Centres de Stockage Des Déchets-3

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Centres de stockage des déchets

Exploitation
par Hervé BILLARD
Ingénieur
Directeur de la formation technique, groupe SITA

1. Admission des déchets .......................................................................... G 2 102 – 2


1.1 Catégories de déchets admissibles............................................................ — 3
1.2 Procédures d’admission.............................................................................. — 3
2. Collecte et traitement des lixiviats .................................................... — 3
2.1 Connaissance des lixiviats .......................................................................... — 4
2.2 Drainage et collecte ..................................................................................... — 9
2.3 Stockage des lixiviats .................................................................................. — 11
2.4 Traitement des lixiviats ............................................................................... — 11
2.5 Coûts............................................................................................................. — 12
3. Collecte et traitement du biogaz......................................................... — 13
3.1 Formation du gaz de décharge................................................................... — 13
3.2 Évaluation de la production de biogaz d’un centre de stockage
de déchets ménagers .................................................................................. — 14
3.3 Système de drainage................................................................................... — 16
3.4 Système de transport .................................................................................. — 17
3.5 Élimination du biogaz.................................................................................. — 18
4. Surveillance et contrôle......................................................................... — 19
4.1 Objectifs........................................................................................................ — 19
4.2 Paramètres à surveiller ............................................................................... — 19
4.3 Quelques moyens de contrôle et de surveillance..................................... — 19
Références bibliographiques ......................................................................... — 22

epuis le milieu des années 1970, la réglementation s’est intéressée aux


D modes d’élimination des déchets, afin d’en contrôler les effets sur l’environ-
nement. Les sites de confinement, de « décharges » à leur début, sont devenus
des « centres d’enfouissement technique ». Depuis le début des années 1990,
d’importantes dispositions techniques ont été prises, aussi bien pour la concep-
tion que l’exploitation des nouveaux « centres de stockage des déchets ». Après
avoir exposé le contexte économique, social et environnemental dans lequel ils
s’inscrivent dans l’article [G 2 100] et nous être intéressés au premier volet de
ces dispositions techniques, c’est-à-dire le choix du site d’implantation et l’ingé-
nierie des centres de stockage des déchets, dans un deuxième article [G 2 101],
nous présentons ici plus spécifiquement leur fonctionnement.
Dans un premier temps, il convient de définir les conditions d’admission des
déchets, ce qui est le préalable à l’exploitation du centre de stockage. Selon la
nature des déchets admis, les centres sont répartis en trois classes : classe I pour
les déchets dangereux et spéciaux, classe II pour les déchets ménagers et assi-
milés, classe III pour les déchets inertes. L’exploitation du centre consiste alors
à collecter et traiter les effluents produits par les déchets stockés : les lixiviats et
le biogaz. Certains modèles de prévision de leurs qualité et quantité sont propo-
sés pour aider au dimensionnement des installations de drainage et d’évacua-
tion. La valorisation du biogaz est également envisagée.

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Enfin, les centres de stockage s’insèrent dans un environnement qu’ils doivent


perturber et polluer le moins possible. Ils doivent être des sources d’émissions
maîtrisées. Il convient donc de surveiller les transferts de flux qui se produisent
dans le milieu naturel environnant (eau, air, êtres vivants). Les moyens mis en
œuvre aussi bien « in situ » qu’en laboratoire sont ici décrits.

1. Admission des déchets


Nomenclature des déchets

Critères de classement en déchets dangereux


(propriétés définies par la directive Déchets dangereux)
La définition des conditions d'admission des déchets n'est pas
chose aisée tant la résultante est une affaire de compromis entre au
moins trois approches. Déchets dangereux (déjà classés)
+ déchets assimilés (déchets proposés au classement) non
■ Approche facilitant une « politique de gestion globale des
déchets » oui Stockage classe II ou
Le centre de stockage peut être, dans ce cas, « utilisé » comme stockage classe III
bras de levier pour inciter le citoyen, ou d'une manière plus géné- – radioactifs
rale les producteurs de déchets, à recourir à d'autres pratiques. – inflammables oui
C'est par exemple le concept du « déchet ultime », qui seul sera – explosifs
autorisé à partir du 1er juillet 2002. Le stockage, bien que capable de – contaminés (sanitaires)
s'adapter et de traiter les déchets produits par les ménages, verra
non Autres filières
cependant sa mission diminuer en réduisant les catégories de
déchets admissibles, ce qui incitera fortement à la récupération, au
recyclage et à la valorisation. Compatibilité et opportunité non
d'une mise en stockage/autres
■ Approche « choix de filière » solutions de traitement
Le choix de la filière de traitement relève normalement de la
responsabilité du producteur de déchets, afin qu’il choisisse la oui Autres filières
meilleure technologie disponible « dans des conditions économi-
ques acceptables ». Il peut être aidé par la réglementation qui inter- – trop réactif
dit certains déchets qu'elle voudrait diriger vers une autre filière – trop soluble
(déchets incinérables, déchets à siccité limitée, déchets dont la
composante organique est limitée à un pourcentage donné, etc.). non Prétraitement
Si le producteur a théoriquement le droit de son choix, en prati-
que, l'économie et la proximité sont des critères prépondérants. Sur Liste des déchets admissibles
le plan technique, il possède dans les faits peu d'éléments lui
permettant la comparaison. Tests d'acceptation (lixiviation)
Il n'existe, à l'heure actuelle, que peu d'analyses probantes
permettant de faire des bilans comparés d'une filière à une autre, de Seuils limites pour admission
type « ACV » par exemple (analyse de cycle de vie), qui évalueraient
les impacts respectifs de chaque filière, de chaque procédé.
Figure 1 – Démarche d’admission des déchets
en centre de stockage de classe I
■ Approche technique
Le stockage possède des capacités intrinsèques à « traiter » tel ou
tel déchet et à répondre, même dans le temps, à des objectifs de (0)
protection de l'environnement. Certains déchets s'avèrent cepen-
dant peu compatibles avec les centres de stockage, par exemple les Tableau 1 – Seuils d’admission des déchets
déchets solubles, ou trop évolutifs, trop réactifs ou inflammables, et pour les centres de stockage de classe I (1)
pourraient alors être interdits. pH > 4 et < 13 Pb............... (mg/kg) 50
L'application du principe de précaution amène aussi à faire une
ségrégation dans les qualités des catégories de déchets admissi- Siccité................... (%) 35 Zn............... (mg/kg) 250
bles, et pour ce faire, on introduit des seuils limites de concentration Fraction soluble... (%) 10 Cd .............. (mg/kg) 25
de polluants, contenus ou relargables évalués à partir d'un test de
DCO ............... (mg/kg) 2 000 CN.............. (mg/kg) 5
lixiviation.
On pourrait schématiser la démarche, aboutissant à la définition Phénols ......... (mg/kg) 100 Ni ............... (mg/kg) 50
des déchets acceptables et des seuils limites en polluants et combi- Cr6+ ................ (mg/kg) 5 As............... (mg/kg) 10
nant ces trois aspects, par le logigramme de la figure 1, donné à
titre d’exemple pour les déchets admissibles en centre de stockage Cr ................... (mg/kg) 50 Hg .............. (mg/kg) 5
de classe I. Les seuils limites en polluants sont donnés dans le CN : cyanures totaux ; DCO : demande chimique en oxygène.
tableau 1 pour les centres de classe I et dans le tableau 2 pour les (1) Après test de lixiviation selon la norme X 31-210 : trois lixiviations suc-
centres de classe III. cessives de 16 h.

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1.1 Catégories de déchets admissibles


– dossier de demande
Prise d'échantillon
Les catégories sont définies en fonction du centre de stockage, en – description du process
représentatif
évitant les recouvrements et en privilégiant les spécificités de – industriel générateur
chaque filière (tableau 3) :
— déchets dangereux ou spéciaux :.............................classe I ;
— déchets ménagers et « assimilés » Campagne d'analyse :
(en terme de provenance et qualité soit de composition, soit de – composition
niveau de danger ou de risque) :.......................................classe II ; – tests de lixiviation (X 31-210 et [(3 x 16 h) + (1 x 10 min)] X 31 211)
— déchets inertes :.........................................................classe III.(0)

Résultats analytiques Non conforme


Tableau 2 – Seuils d’admission des déchets pour les Interprétation et comparaison Refus
centres de stockage de classe III (1) avec critères et seuils d'admission

Concentrations maximales
Paramètres admissibles dans les percolats Conforme
(mg/L)
Stockage H Stockages G et F Délivrance d'un
certificat préalable d'admission
Sulfates 500 1 600 (valable 1 an)
Ammonium 8 25
DCO 60 200 Si accord contractuel du producteur
COT 20 70
Indice phénol 0,2 0,5
Planification
Hydrocarbures totaux 2 5 de réception
– visuel
Non conforme
– odeurs
Zn (2) 10 30 et
– radioactivité
contrôle à l'entrée
As 0,2 0,5 – test lixiviation 1 x 10 min
du site
Cd 0,01 0,03
CN 0,1 0,3
Conforme Test de lixiviation
Cr 0,1 0,3 3 x 16 h
Hg 0,002 0,005
Pb 0,1 0,3 – acceptation
– indication puis repérage Non conforme
Se 0,02 0,05 – du lieu de dépôt
HAP (6) 0,005 0,02
Refus
Ba 2 5 signalé à l'Administration
Chlorures 400 1 300
– pesée
Nitrates 100 300 – dossier administratif
DCO : demande chimique en oxygène ; COT : carbone organique total ; CN : – facturation
cyanures totaux ; HAP (6) : six premiers hydrocarbures aromatiques polycy-
cliques.
(1) Concentrations maximales pour les percolats obtenus en laboratoire.
Figure 2 – Procédure d’admission des déchets
(2) Valeurs proposées par le ministère de l’Environnement.
en centre de stockage de classe I

1.2 Procédures d’admission l'eau et donc des lixiviats consiste d'une part à éviter la production
de pollution, et d'autre part à supprimer la pollution induite.
Les flux générés par les centres de stockage sont extrêmement
Chaque catégorie de stockage possède une procédure spécifique
différents selon les différentes classes de stockage. Pour ce qui
d’admission des déchets. Par exemple, la procédure pour les stocka-
concerne les centres de classe I, l'obligation de stabilisation préala-
ges de classe I peut être schématisée par le logigramme de la
ble au stockage des déchets industriels à dominante minérale induit
figure 2.
un risque de génération de lixiviats de très faible production,
compte tenu de la faible perméabilité du matériau stabilisé lui-
même (K = 10 –11 m/s), et d'une qualité composée essentiellement
de sels et de métaux en faibles concentrations.
2. Collecte et traitement Pour ce qui concerne les centres de classe III, l'objectif assigné à
des lixiviats ces stockages, traduit réglementairement dans la définition même
des déchets classés « inertes » et dans les aménagements de
couverture, est de limiter la génération de lixiviats, qui n'auront pas
La problématique « eau » des installations de stockage est la besoin d'être collectés et qui, après « transfert » dans la barrière
préoccupation majeure pour l'aménagement et l'exploitation des géologique seront « écocompatibles » vis-à-vis des eaux souterrai-
sites. En effet, l'eau constitue le principal vecteur de migration des nes (niveau de contamination « supportable » par les milieux récep-
polluants stockés (eaux souterraines et superficielles). La gestion de teurs). (0)

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Tableau 3 – Déchets admissibles et interdits en fonction du centre de stockage


Déchets admissibles
Classe I Classe II Classe III
Catégorie A Catégorie D Catégorie F
Résidus de l’incinération : suies et cendres non volantes ; Ordures ménagères. Plâtre.
poussières, fines et cendres volantes ; déchets de neutrali- Objets encombrants. Déchets de matériaux en amiante-
sation des gaz ou des suies de lavage des gaz. Déchets de voirie. ciment : plaques ondulées, plaques
Résidus de la métallurgie : poussières de fabrication Déchets industriels et commerciaux supports de tuiles, ardoises en amiante-
d’aciers alliés ; poussières de procédés de fabrication des assimilables aux déchets ménagers. ciment, produits plans, tuyaux et canali-
métaux et scories, crasses de 2e fusion de métaux par Déchets verts. sations…
bains de sels ; boues d’usinage contenant moins de 5 % en Boues dont la siccité est supérieure ou
masse d’hydrocarbures. égale à 30 %.
Résidus de forage Déchets fermentescibles et fortement
Déchets minéraux de traitement chimique : oxydes et sels évolutifs de l’industrie et de l’agri-
métalliques, sels minéraux non cyanurés ; catalyseurs usés. culture.
Déchets de bois, papier, carton.
Catégorie B Catégorie E Catégorie G
Résidus de traitement d’effluents industriels, d’eaux Déchets contenant de l’amiante lié Déchets en mélange issus des chantiers
industrielles, de déchets ou sols pollués : boues d’épura- (amiante ciment et revêtements en de bâtiment (construction, démolition,
tion d’affluents industriels (BHM) ; résidus de STEP ; rési- vinyl-amiante). réhabilitation).
nes échangeuses d’ions ; résidus de traitement des sols Catégorie F
pollués.
Résidus d’incinération (mâchefers d’incinération de Déchets de bâtiment et des travaux
déchets industriels) : poussières de fabrication d’aciers publics triés : terres non polluées,
alliés. pierres, déchets de minéraux, déchets
Résidus de peinture (déchets de peinture, résines sans de briques, ciment, béton, tuiles,
phase liquide) céramique, terre cuite, porcelaine.
Résidus de la métallurgie : scories, crasses hors catégorie
A ; sables de fonderie.
Résidus d’amiante
Réfractaires et autres matériaux usés et souillés :
matériaux souillés au cours du processus de fabrication ;
matières premières, rebuts de fabrication et matériels
divers souillés non recyclables.
Déchets interdits
Classe I Classe II Classe III
Déchets dont on peut extraire une partie valorisable. Déchets dangereux et déchets indus- Terres polluées.
Déchets radioactifs provenant du démantèlement des triels spéciaux. Déchets dangereux.
installations nucléaires de base. Déchets d’activités de soins et assimi- Déchets ménagers et assimilés.
Déchets explosifs (directive CEE n° 92-32 du 30 avril 1992). lés. Déchets organiques fermentescibles.
Déchets inflammables (directive CEE n° 92-32 du 30 avril Déchets radioactifs. Déchets radioactifs.
1992). Déchets contenant plus de 50 mg/kg Déchets non refroidis.
Déchets radioactifs (décret principes généraux de radio- de PCB. Déchets explosifs ou susceptibles de
protection 20 juin 1966). Déchets inflammables et explosifs. s’enflammer spontanément.
Déchets pelletables. Déchets liquides ou dont la siccité est Déchets non pelletables, dont les
Déchets pulvérulents non conditionnés. inférieure à 30 %. liquides.
Déchets fermentescibles. Pneumatiques usagers à compter
Déchets contaminés (sanitaire). de 2002.
BHM : boues d’hydroxydes métalliques ; STEP : station d’épuration ; PCB : polychlorobiphényle.

Pour les stockages de classe I, les techniques d’exploitation apportée par les précipitations. Les mécanismes de formation des
(couverture, surfaces réduites, stabilisation préalable de déchets) lixiviats, de nature biologique et physico-chimique, sont très
font que les lixiviats éventuels sont peu chargés et sont générale- complexes. Les déchets enfouis servent de substrat aux micro-orga-
ment réintroduits dans le processus de stabilisation. La question nismes (bactéries, levures, champignons) dont l'activité a des effets
des rejets à l’extérieur du site de lixiviats excédentaires ne se pose directs multiples sur les conditions physico-chimiques du milieu
pratiquement pas. Pour les stockages de classe III, la collecte et le (pH, potentiel rédox...) ou peuvent déclencher des phénomènes
traitement des éventuels lixiviats produits ne s’imposent pas. La physico-chimiques secondaires (dissolutions, précipitations...). En
question de la collecte et du traitement des lixiviats se pose donc retour, ces mécanismes biologiques se trouvent sous la dépendance
essentiellement pour les stockages de classe II. C’est pourquoi nous des paramètres physico-chimiques du milieu.
développerons dans ce paragraphe les divers aspects de cette La genèse des lixiviats implique simultanément des processus
problématique. aérobies et anaérobies, liés au mode d'exploitation de la décharge et
à la nature des déchets enfouis. Ces mécanismes sont bien connus,
2.1 Connaissance des lixiviats en particulier dans le cas des centres de stockage de classe II.
■ Mécanismes biologiques aérobies
2.1.1 Caractérisation
Tant que la densité des déchets permet le passage de l'oxygène
Les lixiviats de décharge résultent de la percolation à travers le (faible compactage et absence de couverture, immédiatement après
massif de déchets de l'eau contenue dans les déchets et de l'eau le dépôt des déchets par exemple), une fermentation aérobie se

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produit. Identique aux premières étapes de compostage, elle ■ Mécanismes physico-chimiques


conduit à la production de CO2, d'eau et de chaleur. La température Les principaux mécanismes sont :
s'élève jusqu'à 60 °C au sein de la masse de déchets. — la dissolution : le degré de broyage ou l’état de division des
■ Mécanismes biologiques anaérobies déchets modifie leur surface spécifique ;
— la solubilisation (milieu acide) ou la précipitation (sulfates, carbo-
On distingue pour les décharges d’ordures ménagères cinq nates) selon les principaux paramètres du milieu (pH, potentiel d’oxy-
phases d’évolution (figure 3). doréduction Eh, capacité tampon, présence d’agents complexants et
● Hydrolyse d’espèces coprécipitables).
C’est le passage des conditions aérobies aux conditions anaéro- Ces deux mécanismes dépendent essentiellement de la vitesse de
bies : chute du potentiel d'oxydoréduction, apparition d'acides percolation de l'eau, donc de l'épaisseur des déchets et de la nature
carboxyliques et augmentation rapide de la charge organique. de la couverture. Mais également, ils dépendent de l'origine de l'eau
L'attaque de la matière organique par les enzymes bactériennes percolante (pluie, source ou eau de constitution des déchets).
conduit à un mélange de sucres simples (osides) et d'acides aminés
libres qui pourront servir de nutriments dans la phase suivante. 2.1.2 Qualité
● Acidogenèse 2.1.2.1 Types de réactions
C'est la formation des acides gras volatils (AGV) devenant La mobilisation des constituants des déchets par l'eau se fait
prépondérants dans la structure organique des lixiviats, à partir des d'une part par une mise en solution de ses constituants, mais égale-
produits d'hydrolyse. Il se produit une diminution du pH, une ment par un entraînement mécanique (particules en suspension,
complexation des espèces métalliques, une consommation de colloïdes, etc.). La mise en solution sensu stricto est contrôlée pour
l'azote et du phosphore pour la croissance de la biomasse avec une large part par des réactions chimiques qui peuvent être décrites
production de CO2 et de H2. à l'aide d'équations thermodynamiques si l'on suppose que le
● Acétogenèse système est en équilibre. Ces équations nous indiquent quelle est la
concentration d'équilibre de telle ou telle espèce en solution,
Les acides gras volatils et les alcools sont transformés en acide
compte tenu des conditions chimiques de ce milieu (pH, Eh, autres
acétique, CO2 et H2.
espèces en solution).
● Méthanogenèse
Une décharge est donc un système extrêmement « dynamique »
Les métabolites intermédiaires sont transformés en CH4 et CO2. au sein duquel de nombreux processus ont lieu simultanément,
Le pH remonte sous le contrôle de la capacité tampon des carbona- chaque processus influençant les résultats des autres. Si l'état de
tes. Le potentiel redox est à sa valeur minimale, les espèces métalli- l'art scientifique actuel est tout à fait incapable de « prévoir » de
ques sont complexées et précipitent. La charge organique diminue manière précise quel sera le résultat de cette évolution en terme de
fortement en liaison avec l'augmentation de la production de concentrations, il est néanmoins possible de distinguer de grandes
biogaz. tendances et de fournir des ordres de grandeur.
● Maturation Selon Ross, les principales réactions intervenant dans le proces-
sus de dégradation des déchets sont les suivantes :
C’est la fin des phénomènes de biodégradation, avec stabilisation
de la matière organique et chute de la production de biogaz. Il y a — processus chimiques : neutralisation, précipitation, oxydation,
métabolisation très lente des produits peu biodégradables avec réduction, complexation, ionisation, réaction acide-base ;
formation des molécules complexes de type acides humiques. — processus physiques : échange d’ions, adsorption, absorption,
filtration, évaporation, extraction, encapsulation ;
— processus biologiques : hydrolyse, catabolisme, fermentation,
nitrification, dénitrification, réduction des sulfates, minéralisation.

Matière organique complexe 2.1.2.2 Phases de la biodégradation


Les paramètres mesurés dans le lixiviat et les gaz lors de la bio-
dégradation des déchets évoluent au cours du temps. Si l'on
Hydrolyse Bactéries hydrolytiques observe une variabilité importante d'une décharge à une autre, des
tendances peuvent néanmoins être dégagées. Cela a conduit
certains auteurs comme Farquhar et Rovers [1] ou Ehrig [2] à décrire
Composés solubilisés une évolution idéale du lixiviat et des gaz produits au cours du
temps (figure 4).
Acidogenèse Bactéries acidogènes
2.1.2.3 Composition des lixiviats en fonction de leur degré
d’évolution
Acides gras volatils Le tableau 4 propose des fourchettes de valeurs des principaux
solvants paramètres entrant dans la composition des lixiviats en fonction de
leur degré d'évolution. Il illustre bien la grande variabilité de compo-
Acétogenèse Bactéries acétogènes sition des lixiviats de décharge d'ordures ménagères. La DCO et la
DBO5 par exemple présentent des fourchettes de variation de plus
de deux ordres de grandeur au cours des deux premières phases.
CH3COOH CO2 , H2
On notera que les fourchettes proposées cumulent des différences
dues d'une part à l'activité biologique pour la phase considérée,
Bactéries acétoclastes Bactéries hydrogénophiles
d’autre part à des variations de caractéristiques d'une décharge à
une autre pour une même phase ou à des différences de méthodes
Méthanogenèse de prélèvement.
CH4 , CO2 Dans la pratique, la distinction entre les différentes phases est
difficile et approximative. De même, l'attribution d'une échelle de
temps à ces phases est problématique car les vitesses d'évolution
Figure 3 – Mécanismes de la fermentation anaérobie sont très variables d'une décharge à une autre.

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2.1.4 Quantification des lixiviats.


Composition (% vol.) Réduction des volumes
100
N2 CO2 N2
80 2.1.4.1 Analyse du bilan hydrique

60 CH4
Le bilan hydrique constitue une « balance comptable » des
40
entrées et sorties d'eau sur le site, pendant une durée détermi-
O2
20 H2 née.
L'analyse du bilan hydrique permet de comprendre les phéno-
0 mènes de formation de lixiviats dans un centre de stockage des
O2 déchets. Ce bilan, effectué au niveau du centre, permet d'éva-
a gaz
luer le volume d'eau de pluie infiltré dans les alvéoles au cours
de leur exploitation, de définir et de dimensionner les ouvrages
DCO
de collecte, de drainage et de traitement qu'il faut mettre en
AGV place.

NH4+ pH Nota : plusieurs modèles ont été développés pour étudier ce bilan hydrique, des logi-
ciels ont été développés tels que HELP (Hydrologic Evaluation of Landfill Performance)
de l'EPA (US Environmental Protection Agency), et MOBYDEC (du BRGM, Bureau de
recherche géologique et minière) pour ne citer que les deux principaux.
La figure 5 présente les différents paramètres intervenant dans le
cycle de l'eau sur le centre de stockage. Ce cycle peut être étudié à
l'aide de l'équation de base du bilan hydrique. Celle-ci prend en
compte les différentes entrées et sorties d'eau sur le centre.
L’équation de base du bilan hydrique peut s’écrire :
SO42
E = P + ED – I – ETR + Rext – Rint ± ∆ED

HCO3– avec E quantité d’effluents pouvant être produite,


Zn, Fe Cl
P quantité d’eau pluviale tombant sur le site,
ED eau de constitution des déchets,
ETR évapotranspiration réelle,
I infiltration,
Phase I II III IV V Rext quantité d’eau ruisselant de l’extérieur du site vers les
b et c lixiviats fossés de collecte des eaux de ruissellement,
Rint quantité d’eau ruisselant de l’intérieur du site vers
Figure 4 – Évolution idéalisée, en fonction du temps, des effluents
l’extérieur,
liquides et gazeux d’une décharge d’ordures ménagères (d’après [3]) ∆ED variation de la teneur en eau des déchets.
Pluviométrie P : il s’agit du terme principal en ce qui concerne les
apports d’eau sur le site. Dans les calculs, il est possible de considé-
2.1.3 Composition des lixiviats : principaux rer, dans un premier temps, les valeurs de pluie moyenne qui servi-
facteurs d’influence ront au dimensionnement des ouvrages (casiers, bassins), puis,
dans un second temps, les valeurs correspondant aux pluies
■ Composition des déchets : elle varie fortement d’une décharge à annuelles (année la plus pluvieuse et année la plus sèche) pour
une autre. Le développement bactérien est optimal lorsque les observer l’amplitude de leur influence sur l’exploitation du site.
déchets ont des teneurs en DCO, azote (N) et phosphore (P) telles
que : DCO/N/P ≈ 180/5/1. La croissance bactérienne peut être inhi-
bée par la présence de métaux lourds présents dans les ordures
ménagères.
■ Solubilité des composants des déchets : cette solubilité dépend
du composé lui-même (hydrocarbure peu soluble, chlorure de Fossé de collecte
sodium très soluble), mais aussi de la quantité et de la qualité du des eaux
solvant qui se charge en différents solutés en traversant les déchets, Évapotranspiration
de ruissellement
cette qualité évoluant dans le temps. ETR
■ Facteurs influençant l’activité biologique : l’activité biologique Eau fluviale P
Rext Rint Rext
est la principale influence sur l’évolution dans le temps de la compo-
sition des lixiviats. Certains cherchent une corrélation avec : l’âge de
la décharge, l’âge des déchets, les facteurs influençant les réactions
chimiques, la teneur en eau, la température, la présence d’oxygène,
le pH.
■ Mode d’exploitation : il est possible de repérer et de classer les Alvéole Alvéole en Effluent E
différents facteurs d’influence agissant soit sur le volume de lixiviats réaménagée exploitation
Infiltration I
généré, soit sur la composition et la qualité des lixiviats. Les princi-
paux facteurs sont présentés dans le tableau 5 (p. 8). Figure 5 – Cycle de l’eau sur le centre de stockage

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(0)

Tableau 4 – Composition des lixiviats en fonction de leur évolution (d’après [3])


Phases Valeurs limites
Paramètres rencontrées dans
Phase I Phase II Phase III Phase IV Phase V la littérature
Conductivité ........... (µS/cm) 2 450 à 3 310 1 600 à 17 100 7 700 à 2 900 1 400 à 4 500 1 400 à 17 100
pH 6à7 7,7 à 4,7 6,3 à 8,8 7,1 à 8,8 3,7 à 8,8
Eh .................................(mV) (+ 40) (+ 80) à – 240) (– 73) à (– 330) –330 (+ 97) à (+ 163) (– 330) à (+ 163)
MES .......................... (mg/L 549 à 1994
DCO .....................(mg/O2L) 480 à 18 600 1 500 à 71 700 9 760 à 580 31 à 900 31 à 100 000
DBO5 ....................(mg/O2L) 100 à 10 900 1 000 à 57 700 3 400 à 600 4 à 120 2 à 90 000
NTK ........................... (mg/L) 180 à 860 14 à 1 910 25 à 82 7 à 490 7 à 5 000
+
NH 4 .......................... (mg/L) 120 à 225 2 à 1 030 430 à 6 430 à 6 2 à 3 870

NO 3 ......................... (mg/L) 0,1 à 51 19 à < 0,05 0 0,5 à 0,6 0 à 845
PO 3–
4
........................ (mg/L) 0,6 à 1,7 120 à 0,16 14 à 0,7 0,16 à 14 0,16 à 154
K ................................ (mg/L) 35 à 2 300 35 à 2 300 35 à 2 300 35 à 2 300 2,8 à 3 770
Na ............................. (mg/L) 20 à 7 600 20 à 7 600 20 à 7 600 20 à 7 600 0 à 7 700
Ca .............................. (mg/L) 190 à 490 70 à 3 900 490 à 76 76 à 254 60 à 7 200
Mg............................. (mg/L) 68 à 96 3 à 1 140 505 à 81 81 à 190 3 à 15 600
CI ............................... (mg/L) 30 à 5 000 30 à 5 000 30 à 5 000 30 à 5 000 4,7 à 5 000
SO 2–
4 ........................ (mg/L) 10 à 458 3 240 à 10 0 5 à 40 1 à 3 240
Fe .............................. (mg/L) 68 à 372 2 200 à 90 336 à 115 4 à 20 0 à 5 500
Cu.............................. (mg/L) 0,085 à 0,39 2,2 à 0,005 0,03 à 0,18 0,02 à 0,56 0 à 10
Cd.............................. (mg/L) < 0,005 à 0,01 < 0,005 à 0,39 < 0,005 à 0,1 0,004 0,005 à 17
Cr .............................. (mg/L) 0 à 0,23 à 0,28 18 à 0,06 0,06 0,05 0 à 18
Ni .............................. (mg/L) 0,02 à 1,55 79 à 0,03 01 à 1,0 0,07 0,02 à 79
Pb .............................. (mg/L) 0,001 à 0,004 1,44 à 0,01 0,01 à 0,1 0,01 à 0,1 0à5
Zn .............................. (mg/L) 0,06 à 21 220 à 0,65 0,4 à 6 0,4 0 à 1 000
Durée approximative de 9 à 10 ans et jusqu’à 20 ans Plusieurs Indépendant
chaque phase décennies du temps

Eau des déchets ED : les déchets enfouis peuvent être plus ou ment que l'évapotranspiration stricto sensu est limitée en prove-
moins humides. Dans le cas des ordures ménagères mélangées aux nance des déchets et peut souvent être considérée comme nulle,
déchets artisanaux et commerciaux, la teneur en eau (mesurée par surtout si la zone d’exploitation est couverte.
passage à l’étuve à 150 °C pendant 2 h) est estimée à 40 % en L'examen de l'état de l'art actuel en matière de méthodes
masse. Cette valeur varie peu d’un site à l’autre. d'évaluation de l'évolution de la composition des lixiviats de
Infiltration I : une infiltration peut se produire dans le fond du site. décharge souligne le peu de pouvoir prévisionnel de ces méthodes.
Les modèles existants peuvent prétendre, au mieux, reproduire des
Ruissellement Rint : le ruissellement de l’intérieur vers l’extérieur données mesurées après ajustement de divers paramètres du
du site est supposé en principe négligeable en raison de la digue modèle qu'il est souvent difficile de connaître a priori. Les modèles
périphérique délimitant les casiers l’exploitation. Un drain placé sont encore insuffisamment calibrés par des données fiables,
contre cette digue, côté déchets, doit permettre de diriger les eaux recueillies sur les sites. Aussi, il est courant d’utiliser des formules
de percolation vers le point bas. Les éventuels ruissellements à empiriques et des ratios, pour tenter de cerner les ordres de gran-
prendre en compte sont ceux qui se produiraient par débordement. deur en jeu.
Ruissellement Rext : d'éventuels apports d'eau par ruissellement L'étude réalisée par les agences de l'eau sur l'évaluation de flux
de l'extérieur vers l'intérieur du site peuvent survenir si les fossés polluants liquides générés par les décharges d'ordures ménagères
censés les capter sont inefficaces. indique que sur l'évaluation effectuée sur huit sites étanchés artifi-
Variation de la teneur en eau des déchets ∆ED : la teneur en eau ciellement en fond de casier, la quantité mensuelle de lixiviats
des déchets peut varier en raison de la pluviométrie reçue sur collectée est de 177 m3/ha avec un écart type de 122 m3/ha. Cette
l'alvéole d'exploitation. Les déchets sont en effet susceptibles, en valeur moyenne correspondrait à une infiltration efficace de
fonction de leur nature, d'absorber une certaine quantité d'eau. 212 mm/an, qui peut être reliée à P/4 (P : précipitations) ou P/3
(valeurs moyennes sur la totalité du site), formules communément
Évapotranspiration réelle ETR : les dernières approches pour les utilisées par les exploitants pour estimer rapidement l’ordre de
calculs de bilan hydrique de centres en cours d'exploitation esti- grandeur des quantités de lixiviats à collecter.

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(0)
Tableau 5 – Synthèse de facteurs influençant la quantité et la qualité des effluents collectés
sur un centre de stockage de déchets
Facteur Influence sur les volumes collectés Influences sur les charges polluantes
Nature des déchets ±à+ Influence la qualité d’eau pouvant être emmagasi- + Influence la solubilité des constituants,
née dans les déchets. Corrélation positive (1) la teneur en matière organique,
sa dégradabilité, etc.
Âge des déchets + Influence le comportement hydraulique du + Détermine l’état de dégradation de la matière
déchet. Corrélation positive (1) organique. Corrélation négative (2)
Masse de déchets en place ±à+ Influence la quantité d’eau pouvant être emmaga- ± Influence la diffusion d’oxygène et de l’eau au
sinée dans les déchets. Corrélation négative (2) sein des déchets. Corrélation positive (1)
Teneurs en eau initiales des déchets ±à+ Influence la quantité d’eau pouvant être emmaga- ± Influence la croissance bactérienne
sinée dans les déchets. Corrélation positive (1)
Surfaces des casiers + Facteur dominant. Corrélation positive (1) ± Influence liée à effets de dilution
Volume des précipitations + Facteur dominant. Corrélation positive (1) + Influence le degré d’humidité des déchets et donc
la biodégradation. Corrélation négative (2)
Phasage de l’exploitation + Corrélation négative (2) ± Corrélation positive (1)
Températures + Influence l’évapotranspiration. Corrélation néga- ±à+ Influence la croissance bactérienne.
tive (2) Corrélation variable suivant la phase
de dégradation
Durée d’insolation ±à+ Influence d’évapotranspiration – Influence la croissance bactérienne.
Corrélation variable suivant la phase
de dégradation
Humidité de l’air ± Influence l’évapotranspiration. Corrélation posi- –
tive (1)
Couvert végétal des couvertures ±à+ Influence l’évapotranspiration. Corrélation néga- – Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
tive (2) sein des déchets
Épaisseur des couvertures ± Influence l’évapotranspiration – Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
sein des déchets
Pente des couvertures ± Influence le ruissellement. Corrélation négative
(2)
Granulométrie des matériaux ± Influence le ruissellement. Corrélation négative
de couverture (argile > sable) (2)
Perméabilités des couvertures + Influence l’infiltration. Corrélation positive (1) + Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
sein des déchets. Corrélation positive dans le
court à moyen terme mais permet une dégrada-
tion plus rapide
Perméabilité des fonds de casiers + Influence l’exfiltration. Corrélation négative (2) – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
dation
Perméabilité du milieu géologique var Influence majeure si pas d’imperméabilisation – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
artificielle. Corrélation négative (2) dation
Hauteur de la nappe souterraine var Influence majeure si les déchets « baignent » dans – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
la nappe. Corrélation positive (1) dation
État de compaction des déchets ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± La compaction diminue la diffusion de l’oxygène
déchets. Corrélation variable suivant l’âge au sein des déchets. Corrélation positive (1)
Mise en balles ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± La compaction diminue la diffusion de l’oxygène
déchets. Corrélation variable suivant l’âge au sein des déchets. Corrélation positive (1)
Broyage ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± Augmente les surfaces de contact. Corrélation
déchets. Corrélation négative (2) positive (1)
Couches de couverture – Peut influencer l’évapotranspiration. Corrélation –
intermédiaire incertaine
Mode de collecte des effluents –à± Influence la distribution temporelle des effluents ± Influence la précipitation de certains composants
(gravitaire, pompage…) mesurés (métaux)
Recirculation des lixiviats + Ressoumet les lixiviats à l’évaporation. Corréla- ± Redonne une chance aux bactéries méthanogè-
tion négative (2) nes de dégrader les AGV.
Conditions de prélèvement + Influence la précipitation des métaux, l’Eh, les
(filtration, acidification, etc.) MES, etc.
Conditions d’analyse (après + Influence sur la DBO5 en cas de présence d’inhibi-
décantation, selon normes, etc.) teurs (métaux)
Additions de nutrients (phosphates…) –à± Stimule l’activité bactérienne. Corrélation variable
suivant la phase de dégradation
Addition de boues de STEP var Influence variable suivant volumes. Corrélation –à± Favorise la méthanogenèse. Corrélation négative
(station d’épuration) positive (1) (2)
(1) Corrélation positive : plus le facteur est élevé, plus les volumes collectés ou les charges polluantes sont élevés.
(2) Corrélation négative : plus le facteur est élevé, plus les volumes collectés ou les charges polluantes sont faibles.
var : influence variable ; + : influence majeure ; ± : influence moyenne ; – : influence minoritaire.

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Exemple : tirée d'une enquête statistique sur sites réels, l'analyse


des volumes de lixiviats collectés met en évidence une corrélation
Collecteur d'évacuation Déchets
significative entre les volumes mensuels moyens et les surfaces des
zones contribuant aux lixiviats.
Percement de l'étanchéité
À titre d'exemple, nous donnons avec toute la prudence qui
Rejet dans le bassin Niveau des lixiviats
s'impose pour une extrapolation trop générale, les résultats suivants : de stockage
Vexp = 0,6 P Sexp
Vréa = 0,4 P Sréa CR
avec Sexp surface d’exploitation de la zone de stockage, a par gravité
Sréa surface réaménagée de la zone de stockage,
V volume total de lixiviats d’un centre,
Vexp volume de lixiviats correspondant à la surface en exploi- Déchets
tation, Rejet dans le bassin
de stockage Niveau des lixiviats
Vréa volume de lixiviats correspondant à la surface réaménagée, Pompe
Drain
P pluviométrie moyenne annuelle,
CR coefficient de réaménagement établi par l’agence de l’eau
Seine-Normandie.
CR = 0,05 très bon : membrane étanche, b par pompage
CR = 0,25 bon : argile + terre végétale,
CR = 0,5 moyen : argile, Figure 6 – Évacuation des lixiviats
CR = 0,7 médiocre : terre végétale > 0,3 m,
CR = 1 mauvais : aucun réaménagement limitant.
biogaz. C'est au niveau de ces puits que l'on contrôle le niveau des
2.1.4.2 Aménagements pour une meilleure gestion des eaux lixiviats en fond de site (< 0,30 m). Le drainage constitue le premier
maillon du réseau de collecte des lixiviats qui comprend générale-
Les aménagements des sites pour une meilleure gestion de l’eau, ment au minimum : drainage, puits de pompage, collecteurs, bassin
dont le but général est d’assurer une protection efficace du milieu de stockage.
environnant, s’articulent autour de trois points. Nota : le lecteur est invité à se reporter au paragraphe 2 de l’article [G 2 101], consacré
à la conception des centres de stockage des déchets.
■ Détournement des eaux de ruissellement externes à la zone en
exploitation
Afin d'éviter que les eaux de ruissellement externes ne pénètrent
2.2.2 Évacuation
dans les tranches en activité, un fossé périphérique est créé, isolant L’évacuation des lixiviats est réalisée par gravité (figure 6a) ou
l'exploitation du reste du terrain. Ce fossé ceinture dans un premier par pompage (figure 6b).
temps la première tranche d'exploitation et est ensuite prolongé au
fur et à mesure de l'avancement du remplissage des terrains.
2.2.3 Puits de collecte
■ Réduction du volume d’eau pluviale entrant en contact avec les
déchets Les puits de collecte de lixiviats, lorsqu'ils permettent simultané-
Le mode d'exploitation par alvéoles hydrauliquement indépen- ment l'extraction du biogaz, sont dénommés puits mixtes (figure 7).
dantes, de superficie limitée, permet de minimiser les volumes de Lorsqu'ils sont montés à l'avancement des travaux, ils présentent
percolats en vue d'un traitement éventuel. La limitation de ces les avantages et inconvénients suivants :
alvéoles est réalisée grâce à des digues temporaires. Elles sont — avantages : pas de forage à effectuer, décompression du gaz
« retirées » lors du remplissage d'une alvéole juxtaposant l'alvéole dans les déchets, équipement de la tête du puits sans engin spécifi-
dernièrement exploitée. que, double fonction : captage du gaz et pompage des lixiviats ;
— inconvénients : véritables cheminées échappatoires de gaz,
■ Piégeage et élimination des lixiviats
entrées d’air dans les déchets, colmatage possible des buses.
Le caractère imperméable du terrain qui doit garantir la protection
Ils sont surtout utilisés pour relever les eaux accumulées en fond
des eaux souterraines entraîne en contrepartie la rétention et l’accu-
de site au point bas aménagé dans l’alvéole (figure 8). Lorsque la
mulation des percolats en fond d’alvéole. Les alvéoles doivent
configuration des sites s’y prête, il est également possible de
disposer d'un réseau de drainage interne, permettant de pomper les
prévoir un soutirement et relevage de lixiviats grâce à des collec-
percolats dans des puits prévus à cet effet. Ces lixiviats ainsi
teurs aménagés, sur le fond et sur les flancs du site. Dans ce cas, les
recueillis au point bas des alvéoles sont refoulés vers les bassins de
tuyaux sont généralement en PEHD.
stockage.

2.2.3.1 Dispositifs de levage


2.2 Drainage et collecte Pour permettre l’extraction de la pompe depuis le sommet du
regard lors des opérations de maintenance et de réparation, le
regard peut être équipé d’un dispositif de levage.
2.2.1 Conception et dimensionnement
des alvéoles ■ Surcreusement : les regards sont installés dans un surcreuse-
ment local du fond du stockage. La hauteur du surcreusement per-
Le fond de forme doit être terrassé en pente pour assurer la conti- met à la fois l'accumulation d'une hauteur suffisante de lixiviats
nuité des écoulements de lixiviats en point bas. En ce point, un puits pour garantir un fonctionnement optimal de la pompe, ainsi que
construit généralement en buses béton ou PEHD (polyéthylène l'accumulation de sédiments. Les bords du surcreusement sont
haute densité) permet de collecter le lixiviat mais également le aménagés avec des pentes comprises entre 2/1 et 3/1. La géomem-

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Biogaz Capot de protection Déchets


Regard
Lixiviat Matériau drainant

Drain

Géomembrane
Couverture
Remblai

Terrain naturel

Déchets
Buses Base élargie (semelle de béton)
béton Dalle de répartition (si nécessaire) Géotextiles de protection
perforées
Figure 9 – Exemple d’aménagement du fond d’alvéole
pour les regards

Pompe
immergée
mobile
nage des lixiviats mette en contact l'alvéole avec l'atmosphère exté-
rieure, ce qui est néfaste pour les raisons suivantes :
— les gaz peuvent s'échapper par le réseau des lixiviats ;
— si le drainage des gaz se fait à l'aide d'une aspiration, l'air ren-
Substratum trant par le réseau de lixiviats empêche de créer la dépression
nécessaire à l'aspiration (d'où un mauvais fonctionnement de ce
drainage des gaz) ;
Figure 7 – Puits de collecte des lixiviats — la présence d'air dans le gaz peut créer des conditions explosi-
ves dans le stockage ou à l'incinération ;
— les alvéoles sont en contact entre elles, ce qui empêche une
gestion spécifique par alvéole de l'aspiration des gaz.
Géosynthétique Tuyau de relevage Pour parer à ces problèmes, il faut cloisonner les dispositifs de
d'étanchéité sur pente drainage des lixiviats par des siphons placés dans les regards. Les
drains se terminent par un bec plongeant dans la fosse d'accumula-
tion des lixiviats. La hauteur de submersion est calculée pour être
supérieure à la pression d'aspiration des gaz (exprimée en colonne
Déchet Talus d'eau). Cela nécessite un surcreusement supplémentaire de la base
ou du regard. Il faut également assurer une parfaite étanchéité à l'air du
digue couvercle du regard.

Couche drainante 2.2.3.2 Pompe de relevage


La pompe évacue les lixiviats amassés dans la fosse d'accumula-
Substratum tion de façon à maintenir le niveau des lixiviats à une hauteur infé-
rieure à 30 cm, mesurée au point bas par rapport à la base du fond
Figure 8 – Relevage des lixiviats en fond de site de casier. Elle doit s'adapter aux variations de débit du dispositif de
drainage, résister aux agressions chimiques et aux particules soli-
des contenues dans les lixiviats. Plusieurs types de pompes existent
brane est plaquée sur toute la surface du surcreusement sans dis- pour réaliser ce pompage (tableau 6). (0)
continuité avec le fond de l'alvéole. Le sucreusement est rempli de
matériau granulaire drainant.
Tableau 6 – Pompes de relevage (d’après [4])
■ Stabilité du regard : la base du regard est élargie pour assurer sa
stabilité (ancrage dans une semelle béton). Si les terrains le nécessi- Pompe Avantages Inconvénients
tent, le regard est posé sur une fondation constituée d'une dalle de
répartition des charges, dimensionnée en fonction de la portance du Électrique Pas de désamorçage Coût
sol, du regard et de la hauteur d'exploitation prévue. Dans ce cas, immergée Pas de limite de Installation et mainte-
profondeur nance compliquées
une protection mécanique par géotextile (feutre) est interposée Fonctionnement hors
entre la dalle et la géomembrane pour éviter d'endommager celle-ci de l’eau sans consé-
(figure 9). quence
■ Disposition des regards : pour permettre l'auscultation des Pneumatique Idem pompe électrique Réglages
drains, les regards sont disposés pour que la longueur du drain aus- immergée Andidéflagrant Faibles débits
cultable depuis chaque regard soit inférieure à 80 m. Peu d’entretien Évacuation de l’air
comprimé vicié au
■ Adaptations pour les regards drainant les gaz : pour les déchets contact des lixiviats
fermentescibles comme pour les déchets industriels, un réseau de reste à résoudre
drainage des gaz est installé sous la couverture. Les gaz sont en De surface Coût Désamorçage
général récupérés par mise en dépression des alvéoles. Si les gaz Accessible Aspiration limitée à 9 m
sont collectés par l'intermédiaire d'un réseau connecté aux regards, Encombrement en
alors il est nécessaire d'adapter ces regards pour éviter que le drai- surface

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Pour des raisons de sécurité de fonctionnement, l'usage des


pompes électriques ou pneumatiques immergées est recommandé. Biogaz
Évapotranspiration
Les matériaux utilisés pour ces pompes doivent être compatibles
avec la nature chimique des lixiviats. Les corps de pompes en acier ETR = 3 P 4,5 . 106 m3
inoxydables sont recommandés. Pour les joints et les gaines de 4
CH4 40 % vol.
câble électrique, il est recommandé de choisir des élastomères 2 625 m3/an
Eau
résistant aux agressions chimiques. CO2 35 % vol.
météorique P
N2 20 % vol.
3 500 m3/an
O2 5 % vol.
2.3 Stockage des lixiviats
Ordures ménagères Décharge
Le stockage peut se faire en bassin ou en cuve (tableau 7). (OM) 30 000 t
50 000 m3
Ces aménagements sont des ouvrages à part entière et doivent Humidité 30 à 40 % 1 500 t/an 30 000 t d'OM
faire l’objet d’études spécifiques pour leur dimensionnement. (0) 225 000 m3/an

Tableau 7 – Stockage des lixiviats Lixiviats 17 500 m3 E = P /4


875 m3/an
pH 6,0 à 8,4
Type
Avantages Inconvénients [1 750 m3/(ha . an)]
de stockage Conductivité 984 à 25 800 S/cm
DCO 375 à 36 315 mg O2 /L
Bassins Pas de limite de taille Odeurs et dégazages DBO5 110 à 16 996 mg O2 /L
Traitement in situ difficiles à maîtriser
possible Fragilité de l’étanchéité
Contrôle des fuites Alvéole de 5 000 m2 et de 10 m de hauteur (50 000 m3)
difficile
Exploitation sur 20 ans
Cuves Systèmes clos Taille limitée Densité des OM compactées = 0,6 (valeur moyenne obtenue
Étanchéité
Robustesse avec un compactage au pied de mouton)
Pluviométrie : 700 mm/an
Production de biogaz : 150 m3/d'OM (à 40 % de CH4)
Un centre de stockage est un milieu complexe, en constante Pluie = P /4
évolution physico-chimique, ce qui le rend hétérogène. Il est
donc difficile de prévoir avec exactitude, à un moment donné, le Figure 10 – Diagramme de synthèse des entrées et sorties
bilan des entrées et sorties du système. Des modèles prévision- pour une alvéole de décharge supposée imperméable
nels apparaissent mais sont encore trop peu calibrés par des
données pertinentes issues de sites réels pour pouvoir être pré-
cis. Le recours à des formules empiriques permet cependant de Sont interdits la dilution et l'épandage des lixiviats, précédés ou
fixer les ordres de grandeur des paramètres les plus significatifs. non d'un traitement, y compris sur les alvéoles et casiers.
À titre d’illustration, la figure 10 présente un exemple de calcul
des bilans des entrées et des sorties, établi sur la base de formu-
les empiriques.
2.4.1 Rejets des effluents dans le milieu naturel
Les articles 21, 22 et 23 et les annexes 1a, 5a, 5b, 5c1 et 5c2 de
l'arrêté ministériel du 1er mars 1993 précité s'appliquent. En sus,
pour toute installation, les effluents rejetés dans le milieu aquatique
2.4 Traitement des lixiviats naturel doivent au moins respecter les valeurs limites suivantes :
— matière en suspension totale (MEST) :..................... < 100 mg/L ;
Les conditions de traitement des lixiviats sont fixées en appli- — carbone organique total (COT) : .................................. < 70 mg/L ;
cation des articles 18,19 et 20 de l'arrêté ministériel du 1er mars 1993 — demande chimique en oxygène (DCO) :................... < 300 mg/L ;
relatif aux prélèvements et à la consommation d'eau ainsi qu'aux — demande biochimique en oxygène (DBO5) :............ < 100 mg/L ;
rejets de toute nature des installations classées pour la protection — azote ammoniacal : ...................................................... < 20 mg/L ;
de l'environnement soumises à autorisation, qui sont rendus appli-
— phosphore total : ............................................................ < 2 mg/L ;
cables par la transcription dans l'arrêté ministériel du 9 septembre
— phénols : ....................................................................... < 0,1 mg/L ;
1997 relatif aux installations nouvelles de stockage de déchets.
— métaux totaux (Pb, Cu, Zn, Mn, Sn, Cd, Hg, Fe, Al) : < 15 mg/L ;
Les lixiviats ne peuvent être rejetés en milieu naturel que s'ils — fluorures : ...................................................................... < 50 mg/L ;
respectent les valeurs fixées en application de l'article 46. Dans la — CN libres : ..................................................................... < 0,1 mg/L ;
négative, il convient de les traiter. L'installation doit donc disposer à — hydrocarbures totaux : ................................................. < 10 mg/L ;
cet effet des moyens nécessaires ou, à défaut, faire traiter les lixi-
— AOX : ............................................................................... < 5 mg/L.
viats dans une station de traitement dûment autorisée pour ce faire
ou dans une station d'épuration collective, urbaine ou industrielle. L'arrêté d'autorisation précise, pour chaque installation, les
Un traitement préalable peut le cas échéant être nécessaire. conditions et les valeurs limites de rejet des effluents aqueux dans
le milieu naturel en tenant compte de sa sensibilité et des objectifs
Si le mode de traitement utilisé sur le site s'apparente à un traite-
de qualité qui lui sont assignés.
ment par incinération ou par évapo-incinération, il est soumis aux
prescriptions relatives aux normes d'émission pour l'incinération
des déchets industriels spéciaux. 2.4.2 Traitements des lixiviats en dehors du site
Si les lixiviats sont traités en dehors du site et par bâchées trans- Le traitement des lixiviats dans une station d'épuration collective,
portées par véhicule, ils sont soumis aux mêmes obligations que urbaine ou industrielle, ou le raccordement à une telle station, n'est
celles fixées par l'arrêté du 4 janvier 1985 relatif au contrôle des envisageable que dans le cas où celle-ci est apte à traiter les lixiviats
circuits d'éliminations des déchets générateurs de nuisances. dans de bonnes conditions. Dans un tel cas, l'analyse des effets

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directs et indirects, temporaires et permanents, de l'installation sur — CN libres : .................................................................... < 0,1 mg/L ;
l'environnement peut notamment comporter un volet spécifique — hydrocarbures totaux : ................................................ < 10 mg/L ;
relatif au raccordement. Ce volet atteste de l'aptitude précitée, — AOX : ............................................................................... < 5 mg/L.
détermine les caractéristiques des effluents qui peuvent être admis Concernant les traitements in situ, chacun des procédés tradition-
sur le réseau, et précise la nature ainsi que le dimensionnement des nellement utilisés dans le traitement des eaux urbaines possède sa
ouvrages de prétraitement, si nécessaire, prévus pour réduire la propre spécificité et peut prétendre répondre à un objectif de traite-
pollution à la source et minimiser les flux de pollution et les débits ment particulier. C'est cet objectif de traitement qu'il convient
raccordés. d'appréhender pour réaliser le choix du procédé à mettre en œuvre.
Tout traitement externe ou raccordement à une station externe Cet objectif est déterminé par trois critères : la nature et les quanti-
doit faire l'objet d'une convention préalable passée entre l'exploi- tés des lixiviats à traiter, les contraintes de rejets (valeurs de rejet,
tant de l'installation de stockage et le gestionnaire de l'infrastructure nature de l'exutoire...) et le coût de l'installation. La variabilité de la
d'assainissement. Cette convention doit préciser les informations nature des lixiviats dans le temps conduit généralement à choisir un
communiquées à l'exploitant de l'installation de stockage par le système multifilières qui associe divers procédés.
gestionnaire de l'infrastructure d'assainissement sur ses rejets. Le tableau 8 donne, pour les procédés les plus courants dans le
L'autorisation fixe les caractéristiques maximales et minimales domaine du traitement des lixiviats, les avantages et les inconvé-
des lixiviats qui seront traités ou déversés dans le réseau. Elle nients de chaque catégorie de procédés et les sous-produits qu’elle
énonce également les obligations de l'exploitant de l'installation de génère.
stockage en matière d'autosurveillance des lixiviats dont il demande
le traitement. Elle précise que le traitement des lixiviats dans une
station d'épuration collective, urbaine ou industrielle, ou le raccor- 2.5 Coûts
dement à une telle station ne sera autorisé que si la convention
précitée existe et contient les dispositions précitées.
Les différents paramètres rentrant en ligne de compte pour le
En cas de traitement dans une station d'épuration urbaine ou de chiffrage d'une installation de traitement des lixiviats sont : débit de
raccordement à une telle station, les lixiviats doivent respecter les lixiviats, caractéristiques physico-chimiques des lixiviats bruts,
valeurs limites suivantes : normes de rejet, traitement et destination finale des sous-produits,
— métaux totaux (Pb, Cu, Zn, Mn, Sn, Cd, Hg, Fe, Al) : < 15 mg/L infrastructures existantes réutilisables ou non, utilités (électricité,
(Cr6+ : < 0,1 mg/L, Cd : < 0,2 mg/L, Pb : < 1 mg/L, Hg : < 0,05 mg/L, eau, téléphone). Tout ces paramètres sont différents d'un centre de
As : < 0,1 mg/L) ; stockage à l'autre, une fourchette de prix permet d'estimer les coûts
— fluorures : ...................................................................... < 50 mg/L ; des différents traitements (tableau 9). (0)

Tableau 8 – Procédés de traitement des lixiviats


Procédés Avantages Inconvénients Sous-produits
Lagunage aéré Élimination de la DBO5 et de l’azote. Dénitrification difficile, encombrement Boues biologiques en excès.
Procédés biologiques

important.
Boues activées Élimination de la DBO5 et de l’azote global. Consommation énergétique pour l’apport Boues biologiques en excès.
d’oxygène.
Bioréacteur Élimination de la DBO5, azote, DCO rési- Consommation énergétique. Boues biologiques en excès.
à membranes duelle, MES, bactéries, virus.
Faible encombrement.
Culture fixée Élimination de la DBO5 et de l’azote. Faible rendement épuratoire.
Faible consommation énergétique.
Coagulation- Débit de traitement. Production importante de boues (20 % du Boues
Autre membranaires Procédés thermiques Procédés physico-chimiques

floculation Réduction de 40 à 50 % de la DCO dure. volume traité).


Agglomération des MES.
Précipitation Précipitation des métaux, diminution des Production de boues d’hydroxydes métalli- Boues
MES, élimination d’une partie de la matière ques
organique.
Filtration Élimination de la DCO résiduelle, réduction Renouvellement des absorbeurs.
sur charbon actif des organo-halogénés et de la couleur.
Ozonation Élimination de la DCO dure, décolorisation Sensible aux variations de charges. Con-
(H2O2 et/ou UV) et augmentation du caractère biodégrada- sommation énergétique.
ble

Évaporateur Concentration maximale de la pollution. Dissipation partielle à l’atmosphère. Concentrat.


Utilisation du biogaz. Dépend de la qualité et de la quantité du
biogaz.
Évapocondensateur Concentration maximale de la pollution et Dépend de la qualité et de la quantité du Concentrat.
condensation des vapeurs. biogaz.
Utilisation du biogaz.
Sécheur isoflash Élimination de la charge polluante du lixi- Dépend de la qualité et de la quantité du Extrait sec pulvérulent.
viat. biogaz.
Utilisation du biogaz.
Nanofiltration Rétention de la DCO dure, des sels et des Consommation énergétique. Rétentats de nanofiltration.
métaux.
Procédés

Osmose inverse Rétention de la DCO dure, des sels, des Consommation énergétique. Rétentats d’osmose (saumures).
métaux et des nitrates.

Traitement Pas d’investissement sur site. Coût parfois très élevé.


en station Dépendance à un « tiers traiteur ».
d’épuration externe Solution non pérenne.

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(0)
Tableau 9 – Coût du traitement des lixiviats (1998)
Débit ................................ (m3/jour) 10 50 100
Biologie + coagulation floculation G
.................................... (F/m3traité) 45 à 60 35 à 60 C
E F
BRM + coagulation floculation I
.................................... (F/m3traité) 90 à 110 75 à 95
A B H
BRM + osmose inverse E
.................................... (F/m3traité) 240 à 350 100 à 200 80 à 180
Biologie + ozone........ (F/m3 traité) 125 à 205 80 à 180 80 à 180
Rejet STEP (transport inclus)
D
.................................... (F/m3traité) 30 à 300
BRM : bioréacteur à membranes ; STEP : station d’épuration
Manchon A Tête de mesure
Les prix rapportés au m3 de lixiviat traité tiennent compte des coûts fixes coulissant
(investissement et frais financiers) et des coûts proportionnels (réactifs, élec- B Collecteur de gaz
tricité, pièces de rechange, main-d'œuvre), ainsi que du traitement des sous- Vers poste de pilotage C Unité d'évacuation
produits (boues, saumures).
Nourrice des condensats
Tête de puits D Lance d'évacuation
des condensats
E Conduite intermédiaire
3. Collecte et traitement F Pompe à gaz
du biogaz G Torchère
H Commande électrique
Alvéole en cours I Abri en béton
L’ensemble d’une installation de collecte, transport et élimination
du biogaz est représenté figure 11.
Figure 11 – Installation de collecte, transport
et élimination du biogaz

3.1 Formation du gaz de décharge

Une tonne d'ordures ménagères contient généralement 150 à


Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4
250 kg de matières organiques. Ces substances sont biologique-
Fermentation Fermentation Méthanisation Méthanisation
ment dégradables. Sous l'effet de micro-organismes agissant en
aérobie acide instable stable
milieu anaérobie, elles sont décomposées en quatre phases succes- anaérobie anaérobie anaérobie
sives et transformées en gaz de décharge. Ce processus varie de
décharge en décharge, il est influencé par différents facteurs tels
Composition du gaz (% vol.)

que : nature et composition des déchets, degré de compactage des 100


ordures, taux d'humidité des ordures, couverture de la décharge ; N2
en bref, des facteurs qui ont une influence directe sur la qualité de 80 CO2
vie des micro-organismes générateurs de méthane. La figure 12 CH4
présente la composition du gaz de décharge au cours de chacune 60
des phases de décomposition.
40
En phase 1, le corps de décharge contient encore une quantité
O2
suffisante d'oxygène permettant la biodégradation aérobie, puis 20 H2
l'air est peu à peu remplacé par du CO2.
La dégradation se poursuit ensuite en phase anaérobie appelée 0
2 mois 2 ans 10 ans > 10 ans
également phase de fermentation acide. Dans cette phase 2, des
2 semaines
substances telles que graisses, cellulose et protéines sont transfor-
mées en produits intermédiaires, lesquels sont finalement décom-
posés dans les produits fermentés classiques (acides gras de chaîne Figure 12 – Composition du biogaz (d’après [1])
courte, CO2 et H2) ; la production de CO2 et de H2 atteint son maxi-
mum. Les bactéries méthaniques commencent à se développer.
Dans des conditions stabilisées (phase 4), les deux principaux Si le gaz de décharge est aspiré régulièrement et sous contrôle, il
constituants du biogaz sont le méthane (40 à 70 % en volume), et le atteint, après réglage du système de captage, les valeurs moyennes
dioxyde de carbone (30 à 60 %). Les ratios volumiques CH4/CO2 suivantes :
fréquemment rencontrés sont de 1,2 à 1,5. Dans les calculs, on
considère souvent une teneur volumique moyenne de 55 % de — CH4 : 40 à 50 % en volume ;
méthane (exprimée par rapport au gaz sec). L’hydrogène H2 (0 à — CO2 : 35 à 45 % en volume ;
5 %), l’azote N2 (0 à 3 %), et l’oxygène O2 (0 à 3 % dans des condi- — N2 : 5 à 15 % en volume ;
tions normales), ainsi que l’hydrogène sulfureux H2S (0 à 2 %) sont — O2 : 0 à 3 % en volume ;
également présents. N2 et O2 résultent principalement de l’empri- — vapeur d’eau : saturé.
sonnement d’air durant la mise en place des déchets et de la diffu- Le biogaz contient également des composés traces, qui représen-
sion d’air atmosphérique à travers la couverture, principalement tent de l’ordre de 1 % en volume (mercaptans, alcools, composés
lors de la phase d’extraction du biogaz par pompage. aromatiques aldéhydes, cétones, esters…). Il peuvent soit être géné-

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normales de température et de pression) dans les trois premières


O2 (% vol.) années et diminuent ensuite progressivement pour atteindre des
teneurs inférieures à 50 ppm.
22
Le potentiel calorifique du biogaz de décharge est estimé à
Ne forme pas de mélange avec l'air
20 5,9 kW h/m3, soit les deux tiers du gaz naturel [5].
18 Si la concentration volumique de méthane dans l’atmosphère est
comprise entre 5,3 et 14 %, il y a un risque d’inflammabilité [6]
Inflammable (figure 13). Dans un volume fermé, la limite supérieure d’inflamma-
16
bilité passe à 15 % et il y a alors risque d’explosion. Cependant, la
14 prévision des comportements devient plus complexe dans le cas de
mélanges contenant d’autres composants que l’air et le méthane.
12
Peut former un mélange Ainsi, il n’y a pas de risque d’inflammabilité si le dioxyde de carbone
10 inflammable ou l’azote sont le ou les principaux diluants du méthane dans le
avec l'air mélange gazeux et tant que l’oxygène reste inférieur à 12,8 % en
8 volume. Il y a risque d’inflammabilité si la concentration en oxygène
Ne forme pas de dans le biogaz dépasse 11 % en volume [6]. Il est donc important de
6 mélange inflammable surveiller régulièrement la composition du biogaz collecté et éven-
avec l'air tuellement des émissions de surface au niveau de points singuliers
4
(bordures de sites…).
2

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 3.2 Évaluation de la production de biogaz
CH4 (% vol.) d’un centre de stockage de déchets
ménagers
Figure 13 – Relation entre la composition et l’inflammabilité
d’un mélange de méthane et d’air (d’après [6])
3.2.1 Prédiction théorique
rés pendant le processus de biodégradation (composés sulfurés,
■ Approche stœchiométrique
composés de l’oxygène, hydrocarbures), soit résulter d’un apport
initial des déchets (hydrocarbures aromatiques, hydrocarbures L’approche stœchiométrique consiste à considérer la composition
halogénés). élémentaire des différents constituants des déchets (tableau 10), les
produits finaux de la réaction globale étant principalement le
Des composants secondaires peuvent être décelés dans le
méthane et le dioxyde de carbone. Cette approche a été employée
biogaz :
dans de nombreux cas [7].
— combinaison sulfurée (odeurs) : 100 à 500 mg/m3 ;
— combinaison chlorée : 20 à 100 mg/m3 ; La quantité théorique de méthane produite par la dégradation
— combinaison fluorée : 10 à 50 mg/m3 ; supposée complète de chaque constituant est résumée par l’équa-
— COV (hydrocarbures halogénés, hydrocarbures halogénés tion générale :
aromatiques) ;
— métaux lourds (cadmium, zinc, plomb, mercure, etc.). Cn Ha Ob Nd Se + (a – b/4 – c/2 + 3d/4 + e/2) H2O →
Alors que la plupart des substances fluctuent selon la nature des
ordures et leur phase de décomposition, la vapeur d'eau reste un (a/2 + b/8 + c/4 – 3d/8 – e/4) CH4
facteur d'accompagnement permanent, qui pose un problème
spécifique lors du dégazage de la décharge. + (a/2 – b/8 + c/4 + 3d/8 + e/4) CO2 + d NH3 + e H2S
La teneur des composés traces peut évoluer dans le temps. Ainsi,
Stegmann [5] indique que les concentrations en hydrocarbures Nota : une partie du carbone est convertie en biomasse. Cette fraction ne dépasserait
halogénés et fluorés peuvent atteindre 200 mg/m3 (conditions pas 4 % en masse [8] et peut être donc être négligée. (0)

Tableau 10 – Composition des déchets ménagers et analyse élémentaire (d’après [7])


Déchets Gamme C H O N S Cendres
(% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse) (% en masse)
Alimentation 6 à 18 48 à 73 6,2 à 11,5 14,8 à 39,5 0,4 à 1,2 0,1 à 0,4 0,2 à 5
Papier 25 à 40 32,9 à 59,2 5,0 à 9,3 30,1 à 44,8 0,1 à 0,3 0,1 à 0,2 1,2 à 23,3
Carton 3 à 10 44,0 5,9 44,6 0,3 0,2 5,0
Plastiques 4 à 10 45,2 à 87,1 5,6 à 14,2 1,6 à 22,8 0,1 à 6 < 0,1 0,3 à 10
Textiles 0à4 48 à 55 6,6 31,2 à 40 2,2 à 4,6 0,2 2,5 à 3,2
Caoutchouc 0à2 69,7 à 78 8,7 à 10 0à2 1,6 10 à 20
Cuir 0à2 60 8 11,6 10 0,4 10
Végétaux 5 à 20 46 6 38 3,4 0,3 6,3
Bois 1à4 48 à 50 5,8 à 6,4 42,3 à 45,5 0,1 à 0,2 0,1 0,4 à 1,5
Verre 4 à 12 0,5 0,1 0,4 < 0,1 98,9
Métaux 3 à 13 4,5 0,6 4,3 < 0,1 90,5
Cendres, etc. 0à6 26,3 3 2 0,5 0,2 68

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Lorsque la composition élémentaire des déchets est connue, cette diffuses de biogaz sont nombreuses ; parmi les plus récentes, citons
équation permet de connaître à la fois la composition du biogaz et sa [11][12].
production totale. Selon la proportion des différents constituants des Des mesures ont été effectuées à l’aide de chambres de mesures
déchets, les productions de gaz seront théoriquement différentes. (sortes de boîtes sans couvercle placées à même la surface de la
Exemple : le papier dégage 51 % de méthane et 49 % de CO2 tan- décharge) sur vingt trois décharges en Grande-Bretagne et en
dis que les graisses conduisent à 71 % de méthane et 29 % de CO2. Écosse [11]. Les valeurs mesurées étaient comprises entre 10 –6 et
2 mg de méthane par mètre carré par seconde. Plus de 80 % des
Sur la base de cette approche, les productions théoriques maxi- résultats étaient inférieurs à 10 –3 mg.m–2.s –1, la médiane étant
males de méthane sont comprises entre 200 et 270 m3/t de déchet située vers 10 –4 mg.m–2.s –1. Les deux facteurs qui conditionnaient
sec selon les formules chimiques utilisées et les proportions habi- le plus les émissions étaient logiquement le fait d’avoir (ou non) une
tuelles des différents constituants dans les déchets ménagers [7]. couverture bien conçue et la mise en place d’un système actif de
■ Approche biodégradabilité collecte du biogaz.
L’approche purement stœchiométrique suppose que la minérali- Un modèle a été développé par l’US-EPA [10] pour l’évaluation
sation des constituants soit totale, elle donne donc un potentiel des émissions de biogaz (méthane et autres composés potentielle-
maximum. En réalité, la minéralisation est rarement complète, soit ment toxiques) en décharge.
de par la nature des molécules constituantes (par exemple, la Des données ont été publiées sur les taux de production de
lignine est très peu biodégradable dans les conditions d’une biogaz sur site réel. Elles sont résumées dans le tableau 11. (0)
décharge), soit pour des raisons de non-accessibilité (cellulose
emprisonnée par de la lignine).
Tableau 11 – Taux de production de biogaz sur site réel
Du point de vue de la composition moléculaire, les déchets muni-
cipaux (jeunes) contiennent typiquement 40 à 50 % de cellulose, Référence Taux annuel Rendement de biogaz
10 à 15 % de lignine, 12 % d’hémicellulose et 4 % de protéine [9]. de production
Cellulose et hémicellulose forment l’essentiel de la fraction biodé- de méthane
gradable des déchets. L’évolution du ratio cellulose sur lignine est (m3/t) (m3/t)
un bon indicateur du degré de décomposition d’un déchet et du [13] 0,54 à 26,8 (1)
potentiel méthanogène résiduel. Cela est confirmé par certains [14] 6,25 à 37,5 (2)(3) 62,5 (2)
auteurs qui comparent les résultats de tests de biodégradation
effectués sur des prélèvements de déchets excavés d’une décharge [5] 120 à 150 (1)
californienne, aux ratios cellulose + hémicellulose/lignine mesurés (1) Sur déchets secs.
sur ces mêmes prélèvements. Les déchets les plus profonds présen- (2) Sur déchets humides.
tent les ratios les plus faibles. (3) Taux maximal de méthane pendant la période de production maximale.

L’approche biodégradabilité consiste à considérer différents taux


de biodégradabilité pour les différents composants des déchets et à 3.2.3 Modélisation
utiliser un taux moyen de production de méthane. Les valeurs
reportées dans la littérature pour le potentiel de production de 3.2.3.1 Modélisation des quantités produites
méthane sont de 60 à 170 m3/t de déchet sec [7].
De nombreux modèles ont été développés. La plupart supposent
une décroissance du premier ordre, c’est-à-dire que la vitesse de
3.2.2 Mesure des flux de biogaz sur site production du biogaz est inversement proportionnelle à la quantité
de matériel biodégradable restant. Cependant, dans une décharge,
■ Incertitude et variabilité associées aux mesures d’autres facteurs peuvent avoir un rôle limitant (humidité, présence
Les mesures des flux de biogaz effectivement généré sur un site de composés inhibiteurs…). Durant la période d’activité la plus
réel sont très difficiles à réaliser et présentent toujours une certaine intense, la production de gaz peut être assez bien décrite par une loi
incertitude car une partie du biogaz généré peut être perdue par d’ordre 0 (indépendance de la quantité de substrat présent) [9].
diffusion non contrôlée au travers de la couverture, migration le Deux modèles très simples sont présentés ici. Ils sont fondés sur
long des bords de l’alvéole et autres points singuliers et oxydation les observations faites sur site, qui, en général, montrent une phase
aérobie du méthane près de la surface des déchets. de latence entre la mise en place des déchets et la production signi-
De plus, une partie du biogaz traversant la couverture peut être ficative de biogaz, puis une croissance exponentielle de production
oxydée par des bactéries qui se développent dans le sol, ce qui rend de biogaz suivie d’une décroissance exponentielle plus lente.
les bilans globaux encore plus difficiles.
■ Modèle SWANA [15]
Les mesures effectuées dans des conditions expérimentales
(laboratoires ou cellules tests) varient de 0 à 240 L de CH4 par kilo- Le modèle développé par la Solid Waste Association of North
gramme de déchet sec par an, tandis que les mesures faites sur site America (SWANA) considère la production de gaz d’une certaine
grandeur nature sont dans un domaine beaucoup plus restreint : 1 à masse de déchets au cours du temps. Ce modèle a été confronté aux
14 L de CH4 par kilogramme de déchet sec par an [7]. données de dix-huit sites et a permis de définir un ensemble de
valeurs standards pour les paramètres d’ajustement. Le paramètre
■ Essais de pompage le plus important est le potentiel de biogaz total L0 :
Des protocoles d’essai de pompage destinés à évaluer le potentiel –s ( t – ti ) –k ( t – ti )
de production d’un site ont été publiés [8][9]. Ils consistent à suivre G = W L0 (k + s) s (1 – e ) (k e )
la production de gaz sous l’effet de différents taux de succion appli- avec G (m3/an) production totale de biogaz au temps t,
qués. Des puits-sondes de petit diamètre (de l’ordre de 15 cm) sont
W (t) déchets stockés,
également implantés de façon radiale autour des puits et permet-
tent de suivre l’évolution de la pression. L0 (m3/t de déchets) potentiel de biogaz total,
t (an) temps écoulé depuis le début du stockage,
■ Mesure des émissions diffuses de biogaz au travers
de la couverture ti (an) temps de latence (entre le début du stockage et le
début de la production de biogaz),
Le méthane est reconnu comme un gaz produisant un important
effet de serre. Les émissions de méthane dues aux décharges k (an –1) constante de temps de décroissance du premier
étaient estimées à environ 6 % des émissions totales de méthane ordre,
dans le monde en 1993 [10]. Les publications sur les émissions s (an –1) constante de temps de croissance du premier ordre.

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Les valeurs standards sont : L’étude EPA [16] indique que les écarts entre les prédictions de ce
— L0 = 161 m3/t de déchets ; genre de modèle et les valeurs d’émissions mesurées sur site sont
— ti = 1,5 an ; comprises entre 38 % à 492 %. Une analyse de sensibilité de ces
— k = 0,03 an –1 ; deux modèles est disponible dans [17].
— s = 1 an –1.
3.2.3.2 Modélisation de la qualité du biogaz et des lixiviats
■ Modèle EPA [16]
L’US-EPA (Environnemental Protection Agency) a réalisé de son Une revue bibliographique complète des différents modèles exis-
côté une étude indépendante qui a conduit à un modèle similaire tants a été effectuée par l’Imperial College de Londres en collabora-
fondé sur des données collectées sur site : tion avec SITA [18]. Un modèle a été développé, sous forme de
logiciel qui permet de prédire l’évolution dans le temps de la
G = L0 R (e –kc – e –kt) composition en éléments majeurs du biogaz et des lixiviats en fonc-
tion de différents paramètres d’entrée [18][19][20] : composition des
avec R (t/an) taux moyen de déchets acceptés pendant la période
déchets, géométrie de l’alvéole, perméabilité de la couverture (taux
d’activité du site,
d’infiltration), vitesse de remplissage des déchets et vitesse de
c (an) temps écoulé depuis la fermeture du site (c = 0 an pour biodégradation des déchets. Il est fondé sur :
les sites en activité).
— une approche statistique de la distribution des flux d’eau au
Si l’on utilise par défaut les mêmes valeurs que précédemment sein de la décharge : on fait l’hypothèse d’une répartition des vites-
pour k et L0, le modèle donne des résultats similaires [17]. La diffé- ses d’écoulement dans le plan vertical de la décharge, selon une loi
rence est que le modèle EPA fait la somme de la production de gaz de probabilité de type log-normal. Cette répartition, caractérisée par
de l’ensemble d’un site en considérant différentes couches de une vitesse moyenne et une variance, prend en compte la
déchets placés à taux constant par an, tandis que le modèle SWANA complexité des écoulements au sein des déchets (chemins préféren-
modélise la quantité de gaz générée dans le temps par une masse tiels, écoulements lents…).
donnée de déchets (placée en une seule fois). — une approche microbiologique simplifiée : la dégradation des
La figure 14 montre une simulation effectuée avec un site rece- constituants biodégradables organiques majeurs (glucides, lipides
vant 100 000 t de déchets par an pendant 20 ans. Pour le modèle et protéines) est simulée au moyen des équations de dégradation
SWANA, les déchets sont placés en une seule fois, ce qui explique le des molécules types. Afin d’éviter d’utiliser les équations de Monod
décalage entre les deux courbes. On voit clairement qu’après (paramètres difficiles à déterminer), l’hypothèse est faite que la loi
50 ans, c’est-à-dire 30 ans après la date de fermeture du site, il reste de croissance bactérienne peut être reliée au temps de façon expo-
un potentiel de production de gaz significatif. Cela plaide en faveur nentiellement croissante puis décroissante.
d’une approche bioréacteur en vue d’accélérer la production de
biogaz.
3.3 Système de drainage

G (m3/an) Le biogaz s'écoule dans la masse de déchets principalement


grâce à la différence de pression dans la mesure où la formation du
107 biogaz crée une pression plus élevée que la pression atmosphéri-
que. Le gaz trouve alors le chemin qui lui offre le moins de résis-
tance. La perméabilité horizontale de la masse de déchets étant plus
9 . 106 grande que la perméabilité verticale, le biogaz a tendance à migrer
vers les limites extérieures du centre de stockage.
modèle SWANA Tant que le corps de décharge indique une pression de gaz interne
8 . 106
supérieure à la pression atmosphérique, le gaz de décharge est
chassé vers la surface et se dilue dans l'air. En raison des risques,
modèle EPA des migrations possibles et de la pollution de l'environnement, le
7 . 106
captage forcé du gaz de décharge et son élimination contrôlée
s'imposent. Lors du dégazage, un système de captage du gaz de
6 . 106
décharge adapté force une aspiration du gaz en provoquant une
légère dépression à l'intérieur du corps de décharge.
La technologie actuelle est éprouvée. Les systèmes de dégazage
5 . 106 sont flexibles et peuvent être implantés à tout moment, quel que
soit le stade de développement de la décharge. Habituellement, les
puits de biogaz sont installés après que la masse de déchets a
4 . 106 atteint sa hauteur maximale (puits verticaux). La conception géné-
rale d’un réseau de collecte de biogaz peut être schématisée selon la
figure 15.
3 . 106
Il existe deux grandes catégories de mode de collecte du biogaz :
les systèmes à puits verticaux et les systèmes à puits horizontaux.
2 . 106 ■ Systèmes à puits verticaux
Le mode le plus conventionnel consiste à extraire le gaz à l’aide
de puits verticaux (figure 16). L’efficacité de ce mode d’extraction
106
est très dépendante de la perméabilité des déchets, verticale ou
horizontale.
0 Il est recommandé d’utiliser des tubes perforés en polyéthylène
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 en raison de leur résistance à la corrosion, de leur résistance et de
t (an) leur plasticité. Le diamètre usuel est de 100 à 200 mm.
Les puits peuvent être creusés, forés ou être construits pendant le
Figure 14 – Simulation de la quantité de biogaz produit dépôt des déchets. L’espace entre le tube de captage et le puits doit

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Puits Collecteur Collecteur Couverture Recouvrement supérieur Tuyau de circulation


principal
Valve de réglage Tube d'extraction

Déchets
Tuyau de transport Sable Bonde d'argile Gravier
Gravier
non calcaire Figure 17 – Puits horizontal de collecte du biogaz

Tranchée Tranchée drainante Nota : il existe une variante pour les puits de gaz horizontaux appelée « couloir ». Ils
interne au site horizontale périphérique sont construits dès que la masse de déchets a atteint une hauteur approximative de 10 m.
Après la construction, on dépose encore 5 à 10 m de déchets. Les couloirs sont connectés
à la canalisation de circulation par des tuyaux de circulation verticaux. Les couloirs de gaz
Figure 15 – Réseau de dégazage sont également utilisés pour le transport de lixiviat.
Les tubes d'extraction horizontaux sont installés pendant le dépôt
des déchets, ce qui implique qu'ils doivent pouvoir résister à la
masse d'un compacteur ou d'un bulldozer. Pour cette raison, le tube
d'extraction doit être entouré d'une quantité substantielle de gravier
pour étendre la pression verticale sur une grande surface.
Couche supérieure Le lixiviat peut s'écouler dans les tubes d'extraction et gêner
l'extraction de gaz. De plus, le puits horizontal s'asséchera sur toute
sa longueur de sorte que les facilités de drainage puissent être
omises. L'accumulation d'eau peut être empêchée par l'installation
Sortie du puits de tubes d'extraction suivant une faible inclinaison et par le drai-
nage automatique de l'eau dans les déchets. L'aspiration d'air par
les pentes est empêchée par la partie de faux tuyau du tube
Sable d'extraction. Sa longueur est déterminée par l'inclinaison de la
pente et par la distance verticale entre les différents puits.
Tuyau de Nota : la représentation schématique ne rend pas compte de la situation réelle ; elle a
circulation notamment pour but de servir d'outil pour la conception de systèmes horizontaux.
Afin de réaliser un courant uniforme du gaz de décharge sur la
longueur du tube d’extraction, une baisse de pression relativement
Bentonite
importante le long de la perforation doit être assurée.
Télescope ■ Comparaison des systèmes verticaux et horizontaux
Au-delà de ces deux grandes catégories de systèmes d’extraction
du biogaz, il est possible de concevoir des variantes, ne serait-ce
Gravier que par combinaison des deux. Le tableau 12 résume les principa-
les caractéristiques des deux systèmes et indique les critères favo-
rables ou défavorables de leur utilisation.
L’extraction verticale est la plus utilisée dans les centres de stoc-
Tuyau perforé kage, alors que l’extraction horizontale est souvent réservée aux
centres de stockage peu profonds.
Les performances du système de drainage doivent donc permet-
tre de :
— collecter le maximum de biogaz produit. Compte tenu des
techniques actuelles de gestion des décharges et des équipements
de drainage du biogaz, il convient de se fixer un objectif de 80 % par
rapport à la production théorique ;
Figure 16 – Puits vertical de collecte du biogaz — maintenir une qualité constante du gaz de manière à assurer
une alimentation régulière des systèmes de valorisation ou de trai-
tement ;
— offrir de la flexibilité pour répondre aux modifications de la
production au cours du temps et de la longévité pour répondre à des
être rempli de graviers. Le tube de filtration doit être équipé d’un
temps de production très longs.
dispositif télescopique pour compenser le tassement des déchets. Il
faut par contre s'assurer que la partie supérieure du tube de filtra- Pour atteindre ces divers objectifs et compte tenu des caractéris-
tion puisse suivre le tassement des déchets. Pour empêcher l’air tiques de production du biogaz, une extraction active des gaz avec
d’entrer par le puits, il faut installer une couche d’argile autour de la un ventilateur ou un compresseur est indispensable. (0)
partie télescopique.
■ Systèmes à puits horizontaux
3.4 Système de transport
À l'aide de tuyaux horizontaux perforés dans des tranchées de
gravier, qui sont placés à différentes hauteurs dans la masse de
décharge, le gaz de décharge peut être extrait pendant le dépôt des Les collecteurs qui permettent de transporter les gaz drainés par
déchets (figure 17). les puits peuvent être connectés selon différentes géométries :

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Tableau 12 – Caractéristiques et comparaison des différentes techniques d’extraction du biogaz (d’après [21])
Technique Dimensions Distance Nombre Efficacité Maîtrise Possibilité Mise en Coût Obstacle Stabilité
entre puits par hectare du de la d’utilisa- œuvre pour le des
dégazage qualité tion dépôt de ouvrages
du gaz du gaz déchets
Extraction Diamètre du puits : 50 à 70 m 1 à 5 puits Oui Oui Oui Facile Raisonnable Oui Déformations
verticale 60 cm à 100 cm horizontales
après Diamètre du drain : des puits
remplissage 100 à 250 mm
Extraction Diamètre du puits : 50 à 70 m 1 à 5 puits Oui Oui Oui Plus difficile Plus Non Tassement
verticale environ 60 cm mais perte (forages) important des puits
pendant le Diamètre du drain pendant le
remplissage PEHD : 100 à remplissage
250 mm
Extraction Diamètre du drain : Distance entre 400 m de Oui Oui Oui Facile mais Raisonnable Oui Écrasement
horizontale 160 à 200 mm les drains : 25 m canalisation contraignante des
en horizontal, 6 à collecteurs
10 m en vertical et drainage
des lixiviats

— chaque puits peut être connecté à une installation d'extraction


par un tuyau séparé (figure 18a). L'extraction est alors réglable faci-
lement et peut être facilement automatisée. Les coûts d'investisse-
ment sont relativement élevés dans la mesure où la longueur des
tuyaux peut être relativement longue. Cette configuration est assez
rare ;
— les puits sont connectés à une ou plusieurs conduites
(figure 18b). Le contrôle s'effectue à chaque tête de puits. Ce dispo-
sitif est assez fréquent ;
— les puits sont connectés à une conduite en anneau
(figure 18c). Le gaz peut s'écouler dans les deux directions vers
l'unité d'extraction ;
— les puits sont connectés entre eux, puis reliés par groupe à
l'unité d'extraction figure 18d). Ce dispositif est utilisé lorsque le
a b
nombre de puits est important.
Ces collecteurs doivent résister aux agressions chimiques et aux
rayonnements ultraviolets. Ils doivent être flexibles. Le PEHD est à
l’heure actuelle le matériau le plus utilisé, même si dans le cas du
réseau aérien, le collecteur est soumis à de fortes contraintes de
dilatation thermique.

3.5 Élimination du biogaz

3.5.1 Combustion

Compte tenu de la composition du biogaz, le processus de


combustion par torchère doit répondre à trois niveaux de perfor-
mances : c d
— réaliser un bon mélange : il faut que le méthane se mélange
à l'oxygène de l'air de combustion dans les bons rapports ; Figure 18 – Dispositifs de collecte du biogaz
— avoir une température de combustion suffisamment
élevée pour le brûlage complet des hydrocarbures halogénés. Une
température minimale de 900 °C est couramment admise ; — la température de combustion est plus élevée et la durée de
— permettre une durée de brûlage suffisamment longue brûlage plus longue, la combustion est donc meilleure ;
pour réaliser la conversion totale des hydrocarbures halogénés. — les torchères fermées ne causent pas de nuisances visuelles la
Il existe deux types de torchères : les torchères ouvertes et les nuit ;
torchères fermées munies d'une chambre de combustion. — les émissions peuvent être mesurées.
Pour la torchère ouverte, la flamme est visible de l'extérieur et le Afin de répondre aux exigences réglementaires sur le traitement
bon déroulement de la combustion est constaté par l'inspection du biogaz, il est fortement recommandé d'utiliser des torchères
visuelle de cette flamme. Des points jaunes dans la flamme indi- fermées. La torchère ouverte peut être réservée à des utilisations
quent une combustion insuffisante. lors de panne ou d'entretien de l'équipement d'utilisation.
Pour la torchère fermée, la combustion s'effectue dans une cham- Une fois les puits raccordés à des collecteurs munis de purges, le
bre de combustion, la flamme n'est pas visible de l'extérieur. La réseau est mis en dépression légère (5 à 100 mbar d'aspiration) par
qualité de la combustion se mesure par le taux de monoxyde de des surpresseurs (1,5 à 37 kW).
carbone dans les gaz de combustion. Les avantages d'une torchère Les postes de brûlage ont des capacités variant de 15 à 2 000 m3/h
fermée par rapport à une torchère ouverte sont : pour des teneurs en méthane comprises entre 20 et 55 % vol.

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3.5.2 Valorisation Au-delà des contrôles de routine, la compréhension des phéno-


mènes liés à l'activité d'un centre de stockage peut nécessiter la
Le biogaz, de par son contenu en méthane, est un gaz énergéti- mise en place d'une instrumentation adaptée. Elle s'inscrit alors
que. Différents types de valorisation sont envisageables : dans une perspective de recherche pour appréhender certains
— la production d'électricité autonome : elle n'est valable que si phénomènes complexes et assurer ainsi une meilleure gestion du
le site a de gros besoins en électricité ; site. L'ensemble de ces investigations permet de mieux comprendre
— la revente d'électricité à EDF ; ces phénomènes afin d'assurer une meilleure gestion du site, un
— la purification du gaz en vue de l'utilisation comme carburant ; bon dimensionnement des installations mais aussi pour permettre
— la purification du gaz en vue d'alimenter le réseau GDF : le pro- d'anticiper et de prévenir d'éventuels dysfonctionnements.
blème majeur est alors l'élimination du soufre ;
— la production de chaleur, ;
— la cogénération (production de chaleur et d'électricité) ; 4.2 Paramètres à surveiller
— la vente du gaz (en vue d’une de ces utilisations).
La valorisation du biogaz est peu répandue en France contraire- Le massif de déchets peut être considéré comme une source
ment à d'autres pays européens, pour plusieurs raisons : d'émissions maîtrisées qui doivent être confinées et traitées. Ainsi,
— pour vendre du gaz ou de la chaleur, il faut un consommateur la surveillance s'organise en premier lieu sur le centre et ses aména-
proche, ce qui est de moins en moins le cas ; gements techniques pour en assurer la bonne gestion et le confine-
— le rachat de l'électricité se fait obligatoirement par EDF, qui ment des effluents liquides et solides. Autour d'un centre
pratique des prix très bas ; s'effectuent de façon contrôlée des transferts de flux (solides, liqui-
— les énergies « vertes » sont très peu subventionnées en France. des ou gazeux) qui sont eux aussi l'objet d'une surveillance adaptée
Quel que soit le type de valorisation, il convient de rechercher une au mode de traitement choisi et aux normes de rejet dans le milieu
constance dans les caractéristiques du biogaz (qualité et quantité) naturel (s’il y a lieu). De même, le milieu naturel et environnant doit
pour assurer une valorisation optimale et répondre aux besoins du être régulièrement surveillé.
repreneur. Ce dernier point montre l'importance de l'implication Pour organiser la surveillance, et donc concevoir et implanter un
d'un projet de valorisation dans les aménagements d'un centre de réseau de dispositifs permettant les prélèvements, les relevés de
stockage. Il est donc recommandé d'intégrer cette réflexion dès la mesure et de contrôle, il est intéressant de reprendre la logique de
conception des sites de manière à optimiser la valorisation. Le la démarche générale des « études de risques ». Une étude de
concept de confinement tel qu'il est préconisé par l'arrêté du risque cherche à déterminer la probabilité d’occurrence d’un danger
9 septembre 1997 répond totalement aux objectifs de valorisation ou d’une part de ce danger, et à quantifier les différents « flux » ou
du biogaz à condition que les conditions d'humidité au sein du « doses » suivants :
massif de déchets restent compatibles avec une dégradation de la — émissions (gaz ou lixiviats, bruits, odeurs…) ;
matière organique. — transferts (gaz ou lixiviats, bruits, odeurs) vers les différents
milieux récepteurs : atmosphère, milieux aquatiques, sol, végétaux,
êtres vivants ;
4. Surveillance et contrôle — les expositions auxquelles peuvent être soumis ces différents
« récepteurs » pour déterminer les niveaux de contamination ou de
pollution atteints.
Les investissements nécessaires pour améliorer la qualité et l'effi-
cacité des aménagements liés aux nouvelles exigences réglemen- Pour déterminer les émissions, transferts et expositions, les rele-
taires reflètent l'importance donnée à une surveillance adaptée et vés des points de contrôle et de surveillance portent respectivement
spécifique à chacun des centres de stockage. Les contrôles effectués sur :
lors de la construction, le renforcement du contrôle des déchets à — les sources (déchets, réseaux de collecte des lixiviats et du bio-
l'entrée des sites, l'étanchéité du sol récepteur et de la couverture gaz, sources diffuses parasites, engins du site) ;
finale, le suivi du réseau de drainage et des rejets en sont des — les transferts (vérification des dispositifs de confinement-étan-
composantes importantes. Le choix d’une technique de surveillance chéité, barrière passive principalement) ;
impose de connaître les objectifs immédiats, les paramètres à — les cibles (air, végétation, eaux souterraines, faune, etc.).
surveiller et les techniques disponibles. Les principaux « objets » surveillés, accompagnés des méthodes
de surveillance, précisées par les paramètres et moyens de suivi et
4.1 Objectifs contrôle, sont présentés dans le tableau 13.

Assurer la sécurité de leur site est devenu un objectif essentiel des


exploitants de centres de stockage. Les exigences réglementaires, 4.3 Quelques moyens de contrôle
liées aux arrêtés préfectoraux et à la réglementation nationale,
imposent des « contrôles de routine » pour détecter un éventuel et de surveillance
dysfonctionnement durant l'activité normale d'un site et permettre
ainsi d'entreprendre des actions correctives dès son apparition.
C'est le système d'autocontrôle, l'Administration étant destinataire
des résultats des contrôles et se réservant le droit et la possibilité 4.3.1 Contrôle des eaux souterraines (0)
d'effectuer des « contrôles des contrôles » réellement effectués. La réalisation de piézomètres doit faire l'objet d'une réflexion
Exemple : la gestion des eaux sur un centre de stockage est préalable de façon à adapter les moyens et le matériel au futur
complexe et doit être effectuée dès l'implantation du site et se poursui- usage du piézomètre. On veillera notamment à adapter :
vre jusqu'à la période de postexploitation. En amont et en aval hydrau- — les caractéristiques de dimension du piézomètre ;
lique du site, des piézomètres sont classiquement implantés. Ils — sa profondeur par rapport à la topographie, au toit de la nappe
assurent un suivi régulier de la qualité de la nappe sous-jacente et per- et de ses battements, au type d'aquifère et à son épaisseur, à la dis-
mettent d'alerter et de prévenir toute pollution due à un dysfonctionne- tance qui le sépare de la source potentiellement polluante ;
ment potentiel du dispositif de confinement. Ce suivi, tout comme celui — son diamètre : introduction d'une pompe, purge, prélèvements
des eaux de surface propres au site (bassin tampon recueillant les eaux d'échantillons ;
météoriques destinées), peut être effectué par des analyses périodi- — la nature et la granulométrie du massif filtrant : bonne alimen-
ques, voire par des sondes in situ mesurant des paramètres simples. tation du puits en évitant l'arrivée de particules fines ;

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Tableau 13 – Organisation de la surveillance. Points et méthodes de contrôle


Méthodes de surveillance
Objet surveillé Paramètres de suivi Moyens de surveillance
Pendant Après

Dispositifs Suivi topographique Suivi topographique Cote NGF des points topographi- Relevés topographiques
ques
d’étanchéité
Drainage par Étude de la stabilité des amé- Étude de la stabilité des amé- Tassements Tassomètres
géosynthétiques nagements nagements Pentes Inclinomètres
et aménagements
Suivi de la couverture Tassements Relevés topographiques
en terre Pentes
Suivi administratif Identité du déchet et du produc- Contrôle à l’entrée
teur
Suivi des caractéristiques Densité
physiques
Déchets Vérification sur site du Tonnage Pont-bascule
contenu des camions Nature des déchets Contrôle visuel
et des quantités entrantes, Radioactivité Portique de contrôle
à l’entrée Radioactivité
Suivi topographique des Cote NGF des points Relevés topographiques
zones exploitées
Suivi topographique sur les Relevés topographiques
Drains réseaux de biogaz (aériens)
et collecteurs
Suivi des systèmes Suivi des systèmes Colmatage Entretien
Lixiviats :
Analyses quantitatives ponctuelles ou automatisées Pluviométrie, température Station météo
Volume Bilan hydrique
Débit Débitmètres
Hauteur, charge des lixiviats Sondes de niveau
Suivi des caractéristiques : Turbidité, odeur Analyses en laboratoires
– organoleptiques
– physico-chimiques Conductivité, pH
– chimiques Métaux lourds, sels, composés Sondes
organiques
– biochimiques DCO, COT, DBO5
Traitement
des effluents liquides – contrôle biologique Paramètres microbiologiques
– écotoxicité Tests Écotox
Biogaz :
Analyses quantitatives ponctuelles ou automatisées Quantité théorique totale de CH4 Logiciel de calcul
Potentiel CH4 Test de biodégradabilité
Débit, volume accélérée
Suivi des paramètres de captage et de brûlage (torchères, Température de flamme Débitmètres
valorisation), de façon ponctuelle ou automatisée Débit Sondes
Composition du biogaz (CH4, O2,
composés soufrés…)
Suivi de la reprise de la végétation sur les zones réaména- Contrôle visuel
gées et sur les digues

Voies et réseaux
Contrôle visuel et entretien régulier
divers

Génie civil Contrôle visuel et entretien régulier

Avant l’exploitation : faire un point zéro Taux de CH4, COV totales Capteurs d’ambiance
Suivi ponctuel ou automatisé de la qualité de l’air ambiant : Sondes
– caractéristiques chimiques Filets
Air – contrôle des poussières et envols Contrôle visuel
État de la végétation environnante
Odeurs Jury d’odeurs
NGF : nivellement général de la France (relevé topographique).

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Tableau 13 – Organisation de la surveillance. Points et méthodes de contrôle (suite)


Méthodes de surveillance
Objet surveillé Paramètres de suivi Moyens de surveillance
Pendant Après
Analyses quantitatives, ponctuelles ou automatisées, des Débit Débitmètres
rejets Piézomètres
Suivi des hauteurs d’eau de nappe Hauteur d’eau Analyses en laboratoires
Suivi qualitatif ponctuel ou automatisé, des eaux souterrai-
nes, superficielles, des rejets :
– caractéristiques organoleptiques Turbidité, couleur
Eaux
– caractéristiques physico-chimiques MES, pH
– caractéristiques chimiques Métaux lourds Sondes
– caractéristiques biochimiques DCO, DBO5
– contrôle biologique Streptocoques
– écotoxicité Tests Écotox
Contrôle biologique
Faune et flore au abords du site Topologie Bio-indicateurs (lichens,
Faune et flore lapins)
Contrôle visuel
Prises de vue
NGF : nivellement général de la France (relevé topographique).

— la méthode de forage qui devra être adaptée aux conditions 4.3.2 Suivi des paramètres de captage
géologiques. On veillera au bon choix du fluide de forage qui condi- et de brûlage du biogaz
tionne fortement la qualité finale du piézomètre ;
— le développement du piézomètre qui est une étape fondamen- ■ Mesures de pression, température, débit à l’aspiration
tale de réalisation et qui permet de nettoyer le trou et l'équipement
des restes de déblais ou de fluides de forage qui peuvent colmater Afin d'obtenir une combustion optimale, il est nécessaire de
le massif filtrant ; mesurer, outre les paramètres chimiques (CH4, CO, O2), les paramè-
— l'essai de pompage de réception qui permet de définir les tres physiques du biogaz : température, débit et pression.
caractéristiques hydrauliques du piézomètre. Cet essai de pompage La mesure de la température et de la pression fait appel à la mise
peut être réalisé de nouveau en cours de vie, de manière à suivre en place de capteurs couramment employés dans le milieu indus-
l'évolution des caractéristiques hydrauliques (colmatage, lessi- triel (sondes thermocouples, manomètres).
vage). La mesure du débit s'effectue soit avec une sonde anémométri-
Les piézomètres sont constitués de différentes parties : que (ou sonde à hélice), soit avec un tube de Pitot, soit avec une
sonde thermique, selon la vitesse à mesurer :
— le trou de forage réalisé avec une méthode et un diamètre
de forage adaptés aux formations géologiques rencontrées ; — anémomètre : 5 à 60 m/s, température maximale : 350 °C ;
— le tubage : si les formations géologiques rencontrées sont — tube de Pitot : 40 à 100 m/s, température maximale : 500 °C ;
peu stables, le maintien des parois du forage à l'aide d'un tubage est — sonde thermique : 0 à 5 m/s ou mesure de précision de 5 à
nécessaire. Le tubage peut être laissé définitivement dans la partie 10 m/s, température maximale : 70 °C.
supérieure du trou; il est alors cimenté ; Ces capteurs doivent résister à l'humidité, à la température et aux
— le tube piézométrique : généralement en acier, en PVC ou agressions chimiques. Il est conseillé d'effectuer ces mesures
en PEHD, il est glissé dans le trou de forage et bouché à son extré- mensuellement.
mité inférieure. Il est caractérisé par son pourcentage d'ouverture, ■ Analyses de composition et de concentration sur le réseau
son matériau, sa taille d'ouverture à définir en fonction de la géolo-
gie et son mode de couplage. Pour le suivi de la qualité des eaux, il Elles permettent de suivre l'évolution des teneurs à la sortie du
est impératif d'utiliser des tubes vissés et non collés ; réseau de collecte des gaz afin d'optimiser le process d'élimination,
— le massif filtrant : placé dans l'espace annulaire, il assure le de contrôler l'évolution des déchets stockés, de contrôler l'efficacité
rôle de filtre. Sa granulométrie et sa nature (fréquemment sable sili- des étanchéités des réseaux et de la couverture et d'évaluer le
ceux) sont à définir en fonction de la géologie et du tube piézométri- risque lié aux mélanges gazeux.
que. Le tube est centré dans le trou à l'aide de centreurs ; L'analyseur portatif à infrarouge est bien adapté, faute de mieux,
— le ou les bouchons d'argile : leur rôle est d'isoler la zone aux contrôles de teneur en CO2, CH4 et O2. La fréquence de cette
aquifère à observer du reste du forage. Ils sont généralement mesure peut être hebdomadaire à mensuelle.
constitués de boulettes de bentonite. Un bouchon peut être égale- Les tubes colorimétriques sont adaptés à la mesure de CO, SO2,
ment posé au sommet du forage ; NO2, H2S et des mercaptans. Si les concentrations sont supérieures
— le massif de remplissage : son rôle est de combler le reste à celles de la gamme choisie, les réactifs des tubes peuvent être
du forage pour éviter les infiltrations d'eau. Il est constitué d'un saturés, rendant impossible toute évaluation de la concentration
mélange bentonite-ciment ou d'un mélange de déblais de forage- cherchée. La réalisation d'analyses plus précises peut se faire en
bentonite ou ciment ; laboratoire après prélèvement. Les analyses colorimétriques
— le tube ou capot de protection : il protège la tête piézomé- peuvent être effectuées à une fréquence mensuelle sur la torchère et
trique et comporte un capot cadenassé pour prévenir le vandalisme. trimestrielle sur les puits.

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■ Analyses dans l’air ambiant prélèvement nécessite la mise en place d'un système de confine-
Elles sont réalisées dans le but d'assurer la sécurité du site, de ment pour éviter la dilution avec l'air. Ce système peut être fixé de
contrôler l'efficacité des systèmes de captage et de confinement, façon permanente à l'installation ou mobile et démonté après
voire de sécuriser l'accès de certaines zones à risques (regards). chaque prélèvement. Dans le cas d'une torchère fermée, le prélève-
ment est beaucoup plus aisé et réalisé dans des conditions plus
La teneur en CH4 peut être mesurée dans l'air par un détecteur à stables.
ionisation de flamme (appareil portatif). La teneur en CH4, CO, H2S
et O2 peut être mesurée dans l'air ambiant par un explosimètre Les prélèvements s'effectuent à l'aide d'une canne creuse en
(mesure par rayonnement infrarouge). silice dans la flamme ou juste au-dessus. Ils ont une durée plus ou
moins longue, de 30 min à 8 h, de manière à moyenner le débit
■ Mesure de l’efficacité du traitement massique horaire qui conditionne les valeurs limites en terme de
La difficulté de ce type de mesures porte sur le prélèvement des concentration moyenne et instantanée. Les analyses sont réalisées
gaz après la combustion. Dans le cas d'une torchère ouverte, le par des laboratoires compétents.

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