Correction Cas Pratique Séance 7
Correction Cas Pratique Séance 7
Correction Cas Pratique Séance 7
Cas n°1 :
Un entrepreneur pour les besoins de son activité conclu un contrat cadre avec un producteur de
blé le 18 avril 2003. Les modalités ne prévoient pas de prix fixe mais une variation en fonction
de l’évolution du coût des matières premières. Le prix du blé ayant explosé, il se voit imposer
un coût 10 fois supérieur au coût d’origine. Le producteur ne souhaitant pas renégocier les
termes du contrat, il souhaiterait modifier son engagement ou à défaut se désengager.
a. L’hypothèse de l’imprévision
CITER :
EXPLIQUER :
Dès lors, il n’existe pas de norme réglant l’hypothèse d’un évènement imprévisible venant
remettre en cause l’équilibre du contrat, il faut donc s’en remettre à une étude jurisprudentielle.
Pendant très longtemps, la Cour de cassation a fait preuve d’une très grande fermeté en rejetant
catégoriquement une remise en cause du contrat. L’arrêt de la Cour de Cassation, Chambre
civile, du 6 mars 1876, dit « Affaire du Canal de Craponne » venant parfaitement illustrer ce
propos en annonçant que « dans aucun cas, il n'appartient aux tribunaux, quelque équitable
que puisse apparaître leur décision, de prendre en considération le temps et les circonstances
pour modifier les conventions des parties et substituer des clauses nouvelles à celles qui ont été
librement acceptées par les contractants ».
Cependant, la Cour plusieurs fois est venue infléchir sa position, en se fondant notamment sur
une obligation d’exécuter les contrats de bonne foi : « la cour d’appel a pu décider qu’en
privant M. X... des moyens de pratiquer des prix concurrentiels, la société BP n’avait pas
exécuté le contrat de bonne foi » (Cour de Cassation, Chambre commerciale, du 3 novembre
1992, 90-18.547). Plus encore, un arrêt proche de notre cas ajoute aussi que « attendu qu’en
statuant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si l’évolution des circonstances
économiques et notamment l’augmentation du coût des matières premières (…) n’avait pas eu
pour effet, compte tenu du montant de la redevance payée par la société SEC, de déséquilibrer
l’économie générale du contrat tel que voulu par les parties lors de sa signature en décembre
1998 et de priver de toute contrepartie réelle l’engagement souscrit par la société Soffimat, ce
qui était de nature à rendre sérieusement contestable l’obligation dont la société SEC sollicitait
l’exécution, la cour d’appel a privé sa décision de base légale » (Cour de cassation, civile,
Chambre commerciale, 29 juin 2010, 09-67.369). Ainsi, il semblerait qu’en cas d’évolution
entraînant une hausse de prix manifestement excessive, avec un créancier faisant preuve de
mauvaise foi, le juge puisse alors faire droit à une demande en ce sens.
Malgré ces explications, il convient de relever que l’issu d’une telle requête reste incertaine, en
l’absence de cadre légal, et certains arrêts récents ont poursuivi avec fermeté le rejet d’une
demande en révision pour imprévision (Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 17
février 2015, 12-29.550 13-18.956 13-20.230).
APPLIQUER :
En l’espèce, on apprend que le prix fixé est 10 fois supérieur au prix d’origine. De plus,
l’augmentation de ce prix empêche l’entrepreneur d’avoir une activité rentable. Par suite, la
hausse du prix du blé n’était semble-t-il pas un événement pouvant être anticipé par
l’entrepreneur ou du moins pas dans de telles largeurs. En conséquence, il pourrait être fondé à
demander une révision du contrat.
CITER :
EXPLIQUER :
Pendant longtemps la solution fut incertaine et nous venait de la jurisprudence. En effet, après
quelques hésitations, elle a fini par arrêter un raisonnement grâce à plusieurs arrêts de
l’Assemblée Plénière de la Cour de cassation datant du 1er décembre 1995 (91-15.999, 91-
13.688, 91-19.653). On apprend ainsi notamment que l’article 1129 du code civil n’est pas
applicable à la détermination du prix, ce qui induit qu’une partie peut donc le fixer
unilatéralement. De plus, lorsqu’un contrat prévoit la conclusion d’autres contrats
ultérieurement, alors l’indétermination du prix de ces derniers n’affectera pas la validité du
premier contrat, mais pourra seulement entraîner la résiliation ou une indemnisation en
dommage-intérêt.
On en retire donc plusieurs idées. Tout d’abord, le contrat cadre n’a pas à déterminer à l’avance
le prix des contrats d’applications. De plus, la sanction de l’abus dans la fixation du prix de ces
derniers n’entrainera pas la nullité mais bien la résiliation du contrat ou seulement des
dommages-intérêts.
APPLIQUER :
En l’espèce nous sommes bien face à un contrat cadre, impliquant donc la définition des
caractéristiques générales des relations contractuelles futures et la mise en place de contrats
d’applications. Ici, le prix sera visiblement fixé unilatéralement par le créancier, ceci en
fonction des matières premières. Il est donc indéterminé et ne bénéficie que d’un indice venant
justifier la détermination future de celui-ci.
En conséquence, bien que le recours reste ouvert pour l’entrepreneur, il est difficile de lui
donner un avis tranché quant à cette action, et le devenir de celle-ci reste pour le moins incertain.
Cas n°2 :
Toujours dans le cadre de son activité, l’entrepreneur contracte depuis longtemps avec une
société dans le but de s’approvisionner en grain. Le contrat prévoyait la production régulière de
factures. Face au défaut de production de celles-ci, il a choisi de ne plus régler le montant prévue
par la convention. Devant l’injonction de la société de régler les sommes dues, il s’interroge
quant à son obligation de payer et quant au fait de savoir si l’absence de production de factures
peut lui permettre de se soustraire au règlement.
CITER :
EXPLIQUER :
Tout d’abord, rappelons comme un préambule à tout développement que les négociations, la
formation et l’exécution du contrat doivent être exécutés de bonne foi, comme en témoigne
l’article 1104 du code civil. Ainsi ce principe qui régit tout le fonctionnement du droit des
contrats impliquent diverses situations. De plus, et au regard de l’article 1194 du code civil, les
contrats obligent les parties à ce qui a été prévu par ces derniers, mais également à d’autres
hypothèses que provoqueraient notamment l’équité.
Ainsi, il semblerait donc que toute inexécution contractuelle puisse entraîner une sanction,
toutefois, avant d’envisager toute réaction drastique, il convient de s’assurer de la suffisante
gravité de l’inexécution subit. Plus encore, la jurisprudence exige depuis longtemps le respect
d’une obligation de bonne foi dans le cadre de l’exécution du contrat, en témoigne notamment
un arrêt de la 1 chambre civile de la Cour de cassation du 23 janvier 1996 (93-21.414) qui
ère
explique notamment que le simple fait qu’une prestation n’ai pas reçu de facture n’autorise pas
le débiteur à s’affranchir du paiement de celle-ci, ceci au regard du respect d’une obligation de
bonne foi. Ainsi, les juges n’apprécient pas la gravité en elle-même, mais plutôt la
proportionnalité entre l’importance du manquement et l’ampleur de la riposte mise en œuvre à
travers l’exception
APPLIQUER :
En l’espèce, il semblerait que la fourniture de facture soit une obligation contractuelle à l’égard
du créancier. Notre entrepreneur aurait donc été parfaitement fondé à exiger une sanction contre
celui-ci pour défaut d’application du contrat. Toutefois, son attitude face à ce défaut d’exécution
pose question.
En effet, le code civil parle tout de même d’une obligation de bonne foi à respecter dans
l’exécution du contrat, au même titre que la jurisprudence, et le fait de ne pas payer la prestation
dues pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas reçu de facture pourrait tout à fait être un fait
de nature à prouver sa mauvaise foi, comme en témoigne l’arrêt précédemment cité. On peut
notamment penser que l’exigence de facturation n’est qu’accessoire par rapport à la prestation
essentielle du contrat en question.
D’une situation qui aurait pu lui être favorable, notre entrepreneur risque malheureusement bel
et bien de devoir s’acquitter de la somme due, sans compter d’éventuelles dommages-intérêts
qu’entraîneraient son inexécution.
Cas n°3 :
CITER :
Tout d’abord, rappelons que les négociations, la formation et l’exécution du contrat doivent
être exécutés de bonne foi au regard de l’article 1104 du code civil. Par suite, et au regard de
l’article 1194 du code civil, les contrats obligent les parties à ce qui a été prévu par ces derniers,
mais également à d’autres hypothèses que provoqueraient notamment l’équité. Plus encore,
l’article 1193 du code civil nous rappelle que les contrats ne peuvent être modifiés ou révoqués
que du consentement mutuel des parties.
Au regard de ces éléments, il est important de préciser que toute inexécution volontaire d’un
contrat entraînerait pour la partie qui s’y aventure le déclenchement d’un panel de sanction
assez varié. Toutefois, il n’est pas interdit de prévoir diverses clauses, permettant notamment
la mise en place d’une renégociation. Ainsi, la jurisprudence autorise la conclusion d’une clause
de révision qui, sans imposer les parties à parvenir à un accord, permet néanmoins d’imposer
aux parties une renégociation de bonne foi du contrat (pour un exemple : Cass. Com. 3 octobre
2006). Plus encore, le code civil autorise implicitement la mise en place de clause d’indexation,
à savoir une clause permettant de faire varier le prix d’un contrat en fonction d’un indice de
référence, de par la rédaction de l’article 1343 du code civil, toutefois la jurisprudence exigeait
par le passé que l’indice ait un lien avec l’objet ou la cause du contrat (pour un exemple : Cass.
Civ. 1 . 9 janvier 1974), laissant imaginer que l’application serait complexe.
ère
Enfin, notons également que l’engagement perpétuel en vertu de l’article 1211 du code civil
n’est pas envisageable et laisse la possibilité à toute partie de se désengager en respectant
cependant un délai de préavis prévu par le contrat ou encore un délai raisonnable.
APPLIQUER :
Tout d’abord, il convient d’expliquer à notre entrepreneur que son idée de se soustraire à
l’exécution du contrat si son entreprise bâtait de l’aile est évidemment à oublier. En effet, toute
inexécution serait potentiellement sanctionnée, a fortiori si celle-ci n’est justifiée par aucun
manquement du créancier et décidée unilatéralement.
Cependant, il reste possible de prévoir « une porte de sortie ». En effet, nous pouvons
parfaitement lui conseiller, à défaut de la mise en place d’une clause d’indexation difficilement
quantifiable, et donc le critère de réussite de l’entreprise semble bien trop éloigné de l’objet du
contrat pour être un potentiel indice de référence, de préparer une clause de révision. Il pourrait
ainsi envisager une renégociation avec son cocontractant, lui faire part de ses difficultés et
respecter son obligation de bonne foi.
S’il doute vraiment de la sincérité de son futur créancier, il peut aussi lors de la négociation du
contrat, exiger que celui-ci ne prévoit pas de délai précis. Face à une obligation à durée
indéterminée, il pourra dès lors en respectant un préavis ou un délai raisonnable s’extraire de
son obligation en cas de nouvelles contrariétés.