Indicateurs Performance Web
Indicateurs Performance Web
Indicateurs Performance Web
éditions
© Association des professionnels de l’information et de la documentation
(ADBS), 2006
temps apporté aux usagers, de fiabilité dans les prises de décision, d’accrois-
sement des connaissances, etc.
L’évaluation de la performance ne doit pas être confondue avec l’évaluation
individuelle du personnel, même s’il existe un lien entre les capacités ou les
aptitudes d’un individu et les résultats obtenus en termes de produits et de
prestations issus du processus info-documentaire.
Enfin, la question de la connaissance et de l’amélioration de la performance
se pose tout autant pour des activités info-documentaires traditionnelles sur
support papier ou sous forme de prestations de service que pour des produits
de nature numérique tels que des bases de données multimédias, des sys-
tèmes de gestion électronique de documents ou des sites web.
Dans tous les cas de figure, la mise en place d’indicateurs de performance
dans un organisme qui n’en était pas doté jusqu’à présent est un projet en
soi. Il doit être géré comme tel.
Le présent ouvrage a pour ambition de donner quelques pistes de réflexion
sur la construction des indicateurs, sur leur exploitation et sur l’amélioration
de la performance. Il fait référence à plusieurs référentiels normatifs en la
matière et commente les spécifications qui y figurent. Il propose plusieurs
points de vue ou éclairages. Plusieurs exemples d’indicateurs sont donnés de
façon à illustrer la méthode préconisée et à mettre à la disposition des pro-
fessionnels de l’information-documentation un « réservoir » d’indicateurs au
sein duquel il est possible d’extraire ceux qui sont les plus adaptés à leur
situation.
Plusieurs raisons peuvent justifier une telle démarche et inciter à aller au-
delà de simples statistiques ou d’un tableau de bord limité aux seuls
indicateurs d’activité.
◆ Satisfaire un souci d’auto-évaluation ou d’auto-diagnostic : où se situe mon
◆ Quelle est la répartition optimale des ressources (entre les acquisitions, le person-
nel, les équipements, entre les différentes activités, etc.) ?
◆ Comment l’entité info-documentaire peut-elle utiliser au mieux les ressources mises
à sa disposition pour offrir un maximum de services ?
◆ Quel est le bon équilibre entre les coûts des services rendus et leur qualité ?
◆ Quel est le taux d’impact ou le taux de pénétration de la population cible ?
◆ Comment satisfaire au mieux la demande avec les moyens disponibles ?
◆ L’entité est-elle plus efficace, plus efficiente, plus économe que l’année précédente ?
L’est-elle plus en comparaison avec d’autres entités similaires ?
◆ Dans quelle mesure l’entité remplit-elle complètement ses missions ou atteint-elle
ses objectifs stratégiques ?
Activité
Ensemble des tâches effectuées dans le cadre d’un processus. L’activité
documentaire comporte classiquement des tâches d’analyse de la demande
ou des besoins, de repérage de sources d’information, de contact avec des
fournisseurs, des opérations de collecte et de traitement matériel, des tâches
de catalogage ou d’indexation, des tâches de saisie, de reformatage ou de
numérisation, des tâches de diffusion, des tâches d’élimination ainsi que des
tâches d’actualisation des outils ou des langages documentaire, des tâches de
gestion et d’administration, de promotion, de concertation, etc. Ce processus
aboutit à la délivrance de produits ou de prestations, donc à des résultats
(financiers ou non).
Ces tâches se concrétisent par des flux entrants et sortants, des variations de
stock, des quantités de documents traités, des quantités de produits utilisés
ou consommés, etc.
L’observation ou la mesure de l’activité se traduit généralement par des données
statistiques brutes et l’établissement d’indicateurs dits d’activité. Si elles sont
effectuées chaque année selon la même grille de relevés, ces mesures permet-
tent de constater des évolutions et d’anticiper, le cas échéant, des charges de
travail, l’aménagement des fonds documentaires, des actions de communica-
tion, etc. Cela n’apporte cependant pas d’information « qualitative » sur
l’efficacité du processus de traitement ou de gestion ni sur l’appréciation portée
par les usagers. Tout au plus, une baisse d’activité peut traduire rétrospective-
ment une insatisfaction des usagers ou clients, insatisfaction qui peut être due
à une insuffisante performance.
Utilité
Le produit ou service répond-il bien aux besoins qui en sont à l’origine ?
Satisfait-il les utilisateurs ? On distinguera la satisfaction des besoins « intrin-
sèques » (pertinence, actualité, etc.) de chaque utilisateur et la contribution
à l’amélioration des performances de l’organisme.
Efficacité
Cette caractéristique traduit le degré d’accomplissement d’objectifs donnés :
se rapprocher des résultats que l’activité est censée produire.
Dans le cas d’un service de renseignement, d’orientation ou de recherche
documentaire, la prestation est dite « efficace » quand l’usager qui a posé une
question ou qui exprime une demande obtient à tout coup une réponse et que
cette réponse est pertinente (et fournie dans un délai jugé raisonnable).
Dans le cas d’un processus de traitement documentaire, ce processus est
jugé « efficace » quand tous les documents identifiés comme pertinents pour
la cible visée sont tous traités et enregistrés dans le catalogue ou le système
de GED, de façon conforme aux spécifications ou règles de référence, et ce
dans un délai jugé raisonnable. La mesure de l’efficacité se traduit par des
mesures d’accessibilité des informations (vitesse, convivialité, etc.), de fré-
quence de mise à jour, de pertinence des informations obtenues, etc.
On est dans le champ de l’impact ou de la satisfaction du service rendu – mais
pas forcément rendu à un coût acceptable pour l’usager ou pour l’institution !
Efficience
Il s’agit d’utiliser un minimum de ressources pour atteindre un objectif donné.
Dans le cas d’un service de renseignement, d’orientation ou de recherche
documentaire, la prestation est dite « efficiente » quand l’usager qui a posé
une question ou qui exprime une demande obtient à tout coup une réponse,
que cette réponse est pertinente (et fournie dans un délai jugé raisonnable)
et que le professionnel y a consacré moins de 3, 5 ou 60 minutes (selon la
nature de la recherche d’information, les outils dont il dispose, etc.), donc à
un coût minimal, sans déperdition.
On est dans le champ de la productivité, de l’optimisation, du rapport effica-
cité/coût de revient, de la valeur… La dimension économique (coût, temps
passé, etc.) intervient fortement. Cela se concrétise par des ratios exprimant
des quantités par personne ou par unité de temps. Ce type d’indicateur inter-
Performance
Cela s’exprime par l’efficacité dans la fourniture des services et l’efficience
dans l’allocation et l’emploi des ressources utilisées pour fournir ces services.
Meilleur équilibre entre l’efficacité et l’efficience, la performance met en jeu
les objectifs, les moyens et les résultats.
La performance peut concerner l’organisme (dimension collective) ou l’indi-
vidu (on l’associe au concept de compétence). Nous verrons au chapitre
suivant qu’elle peut faire l’objet de plusieurs niveaux d’approche. Il s’agit
d’un constat : elle peut être faible ou élevée si la performance constatée dans
un contexte donné est comparée à une performance de référence.
Excellence
L’excellence se traduit par une performance élevée et permet d’être considéré
comme étant le meilleur dans sa catégorie ou son secteur d’activité, en
termes de satisfaction des clients ou de pénétration du marché comme en
terme économique.
Évaluation
L’évaluation est un processus qui consiste à estimer l’efficacité, l’efficience et la
pertinence d’un service, d’un programme, d’une installation… Elle peut s’appuyer
sur des indicateurs mais aussi sur des observations ou des constats d’autres
natures (une « évaluation de conformité » à un référentiel ou un « bilan » résul-
tant de l’analyse des résultats issus d’une grille de questionnement).
ÊTRE « PERFORMANT » :
FA I R E V I T E E T B I E N , D A N S D E S D É L A I S R E S P E C T É S ,
À U N C O Û T S U P P O R TA B L E
◆ Il faut être productif : satisfaire des objectifs quantitatifs (par jour, semaine,
mois…) concernant le nombre de documents ou de données à traiter,
◆ sans nuire à la qualité (fiabilité des données, complétude, conformité aux règles
d’écriture, aux spécifications ou aux normes, etc.), ce qui suppose :
- une définition ou une typologie des erreurs (distinction entre erreurs « majeures »
sur une clé d’accès, par exemple, qui doivent être impérativement détectées et cor-
rigées et erreurs « mineures » de saisie dans un résumé, par exemple, dont on peut
admettre un taux non nul) ;
- l’existence d’un niveau de qualité (nombre maximal toléré d’erreurs mineures) ;
- des dispositifs de détection et de correction d’erreurs en interne (et l’organisation
du retour d’information sur les erreurs détectées par les clients ou usagers).
Performance
Le modèle EFQM
Le modèle proposé par l’European Foundation for Quality Management
(EFQM) depuis 1991 et révisé en 2003 est un modèle de management des
organisations. Il constitue le référentiel pour concourir au prix européen de la
qualité. Gagnent ce prix les organismes les plus performants, les organismes
qui visent l’excellence et qui s’appuient sur les meilleures pratiques ! Mais il
sert aussi d’outil d’auto-évaluation pour les organismes qui ne concourent
pas. C’est pourquoi nous le présentons dans le cadre du présent document.
Le choix des bonnes pratiques doit répondre à huit principes fondateurs :
- approche par les résultats : il s’agit d’atteindre les résultats qui satisfont
toutes les parties prenantes de l’organisme (actionnaires, clients, personnel,
fournisseurs et partenaires, collectivités) ;
- orientation clients : il s’agit de rechercher une satisfaction durable des
clients ou des usagers, de les fidéliser et d’en conquérir de nouveaux ;
- leadership et constance de la vision : il s’agit d’avoir une ligne de conduite
identifiée, d’avoir un management cohérent de l’organisation, des objectifs
stratégiques clairs ;
- management par les processus et les faits : il s’agit de gérer l’organisme ou
l’entité par le biais d’un ensemble de systèmes, de processus et de faits inter-
dépendants et corrélés, de maximiser l’efficacité et l’efficience de la
réalisation des objectifs ;
- développement et implication du personnel : il s’agit de maximiser la contri-
Résultats
Personnel
personnels
Partenariats
et Résultats
ressources collectivités
Facteurs Résultats
16
L’ÉVALUATION ET LES INDICATEURS DE LA PERFORMANCE
Qualité, performance, excellence...
Chaque critère, qui fait l’objet d’une définition, est ensuite décomposé en
sous-critères ou thèmes (cinq sous-critères pour chaque facteur, deux sous-
critères pour chaque résultat). Chaque sous-critère est alors suivi d’une série
d’exemples de dispositions qui peuvent être prises par l’organisme pour satis-
faire l’objectif propre au critère considéré.
Exemple 1
« Critère 4. « Les partenariats et les ressources »
« Définition : Les organisations excellentes planifient et managent les
partenariats externes, les fournisseurs et les ressources (financières,
techniques, informationnelles…) dans la perspective de soutenir la
politique et la stratégie et aussi d’assurer le fonctionnement effectif
des processus.
(…)
« Sous-critère 4e « L’information et la connaissance sont managées »
« Ce critère peut impliquer les actions suivantes :
- élaborer une stratégie de management de l’information et de la
connaissance qui soutienne la stratégie et la politique de l’organisme,
- identifier les exigences en matière d’information et de connaissance,
- collecter, structurer et manager l’information et la connaissance dans
la perspective de soutenir la politique et la stratégie,
- prévoir l’accès aux informations et aux connaissances pertinentes
dans des conditions appropriées, à la fois pour les utilisateurs internes
et externes,
- utiliser les technologies de l’information pour soutenir la communica-
tion et l’information internes ainsi que le management des connaissances,
- garantir et améliorer la sécurité, la validité et l’intégrité de l’information,
- cultiver, développer la propriété intellectuelle dans la perspective de
maximiser la valeur pour le consommateur et en assurer la protection,
- chercher à acquérir, à augmenter et à utiliser au mieux les connais-
sances acquises,
- susciter des modes de pensée innovants et créatifs dans l’organisme
par le biais d’une utilisation de l’information pertinente et des res-
sources en connaissances. »
Exemple 2
« Critère 6. « Les résultats pour les clients »
« Définition : Les organisations excellentes mesurent de façon détaillée
leurs résultats vis-à-vis de leurs clients et atteignent des résultats
remarquables.
« Sous-critère 6a « Mesures de perception par les clients »
« Ces mesures peuvent être faites à partir d’enquêtes, de groupes
tests, d’analyse des félicitations et des réclamations… Elles peuvent
porter sur :
N I V E A U X D E M AT U R I T É D E L A P E R F O R M A N C E D ’ U N O R G A N I S M E
S E L O N L’ I S O
Niveau
de Niveau de performance Lignes directrices
maturité
1 Approche non formelle Pas d’approche méthodique évidente ;
résultats inexistants, médiocres ou
non prévisibles.
2 Approche réactive Approche méthodique fondée sur les
problèmes ou les corrections ; données
minimales disponibles sur les résultats
concernant l’amélioration.
3 Approche système formelle Approche méthodique fondée sur les
stable processus ; stade initial d’améliorations
systématiques ; données disponibles sur
la conformité aux objectifs et existence de
tendances à l’amélioration.
4 Amélioration continue Processus d’amélioration utilisé ; bons
accentuée résultats et tendances à l’amélioration
marquées.
5 Performances optimales Processus d’amélioration profondément
implanté ; résultats d’étalonnage
concurrentiel optimaux démontrés.
Source : Norme ISO 9004
Le même type de grille est repris dans la norme Afnor FD X50-174 « Éva-
luation de l’efficacité d’un système qualité ».
Il est intéressant de mettre en parallèle l’échelle proposée par cette norme
avec l’échelle également à cinq échelons retenue par les Archives nationales
du Canada pour évaluer, selon vingt-neuf critères ou capacités individuelle-
N I V E A U X D E M AT U R I T É D E L A P E R F O R M A N C E D ’ U N O R G A N I S M E
S E L O N L E S A R C H I V E S N AT I O N A L E S D U C A N A D A
Niveau
de Niveau de performance Situation
capacité
1 Situation initiale Pas d’approche systématique ou formelle ;
les processus et les pratiques sont fragmentés ou
non existants.
2 Définition Des processus ou des pratiques sont définis, bien
compris, documentés et définis à des degrés
divers, mais ne sont pas appliqués uniformément.
3 Reproduction Les processus et les pratiques sont appliqués
uniformément dans l’ensemble de l’organisme.
4 Gestion Un cadre de travail a été établi. Les processus
et les pratiques sont mesurés et gérés de façon
à produire les résultats souhaités. Ces processus
et pratiques sont coordonnés de façon à favoriser
leur intégration.
5 Optimisation L’accent est mis sur l’amélioration continue de la
capacité. Les concepts de l’innovation, de
l’apprentissage organisationnel et de
l’amélioration continue de la capacité sont
intégrés aux valeurs organisationnelles et sont
appliqués uniformément.
activité est en interaction avec différents types d’acteurs (usagers, tutelle, fournis-
seurs ou prestataires, etc.). On œuvre dans le cadre d’un « système ». Ceci n’est
pas neutre dans le choix des indicateurs ni dans l’interprétation des résultats.
Il convient aussi, dans la phase préalable à la mise en place des indicateurs
de performance, de rassembler un certain nombre de données sur l’environ-
nement de l’activité info-documentaire.
Cela dépend naturellement du contexte de l’entité, selon que sa vocation est
de servir un public uniquement interne à l’organisme ou de servir un public
externe. Ce peut être, par exemple :
- la taille de la population à servir (population cible) : effectif de l’organisme
(service interne à une entreprise), nombre d’étudiants et d’enseignants
(bibliothèque pédagogique), etc. ;
- sa répartition géographique (cas des établissements multisites) ;
- ses caractéristiques socio-culturelles (segmentation par métier/profession, etc.).
Ces données seront utilisées pour le calcul, par exemple, des taux de péné-
tration des produits et prestations.
Autre précaution à prendre avant de se lancer dans des indicateurs de per-
formance : il faut impérativement associer le personnel de l’entité concernée
à travers une démarche participative. Celui-ci peut avoir des idées sur le choix
de certains indicateurs ou sur la façon de le constituer économiquement : la
Evaluer Allouer
la performance des ressources
des services
collecte des données sera d’autant mieux assurée si leur utilisation ultérieure
est bien comprise d’emblée. L’analyse des résultats va donner lieu à des
actions d’amélioration donc à des changements éventuels dans le travail :
autant que le personnel y soit préparé et en soit même l’initiateur.
Le personnel doit donc connaître les raisons de la mise en place d’indicateurs
de performance, la façon dont cela va se dérouler et le rôle qu’il va jouer.
Nous l’avons dit, il s’agit d’un projet en tant que tel et il faut qu’il soit géré :
un pilote, des objectifs clairs, un planning, des actions de communication, etc.
Des résistances peuvent apparaître. Il peut être judicieux de procéder pro-
gressivement avec la mise en place d’un jeu limité d’indicateurs faisant
l’objet d’un consensus.
Ceci indique aussi que l’évaluation de la performance ne peut pas être reflétée ou
démontrée par un seul indicateur mais par un ensemble de plusieurs indicateurs.
La performance de l’activité documentaire peut être observée selon plusieurs
points de vue.
À noter que l’on peut trouver plusieurs variantes pour mesurer une situation
ou un phénomène. Par exemple, la « satisfaction des clients » peut être
mesurée :
- en enregistrant et analysant leurs réactions spontanées (taux de félicitations,
de réclamations, etc.) ;
- en les interrogeant directement (« Êtes-vous satisfait de… ») ;
- indirectement par le paiement des factures (un client insatisfait retarde le
paiement ou négocie un rabais) ;
- indirectement par le taux de renouvellement des abonnements (s’ils se
réabonnent, c’est qu’ils ont été satisfaits jusqu’à présent) ;
- indirectement par positionnement de la part de marché par rapport à celle
des concurrents.
Il convient donc d’examiner les différentes variantes possibles avant de rete-
nir celle qui s’avère la plus réaliste à mettre en œuvre.
Au niveau global
Il est possible d’assimiler un dispositif de gestion d’information à un orga-
nisme en tant que tel. De ce point de vue, il peut être intéressant de
transposer les approches que nous avons évoquées au chapitre précédent en
matière de management de la qualité ou de modèle d’excellence.
1 Dans certains cas particuliers où le fonds documentaire est « fermé » (délimité par le statut des documents),
comme la documentation législative et réglementaire, il est possible, avec l’aide d’un juriste spécialiste du
sujet, de déterminer ce taux de rappel.
Nous proposons ci-après, et sous une autre forme, une palette de critères à
analyser (relevant soit de la performance interne, soit de l’interface avec
l’usager, soit du management global), étant entendu que le choix final à faire
(les cinq ou six indicateurs clés de la performance) dépend de ce que vous
jugerez essentiel à observer pour atteindre les objectifs stratégiques que vous
vous êtes fixés.
◆ Collecte : délai de repérage ou d’obtention, pertinence des matières pre-
L’efficacité informationnelle
Le concept d’efficacité informationnelle apparaît à plusieurs reprises dans la
littérature publiée au cours de ces dernières années. Au niveau des institu-
tions et des grands programmes, cela couvre la capacité à promouvoir la
création et la diffusion d’information à travers certaines dispositions régle-
mentaires (en matière de santé, d’environnement, d’activité boursière, par
exemple) dans le sens de l’efficacité de la politique informationnelle (des pou-
voirs publics, des sociétés cotées en bourse, etc.).
On trouve aussi ce concept dans le champ de la communication (efficacité
informationnelle des codes gestuels, par exemple).
Enfin, ce concept s’applique aux produits et services d’information et, plus
généralement, à l’activité d’intermédiation, pour vérifier si l’objectif de mise à
disposition de l’information est atteint : il s’agit de mesurer que l’information
transmise est bien parvenue, lue et exploitée (sinon, on a travaillé pour rien !).
Concernant la conception des documents, cela rejoint la problématique de la
communication scientifique, technique ou pédagogique : lisibilité, structura-
tion, présentation, adaptation de la terminologie…
Concernant un bulletin d’information, une newsletter ou un service de diffu-
sion sélective d’information, cela concerne l’adaptation au temps de lecture
de l’usager, le ciblage du contenu, l’attractivité de la présentation, le fait qu’il
soit déclencheur d’action ou d’interaction…
Cet aspect renvoie en partie aux critères d’exploitabilité (des contenus) et d’utili-
sabilité (des services électroniques d’information), voire à ceux d’impact ou
d’appropriation de l’information, déjà évoqués plus haut. Il s’agit d’examiner
dans quelle mesure les résistances ou les obstacles de toutes sortes (techniques,
culturels, psychologiques, etc.) ont pu être franchis au niveau de l’usage.
« L’information est là et… il ne se passe rien ! ». Le travail du professionnel de
l’information-documentation ne peut s’arrêter à l’acte d’expédition du docu-
ment ou de la donnée. Il devrait se demander pourquoi il ne se passe rien au
niveau du destinataire et où se trouve le manque d’efficacité chez le diffuseur,
en particulier dans le cas où l’interaction humaine directe est absente.
rapide des documents entre les acteurs, par exemple, ou encore de temps consacré à
un audit) depuis la mise en place du dispositif de gestion documentaire.
Mais il y a aussi des gains indirects de productivité, d’amélioration des conditions de
travail, d’amélioration de la qualité des contenus, de fiabilisation de l’accès...
La normalisation de la terminologie, des règles de codification, de structuration et de
traitement peut éviter des saisies multiples et justifier « l’investissement » d’un travail
de groupe préalable, l’acquisition d’un logiciel de déchargement de données et de refor-
matage… avec un ROI relativement court.
Dans certains cas, l’analyse financière peut ne pas être le critère principal qui justifie
un investissement. Le ROI peut être faible, voire négatif, mais acceptable pour d’autres
raisons : la fiabilisation d’une documentation liée à la sécurité d’une installation par
exemple.
Par ailleurs, le temps gagné peut ne pas être récupérable pour être affecté à une autre
tâche ; des coûts indirects générés par la nouvelle solution peuvent avoir été sous-esti-
més (l’utilisateur imprime systématiquement le contenu des documents électroniques
reçus…).
L’investissement dans la numérisation de documents peut être justifié quand il s’agit
de documents devant être « partagés » et lus fréquemment par de nombreuses per-
sonnes ; il ne l’est pas forcément s’il s’agit simplement de diminuer le stockage d’ar-
chives très peu consultées (compte tenu du coût de numérisation, il vaut mieux
délocaliser le lieu de stockage). Le calcul est différent si les documents sont produits
électroniquement.
Le calcul du ROI est plus difficile à effectuer quand il s’agit d’une approche globale
d’amélioration du management de l’information. Les retombées peuvent être difficiles
à calculer, car non systématiques.
41
DES ACTIVITÉS INFO-DOCUMENTAIRES
Chapitre 3
◆ Les mesures sont moins liées à la poursuite des objectifs stratégiques qu’à la
Une version adaptée au secteur culturel non marchand a été étudiée en 2001
par la bibliothèque universitaire de Münster en liaison avec deux autres
bibliothèques universitaires, en privilégiant la satisfaction des usagers (offrir
le meilleur service possible à un coût acceptable) plutôt que la recherche de
profits financiers (la logique est inverse de la précédente : utilisons au mieux
les finances allouées pour créer de la valeur et satisfaire ainsi les usagers).
Comme on le voit dans l’exemple qui précède, les indicateurs se répartissent
selon quatre axes, composantes ou perspectives.
◆ Composante « finances »
- Dépenses totales par usager actif
- Dépenses totales par entrée dans la bibliothèque
- Part des coûts d’acquisition
- Pourcentage des dépenses de personnel par service offert par rapport aux
dépenses totales de personnel
- Pourcentage des dépenses d’acquisition par rapport aux ressources électro-
niques
◆ Composante « compétences, innovations » ou « potentialités »
- Budget de la bibliothèque par rapport à l’ensemble de l’institution (mani-
festation du soutien de l’institution)
- Pourcentage du budget provenant de financements sur projets ou de res-
sources propres
- Nombre de formations par agent
- Nombre de congés maladie de courte durée par agent (motivation)
◆ Composante « processus internes clés »
- Nombre de documents acquis par agent et par an
- Temps de traitement moyen d’un document
- Nombre d’étapes pour fournir un service ou un produit
◆ Composante « usager »
- Pénétration du marché ou de la population visée (sur place ou à distance)
- Taux de satisfaction des usagers (global, en matière d’horaire d’ouverture,
etc.)
- Taux de fréquentation des locaux ou de la bibliothèque électronique
- Pourcentage d’accès à distance
- Disponibilité des documents
visiteurs ; ce peut être toujours les mêmes qui reviennent plusieurs fois (cas
du comptage par portillon du nombre d’entrées dans les salons ou expositions
qui durent plusieurs jours et qui sont couplés avec un colloque).
Le diagnostic
Comme nous l’avons vu plus haut, la première étape de la démarche consiste
à établir un diagnostic de la situation via une méthode d’évaluation ou via la
lecture du tableau de bord et des indicateurs qui y sont rassemblés et mis en
perspective.
Au niveau de l’analyse des résultats spécifiques (la performance constatée en
matière de traitement des documents, par exemple), il est important de recher-
cher les causes de la situation que traduit l’indicateur et de la comparer avec
celle de l’année précédente ou avec celle provenant d’un autre organisme.
Pourquoi est-on peu performant sur ce point ? Est-ce une question d’objectifs
mal définis ? De méthode de travail archaïque ? D’outil inadapté ? De person-
nel insuffisamment formé ?
Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages sur la qualité et sur les « outils » propo-
sés par les qualiticiens pour rechercher les causes (et la cause des causes) – tels
que le diagramme cause-effet, connu aussi sous les noms de diagramme d’Ishi-
kawa ou diagramme en arête de poisson – et identifier le plus en amont possible
le(s) point(s) sur le(s)quel(s) il faut agir pour améliorer durablement la situation.
Agir
et exploiter les résultats Mettre en œuvre
à des fins de retour d’expérience les actions
et d’amélioration continue
◆ 5. Afficher la performance
Dans le cadre d’une stratégie marketing de fidélisation et de conquête de nou-
veaux clients ou d’usagers (mais aussi dans le cadre d’actions de reconnaissance
de l’effort entrepris par le personnel), il peut s’avérer utile d’engager une
démarche de certification ou de labellisation de la performance atteinte. C’est
la finalité, par exemple, de la certification du système qualité de type ISO
9000, des diplômes ou des prix européens délivrés par l’EFQM. Sans aller jus-
qu’à ce stade, le premier niveau de « diplôme » EFQM ne dit pas que l’on est
le meilleur en Europe mais signifie et atteste que l’on a engagé une démarche
d’amélioration des performances. Ce peut être un premier pas stimulant pour
aller ensuite vers plus d’excellence. Nous renvoyons le lecteur à la littérature
concernant les différents systèmes de certification ou de labellisation appli-
cables aux organismes, aux produits et services ou au personnel. Prenez garde,
cependant : tous ces systèmes ne sanctionnent pas forcément la performance,
certains d’entre eux répondant à d’autres types d’exigences ou de finalités
(sécurité, protection des mineurs, conformité à une norme technique, etc.).
1. Contexte organisationnel
◆ Culture : l’information doit être traitée, à tous les échelons, dans l’ensemble de l’or-
ganisation, comme étant un actif stratégique qui doit être exploité et réutilisé. Les
produits et services relatifs à l’information doivent être intégrés aux pratiques de ges-
tion de l’organisation. Tout le personnel doit prendre en charge la bonne intendance
de la gestion de l’information (GI) ;
◆ Gestion du changement : des mécanismes doivent exister et permettre de favoriser
l’adoption de changements dans le cadre des initiatives de gestion de l’information.
Les cadres supérieurs doivent engager des ressources afin de faciliter le changement
continu au sein d’un organisme en développement. L’organisation doit établir des
méthodes d’amélioration continue des processus de gestion d’information. Les initia-
tives de changement en matière de GI doivent être entièrement unifiées au processus
de gestion du changement de l’organisation.
◆ Environnement : l’organisation doit procéder à des analyses de l’environnement et
évaluer leurs répercussions possibles sur la gestion de l’information. Les résultats doi-
vent être utilisés afin de diriger le changement et le développement continu.
2. Capacité organisationnelle
◆ Compétences en matière de gestion de l’information : l’organisation doit disposer de
personnel spécialisé dans la gestion de l’information. Ces spécialistes de la GI doivent
disposer des compétences, de toutes les ressources nécessaires et des possibilités de
relever les défis de la gestion de l’information de façon soutenue. Les compétences en
matière de GI doivent être une partie intégrante du processus d’établissement des
objectifs de l’organisation. Toute lacune doit être traitée proactivement grâce à un
apprentissage, à un renouvellement et à un recrutement continus.
4. Conformité et qualité
◆ Qualité de l’information : l’organisation doit utiliser des processus visant à assurer la
précision, la cohérence, l’exhaustivité et l’actualité de l’information, qu’elle soit créée
au sein de l’organisation ou qu’elle provienne de sources externes. L’utilisateur doit
avoir confiance dans l’information reçue.
◆ Sécurité : des mécanismes doivent être mis en place afin d’assurer que l’information
est protégée contre l’accès, l’utilisation et la destruction non autorisés. Les secteurs
de vulnérabilité éventuelle en matière de sécurité doivent faire l’objet de recherches et
de plans préventifs ; il doit exister un système de détection des incidents et de réac-
tion à ceux-ci.
◆ Respect de la vie privée : des mécanismes doivent permettre d’assurer le respect du
droit à la vie privée des personnes en ce qui concerne la collecte et la diffusion de
l’information. La considération de la confidentialité doit être intégrée à la culture de
l’organisation.
◆ Continuité opérationnelle : des plans et des mécanismes d’urgence doivent exister et
permettre d’assurer la récupération opportune de l’information, la restauration des dos-
siers essentiels et la reprise des activités en cas de corruption ou de perte d’informations.
Un programme de formation et de sensibilisation doit être offert au personnel.
◆ Conformité : l’organisation doit se conformer aux lois, aux politiques et aux normes
pertinentes. Des vérifications de la conformité doivent être effectuées tout au long du
cycle de vie des initiatives de GI.
◆ Sélection bibliographique
Documents de normalisation
Outils de management - Management de l’information. Afnor FD X50-185 (mars
2004)
Systèmes de management de la qualité - Lignes directrices pour l’amélioration des
performances. ISO 9004 (décembre 2000)
Système de management de la qualité - Indicateurs et tableaux de bord. Afnor FD
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Information et documentation - Indicateurs de performance des bibliothèques. ISO
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Documents concernant les organismes de tout type
Évaluer la qualité et la performance publiques. France Qualité Publique (à paraître)
Prix, modèle et démarches EFQM : guide de terrain pour réussir. Afnor, 2005
Fondamentaux du pilotage de la performance : le tableau de bord adapté à la réalité
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La démarche de performance : stratégie, objectifs, indicateurs. Guide méthodologique
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Les tableaux de bord de la performance. Dunod, 2003
Documents concernant le champ des bibliothèques ou des services d’information
Le management de l’information : présentation commentée du document de normali-
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Les indicateurs de performances des CDI. Section documentation du Cript Poitou-
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Gérer la qualité grâce à la méthode « Balanced scorecard » / Roswitha Poll. 67th IFLA
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Évaluer la performance des bibliothèques : une nouvelle norme / Pierre Carbone. Bul-
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L’évaluation des services électroniques en bibliothèques : les statistiques à l’âge du
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La démarche qualité (dossier). Bulletin des bibliothèques de France, 1998, t. 43, n° 1
Management des bibliothèques : programmer, organiser, conduire et évaluer la poli-
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Giappiconi et Pierre Carbonne. Éditions du Cercle de la librairie, 1997
Guide pour la gestion d’un centre d’information : la maîtrise des chiffres-clés / Bernard
Chevalier, Dominique Doré et Éric Sutter. 2e éd. ADBS Éditions, 1995. Chapitre 7 :
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Performance measurement in Library and Information Services / Christine Abbott.
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