Centres de Stockage Des Déchets-3
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Centres de Stockage Des Déchets-3
Exploitation
par Hervé BILLARD
Ingénieur
Directeur de la formation technique, groupe SITA
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Concentrations maximales
Paramètres admissibles dans les percolats Conforme
(mg/L)
Stockage H Stockages G et F Délivrance d'un
certificat préalable d'admission
Sulfates 500 1 600 (valable 1 an)
Ammonium 8 25
DCO 60 200 Si accord contractuel du producteur
COT 20 70
Indice phénol 0,2 0,5
Planification
Hydrocarbures totaux 2 5 de réception
– visuel
Non conforme
– odeurs
Zn (2) 10 30 et
– radioactivité
contrôle à l'entrée
As 0,2 0,5 – test lixiviation 1 x 10 min
du site
Cd 0,01 0,03
CN 0,1 0,3
Conforme Test de lixiviation
Cr 0,1 0,3 3 x 16 h
Hg 0,002 0,005
Pb 0,1 0,3 – acceptation
– indication puis repérage Non conforme
Se 0,02 0,05 – du lieu de dépôt
HAP (6) 0,005 0,02
Refus
Ba 2 5 signalé à l'Administration
Chlorures 400 1 300
– pesée
Nitrates 100 300 – dossier administratif
DCO : demande chimique en oxygène ; COT : carbone organique total ; CN : – facturation
cyanures totaux ; HAP (6) : six premiers hydrocarbures aromatiques polycy-
cliques.
(1) Concentrations maximales pour les percolats obtenus en laboratoire.
Figure 2 – Procédure d’admission des déchets
(2) Valeurs proposées par le ministère de l’Environnement.
en centre de stockage de classe I
1.2 Procédures d’admission l'eau et donc des lixiviats consiste d'une part à éviter la production
de pollution, et d'autre part à supprimer la pollution induite.
Les flux générés par les centres de stockage sont extrêmement
Chaque catégorie de stockage possède une procédure spécifique
différents selon les différentes classes de stockage. Pour ce qui
d’admission des déchets. Par exemple, la procédure pour les stocka-
concerne les centres de classe I, l'obligation de stabilisation préala-
ges de classe I peut être schématisée par le logigramme de la
ble au stockage des déchets industriels à dominante minérale induit
figure 2.
un risque de génération de lixiviats de très faible production,
compte tenu de la faible perméabilité du matériau stabilisé lui-
même (K = 10 –11 m/s), et d'une qualité composée essentiellement
de sels et de métaux en faibles concentrations.
2. Collecte et traitement Pour ce qui concerne les centres de classe III, l'objectif assigné à
des lixiviats ces stockages, traduit réglementairement dans la définition même
des déchets classés « inertes » et dans les aménagements de
couverture, est de limiter la génération de lixiviats, qui n'auront pas
La problématique « eau » des installations de stockage est la besoin d'être collectés et qui, après « transfert » dans la barrière
préoccupation majeure pour l'aménagement et l'exploitation des géologique seront « écocompatibles » vis-à-vis des eaux souterrai-
sites. En effet, l'eau constitue le principal vecteur de migration des nes (niveau de contamination « supportable » par les milieux récep-
polluants stockés (eaux souterraines et superficielles). La gestion de teurs). (0)
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Pour les stockages de classe I, les techniques d’exploitation apportée par les précipitations. Les mécanismes de formation des
(couverture, surfaces réduites, stabilisation préalable de déchets) lixiviats, de nature biologique et physico-chimique, sont très
font que les lixiviats éventuels sont peu chargés et sont générale- complexes. Les déchets enfouis servent de substrat aux micro-orga-
ment réintroduits dans le processus de stabilisation. La question nismes (bactéries, levures, champignons) dont l'activité a des effets
des rejets à l’extérieur du site de lixiviats excédentaires ne se pose directs multiples sur les conditions physico-chimiques du milieu
pratiquement pas. Pour les stockages de classe III, la collecte et le (pH, potentiel rédox...) ou peuvent déclencher des phénomènes
traitement des éventuels lixiviats produits ne s’imposent pas. La physico-chimiques secondaires (dissolutions, précipitations...). En
question de la collecte et du traitement des lixiviats se pose donc retour, ces mécanismes biologiques se trouvent sous la dépendance
essentiellement pour les stockages de classe II. C’est pourquoi nous des paramètres physico-chimiques du milieu.
développerons dans ce paragraphe les divers aspects de cette La genèse des lixiviats implique simultanément des processus
problématique. aérobies et anaérobies, liés au mode d'exploitation de la décharge et
à la nature des déchets enfouis. Ces mécanismes sont bien connus,
2.1 Connaissance des lixiviats en particulier dans le cas des centres de stockage de classe II.
■ Mécanismes biologiques aérobies
2.1.1 Caractérisation
Tant que la densité des déchets permet le passage de l'oxygène
Les lixiviats de décharge résultent de la percolation à travers le (faible compactage et absence de couverture, immédiatement après
massif de déchets de l'eau contenue dans les déchets et de l'eau le dépôt des déchets par exemple), une fermentation aérobie se
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60 CH4
Le bilan hydrique constitue une « balance comptable » des
40
entrées et sorties d'eau sur le site, pendant une durée détermi-
O2
20 H2 née.
L'analyse du bilan hydrique permet de comprendre les phéno-
0 mènes de formation de lixiviats dans un centre de stockage des
O2 déchets. Ce bilan, effectué au niveau du centre, permet d'éva-
a gaz
luer le volume d'eau de pluie infiltré dans les alvéoles au cours
de leur exploitation, de définir et de dimensionner les ouvrages
DCO
de collecte, de drainage et de traitement qu'il faut mettre en
AGV place.
NH4+ pH Nota : plusieurs modèles ont été développés pour étudier ce bilan hydrique, des logi-
ciels ont été développés tels que HELP (Hydrologic Evaluation of Landfill Performance)
de l'EPA (US Environmental Protection Agency), et MOBYDEC (du BRGM, Bureau de
recherche géologique et minière) pour ne citer que les deux principaux.
La figure 5 présente les différents paramètres intervenant dans le
cycle de l'eau sur le centre de stockage. Ce cycle peut être étudié à
l'aide de l'équation de base du bilan hydrique. Celle-ci prend en
compte les différentes entrées et sorties d'eau sur le centre.
L’équation de base du bilan hydrique peut s’écrire :
SO42
E = P + ED – I – ETR + Rext – Rint ± ∆ED
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Eau des déchets ED : les déchets enfouis peuvent être plus ou ment que l'évapotranspiration stricto sensu est limitée en prove-
moins humides. Dans le cas des ordures ménagères mélangées aux nance des déchets et peut souvent être considérée comme nulle,
déchets artisanaux et commerciaux, la teneur en eau (mesurée par surtout si la zone d’exploitation est couverte.
passage à l’étuve à 150 °C pendant 2 h) est estimée à 40 % en L'examen de l'état de l'art actuel en matière de méthodes
masse. Cette valeur varie peu d’un site à l’autre. d'évaluation de l'évolution de la composition des lixiviats de
Infiltration I : une infiltration peut se produire dans le fond du site. décharge souligne le peu de pouvoir prévisionnel de ces méthodes.
Les modèles existants peuvent prétendre, au mieux, reproduire des
Ruissellement Rint : le ruissellement de l’intérieur vers l’extérieur données mesurées après ajustement de divers paramètres du
du site est supposé en principe négligeable en raison de la digue modèle qu'il est souvent difficile de connaître a priori. Les modèles
périphérique délimitant les casiers l’exploitation. Un drain placé sont encore insuffisamment calibrés par des données fiables,
contre cette digue, côté déchets, doit permettre de diriger les eaux recueillies sur les sites. Aussi, il est courant d’utiliser des formules
de percolation vers le point bas. Les éventuels ruissellements à empiriques et des ratios, pour tenter de cerner les ordres de gran-
prendre en compte sont ceux qui se produiraient par débordement. deur en jeu.
Ruissellement Rext : d'éventuels apports d'eau par ruissellement L'étude réalisée par les agences de l'eau sur l'évaluation de flux
de l'extérieur vers l'intérieur du site peuvent survenir si les fossés polluants liquides générés par les décharges d'ordures ménagères
censés les capter sont inefficaces. indique que sur l'évaluation effectuée sur huit sites étanchés artifi-
Variation de la teneur en eau des déchets ∆ED : la teneur en eau ciellement en fond de casier, la quantité mensuelle de lixiviats
des déchets peut varier en raison de la pluviométrie reçue sur collectée est de 177 m3/ha avec un écart type de 122 m3/ha. Cette
l'alvéole d'exploitation. Les déchets sont en effet susceptibles, en valeur moyenne correspondrait à une infiltration efficace de
fonction de leur nature, d'absorber une certaine quantité d'eau. 212 mm/an, qui peut être reliée à P/4 (P : précipitations) ou P/3
(valeurs moyennes sur la totalité du site), formules communément
Évapotranspiration réelle ETR : les dernières approches pour les utilisées par les exploitants pour estimer rapidement l’ordre de
calculs de bilan hydrique de centres en cours d'exploitation esti- grandeur des quantités de lixiviats à collecter.
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(0)
Tableau 5 – Synthèse de facteurs influençant la quantité et la qualité des effluents collectés
sur un centre de stockage de déchets
Facteur Influence sur les volumes collectés Influences sur les charges polluantes
Nature des déchets ±à+ Influence la qualité d’eau pouvant être emmagasi- + Influence la solubilité des constituants,
née dans les déchets. Corrélation positive (1) la teneur en matière organique,
sa dégradabilité, etc.
Âge des déchets + Influence le comportement hydraulique du + Détermine l’état de dégradation de la matière
déchet. Corrélation positive (1) organique. Corrélation négative (2)
Masse de déchets en place ±à+ Influence la quantité d’eau pouvant être emmaga- ± Influence la diffusion d’oxygène et de l’eau au
sinée dans les déchets. Corrélation négative (2) sein des déchets. Corrélation positive (1)
Teneurs en eau initiales des déchets ±à+ Influence la quantité d’eau pouvant être emmaga- ± Influence la croissance bactérienne
sinée dans les déchets. Corrélation positive (1)
Surfaces des casiers + Facteur dominant. Corrélation positive (1) ± Influence liée à effets de dilution
Volume des précipitations + Facteur dominant. Corrélation positive (1) + Influence le degré d’humidité des déchets et donc
la biodégradation. Corrélation négative (2)
Phasage de l’exploitation + Corrélation négative (2) ± Corrélation positive (1)
Températures + Influence l’évapotranspiration. Corrélation néga- ±à+ Influence la croissance bactérienne.
tive (2) Corrélation variable suivant la phase
de dégradation
Durée d’insolation ±à+ Influence d’évapotranspiration – Influence la croissance bactérienne.
Corrélation variable suivant la phase
de dégradation
Humidité de l’air ± Influence l’évapotranspiration. Corrélation posi- –
tive (1)
Couvert végétal des couvertures ±à+ Influence l’évapotranspiration. Corrélation néga- – Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
tive (2) sein des déchets
Épaisseur des couvertures ± Influence l’évapotranspiration – Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
sein des déchets
Pente des couvertures ± Influence le ruissellement. Corrélation négative
(2)
Granulométrie des matériaux ± Influence le ruissellement. Corrélation négative
de couverture (argile > sable) (2)
Perméabilités des couvertures + Influence l’infiltration. Corrélation positive (1) + Influence la diffusion de l’oxygène et de l’eau au
sein des déchets. Corrélation positive dans le
court à moyen terme mais permet une dégrada-
tion plus rapide
Perméabilité des fonds de casiers + Influence l’exfiltration. Corrélation négative (2) – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
dation
Perméabilité du milieu géologique var Influence majeure si pas d’imperméabilisation – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
artificielle. Corrélation négative (2) dation
Hauteur de la nappe souterraine var Influence majeure si les déchets « baignent » dans – Influence l’humidité des déchets et donc la dégra-
la nappe. Corrélation positive (1) dation
État de compaction des déchets ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± La compaction diminue la diffusion de l’oxygène
déchets. Corrélation variable suivant l’âge au sein des déchets. Corrélation positive (1)
Mise en balles ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± La compaction diminue la diffusion de l’oxygène
déchets. Corrélation variable suivant l’âge au sein des déchets. Corrélation positive (1)
Broyage ± Influence la capacité d’emmagasinement des ± Augmente les surfaces de contact. Corrélation
déchets. Corrélation négative (2) positive (1)
Couches de couverture – Peut influencer l’évapotranspiration. Corrélation –
intermédiaire incertaine
Mode de collecte des effluents –à± Influence la distribution temporelle des effluents ± Influence la précipitation de certains composants
(gravitaire, pompage…) mesurés (métaux)
Recirculation des lixiviats + Ressoumet les lixiviats à l’évaporation. Corréla- ± Redonne une chance aux bactéries méthanogè-
tion négative (2) nes de dégrader les AGV.
Conditions de prélèvement + Influence la précipitation des métaux, l’Eh, les
(filtration, acidification, etc.) MES, etc.
Conditions d’analyse (après + Influence sur la DBO5 en cas de présence d’inhibi-
décantation, selon normes, etc.) teurs (métaux)
Additions de nutrients (phosphates…) –à± Stimule l’activité bactérienne. Corrélation variable
suivant la phase de dégradation
Addition de boues de STEP var Influence variable suivant volumes. Corrélation –à± Favorise la méthanogenèse. Corrélation négative
(station d’épuration) positive (1) (2)
(1) Corrélation positive : plus le facteur est élevé, plus les volumes collectés ou les charges polluantes sont élevés.
(2) Corrélation négative : plus le facteur est élevé, plus les volumes collectés ou les charges polluantes sont faibles.
var : influence variable ; + : influence majeure ; ± : influence moyenne ; – : influence minoritaire.
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Drain
Géomembrane
Couverture
Remblai
Terrain naturel
Déchets
Buses Base élargie (semelle de béton)
béton Dalle de répartition (si nécessaire) Géotextiles de protection
perforées
Figure 9 – Exemple d’aménagement du fond d’alvéole
pour les regards
Pompe
immergée
mobile
nage des lixiviats mette en contact l'alvéole avec l'atmosphère exté-
rieure, ce qui est néfaste pour les raisons suivantes :
— les gaz peuvent s'échapper par le réseau des lixiviats ;
— si le drainage des gaz se fait à l'aide d'une aspiration, l'air ren-
Substratum trant par le réseau de lixiviats empêche de créer la dépression
nécessaire à l'aspiration (d'où un mauvais fonctionnement de ce
drainage des gaz) ;
Figure 7 – Puits de collecte des lixiviats — la présence d'air dans le gaz peut créer des conditions explosi-
ves dans le stockage ou à l'incinération ;
— les alvéoles sont en contact entre elles, ce qui empêche une
gestion spécifique par alvéole de l'aspiration des gaz.
Géosynthétique Tuyau de relevage Pour parer à ces problèmes, il faut cloisonner les dispositifs de
d'étanchéité sur pente drainage des lixiviats par des siphons placés dans les regards. Les
drains se terminent par un bec plongeant dans la fosse d'accumula-
tion des lixiviats. La hauteur de submersion est calculée pour être
supérieure à la pression d'aspiration des gaz (exprimée en colonne
Déchet Talus d'eau). Cela nécessite un surcreusement supplémentaire de la base
ou du regard. Il faut également assurer une parfaite étanchéité à l'air du
digue couvercle du regard.
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directs et indirects, temporaires et permanents, de l'installation sur — CN libres : .................................................................... < 0,1 mg/L ;
l'environnement peut notamment comporter un volet spécifique — hydrocarbures totaux : ................................................ < 10 mg/L ;
relatif au raccordement. Ce volet atteste de l'aptitude précitée, — AOX : ............................................................................... < 5 mg/L.
détermine les caractéristiques des effluents qui peuvent être admis Concernant les traitements in situ, chacun des procédés tradition-
sur le réseau, et précise la nature ainsi que le dimensionnement des nellement utilisés dans le traitement des eaux urbaines possède sa
ouvrages de prétraitement, si nécessaire, prévus pour réduire la propre spécificité et peut prétendre répondre à un objectif de traite-
pollution à la source et minimiser les flux de pollution et les débits ment particulier. C'est cet objectif de traitement qu'il convient
raccordés. d'appréhender pour réaliser le choix du procédé à mettre en œuvre.
Tout traitement externe ou raccordement à une station externe Cet objectif est déterminé par trois critères : la nature et les quanti-
doit faire l'objet d'une convention préalable passée entre l'exploi- tés des lixiviats à traiter, les contraintes de rejets (valeurs de rejet,
tant de l'installation de stockage et le gestionnaire de l'infrastructure nature de l'exutoire...) et le coût de l'installation. La variabilité de la
d'assainissement. Cette convention doit préciser les informations nature des lixiviats dans le temps conduit généralement à choisir un
communiquées à l'exploitant de l'installation de stockage par le système multifilières qui associe divers procédés.
gestionnaire de l'infrastructure d'assainissement sur ses rejets. Le tableau 8 donne, pour les procédés les plus courants dans le
L'autorisation fixe les caractéristiques maximales et minimales domaine du traitement des lixiviats, les avantages et les inconvé-
des lixiviats qui seront traités ou déversés dans le réseau. Elle nients de chaque catégorie de procédés et les sous-produits qu’elle
énonce également les obligations de l'exploitant de l'installation de génère.
stockage en matière d'autosurveillance des lixiviats dont il demande
le traitement. Elle précise que le traitement des lixiviats dans une
station d'épuration collective, urbaine ou industrielle, ou le raccor- 2.5 Coûts
dement à une telle station ne sera autorisé que si la convention
précitée existe et contient les dispositions précitées.
Les différents paramètres rentrant en ligne de compte pour le
En cas de traitement dans une station d'épuration urbaine ou de chiffrage d'une installation de traitement des lixiviats sont : débit de
raccordement à une telle station, les lixiviats doivent respecter les lixiviats, caractéristiques physico-chimiques des lixiviats bruts,
valeurs limites suivantes : normes de rejet, traitement et destination finale des sous-produits,
— métaux totaux (Pb, Cu, Zn, Mn, Sn, Cd, Hg, Fe, Al) : < 15 mg/L infrastructures existantes réutilisables ou non, utilités (électricité,
(Cr6+ : < 0,1 mg/L, Cd : < 0,2 mg/L, Pb : < 1 mg/L, Hg : < 0,05 mg/L, eau, téléphone). Tout ces paramètres sont différents d'un centre de
As : < 0,1 mg/L) ; stockage à l'autre, une fourchette de prix permet d'estimer les coûts
— fluorures : ...................................................................... < 50 mg/L ; des différents traitements (tableau 9). (0)
important.
Boues activées Élimination de la DBO5 et de l’azote global. Consommation énergétique pour l’apport Boues biologiques en excès.
d’oxygène.
Bioréacteur Élimination de la DBO5, azote, DCO rési- Consommation énergétique. Boues biologiques en excès.
à membranes duelle, MES, bactéries, virus.
Faible encombrement.
Culture fixée Élimination de la DBO5 et de l’azote. Faible rendement épuratoire.
Faible consommation énergétique.
Coagulation- Débit de traitement. Production importante de boues (20 % du Boues
Autre membranaires Procédés thermiques Procédés physico-chimiques
Osmose inverse Rétention de la DCO dure, des sels, des Consommation énergétique. Rétentats d’osmose (saumures).
métaux et des nitrates.
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(0)
Tableau 9 – Coût du traitement des lixiviats (1998)
Débit ................................ (m3/jour) 10 50 100
Biologie + coagulation floculation G
.................................... (F/m3traité) 45 à 60 35 à 60 C
E F
BRM + coagulation floculation I
.................................... (F/m3traité) 90 à 110 75 à 95
A B H
BRM + osmose inverse E
.................................... (F/m3traité) 240 à 350 100 à 200 80 à 180
Biologie + ozone........ (F/m3 traité) 125 à 205 80 à 180 80 à 180
Rejet STEP (transport inclus)
D
.................................... (F/m3traité) 30 à 300
BRM : bioréacteur à membranes ; STEP : station d’épuration
Manchon A Tête de mesure
Les prix rapportés au m3 de lixiviat traité tiennent compte des coûts fixes coulissant
(investissement et frais financiers) et des coûts proportionnels (réactifs, élec- B Collecteur de gaz
tricité, pièces de rechange, main-d'œuvre), ainsi que du traitement des sous- Vers poste de pilotage C Unité d'évacuation
produits (boues, saumures).
Nourrice des condensats
Tête de puits D Lance d'évacuation
des condensats
E Conduite intermédiaire
3. Collecte et traitement F Pompe à gaz
du biogaz G Torchère
H Commande électrique
Alvéole en cours I Abri en béton
L’ensemble d’une installation de collecte, transport et élimination
du biogaz est représenté figure 11.
Figure 11 – Installation de collecte, transport
et élimination du biogaz
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0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 3.2 Évaluation de la production de biogaz
CH4 (% vol.) d’un centre de stockage de déchets
ménagers
Figure 13 – Relation entre la composition et l’inflammabilité
d’un mélange de méthane et d’air (d’après [6])
3.2.1 Prédiction théorique
rés pendant le processus de biodégradation (composés sulfurés,
■ Approche stœchiométrique
composés de l’oxygène, hydrocarbures), soit résulter d’un apport
initial des déchets (hydrocarbures aromatiques, hydrocarbures L’approche stœchiométrique consiste à considérer la composition
halogénés). élémentaire des différents constituants des déchets (tableau 10), les
produits finaux de la réaction globale étant principalement le
Des composants secondaires peuvent être décelés dans le
méthane et le dioxyde de carbone. Cette approche a été employée
biogaz :
dans de nombreux cas [7].
— combinaison sulfurée (odeurs) : 100 à 500 mg/m3 ;
— combinaison chlorée : 20 à 100 mg/m3 ; La quantité théorique de méthane produite par la dégradation
— combinaison fluorée : 10 à 50 mg/m3 ; supposée complète de chaque constituant est résumée par l’équa-
— COV (hydrocarbures halogénés, hydrocarbures halogénés tion générale :
aromatiques) ;
— métaux lourds (cadmium, zinc, plomb, mercure, etc.). Cn Ha Ob Nd Se + (a – b/4 – c/2 + 3d/4 + e/2) H2O →
Alors que la plupart des substances fluctuent selon la nature des
ordures et leur phase de décomposition, la vapeur d'eau reste un (a/2 + b/8 + c/4 – 3d/8 – e/4) CH4
facteur d'accompagnement permanent, qui pose un problème
spécifique lors du dégazage de la décharge. + (a/2 – b/8 + c/4 + 3d/8 + e/4) CO2 + d NH3 + e H2S
La teneur des composés traces peut évoluer dans le temps. Ainsi,
Stegmann [5] indique que les concentrations en hydrocarbures Nota : une partie du carbone est convertie en biomasse. Cette fraction ne dépasserait
halogénés et fluorés peuvent atteindre 200 mg/m3 (conditions pas 4 % en masse [8] et peut être donc être négligée. (0)
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Lorsque la composition élémentaire des déchets est connue, cette diffuses de biogaz sont nombreuses ; parmi les plus récentes, citons
équation permet de connaître à la fois la composition du biogaz et sa [11][12].
production totale. Selon la proportion des différents constituants des Des mesures ont été effectuées à l’aide de chambres de mesures
déchets, les productions de gaz seront théoriquement différentes. (sortes de boîtes sans couvercle placées à même la surface de la
Exemple : le papier dégage 51 % de méthane et 49 % de CO2 tan- décharge) sur vingt trois décharges en Grande-Bretagne et en
dis que les graisses conduisent à 71 % de méthane et 29 % de CO2. Écosse [11]. Les valeurs mesurées étaient comprises entre 10 –6 et
2 mg de méthane par mètre carré par seconde. Plus de 80 % des
Sur la base de cette approche, les productions théoriques maxi- résultats étaient inférieurs à 10 –3 mg.m–2.s –1, la médiane étant
males de méthane sont comprises entre 200 et 270 m3/t de déchet située vers 10 –4 mg.m–2.s –1. Les deux facteurs qui conditionnaient
sec selon les formules chimiques utilisées et les proportions habi- le plus les émissions étaient logiquement le fait d’avoir (ou non) une
tuelles des différents constituants dans les déchets ménagers [7]. couverture bien conçue et la mise en place d’un système actif de
■ Approche biodégradabilité collecte du biogaz.
L’approche purement stœchiométrique suppose que la minérali- Un modèle a été développé par l’US-EPA [10] pour l’évaluation
sation des constituants soit totale, elle donne donc un potentiel des émissions de biogaz (méthane et autres composés potentielle-
maximum. En réalité, la minéralisation est rarement complète, soit ment toxiques) en décharge.
de par la nature des molécules constituantes (par exemple, la Des données ont été publiées sur les taux de production de
lignine est très peu biodégradable dans les conditions d’une biogaz sur site réel. Elles sont résumées dans le tableau 11. (0)
décharge), soit pour des raisons de non-accessibilité (cellulose
emprisonnée par de la lignine).
Tableau 11 – Taux de production de biogaz sur site réel
Du point de vue de la composition moléculaire, les déchets muni-
cipaux (jeunes) contiennent typiquement 40 à 50 % de cellulose, Référence Taux annuel Rendement de biogaz
10 à 15 % de lignine, 12 % d’hémicellulose et 4 % de protéine [9]. de production
Cellulose et hémicellulose forment l’essentiel de la fraction biodé- de méthane
gradable des déchets. L’évolution du ratio cellulose sur lignine est (m3/t) (m3/t)
un bon indicateur du degré de décomposition d’un déchet et du [13] 0,54 à 26,8 (1)
potentiel méthanogène résiduel. Cela est confirmé par certains [14] 6,25 à 37,5 (2)(3) 62,5 (2)
auteurs qui comparent les résultats de tests de biodégradation
effectués sur des prélèvements de déchets excavés d’une décharge [5] 120 à 150 (1)
californienne, aux ratios cellulose + hémicellulose/lignine mesurés (1) Sur déchets secs.
sur ces mêmes prélèvements. Les déchets les plus profonds présen- (2) Sur déchets humides.
tent les ratios les plus faibles. (3) Taux maximal de méthane pendant la période de production maximale.
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Les valeurs standards sont : L’étude EPA [16] indique que les écarts entre les prédictions de ce
— L0 = 161 m3/t de déchets ; genre de modèle et les valeurs d’émissions mesurées sur site sont
— ti = 1,5 an ; comprises entre 38 % à 492 %. Une analyse de sensibilité de ces
— k = 0,03 an –1 ; deux modèles est disponible dans [17].
— s = 1 an –1.
3.2.3.2 Modélisation de la qualité du biogaz et des lixiviats
■ Modèle EPA [16]
L’US-EPA (Environnemental Protection Agency) a réalisé de son Une revue bibliographique complète des différents modèles exis-
côté une étude indépendante qui a conduit à un modèle similaire tants a été effectuée par l’Imperial College de Londres en collabora-
fondé sur des données collectées sur site : tion avec SITA [18]. Un modèle a été développé, sous forme de
logiciel qui permet de prédire l’évolution dans le temps de la
G = L0 R (e –kc – e –kt) composition en éléments majeurs du biogaz et des lixiviats en fonc-
tion de différents paramètres d’entrée [18][19][20] : composition des
avec R (t/an) taux moyen de déchets acceptés pendant la période
déchets, géométrie de l’alvéole, perméabilité de la couverture (taux
d’activité du site,
d’infiltration), vitesse de remplissage des déchets et vitesse de
c (an) temps écoulé depuis la fermeture du site (c = 0 an pour biodégradation des déchets. Il est fondé sur :
les sites en activité).
— une approche statistique de la distribution des flux d’eau au
Si l’on utilise par défaut les mêmes valeurs que précédemment sein de la décharge : on fait l’hypothèse d’une répartition des vites-
pour k et L0, le modèle donne des résultats similaires [17]. La diffé- ses d’écoulement dans le plan vertical de la décharge, selon une loi
rence est que le modèle EPA fait la somme de la production de gaz de probabilité de type log-normal. Cette répartition, caractérisée par
de l’ensemble d’un site en considérant différentes couches de une vitesse moyenne et une variance, prend en compte la
déchets placés à taux constant par an, tandis que le modèle SWANA complexité des écoulements au sein des déchets (chemins préféren-
modélise la quantité de gaz générée dans le temps par une masse tiels, écoulements lents…).
donnée de déchets (placée en une seule fois). — une approche microbiologique simplifiée : la dégradation des
La figure 14 montre une simulation effectuée avec un site rece- constituants biodégradables organiques majeurs (glucides, lipides
vant 100 000 t de déchets par an pendant 20 ans. Pour le modèle et protéines) est simulée au moyen des équations de dégradation
SWANA, les déchets sont placés en une seule fois, ce qui explique le des molécules types. Afin d’éviter d’utiliser les équations de Monod
décalage entre les deux courbes. On voit clairement qu’après (paramètres difficiles à déterminer), l’hypothèse est faite que la loi
50 ans, c’est-à-dire 30 ans après la date de fermeture du site, il reste de croissance bactérienne peut être reliée au temps de façon expo-
un potentiel de production de gaz significatif. Cela plaide en faveur nentiellement croissante puis décroissante.
d’une approche bioréacteur en vue d’accélérer la production de
biogaz.
3.3 Système de drainage
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Déchets
Tuyau de transport Sable Bonde d'argile Gravier
Gravier
non calcaire Figure 17 – Puits horizontal de collecte du biogaz
Tranchée Tranchée drainante Nota : il existe une variante pour les puits de gaz horizontaux appelée « couloir ». Ils
interne au site horizontale périphérique sont construits dès que la masse de déchets a atteint une hauteur approximative de 10 m.
Après la construction, on dépose encore 5 à 10 m de déchets. Les couloirs sont connectés
à la canalisation de circulation par des tuyaux de circulation verticaux. Les couloirs de gaz
Figure 15 – Réseau de dégazage sont également utilisés pour le transport de lixiviat.
Les tubes d'extraction horizontaux sont installés pendant le dépôt
des déchets, ce qui implique qu'ils doivent pouvoir résister à la
masse d'un compacteur ou d'un bulldozer. Pour cette raison, le tube
d'extraction doit être entouré d'une quantité substantielle de gravier
pour étendre la pression verticale sur une grande surface.
Couche supérieure Le lixiviat peut s'écouler dans les tubes d'extraction et gêner
l'extraction de gaz. De plus, le puits horizontal s'asséchera sur toute
sa longueur de sorte que les facilités de drainage puissent être
omises. L'accumulation d'eau peut être empêchée par l'installation
Sortie du puits de tubes d'extraction suivant une faible inclinaison et par le drai-
nage automatique de l'eau dans les déchets. L'aspiration d'air par
les pentes est empêchée par la partie de faux tuyau du tube
Sable d'extraction. Sa longueur est déterminée par l'inclinaison de la
pente et par la distance verticale entre les différents puits.
Tuyau de Nota : la représentation schématique ne rend pas compte de la situation réelle ; elle a
circulation notamment pour but de servir d'outil pour la conception de systèmes horizontaux.
Afin de réaliser un courant uniforme du gaz de décharge sur la
longueur du tube d’extraction, une baisse de pression relativement
Bentonite
importante le long de la perforation doit être assurée.
Télescope ■ Comparaison des systèmes verticaux et horizontaux
Au-delà de ces deux grandes catégories de systèmes d’extraction
du biogaz, il est possible de concevoir des variantes, ne serait-ce
Gravier que par combinaison des deux. Le tableau 12 résume les principa-
les caractéristiques des deux systèmes et indique les critères favo-
rables ou défavorables de leur utilisation.
L’extraction verticale est la plus utilisée dans les centres de stoc-
Tuyau perforé kage, alors que l’extraction horizontale est souvent réservée aux
centres de stockage peu profonds.
Les performances du système de drainage doivent donc permet-
tre de :
— collecter le maximum de biogaz produit. Compte tenu des
techniques actuelles de gestion des décharges et des équipements
de drainage du biogaz, il convient de se fixer un objectif de 80 % par
rapport à la production théorique ;
Figure 16 – Puits vertical de collecte du biogaz — maintenir une qualité constante du gaz de manière à assurer
une alimentation régulière des systèmes de valorisation ou de trai-
tement ;
— offrir de la flexibilité pour répondre aux modifications de la
production au cours du temps et de la longévité pour répondre à des
être rempli de graviers. Le tube de filtration doit être équipé d’un
temps de production très longs.
dispositif télescopique pour compenser le tassement des déchets. Il
faut par contre s'assurer que la partie supérieure du tube de filtra- Pour atteindre ces divers objectifs et compte tenu des caractéris-
tion puisse suivre le tassement des déchets. Pour empêcher l’air tiques de production du biogaz, une extraction active des gaz avec
d’entrer par le puits, il faut installer une couche d’argile autour de la un ventilateur ou un compresseur est indispensable. (0)
partie télescopique.
■ Systèmes à puits horizontaux
3.4 Système de transport
À l'aide de tuyaux horizontaux perforés dans des tranchées de
gravier, qui sont placés à différentes hauteurs dans la masse de
décharge, le gaz de décharge peut être extrait pendant le dépôt des Les collecteurs qui permettent de transporter les gaz drainés par
déchets (figure 17). les puits peuvent être connectés selon différentes géométries :
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Tableau 12 – Caractéristiques et comparaison des différentes techniques d’extraction du biogaz (d’après [21])
Technique Dimensions Distance Nombre Efficacité Maîtrise Possibilité Mise en Coût Obstacle Stabilité
entre puits par hectare du de la d’utilisa- œuvre pour le des
dégazage qualité tion dépôt de ouvrages
du gaz du gaz déchets
Extraction Diamètre du puits : 50 à 70 m 1 à 5 puits Oui Oui Oui Facile Raisonnable Oui Déformations
verticale 60 cm à 100 cm horizontales
après Diamètre du drain : des puits
remplissage 100 à 250 mm
Extraction Diamètre du puits : 50 à 70 m 1 à 5 puits Oui Oui Oui Plus difficile Plus Non Tassement
verticale environ 60 cm mais perte (forages) important des puits
pendant le Diamètre du drain pendant le
remplissage PEHD : 100 à remplissage
250 mm
Extraction Diamètre du drain : Distance entre 400 m de Oui Oui Oui Facile mais Raisonnable Oui Écrasement
horizontale 160 à 200 mm les drains : 25 m canalisation contraignante des
en horizontal, 6 à collecteurs
10 m en vertical et drainage
des lixiviats
3.5.1 Combustion
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Dispositifs Suivi topographique Suivi topographique Cote NGF des points topographi- Relevés topographiques
ques
d’étanchéité
Drainage par Étude de la stabilité des amé- Étude de la stabilité des amé- Tassements Tassomètres
géosynthétiques nagements nagements Pentes Inclinomètres
et aménagements
Suivi de la couverture Tassements Relevés topographiques
en terre Pentes
Suivi administratif Identité du déchet et du produc- Contrôle à l’entrée
teur
Suivi des caractéristiques Densité
physiques
Déchets Vérification sur site du Tonnage Pont-bascule
contenu des camions Nature des déchets Contrôle visuel
et des quantités entrantes, Radioactivité Portique de contrôle
à l’entrée Radioactivité
Suivi topographique des Cote NGF des points Relevés topographiques
zones exploitées
Suivi topographique sur les Relevés topographiques
Drains réseaux de biogaz (aériens)
et collecteurs
Suivi des systèmes Suivi des systèmes Colmatage Entretien
Lixiviats :
Analyses quantitatives ponctuelles ou automatisées Pluviométrie, température Station météo
Volume Bilan hydrique
Débit Débitmètres
Hauteur, charge des lixiviats Sondes de niveau
Suivi des caractéristiques : Turbidité, odeur Analyses en laboratoires
– organoleptiques
– physico-chimiques Conductivité, pH
– chimiques Métaux lourds, sels, composés Sondes
organiques
– biochimiques DCO, COT, DBO5
Traitement
des effluents liquides – contrôle biologique Paramètres microbiologiques
– écotoxicité Tests Écotox
Biogaz :
Analyses quantitatives ponctuelles ou automatisées Quantité théorique totale de CH4 Logiciel de calcul
Potentiel CH4 Test de biodégradabilité
Débit, volume accélérée
Suivi des paramètres de captage et de brûlage (torchères, Température de flamme Débitmètres
valorisation), de façon ponctuelle ou automatisée Débit Sondes
Composition du biogaz (CH4, O2,
composés soufrés…)
Suivi de la reprise de la végétation sur les zones réaména- Contrôle visuel
gées et sur les digues
Voies et réseaux
Contrôle visuel et entretien régulier
divers
Avant l’exploitation : faire un point zéro Taux de CH4, COV totales Capteurs d’ambiance
Suivi ponctuel ou automatisé de la qualité de l’air ambiant : Sondes
– caractéristiques chimiques Filets
Air – contrôle des poussières et envols Contrôle visuel
État de la végétation environnante
Odeurs Jury d’odeurs
NGF : nivellement général de la France (relevé topographique).
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— la méthode de forage qui devra être adaptée aux conditions 4.3.2 Suivi des paramètres de captage
géologiques. On veillera au bon choix du fluide de forage qui condi- et de brûlage du biogaz
tionne fortement la qualité finale du piézomètre ;
— le développement du piézomètre qui est une étape fondamen- ■ Mesures de pression, température, débit à l’aspiration
tale de réalisation et qui permet de nettoyer le trou et l'équipement
des restes de déblais ou de fluides de forage qui peuvent colmater Afin d'obtenir une combustion optimale, il est nécessaire de
le massif filtrant ; mesurer, outre les paramètres chimiques (CH4, CO, O2), les paramè-
— l'essai de pompage de réception qui permet de définir les tres physiques du biogaz : température, débit et pression.
caractéristiques hydrauliques du piézomètre. Cet essai de pompage La mesure de la température et de la pression fait appel à la mise
peut être réalisé de nouveau en cours de vie, de manière à suivre en place de capteurs couramment employés dans le milieu indus-
l'évolution des caractéristiques hydrauliques (colmatage, lessi- triel (sondes thermocouples, manomètres).
vage). La mesure du débit s'effectue soit avec une sonde anémométri-
Les piézomètres sont constitués de différentes parties : que (ou sonde à hélice), soit avec un tube de Pitot, soit avec une
sonde thermique, selon la vitesse à mesurer :
— le trou de forage réalisé avec une méthode et un diamètre
de forage adaptés aux formations géologiques rencontrées ; — anémomètre : 5 à 60 m/s, température maximale : 350 °C ;
— le tubage : si les formations géologiques rencontrées sont — tube de Pitot : 40 à 100 m/s, température maximale : 500 °C ;
peu stables, le maintien des parois du forage à l'aide d'un tubage est — sonde thermique : 0 à 5 m/s ou mesure de précision de 5 à
nécessaire. Le tubage peut être laissé définitivement dans la partie 10 m/s, température maximale : 70 °C.
supérieure du trou; il est alors cimenté ; Ces capteurs doivent résister à l'humidité, à la température et aux
— le tube piézométrique : généralement en acier, en PVC ou agressions chimiques. Il est conseillé d'effectuer ces mesures
en PEHD, il est glissé dans le trou de forage et bouché à son extré- mensuellement.
mité inférieure. Il est caractérisé par son pourcentage d'ouverture, ■ Analyses de composition et de concentration sur le réseau
son matériau, sa taille d'ouverture à définir en fonction de la géolo-
gie et son mode de couplage. Pour le suivi de la qualité des eaux, il Elles permettent de suivre l'évolution des teneurs à la sortie du
est impératif d'utiliser des tubes vissés et non collés ; réseau de collecte des gaz afin d'optimiser le process d'élimination,
— le massif filtrant : placé dans l'espace annulaire, il assure le de contrôler l'évolution des déchets stockés, de contrôler l'efficacité
rôle de filtre. Sa granulométrie et sa nature (fréquemment sable sili- des étanchéités des réseaux et de la couverture et d'évaluer le
ceux) sont à définir en fonction de la géologie et du tube piézométri- risque lié aux mélanges gazeux.
que. Le tube est centré dans le trou à l'aide de centreurs ; L'analyseur portatif à infrarouge est bien adapté, faute de mieux,
— le ou les bouchons d'argile : leur rôle est d'isoler la zone aux contrôles de teneur en CO2, CH4 et O2. La fréquence de cette
aquifère à observer du reste du forage. Ils sont généralement mesure peut être hebdomadaire à mensuelle.
constitués de boulettes de bentonite. Un bouchon peut être égale- Les tubes colorimétriques sont adaptés à la mesure de CO, SO2,
ment posé au sommet du forage ; NO2, H2S et des mercaptans. Si les concentrations sont supérieures
— le massif de remplissage : son rôle est de combler le reste à celles de la gamme choisie, les réactifs des tubes peuvent être
du forage pour éviter les infiltrations d'eau. Il est constitué d'un saturés, rendant impossible toute évaluation de la concentration
mélange bentonite-ciment ou d'un mélange de déblais de forage- cherchée. La réalisation d'analyses plus précises peut se faire en
bentonite ou ciment ; laboratoire après prélèvement. Les analyses colorimétriques
— le tube ou capot de protection : il protège la tête piézomé- peuvent être effectuées à une fréquence mensuelle sur la torchère et
trique et comporte un capot cadenassé pour prévenir le vandalisme. trimestrielle sur les puits.
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■ Analyses dans l’air ambiant prélèvement nécessite la mise en place d'un système de confine-
Elles sont réalisées dans le but d'assurer la sécurité du site, de ment pour éviter la dilution avec l'air. Ce système peut être fixé de
contrôler l'efficacité des systèmes de captage et de confinement, façon permanente à l'installation ou mobile et démonté après
voire de sécuriser l'accès de certaines zones à risques (regards). chaque prélèvement. Dans le cas d'une torchère fermée, le prélève-
ment est beaucoup plus aisé et réalisé dans des conditions plus
La teneur en CH4 peut être mesurée dans l'air par un détecteur à stables.
ionisation de flamme (appareil portatif). La teneur en CH4, CO, H2S
et O2 peut être mesurée dans l'air ambiant par un explosimètre Les prélèvements s'effectuent à l'aide d'une canne creuse en
(mesure par rayonnement infrarouge). silice dans la flamme ou juste au-dessus. Ils ont une durée plus ou
moins longue, de 30 min à 8 h, de manière à moyenner le débit
■ Mesure de l’efficacité du traitement massique horaire qui conditionne les valeurs limites en terme de
La difficulté de ce type de mesures porte sur le prélèvement des concentration moyenne et instantanée. Les analyses sont réalisées
gaz après la combustion. Dans le cas d'une torchère ouverte, le par des laboratoires compétents.
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