Profession Directeur Financier - Coordonne Par Mic PDF
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Profession Directeur Financier - Coordonne Par Mic PDF
ISBN : 978-2-10-071837-5
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notamment par téléchargement ou sortie imprimante, constituera donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété
intellectuelle.
DES MÊMES AUTEURS
Réussir son Business Plan, 3 e édition
Michel Sion avec la collaboration de David Brault, Dunod, 2013.
Analyse financière des comptes consolidés, Normes IFRS, 2 e édition
Bruno Bachy, Michel Sion, Dunod, 2009.
Objectif Cash
David Brault, Michel Sion, Dunod, 2008.
Gérer la trésorerie et la relation bancaire, 5 e édition
Michel Sion, Dunod, 2011.
Réaliser un audit financier,
Michel Sion, Dunod, 2011.
Table des matières
Page de Titre
Page de Copyright
Préface
Promouvoir la rentabilité
La chaîne de valeur
Un état d’esprit
Chapitre 8 - Faire évoluer les tableaux de bord de gestion vers l’approche balanced scorecard
Piloter le changement
Déléguer
Devenir un leader
Coaching et manager-coach
Éthique et déontologie
Préambule
Index
Préface
Exemple
Dans notre groupe, on a demandé aux directeurs financiers et contrôleurs d’être des « business
partners » et de faire des recommandations aux responsables de Business units. Nous avons fait des
recommandations dans les comités de direction. Que s’est-il passé ? Rien. Personne n’a rien fait. Nous
ne savons plus ni quoi dire ni quoi faire…
Exemple
Dans notre entreprise, un des directeurs nous a accusés de ne pas l’avoir alerté sur la dégradation de
ses marges. Pourquoi n’avons-nous pas augmenté les prix avant ? Nous le lui avions dit. Nous lui
avions même écrit à plusieurs reprises… Il nous avait répondu « Cela ne va pas ! Vous voulez faire
mon job ! ».
Exemple
Une altercation éclate entre le directeur financier du groupe et un patron de filiale. Le CFO est mis en
accusation « Vous ne vous rendez pas compte du ton de vos mails. Votre ton est directif. Je vais en
parler au Président ! »
Nous le savons tous. Cette notion de « business partner » est très mal définie dans les entreprises. Cette
situation a provoqué le mal-être de beaucoup de directeurs financiers ; précipité leur départ parfois.
Et pourtant, même si tout n’est pas rose dans les entreprises, il y a un vrai chemin d’évolution pour les
directeurs financiers… à moyen terme. Des chantiers à lancer, des nouveaux territoires à explorer,
défricher, exploiter, moissonner…
Exemple 1
Dans notre groupe nous avons mis en place une règle simple. Elle vise à forcer le marketing, le
commercial et la production à s’exprimer sur des changements de business modèles tels que le
lancement de nouveaux produits intégrant des ruptures technologiques, l’arrivée de nouveaux
concurrents (low cost ou pas), etc. Ils doivent systématiquement rédiger une note à l’attention du
comité de direction. Au lieu de réagir comme par le passé de façon épidermique à propos du
lancement de la nouvelle friteuse ou cafetière Révolution par nos concurrents (« C’est de la M. ! ») et
de classer le dossier, cela nous oblige à voir le problème en face et en équipe. Cela nous oblige à nous
challenger et à nous adapter. La finance est intégrée à ce processus car chaque modification
significative dans les produits ou les marchés a pour conséquence un impact financier que l’on peut
chiffrer.
Exemple 2
Les marchés évoluent très vite. En plus d’être volatiles. La concurrence vient de partout. Et aussi de
nulle part. L’innovation est plutôt le lot des start up. Il est difficile de tout appréhender, de tout
contrôler. Il se crée des milliers de start up chaque jour dans le monde. En quelques années les
Chinois ont comblé leur retard dans des technologies où nous pensions avoir de l’avance
(aéronautique, ferroviaire, etc.). La différence entre l’Asie et l’Europe. D’un côté l’agilité. De l’autre
l’inertie au changement. Un time to market beaucoup trop long. Dans ce contexte il devient primordial
pour le directeur financier et ses équipes :
– de produire moins de reporting figés (dans les formats et dans les durées) et tournés vers le
passé ;
– d’intégrer plus d’indicateurs métier, des données de marché, etc. ;
– d’élaborer plus de tableaux de bord évolutifs tournés vers l’avenir.
Beaucoup d’entreprises ont d’ailleurs renoncé à faire des budgets et des business plans.
Exemple 3
Francis Bouygues disait à ses équipes « N’acceptez pas ce que vous ne comprenez pas ! ». Dans notre
groupe nous nous en sommes inspirés. Nous avons été encouragés par la direction générale à forcer les
opérationnels à être plus explicites, à toujours rechercher ce qu’ils ont derrière la tête, à comprendre à
quoi ils pensent vraiment… à ne jamais rester sur des non-dits…
Nous avons aussi simplifié les reporting et élagué beaucoup de tableaux. À la place nous élaborons
des plans d’actions et nous les mesurons. Un plan d’action doit en principe être achevé en 6 mois.
Exemple 1
Intégrer dans ses scénarios des stratégies de ruptures (produits/distribution/géographies) avec les bons
niveaux de Capex, de frais généraux et de financements associés.
Suivre et optimiser son BFR c’est bien. Tarder à réagir suite à un changement de business model peut
condamner l’entreprise en quelques mois. Beaucoup d’entreprises font le choix d’aller se positionner
dans des pays émergents où la concurrence est plus forte… Pas d’autres choix ? Les pays émergents (la
Chine en particulier) permettent de faire du volume mais dans ces marchés il n’est pas possible de
reproduire les mêmes taux de marge qu’en Europe. Celles-ci ont tendance à baisser. Beaucoup
d’entreprises l’ont expérimenté à leurs dépens : le résultat croît fortement en valeur mais les marges
baissent en pourcentage avec un effet dilutif (en plus du fait qu’il faut souvent partager la marge avec le
partenaire local et se soumettre à des règles très strictes de contrôle des changes dans certains pays,
bloquant en pratique toute perspective de rapatriement du résultat).
Le rôle du directeur financier conquérant dans cette situation a été d’anticiper et de challenger les
scénarios ? de proposer ou de trouver des baisses de coûts ailleurs ? sur les frais généraux ? et pour
chaque économie de déterminer avec des raisonnements de bon sens étayés de chiffres si c’est
possible de réaliser à terme cette économie ? si c’est réaliste ?
Exemple 2
Introduire dans ses indicateurs une notion de cash quelque part… Beaucoup d’entreprises l’ont déjà
fait avec des indicateurs sur le BFR par exemple. Des directeurs financiers conquérants ont cherché à
compléter les indicateurs traditionnels par une notion de rentabilité des capitaux investis ou rentabilité
des capitaux employés (RCE).
Exemple de calcul : RCE = Résultat d’exploitation/(Actif immobilisé + BFR)
Beaucoup de variantes sont possibles dans les calculs selon que l’on considère ou pas les actifs
immatériels, le goodwill, etc.
Le directeur financier conquérant a préféré simplifier au maximum ses calculs et a ensuite comparé cet
indicateur à un panel de sociétés françaises cotées : Legrand, Seb, Michelin, Schneider Electric, Bic,
etc. Il a dû essuyer les quolibets des autres membres du comité de direction lui indiquant que ces
entreprises n’étaient pas dans le même secteur d’activité. Le directeur financier conquérant leur a
répondu gentiment et calmement : « C’est exact nous ne sommes pas dans les mêmes secteurs mais nous
avons le même profil actionnarial (entreprise familiale) et nous sommes très mondialisés… ». Il est
allé au bout de l’exercice chiffré et a pu présenter le résultat de ses calculs à son DG. L’entreprise a
tiré de nombreux enseignements et un très grand bénéfice de cet exercice de benchmark. La pugnacité
du directeur financier et de ses équipes sur ce point a été remarquée et récompensée.
Beaucoup d’informations chiffrées sont disponibles sur internet. Pas que sur les groupes du CAC 40…
Beaucoup sur le mid cap également. Chacun peut facilement se « benchmarquer ». C’est surtout une
question de volonté.
Exemple 3
Chiffrer et intégrer dans sa veille stratégique les innovations technologiques dans les produits, les
évolutions des prix pratiqués par la concurrence suffit-il transformer à coup sûr la direction
financière en une machine à générer du profit et du cash ? à faire gagner l’entreprise. En d’autres
termes suffit-il d’avoir les bons produits aux bons prix ? Parfois oui ; parfois non. Dans beaucoup de
secteurs il faut en plus tenir la distribution. Tenir le linéaire comme on dit dans la grande
distribution… Certaines entreprises savent très bien le faire. Elles ont différentes marques et gammes
de produits et elles occupent 95 % du linéaire. Le groupe Seb par exemple est un champion dans ce
domaine avec ses marques Seb, Moulinex, Tefal, Krups, Rowenta pour les plus connues. Des
entreprises de taille plus modeste également. Exemple : la société La Brosse et Dupont qui tient le haut
du pavé dans des rayons (moins connus mais tout aussi importants) tels que Coiffure, Hygiène et
Beauté, Maison, Mercerie et Chaussant.
Tenir le linéaire c’est beaucoup de travail en amont : créer des marques, des gammes différenciées,
sortir et renouveler les produits, avoir une force de vente bien formée et bien motivée pour quadriller
le terrain… Tenir le linéaire coûte de l’argent : c’est beaucoup de détails à gérer, tous les produits ne
sont pas rentables, etc. Tenir le linéaire c’est un investissement à moyen terme qu’il faut entretenir et
gérer comme tel. Mais tenir le linéaire c’est aussi et surtout moins de souci pour le chef de rayon.
Quelqu’un s’occupe avec lui de son rayon ; qui le conseille et le rassure. C’est plus facile de sortir les
concurrents ou de les contenir dans des rôles modestes. Conséquence de la sécurité apportée pour le
retailer le rayon est, en théorie, moins challengé sur les prix. Les marges sont en principe plus élevées.
Comment le directeur financier peut-il savoir si l’on tient vraiment le linéaire si de temps en temps il
ne se déplace pas lui-même dans les rayons ? Conséquence pour les directeurs financiers conquérants
de ces entreprises : ils doivent se déplacer, voir eux-mêmes et comprendre ce qui se passe
concrètement sur le marché, intégrer des indicateurs externes dans les tableaux de bord, etc.
En résumé, le directeur financier conquérant est celui qui sort de son bureau et qui va chercher
l’information sur le terrain, en amont des systèmes d’information et des livres comptables. Celui qui sait
mettre les capteurs aux bons endroits.
Le directeur financier conquérant est celui qui élabore et anime des plans d’actions. Consacrer plus de
temps à l’externe c’est autant de temps passé en moins en interne. Le directeur financier conquérant est
celui qui simplifie, qui élague, qui accepte de renoncer à certains reporting/tableaux de bord, notamment
ceux tournés vers le passé. C’est enfin quelqu’un qui délègue plus à ses équipes et qui sait les faire
progresser.
En un mot le directeur financier conquérant est heureux et fier de son métier car il trouve en permanence
le bon équilibre dans l’organisation de son temps entre l’interne et l’externe.
Facile à dire… Plus difficile à faire !
David BRAULT,
fondateur et président d’Objectif Cash
1. Source : étude réalisée par Objectif Cash auprès de son réseau de plus de 10 000 directeurs financiers.
Présentation des auteurs
Executive summary
►► On ne débute pas en tant que directeur financier, on le devient à une étape de sa
carrière. Les directeurs financiers ont des profils variés : contrôleur de gestion, chef
comptable, auditeur, etc. Leur domaine d’intervention est large et déborde fréquemment la
simple production et analyse de données chiffrées.
►► Qui est le directeur financier ? Nous commencerons dans ce premier chapitre par définir
son origine, ses attributions, sa place dans l’entreprise et les compétences qui lui sont
nécessaires.
La figure 1.2 retrace les trois grandes compétences liées au domaine financier. Souvent, en plus de son
métier d’origine, le DAF a développé au cours de sa carrière une seconde expertise et il lui manque la
troisième.
En accédant à la direction financière, il lui revient de se donner un axe de progression personnel et de
recruter des profils complémentaires.
Son métier d’origine est souvent lié à la comptabilité ou au contrôle de gestion, le nouveau directeur
financier éprouve tout d’abord le besoin de se former aux différentes techniques financières.
– Il utilise certaines de ces techniques de façon régulière : Il fait l’analyse financière de son
entreprise, de fournisseurs ou de clients, de concurrents ou d’une cible. Il assure lui-même, ou
supervise, la gestion de trésorerie et des financements. Il doit maîtriser les calculs de rentabilité
d’investissements et le mode d’élaboration de prévisions financières à moyen terme.
– Il en utilise d’autres de façon a priori plus occasionnelle. Il doit être familiarisé avec les
méthodes d’évaluation en cas de rachat ou de vente d’entreprise, d’augmentation de capital. Il
utilisera les techniques d’ingénierie financière des capitaux propres lors de l’entrée d’un nouvel
actionnaire, d’un rachat de l’entreprise par LBO, de la restructuration du groupe (fusions internes,
filialisation d’activités…). Même si ces opérations nécessitent l’intervention d’un conseil
externe, le directeur financier est tenu de collaborer avec ce conseil, de donner un avis sur ces
opérations à la direction générale…
Nous verrons au chapitre 3 comment le directeur financier participe à la définition et à la mise en œuvre
de la politique financière.
L’essentiel
►► Les 4 degrés de la fonction directeur financier permettant à celui-ci de se positionner
dans l’entreprise sont les suivantes :
– il assure les fondamentaux ;
– il améliore la performance de la direction financière, business partner ;
– il participe à la mise en œuvre de la stratégie ;
– il participe à la définition de la stratégie économique et financière.
►► Il convient de développer de nouvelles compétences, tant techniques (techniques
financières, approche par les processus,…) que managériales ou de communication.
Chapitre 2
Executive summary
►► La prise de fonction est une étape clé pour réussir dans son métier. Neuf fois sur dix les
causes d’échecs des directeurs financiers sont liées au fait que le périmètre de responsabilité
et d’action du directeur financier a mal été cerné dès le départ.
►► À partir d’un cas pratique, ce chapitre traite des difficultés liées à la prise de fonction du
directeur financier. Il propose ensuite un certain nombre de pistes de réflexion et d’outils pour
faciliter celle-ci. Ce chapitre s’adresse aussi aux directeurs financiers en poste qui veulent
repartir du bon pied et donner un nouvel élan à leur fonction.
Cas d’entreprise
Périgord Extractions
La société Périgord Extractions (PE) est basée, comme son nom l’indique, dans le Périgord. Elle a
été créée en 1985. À l’époque, elle faisait partie d’un grand groupe et appartenait à la division Eva,
devenue Groupe Eva lorsque la division a été vendue au Crédit Lyonnais. Eva a ensuite été revendue
à un fonds d’investissement. En juillet dernier, le fonds a cédé le contrôle de PE à un autre fonds
d’investissement. Le PDG fondateur a quitté l’entreprise. L’ancien DG est devenu PDG. La société
est spécialisée dans l’extraction de produits chimiques à partir de plumes de canard. À partir d’un
même processus industriel, la société extrait trois sous-produits différents et un certain nombre de
produits dérivés (12 au total) qui sont commercialisés sous la forme de produits solides ou liquides
auprès des industries cosmétique, pharmaceutique, agroalimentaire et chimique. La société a un
nombre limité de clients et de fournisseurs. Les principaux postes de charges outre l’acide
chlorhydrique et la soude, sont l’énergie, les salaires et charges, et les dotations aux amortissements
(sur un total d’immobilisations brutes de 30 M€ environ). La société a réalisé l’année dernière un
chiffre d’affaires (CA) de 16,7 M€ à comparer à un CA de 16 M€ l’année précédente. Le CA est
réparti sur un ensemble de 120 clients environ avec peu de risques de défaillance (grands groupes).
La société est profitable puisqu’elle a réalisé l’an passé :
– une marge brute égale à 85 % du CA environ,
– un EBITDA égal à 25 % du CA environ,
– un EBIT égal à 13 % du CA environ.
Cette année, les prévisions de résultat exprimées en pourcentage du CA ont été diminuées de 2 % par
rapport à l’année N – 1 (11 % au lieu de 13 %) du fait de l’augmentation du prix des matières
premières (produits chimiques).
La plume de canard n’est en général pas achetée. Au contraire, ce sont les abattoirs qui rémunèrent
PE pour enlever leurs déchets. La capacité de production de l’usine du Périgord est de 400 tonnes
par an.
La production actuelle est de 280 tonnes par an environ.
Le processus industriel dure 6 à 7 jours environ. Les encours de production sont limités (120 K€
environ).
Le service administration et finance
Jusque très récemment (la sortie du Groupe Eva), la comptabilité était tenue localement mais la
direction financière était assurée directement au niveau du Groupe Eva (notamment la paye, la
trésorerie, etc.).
Le processus de cession, engagé depuis le début de cette année, a eu pour conséquence la création
d’un poste de DAF (directeur administratif et financier). Un recrutement a été lancé par le vendeur.
Le poste a été pourvu quelques jours avant le closing (le 20 juillet).
Vous avez rejoint l’entreprise en qualité de directeur financier, et il vous incombe de créer la
fonction direction financière de la nouvelle entité qui devient autonome. Vos premières missions sont
les suivantes :
– veiller à la préparation de plusieurs clôtures (30 juin, 20 juillet, 31 août),
– créer la holding financière PE,
– participer aux négociations de la dette senior,
– mettre en place l’intégration fiscale, etc.
Vous êtes secondé par une petite équipe relativement autonome sur le plan de la production
comptable et de la préparation du reporting mensuel. Cette équipe est composée d’une responsable
très expérimentée et de deux aides-comptables. Votre PDG envisage que vous preniez en charge, dès
votre embauche, la mise en place d’un certain nombre d’outils de pilotage :
– trésorerie (actuellement il n’existe pas de prévisions de trésorerie dans l’entreprise),
– intégration fiscale,
– immobilisations,
– paye,
– consolidation.
Et ceci, selon un calendrier de mise en production s’étalant de fin octobre à fin mars. L’objectif étant
de rendre rapidement PE autonome par rapport au Groupe Eva (actuellement l’entreprise bénéficie
encore du support de son ancienne maison mère sur certains sujets).
À noter que la comptabilité est tenue sur Calme 500 (avec utilisation du module Gescom sur la partie
Clients mais pas encore sur la partie Fournisseurs). Un des projets pour l’année prochaine est de
migrer sur un autre système (la gamme Calme 500 n’étant plus maintenue).
Par ailleurs, la société ne dispose pas d’une GPAO, car le processus de production est simple (un
seul pour toutes les fabrications). Les services de production ont développé un certain nombre de
feuilles de calculs sur tableur pour l’ordonnancement et le suivi des fabrications.
La société gère une comptabilité par type de produits. Cette comptabilité analytique est plus utilisée
pour valoriser les produits finis en stock que pour calculer les prix de revient et les prix de vente,
qui répondent à des logiques de marchés, souvent mondiaux (10 % des ventes sont notamment
réalisées en Asie, d’où la mise en place de couvertures de change).
Le contrôle de gestion et le contrôle budgétaire étaient exercés, jusqu’à la reprise récente,
directement au niveau du Groupe Eva. Un des enjeux de la création du poste de DAF est
d’approfondir le contenu des chiffres, de les fiabiliser, notamment en participant activement au
processus budgétaire qui va démarrer prochainement.
Par exemple, le budget était anciennement produit par le seul DG selon un niveau de détail moins fin
que le niveau de détail du reporting mensuel. De même, il effectuait lui-même les commentaires sur
le reporting mensuel (produit sur tableur).
Votre mission
C’est dans le contexte de votre prise de fonctions que les nouveaux actionnaires de la société PE
vous appellent. Ils seront sur place la semaine prochaine pour faire un point sur différents sujets, et
notamment sur la trésorerie. Ils sont très inquiets car votre PDG (ancien DG) vient de leur apprendre
que plusieurs commandes et projets significatifs prévus pour la fin de cette année sont arrêtés, en
plus d’une forte dégradation des marges sur le premier jet du reporting de septembre. Vous n’étiez
absolument pas au courant et cela les inquiète. Ils ont de grosses interrogations sur l’atterrissage à fin
d’année et sur les deux premières échéances de dettes à payer (fin octobre et début mars).
Ils profitent de vous avoir au téléphone pour émettre quelques doutes sur la fiabilité des prévisions
qui leur ont été communiquées il y a quelques semaines, et vous parlent même d’envisager de faire
jouer la garantie de passif (ils vous demandent à ce stade de garder ceci pour vous).
De plus, ils sont en train de regarder avec votre PDG une acquisition en Espagne d’un de vos
concurrents dans le secteur (une division d’un grand groupe qui serait filialisée). Ce grand groupe est
déjà passé aux IFRS. Pour des questions de comparabilité des chiffres, ils vous demandent de
regarder ce qu’impliquerait, en termes de charge de travail et d’impact sur les comptes, le passage
aux IFRS chez PE.∊
Vous avez été recruté par le vendeur. Ils ne vous connaissent pas encore et veulent profiter de cette
occasion pour faire votre connaissance. Ils vous demandent de préparer la réunion et de leur
présenter votre plan d’actions pour les prochaines semaines.
Nous proposons ci-dessous deux corrigés. Au lecteur de se faire sa propre opinion. La mise en
perspective sous forme de tableau de synthèse du plan d’actions (corrigé 1) clarifie la situation.
PROPOSITION DE CORRIGÉ NO I
Contexte de l’entreprise : votre diagnostic
– Une activité profitable : EBITDA : 25 % du CA et EBIT : 13 % du CA.
– Érosion des marges due à l’augmentation du coût des matières premières.
– Un processus de production simple et court (6 à 7 jours).
– Absence de risque clients (les clients sont de grands groupes).
– Nombre limité de clients et de fournisseurs.
– Inquiétude générale des actionnaires, nécessité de les rassurer.
Contexte de la fonction financière
– L’entreprise acquiert son autonomie sur les fonctions de la trésorerie et de la paie.
– Sortie de la dépendance de l’ancienne société mère.
– Forte dépendance de tableurs pour la production de chiffres.
– Équipe comptable relativement autonome.
Tableau 2.1 – Plan d’actions du directeur financier arrivant en fonction
L’identification des principaux risques auxquels est soumise l’entreprise est une des priorités qu’il
faut savoir gérer. Le directeur financier doit trouver le bon équilibre car la gestion de ces risques
l’amène souvent à sortir du périmètre de sa fonction.
PROPOSITION DE CORRIGÉ NO II
I – Éléments pour le diagnostic opérationnel et financier
I.1 À propos de l’entreprise
– La société est très profitable. Vraisemblablement les nouveaux actionnaires l’ont payé cher.
– La baisse soudaine du carnet de commandes et du CA crée une gêne légitime chez les
nouveaux actionnaires. Il convient de crever rapidement l’abcès afin que cette suspicion ne se
transforme pas en défiance. Cette baisse est-elle structurelle ou passagère ? Aurait-elle pu
être détectée ou anticipée au moment des audits d’acquisition ?
– Soit les actionnaires ne savent pas exactement ce qu’ils viennent d’acheter et la priorité no 1
consiste à le leur expliquer rapidement avec l’appui des données objectives et détaillées.
– Soit les actionnaires le savent mais ont tendance à paniquer et la priorité no 1 consiste à créer
un climat de confiance et de sérénité propice à un travail de qualité notamment pour tout ce
qui concerne les prévisions d’exploitation et de trésorerie.
I.2 À propos du contexte particulier que traverse l’entreprise
– D’un côté, il y a urgence (une première échéance de dette senior au 31 octobre).
– D’un autre côté, il y a une dégradation significative du CA. À ce stade on ne sait pas si elle
est de nature à remettre en cause la pérennité de l’entreprise (la perte de CA a-t-elle un
impact sur la marge brute ? l’entreprise repasse-t-elle sous son point mort ?). S’agira-t-il
simplement de renégocier un étalement de la dette senior ou s’agira-t-il de remettre en cause
tout le montage financier ?
II – Éléments pour le plan d’actions
I.1 À très court terme (2 à 3 semaines)
– Poser la question de confiance à l’équipe qui doit se mobiliser pour redresser la situation.
L’équipe est-elle vraiment mobilisée ? Au contraire est-elle passive ?
– Approfondir dans le détail le dernier arrêté comptable. Vérifier s’il n’y a pas en plus d’une
dégradation du CA une dégradation des marges ou un effet de cliquet. Vérifier notamment si
la dégradation est liée à des éléments structurels ou exceptionnels.
En fonction des réponses à ces questions, commencer à documenter un dossier pour
éventuellement faire jouer la garantie de passif vis-à-vis des précédents actionnaires ce qui
mettrait très mal à l’aise le nouveau PDG qui n’a pas pu ne pas savoir qu’une partie du CA
était sujette à caution.
– De plus, s’il y a un flottement dans la concrétisation des ventes/projets et dans les prévisions
de CA, il y a fort à parier également qu’il y a intérêt à regarder plus en détail les comptes
clients (les stocks ne semblent pas un enjeu). Y a-t-il des retards significatifs ? Faut-il
prendre des mesures pour relancer certains clients ?
– Relire en détail le contrat de prêt avec la banque qui a financé l’acquisition (covenants/ratios
bancaires). Quelles sont exactement les obligations d’information vis-à-vis d’elle ? Que doit-
on lui communiquer et à quelle échéance ? A-t-on une obligation de l’alerter si une
dégradation significative des conditions d’activité se produit ? Il faudra vraisemblablement
l’informer de la situation mais a priori à ce stade, c’est plutôt aux actionnaires à le faire en
off.
– Mettre en place un calendrier de réunions formelles et informelles avec les nouveaux
actionnaires (ou leur représentants) et le PDG pour faire régulièrement le point sur la
situation et les travaux en cours (a priori un point hebdomadaire s’impose).
– Lancer le nouveau PDG et l’ensemble du service commercial sur un plan de redressement des
ventes.
– Comment concrètement vont-ils compenser la perte de commandes significatives ? Quelles
actions ont déjà été lancées ?
– l’analyse du carnet de commande,
– l’analyse du pipe ce qui est en cours de négociation mais pas encore signé,
– l’analyse de la concurrence : peut-on augmenter les prix ? Selon quels détails ? Sur
quels clients/produits en priorité ?
– Afin de sécuriser l’échéance au 31 octobre, si l’on ne peut pas tirer sur le découvert,
commencer à prendre des contacts discrets pour mobiliser rapidement tout ou partie des
créances clients (affacturage). Compte tenu des délais très courts et afin d’éviter de se
disperser, il est préférable d’avoir recours à un courtier spécialisé qui effectue la mise en
concurrence pour le compte de l’entreprise.
– Sortir un premier jet de prévision de trésorerie qui sera enrichi ensuite au fur et à mesure des
scénarios et de l’approfondissement de la connaissance de la société, de ses flux
d’encaissements et de décaissements.
II.2 À court terme (1 mois /6 semaines)
– Constituer les dossiers pour la société de factoring retenue après l’appel d’offres.
– Soumettre un business plan révisé intégrant les données validées :
– en termes de CA,
– en termes de marge.
Le projet d’acquisition d’un concurrent peut justifier la réouverture d’une négociation avec le
banquier senior qui préférera financer une acquisition que de rééchelonner la dette initiale.
En revanche, une acquisition ne s’effectue pas en quelques semaines. De plus, si l’acquisition d’un
concurrent peut permettre de créer rapidement des synergies commerciales, a priori compte tenu des
surcapacités du site du Périgord, il n’y aura pas ou peu de synergies industrielles à trouver
rapidement. Sauf à faire produire et livrer du Périgord des commandes que la future filiale espagnole
n’est pas capable immédiatement d’assurer elle-même.
– Enrichir au fil de l’eau la qualité de la prévision de trésorerie et vérifier si compte tenu de
tous les éléments maintenant beaucoup mieux maîtrisés, l’échéance d’octobre peut être
assurée.
III – Messages à faire passer en off aux nouveaux actionnaires
– D’une manière générale, on ne traite pas dans l’urgence de problématiques de trésorerie avec
un PDG qui travaille un peu tout seul dans son coin (reporting/projet d’acquisition) et qui ne
donne pas toutes les informations à son directeur financier.
Une des priorités du plan d’actions sera de créer rapidement les conditions d’un vrai dialogue entre :
– les nouveaux actionnaires,
– le PDG,
– le directeur financier, afin de pouvoir ensuite résoudre les difficultés en toute
transparence et surtout en équipe.
– Si des éléments exceptionnels ou structurels ont permis en à peine deux mois de dégrader
significativement le carnet de commandes ou le CA de l’entreprise, il est peut-être utile de
reprendre les dossiers élaborés au cours de l’audit d’acquisition, voire de revoir rapidement
l’équipe qui a procédé à l’audit pour faire un point plus précis avec elle (notamment sur le
carnet de commandes, la première ligne du business plan).
– De même, il sera vraisemblablement utile pour la suite de savoir si cette perte de clients était
connue ou prévisible au moment de l’audit. Et si oui, de comprendre pour quelle raison ces
commandes ont été perdues et pourquoi les nouveaux actionnaires ne l’ont pas su plus tôt.
De plus, un des enjeux des prochaines semaines va être :
– De vérifier que les causes qui ont entraîné la perte de ces commandes ne vont pas entraîner
par contre coup la perte d’autres clients/commandes/projets (risque d’effet domino).
– De mesurer l’impact de la perte de ces commandes sur le compte d’exploitation et sur le
carnet de commandes (impact immédiat ou après un délai de prévenance).
– De mesurer les impacts dans le temps sur la trésorerie à court et moyen terme. La perte
brutale de chiffre d’affaires a, en général dans les activités consommatrices de BFR, un
impact positif immédiat sur la trésorerie. En revanche, dans une activité très profitable, la
perte de chiffre d’affaires entraîne immanquablement une perte de trésorerie.
– L’acquisition d’un concurrent est peut-être une très bonne décision sur le plan stratégique. En
revanche, à très court terme, ce peut être un facteur de dispersion (voire de fuite en avant). La
priorité du moment est plutôt de rétablir une crédibilité vis-à-vis des actionnaires sur le cœur
de métier tant en terme de solidité du chiffre d’affaires que des marges.
– Enfin, si la situation paraît difficile, elle n’est pas désespérée. Mieux vaut souvent crever
l’abcès dans les 100 premiers jours, tout remettre à plat rapidement et repartir sur de bonnes
bases, que de découvrir chaque mois de nouvelles choses dans un contexte de crise larvée où
personne n’ose trancher.
Dans ce contexte d’absence de visibilité sur la trésorerie, la priorité no 1 est de dégager l’horizon de
l’entreprise en termes de prévision de trésorerie et de jouer sur tous les leviers d’actions dont
l’entreprise dispose : recouvrement des créances impayées, mobilisation de créances, etc. mais pas
de mettre en place des IFRS ni des systèmes d’information sophistiqués. Ces projets n’ont pas un
caractère d’urgence et seront pour plus tard.
Fiche pratique
Responsabilité non
Vous Vous
Tâches assumée par le
assumez déléguez
service
Comptabilité générale
Comptabilité analytique
CG Industriel/PRI
Contrôle budgétaire
Reporting mensuel
Commentaires sur le reporting
Fiscalité/calculs d’IS
Déclarations fiscales et sociales
Système d’information de gestion
Recrutements de nouveaux collaborateurs
Recrutements d’intérimaires
Budget
Forecasts/reprévisions
Relation avec les banques
Plan stratégique
Relations avec les CAC
Gestion de la trésorerie au jour le jour
Prévision de trésorerie
Recouvrement clients
Litiges/contentieux
Provisions sur stocks et clients
Relations fournisseurs
Relations actionnaires
Relations top management
Relations avec les autres services
4e thème : si vous pouviez changer les choses, vous changeriez…
Pour être plus efficace dans son travail, le service aurait le plus besoin (plusieurs réponses possibles,
se limiter à trois maximum) :
– de temps,
– de décaler certains projets non prioritaires,
– de ressources supplémentaires, d’embauches,
– de formations pour les équipes,
– de participer à la stratégie,
– de systèmes qui fonctionnent,
– d’une meilleure répartition des responsabilités avec les autres services (par exemple :
récupérer le contrôle de la facturation ou du recouvrement),
– d’une meilleure entente avec les services opérationnels,
– de la considération et du respect pour le service par la DG (par exemple : un meilleur
positionnement du service dans l’organigramme),
– d’une écoute et de la confiance de la part des actionnaires ou du siège,
– d’une meilleure organisation de la société en général,
– de freiner la croissance pendant 18 mois,
– de rémunérations plus attractives dans le service (par exemple : intéressement ou primes de
bilan),
– de procédures plus strictes (par exemple : pour les commerciaux),
– d’un management qui prenne des décisions,
– que le siège arrête de nous harceler avec des demandes permanentes,
– de rien,
– autres (précisez).
L’essentiel
►► La prise de fonction est une étape clé pour réussir dans la fonction. Le directeur
financier doit faire preuve d’exigence avant de démarrer sa nouvelle fonction, notamment pour
bien analyser les causes d’échecs de ses prédécesseurs et ne pas les reproduire.
►► Au-delà des aspects juridiques traités dans le contrat de travail, des délégations de
pouvoir et de signature remis à jour régulièrement, les points les plus cruciaux à anticiper, si
possible par écrit, sont les suivants :
– Quels sont les objectifs du nouveau directeur financier à un horizon de 6 mois ?
– Selon quels critères pourra-t-on dire qu’il a réussi dans sa mission ?
– Comment ces objectifs se répartissent entre la gestion courante de l’entreprise
(animation des équipes, reporting, suivi de la trésorerie, etc.) et la mise en œuvre de
projets spécifiques (recherche de financements, changement de système d’information,
participation à une opération de croissance externe, etc.) ?
– En d’autres termes ces objectifs sont-ils réalistes ?
Chapitre 3
Executive summary
►► Les objectifs d’une politique financière sont d’améliorer la performance économique, de
sécuriser les financements, de procurer la rentabilité attendue aux actionnaires. Bien entendu,
Ce sont les actionnaires, propriétaires de l’entreprise, qui en dernier ressort fixent les
objectifs en la matière.
►► Le directeur financier joue toutefois un rôle central en participant à son élaboration et
en la mettant en œuvre au travers des choix d’investissements et de financement.
Exemple
Une entreprise fabriquant des cagettes est le résultat de la fusion de plusieurs sociétés. Chacun des
anciens dirigeants est désormais actionnaire et administrateur. L’entreprise réalise des pertes depuis
trois ans, en raison de la multiplicité des sites de production. Par sentimentalisme ou amour-propre,
chaque administrateur refuse la fermeture de son ancien site de production. Le directeur financier doit
insister à plusieurs reprises, études chiffrées à l’appui pour faire accepter la réduction du nombre de
sites, condition de survie de l’entreprise.
Il doit accepter de mettre en œuvre les décisions des actionnaires, sans toutefois renoncer à son rôle de
sensibilisation ni à veiller à la pérennité de l’entreprise.
Exemple
Échaudé par les multiples refus bancaires de crédit au démarrage de son entreprise, un dirigeant de
PME persiste à autofinancer la plus grande part de ses investissements. Toutefois, son entreprise est
entre-temps devenue profitable et courtisée par l’ensemble des banques de la place. Le directeur
financier fait valoir sans succès les avantages d’un effet de levier maîtrisé : maintien d’une capacité
d’investissement, amélioration de la trésorerie, capacité de versement de dividendes…
Le directeur financier applique ensuite la politique voulue par les actionnaires en mettant en œuvre
directement ou en participant à des plans d’actions : ouverture du capital, choix d’investissement,
négociation de lignes de crédit, en assurant également la relation avec les actionnaires et les banques.
La figure 3.1 indique que la politique financière repose sur trois types de décisions qui sont en
interaction :
– Des investissements importants peuvent nécessiter de nouveaux financements externes ou justifier
une diminution momentanée des dividendes.
– A contrario, des désinvestissements sont motivés par la volonté de se désendetter ou peuvent
générer le paiement d’un super-dividende.
– Le recours à l’endettement permet d’augmenter le montant de dividendes ou de limiter l’apport en
capitaux propres.
Les actionnaires peuvent avoir des objectifs très différents quant à la politique financière :
– maximiser la rentabilité sur leurs apports ;
– financer le développement en gardant le contrôle de l’entreprise ;
– assurer la pérennité de l’entreprise, notamment en privilégiant la mise en réserve des bénéfices et
des apports élevés,….
La participation à la politique financière amène le directeur financier à intervenir à la fois à l’actif et au
passif. Il doit en définir les priorités en fonction des particularités de l’entreprise.
Dans une activité fortement capitalistique, la priorité sera de trouver les financements nécessaires aux
investissements. Le directeur financier veillera également à optimiser le rythme des investissements pour
éviter à la fois qu’un renouvellement trop rapide ne pèse trop sur la trésorerie et un vieillissement des
immobilisations préjudiciable à la compétitivité.
Exemple
Dans une activité très capitalistique, le nouveau directeur financier améliore la trésorerie en
rapprochant la durée des financements à LMT de la durée de vie économique des actifs financés. Ses
prédécesseurs avaient pris l’habitude de financer des immobilisations d’une durée de vie de 10 ans par
des emprunts sur 3 à 5 ans.
Dans une entreprise sous LBO, la priorité est de maximiser le flux de trésorerie disponible grâce à
l’amélioration des marges et à une bonne gestion du BFR pour remonter les dividendes permettant le
remboursement de la dette d’acquisition.
Dans une PME familiale en croissance, la volonté des actionnaires est souvent de financer cette
croissance tout en préservant l’indépendance de l’entreprise au niveau de son capital et des banques.
Dans une entreprise à trésorerie excédentaire, l’accent est mis sur la politique de placement arbitrant
entre risque et rentabilité.
Dans les activités à BFR élevé, la priorité porte sur sa bonne gestion et son financement.
Promouvoir la rentabilité
La rentabilité financière (Rf) mesure la rentabilité des capitaux propres confiés à l’entreprise par les
actionnaires. Notons que ce ratio ne mesure pas nécessairement la rentabilité pour les actionnaires
actuels.
Si les actionnaires actuels ne sont pas ceux d’origine, ils ont le plus souvent payé leur participation à un
prix supérieur à la valeur comptable des capitaux propres. Il convient alors d’utiliser le ratio suivant :
Le ratio de rentabilité économique constitue également dans les groupes la mesure de la performance
d’ensemble du dirigeant d’une filiale ou d’un centre de profit. Il intègre tous ses leviers d’action, il ne
tient pas compte du financement qui le plus souvent est assuré par la maison mère.
Notons que le ROCE est devenu un indicateur utilisé parmi d’autre part l’administration fiscale pour
évaluer la pertinence des prix de transfert entre les filiales d’un groupe. Le prix de transfert doit assurer
un ROCE pertinent pour l’entité vendeuse. Ce raisonnement peut être également retenu auprès de la
Commission européenne pour justifier du respect des règles de concurrence, tout particulièrement en ce
qui concerne les éventuelles subventions croisées.
Bien entendu, les principaux leviers d’amélioration du ROCE varient selon les entreprises :
– dans une activité à BFR élevé, la priorité porte tout d’abord sur la maîtrise de la gestion des
stocks et du délai d’encaissement client ;
– dans une activité fortement capitalistique, le directeur financier cherchera à optimiser, en lien avec
la direction technique, le renouvellement des dépenses d’investissement, de façon à préserver la
trésorerie sans dégrader la performance industrielle ;
– la variabilisation des charges constitue une préoccupation majeure pour les activités cycliques,
afin de préserver le résultat en période basse d’activité.
La plupart des actions permettant d’améliorer la rentabilité relèvent des directions opérationnelles. Leur
mise en œuvre dépend donc de la capacité du directeur financier à influer sur ces différentes directions
(voir la notion de business partner au chapitre 1).
Nous verrons ultérieurement comment le directeur financier peut améliorer la rentabilité économique : le
chapitre 5 décrit la démarche et les leviers d’amélioration de la rentabilité économique et le chapitre 6
est consacré au développement de la culture cash, commune à toutes les politiques financières.
Exemple
Un patron de PME ayant une forte culture de production désire acheter une machine à découpe laser
« dernier cri » et savoure à l’avance le plaisir de l’avoir dans son usine. Après beaucoup d’efforts, le
directeur financier lui fait renoncer à cet investissement en lui démontrant que l’entreprise n’aura pas
l’activité suffisante pour le rentabiliser. Il est préférable de garder l’activité sous-traitée.
Le directeur financier doit imposer une procédure de sélection d’investissement à laquelle l’ensemble
des projets seront soumis, du moins à partir d’un seuil. Cette procédure a pour but d’évaluer la rentabilité
dans le cadre de différents scénarios et risques. D’autres éléments, non financiers, sont bien entendus
également pris en compte dans le choix d’investissement : cohérence avec la stratégie d’ensemble de
l’entreprise, incidences sociales et environnementales. N’oublions toutefois pas que la pérennité et la
performance à LT de l’entreprise reposent sur la sélection de projets rentables.
L’utilité d’une telle procédure est donc :
– d’apporter de la rationalité financière dans les choix d’investissement en sélectionnant des projets
a priori rentables ;
– d’optimiser l’utilisation d’un budget d’investissement par définition limité et ne permettant pas le
plus souvent de financer tous les projets a priori rentables. D’un point de vue purement financier,
il convient de sélectionner les projets les plus rentables ;
– de contribuer à la rentabilité d’ensemble de l’entreprise et par conséquent à sa pérennité. La
direction générale vous sera reconnaissante de l’aider à atteindre plus facilement les objectifs de
rentabilité assignés par les actionnaires.
Exemple
Le projet décrit ci-dessous porte sur le lancement d’un nouveau produit.
La dépense d’investissement se compose de l’achat d’un matériel pour 10 000 et d’études pour 3 000.
Les études étant comptabilisées en charge, elles génèrent une réduction d’impôt immédiate. La
réduction d’impôt relative à l’acquisition du matériel est quant à elle étalée sur la durée
d’amortissement.
La valeur estimée de revente du matériel à la fin de la 5e année est de 2 000. Le matériel étant
complètement amorti à cette date, la plus value taxable est égale au prix de vente. La durée de vie
estimée du produit est de 5 ans.
Le flux de trésorerie d’exploitation équivaut à l’excédent brut d’exploitation (EBE) après impôt et
variation du BFR.
FTE = EBE – Impôt sur les sociétés – Var du BFR
La dotation aux amortissements est d’abord déduite pour calculer l’impôt sur les sociétés car il s’agit
d’une charge déductible. Elle est ensuite réintégrée car elle constitue une charge non décaissable.
L’EBE est un indicateur d’excédent de trésorerie dont sont déduites toutes les charges d’exploitation
décaissables à l’exception des charges « calculées ». Il ne constitue toutefois qu’un indicateur de
trésorerie « potentiel » car il ne tient pas compte des décalages de paiement client et fournisseur. Il
convient donc de déduire la variation du BFR pour évaluer un flux de trésorerie d’exploitation réel.
Le besoin en fonds de roulement (BFR) représente les capitaux nécessaires pour financer le cycle
d’exploitation (stocks, crédit client, déduction faite du crédit fournisseur). Dans notre exemple, il est
estimé à 20 jours de CA HT. Pour l’année N, son montant est de : 7 000 × (20/360) = 389. Pour les
années suivantes, seule la variation du BFR est prise en compte, ainsi, pour l’année N+2, elle est égale
à [9 068 – 7 000] × (20/360) = 115.
À la fin de l’année N+5, l’intégralité du BFR est récupérée (+ 644) car l’exploitation du produit
s’arrête. Concrètement, les stocks sont vidés et les créances clients encaissées.
Un taux d’actualisation de 10 % est retenu, correspondant au niveau de risque du projet.
Le délai de récupération (pay back) calculé à partir des flux actualisés représente la durée nécessaire
pour récupérer la mise de fonds initiale. Il est ici égal à 3 ans et 9 mois. Au bout de trois ans, le flux de
trésorerie disponible actualisé et cumulé est de – 2 654, soit 9/12 du flux de trésorerie prévu de l’année
N+4 (12 mois × [2 654 / 3 477] = 9 mois). Cet indicateur constitue un indicateur d’évaluation du risque
car il incite à privilégier les projets dont le retour est le plus rapide. Il n’évalue pas la rentabilité
d’ensemble du projet car il ne prend pas en compte les flux postérieurs au délai de récupération.
La valeur actualisée nette (Van) est égale à la somme des flux de trésorerie disponibles, actualisés par
un taux adapté au niveau de risque du projet, elle est de 4 921 dans l’exemple ci-dessus. Un projet est
financièrement intéressant si sa Van est positive ou nulle. Elle représente le montant de richesse créée au-
delà de l’attente de rendement des investisseurs (représentée par le taux d’actualisation). Pour cette
raison, il s’agit davantage d’un indicateur de création de valeur que de rentabilité. En effet, un projet crée
de la valeur si sa rentabilité est supérieure à celle attendue par les investisseurs. La Van représente en
principe le critère de sélection principal car le but de toute décision d’investissement est de maximiser la
valeur créée.
Le taux de rentabilité interne (Tri) est le taux d’actualisation qui rend la Van égale à zéro. Le projet est
financièrement intéressant pour l’entreprise si le Tri est supérieur au taux d’actualisation retenu pour
calculer la Van, ce qui est le cas dans notre exemple : la rentabilité prévue du projet est de 22,9 % alors
que l’exigence de rentabilité n’est que de 10 %.
Taux 14 % 18 % 22 % 23 % 24 % 26 %
d’actualisation
Van 3 106 1 569 257 – 40 – 326 – 868
Les tableurs contiennent des fonctions permettant de calculer rapidement la Van et le Tri.
L’ indice de profitabilité (I p) est égal à la Van du projet ramenée au montant de l’investissement initial
(Van/I0). Il constitue le critère le plus abouti, deux projets peuvent avoir une Van identique tout en
nécessitant un investissement de départ très différent.
Les frais financiers étant fiscalement déductibles, le coût de la dette est exprimé après incidence de
l’impôt pour le comparer à l’attente de rendement des actionnaires. Pour un taux d’impôt de 30 %, le
CMPC est évalué à :
(40 % × 12 %) + [60 % × 5 % × (1 – 30 %)] = 6,9 %
L’attente de rendement des actionnaires se détermine sur les marchés boursiers à partir du MEDAF2. Ce
modèle repose sur le béta boursier (β) qui mesure la volatilité du cours de l’action comparée à celle de
l’ensemble d’un marché boursier de référence. Au plus le béta est important, au plus l’investissement est
risqué et le rendement attendu par les actionnaires élevé. Le béta dépend en grande partie du caractère
cyclique du secteur d’activité de l’entreprise. Le béta d’une entreprise non cotée se détermine à partir du
béta d’entreprises cotées comparables, il est ajusté au niveau de risque propre à l’entreprise. En
définitive, le rendement attendu par les actionnaires oscille habituellement entre 8 % pour une entreprise
d’un secteur non cyclique (par exemple secteur agroalimentaire) et 15 % pour une entreprise d’un secteur
cyclique (par exemple secteur informatique, des composants électroniques…).
Souvent, le directeur financier définit un taux d’actualisation normatif supérieur au CMPC :
– pour départager les projets lorsque le budget d’investissement ne peut tous les financer, ce qui est
fréquemment le cas ;
– pour répondre à une demande spécifique de la direction générale ou des actionnaires qui
souhaitent augmenter la rentabilité de l’entreprise.
Le tableau 3.1 nous montre qu’il détermine également des taux d’actualisation différenciés en fonction du
niveau de risque des projets. L’utilisation de taux différenciés repose sur un principe financier de base
selon lequel l’attente rendement des investisseurs est proportionnelle au niveau de risque du projet. Le
CMPC correspond alors au rendement attendu sur un projet de risque moyen correspondant au risque
d’ensemble de l’entreprise.
Tableau 3.1 – Des taux d’actualisation différenciés
Taux
Niveau de risque Exemples de projets
d’actualisation
Élevé CMPC + 4 % Innovation produit, nouvelle implantation géographique
Moyen CMPC Lancement d’un nouveau produit sur l’activité existante
Productivité industrielle ou administrative, renouvellement
Faible CMPC – 2 %
d’un matériel de production sur un marché à bonne visibilité
Fréquemment, les calculs de rentabilité sont réalisés par les responsables de projet eux-mêmes, pour la
plupart non financiers. Le directeur financier a alors intérêt à mettre à leur disposition un fichier sur
tableur réalisant ces calculs. Les chefs de projet éviteront ainsi de perdre du temps à concevoir un
modèle existant déjà et éviteront des erreurs de formule. Les transferts de fichiers entre personnes seront
facilités.
• Le plan de financement (figure 3.9) est le document central pour définir la politique financière. Il
retrace les flux de trésorerie annuels, il sert à prévoir le financement de l’activité et des
investissements (autofinancement, endettement, apports en capital) ainsi que la durée de
remboursement et les dividendes.
• Le bilan est un document « statique » et « en cumul ». Il a une double utilité :
– l’équilibre Actif = Passif permet de s’assurer de l’absence d’erreurs dans le plan de
financement,
– la majorité des ratios utilise des données du bilan.
• Les ratios permettent de vérifier que les décisions de financement inscrites au plan de financement
sont conformes aux normes bancaires d’endettement et aux objectifs des actionnaires.
Figure 3.9 – Le plan de financement
D’autres facteurs sont pris en compte par la banque pour sa décision de crédit :
– Bien entendu, l’évaluation du risque de crédit que représente l’entreprise et la confiance qu’elle
peut attribuer à ses dirigeants, tout particulièrement au directeur financier intègre et fiable.
– De l’existence d’actifs pouvant être apportés en garantie, par exemple de terrains ou bâtiments sur
lesquels une hypothèque peut être prise.
– Des garanties que le dirigeant personne physique, ou la maison mère, peuvent apporter à la
banque.
– Définir la capacité maximale d’endettement. Les investisseurs financiers privilégient
habituellement la maximisation du retour sur leur apport en capital. Pour cela, ils déterminent à
partir des flux de trésorerie prévisionnels du projet la capacité maximale de remboursement et
donc d’endettement. Ils limitent ainsi au maximum le montant de l’apport en capital. Le
tableau 3.2 détaille le calcul de la capacité maximale de remboursement :
– par prudence, l’excédent brut d’exploitation annuel est calculé dans une hypothèse basse de
résultat (low case business plan) ;
– par prudence également, le directeur financier vise l’autofinancement pour moitié de la
croissance du BFR ;
– les flux de trésorerie sont éventuellement minorés de décaissements incompressibles
(investissements de renouvellement devant être autofinancés, dividendes, etc.). Les flux de
trésorerie sont ensuite actualisés au taux d’emprunt après incidence de l’impôt sur les
sociétés et cumulés. En effet, les frais financiers ne sont pas déduits au niveau de
l’excédent brut d’exploitation ;
– finalement, la somme des flux actualisés constitue la capacité maximale de remboursement
des emprunts sur la période considérée. Cette période diffère évidemment selon la nature
des besoins de financement, par exemple, 5 ans pour le financement d’un matériel, 12 ans
pour un financement immobilier, etc.
Tableau 3.2 – Calcul de la capacité maximale d’endettement
– Vis-à-vis de certains clients, les banques financent par un prêt à MLT l’ensemble de leur besoin de
financement : immobilisations, BFR, pertes éventuelles de démarrage (cash flow financing). Le
montant emprunté se négocie alors à partir du plan de financement prévisionnel.
■ L’apport en capital
Des capitaux propres élevés sont un gage de pérennité. L’entreprise n’a aucune obligation de
remboursement à l’égard des actionnaires, elle n’est pas fragilisée par les remboursements d’emprunts.
Ils renforcent également la capacité d’emprunt de l’entreprise, la banque basant sa décision d’octroi de
crédit en partie sur le montant des capitaux propres de l’emprunteur. Par contre, ils peuvent avoir une
conséquence défavorable sur la rentabilité financière, l’entreprise se privant de l’effet de levier financier
provenant de l’endettement. En outre, des capitaux propres pléthoriques ayant pour contrepartie des
excédents de trésorerie à l’actif du bilan voient leur rémunération tendre vers le taux du marché
monétaire, bien inférieur à l’attente de rendement des actionnaires. C’est le syndrome de la société
« tirelire ». Pour cette raison, les actionnaires financiers demandent à ce que les excédents de capitaux
propres leur soient restitués sous forme de dividende exceptionnel ou de rachats d’actions.
Les sociétés par action (SA, société anonyme simplifiée et société en commandite) peuvent émettre des
actions de préférence régies par l’ordonnance du 24 juin 2004. Ces actions, régies par les articles L 228-
11 à L 228-20 du Code de commerce, confèrent à leurs titulaires des droits spécifiques, à titre permanent
ou temporaire. L’entreprise a une grande liberté pour déterminer les droits attachés à ces actions de
préférence, qui peuvent constituer :
– un double droit de vote (mais pas multiple) ;
– des droits pécuniaires : dividende prioritaire ou cumulatif, droit renforcé dans le boni de
liquidation ;
– des droits divers non pécuniaires : droit renforcé à l’information, octroi d’un poste dans les
organes de contrôle ou de direction.
Le dirigeant peut, par exemple, faire appel à une société de capital-risque pour financer sa croissance en
lui octroyant des actions à dividende prioritaire. Il pourra s’octroyer des actions à droit de vote double
pour ne pas perdre le contrôle de sa société.
■ L’apport en comptes courant d’associés
Ils constituent un prêt réalisé à l’entreprise par un actionnaire, personne physique ou morale et revêtent
des réalités diverses. Ils constituent parfois une simple avance de trésorerie au jour le jour, réalisée par
la société mère dans le cadre de la centralisation de trésorerie des entités du groupe (cash pooling). Dans
d’autres cas, il s’agit d’un prêt à LMT assorti d’une convention de blocage. La convention de blocage est
l’engagement écrit de l’actionnaire prêteur de ne pas exiger le remboursement avant la réalisation d’une
condition : remboursement préalable d’un crédit bancaire, apurement des pertes de départ dans les
capitaux propres. Cet engagement est le plus souvent requis par les prêteurs comme condition d’octroi de
leur crédit.
Exemple
Une société se constitue pour exploiter un grand magasin. Elle prévoit de ne réaliser des bénéfices
qu’à partir de la troisième année, le temps que l’activité soit suffisante pour couvrir la totalité des
coûts fixes. Comme condition de leur engagement de prêt à LMT, les banquiers exigent des
actionnaires qu’ils apportent en plus du capital un compte-courant d’associés destiné à couvrir les
pertes de démarrage. Par la convention de blocage, les associés s’engagent à ne retirer ces comptes
courant de l’entreprise qu’à partir du moment où les réserves sont devenues positives.
L’apport en comptes courant assortis d’une convention de blocage constitue juridiquement un prêt. Dans
leur analyse économique du risque, les prêteurs le considèrent toutefois fréquemment comme un apport en
capital à durée limitée. C’est le cas lorsque la convention prévoit que le remboursement du compte-
courant ne peut intervenir qu’après le remboursement d’autres crédits. Pour la société, il constitue un
mode de financement plus souple qu’un apport en capital car il est simplement remboursé à échéance ou
une fois que la condition est remplie. La réduction du capital par remboursement aux actionnaires est par
contre une procédure lourde modifiant les statuts et nécessitant une décision de l’assemblée générale
extraordinaire prise à la majorité des deux tiers. En l’absence de convention de blocage, les créanciers
peuvent douter de la pérennité de cette ressource.
■ L’autofinancement
L’autofinancement consiste à financer des investissements à partir des bénéfices mis en réserve. Il
présente l’avantage de préserver l’indépendance de l’entreprise vis-à-vis des banques. Toutefois, un
autofinancement abusif supprime les marges de manœuvre financières permettant de faire face à des
difficultés futures. Beaucoup de chefs d’entreprise ont eu l’occasion de regretter à un moment de la vie de
leur entreprise d’avoir autofinancé un investissement à un moment où ils disposaient d’excédents de
trésorerie et de devoir faire face quelques mois plus tard à des difficultés de trésorerie. Ce n’est pas
lorsque l’entreprise connaît des difficultés financières que les banques sont les plus enclines à octroyer
de nouveaux crédits. Du point de vue de l’actionnaire, l’autofinancement se traduit bien évidemment par
une baisse du montant de dividendes. En outre, il peut conduire à une baisse de la rentabilité pour
l’actionnaire lorsque les bénéfices sont réinvestis dans l’entreprise avec un rendement plus faible que
celui d’autres opportunités d’investissement.
L’essentiel
►► Le directeur financier joue un rôle essentiel dans la définition et la mise en œuvre de la
politique financière de l’entreprise. Cette politique a deux versants complémentaires :
améliorer la performance économique, sécuriser les financements, procurer aux actionnaires
la rentabilité attendue.
►► Il met en place les indicateurs permettant d’évaluer la performance économique au sein
de l’entreprise, le plus souvent : le ratio de rentabilité économique ou le flux de trésorerie
disponible.
►► Il impose une procédure de sélection des projets d’investissement basée notamment sur
l’évaluation de leur rentabilité.
►► Il sécurise les financements à MLT et à CT et propose des décisions en matière de
dividendes.
1. Ce ratio est souvent dénommé ROCE pour Return On Capital Employed dans les entreprises anglo-saxonnes.
2. Le livre Finance d’entreprise 2014 de Pierre Vernimmen (Dalloz) donne une explication détaillée du M EDAF (modèle d’évaluation des actifs financiers).
Chapitre 4
Participer à la stratégie
Executive summary
►► Pour contribuer à l’amélioration de la performance économique en tant que membre du
« Codir », le directeur financier doit bien connaître l’activité de l’entreprise et être familier
des outils et de la démarche d’analyse stratégique.
►► Il rappelle sans cesse les objectifs de rentabilité et contraintes de financement lors des
choix stratégiques.
La matrice Emoff peut également être utilisée pour détecter des risques majeurs pouvant mettre en péril la
pérennité de l’entreprise ce qui correspond à une mission du directeur financier qui est de préserver le
capital confié par les actionnaires. Avant de créer de la valeur, il faut s’efforcer de ne pas perdre la mise.
Le directeur financier peut saisir l’occasion d’élaborer la matrice Emoff pour lancer avec le Codir une
réflexion stratégique ou sa révision. Il peut proposer une réunion de brain storming pour éviter de donner
l’impression de vouloir prendre le leadership sur ce sujet sensible. Pendant toute cette démarche, il mise
sur la simplicité, le travail en équipe, la formulation et la communication. Il assure le rôle de secrétaire
de séance en classant les suggestions dans les différentes cases de la matrice. S’il ressent une résistance
au sein du Codir, il peut faire appel à un tiers, conseil en stratégie, qui jouera le rôle de facilitateur autant
que d’expert du sujet.
Le but est de recenser les forces et faiblesses de la société : soyez vigilants à ce que la séance ne tourne
pas à la seule critique mais soit aussi positive.
La stratégie se décline dans un ou plusieurs domaines d’activité qui sont autonomes et qui réunissent une
combinaison de facteurs clés de succès.
Exemple
Une entreprise de vente à domicile de produits surgelés définit les facteurs clés de succès nécessaires
pour réussir dans son métier :
• la capacité à entretenir une relation de proximité constante avec ses clients dans un but de
fidélisation, grâce à son équipe de télévendeurs et de livreurs ; et des programmes de
fidélisation ;
• une parfaite maîtrise de la logistique et de la gestion des stocks de manière à éviter des
surstockages coûteux et des ruptures dissuasives pour les clients. En effet, les clients qui
constatent des ruptures de stock avec ce mode d’achat particulier ont tendance à revenir à un
mode d’achat traditionnel ;
• la capacité à renouveler l’offre de produits cuisinés en permanence pour maintenir l’attractivité
des produits et accroître le panier moyen.
Le nouveau dirigeant d’une tannerie identifie au bout de plusieurs semaines dans l’entreprise le
principal facteur clé de succès. Il pensait initialement qu’il se situait au niveau de la production et
réalise ensuite qu’il se situe en réalité au niveau commercial. L’entreprise achète des peaux brutes et
ne sait qu’après les avoir tannées celles qui sont de premier choix et celles qui sont de second choix.
Elle parvient à revendre assez facilement et à un bon prix les peaux de premier choix. En revanche, la
commercialisation des peaux de second choix est beaucoup plus difficile. Le dirigeant réalise que
l’entreprise obtient le meilleur résultat les années où elle parvient à vendre à un bon prix et assez
rapidement les peaux de second choix. Le processus clé porte donc sur la commercialisation des peaux
de second choix.
Pour développer un avantage concurrentiel durable, l’entreprise doit mettre en œuvre une des trois
stratégies de base suivantes : un coût faible ou une différentiation ayant de la valeur pour les clients. Ces
deux stratégies peuvent également être mises en œuvre sur un segment de marché étroit, c’est la stratégie
de concentration sur une niche.
■ La matrice attraits/atouts
Également appelée matrice de Mac Kinsey, la matrice attraits/atouts (figure 4.5) classe les différents
DAS en fonction d’une évaluation de leurs attraits et des atouts dont l’entreprise dispose. La première
étape consiste à définir les critères d’évaluation (attraits et atouts) pertinents pour l’entreprise et le
segment :
– exemples d’attraits : taille du marché, croissance, profitabilité, ouverture à l’international, faible
besoin en capitaux, innovation, clientèle de prescripteurs… ;
– exemples d’atouts : voir les facteurs clés de succès définis ci-dessus.
Il convient ensuite de noter chaque DAS sur chacun des critères retenus. Chaque critère fait l’objet d’un
coefficient de pondération de 1 à 3 en fonction de l’importance du critère.
Finalement, chaque DAS est représenté par un cercle dont la taille est proportionnelle à son chiffre
d’affaires ou à la profitabilité dégagée (figure 4.5).
Figure 4.5 – La matrice attraits/atouts
Une fois élaborée, la matrice attraits/atouts sert de support à la réflexion du comité de direction pour un
plan d’action.
Exemple
Domaines d’activité du cadran A : éventuellement, plan d’action pour renforcer les atouts
(investissement, recrutement, publicité, formation) afin de passer dans le cadran B.
Domaines d’activité du cadran B : investir en priorité, renforcer.
Domaines d’activité du cadran C : sortir du segment ou ne pas y entrer.
Domaines d’activité du cadran D : sortir progressivement du domaine.
Lorsque l’activité de l’entreprise est éclatée entre un trop grand nombre de segments d’activité, cette
matrice permet de sélectionner les activités sur lesquelles concentrer ses efforts pour obtenir un avantage
concurrentiel durable. Une des règles de base de la stratégie est en effet de concentrer ses efforts.
Exemple
Une compagnie aérienne low cost parvient à comprimer ses coûts grâce aux mesures suivantes :
• Les clients achètent les billets directement auprès de la compagnie. La compagnie évite ainsi les
commissions versées aux agences de voyage.
• Elle utilise des aéroports périphériques ou des terminaux pour lesquels les taxes aéroportuaires
sont moins élevées.
• Elle limite les services au minimum.
• Elle facture les repas et boissons pris à bord. Ainsi, une compagnie aérienne américaine des
années quatre-vingt a eu un moment comme slogan publicitaire « la seule compagnie aérienne à
faire payer le café ».
L’entreprise qui réussit à dominer par les coûts obtient un profit plus élevé que la moyenne si elle
parvient à vendre à un prix proche de la moyenne du secteur. Cependant, si le produit est perçu comme
étant moins attractif que ceux de ses concurrents, l’entreprise devra concéder un rabais sur les prix. La
domination par les coûts est généralement adaptée à des produits matures qui débutent leur déclin. Des
études ont mis en lumière l’importance de l’innovation dans le succès de cette stratégie.
Les risques liés à la domination par les coûts sont les suivants :
• Comme pour les autres stratégies, il peut se produire des changements dans l’environnement, qui
vont modifier substantiellement le jeu concurrentiel : interdiction des ampoules à incandescence,
maladie de la vache folle, crise économique affectant le secteur du tourisme, catastrophe
naturelle…
• Des entreprises concurrentes peuvent entrer dans une guerre des prix préjudiciable à l’ensemble
du secteur. Il n’y a par définition que peu d’entreprises qui puissent dominer par les coûts dans
son secteur concurrentiel. La concurrence est souvent intense entre les entreprises qui utilisent
cette stratégie car son succès dépend notamment de la part de marché.
• Une attention exclusive portée à la réduction des coûts risque de rendre le produit moins attractif
que celui des concurrents lorsque les goûts de la clientèle évoluent.
• Des concurrents peuvent mettre sur le marché des produits semblables, à coût intéressant pour le
client, comme le font les marques distributeurs.
Forces et précautions pour conserver les avantages stratégiques :
• Procéder à une veille systématique pour anticiper toute rupture que serait fatale à l’équilibre du
marché. Par exemple, le iPhone a créé une nouvelle approche sur le marché des téléphones et
Apple a conquis une part de marché considérable en un temps très court en profitant d’une rupture
crédible, car cette marque est référente en matière d’innovation technique.
• La stratégie de domination par les coûts s’impose lorsqu’il n’existe pas de valeur de
différentiation suffisante sur les produits.
■ La différentiation
La différentiation consiste à proposer un produit ou un service perçu comme se démarquant de l’offre des
concurrents. L’entreprise introduit un ou plusieurs critères de différentiation qui peuvent avoir des formes
très diverses : robustesse du produit, qualité et rapidité d’intervention du SAV, délais de livraison
rapides, absence de rupture de stock, réseau de distribution étendu, design attractif du produit, options
nombreuses, image de marque… L’entreprise qui opte pour la différentiation ne se désintéresse
évidemment pas du contrôle de ses coûts mais elle n’en fait pas son objectif premier.
Le ou les critères de différentiation choisis engendrent le plus souvent un surcoût mais permettent
également de facturer un surprix. L’entreprise doit s’assurer que les clients attachent de la valeur au
critère de différentiation qu’elle choisit et que le surprix qu’ils sont prêts à payer excède le surcoût. Elle
doit également s’assurer que l’avantage est bien perçu par les clients et les y aider par des argumentaires
de vente et des campagnes publicitaires.
Pour développer un avantage concurrentiel durable, et ainsi maintenir des barrières à l’entrée sur le
marché, le critère de différentiation doit correspondre à une compétence clé de l’entreprise. En adoptant
cette stratégie, l’entreprise vise le plus souvent une partie seulement de la clientèle et donc une part de
marché limitée. La concurrence est souvent moins frontale que dans la stratégie de domination par les
coûts car les entreprises peuvent chacune adopter un positionnement original sur le marché en choisissant
des critères de différentiation différents. La marque peut traduire cette différentiation.
Les risques associés à la stratégie de différentiation sont :
– que le surcoût entraîné par la différentiation soit supérieur à l’avantage perçu pour le client et
donc au surprix qu’il accepte de payer ;
– que le critère de différentiation perde de son intérêt pour les clients ;
– qu’en étant copiée par la concurrence, l’offre de l’entreprise se banalise ;
– qu’un retournement de la conjoncture rende les clients plus sensibles au prix qu’au critère de
différentiation ou qu’une rupture intervienne sur le marché.
Forces et précautions pour conserver les avantages stratégiques :
– être agile,
– instaurer des barrières à l’entrée sur le marché comme l’établissement d’une norme,
– innover afin de ne pas se faire dépasser,
– conforter son image et sa communication,
– travailler l’immatériel et la marque.
Cette représentation graphique doit bien entendu être adaptée en fonction des particularités de chaque
entreprise et chaque activité être décomposée en sous-activités plus fines.
Exemple
Les bouteilles d’eau de source coûtent moins cher que les bouteilles d’eau minérale, en raison
notamment d’un coût de transport moins élevé. Le coût de transport représente en effet une part
significative du prix de revient de ces bouteilles. Les eaux minérales proviennent nécessairement d’une
source unique (Evian, Vittel) alors que les eaux de source peuvent provenir de différents endroits. Le
coût de transport des eaux de source est réduit en livrant chaque lieu de vente de la source qui en est la
plus proche.
L’essentiel
►► Le directeur financier se familiarise avec l’analyse stratégique pour contribuer à
l’amélioration de la performance économique, mieux communiquer vis-à-vis des banques et
des investisseurs.
►► Au sein du Codir, il rappelle toujours les objectifs de rentabilité et les contraintes de
financement dans les différents choix stratégiques envisagés.
►► Élaborer la matrice Emoff en lien avec les autres membres du Codir est un bon moyen
pour initier ou revoir une réflexion stratégique.
►► La chaîne de valeur vise à repérer des avantages concurrentiels (réduction de coût,
différentiation) dans le détail des activités de l’entreprise.
1. M atrice Emoff : enjeux, menaces et opportunités, forces et faiblesses. L’équivalent anglais est la matrice SWOT : Stengths and Weakenesses, Opportunities and Theats.
Chapitre 5
Executive summary
►► Le directeur financier ne peut se contenter de travailler à l’intérieur de sa fonction.
Business partner, il doit également contribuer à l’amélioration de la performance d’ensemble
de l’entreprise. Le directeur financier contribue à la création de valeur en mesurant la richesse
créée par activité, produit, client et il oriente les opérationnels vers de bonnes décisions de
gestion et en proposant des actions créatrices de valeur.
►► Mais comment faire ? L’entreprise est complexe, les opérationnels sont occupés au
quotidien, les actionnaires mettent une pression considérable. L’approche par les processus,
en liaison avec la démarche qualité, est une des méthodes pour améliorer la performance de
l’entreprise.
Exemple
Exemple 1 – Un macro-processus métier
Prenons le cas d’une société qui commercialise des PC informatiques. Les processus de cette
entreprise sont au nombre de trois : conception de produit et du sourcing, logistique, recrutement et
fidélisation des clients ou prospects. Au fil des ans, l’entreprise s’est diversifiée sur des activités
complémentaires : dépannage, formation, location…
La figure 5.1 décrit de façon simplifiée le processus logistique. Ce processus débute à la prise de
commande ou demande d’intervention et finit à l’encaissement. Comme tout processus, il se définit par
des données d’entrées, des traitements et des données de sortie :
• Le point de départ du processus est la passation d’une commande. Il correspond à la donnée de
sortie d’un autre processus, celui de recrutement et de fidélisation des clients.
• L’entreprise valide cette demande et la traite. Toutes les tâches ne sont pas nécessairement
réalisées par l’entreprise elle-même, certaines d’entre elles peuvent être sous-traitées.
• Finalement, elle livre le produit ou assure la prestation et facture le client qui est satisfait et règle
l’entreprise : ce sont les données de sortie.
La mise en œuvre de l’approche par les processus passe par les étapes suivantes :
• Une fois identifiés, les quelques processus clés de l’entreprise sont modélisés. Cela permet de
comprendre le fonctionnement de l’entreprise et de le partager avec les autres membres de
l’entreprise. Cette modélisation est l’occasion d’un travail de groupe transverse auquel le
directeur financier peut participer.
• Il convient ensuite, de s’assurer qu’un responsable de processus (ou de sous-processus) a été
clairement désigné et légitimé. Les fiches de poste sont ensuite mises à jour.
• L’ensemble des opérationnels doit intégrer ces processus ; ils se l’approprient en validant qu’ils
représentent bien la réalité. Il s’agit là d’une étape de management transverse incontournable.
Ceci constitue pour le directeur financier un véritable changement culturel, faisant passer sa
fonction d’une composante introvertie et lointaine de l’opérationnel à une fonction à la fois
technique de communication et de coordination.
• Le directeur financier identifie sur les différentes étapes du processus des points de contrôle
interne et de mesure de performance. C’est en ce sens que le contrôle interne complète la
démarche qualité qui est axée sur la satisfaction client.
• Ensuite, il convient d’améliorer de façon permanente ces processus.
Exemple
Exemple 2 – Un processus support (ou microprocessus) : le processus budgétaire
Comme dans tout processus, il y a un responsable, le plus souvent le directeur financier, des données
d’entrées et de sorties.
Le budget est issu du plan stratégique validé par les organes sociaux de l’entreprise. Une fois réalisé,
il sera présenté à ces organes (conseil d’administration par exemple) pour être approuvé.
Outre cette demande de l’actionnaire, le budget a un caractère obligatoire afin d’étayer l’argument que
l’entreprise peut faire face à ses engagements dans les 12 prochains mois, et donc qu’elle est
légalement pérenne. Dans le cas contraire, une procédure d’alerte ou ad hoc peut être mise en place et
le tribunal de commerce saisi. En particulier, en cas de difficulté, le budget doit être révisé, approuvé
avant le mois d’octobre et remis au commissaire aux comptes dans le cadre de la prévention sur les
entreprises en difficultés. De même, il doit être présenté pour information aux instances représentatives
du personnel en comité d’entreprise.
Si, lors de l’élaboration du budget ou en cours d’année vous vous apercevez que l’entreprise n’a pas
les moyens de faire face à ses engagements dans les 12 prochains mois, il est de votre responsabilité
d’en référer à vos mandataires sociaux, de trouver des solutions. En cas d’échec, il faut aller au
tribunal de commerce pour constater la cessation de paiement.
Tout processus budgétaire doit être calé sur un planning précis communiqué à tous. La méthodologie
doit être simple, soit sur Excel, soit sur un logiciel du marché. Le niveau d’information est le même (ou
agrégeable facilement) que celui utilisé pour la clôture des comptes. Attention ! Le mieux est l’ennemi
du bien et si vous demandez trop de détail, la consolidation risque d’être complexe. N’oubliez jamais
la vue consolidée qui est celle demandée par l’actionnaire, et, en particulier, n’omettez jamais de
réconcilier les mouvements entre les sociétés du groupe et les écarts ou couvertures de change. Enfin,
n’oubliez pas que vous êtes le gardien du temple et que tout dépassement de délai va vous occuper en
soirée.
Le budget doit être construit par les opérationnels qui vont s’approprier avec leurs équipes les
objectifs, et cela sera l’occasion de discuter des moyens à mettre en œuvre, tout particulièrement en
matière de cash.
Ils présenteront leur budget dans une réunion solennelle : ils s’engageront alors devant la direction
générale pour la nouvelle année. Le budget est aussi un outil de communication interne.
Des objectifs individuels ou collectifs sont fixés ; ils peuvent représenter une part variable de salaire.
En cours d’année le budget est révisé, mais il demeure la référence.
Le directeur financier devra sans doute être confronté à la difficulté de prévenir l’avenir, surtout dans
les temps de crise actuels. Certains groupes de renom ne publient actuellement pas de prévision pour
l’année suivante. En interne, il est indispensable de gérer et donc de communiquer, de prévoir, de
mesurer et de définir des objectifs, qui, quand ils ne sont pas atteints, sont discutés en Comex et font
l’objet d’actions correctives. En externe, les contraintes de marché sont telles que les entreprises ne
peuvent pas toujours atteindre les taux de rentabilité attendus et elles doivent faire face à une
communication délicate.
Le tableau 5.1 aide à réaliser son diagnostic de la procédure budgétaire.
Tableau 5.1 – Autodiagnostic du processus budgétaire
■ Améliorer le résultat
Exemple
En faisant réaliser la maintenance de premier niveau du matériel d’un atelier par l’opérateur, on évite
de mobiliser des techniciens et le temps de réparation est réduit. De même des idées simples et
pratiques vont permettre d’optimiser le temps de changement d’outil. L’opérateur s’approprie ces
changements d’autant plus qu’il les a lui-même initiés avec son équipe. Le retour sur cet investissement
est très rapide car la dépense a été minime.
• La décision d’externalisation
Les processus qui ne correspondent pas aux facteurs clés de succès peuvent être externalisés. Il convient
d’éviter de sous-traiter un processus sans l’avoir préalablement compris, travaillé, amélioré. Il est risqué
de sous-traiter une activité que l’on ne maîtrise pas : le cahier des charges sera de mauvaise qualité et les
premiers gains, souvent importants, échapperont à l’entreprise.
L’externalisation est donc un choix volontaire et assumé dont les raisons peuvent être :
– la diminution des coûts grâce à la mutualisation que permet un tiers (ménage, gardiennage, paie) ;
– la variabilisation de charges qui rend l’entreprise moins vulnérable à une baisse de son activité ;
– une meilleure allocation des ressources. C’est le cas lorsque la rentabilité de l’activité sous-
traitée est inférieure à l’objectif du groupe ;
– le processus qui n’est pas stratégique.
L’externalisation d’une activité et le suivi de cette externalisation requièrent des compétences et du
temps pour négocier, valider et améliorer les prestations, ajuster les indicateurs, être à l’écoute des
innovations du marché. En particulier, il est important de comprendre la chaîne de valeur de l’activité et
de s’assurer régulièrement que l’entreprise capte une partie des améliorations de performance du
processus sous-traité.
Cas particulier. Les éléments financiers non inclus dans un processus : il n’est pas toujours possible de
décrire dans un processus précis certains aspects de la vie de l’entreprise comme par exemple les
améliorations fiscales ou les charges sociales et leurs évolutions.
Exemples
L’intégration fiscale peut être mise en œuvre rapidement, surtout en l’absence de risque de
déconsolidation.
La simplification des structures juridiques qui, trop nombreuses, sont génératrices de coûts.
Certaines plus-values peuvent être identifiées et dégagées et permettre une entrée de trésorerie ainsi
qu’un profit exceptionnel.
L’essentiel
►► Le directeur financier contribue à l’amélioration de la performance financière en
s’appuyant sur la notion de processus. La cartographie des processus permet d’identifier les
dysfonctionnements (tâches inutiles ou redondantes), de réduire les délais. Elle facilite la
comparaison avec d’autres entreprises (benchmarking). Elle contribue également à identifier
et mettre sous contrôle les risques opérationnels.
►► Le directeur financier contribue à la création de valeur en proposant tout d’abord des
actions qui améliorent la rentabilité économique : amélioration de la marge, réduction du
BFR, amélioration de la rotation des actifs immobilisés. Il contribue ensuite à réduire le coût
moyen pondéré des capitaux en faisant jouer l’effet de levier financier et en proposant le
développement d’activités moins cycliques pour lesquelles l’attente de rendement des
actionnaires est moindre.
Chapitre 6
Executive summary
►► La culture cash1 concerne toutes les entreprises et pas uniquement celles en difficulté,
elle est au cœur de toutes les politiques financières abordées au chapitre 3.
►► Le projet cash est un projet très opérationnel qui donne l’occasion au directeur financier
de sortir de son bureau, de gagner la reconnaissance des opérationnels.
Le diagnostic initial
Le diagnostic se réalise en partie grâce à des analyses chiffrées. Le directeur financier doit toutefois
surtout sortir de son bureau pour aller constater la réalité auprès des opérationnels.
Des lacunes du système d’information ou de gestion sont souvent repérées :
– prévisions de trésorerie inexistantes ou inexactes obligeant l’entreprise à naviguer à vue ;
– balance âgée des créances clients inexistante ou inexacte car on n’a pas enregistré les délais de
paiement réellement négociés avec le client ;
– absence de documentation des litiges en cours sur les factures client ;
– absence de comptabilité analytique, empêchant de détecter les foyers de perte.
Exemple
Le nouveau directeur financier d’une entreprise d’imprimerie lance un projet cash afin d’améliorer une
trésorerie très dégradée. Il constate que le directeur de production gère son budget d’investissement
classiquement, cherchant avant tout à l’utiliser en entier pour éviter qu’il se réduise les années
suivantes. En lien avec la direction générale, il identifie avec le directeur d’usine les dépenses
d’investissement pouvant être différées sans compromettre la performance industrielle.
Il renégocie également avec les banques l’allongement de la durée de remboursement des financements
à moyen terme en cours pour la rapprocher de la durée prévue d’utilisation des biens financés. Alors
que l’entreprise était très profitable, le précédent directeur financier empruntait sur une durée de 3 à
4 ans pour financer des matériels ayant une durée d’utilité de 10 ans ou plus.
Exemple
Les conditions générales de vente d’une entreprise fabriquant du matériel de production prévoient le
paiement d’un acompte de 30 % à la commande. Le responsable crédit n’a pas réussi jusqu’à présent à
obtenir cet acompte d’un client important, la direction commerciale étant peu empressée de l’aider
dans ses efforts. S’agissant d’un client important, elle pensait que la relation commerciale avec lui
était nécessairement profitable.
Afin de combattre cette idée reçue, le responsable crédit chiffre les enjeux financiers du non-paiement
de l’acompte. Le client réalise un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros par an, le délai de
livraison et le délai de paiement négocié avec ce client sont tous les deux de 60 jours. Le manque à
gagner en trésorerie est de : 2,5 millions × [60 jours + 60 jours]/360 = 833 K€.
Le coût financier qui en résulte (compte tenu d’un taux de financement de 5 %) est de : 833 K€ × 5 %
= 41,7 K€.
Ce constat financier a suffi à motiver le directeur commercial à accompagner le responsable crédit
chez le client pour l’aider à négocier l’acompte.
Le directeur financier représente l’incidence sur la trésorerie des actions proposées (figure 6.1).
Certaines actions ont un effet direct sur la trésorerie (par exemple, négociation d’acompte client).
D’autres améliorent la trésorerie grâce à une action sur le résultat.
Le directeur financier définit ensuite ses priorités en fonction de l’importance des enjeux financiers et des
difficultés éventuelles de mise en œuvre des différentes actions. Ces difficultés peuvent être d’ordre
technique ou politique (enjeux de pouvoir au sein de l’entreprise).
Exemple
Le contrôleur de gestion d’une filiale de production est nommé cash manager et a pour mission
principale de coordonner le plan de réduction des stocks. Pour se faire comprendre des opérationnels,
il n’utilise jamais le terme de besoin en fonds de roulement, pour eux inconnu, mais explique qu’il
convient de récupérer l’argent qui se trouve immobilisé sur les étagères.
Figure 6.1 – Incidences sur la trésorerie du plan d’action proposé
Exemple
Une procédure de crédit client prévoit que toute validation de commande pour un client ayant trois
factures impayées relève de l’autorité de la direction financière.
Toute commande de marchandises ou prestations spécifiques au-delà de 50 K€ doit faire l’objet d’un
visa de la direction financière, visa délivré après imputation sur une ligne budgétaire.
Tout stock qui n’a pas tourné depuis un an doit faire l’objet d’une proposition de liquidation par le
service commercial qui doit être visée par le directeur financier.
Ce type de procédure a vocation à évoluer dans le temps et peut n’être que temporaire (pendant la
période nécessaire pour traiter l’urgence et revenir à un fonctionnement normal). Il ne s’agit pas pour le
directeur financier d’en faire un enjeu de pouvoir personnel mais simplement de disposer des moyens
pour mener à bien sa mission.
L’essentiel
►► Le projet cash a pour objectif d’améliorer le flux de trésorerie opérationnel défini au
chapitre 3.
►► Le directeur financier, pilote naturel de ce projet a un rôle très opérationnel. Il convient
tout d’abord de convaincre, au besoin en dramatisant car le projet cash bouscule souvent les
habitudes.
►► À court terme, le directeur financier établit un diagnostic et prend les premières
mesures urgentes permettant de reconstituer des marges de manœuvre en trésorerie sur le
BFR. Il agit ensuite sur les marges. A moyen terme, il met en œuvre les actions permettant de
pérenniser la culture cash, en faisant notamment valider des procédures au niveau des achats,
du risque client, des investissements, etc.
►► La posture adoptée par le directeur financier est un facteur clé de succès :
sensibilisation de la direction et des opérationnels, chiffrage des enjeux financier pour
motiver à l’action, motivation, présence sur le terrain, pédagogie, obtention des délégations
nécessaires, etc.
Executive summary
►► Le contrôle interne est une préoccupation majeure pour toutes les entreprises, et pas
seulement pour les entreprises cotées, soumises aux lois dans ce domaine1.
►► La maîtrise des risques constitue une des grandes missions du directeur financier,
d’entreprise cotée ou non, avec l’amélioration de la performance. Il voit l’intérêt d’un
dispositif de mise sous contrôle des risques pour pouvoir dormir sur ses deux oreilles. Il se
trouve souvent au cœur de ce dispositif. Dans ce chapitre, nous présentons la démarche de
mise sous contrôle des risques, ainsi que différents outils à cette fin.
Il incombe à chaque société de mettre en place le dispositif adapté à sa situation. Ce dispositif est tout
sauf statique : il doit accompagner les évolutions de l’entreprise résultant des choix stratégiques de la
direction.
Ainsi, si l’entreprise se lance sur un nouveau marché, il convient d’examiner au préalable la
réglementation qui régit ce marché.
Le cadre du contrôle interne dépasse celui de la direction financière et concerne tous les processus de
l’entreprise, y compris les processus métiers.
Son objectif est la maîtrise des risques de toute nature encourus par l’entreprise. On adresse des sujets
qui sont nécessairement dans les préoccupations du directeur financier, quelle que soit la forme de sa
société, de son actionnariat et de sa gouvernance.
En synthèse, les objectifs d’un contrôle interne efficace sont :
– assurer la pérennité de l’entreprise ;
– accompagner son développement ;
– évaluer les risques et les mettre sous contrôle.
• Phase de diagnostic
Le pilote du projet cherche tout d’abord à bien appréhender les risques de l’entreprise. Pour cela :
– il réalisera une cartographie des processus métier et support,
– il identifiera, évaluera et classera les risques en fonction de leur importance.
Il évalue ensuite le dispositif de contrôle interne existant. Existe-t-il des procédures ? Décrivent-elles
bien ce qui se passe actuellement dans l’entreprise ? Les organigrammes sont-ils à jour ?
Fiche pratique
Les risques identifiés sont minimisés par une approche de contrôle interne qui peut aller jusqu’à
l’établissement d’une documentation fournie d’autocontrôles par l’opérateur puis leur revue et
approbation par le contrôleur de ce risque. Il est alors possible de procéder à des audits avec des
échantillonnages plus ou moins fins et des taux d’acceptation d’erreur plus ou moins élevés. C’est ainsi
que procèdent les équipes Sarbanes-Oxley. Cette démarche, allégée, est adaptée aux entreprises de taille
plus petite.
On pourra également utiliser des trames de procédures existantes que l’on adaptera à la situation
particulière de son entreprise.
Enfin, lors de ces différentes étapes, le volet informatique fera l’objet d’un suivi particulier : il faut
veiller à définir les bons niveaux de contrôles et d’autorisations. Il faut également veiller à ce que les
systèmes comportent toutes les sécurités nécessaires. Dans un contexte où la mise en place d’outils
informatiques intégrés est de plus en plus répandue, il faut pouvoir les maîtriser. Or la réalisation de
contrôles liés au fonctionnement des systèmes d’information requiert l’intervention de gens formés au
contrôle interne et à l’informatique. Il s’agit en général d’un domaine délicat, nécessitant des
compétences pointues et une capacité à dialoguer avec des non spécialistes informatiques.
La séparation des tâches est un principe clé pour apprécier un processus. Elle repose sur la recherche
d’une obligation de co-responsabilité. Elle vise à prévenir à la fois la malveillance (il y a une obligation
de complicité) et l’erreur (il est probable qu’un défaut de vigilance ne se répète pas de la même manière
chez deux collaborateurs différents).
Ainsi, des personnes différentes créent un fournisseur, passent la commande, enregistrent la facture,
préparent puis valident le paiement. La personne émettant les règlements ne devra pas être celle qui
effectue les rapprochements bancaires. Une double signature pour les paiements au-dessus d’un certain
montant sera exigée. Dans une salle des marchés, le front office traite les opérations, le middle office les
contrôle.
Il convient de rester intransigeant sur les points représentant un véritable risque et de trouver des
solutions alternatives quand l’effectif ou la structure ne permettent pas de réaliser au mieux les
séparations de tâches. Ainsi, les personnes émettant les règlements et celles mettant à jour les
coordonnées bancaires des bénéficiaires dans le système informatique ne peuvent être les mêmes. Si
l’organisation et le système informatique ne permettent pas de réaliser cette séparation, des solutions
alternatives doivent être trouvées. Par exemple, un responsable édite une fois par semaine les
modifications de coordonnées bancaires, et vérifie avec les RIB originaux qu’elles étaient justifiées. En
procédant ainsi et en avertissant les équipes de ces contrôles, on limite un risque que l’on a clairement
identifié.
À ce sujet, le DAF doit chercher à prévenir la fraude qui peut avoir quatre sources :
• La pression sur les personnes : des objectifs trop ambitieux incitent les personnes à frauder.
• La rationalisation croissante des organisations qui diminue l’importance des relations entre les
personnes et peut entraîner des manques de loyauté en retour.
• L’existence d’organisations criminelles qui utilisent l’entreprise pour enrichir des personnes, ou
d’autres organisations. En particulier, il faut des directeurs financiers pour blanchir l’argent,
alors, même à votre insu, ne soyez pas l’un d’eux.
• L’opportunité provenant d’une lacune dans le système de contrôle interne : « c’est l’occasion qui
fait le larron ».
En cas de fraude, le directeur financier doit la dénoncer auprès du procureur de la république. Il est en
première ligne avec les mandataires sociaux. Il lui sera alors nécessaire de prouver la conformité légale
des actes. Ses intentions bienveillantes ne sont pas une preuve : il doit fournir les preuves matérielles
qu’il n’est pas fraudeur ou complice ou même « spectateur ». Enfin, il doit prouver qu’il n’y a pas eu
fraude le cas échéant.
Le directeur financier doit faire très attention à constituer des preuves qu’il aura à exposer à la justice
pour sa défense.
Fiche pratique
Cas d’entreprise
Filalu
L’entreprise Filalu, entreprise familiale, a connu un fort développement au cours des dernières
années. Les clients de Filalu sont d’une part des clients anciens, principalement des PME dont
certaines représentent un risque de défaillance et d’autre part de nouvelles entreprises de
construction dont la croissance est souvent rapide.
Le dirigeant de Filalu décide de recruter un directeur financier. Il souhaite évaluer la structure
financière de son entreprise et en sécuriser le financement pour assurer sa pérennité. Il veut
également sécuriser le risque de fluctuation du prix des matières premières mais craint de ne pas
maîtriser les techniques de couverture de risque de taux et de change.
Plus largement, il souhaite mettre en place un dispositif de contrôle interne qui lui semble devenu
indispensable avec la croissance de l’entreprise. C’est un sujet auquel il a été sensibilisé récemment,
un de ses concurrents étant en difficulté à cause de malversations sur les stocks de métal favorisées
par un manque de suivi.
À son arrivée, le nouveau directeur financier reçoit une liste des processus rédigés par le service
comptable et l’administration des ventes. C’est un point de départ dans l’appréciation du
fonctionnement de l’entreprise et de son contrôle interne.
L’essentiel
►► Toutes les entreprises sont concernées par la démarche de contrôle interne, qu’elles
soient ou non soumises à une réglementation spécifique sur le sujet. L’objectif de cette
démarche est de sécuriser le cash flow pour les actionnaires.
►► Un dispositif efficace de contrôle interne va permettre la mise en place et le maintien
d’une organisation plus efficace et plus performante, va contribuer à la fiabilité des comptes,
et enfin à la lutte contre la fraude.
►► Le directeur financier est concerné par la mise en place de cette démarche, à plusieurs
titres : tout d’abord pour garantir la sincérité des comptes et mettre sous contrôle les
processus financiers. En l’absence de risk manager, il se voit fréquemment confier la mise
sous contrôle des risques opérationnels.
►► Les règles et le dispositif de contrôle interne font partie intégrante de la gouvernance
d’entreprise. La mise en place d’un tel dispositif ne représente pas une assurance absolue
contre les risques auxquels l’entreprise est confrontée, mais une assurance raisonnable d’un
fonctionnement maîtrisé.
1. Les entreprises cotées en Bourse en France sont soumises à la loi de sécurité financière (LSF), celles cotées aux États-Unis sont soumises à la loi Sarbanes-Oxley (SOX).
Executive summary
►► Fournir les tableaux de bord permettant le pilotage de l’entreprise, au niveau global et
de chacune des fonctions, est l’une des principales missions du directeur financier.
►► L’approche balanced scorecard s’est développée ces dernières années ; elle a permis
d’enrichir les tableaux de bord. Nous allons y consacrer une partie importante de ce chapitre.
Indicateursde Actions
Missions Indicateurs de pilotage
performance correctives
Déploiement des indicateurs de
Augmenter le CA France CA France performance : CA par agence,
région, par produit…
Acquérir de nouveaux Nombre de nouveaux Indicateurs de ressources :
clients clients – budget publicitaire,
Fidéliser les clients – nombre de commerciaux.
% des clients perdus Indicateurs d’activité :
existants
– nombre de visites réalisées,
– nombre de réponses à appels
d’offres,
– taux de réussite sur appels
d’offres.
Figure 8.2 – Exemple de tableau de bord de la direction commerciale
L’axe financier
Nous avons vu que la finalité de l’entreprise est de maximiser la performance financière à moyen terme.
Le choix des indicateurs financiers dépend de la position de l’activité sur sa courbe de vie (figure 8.4) :
– pour une activité en phase de démarrage, il convient de privilégier l’indicateur du chiffre
d’affaires ;
– pour une activité en phase de croissance, on utilisera les indicateurs de profitabilité (résultat net),
de rentabilité des capitaux investis ;
– pour une activité mature ou « vache à lait », l’indicateur du flux de trésorerie disponible
correspond à l’objectif de maximiser la trésorerie générée.
Figure 8.4 – Le choix des indicateurs financiers en fonction de la courbe de vie du secteur
L’axe client
La performance financière future repose sur le développement de la clientèle sur les marchés cibles sur
lesquels elle planifie de se développer, sur la satisfaction de la clientèle.
Le tableau 8.1 retrace des exemples d’indicateurs relatifs à l’axe client.
Tableau 8.1 – Exemples d’indicateurs de l’axe client
Développement de la
Image de marque Indicateurs de satisfaction
clientèle
Nombre de nouveaux clients
CA fait avec de nouveaux clients
% de clients perdus Indicateurs qualitatifs de
Panier d’achat moyen Enquête de notoriété satisfaction dans la relation client
CA réalisé avec des clients Nombre de réclamations
stratégiques
Part de marché
Processus Indicateurs
Délai de mise sur le marché d’un nouveau produit
Processus innovation CA sur les nouveaux produits
Idées d’amélioration des processus internes
Délai de traitement d’une commande
Processus commercial Nombre de réponses à appels d’offres
Taux de réussite des réponses à appels d’offres
Processus de fabrication Taux de panne, temps de changement de l’outil, délai de fabrication
Taux de service (ou de rupture)
Processus de distribution % d’erreurs de livraison
% de livraisons hors délais
Innovation Personnel
Ressources et Adaptation des
Efficacité Satisfaction
activité compétences
Nouveaux produits
lancés Couverture des postes
stratégiques (% des
Nombre de business Turnover
CA fait avec des produits plans validés besoins non couverts)
Taux d’absentéisme
Budget formation
lancés en N – 1 et N Nombre de brevets Indicateurs d’enquêtes de
Nombre de personnes
déposés satisfaction sociale
ayant acquis une nouvelle
Budget de recherche et compétence
développement
Cas d’entreprise
Homegel
L’exemple ci-dessous illustre la mise en œuvre de l’approche BSC dans une entreprise de
distribution.
L’entreprise Homegel livre au domicile des particuliers des produits surgelés. Elle édite un
catalogue de produits et reçoit les commandes par téléphone, internet ou directement par
l’intermédiaire des livreurs. Son activité est en croissance.
Cinq entrepôts centraux répartis sur toute la France reçoivent les livraisons des fournisseurs. Des
préparateurs conditionnent les commandes des clients qui sont acheminées par camion à des dépôts
locaux. De ces dépôts, un véhicule léger livre les clients.
L’analyse stratégique a permis de définir les facteurs de succès suivants :
– La capacité à entretenir une relation commerciale constante avec les clients grâce à l’équipe
des télévendeurs et des livreurs qui sont les seules personnes que rencontre le client. L’accent
est mis sur le recrutement et la formation à la relation client de ces personnes.
– Un renouvellement constant des plats cuisinés permet de pérenniser l’attrait des clients pour
l’enseigne commerciale. Un laboratoire teste en permanence de nouvelles recettes auprès
d’un panel de clients, suscite des nouvelles idées de recettes de la part de clients.
– Une maîtrise de la logistique qui garantit l’absence de rupture de la chaîne du froid, la
maîtrise des coûts de transport et un délai de livraison n’excédant pas 48 heures.
– Une gestion de stock efficace garantissant à la fois un taux de rupture de stock et un
surstockage très faible. Des ruptures de stock fréquentes ont pour effet de décourager les
consommateurs de ce mode de distribution particulier. Dans le même temps, le coût de
détention des produits surgelés est très élevé.
Pour chacun des axes, l’entreprise a défini les objectifs et indicateurs suivants :
Axe financier
Objectifs Indicateurs
Développer le chiffre d’affaires Évolution du CA (comparaison budget), CA par
dépôt, par gamme de produits
Développer la profitabilité Résultat net/CA par gamme de produits
Maîtriser la gestion du cycle d’exploitation Délais de paiement client
Délais d’écoulement des stocks
Développer la rentabilité des capitaux investis Résultat d’exploitation/ (Immobilisations + BFR)
Axe client
Objectifs Indicateurs
Améliorer sa part de marché Part de marché nationale, régionale…
Acquérir de nouveaux clients Nombre de clients gagnés par dépôt et en global
Fidéliser les clients existants Nombre de clients perdus par dépôt
Développer le CA moyen par client Nombre de commandes et panier d’achat moyen
Développer la satisfaction client Indicateurs chiffrés de satisfaction client (résultat
des enquêtes commerciales)
Axe processus
Objectifs Indicateurs
Coûts de distribution en % des ventes.
Nb de commandes/ Nb de préparateurs de
commandes (idem télévendeurs)
Assurer une livraison rapide à un coût maîtrisé Nb ou % de livraisons dans un délai supérieur à
48 heures
Taux de panne des véhicules de livraison
Nb d’incidents de livraison
Taux de rupture de stock (ou taux de service) par
Éviter la rupture des stocks
catégorie de produits
Délai d’écoulement des stocks par catégorie de
Assurer la rotation des stocks
produit
Indicateurs d’incidents sur la rupture de la chaîne
Éviter la rupture de la chaîne du froid
du froid
L’essentiel
►► Le tableau de bord de gestion est l’outil de pilotage du responsable d’un service ou
d’une activité. La communication avec son responsable hiérarchique s’organise autour des
indicateurs de performance définis à partir des missions. Les indicateurs de pilotage
permettent d’agir sur les ressources et activités clés.
►► Le balanced scorecard est un tableau de bord de direction générale. Il est dit
« équilibré » car il comporte quatre axes. La performance financière à MLT repose sur
l’acquisition et la satisfaction des clients, la maîtrise des processus clés, l’innovation ainsi
que sur la satisfaction et la formation du personnel. Il est également appelé « stratégique » car
la détermine des processus clés suppose une analyse stratégique préalable.
►► Le directeur financier peut s’inspirer de la démarche du BSC pour mettre sous contrôle
sa propre fonction.
Chapitre 9
Executive summary
►► Le manager est celui qui conduit son équipe vers les résultats attendus, définis dans la
stratégie de l’entreprise. L’origine du terme manager est latine « manus-agere », qui peut se
traduire par « conduire à la main », c’est-à-dire conduire de manière individuelle un collectif
d’hommes et de femmes pour atteindre un objectif. Si le directeur financier est souvent
choisi pour son expertise technique, il doit acquérir une dimension managériale pour réussir
dans sa fonction.
►► Il doit apprendre à devenir un véritable manager : motiver, faire grandir, faire adhérer
aux changements successifs.
►► Il doit devenir le leader de spécialistes dont il n’a pas forcément l’expertise. Il doit
également assurer la cohérence d’une équipe avec de fortes expertises individuelles qui n’ont
pas toujours vocation à développer une synergie.
Piloter le changement
Un des premiers éléments auquel est confronté un manager dès son arrivée, c’est le pilotage du
changement. Le changement de manager pour une équipe est un changement des plus importants. Comment
allons-nous pratiquer ensemble ? Que va-t-il nous demander ? Allons-nous le comprendre aisément ? Est-
il compétent ? Est-il d’un abord aisé ? Ce sont quelques-unes des questions parmi de nombreuses autres
que se posent les futurs collaborateurs au moment où change leur nouveau patron.
Tout changement induit des résistances. Tout changement dans un système provoque, à l’intérieur du
système, l’apparition de forces qui s’opposent au changement et tendent à revenir à la situation antérieure.
C’est ce que l’on appelle l’homéostasie. L’absence de résistance doit interroger davantage. Deux grandes
raisons peuvent expliquer l’absence de résistance de la part de l’équipe :
– il n’y a pas vraiment de changement, cela est rare dans le cas d’un nouveau manager,
– les collaborateurs sont complètement soumis ce qui empêche toute réaction de leur part.
Première phase : nul. Dans cette phase, les collaborateurs remettent en cause le changement qu’ils
estiment nul : « De toute façon, cela ne changera rien », « ce n’est pas lui qui va tout faire changer »,
« j’ai vu passer des patrons, ils n’ont rien fait changer, et moi je suis toujours là ».
C’est à ce moment qu’il convient de faire exprimer les résistances au changement. Dans les entretiens
individuels ce sera un objectif prioritaire.
Deuxième phase : maladroit. Ce qui est remis en cause, c’est le changement dans sa mise en œuvre. « Les
autres, les Américains, les Japonais le font mais nous avec notre culture… », « Chez nous, c’est tellement
plus spécifique… », « Je sais que notre manager a réussi ailleurs mais avec nous ce n’est pas pareil… ».
C’est le moment de montrer que le changement peut marcher, c’est le moment de parler de formation, de
mettre en place une nouvelle façon d’échanger entre le manager et son collaborateur. Mettre en place de
nouvelles règles du jeu. Mettre en place de nouvelles procédures par étapes.
Troisième phase : culpabilité. C’est à cette phase que l’on peut voir chacun se mettre au changement à des
vitesses différentes. Il s’en suit que certains arriveront à cette phase avant les autres et développeront un
sentiment de culpabilité. Culpabilité vis-à-vis de ceux qui intègrent moins vite le changement.
« Si j’y arrive, c’est par hasard », « D’ailleurs je ne saurais pas le reproduire ». Dans cette phase, il
s’agit d’écouter et de faire former, de regrouper ceux qui sont à un niveau équivalent, en restant critique.
Dans le cadre de l’arrivée d’un nouveau manager, il s’agit de ceux qui se retrouvent du côté de celui-ci,
leur demander de parrainer leurs collègues est un bon moyen de dépasser cette phase.
Quatrième phase : reproches. Les reproches que se font les collaborateurs sont à leur encontre :
« j’aurais dû y penser », « j’y avais pensé mais je n’ai pas su l’exprimer », pour le nouveau manager
« pourquoi n’est-il pas arrivé avant ? ».
À ce stade il est nécessaire de stimuler, d’encourager, de féliciter les progrès accomplis. Ces
comportements aideront à basculer dans la phase suivante.
Cinquième phase : nouveau départ. Comme son nom l’indique, cette phase est celle qui prépare à un
nouveau changement. À ce moment les personnes concernées sont frappées d’amnésie. Plus personne, à
cette étape, ne se souvient des réticences qui ont été les leurs au départ.
À ce moment, il s’agit de féliciter, de montrer le chemin parcouru depuis les premières hésitations. C’est
le moment de fêter cet événement comme la fin d’un cycle normal.
Le changement est partie intégrante à la fonction de manager. Deux possibilités s’offrent au décideur :
imposer le changement ou faire adhérer les acteurs au changement. Quel que soit le choix, ceux qui
devront mettre en œuvre suivront toutes les étapes précitées. Les résistances s’exprimeront sous une
forme ou sous une autre, ouvertement ou sous la forme de retards ou d’erreurs plus nombreuses. Aider les
personnes à s’approprier le changement, en encourageant les résistances ou du moins leur expression,
donner du sens au changement, exposer clairement son projet, aider à chaque étape, sont les moyens
d’aboutir à une intégration qui dure et permet d’aborder un autre changement avec une certaine sécurité.
Déléguer
La délégation est une des pratiques les plus importantes du management. Tout d’abord il s’agit de gagner
du temps… Mais ce n’est pas le seul but, déléguer permet également de développer les compétences et la
motivation, c’est aussi la confiance qui s’enrichit par ce moyen.
Nous parlons ici de la délégation de management et faisons abstraction de la délégation de signature qui
est bien spécifique et répond à d’autres critères en particulier des critères juridiques.
Tous les managers sont confrontés au même problème, comment tout faire dans le temps imparti : être un
père de famille présent, faire évoluer les pratiques et conserver la motivation des collaborateurs les plus
impliqués. La délégation est un des moyens et probablement le plus important pour atteindre ces objectifs.
Faire faire à ses collaborateurs des activités que l’on fait soi-même. La tentation est grande bien sûr de
confier ce qui nous est désagréable et rien d’autre. Laissons à ceux qui l’imaginent le soin d’envisager le
résultat sur une équipe.
Pour bien faire, il faut choisir une mission qui soit en rapport avec les compétences de la personne à qui
elle sera confiée. Il s’agit d’accroître ses compétences, mais sans que cela soit inaccessible. Trop facile,
c’est démotivant ; difficilement atteignable, c’est tout aussi démotivant.
• Préparer la délégation
En premier lieu la délégation se prépare, il faut prendre du temps pour bien cerner ce que l’on souhaite
confier, où cela commence et où cela finit, définir un objectif de la délégation, envisager un suivi et se
préparer à proposer cette délégation à un ou plusieurs collaborateurs.
• Proposer la délégation
La délégation se propose au cours d’un entretien formel et ne s’impose pas. Si elle s’impose, elle
correspond à un ordre Et ce n’est pas possible car dans le cas d’une délégation, le collaborateur doit
avoir la possibilité de répondre non. Il est tout à fait envisageable de la proposer lors d’un premier
entretien, et de laisser un délai de réflexion avant que la personne ne donne son accord. Au moment de
l’accord, il sera alors indispensable de bien définir le résultat attendu, la durée de la délégation, le suivi
envisagé et bien sûr la disponibilité du manager.
• Prévoir un suivi
Le suivi ou le contrôle est indispensable. Même si vous avez transmis l’exécution des opérations, vous
n’avez pas transmis la responsabilité. Le délégant est toujours responsable devant sa hiérarchie du
résultat, il est donc indispensable de contrôler.
Il existe deux manières de contrôler : « fliquer » ou « aider ».
« Fliquer », contrôler pour… sous-entend que vous recherchez les erreurs, il y en aura donc.
« Aider », contrôler pour… sous-entend que ce qui importe pour vous c’est la réussite de cette opération.
Il y a de grandes chances que cela aboutisse à un succès.
Devenir un leader
Le leader aujourd’hui
Hier, le gestionnaire était la référence, il lui était demandé de prévoir, d’organiser, de contrôler, de
planifier. Aujourd’hui, c’est un leader qui est attendu et il lui est demandé :
– d’anticiper et de donner envie de l’avenir,
– de piloter,
– de faire preuve d’opportunisme tout en étant rigoureux et crédible,
– de motiver et d’entretenir cette motivation dans un monde incertain,
– de repérer l’imprévisible et d’imaginer des solutions de rechange.
Ce n’est pas seulement la direction de l’entreprise qui le lui demande, ce sont ses propres collaborateurs
mais aussi les autres acteurs de l’entreprise.
Il lui faut de la rigueur et du professionnalisme, c’est encore plus évident aujourd’hui, mais il faut aussi
de l’enthousiasme pour fédérer et une vision pour entraîner les collaborateurs.
Le leader inspire et rassemble autour d’une vision. Pour être suivi, il faut une vision, une mission, un
objectif qui incarne le rêve ou l’espoir des collaborateurs. Il ne s’agit pas d’un rêve irréalisable, sa
vision est concrète, elle parle de l’avenir de ses collaborateurs. Si les collaborateurs ne suivent pas, il
n’y a pas de leader.
L’innovation est devenue indispensable à nos entreprises, le leader a la capacité d’entraîner dans le sens
de la créativité nécessaire.
Pour y parvenir, le leader doit connaître ceux à qui il s’adresse, il doit les comprendre, être en mesure
d’appréhender leurs besoins, de citer leurs valeurs, et savoir leur parler.
Les acteurs de l’entreprise éprouvent le besoin d’être dirigés aujourd’hui et non pas gérés comme hier, ils
ont besoin d’adhérer, de participer à l’action et d’y être aidés.
Les caractéristiques du leader sont :
– ses actes sont conformes à ses paroles, c’est ainsi qu’il acquiert la nécessaire confiance de ses
équipes ;
– il a le respect des hommes et de leur dignité, même s’il n’est pas d’accord avec leur
comportement. Il ne cherche à aucun moment à humilier les autres ;
– en montrant du respect aux autres, il acquiert ainsi le respect qui lui est indispensable pour exercer
sa fonction. Il a plus besoin d’être respecté qu’aimé pour réussir dans sa fonction ;
– il va vers les autres, sait dire bonjour, engager la conversation, prendre du temps pour écouter
sans considérer que ce temps est perdu ;
– il sait communiquer pour entraîner son équipe. En effet, on ne peut être leader si personne ne nous
suit. Il est d’un abord facile : souriant, accueillant.
Il ne faut pas croire que tout soit rose, des perversions du leadership existent, c’est là la différence entre
entraîner et manipuler. Il sera nécessaire d’abandonner définitivement certaines croyances erronées :
– Croire qu’il faut être aimé pour être un bon chef ! En réalité, il faut préférer être respecté et
apprécié pour ses qualités humaines plus qu’aimé.
– Croire que la carotte et le bâton donnent plus de résultats que la motivation. En réalité, la
motivation fait donner à l’individu le meilleur de lui-même et améliore son efficacité.
– Croire que l’on est supérieur parce que l’on gagne plus. La valeur d’une personne ne se mesure
pas à son salaire. En outre, certains collaborateurs peuvent avoir un potentiel élevé qui ne
demande qu’à se développer.
– Croire que l’on doit avoir raison à tout prix. C’est une des manifestations de la confiance en soi
que de savoir reconnaître ses erreurs avec simplicité. En ne reconnaissant pas ses erreurs, on
n’est plus dans une relation de vérité et la communication devient très difficile.
– Croire que l’on doit se valoriser soi-même en lieu et place de ses collaborateurs. On ne peut
développer la confiance de ses collaborateurs qu’en reconnaissant leurs qualités et leur travail.
Le directeur financier doit se conduire en leader, devenir un leader pour son équipe. La première
nécessité est liée au fait qu’il encadre de nombreux experts, il doit s’imposer sans heurts. Être reconnu,
respecté plus que craint. Par ailleurs en dirigeant le service financier, il dirige un service clé de
l’entreprise, affublé de toutes sortes de fantasmes de la part de nombreux employés. Il sera vite
nécessaire de prendre les rennes d’une communication simple et constructive visant à informer tout en
rassurant. Il sera nécessaire de rentrer en contact avec les autres services de l’entreprise pour ne pas se
couper et vivre dans une tour d’ivoire. Le service financier c’est pour beaucoup les cordons de la bourse,
« ils agissent comme si l’argent sortait de leur poche ». Il faudra viser la clarté beaucoup plus que la
transparence.
Pour conclure, et pour bien faire, il s’agit avant tout de se connaître, de connaître ses limites pour
développer une confiance en soi : chercher à établir le contact, vouloir installer la confiance avec ses
collaborateurs, rester soi-même, vouloir connaître l’autre dans son contexte, considérer que l’erreur est
un moyen de progresser, avoir une vision de l’avenir et la faire partager.
• Le style persuasif (zone de la persuasion) : il se mobilise pour motiver son équipe. Il ne fait pas,
mais reste très présent. Il encourage. Il consulte ses collaborateurs pour des avis ou des
suggestions, en restant maître des décisions. Il sait entraîner une équipe derrière lui. Il est
particulièrement utile pour développer l’autonomie de ses collaborateurs.
• Le style participatif (zone de l’association) : il favorise le travail en équipe. Il privilégie des
décisions collectives, autant que possible. Il prend en compte les besoins individuels de ses
collaborateurs. Il cherche à valoriser ses collaborateurs et à développer leurs compétences. Il sait
être à l’écoute et favorise les remontées d’informations. Il est particulièrement utile à la tête d’une
équipe constituée et sur la voie de l’autonomie.
• Le style délégatif (zone de l’organisation) : chacun connaît ses missions et ses responsabilités. Il
définit un cadre de travail précis. À l’intérieur de ce cadre, il délègue missions et responsabilités
et met en place un suivi efficace. Les règles du jeu sont précises et l’autonomie est réelle. Il est
particulièrement utile face à une équipe d’experts qui sont déjà autonomes.
• Le style adaptatif (zone de la négociation) : il formalise le strict nécessaire et joue la
complémentarité des compétences. Il procède par expérimentation et est souvent amené à
négocier, objectifs et méthodes. Il reste proche du terrain pour saisir les opportunités. C’est un
manager utile dans des situations changeantes, ou il convient de s’adapter rapidement. Il sait faire
face à des situations qui manquent de points de repères.
Voyons maintenant ces cinq styles sous leurs aspects inefficaces.
• Le style directif/style autocratique : pour un autocrate, son fantasme est de tout contrôler. Il ne
délègue pas. Il fait exécuter, il est persuadé d’avoir une forte influence… Il construit son influence
sur l’expertise, il doit tout savoir faire. Il se doit d’être plus compétent que ses collaborateurs. Il
n’écoute pas.
• Le syle persuasif/style utopiste : le nom indique déjà la tendance. Il est plus centré sur des
principes que sur la réalité. Il confond explication et adhésion. S’il a expliqué, alors les gens vont
le suivre… Il confond innovation et créativité. Il valorise le changement pour le changement. Il
met de la pression sur ces collaborateurs pour être le meilleur, il ne s’en rend pas compte.
• Le style participatif/style paternaliste : ce style de management est basé sur le fait d’être
apprécié à tout prix par ses collaborateurs. Pour lui il n’y a pas de niveau hiérarchique, ils sont
une grande famille. Il est prêt à donner satisfaction à un collaborateur au détriment de l’entreprise
et parfois du reste de l’équipe. La qualité de l’ambiance est plus importante que les résultats. Il
entretient un flou total sur ce qui est négociable et sur ce qui ne l’est pas.
• Le style délégatif/style bureaucratique : Pour lui, si tout est bien organisé, tout doit bien se
passer. Il perd le contact avec son équipe. Il est souvent absent de la vue de ses collaborateurs. Il
confond délégation et laisser faire, et ne fait pas de suivi, c’est inutile. Il n’aime surtout pas le
changement et met en place une structure qui dure tout le temps où il est là.
• Le style adaptatif/style opportuniste : c’est l’adepte de la consultation bidon. Il cultive le flou et
l’imprécision. Il ne prend pas d’engagement précis, il préfère le discours aux actes. Il a une
devise « s’en sortir », c’est un « politique » qui pratique la loi de la jungle.
Nous adoptons tous un de ces styles face aux situations de management. Nous pouvons utiliser plusieurs
styles, deux très souvent, trois parfois, dans lesquels nous sommes à l’aise. Toutefois il y a un style qui
est notre style principal. Mais nous avons aussi des styles négatifs que nous utilisons dans des situations
de stress. Et nous utilisons aussi parfois certains éléments des aspects négatifs en toute conscience. Un
bon manager se doit de connaître ses atouts et ses points de vigilance, sans quoi il risque de se laisser
bercer au gré des situations en espérant s’en sortir au mieux. Lorsqu’on est issu de la technique comme
l’est fréquemment le directeur financier, la tendance est souvent vers le management directif, en
particulier quand il doit faire face à une équipe constituée, c’est une manière de se protéger.
Coaching et manager-coach
L’essentiel
►► Le directeur financier doit développer une vraie compétence de manager. Souvent
choisi pour son expertise technique, il doit également apprendre à faire adhérer ses équipes
aux changements inévitables d’organisation en laissant s’exprimer les craintes et en donnant
une vision positive.
►► Il doit résister à la tentation de tout faire par lui-même en maîtrisant les étapes de la
délégation. Il propose une mission, les moyens qui permettent de la réaliser, obtient
l’acceptation, met en place un suivi adapté.
►► Il développe sa dimension de leader, vis-à-vis des membres de son équipe et d’autres
fonctions, notamment pour des projets transversaux comme la culture cash. Pour cela, il donne
du sens à l’action, motive ses équipes, développe une communication positive grâce à sa
disponibilité et à son écoute.
►► Finalement, il développe un rôle de manager coach, notamment pour les managers de
son équipe.
Chapitre 10
Executive summary
►► La nature de la gouvernance de l’entreprise a évolué, suivant les processus de
financiarisation des sociétés et de recherche croissante de la satisfaction des actionnaires. Les
affaires et scandales financiers des années 1990-2000 ont donné lieu à une volonté de
régulation et de meilleur contrôle de cette gouvernance, tant sur le plan législatif que sur les
recommandations professionnelles. Comment se positionne le directeur financier face à cette
mutation ?
►► Le directeur financier voit ainsi son rôle se renforcer. On exige de lui qu’il sache mettre
en avant les postures du business partner manager et du communicant.
►► Sur quels axes doit-il alors travailler et quels sont les points saillants de sa fonction à cet
égard ?
Ainsi, l’actionnaire sera satisfait s’il obtient la plus grande rémunération (liquidités) dans une durée
temporelle la plus courte possible (temps) et avec un degré d’incertitude le plus faible possible (risque).
Mais comment faire en sorte que les intérêts de l’actionnaire soient complètement défendus au jour le jour
dans l’entreprise quand le droit des actionnaires se limite à la nomination de l’équipe dirigeante
(administrateurs dans les sociétés anonymes par exemple) ? L’actionnaire n’a pas le pouvoir de participer
directement à la gestion. Il peut toutefois créer des comités actifs et imposer des limitations de
délégations pour l’équipe dirigeante.
Un des objectifs majeurs de la gouvernance est de contrôler et d’encadrer le management afin que sa
mission soit entièrement consacrée à la satisfaction de l’actionnaire et que son action s’inscrive dans la
légalité.
La loi de sécurité financière concernant les sociétés cotées en France, la loi Sarbanes-Oxley pour toute
entreprise américaine et ses filiales, les bonnes pratiques et les recommandations de place s’inscrivent
dans ce mouvement. Ainsi, ces bonnes pratiques, voire les obligations légales, s’articulent principalement
autour du principe de la délégation.
La délégation, bras de levier managérial par excellence, se décline à son tour autour de trois corollaires
que sont :
– la fixation des objectifs,
– le reporting,
– le contrôle.
Ce sont tous ces éléments que nous retrouvons dans les principes actuels de la bonne gouvernance.
Les objectifs sont clairement fixés : maximiser l’accroissement de richesse de l’actionnaire. Le
reporting se décline en cascade (figure 10.1). Chaque maillon de la chaîne hiérarchique attend le rapport
de celui ou ceux qui ont reçu délégation.
– Le conseil d’administration rend compte à l’assemblée des actionnaires.
– Le directeur général informe le conseil d’administration sur la réalisation de la stratégie et des
objectifs définis.
– Le comité de direction rend compte de ses objectifs opérationnels à sa direction générale.
La forme de ce compte-rendu diffère selon les fonctions exercées mais le principe est le même : rendre
compte de la délégation qui a été confiée afin d’accomplir les missions assignées.
En contrepartie, le délégant exerce son pouvoir de contrôle, rendu plus étendu aujourd’hui :
– séparation des fonctions entre présidence du conseil d’administration et direction générale
conseillée ;
– rapport de gestion enrichi d’informations désormais obligatoires (notamment transparence sur les
rémunérations des dirigeants) ;
– rapport du président sur la gouvernance et le contrôle interne pour les sociétés cotées ;
– mise en place des comités d’audit et de rémunérations. Il peut aussi y avoir un comité stratégique.
Le comité d’audit a pour mission « de s’assurer de la pertinence et de la permanence des méthodes
comptables adoptées pour l’établissement des comptes et de vérifier que les procédures internes de
collecte de l’information garantissent celles-ci. » (Rapport Vienot juillet 1999). Il est de préférence
constitué de plusieurs administrateurs dont un au moins indépendant.
Le comité de rémunération suit une logique similaire, il doit permettre de porter un regard éclairé sur le
mode de rémunération des dirigeants de la société.
Bien que facultatifs, ils apparaissent de plus en plus dans les sociétés cotées afin d’assurer le contrôle
nécessaire des organes de direction et notamment de la direction générale.
Les bonnes pratiques de gouvernance préconisent également la nomination d’ administrateurs
indépendants au sein des conseils d’administration. N’étant lié à l’entreprise par aucun contrat, lien
familial, direct ou indirect, l’administrateur indépendant est réputé avoir un regard neutre et indépendant
vis-à-vis des décisions prises par le conseil d’administration.
La figure 10.2 illustre ces relations d’interdépendance et de délégation. La chaîne de délégation est
représentée par les flèches noires (maigres).
Figure 10.2 – Les relations d’interdépendance et de délégation
Ainsi, l’assemblée générale des actionnaires nomme les administrateurs afin qu’ils réalisent les objectifs
des actionnaires. À leur tour, les administrateurs nomment un directeur général qui a les pleins pouvoirs
pour diriger la société dans les limites de la délégation fournie par le conseil d’administration. Enfin, le
directeur général a toute latitude pour nommer son équipe de direction et mettre en palce le plan d’actions
qu’il aura défini afin de réaliser les objectifs stratégiques du conseil d’administration.
En contrepartie, chacun rend compte à son délégant (flèches en petits pointillés) :
– les tableaux de bord et la mesure de la performance sont au centre de la relation managériale entre
le directeur général et son comité de direction,
– le directeur général rend compte au conseil d’administration chaque fois que celui-ci le sollicite,
– enfin le conseil d’administration ou son président rendent compte de façon formelle à l’assemblée
des actionnaires de la gestion annuelle de l’entreprise (rapport de gestion, rapport du président
sur la gouvernance et sur le contrôle interne de la société, arrêté des comptes…).
Par ailleurs, il existe des points de contrôle formels et parfois légaux (flèches en longs pointillés) :
– les commissaires aux comptes sont mandatés par l’assemblée générale afin de certifier les
comptes arrêtés par le conseil d’administration,
– les comités d’audit et de rémunérations, quand ils existent, remettent un rapport au conseil
d’administration,
– le service d’audit est souvent rattaché à la direction générale afin de lui rendre compte de la
qualité du contrôle interne dans l’entreprise.
Néanmoins, la gouvernance d’entreprise prend des formes plus nuancées selon la typologie et l’histoire
de l’entreprise.
Les enjeux de corporate governance sont élevés pour toute société cotée ou société ouverte au capital
financier et notamment international.
En revanche, lorsque la société est détenue majoritairement par un actionnaire personne physique, de
surcroît manager de la société, les attentes sont plus spécifiques et souvent patrimoniales, voire
successorales. La société doit néanmoins se contraindre au respect réglementaire d’une gouvernance dont
la finalité lui est souvent étrangère.
PME familiale
Dans la PME de type familial, le pouvoir de l’actionnaire et le pouvoir managérial sont concentrés sur
une même personne. Le directeur financier reçoit donc des objectifs clairs et univoques même s’ils sont
souvent implicites :
• Émettre des comptes réguliers et sincères en parfaite adéquation avec les obligations légales et
réglementaires.
• Définir et mettre en œuvre des tableaux de bord de gestion pour permettre au dirigeant d’identifier
les risques sur son exploitation et le patrimoine de l’entreprise souvent représentatif de la quasi-
intégralité du patrimoine du dirigeant actionnaire.
• Souvent seule personne ayant une bonne compréhension des grands équilibres et mécanismes
financiers, il a un devoir pédagogique majeur vis-à-vis du dirigeant et des autres membres de
l’équipe de direction.
• Effectuer la veille réglementaire en matière juridique et fiscale. Ici encore son rôle pédagogique et
d’alerte est important. Il devra faire connaître les bonnes pratiques de gouvernance et convaincre
de leur utilité. L’arsenal réglementaire étant souvent disproportionné par rapport à la taille et les
besoins effectifs de l’entreprise, il aura pour mission d’identifier les éléments de gouvernance
apportant un progrès réel à l’entreprise, savoir discerner les points de passage obligatoires et
ceux qui ne sont pas adaptés à l’entreprise. Souvent seul sur le sujet, ses qualités d’appréciation,
son talent pédagogique accompagné de sa loyauté vis-à-vis de l’entreprise et de son leader sont
les atouts indispensables dont il doit se doter pour réussir sa mission.
La situation devient plus complexe lorsque plusieurs membres de la même famille travaillent dans
l’entreprise sous la direction d’un ou de plusieurs d’entre eux. Le directeur financier, extérieur à la
famille, aura alors un devoir de réserve plus étendu qu’à l’accoutumée, d’autant plus que parfois les
situations familiales interfèrent avec la vie de l’entreprise. Son sens politique et sa diplomatie seront
ainsi éprouvés.
Filiales de groupes
On serait tenté de croire que la position du directeur financier de filiale de groupe est celle qui recèle le
moins de difficulté dans le domaine de la gouvernance et de l’éthique. Le reporting et les procédures sont
souvent fixés par le siège. Son rôle est alors de fournir les informations dans la plus grande fiabilité dans
un respect du calendrier parfait. On lui demande d’adapter les procédures aux particularités de la filiale
et d’être une courroie de transmission factuelle entre la filiale et la maison mère.
Or, le directeur financier de filiale se trouve souvent dans une organisation matricielle dans laquelle il
rend compte hiérarchiquement au directeur général de la filiale et fonctionnellement au directeur financier
du groupe. Il se trouve ainsi tiraillé entre d’une part, la défense des intérêts de la filiale à laquelle il
participe et contribue à l’atteinte des objectifs au jour le jour et d’autre part, à l’application, la
communication des directives de la maison mère en ayant pour mission de convaincre les opérationnels
de leur bien fondé.
Sa loyauté et son éthique peuvent alors être mises à l’épreuve. En particulier, dans les sociétés soumises
à la loi Sarbanes-Oxley, le directeur financier doit s’engager en matière de respect des lois et
réglementations, de lutte contre les fraudes, les discriminations…
Donner du sens
Le directeur financier n’est ni le créateur ni le premier émetteur du message. C’est au directeur général
qu’incombe cette mission. Néanmoins, le directeur financier, comme tout bon manager, se doit de
démultiplier le message et le faire entendre à ses collaborateurs, bien sûr, mais aussi à l’intégralité des
opérationnels. Compte tenu d’une certaine focalisation financière et gestionnaire des messages, il est une
des principales courroies de transmission.
Donner du sens signifie aussi, favoriser le décodage des objectifs financiers en actions opérationnelles à
atteindre pour réaliser ces objectifs. La culture cash est un exemple très parlant de cette situation.
Animer
Les opérationnels sont souvent réticents à entrer dans le langage et la logique financière. Le langage
utilisé leur paraît alors ésotérique et accessible à quelques initiés. Le directeur financier a un devoir de
démystification pour faire en sorte que les opérationnels s’approprient la donne financière sur laquelle ils
peuvent agir.
Partie prenante directement ou par ses contrôleurs de gestion dans les groupes de projet, il fait faire le
lien entre objectifs financiers, contraintes et réalisations opérationnelles et le nécessaire contrôle interne.
Au cœur de l’action avec les équipes terrain, il défend les intérêts de la direction générale et fait
remonter les difficultés des opérationnels. C’est tout le rôle d’une fonction support.
Contrôler
Par le biais du reporting et de la mesure de la performance lisible dans les tableaux de bord, il met en
place, dispose et communique les outils de la mesure de la performance.
Porte-voix de l’actionnaire et du directeur général, il est celui qui demande toujours plus aux
opérationnels pour l’atteinte des objectifs financiers. Il a aussi la tâche de pointer là où les difficultés
existent, quand les clignotants passent au rouge.
Membre du comité de direction, égal hiérarchique de ses collègues, il distribue, de fait, les bons et les
mauvais points. Position peu aisée où le savoir-faire managérial est important, jeu d’équilibriste parfois.
Là encore son éthique est mise à l’épreuve. La solution se trouve souvent dans le sens commun des
valeurs humaines fondamentales.
La communication financière externe
Plus les apporteurs de fonds, effectifs ou potentiels, sont externes à l’entreprise, plus la communication
financière se doit d’être développée. Là encore le directeur financier a directement en charge cette
relation, ou bien accompagne le directeur général qui en a le leadership.
Le directeur financier gagne la confiance des banquiers notamment en fournissant des prévisions fiables
en termes de chiffre d’affaires, résultat, position de trésorerie…
Il convient d’adapter la communication financière vis-à-vis des deux apporteurs de fonds, banquiers et
actionnaires car ils ont chacun leurs propres objectifs et sont soumis à des risques et des échelles
temporelles différentes.
Dans ce chapitre, on distinguera deux interlocuteurs bancaires différents.
Les opérations bancaires relatives à des opérations de haut de bilan, de fusions-acquisitions, de
restructuration du capital seront assimilées à des opérations faites par les investisseurs. En revanche, les
emprunts à moyen et long terme et la gestion à court terme de la trésorerie seront celles qui sont visées
dans ce chapitre dans la relation et la communication avec le monde bancaire.
■ À la clôture du budget
Les opérations budgétaires permettent de mettre en évidence les idées force de la déclinaison du plan
stratégique de l’entreprise sur l’année à venir.
Le compte de résultat prévisionnel est connu. Le budget d’investissements est arrêté. Tout est en place
pour effectuer le plan de financement et le budget de trésorerie annuel.
C’est donc le moment privilégié pour informer son banquier du déroulement du plan stratégique et des
contraintes rencontrées.
Dévoiler son analyse des risques et surtout les plans de secours est de nature à augmenter la crédibilité
managériale auprès des banques, élément indispensable de l’acquisition de la confiance.
Par ailleurs, la présentation des projets et de leur besoin de financement est ici aisée puisque le
déroulement du plan budgétaire prépare à cette conclusion. C’est à ce moment-là qu’il faut négocier les
nouveaux emprunts et arrêter les lignes de crédit court terme annuelles.
Éthique et déontologie
Ce sujet est difficile et les auteurs de ce livre n’ont pas la prétention de détenir une vérité unique, si tant
est qu’elle existe en ce domaine. On se bornera donc humblement à apporter au lecteur quelques pistes de
réflexion émanant de praticiens ayant travaillé au jour le jour dans des entreprises diverses. Elles passent
bien entendu par le prisme des personnalités et des valeurs de chacun. Voici une « liste à minima » qu’il
vous appartient de compléter :
– Le directeur financier n’est pas l’employé du dirigeant mais de l’entreprise. Il doit identifier les
personnes à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise à l’égard de qui il a un devoir de loyauté :
les dirigeants, le comité d’audit, les actionnaires, la maison mère, les banquiers.
– Même si les conséquences pour sa carrière peuvent être lourdes, il est préférable de suivre les
directives de sa conscience et du droit plutôt que d’obéir à des consignes illégales ou contraires à
l’éthique professionnelle. Le directeur financier a le choix entre se soumettre ou se démettre et
accepter d’en tirer les conséquences.
– En fonction du périmètre de sa fonction, tous les problèmes d’éthique ne relèvent pas du directeur
financier.
– Éviter de demeurer isolé sur certains sujets, prendre du recul, demander conseil, adhérer à des
organisations professionnelles permettant l’échange.
– Demeurer ferme sur les principes, rester souple sur leur mise en œuvre.
– Avoir en permanence en tête le seuil de matérialité et éviter de se noyer et noyer les autres dans
les détails.
– Un des meilleurs garde-fous consiste à mettre en place et maintenir un bon dispositif de contrôle
interne et de le rendre transparent. Un tel dispositif limite les risques et affiche de façon explicite
la règle qui s’applique à tous.
– Montrer l’exemple et être irréprochable sur le respect des règles.
– Connaître les situations dans lesquelles le directeur financier est confronté au risque pénal.
– Obtenir une assurance responsabilité civile des dirigeants couvrant sa fonction.
La gouvernance d’entreprise est en pleine mutation. Lorsque les personnes qui détiennent le capital et
celles qui dirigent l’entreprise sont différentes, la théorie de l’agence est au centre des débats. Comment
faire en sorte que les intérêts de chacun soient absolument convergents et faire en sorte que la délégation
opérée par l’actionnaire soit effectuée conformément à ses attentes ?
Comment faire en sorte que la volonté de rémunération maximale de l’actionnaire sur une donnée de
temps courte, soit compatible avec la pérennité à long terme de l’entreprise ? Comment concilier pensée
et action stratégique avec une pression à court terme sur la performance financière ?
Si le directeur financier n’a pas de pouvoir au sein du conseil d’administration, sa fonction dans
l’entreprise le place au centre des débats :
– Avec le directeur général, il est le porte-parole des intérêts de l’actionnaire au sein de
l’entreprise.
– Au contact des opérationnels, il connaît la difficulté de l’action dans le but d’obtenir des
performances financières en constante progression. Il est légitimement amené à se questionner sur
l’équilibre des décisions prises entre la recherche de la plus grande performance à court terme et
les investissements nécessaires à la préparation d’un futur plus lointain.
– C’est un salarié de l’entreprise et non pas un mandataire social. Sa fonction est régie par un
contrat de travail caractérisé par un lien de subordination vis-à-vis du plus haut niveau de la
direction de l’entreprise.
Le sens de l’éthique et de la loyauté sont fortement sollicités au sein de sa fonction.
C’est à lui de trouver l’équilibre nécessaire à la réussite de sa fonction entre les différents enjeux
économiques et politiques et ses propres valeurs.
L’essentiel
►► La gouvernance de l’entreprise vise à atteindre la satisfaction de l’actionnaire par la
maximisation de sa rémunération. Cet objectif s’articule autour d’une chaîne de délégation de
type managérial : de l’actionnaire au collaborateur en charge des opérations.
►► Le directeur financier joue un rôle important dans la compréhension de ces enjeux par
les acteurs de l’entreprise. Courroie de transmission, pédagogue et loyal vis-à-vis de sa
hiérarchie et de l’actionnaire, il doit développer un sens politique parfaitement adapté à la
typologie de l’entreprise au sein de laquelle il exerce ses fonctions. Le directeur financier
développe alors une activité de communication sur les enjeux financiers à l’intérieur de
l’organisation dont il dépend. Cet acte managérial s’appuie sur l’apport de sens, l’animation
et le contrôle.
►► En ce qui concerne la communication financière vis-à-vis des pourvoyeurs de fonds, le
directeur financier l’adaptera en fonction de la nature de ses interlocuteurs : sur une relation
cadencée dans le temps avec ses partenaires banquiers, et axée sur le développement
stratégique et la création de valeur aux côtés de la direction générale, pour les investisseurs.
►► Souvent placée au centre des débats, la donne financière apporte au directeur financier
une posture où le sens de l’éthique côtoie le savoir-faire politique pour le meilleur de
l’entreprise : un chemin parfois étroit qu’il appartient à chacun de définir.
Chapitre 11
Executive summary
►► Les contextes changent… L’économie s’accélère avec souvent des périodes
d’instabilité, dans un environnement à très faible visibilité. Rien n’est acquis pour les
entreprises ; encore moins pour les directeurs financiers. Avec une croissance très faible
annoncée dans la zone euro pour les prochaines années, les dirigeants et les actionnaires des
entreprises pensent de plus en plus à réaliser des opérations de croissance externe pour
atteindre leurs objectifs opérationnels et financiers.
►► Les fonds d’investissements sont de plus en plus à la manœuvre dans ce type
d’opérations. Travailler avec des actionnaires professionnels nécessite de comprendre leurs
contraintes et surtout leurs attentes… de travailler différemment. De même travailler sur un
mode « mission » nécessite de bien comprendre les enjeux et les contraintes du métier de
manager de transition.
Exemple 1
Une société basée à Lille dans la menuiserie PVC (35 M€ de chiffre d’affaires) rachète son concurrent
dans la région de Grenoble (20 M( de CA). Le directeur financier de la société lilloise, qui s’était
inscrit à un master de finance en cours du soir, apprend la transaction le jour du closing. Son patron lui
demande de passer trois semaines sur place puis ensuite de s’organiser pour passer entre deux et trois
jours par semaine à Grenoble afin de piloter l’intégration. Après deux mois, le directeur financier
démissionne. L’intégration dérape et s’effectue avec beaucoup de difficultés. Dix-huit mois plus tard,
elle n’est toujours pas complètement achevée…
Exemple 2
Une société d’ingénierie et de conseil spécialisée dans l’énergie (200 personnes en France) achète une
société dans son secteur d’activité en Roumanie (150 personnes). Le directeur financier, très motivé,
va s’installer quatre mois sur place. L’objectif est d’installer l’ERP du groupe dans la nouvelle filiale
afin de pouvoir sortir les prochains comptes semestriels sur le même outil de comptabilité et de
reporting.
Pendant qu’il s’investit en Roumanie, le directeur financier perd un peu le lien et le contrôle de ce qui
se passe au quotidien dans la société française. Les comptes clients se dégradent de 20 jours ce qui
provoque une mini-crise de trésorerie. Pas encadrée, l’équipe finance du siège se disperse. Des
conflits de personnes apparaissent. La chef comptable demande un congé sabbatique. Un contrôleur de
gestion cherche ouvertement du travail ailleurs…
Exemple 3
Leader sur son marché et implantée en région parisienne, une société d’installation et de maintenance
de pompes à chaleur rachète une société dans le sud-ouest de la France. Le directeur financier est sur
place dans la banlieue de Toulouse dès le premier jour. Il signifie immédiatement au chef comptable
son prochain départ. Il organise ensuite une réunion avec les deux personnes de la cellule
recouvrement. « Nous n’allons plus avoir besoin de vous » leur dit-il. « Nous allons mettre en place le
contrat d’affacturage du groupe. Mieux vaut que vous cherchiez tout de suite un travail ailleurs »
ajoute-t-il…
Dans les quelques jours qui suivent plusieurs chèques disparaissent à la comptabilité. Le problème
n’étant pas élucidé, il s’en suit un climat de suspicion. Cette situation rejaillit négativement sur
l’ensemble de l’entreprise y compris sur l’équipe commerciale et sur les ateliers d’usinage. Les
syndicats se saisissent du problème…
Exemple 4
Le directeur financier de l’acquéreur est très satisfait. Il vient enfin de boucler le financement de
l’acquisition. C’était un dossier complexe. Il y travaillait depuis des semaines. La syndication a été
mise en place. À plusieurs reprises le directeur financier de la cible (rétrogradé au titre de contrôleur
financier dans la nouvelle organisation) lui signale l’urgence de prendre en compte dans le financement
l’évolution du mix produits et l’augmentation du BFR qui en découle ainsi que le risque qu’un des
banquiers du bas de bilan se retire. « Ne vous inquiétez pas » lui répond-il, « notre pool bancaire nous
accompagnera et en plus nous allons mettre en place le contrat d’affacturage du groupe ». Deux mois
plus tard, un des banquiers réduit sa ligne de découvert. La mise en place de l’ERP du groupe dans la
cible ne se passe pas aussi bien que prévu. Impossible de sortir des factures qui soient justes… Il faut
tout recontrôler à la main. Le contrat d’affacturage n’est toujours pas mis en place. Les contacts avec
les banquiers qui ont financé la dette d’acquisition (haut de bilan) ne s’avèrent pas aussi utiles que
souhaités. Les banquiers du bas de bilan ne sont pas situés dans le même immeuble. Ils ne se parlent
pas entre eux… La mise en place des nouvelles lignes prend un certain temps…
L’entreprise est en pleine crise de trésorerie… Le groupe doit injecter ponctuellement plusieurs
millions en compte-courant.
Conclusion
Le rôle du directeur financier dans les opérations de croissance externe est de diffuser les bonnes
pratiques, d’anticiper les risques, de mesurer les performances de manière objective, d’alerter le
management afin de réussir l’intégration dans les six mois.
La prise en compte du facteur temps est la clé de la réussite du projet d’intégration.
Pour mesurer le temps, encore faut-il un plan d’actions détaillé qui cadence les six mois généralement
nécessaires à une intégration réussie. Des points d’avancement préparés par le directeur financier
(parfois animés par lui) sont à effectuer toutes les semaines.
Le rôle du directeur financier est important dans la préparation du plan d’intégration mais aussi ensuite
dans le suivi de son exécution. Il mesure de façon hebdomadaire les performances par rapport au plan
initial et alerte le management dès que la situation réelle diverge par rapport au plan.
Le rôle du directeur financier est également de mettre à jour ou de corriger au fil de l’eau le business
plan initial s’il s’avère que sur une ou plusieurs hypothèses celui-ci est erroné. Mieux vaut s’en rendre
compte tout de suite, chiffrer les impacts à moyen terme (rentabilité, financements…) et, le cas échéant,
faire jouer la garantie de passif.
Le rôle du directeur financier est aussi de veiller à la correcte allocation des ressources dans la phase
d’intégration :
– gestion du quotidien/gestion de l’exceptionnel,
– ressources internes/ressources externes.
Il est rare de voir des intégrations réussies pilotées exclusivement par des équipes de consultants
externes. C’est la combinaison des talents (internes et externes) qui crée l’efficacité et donc les résultats.
Le rôle du directeur financier est encore de valider et de synthétiser pour le management les données
chiffrées actualisées qui lui permettront de communiquer en interne ou en externe sur l’avancement du
projet et sur les résultats obtenus.
Enfin, dans l’euphorie ambiante qui accompagne souvent les opérations de fusions-acquisitions, le rôle
du directeur financier (et ce n’est pas le moins aisé) est de garder sa sérénité et sa hauteur de vue. Il doit
rester le directeur financier quoi qu’il arrive et ne pas se disperser ou se laisser absorber par des tâches
opérationnelles périphériques susceptibles de remettre en cause le pilotage ou la maîtrise des grands
équilibres de l’ensemble.
Les fonds d’investissement attendent de leurs directeurs financiers qu’ils soient en même temps des
techniciens ou des experts de la finance (– 3) et les patrons de la finance (– 4). Au contraire les DAF ont
tendance à se positionner dans un rôle plus en retrait de généralistes (+ 5) ou de managers (+ 4). On voit
ici resurgir les attentes des fonds d’investissement dans un LBO : la recherche de profils à vocation
entrepreneuriale. Patron de la finance, c’est différent de manager de la finance.
Là où les fonds attendent du DAF qu’il soit une source d’information indépendante du dirigeant (– 2) et
une personne avec qui dialoguer et faire équipe (– 4), les DAF se voient plutôt comme des garde-fous ou
les garants du business plan (+ 6).
À propos du décalage qui existe entre les directeurs financiers de LBO et les fonds d’investissement au
sujet du devoir d’alerte du directeur financier dans un LBO, le patron d’un fonds de LBO majoritaire nous
fait le commentaire suivant : « Certains DAF de nos participations passent leurs journées à nous alerter.
C’est parfois lassant. C’est vrai que nous n’apprécions pas d’être surpris et que le rôle du DAF c’est
aussi de nous alerter ; mais pas à tout bout de champ. »
« Dialoguer, c’est aller beaucoup plus loin que de seulement alerter. Nous apprécions que les DAF de
nos participations nous parlent de ce qui ne va pas mais nous apprécions aussi parler avec eux de tout ce
qui va bien » ajoute un autre directeur de participations d’un fonds d’investissement connu de la place.
Enfin, concernant le rôle de garant du business plan qui serait dévolu au DAF, un autre associé d’un
fonds d’investissement de la place nous signale : « C’est vrai que nous attendons du directeur financier de
notre participation qu’il nous alerte et soit une sorte de garant technique du business plan. Il a les yeux
sur le business et sur les chiffres à longueur de journée et nous sommes bien en droit d’attendre de lui
cette prestation. En revanche, si les choses dérapent notre politique est d’intervenir auprès du
management et de ne pas laisser le directeur financier essayer de régler seul les problèmes. In fine les
véritables garants du business plan c’est nous, les actionnaires ».
Tableau 11.2 – Qu’attendez-vous principalement du directeur financier ?
Investisseurs DAF
professionnels d’entreprise Variation
base 100 base 100
1 Qu’il sorte les comptes, les budgets… 11 7 – 4
2 Qu’il gère les CAC 1 1 0
3 Qu’il optimise la gestion 9 7 – 2
Qu’il mette en place et anime le reporting 16 13 – 3
4
opérationnel et financier
5 Qu’il réduise les coûts 1 0 – 1
Qu’il mette en place des contrôles internes 6 11 5
6
appropriés
7 Qu’il soit discret 1 1 0
8 Qu’il anticipe, qu’il vous alerte 11 14 3
9 Qu’il manage son équipe 3 5 2
10 Qu’il investisse financièrement dans le LBO 3 1 – 2
Qu’il participe à l’élaboration de la stratégie 5 8 3
11
de l’entreprise
12 Qu’il soit honnête et intègre 9 8 – 1
13 Qu’il fasse équipe avec le dirigeant 6 8 2
14 Qu’il contrôle le management 1 1 0
Qu’il participe au Codir et à la réussite du 9 8 – 1
15
LBO
Qu’il connaisse ses limites et fasse appel à
16 des conseils extérieurs quand il se sent 7 5 – 2
dépassé
17 Qu’il soit un entrepreneur 1 2 1
Total 100 100 0
Les directeurs financiers sous-estiment les attentes des fonds d’investissement en matière de reporting
opérationnel et financier et surestiment les attentes des fonds d’investissement en matière de gestion et de
contrôle des risques.
Pour 36 % des fonds d’investissement, le rôle principal du directeur financier dans un LBO est d’abord
de sortir les comptes et les budgets, de mettre en place le reporting opérationnel et financier et
d’optimiser la gestion au quotidien (seulement pour 27 % des directeurs financiers).
Pour 25 % des directeurs financiers de LBO, leur rôle est d’abord de mettre en place des contrôles
internes appropriés, d’anticiper et d’alerter (17 % seulement pour les fonds d’investissement).
Le LBO vit au rythme de l’incontournable reporting mensuel ! Pour les actionnaires professionnels, le
reporting mensuel réconcilié avec la comptabilité générale et la prévision de trésorerie mise à jour tous
les mois sont les meilleurs garants de la maîtrise des risques.
« Mettons déjà en place le reporting mensuel, ce qui signifie de renforcer les fondamentaux :
comptabilité, contrôle de gestion et credit management et nous verrons bien ensuite de quoi nous avons
besoin pour la maîtrise des risques », nous a déclaré un des participants à l’étude.
« Nous saurons toujours lire un bon reporting et poser les bonnes questions », nous dit un autre.
« Réduisons le BFR de 30 % et nous aurons déjà fait 50 % du chemin en matière de risk management »,
nous a déclaré un troisième participant.
Tableau 11.3 – Quelles sont selon vous les principales qualités que le directeur financier doit avoir dans un LBO ?
Investisseurs DAF
professionnels d’entreprise Variation
base 100 base 100
1 Enthousiasme / dynamisme 1 5 4
2 Prudence 3 3 0
3 Travailleur 4 2 – 2
4 Apporte des idées 3 3 0
5 Rigoureux 15 9 – 6
Indépendance de vue par rapport au 4 6 2
6
management
7 Loyauté par rapport à l’entreprise 6 6 0
8 Expérimenté 2 7 5
9 Loyauté par rapport à l’actionnaire 13 6 – 7
Capacité à rester concentré sur certains 6 3 – 3
10
sujets / à aller au fond des choses
11 Résistance au stress 12 6 – 6
Prise de risque / capacité à saisir des 1 2 1
12
opportunités
13 Adaptabilité 0 4 4
14 Capacité à bâtir des alliances 1 1 0
15 Capacité à communiquer 2 6 4
16 Capacité à travailler en équipe 5 4 – 1
17 Capacité à comprendre le business 5 5 0
18 Capacité à mener plusieurs projets à la fois 4 6 2
19 Capacité à entraîner ses équipes 5 5 0
20 Capacité à négocier 2 4 2
21 Capacité à anticiper 6 7 1
Nombre de réponses 100 100 0
Les actionnaires professionnels attendent avant tout de la rigueur de leurs directeurs financiers (– 6), une
capacité de travail (– 2). Ils attendent également que le DAF aille au fond des choses (– 3) et soit
résistant au stress (– 6).
Les directeurs financiers considèrent souvent que parce qu’ils sont DAF depuis quelques années, les
notions de rigueur, de résistance à la pression ou de capacité de travail sont inhérentes à leur fonction. Ils
mettent plus en avant des notions telles que l’enthousiasme (+ 4), l’expérience (+ 5), l’adaptabilité (+ 4)
et la communication (+ 4).
Le fossé se creuse entre les deux types de réponses. La première attente des actionnaires, c’est qu’on leur
fournisse des tableaux qui soient justes et où l’on retrouve le même chiffre d’Ebitda dans le compte
d’exploitation et dans le tableau de cash flow. Un responsable d’un fonds commente les résultats ainsi :
« Nous avons rencontré de très nombreux DAF qui nous disaient qu’ils étaient rigoureux puisqu’ils
étaient DAF. Dans la pratique, un certain nombre d’entre eux ne l’était pas. Aussi maintenant, nous ne
nous contentons pas d’affirmations. Nous prenons des références très précises sur ce point. De toute
manière, dans un LBO le directeur financier doit apporter la démonstration par les faits tous les jours
qu’il est rigoureux. Sinon cela explose. L’improvisation, la communication ou la capacité d’adaptation ne
compensent jamais l’absence de rigueur ou le fait de rester à la surface des choses. »
Les fonds d’investissements exigent de leurs directeurs financiers qu’ils soient loyaux vis-à-vis de
l’entreprise mais aussi et surtout vis-à-vis d’eux (– 7). L’indépendance vis avis du management (+ 2)
prônée par les directeurs financiers ne suffit pas. Comme nous l’explique un associé d’un fonds :
« Parfois dans certaines situations le directeur financier doit être capable de sortir du lien hiérarchique
avec le dirigeant et nous alerter. Cela fait partie de la fonction. C’est difficile de se mettre en risque
personnellement mais cela peut sauver l’entreprise. Notamment quand la trésorerie est tendue ».
Tableau 11.4 – Quelle est la valeur ajoutée additionnelle créée par le directeur financier et son équipe dans les opérations de
fusions-acquisitions ?
Investisseurs DAF
professionnels d’entreprise Variation
base 100 base 100
1 Pas de valeur créée du tout 0 0 0
2 Pas de valeur créée mais facilite la transaction 0 10 10
Pas de valeur créée mais contribution à la 4 10 6
3
limitation de la garantie de passif
Valeur créée < 5 % de la valeur de la 16 23 7
4
transaction
5 % < valeur créée < 10 % de la valeur de la 40 31 – 9
5
transaction
Valeur créée > 10 % de la valeur de la 40 26 – 14
6
transaction
Total 100 100 0
Les directeurs financiers sous-estiment leur rôle et donc leur contribution à la valeur ajoutée créée dans
les processus de fusions-acquisitions (build up notamment) par rapport à l’appréciation qu’en font les
fonds d’investissement.
Pour 57 % seulement des directeurs financiers, la valeur ajoutée créée par eux et leurs équipes dans les
processus de fusions-acquisitions excède 5 % de la valeur créée par la transaction ; 80 % des fonds
pensent au contraire que le directeur financier et son équipe contribuent à eux seuls dans les opérations de
croissance externe à au moins 5 % du montant de la valeur ajoutée créée.
Pour 10 % des directeurs financiers, leur rôle et celui de leurs équipes ne créent aucune valeur ajoutée
dans les opérations de croissance externe. Ils pensent jouer seulement un rôle de facilitateurs de la
transaction (0 % des fonds pensent ainsi).
Timidité et prudence naturelles des directeurs financiers (parfois défauts de communication entre les
directeurs financiers et les fonds), ceux-ci hésitent à jouer le rôle que les fonds attendent d’eux.
Les directeurs financiers sont donc encouragés à s’enhardir dans les phases de fusions-acquisitions, « à
être plus entreprenants, plus conquérants » nous a déclaré un investisseur connu de la place. « Ils doivent
donc sortir de leur bureau et de leurs tableaux de chiffres », a ajouté un autre.
En résumé, un DAF de LBO c’est :
– un DAF qui n’aime pas les charentaises ?
– une nouvelle race de DAF !
– un DAF qui fait bien son travail et qui ne se disperse pas !
– un DAF qui sait se fixer des objectifs et les dépasser ;
– un DAF qui a de la chance ;
– un DAF qui va bientôt passer DG ?
– un DAF qui met la trésorerie/le cash comme priorité no 1 de ses journées de travail.
À vous de vous faire votre propre opinion et de choisir votre parcours.
Au cours des missions, la performance des directeurs financiers opérationnels et managers de transition
est observée, mesurée et jugée de différents points de vue :
– celui du dirigeant de l’entreprise,
– celui de l’actionnaire,
– celui de l’équipe dont il a la charge,
– celui de son coach ou binôme éventuel (s’il travaille pour un cabinet).
Chaque point de vue est important. Aucun n’est à négliger.
■ La maîtrise du temps
La durée des missions, le rythme soutenu des missions, l’éloignement géographique des missions… sont
autant de paramètres à gérer et à maîtriser.
La trésorerie : priorité no 1
« Inutile de rêver d’un nouvel ERP si l’entreprise cliente ne peut pas payer les salaires le mois
prochain. »
Bien comprendre comment l’entreprise cliente dépense son cash et à quel rythme doit être la première
priorité du directeur financier opérationnel et manager de transition. Alerter le management et les
actionnaires, la deuxième priorité si besoin.
C’est la trésorerie qui fixe ses priorités au directeur financier opérationnel et manager de transition. Elle
détermine souvent également son « temps de jeu » dans l’entreprise cliente et détermine le temps dont elle
dispose pour mieux s’organiser voire se restructurer.
Si la trésorerie est tendue (ou si elle va se tendre prochainement du fait, par exemple, des effets de la
saisonnalité de l’activité), la trésorerie doit devenir le thème d’action prioritaire. Tous les autres sujets
sont à décaler dans le temps dans les plannings.
Exemple
Quelques exemples de sujets moins prioritaires que la trésorerie, lorsqu’elle est sous tension :
• systèmes d’informations ;
• organisation ou réorganisation ;
• acquisitions ;
• développements à l’international ;
• recrutements, augmentation du point mort ;
• rédaction d’un manuel de procédures ;
• documentation des contrôles internes ;
• etc.
Dégager l’horizon de l’entreprise en termes de trésorerie est la priorité no 1 des managers de transitions.
Lorsque l’horizon se dégage, il est toujours temps de revenir aux autres priorités. Et notamment la mise à
jour de la comptabilité et du contrôle de gestion (autres parents pauvres de la direction financière !).
La trésorerie est le seul sujet dans l’entreprise où, dans des délais très courts (deux semaines maximum),
on peut commencer à produire des résultats tangibles.
La trésorerie c’est également le seul sujet de l’entreprise où la direction financière n’est dépendante de
personne (tout au moins pour des actions à très court terme). Les « excuses » classiques entendues à la
direction financière pour ne pas faire :
– manque de ressources ;
– manque de coopération ou de disponibilité des autres services et notamment du service
commercial ;
– systèmes d’informations défaillants ;
ne sont ni pertinentes ni acceptables en terme d’action à court terme sur la trésorerie.
La trésorerie c’est 90 % de bon sens et 10 % de savoir-faire. Exprimé autrement, la trésorerie c’est 1 %
de théorie et 99 % « d’huile de coude ».
La trésorerie c’est aussi et surtout une question de volonté et de caractère. Le directeur financier
opérationnel et manager de transition doit en avoir dans certaines situations.
Dans la plupart des situations, rien n’empêche d’agir dès les deux premières semaines. L’expérience tirée
du terrain démontre que très rarement la trésorerie se redresse d’elle-même. Voire jamais. D’où
l’importance pour le directeur financier opérationnel de rester ferme sur cette priorité et de ne pas
mollir…
L’essentiel
►► Les directeurs financiers subissent les contrecoups de la mondialisation ; parfois ils
gagnent ; souvent ils perdent… car la tendance est à la spécialisation des tâches, à
l’homogénéisation des processus, à la mise en place des ERP et des centres de services
partagés (rarement en France ; souvent dans des pays à bas coûts).
►► Faut-il alors être pessimiste pour la profession de directeur financier ? Non, bien au
contraire. Ces bouleversements sont l’occasion pour les directeurs financiers d’apprendre des
techniques nouvelles (les financements, les opérations de croissance externe, le business à
l’international, etc.), de s’adapter, de se confronter avec d’autres métiers (les cabinets de
fusions acquisitions, les conseils en stratégie, les banquiers, les managers de transition, etc.).
►► Mais que l’on soit confronté à un fonds d’investissement, à une opération de croissance
externe (côté vendeur ou côté acheteur) ou que l’on devienne directeur financier de transition
les fondamentaux du métier restent les mêmes : un œil sur la trésorerie et un œil sur les
marges.
Executive summary
►► La succession des crises depuis 2008 a pu laisser penser que nous sommes entrés dans
une sorte du tunnel où les crises vont se succéder les unes aux autres et qu’il faut être prêt.
Même si personne ne peut dire précisément quelle sera la nature de la ou des prochaines
crises, les directeurs financiers sont par nature des gens prudents et ils savent tirer les
enseignements des erreurs du passé.
►► L’objectif de ce chapitre n’est pas de dire qu’il faut se mettre à gérer les entreprises de
manière permanente en « mode crise ». Mais c’est mieux quand même pour le directeur
financier de s’entraîner, d’avoir des réflexes et des plans d’actions prêts à l’emploi au cas où
la crise reviendrait ou au cas où les choses ne se dérouleraient pas comme on l’avait prévu
dans les business plans…
« Nous faisons – 30 % sur le carnet de commandes par rapport à l’année dernière ! Comment nous
ajuster ? »
La crise force les dirigeants et les investisseurs à une gestion très complexe de leurs priorités. Ces
priorités peuvent paraître parfois conflictuelles entre elles. D’un côté, il faut parer au plus pressé et gérer
les urgences (elles sont très nombreuses en ce moment !) et de l’autre, il faut éviter la tentation du repli,
en n’oubliant pas de réformer, de donner des perspectives et de préparer un projet à moyen terme pour
« après la crise ». Car si personne ne sait « quand » nous sortirons de la crise, tous s’accordent à dire que
nous en sortirons « un jour ». Aussi faut-il dès maintenant anticiper la reprise en mettant en place une
organisation plus efficace et ainsi être prêts à saisir des opportunités.
Travailler dès maintenant à la sortie de crise par la mise en place d’une organisation « allégée en coûts
fixes », qui soit plus efficace et plus productive ne répond pas à la demande ambiante de plus de
« visibilité » pour l’avenir. C’est un fait. En revanche, c’est déjà disposer d’un avantage compétitif sur
ses concurrents.
Parfois les actionnaires ont le désir de réformer mais, par manque d’informations pertinentes ou de
chiffres clés, ils ne savent pas par quoi commencer… ou pire ils reçoivent les informations quand il est
trop tard…
La crise c’est aussi l’occasion de ressortir le vieux débat « rupture ou continuité ». Il y a des moments où
la rupture est nécessaire, et c’est le cas maintenant. Il faut également, et ce n’est pas antinomique, des
professionnels de la continuité pour gérer le système après les phases de rupture. Les méthodes qui
traditionnellement échouent sont celles où le « central » impose sans concertation des solutions à la base.
Les méthodes qui réussissent sont celles qui consistent à travailler avec les gens du terrain, à les écouter
et à leur faire accepter par la concertation les phases de rupture ou de continuité.
Nous allons traiter dans ce chapitre des spécificités d’un projet cash en situation d’urgence.
Préambule
Nos missions dans les entreprises nous ont permis d’entendre partout les mêmes choses. Voici ce qui se
dit dans les entreprises depuis septembre 2008.
Les dirigeants disent :
« Nous traversons une crise passagère de trésorerie. Heureusement elle n’est que passagère car notre reporting est bon et notre
business plan est encore meilleur.
Notre direction financière n’est pas du tout au niveau, elle n’a pas anticipé la crise…
Nos actionnaires ne veulent pas remettre de l’argent. Ils ne comprennent pas notre business model et encore moins notre
stratégie.
Nos banquiers ne nous aiment pas.
Cela fait quinze ans que je suis dans le métier, nous n’avons pas besoin de contrôle de gestion. J’ai tout dans la tête.
Chez nous, c’est différent. Dans notre activité, on ne peut rien prévoir à l’avance, ni le CA ni les prises de commandes… »
Cela révèle généralement un déni de gravité de la situation et se traduit par un manque d’envie de passer
à l’action.
Les directeurs financiers disent aussi :
« Les commerciaux font n’importe quoi.
La comptabilité n’est pas à jour.
Le système d’information ne marche pas.
Heureusement par miracle les plus et les moins se compensent.
Dans notre activité on ne peut pas modéliser la prévision de trésorerie.
Et pourtant nous sommes surchargés de boulot. »
Ici on ressent une grande lassitude et de la démotivation dans les équipes. En outre, on s’aperçoit que les
problèmes sont mal posés, consomment les ressources et qu’il y a donc dispersion.
Les actionnaires, quant à eux, disent :
« C’est inacceptable de constater que les plus et les moins se compensent… et que personne ne nous l’a dit. Que fait le directeur
financier de ses journées ?
Pour nous, ce n’est pas la même chose : + 1 000 – 1 020 = – 20 et + 100 – 120 = – 20.
Nous devons supprimer tous les foyers de pertes. Nous voulons comprendre ce qui se passe. »
Peur d’être surpris, de découvrir quelque chose qu’on leur cache… Ils manquent en général cruellement
d’informations fiables pour agir.
– Nous sortons tous les mois une balance fournisseurs par antériorité de solde et analysons 4
systématiquement le retard fournisseur avec les achats et la production.
– Nous sortons notre balance fournisseurs par antériorité de soldes toutes les semaines et
décidons avec le management qui nous payons : fournisseurs stratégiques pour ne pas bloquer 5
la production, factures les plus anciennes, etc. Notre risque est analysé en permanence.
– Nous sommes en contact permanent avec nos fournisseurs stratégiques ou non et avons
6
négocié avec eux des délais de paiement plus longs.
11. Quelle politique adoptez-vous sur les stocks ?
– Nous n’avons pas de politique de maîtrise des stocks c’est la production qui décide. 1
– Nous avons mis en place des réunions entre le commercial, la production et le contrôle de
gestion pour optimiser le niveau des stocks les commerciaux ne veulent pas que nous 2
réduisions les stocks car ils ne veulent pas risquer de rater des ventes.
– Nous avons mis en place des stocks mini et maxi dans le système nous recevons des alertes 3
automatiques et les traitons au cas par cas.
– Nous avons non seulement fixé un objectif de réduction de stocks mais nous avons 4
également fixé un objectif de réduction du nombre de références gérées.
– Nous avons renégocié avec les fournisseurs des accords selon lesquels ils maintiennent et 5
gèrent les stocks pour nous.
– Nous essayons de produire à flux tendu et avons réduit les stocks de produits finis en
accord avec le commercial et la production, et mis plus de flexibilité dans nos productions en 6
cas de besoin impératif de telle ou telle référence.
12. Quelle relation avez-vous avec vos banquiers ?
– Ils ont demandé à nous voir mais nous avons botté en touche. 1
– Nous ne leur parlons jamais. Moins on les voit, mieux on se porte. Ils ne comprennent rien à 2
notre business.
– Nous avons des réunions régulières avec eux, même si nous n’avons rien à nous dire. 3
– Nous avons prévu de les revoir prochainement mais nous nous sommes donnés le temps de 4
la réflexion pour savoir quoi leur dire.
– Nous leur communiquons régulièrement des informations sur nos activités en plus de les
5
voir à chaque fois que nous avons quelque chose de significatif à leur dire.
– Nous ne leur avons pas caché nos difficultés. Nous avons soumis nos plans, en précisant les 6
zones d’incertitudes, et nous avons pour habitude de tenir nos engagements. Ils le savent.
13. Comment récompensez-vous les « bons joueurs » de votre équipe en période de crise ?
– Le management nous a dit que si nous étions en crise, c’était aussi notre faute et qu’il n’y
1
aurait cette année ni prime ni augmentation.
– Pour le management la crise c’est business as usual ou « surtout ne changeons rien ». 2
– Le management n’a pas caché les difficultés et nous a demandé de redoubler d’efforts mais
3
n’a rien précisé sur les aspects « motivation ».
– Le management a insisté sur les comportements à avoir en période de crise et a promis des
primes pour les personnes particulièrement performantes et des sanctions pour ceux qui 4
baisseraient les bras ou ne joueraient pas le jeu.
– Le management est beaucoup plus proche du terrain depuis le début de la crise. Nous nous 5
sentons observés et soutenus. On peut discuter et parler vrai.
– Le management a pris des initiatives pour raccourcir les circuits de décision et pouvoir
discuter plus directement avec le terrain. Un certain nombre de personnes a déjà reçu des
6
promotions, des primes ou des formations. Ceux qui ne jouaient pas le jeu ont été mis sur la
touche.
14. Quel suivi de la performance commerciale avez-vous mis en place ?
– Chaque service est autonome chez nous les commerciaux n’aiment pas être contrôlés. Ils ont 1
d’ailleurs refusé de faire des prévisions cette année.
– Nous sommes déjà très occupés à courir après le cash toute la journée. Nous n’avons pas le
temps de nous occuper en plus des commerciaux. Nous contrôlons chaque mois le CA facturé 2
et demandons des explications en cas de variance par rapport au budget.
– À la demande du management nous avons mis en place des prévisions d’activité beaucoup 3
plus serrées que par le passé. Nous mettons à jour les prévisions de CA tous les trimestres.
– À la demande du management, nous avons mis en place des prévisions d’activité beaucoup
plus serrées que parle passé. Nous mettons à jour les prévisions de CA tous les mois. Le 4
carnet de commandes est analysé dans les détails.
– Nous avons mis en place des indicateurs avancés et renforcé le contrôle de gestion sur ces
aspects : nombre de visites ou de rendez-vous par commercial, par client, par semaine et par
mois, nombre de propositions par commercial, taux de concrétisation des visites et des 5
propositions en commandes. Les commerciaux jouent le jeu même si cela a été un peu dur au
début.
– Les commerciaux ont accepté de revoir les bases de calcul de leur rémunération : une partie
est désormais calculée sur les marges encaissées et non plus sur le chiffre d’affaires facturé. 6
Tout le monde se mobilise pour le cash.
15. La recherche de nouveaux financements est-elle lancée ?
– Nous sommes trop occupés à maintenir les financements actuels, nous n’avons encore rien 1
fait.
– Nous sommes allés voir de nouvelles banques mais celles-ci nous ont laissé peu d’espoir.
Nous sommes allés voir des fonds : même réponse. Nous regardons maintenant du côté de 2
l’affacturage.
– Nous travaillons à un plan que nous présenterons prochainement aux banques. 3
– Tout le monde s’est mobilisé pour repartir sur de nouvelles bases. Notre nouveau plan à
4
3 ans tire les erreurs du passé.
– Notre nouveau plan est beaucoup plus réaliste en termes d’hypothèses de chiffre d’affaires.
5
Il a été validé par le directeur financier. Les chiffres sont réconciliés avec la comptabilité.
– Notre nouveau plan comporte un plan de financement détaillé et une prévision de trésorerie
avec plusieurs scénarios. Pour une fois, on s’y retrouve. C’est clair. Il comporte un peu de
6
souplesse pour tenir compte de l’inertie au changement de l’entreprise. Nous sommes
beaucoup mieux équipés pour des négociations serrées que par le passé.
Vous avez répondu aux 15 questions. Totalisez maintenant les réponses (15 à 90 maximum).
• Votre total est compris entre 15 et 40 :
• La situation est grave mais peut-être pas encore désespérée. Il faut vous mobiliser et mettre en
place d’urgence un plan d’actions. Ce plan doit impérativement recueillir l’assentiment et le
soutien de la direction générale pour son déploiement et son exécution au quotidien.
• Votre total est compris entre 41 et 65 :
• Bravo ! Vous avez pris la mesure de la gravité de la situation. Il faut juste renforcer certains
aspects du plan d’actions, ajouter quelques contrôles et surtout pousser le plan dans sa mise en
œuvre concrète par les services opérationnels. C’est peut-être aussi juste une question de rythme
(accélérer) ou de ressources à renforcer ponctuellement aux endroits clés.
• Votre total est compris entre 66 et 90 :
• Félicitations ! La sortie de crise est en bonne voie. C’est peut-être le moment pour vous de former
votre successeur et de regarder autour de vous dans le groupe s’il n’y a pas une autre business
unit ou une autre filiale qui aurait besoin de vos services ou que vous pourriez aller aider.
■ Faire le point
1. Remettre la comptabilité à jour
Il est impossible de faire la vérité sur les marges sans une comptabilité « propre » et à jour. En attendant
prenons l’hypothèse que la trésorerie a raison, arrêtons de payer plus que nous n’encaissons…
2. Comprendre où on perd et où on gagne de l’argent et mettre l’équipe commerciale sous
contrôle
En complément de la rentabilité par produits ou par famille de produits, mettre en place une analyse de la
rentabilité par origine des commandes, réseaux de distribution, typologie de clients et géographie des
ventes.
Corriger par des plans d’actions appropriés et détaillés les anomalies ainsi que tout ce qui tire les
moyennes de marges vers le bas. C’est peut-être le moment d’arrêter des activités déficitaires, d’arrêter
de se disperser ou d’augmenter les prix…
3. Élaborer une prévision de trésorerie à 3 mois puis à 12 mois
C’est la fin du scénario unique. Du budget tout puissant, intangible, voire dogmatique.
Les entreprises qui s’en sortent le mieux ont élaboré plusieurs scénarios (entre 4 et 6 hypothèses de
travail).
Un scénario à 0 %, un autre à – 5 %… jusqu’à – 30 %.
Toute trésorerie est modélisable. L’arrêt du pilotage à vue ou par le rétroviseur est une condition
indispensable de la sortie de crise. La prévision de trésorerie nous indique de combien de temps nous
disposons pour tenir, pour identifier les causes de nos problèmes et pour nous restructurer.
La trésorerie c’est le symptôme : pas le mal lui-même. La trésorerie c’est la conséquence de toutes les
bonnes ou mauvaises décisions dans l’entreprise. La trésorerie doit être mise au cœur du système de
pilotage de l’entreprise en période de crise. En revanche, la trésorerie est un indicateur, au mieux un
outil. Pas la finalité. La finalité, ce sont les actionnaires. Ce sont les actionnaires qui ont la clé. Ce sont
eux qui décident de réinvestir, de passer la main (d’arrêter ou de vendre) ou de changer les dirigeants.
Mais comment les actionnaires peuvent-ils exercer leurs responsabilités s’ils ne disposent pas des
informations indispensables pour prendre les décisions qui s’imposent ?
■ Accélérer
4. Raccourcir les circuits de décision et se recentrer sur l’essentiel : le cash, les marges et la
chasse aux coûts fixes
C’est une évidence, l’équipe de management doit être soudée autour de la direction générale. Même si les
périodes de perturbation sont propices à un management plus participatif, il faut un pilote. Quelqu’un qui
tranche.
Corollaire de ce qui précède c’est à la direction générale qu’il incombe de communiquer sur les enjeux et
les priorités.
Ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement : il est indispensable d’écrire les responsabilités de
chacun, notamment pour ce qui concerne le cash, le recouvrement, le credit management, la gestion des
litiges, le passage au contentieux des clients les plus récalcitrants ou à risque…
Toute l’équipe de management est sollicitée pour travailler à la « variabilisation » des coûts… Les
séances de brainstorming sur ce thème sont plus que jamais d’actualité. Toute contribution la plus
minime soit elle, est bonne à prendre…
5. Renforcer temporairement le positionnement de la finance
Le visa Finance sur les engagements de dépenses, les embauches, les décaissements, l’émission des
avoirs, les délais ou conditions de paiement doit être momentanément renforcé.
6. Organiser des comités de pilotage des plans d’actions une à deux fois par semaine
Rédiger des comptes rendus des comités de pilotage et les diffuser pour action dans les 24 heures est
nécessaire.
Sans oublier de mentionner le « qui fait quoi » et « pour quand » en face de chaque action.
Le maître mot de la trésorerie tendue : team spirit ou encore « tous sur le pont ».
■ Sortir de la crise
13. Récompenser les « vaillants », ceux qui prennent des initiatives…
Parmi les nouvelles missions assignées au comité de direction, il y a celle d’observer, de surveiller de
près qui, dans la tourmente, prend des initiatives, et qui, au contraire, baisse les bras ou « se la joue
perso ». Les équipes du terrain doivent se sentir observées sous ce nouvel angle. Le comité de direction
ne doit pas hésiter à envoyer des messages clairs et sanctionner ceux qui baissent les bras, ne jouent pas
le jeu ou démotivent les autres… Le comité de direction aura bien évidemment le souci de s’appliquer à
lui-même ce nouveau mode d’évaluation et de montrer l’exemple.
14. Renforcer les indicateurs de suivi de la performance commerciale
Maintenir le chiffre d’affaires en période de crise est un combat de tous les instants.
Les contrôles doivent être renforcés dans les domaines suivants :
– nombre de visites ou de rendez-vous par commercial, par client, par semaine ou par mois,
– nombre de propositions par rendez-vous effectué, prises de commandes par visite,
– taux de concrétisation des propositions en commandes ou en contrats, etc.
La direction financière ou le contrôle de gestion peuvent aider à mettre en place ce type de tableaux de
bord puis à les faire vivre.
À moyen terme, il est souvent indispensable de faire évoluer le calcul de la rémunération variable des
commerciaux en passant progressivement d’un calcul souvent basé sur les prises de commandes ou sur le
chiffre d’affaires facturé à un calcul basé sur les marges encaissées. Ces nouveaux modes de calculs de
commissionnements doivent être expliqués au préalable…
15. Rechercher de nouveaux financements sur la base d’un business plan assaini et réaliste
– Assaini : c’est-à-dire tirant l’expérience des erreurs éventuelles du passé (diversifications ratées,
dispersions sur un trop grand nombre de segments ou de territoires) ou tout au moins de l’inertie
au changement de l’entreprise,
– Réaliste : c’est-à-dire conforme au chiffre d’affaires et au carnet de commandes actuels. Dans la
pratique cela signifie que le business plan est validé et documenté par le directeur financier (qui
est au côté du chef d’entreprise le garant de sa bonne exécution vis-à-vis des actionnaires).
Vive le « Nous » !
Mener de front ces quinze chantiers prioritaires, c’est parfois remettre en cause des années de
fonctionnement en silos, où personne ne se préoccupe de ce qui se passe dans le service d’à côté. Ces
comportements égoïstes (le cas le plus fréquent consistant en la guerre perpétuelle entre le service
commercial et la finance) sont souvent encouragés par la direction générale qui trouve un certain intérêt à
« diviser pour mieux régner ».
Passer d’un fonctionnement hiérarchique à une gestion des problèmes plus participative ou plus
transversale prend du temps. La direction doit renoncer à une partie de son pouvoir. Passer d’un rôle
d’arbitre à un rôle de facilitateur. C’est douloureux. Il y a parfois des petits pincements à l’ego.
« Il faut que tout change pour que rien ne change » faisait dire Luchino Visconti à l’un de ses personnages
dans Le Guépard. À peine la période de turbulences commencée que nous regrettons déjà les belles
années qui l’ont précédée. Nous ne pouvons pourtant pas revenir en arrière. « Il faut que tout change »…
à commencer par les modes managériaux qui doivent désormais immanquablement sanctionner les
comportements de type « moi, moi, moi » et privilégier le collectif, l’écoute du terrain (phase
incontournable avant sa remobilisation).
Nous sortons d’une époque où tout venait d’en haut et où tout ce qui dépendait d’en bas était réduit a
minima. Avec pour conséquence souvent une forme de « confiscation » du sens, source de démotivation
des cadres mais aussi de la base.
Suffit-il pour autant d’emprunter au vocabulaire de la navigation le fameux « tous sur le pont » pour se
mobiliser face à la récession annoncée ?
Il y a fort à parier qu’une fois les beaux discours prononcés la situation aura encore régressé sous l’effet
de la multiplication des mauvaises nouvelles ou des rumeurs.
La crise que nous traversons vient souvent s’ajouter à d’autres problèmes non résolus par le passé :
réorganisation manquée, fusion-acquisition traumatisante, passage de relais générationnel difficile dans
l’entreprise familiale, diversifications ratées, etc.
Face à un futur de plus en plus incertain, certains managers, dépassés par les événements, ne se sentent
pas taillés pour le rôle. D’autres au contraire se révèlent. Managers de terrain, ils font preuve de sang-
froid et de courage. Ils gagnent dans l’adversité le respect de leurs équipes.
Comment font-ils concrètement ? Ils partagent l’information, redonnent à chacun le pouvoir de dire son
mot. Les responsabilités et la prise d’initiative sont redistribuées tout au long de la chaîne hiérarchique,
ce qui n’enlève en rien au management son devoir de trancher.
C’est une formidable révolution qui s’annonce. Une révolution sans grand soir, juste par petites touches.
Avec à la clé une redistribution des cartes dans les entreprises. Nous, les managers de « terrain », faisons
le pari qu’il y a beaucoup plus à gagner qu’à perdre quand la météo devient agitée. À nous de saisir ces
opportunités. La vie des entreprises n’a jamais été un long fleuve tranquille. Elle ne le sera jamais. À
nous de passer à l’action !
L’essentiel
►► Passer en mode « gestion de crise » est un mécanisme contraignant et douloureux pour
l’entreprise et pour son directeur financier. Au départ il constate qu’un ou plusieurs
indicateurs d’activités se dégradent (CA, marges, trésorerie, etc.). Il alerte le management.
C’est la phase diagnostic qui commence… Il faut convaincre les dirigeants ou les actionnaires
que le contexte est en train de changer, que peut-être l’entreprise est en danger. Des outils de
gestion factuels, bien synthétiques, des tableaux de bords clairs et « réconciliés » entre eux
vont aider le directeur financier à passer ce cap indispensable et aussi à prendre des mesures
à court terme pour dégager des marges de manœuvre en termes de trésorerie.
►► Puis vient la phase d’action, précédée par la mise en place d’une petite équipe pour
piloter le plan d’actions élaboré dans la phase précédente à la lumière de la prévision de
trésorerie.
►► Dans ces 2 phases le rôle du directeur financier change. Le directeur financier est acteur
de la transformation qui s’opère dans l’entreprise. À lui de saisir sa chance. De faire preuve
d’optimisme, de ne jamais baisser les bras. D’aller de l’avant.
COLLECTION F ONCTIONS DE L’ENTREPRISE
SÉRIE FINANCE GES TION COMPTABILITÉ
actualisation 1
administrateurs indépendants 1
approche par les processus 1
audit interne 1
balance âgée 1
budget base zéro 1
chaîne de valeur 1
CMPC (coût moyen pondéré des capitaux) 1, 2
comité d’audit 1, 2
communication financière 1
comptabilité 1
contrôle interne 1
COSO 1
création de valeur 1
culture cash 1
délai de récupération 1
délégation 1
éthique 1
externalisation 1
facteurs clés de succès 1
financement 1, 2
flux de trésorerie
de l’activité 1
disponible 1
free cash flow, voir flux de trésorerie disponible 1
fusions-acquisitions 1
gouvernance 1
indicateurs
de performance 1
de pilotage 1
indice de profitabilité 1
LBO 1
leader 1
loi
de sécurité financière (LSF) 1
Sarbannes-Oxley Act 1
management de transition 1
matrice
de Porter 1
Emoff 1
plan
de financement 1
Vigicash 1
processus 1, 2
ratio 1
rentabilité 1
des projets d’investissement 1
économique 1
financière 1
reporting 1
ROCE, voir « rentabilité économique » 1
séparation des tâches 1
SWOT, voir « matrice Emoff » 1
taux
d’actualisation 1
de rentabilité interne 1
valeur actualisée nette 1