Guide de Lecture 2016 PDF
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Cécile GODFROID
Marc LABIE
Ludovic URGEGHE
2016
2
0. INTRODUCTION 5
LECTURES REQUISES : 6
I.0. INTRODUCTION 7
II.0. INTRODUCTION 77
REFERENCES 109
5
0. INTRODUCTION
LECTURES CONSEILLEES :
MOTS CLES :
1
Une version plus récente existe en anglais : MORGAN, G., (2006), « Images of Organizations -
Updated edition of the International Bestseller », Sage Publication, Thousand Oakes, 520 pages.
2
Pour les étudiants souhaitant compléter leurs connaissances en management au travers d’un
ouvrage accessible et synthétique, il est conseillé de lire ROBERT, J., (2004). « The Modern
Firm – organizational design for performance and growth », Oxford University Press, 318 pages.
7
NOTES SYNTHETIQUES :
I.0. INTRODUCTION
5
Pour un rappel sur ces approches, voir [PLANE, 2013].
10
a) La théorie de la décision
On voit donc la limite : l’homme est rationnel, oui mais sur base
d’informations volontairement et involontairement limitées. De plus,
ses préférences sont révisables. S’il ne trouve aucune solution à un
problème tel qu’il l’a posé, il y a fort à parier qu’il modifiera
simplement les critères qu’il se donne pour choisir. Il n’est donc pas
étonnant que « le système de préférences n’est ni ordonné ni stable
(puisque) les préférences elles-mêmes changent et ne sont ni stables ni
transitives » [ROJOT, 1997, 3350].
Ces travaux sont ensuite poursuivis par Cyert et March (1963). Ils
avancent ainsi que : « 1) Une organisation est un système de
comportements sociaux interreliés d’un certain nombre d’individus
qui y participent (au sens large, par exemple clients et/ou fournisseurs
participent quoiqu’à un titre différent des salariés) ; 2) chaque
participant (ou groupe) reçoit des incitations, apporte des
15
Une autre approche que Rojot reprend également dans cette sous-
catégorie est « l’organisation perçue comme une poubelle ». En effet,
« de même que la composition de la poubelle dépend de l’aléa des
dépôts de détritus, de la vitesse de ramassage des ordures, les
décisions sont le produit de rencontres, tout aussi fortuites de
problèmes, de modes de résolutions, de solutions et de décideurs »
16
[PLANE, 2012, 150]. En fait, ce que fait cette perception des choses,
c’est suggérer une des raisons pour lesquelles dans la réalité les prises
de décisions ne sont pas effectuées en adéquation avec la conception
théorique pourtant avancée.
c) Le constructivisme
Par ailleurs, les individus aimant avoir une vision claire du monde, les
individus tendent à rationaliser des événements en fait dus au hasard.
L’idée en est que les changements de structures sont lents alors que
l’environnement change lui rapidement et que dès lors, une adéquation
voulue entre les deux est illusoire. Pour les défenseurs de cette
approche, les organisations ne peuvent s’adapter à leur environnement
de leur propre volonté. En fait, ce qui se passe, c’est que
« l’environnement change de façon imprévisible et aléatoire,
sélectionne les entreprises qui s’y trouvent alors les mieux adaptées,
par le hasard du fait de leurs variations propres. Il y a concurrence
entre les organisations pour les ressources limitées de
l’environnement. La sélection naturelle élimine les moins adaptées et
donc les moins performantes qui, soit disparaissent, soit se
différencient vers d’autres environnements » [ROJOT, 1997, 3360].
En conclusion, comme le dit Rouleau, « alors que les travaux en
gestion attribuent habituellement le succès ou l’échec des
organisations aux qualités ou à l’incompétence des équipes de
gestion, [les travaux en écologie des populations] les expliquent par
des facteurs extérieurs à l’organisation, par des causes
environnementales de nature démographique, écologique ou
contextuelle » [ROULEAU, 2007, 91].
e) Le néo-institutionnalisme
Notons, comme le souligne, Rojot, que « Les produits, les services, les
techniques et les politiques qui ont été institutionnalisées fonctionnent
comme des mythes puissants et omniprésents dans l’environnement »
[ROJOT, 1997, 3363]. Par ailleurs, ce qui est institutionnalisé a
tendance à apparaître comme une règle qu’il est impossible (ou au
moins inenvisageable) de remettre en cause.
Résumer une pensée étalée sur une quinzaine années et ayant fait
l’objet de plusieurs ouvrages spécifiques en quelques pages relève
bien évidemment de la gageure ; nous ne chercherons donc pas
l’exhaustivité mais tenterons plutôt de faire ressortir des théories de
Mintzberg les éléments qui nous semblent particulièrement pertinents
6
LAMPEL, J., MINTZBERG, H., QUINN, J. B., GHOSHAL, S. (2013), « The Strategy Process:
Concepts, Contexts, Cases – 5th edition », Pearson, United Kingdom.
23
2. Processus de coordination
3. Répartition du pouvoir
4. Configurations organisationnelles
L’organisation entrepreneuriale
C’est par nature la structure d’une organisation très simple (elle était
d’ailleurs désignée par le terme de « structure simple » dans le premier
ouvrage de Mintzberg consacré à la « Structure et dynamique des
organisations »).
Dans cette structure, c’est très clairement le chef qui domine puisque
c’est autour de lui que l’ensemble de l’organisation est structurée, lui
qui décide de l’essentiel des choix tant en matière de stratégie qu’en
matière de développement (ou de non développement) de la structure.
Le chef de l’organisation est donc généralement un individu à l’esprit
entrepreneurial développé, souvent considéré comme « visionnaire »,
parfois « charismatique » et/ou « autocratique ».
L’organisation mécaniste
L’organisation professionnelle
Les hôpitaux et les universités sont souvent cités comme des exemples
d’organisations professionnelles.
L’organisation divisionnalisée
L’organisation innovatrice
L’organisation missionnaire
Basées avant tout sur le contact entre les individus, les organisations
missionnaires semblent condamnées à évoluer dès qu’elles
connaissent une période de croissance importante sauf si elles
réussissent à préserver l’idéologie qui les unit en créant un ensemble
de petites unités qui résulterait de la multiplication de l’organisation
d’origine. Ce type d’approche fut à titre d’exemple appliquée par
certains Kibboutz, à savoir des « exploitations agricoles collectives »7
en Israël.
Les exemples les plus classiques sont les ordres religieux et les
coopératives agricoles mais il existe néanmoins aussi des entreprises -
7
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/kibboutz/45504
34
L’organisation politique
En conclusion
Un autre apport tout aussi essentiel est la liaison faite par Mintzberg
entre structures, légitimation de l’autorité (par le processus de
coordination) et liens de pouvoir. Ce dernier permet en effet de
comprendre que ce qui est valorisé au sein d’une organisation ne l’est
pas forcément au sein d’une autre et que dès lors l’évaluation de ce
qu’est une réussite organisationnelle dépendra largement du contexte
et de l’adéquation avec les objectifs poursuivis, lesquels sont fixés par
les coalitions dominantes.
Classique
Modernisme
Interprétativisme symbolique
Post-modernisme
1. Le paradigme classique8
Karl Marx (Le capital) affirme que « le capitalisme est fondé sur
l’antagonisme fondamental entre, d’une part, les intérêts du capital
représentés par les capitalistes, c’est-à-dire les propriétaires des
manufactures et des fabriques (ce qu’il conviendra d’appeler plus
tard des usines) et des moyens de production et, d’autre part, les
intérêts du travail, c’est-à-dire les travailleurs dont les activités
forment le cœur du processus de production. L’antagonisme vient, en
8
Notons que HATCH et CUNLIFFE (2009) appellent cette période la « préhistoire » dans la
deuxième édition de l’ouvrage. Nous préférerons ici utiliser l’appellation « paradigme classique »
tel que dans la première édition.
40
Notons que cette lutte est d’autant plus forte qu’en raison de
phénomènes de concurrence et de la recherche permanente d’une plus
forte rentabilité, les détenteurs du capital tentent de faire pression sur
le coût du travail afin d’augmenter la « survaleur » produite.
C’est là que le lien avec les théories des organisations peut être fait.
L’organisation du travail est en elle-même une manière de faire
pression sur le travailleur et donc un outil de « contrôle social »
(contrôle permettant de s’assurer que l’individu évolue bien dans la
direction souhaitée). On comprend donc pourquoi le thème du
contrôle (et du pouvoir) est donc un thème si important dans de
nombreuses théories des organisations.
2. Le modernisme
La théorie des systèmes que l’on doit à von Bertalanffy a été par la
suite complétée par d’autres et notamment par Kenneth Boulding, un
économiste américain. Il a ainsi proposé (en 1956) une « hiérarchie
des systèmes » qui est encore souvent utilisée pour expliquer la
théorie systémique (voir figure 2).
45
HATCH écrit ainsi : « Notez que nous sommes des systèmes de niveau
7 de complexité (humains), ce qui signifie que nous englobons les
systèmes de niveau 1 (statiques) à 6 (animaux), alors que nous
sommes intégrés dans des systèmes localisés aux niveaux 8
(organisations sociales) et 9 (transcendantal). Ceci signifie que les
organisations, objet de notre étude, sont plus complexes que nous le
sommes nous-mêmes et qu’en outre, nous sommes intégrés dans les
organisations » [HATCH, 2000, 49].
Selon Hatch, c’est en gros, à ce stade que les sciences de la nature sont
à ce jour parvenues. Quelques incursions au niveau 5 existent mais il
est clair que étant donné qu’on n’est pour l’instant que là et vu ce
qu’on a dit sur la compréhension de niveau supérieur au travers
d’approches systémiques de niveau inférieur, on comprend qu’on soit
aujourd’hui encore obligé de se limiter dans la compréhension qu’on a
des organisations puisqu’on ne dispose pas encore d’outils théoriques
permettant de faire face à ce degré de complexité (quelle belle leçon
de modestie !), du moins si on veut marcher sur les traces des sciences
de la nature, c’est-à-dire dans une approche expérimentale, consistant
à tester la validité d’une hypothèse en analysant des données issues
d’expériences répétées. Notons qu’une telle approche est également
possible en théorie des organisations, notamment à travers de
l’économie expérimentale : cette discipline en plein développement a
été récompensée en 2002 par deux lauréats du prix Nobel
d’économie (Vernon Smith et Daniel Kahneman) et tente, au travers la
théorie des jeux, d’établir le comportement des agents économiques en
fonction de différents scénarios. Plus récemment encore, la place des
randomized control trials (ou essais contrôlés randomisés)9 dans
l’évaluation des politiques de développement offrent un autre exemple
de cette volonté d’ « expérimentaliser » les sciences humaines (Duflot
et al., 2008). Il s’agit là d’une démarche qui se différencie
fondamentalement de celles prônées par la sociologie et
l’anthropologie qui tentent au contraire de contextualiser leurs
analyses.
Par ailleurs, Hatch revient sur un point sur lequel nous nous sommes
déjà arrêtés, le concept de sous-systèmes. En effet, un aspect
intéressant est de se poser la question de « l’incorporation » ou
« intégration » (« embeddedness ») de sous-systèmes dans un système.
9
« Un essai contrôlé randomisé est un essai dans lequel les patients sont répartis entre le groupe
contrôle et le groupe expérimental de manière aléatoire » (http://www.spc.univ-
lyon1.fr/polycop/randomisation.htm). Un groupe reçoit un traitement tandis que l’autre reçoit un
placébo. Cette technique principalement utilisée en médecine se développe également en sciences
sociales.
48
3. L’interprétativisme symbolique
C’est d’ailleurs cet aspect collectif qui fait que Hatch considère
« l’enactment » comme étant très proche de la théorie de la
« construction sociale de la réalité » (titre d’un ouvrage de Berger &
Luckmann, deux sociologues allemands, publié en 1966). L’idée de
construction sociale de la réalité est en fait que c’est la collectivité qui
détermine ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Comme l’écrit Hatch,
« L’ordre social est maintenu au moins par un consensus partiel
portant sur la manière dont les choses doivent être perçues et les
significations qu’elles représentent » [HATCH, 2000, 55]. On
comprend alors mieux le sens de la citation suivante – de
l’anthropologue Clifford Geertz (1973) : « l’homme est un animal pris
au piège dans des toiles de significations qu’il a lui-même tendues »
[cité dans HATCH, 2000, 55].
4. Le post-modernisme
Bien que moins prisée en termes académiques (pour des raisons par
ailleurs fort compréhensibles), elle bénéficie aujourd’hui d’une
« seconde jeunesse » auprès de ceux qui remettent en cause une
« approche rationnelle des organisations », au premier rang desquels
on trouve les auteurs du paradigme interprétativiste symbolique et
post-moderne dont nous venons de parler.
Classique / Machine
Moderniste / Organisme
Interprétativisme symbolique / Culture
Post-moderniste / Combinaison de plusieurs métaphores
la redondance
Il est nécessaire que le système soit doté d’un élément de redondance,
à savoir « un surplus de capacité qui crée une marge de manœuvre
d’où peuvent surgir l’innovation et le progrès » [MORGAN, 1999,
105]. On peut parler soit de redondance des parties (on ajoute des
parties spéciales au système) soit de redondance des fonctions (on
donne des fonctions supplémentaires aux différentes parties pour
qu’elles puissent réaliser un éventail de fonctions plus large).
la variété requise
« La diversité interne d’un système autorégulateur doit avoir au moins
la même variété et la même complexité que son environnement pour
pouvoir composer avec les défis que celui-ci lui pose » [MORGAN,
1999, 107].
Ernest Becker a mis en avant que « les êtres humains passent une
bonne partie de leur vie à refuser la réalité imminente de leur mort en
repoussant leurs peurs morbides au tréfonds de l’inconscient »
[MORGAN, 1999, 221]. De ce fait, « quand nous les considérons à
partir de l’idée de notre mort prochaine, il est possible de comprendre
les artefacts de la culture comme des systèmes de défense qui aident à
créer l’illusion que nous sommes plus grands et plus puissants que ce
n’est réellement le cas » [MORGAN, 1999, 221]. Créer des
organisations serait donc une manière de rechercher l’immortalité
étant donné que celles-ci ont tendance à survivre pendant plusieurs
générations.
12
http://www.eurofound.europa.eu/
75
13
Sites internet de Toyota, Wal-Mart, et de la World Bank.
14
https://www.unodc.org/toc/fr/crimes/organized-crime.html
15
Lallemand, A., « L’argent des mafias menace la paix », Le Soir, 18 juin 2010, page 6.
16
http://www.emcdda.europa.eu/system/files/publications/2374/TD0416161FRN_1.PDF
76
17
Idem.
77
MOTS CLES :
NOTES SYNTHETIQUES :
II.0. INTRODUCTION
18
Pour dépasser ce type de distinctions, certains auteurs tentent de ne plus limiter cette nouvelle
approche de l’analyse économique à la seule Nouvelle Economie Institutionnelle et ce d’autant
plus qu’il faut se souvenir que, d’un point de vue idéologique, les tenants de la NEI ont parmi leurs
objectifs de justifier la « supériorité de la firme capitaliste » comme mode d’organisation, ce qui
est en soit déjà assez loin d’un objectif de compréhension analytique de ce qu’est une firme ! Ils
lui préfèrent le terme d’ « Economie des organisations », ce qui permet d’englober non seulement
les auteurs qui se revendiquent de la NEI (comme Williamson qui en est un des fers de lance) et
ceux (comme Simon) qui ne s’en revendiquent pas.
79
1. Introduction
Pour l’institution :
Pour le marché :
Pour l’organisation :
moyens pour exprimer son accord avec ces objectifs ou pour s’en
dissocier (contrats, démissions, grèves, etc .) ; 3) une coordination
formelle, définissant une structure caractérisée par son degré de
complexité (la hiérarchie), par des règles et procédures (la
formalisation), et par son degré de centralisation (la décision) »
[MENARD, 1997, 13]
L’idée de base de cette théorie est assez simple : on dira donc que
l’existence d’une firme se justifie lorsque, par là, l’échange peut se
réaliser à un coût total inférieur à celui qui aurait prévalu dans le cas
d’un recours au marché. Les coûts de transactions permettent donc de
comparer les divers types d’arrangements institutionnels possibles.
elle doit s’informer sur les options possibles (quelles sont les
entreprises spécialisées en teinture ?, quels sont leurs prix ?, le travail
est-il de qualité ? et les délais ?)
Toute la question qui se pose alors est de savoir quelle est la meilleure
solution. On compare donc :
19
Notons que pour l’instant nous ne considérons cette opération que du point de vue de l’arbitrage
coûts de transaction/coûts d’organisation. Néanmoins, pour être complet, il faudrait aussi inclure
dans le raisonnement la question des investissements afin d’identifier quelle solution constitue un
arrangement institutionnel optimal. Nous y reviendrons à la page suivante ainsi que quand nous
traiterons des investissements spécifiques.
83
><
Prix (sur le marché) et coûts de transaction
20
Tenant compte des investissements à réaliser
84
21
Pour une présentation détaillée de ces points au travers de nombreux exemples, voir
[HOLMSTROM, ROBERTS, 1998].
85
b) la fréquence et la durée :
logique d’aller vers une « solution par la firme » ou en tout cas par
une « solution encadrée » plus spécifique.
Notons toutefois que la liaison n’est pas toujours aussi évidente que
dans le cas précédent. En effet, quand il y a une grande fréquence de
transactions, on peut aussi affirmer (en ayant la théorie des jeux en
tête) que la possibilité de menacer, récompenser et punir le partenaire
qui n’aurait pas agi correctement peut parfois réduire voire supprimer
la nécessité d’accords formels et détaillés, chacun sachant ce qu’on
attend de lui.
c) L’incertitude et la complexité :
On notera donc que, toute chose égale par ailleurs, plus une
transaction est simple plus il est logique de la traiter par le marché
(pensons à la bourse – c’est vraiment l’exemple type d’un échange
standardisé). Plus l’incertitude et la complexité augmentent, plus une
approche encadrée pouvant mener jusqu’à une « solution par la
firme » a du sens (pensons ici à l’adage : on n’est jamais aussi bien
87
Ce point nous montre d’ailleurs assez bien qu’on est en fait en face
d’un continuum : contrats standards, contrats spécifiques détaillés
(encadrés), solution par la firme.
« Premier problème : il est rare que les coûts totaux d’une activité
économique puissent être exprimés comme la somme de coûts de
production et de coûts de transaction, où les premiers dépendraient
seulement de la technologie et des inputs utilisés, et les seconds, de la
façon dont les transactions sont organisées. En général, les coûts de
production et de transaction dépendent à la fois de l’organisation et
des moyens technologiques mis en œuvre. Il est donc gênant d’établir
une distinction conceptuelle entre ces deux formes de coûts (…)
Par ailleurs, depuis fort longtemps et plus encore au cours des vingt
dernières années, on a constaté une baisse tendancielle forte des coûts
de transactions [KOENIG, 1999, 153 et suivantes]. Celle-ci
s’expliquerait de deux façons :
le développement des NTIC – nouvelles technologies de
l’information et de la communication ;
la sécurisation historique des transactions
Par contre, il faut noter que d’autres recherches montrent que si les
NTIC jouent un rôle considérable dans la recherche et le traitement de
l’information, par contre, elles jouent encore un rôle relativement
modeste dans la phase de négociation, les contacts directs demeurant
souvent privilégiés à ce niveau.
3. La théorie de l’agence
Il faut noter que, comme l’a montré l’article d’Akerlof dès 1970 (et
plus tard Stiglitz), dans certains cas, la sélection inverse peut aboutir à
un rationnement du marché. L’exemple de l’influence d’une hausse de
taux dans l’octroi de crédits par une banque est à ce propos très
intéressant (mais ça peut aussi être imaginé par exemple pour des
primes d’assurance). Une augmentation peut entraîner une
modification du profil des emprunteurs (ne viennent que ceux avec
des projets plus risqués), entraînant comme conséquence des taux de
défaillance plus élevés, lesquels se répercutent dans les résultats.
23
Pour toutes ces raisons, Charreaux pense d’ailleurs que le terme « accords » serait souvent plus
approprié que le terme « contrat ».
94
Si cette définition peut sembler fort évidente pour des actifs simples
(une maison par exemple), elle ne résout cependant pas tout dans le
cas d’actifs plus complexes comme le sont les entreprises – lesquels
sont par nature composés de multiples actifs.
aucun d’entre eux n’est assez motivé pour supporter les coûts de
maintenance et d’augmentation de la valeur de l’actif » [MILGROM,
ROBERTS, 1997, 384].
1. Introduction
On peut donc dire que ce qui caractérise une convention, c’est le fait
que – par l’application de règles conscientes ou inconscientes, les
individus adoptent le comportement considéré socialement comme
« normal », « approprié ».
Joueur 2
Droite Gauche
Joueur 1 Droite 1,1 0,0
Gauche 0,0 1,1
Chacun se conforme à R.
Chacun croit que les autres se conforment à R.
Cette croyance donne à chacun une bonne et décisive raison de se
conformer lui-même à R.
Chacun préfère une conformité générale à R.
R n’est pas la seule régularité possible satisfaisant les deux
dernières conditions.
Les conditions précédentes sont connaissance commune.
Par ailleurs, une autre explication des raisons qui poussent les acteurs
à se conformer à la convention est fournie par de Montmorillon.
L’auteur nous propose cinq raisons possibles [DE
MONTMORILLON, 1999, 192] :
L’acteur agit ainsi mais il n’est pas conscient qu’il le fait (on n’est
alors pas dans le cadre de l’approche conventionnaliste si on s’en tient
aux critères expliqués précédemment)
En conclusion sur ce point, on peut dire que « les approches par les
compétences, en (re)donnant la priorité à la production, renouvellent
profondément l’analyse de la firme. Elles ont le mérite de proposer
sur ce point une définition réaliste de la firme et d’être plus proches
des réalités vécues par les dirigeants et donc d’offrir des clés de
lecture pour comprendre les choix stratégiques des firmes et leur
évolution [Lebas, 2003]. Contrairement à la conception de la firme
comme nœud de contrats, la firme est vue ici comme une véritable
organisation. La connaissance procède en effet beaucoup plus de
l’organisation collective que des individus qui la composent. Par
conséquent, ce sont les firmes et non les personnes qui travaillent
pour les firmes qui savent comment produire de l’essence, des
automobiles, des ordinateurs. L’articulation entre apprentissage
individuel et compétence collective de la firme est au cœur de la
réflexion sur la création de ressources » [BAUDRY, 2003, 38].
*
* *
- La rationalité limitée
- L’information imparfaite (cf. les phénomènes d’asymétrie
d’information – aléa moral et sélection inverse)
- La prise en compte des intérêts divergents pouvant exister entre les
agents participant à la production.
Cécile GODFROID
Marc LABIE
Ludovic URGEGHE
Juin 2016
109
REFERENCES
FAMA, E., (1980), « Agency Problems and the Theory of the Firm »,
Journal of Political Economy, 88, p.288-307.
GUERIN, I., LABIE, M., SERVET, J. M., (eds.), (2015), « The Crises
of Microcredit », Zed Books, London, 207 pages.