expérienc
Internationalisat
e
ion
Figure (3.4) Le cercle vertueux de la stratégie de volume.
différenciation le client
Si l’appréciation du client sur la différenciation est faible, la stratégie est condamnée à l’échec. Si
l’entreprise réussit en outre à comprimer ses coûts, la stratégie sera imbattable. La difficulté de cette
politique de différenciation est percevable lorsqu’elle ne parvient pas à reconnaitre la valeur
supplémentaire apportée par le produit ou encore lorsque le client n’est pas intéressé par ce facteur de
différenciation et n’accepte pas de payer un surprix pour l’acquérir.
Le tableau suivant permet de situer la stratégie de l’entreprise et de préciser ses avantages stratégiques.
AVANTAGES STRATEGIQUES
STRATEGIQUE
Un segment particulier Concentration/Focalisation
Les deux premières stratégies génériques proposées par Porter sont celles que nous venons de
décrire. La troisième stratégie apportée oppose au sein de la différenciation, la volonté stratégique de
s’adresser à tout le secteur d’une part et à un segment particulier d’autre part. Cette stratégie est appelée la
stratégie de concentration. L’entreprise d’attaque à un segment précis : un groupe de consommateurs ou
un groupe de produits. La recherche d’une cible unique lui permet de bénéficier des avantages soit de la
domination par les coûts ou de la différenciation soit des deux à la fois. Cette stratégie de concentration
est, pour Porter, souvent choisie par les PME qui n’ont ni les moyens ni la volonté de s’attaquer à
l’ensemble du secteur.
Le choix d’une stratégie générique dépend d’abord des compétences et des ressources de
l’entreprise, mais aussi des caractéristiques du secteur. Ainsi, partant du principe que le profit dans un
secteur résulte de l’obtention d’avantages en termes des coûts et ou d’avantages en termes des prix, le
Boston Consulting Group à proposé de distinguer quatre types d’industries induisant des stratégies
différentes :
Fort
Fragmentation Spécialisation
Avantage de prix
Impasse Volume
Faible Fort
Avantage de coût
Figure (3.6) : Stratégies générique et types d’industries (Helfer et al (2004), p 177)
L’avantage de coût est la conséquence de la réduction des coûts liés aux économies d’échelles, aux
effets d’expérience et à une technologie plus efficace.
Faible de prix provient de l’acceptation par le marché d’une prime de différenciation c’est à dire la
L’avantage
disposition du client à payer le prix du caractère unique reconnu au produit.
L’industrie de volume : il s’agit des secteurs où des effets de volume existent mais où la
prime de différenciation est absente. C’est le cas par exemple du secteur
d’électroménager.
L’industrie de fragmentation : dans ces secteurs, les effets de volume sont faibles, mais le
marché accepte de payer les avantages offerts par la différenciation. Le BCG parle dans ce
cas de secteur fragmenté dans le sens où les PME sont nombreuses car la rentabilité ne
dépend pas de la taille. Nous citons ainsi le cas du prêt à porter.
L’industrie de spécialisation : on peut dans ce cas, viser à la fois des fortes économies de
coûts et rechercher des occasions de différenciation. Ce cas se rencontre dans les activités
à fort contenu technologique tel que l’informatique ou l’industrie pharmaceutique.
La situation d’impasse : dans ce cas, la technologie est banalisée et largement accessible
aux nouveaux pays industrialisés. Ces derniers disposent d’un avantage de coût ; mais
affrontent des graves difficultés en raison de la faible élasticité de la production. C’est la
situation du secteur de la sidérurgie, du textile ou de papier.
Section 2
La question de stratégie corporate et de la gestion du portefeuille d’activité se pose pour toutes les
entreprises. Même les entreprises qui se développent sur un seul DAS sont intéressées par l’opportunité de
diversifier et d’élargir leur portefeuille d’activité. Toutefois, la gestion des portefeuilles d’activité concerne
principalement les grandes entreprises qui disposent des dizaines de DAS. Les principales interrogations
stratégiques sont les suivantes :
La spécialisation est reconnue depuis Adam Smith et David Ricardo comme la condition majeure
du succès économique, non seulement sur le plan macroéconomique, mais aussi au niveau
microéconomique des entreprises. En effet, les entreprises les plus performantes sont celles qui
parviennent à se définir un portefeuille d’activités composé des métiers pour lesquels elle détient un
avantage concurrentiel. Par contre, les entreprises qui étendent abusivement leurs activités sont souvent
vouées à l’échec et à la disparition. Ainsi, la spécialisation apparait comme une orientation consistant à
axer les efforts de l’entreprise à un nombre assez limité des produits pour lesquels l’entreprise dispose d’un
avantage concurrentiel en matière de coût ou de différenciation, ou aux meilleurs cas les deux à la fois.
Elle s’oppose donc à la diversification.
En relation avec le cycle de vie, la spécialisation accompagne le produit au cours des deux phases
de lancement et de croissance. Ce sont les phases au cours desquelles l’entreprise concentre ses ressources,
ses efforts et ses compétences pour atteindre un niveau maximal de performance et d’efficacité.
2.2. La diversification :
La diversification est une stratégie permettant à l’entreprise de répartir le risque sur plusieurs
domaines d’activités stratégiques. Elle permet à l’entreprise de maitriser les changements de goût du
consommateur, de contrôler les actions des concurrents et de sortir au moment opportun des sentiers
battus.
Lorsque le changement est limité, on parle de diversification au sens marketing. En revanche, lorsque le
changement de métier nécessite l’apprentissage de très nombreuses compétences, on parle de
diversification stratégique. Ainsi, plus le changement de métier est important, plus les compétences à
acquérir sont nombreuses, plus les spécificités des du nouveau domaine sont grandes. Cette orientation
n’est pas sans risque, lorsque l’entreprise s’éloigne notablement de son DAS principal.
Les raisons qui conduisent les entreprises à se diversifier sont nombreuses et souvent
complémentaires. Non seulement les entreprises en difficulté, cherchant à relancer leurs activités sont
intéressées par la diversification, ce qu’on qualifie de diversification de redressement, l’exemple de
NOKIA au cours des années 1980 ou encore de BATAM, mais aussi les entreprises en pleine croissance
qui cherchent à élargir leur champ d’activité sur des domaines différents de ceux habituellement explorés,
on parle dans ce cas de diversification de croissance, on peur citer l’exemple de POULINA Holding en
Tunisie ; un groupe de 71 filiales réparties sur 6 branches d’activités différents.
De même, l’entreprise peut opter pour la diversification afin de réaliser des investissements forcés
de ressources excédentaires ou exceptionnelles. Ainsi, l’abondance des ressources financières stériles peut
inciter l’entreprise à investir dans des nouveaux DAS. La présence d’un sureffectif de ressources humaines
la conduit à s’orienter vers des nouveaux DAS.
Par ailleurs, la diversification peut consister à saisir une opportunité de rachat à des coéditions
avantageuses d’un fournisseur, d’un concurrent ou d’un client en faillite. Enfin, la diversification peut
s’entreprendre afin de se constituer un avantage concurrentiel en termes d’économies d’échelle, de
privilège d’approvisionnement ou de circuit de distribution.
On distingue principalement trois types e diversification selon qu’il s’agit de la production d’un
nouveau produit ou de l’accès à un nouveau marché.
Produit Actuel Nouveau
Marché
Elle permet à l’entreprise de croitre grâce à la vente de nouveaux produits. Cette stratégie peut
prendre la forme soit de lancement d’un nouveau produit ou encore le changement des caractéristiques
d’un produit déjà existant. Comme toute stratégie de diversification, elle a l’avantage d’élargir la gamme
des produits de l’entreprise et d’engendrer certaines économies à travers l’utilisation communes des
équipements, mais elle a l’inconvénient d’augmenter les stocks, de compliquer la coordination et de
concurrencer parfois les produits existant.
Les produits de l’entreprise sont les mêmes, mais le marché se trouve élargi et étendu sur d’autres
marchés. La diversification pourrait prendre la forme d’une expansion régionale, nationale ou
internationale comme elle peut simplement consister en la création de nouveaux canaux de distribution
(vente par correspondance, vente sur internet). L’avantage de cette stratégie est d’élargir le champ d’action
de l’entreprise vers une autre clientèle, ce qui favorise l’apprentissage, l’expérience et l’économie d’échelle,
mais elle a l’inconvénient d’induire des coûts importants pour la prospection et la conquête de nouveaux
marchés.
Le recentrage sur la mission est plutôt lié au coté marketing. On recentre la mission sur la
satisfaction d’un besoin manifesté par le marché.
A l’opposé, l’entreprise peut se substituer à ses clients en créant son propre circuit de distribution
afin de se rapprocher du client final. Il s’agit de l’intégration en aval, dont l’exemple le plus révélateur est
celui de Levi’s ou de Yves Rocher.
2.4. L’internationalisation :
2.4.1. Définition :
La valorisation des atouts en dehors des frontières pour élargir son champ
d’action (Danone en Tunisie et en Egypte) ;
La délocalisation de certaines activités pour bénéficier de certains avantages : abondance
de matières première, coût et qualification de la main d’œuvre (Adidas en Asie du sud-
est ;
La réussite de l’internationalisation exige un certain nombre de préalable :
Il existe plusieurs stratégies d’internationalisation, les principales peuvent être définies en tenant compte
des deux critères suivants :
Non Oui
Non
Exportation Filiale de vente
Délocalisation de la
production
Franchise, opération clé
Oui Usine de fabrication
en main