Transport de Marchandises Et La Croissance Économique
Transport de Marchandises Et La Croissance Économique
Transport de Marchandises Et La Croissance Économique
économique
Julien Brunel
Julien BRUNEL 1
Résumé : Le lien entre la demande de transport et la croissance économique est aujourd’hui connue
sous le concept de couplage. L’intensité du transport ou l’estimation d’élasticité de la demande de
transport par rapport à la production économique sont généralement utilisées pour estimer cette
relation. Dans ce papier, l’intensité de transport routier de marchandises est décomposée en quatre
facteurs. Une estimation de ces quatre facteurs est ensuite proposée pour un panel de pays européen.
Nous observons alors deux facteurs de couplage (l’augmentation de la part modale de la route et de la
distance de transport) et deux facteurs de découplage (la baisse de la part de l’industrie dans
l’économie et la baisse du poids moyen de la production industrielle).
Abstract : The link between transport and economic growth is nowadays understood behind the so-
called issue of coupling. Transport intensity or transport elasticity to economic production are
generally used to assess the link. In this paper, road freight intensity is decomposed into four factors.
A European panel data estimation of these four factors isolates levels of coupling and levels of
decoupling. We observe two factors of coupling (i. e. the rise of the average distance of transport and
the increasing market share of road transport) and two factors of decoupling (the decreasing share of
the industry in the economic production and the decreasing weight of industrial production).
1
Laboratoire d’économie des transports, Université Lumière Lyon 2 – 14, av. Berthelot – 69363 Lyon cedex 07
– julien.brunel@let.ish-lyon.cnrs.fr.
Introduction
La relation entre les transports et la croissance économique a toujours été un objet d’étude pour les
infrastructures de transport à la croissance économique. Le papier originel de Fogel (1962) montre que
la réalisation des infrastructures de transport ferroviaire a été un facteur de croissance pour les Etats-
Unis dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Plus tard, le développement des modèles de
croissance endogène ont donné à cette problématique une nouvelle actualité comme dans le papier de
Aschauer (1989).
Par ailleurs, un certain nombre de travaux se sont intéressés à estimer la relation entre le transport de
marchandises et la croissance économique dans une optique de prévision des trafics. La plupart de ces
travaux estiment cette relation au moyen d’élasticité. Le modèle Quin-Quin fret estime par exemple la
Latreille, 1997). Plus récemment, un certain nombre de travaux ont utilisé l’économétrie des séries
temporelles pour estimer cette relation (Meyer, 1998 et Lenormand, 2002). L’ensemble de ces travaux
corrobore l’idée qu’il existe une relation forte entre le transport de marchandises et la croissance
économique. Ces dix dernières années, un certain nombre de facteurs a contribué à changer la nature
Le premier élément concerne le réchauffement climatique. Dans leur troisième rapport sur le
surface de la terre a augmenté de 0,6°C au cours du vingtième siècle (IPCC, 2001) comme nous
-2-
Ce rapport souligne également l’augmentation des concentration de gaz à effet de serre (GES) comme
le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) ou le dioxyde d’azote (NO2) dans l’atmosphère. Ce
rapport prévoit enfin que l’activité humaine sera responsable d’une augmentation de la température
moyenne à la surface de la terre comprise entre 2 et 6°C pour le vingt-et-unième siècle. Ce constat
scientifique a amené la communauté internationale à définir une stratégie globale pour réduire les
Le second élément concerne le rôle des transports dans le réchauffement climatique. La figure 2
représente la part des émissions de CO2 par secteur en France (CITEPA, 2005). Cette figure montre
que le secteur des transports est responsable de la plus grande part des émissions de CO2. Ce secteur
génère 28% des émissions de CO2 contre 22% pour le secteur résidentiel et des services ou 21% pour
l’industrie. Cette figure montre également un second motif d’inquiétude pour le secteur des transports.
Sa part dans le volume total des émissions de CO2 augmente avec un fort taux de croissance. De 1960
à 2003, le volume des émissions de CO2 causées par le secteur des transports a ainsi augmenté de plus
de 500% en France. Schäfer (2005) montre que ce constat peut être fait pour l’ensemble des pays
développés.
-3-
Ces deux constats ont entraîné un changement du sens de la relation entre le transport et la croissance
économique dans l’esprit des chercheurs. La question n’est plus de savoir si le transport génère de la
s’interrogent désormais pour savoir s’il est possible de casser le lien entre le transport et la croissance
économique. Cette problématique est également connue sous le nom de la problématique du couplage.
100%
80%
60%
40%
20%
0%
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Une large littérature s’est intéressée à cette problématique. Nous revenons sur cette dernière dans une
première section. Deux approches sont distinguées. En premier lieu, un certain nombre de papiers
économique. Un second type de papiers propose de décomposer les indicateurs agrégés de demande de
transport afin d’expliquer le couplage. En suivant la seconde catégorie de papiers, une décomposition
de l’intensité de transport routier est proposée en section II. Cette décomposition divise l’intensité de
transport routier en quatre facteurs. Les trends de ces quatre facteurs sont ensuite étudiés pour un panel
de pays européens. La section III présente une estimation économétrique de ces trends. L’originalité
du papier réside dans la spécification du modèle estimé. Nous adaptons une spécification quadratique
-4-
deux facteurs de découplage (la baisse de la part de l’industrie dans la production et la baisse du poids
La Littérature
Une très large littérature s’est emparée de la problématique du couplage. Dans un premier temps, nous
pouvons d’abord remarquer un grand nombre de rapports institutionnels sur le sujet. Il a par exemple
été l’objet du Standing Avisory Committe on Trunck Road Assesment (SACTRA, 1999) au Royaume-
Uni. Des programmes de recherche européens ont été réalisés sur le sujet comme REDEFINE (1999)
ou SPRITE (2000). La Conférence Européenne des Ministre des Transports a organisé une conférence
sur cette question (CEMT, 2002). Cette dernière a également été discutée dans des documents
politiques comme le Livre Blanc sur les transport (Commission européenne, 2001) dans lequel la
La littérature scientifique a suivi deux directions. Une première direction a consisté à estimer la
relation entre le transport et la croissance économique au moyen d’élasticité suivant les modèles de
prévisions de trafics. Par exemple, Meersman et Van der Voorde (1997) estiment un modèle à
également le sujet d’un papier de Kulshreshtha et Nag (2000) où la cointégration est utilisée pour
Kulshreshtha et al. (2001) utilisent également la cointégration pour estimer la relation entre le
utilisé est l’intensité de transport. Cet indicateur est égal au ratio entre le nombre d’unité de transports
pays. Il est par exemple utilisé par Baum (2000) ou Baum et Kurte (2002). Ces papiers montrent une
-5-
augmentation de l’intensité de transports en prenant le transport routier et la production industrielle.
second ensemble de papiers permet d’expliquer ce phénomène. L’idée de ces travaux est de
découplage. Cette idée provient de l’économie de l’énergie. Ang et Zhang (2000) offrent une revue
extensive de cette littérature. Différents type de décompositions sont proposées pour les transports.
Kwon (2005) adapte l’identité IPAT au secteur des transports. Cette identité est suggérée par
l’équation Impact=Population × Affluence × Technology que Kwon (2005) transforme, pour le secteur
des transports, en
⎛ D⎞ ⎛C ⎞
C = P×⎜ ⎟×⎜ ⎟ (1)
⎝ P ⎠ ⎝ D⎠
avec C les émissions de CO2 causées par les voitures particulières, D la demande de transport en
céhicule-kilomètres et P la population. Selon l’équation 1, le niveau des émissions de CO2 produit par
le secteur le transport individuel est est égal à un produit de quatre facteurs. Le premier facteur
⎛ D⎞
représente la Population (P). Le second ⎜ ⎟ est la distance moyenne de transport individuel par
⎝P⎠
⎛C⎞
individu. Il s’agit du fecteur Affluence de l’équation IPAT. Le troisème ⎜ ⎟ correspond à l’émission
⎝ D⎠
moyenne d’une unité de trafic ou au facteur Technology. Une decomposition empirique de l’équation 1
est ensuite effectuée pour la Grande-Bretagne entre 1970 et 2000. Elle montre que la meilleure
efficacité énergétique du transport routier est insuffisante pour contrebalancer l’augmentation des
-6-
Kiang et Shipper (1996) et Shipper, Scholl et Price (1997) décomposent l’intensité énergétique du
réalisé), la structure de l’activité (part modale) et l’intensité (energie utilisée par unité de transport).
Ces papiers montrent les limites d’une stratégie de découplage uniquement concernée par le progrès
l’augmentation du transport (en tonnes-kilomètres) et celle de la part modale du transport routier. Ceci
confirme l’idée selon laquelle le découplage technologique (partiel) est insuffisant pour compenser le
couplage absolu entre le transport et la croissance économique (Bagard, Crozet et Joly, 2002).
décomposition. Par exemple, Redefine (1999) décompose le lien entre le transport de marchandises et
par l’augmentation des distances moyennes de transport. Ailleurs, un certain nombre de papiers
Fosgerau et Kveiborg, 2004, Kveiborg et Fosgerau, 2004, Steer Davies Gleaves, 2004). Ces papiers
confirment l’idée selon laquelle il existe des facteurs de couplage et des facteurs de découplage. Dans
ce qui suit, nous proposons un modèle s’inscrivant dans la lignée de cette littérature.
Le Modèle
L’intensité de transport est souvent utilisée pour mesurer le couplage en économie des transports
(Baum, 2002). Cet indicateur est inspiré de l’intensité énergétique, un indicateur souvent utilisé en
économie de l’énergie (Martin, 1989). L’intensité de transport de marchandises est, par définition,
égale au ratio entre le nombre de tonnes-kilomètres réalisés dans un pays et la valeur du produit
-7-
TK i
ITi = (2)
PIBi
dans le pays i et PIBi le produit intérieur brut de i (en dollars ou en euros). Si l’intensité de transport
augmente ou est constante, il s’agit d’un cas de couplage. En revanche, une situation de découplage
Cet indicateur est discuté. Un papier de Stead (2001) montre précisément que d’autres indicateurs
peuvent mesurer le couplage. L’utilisation des volumes de CO2 permet de calculer une intensité des
émissions de CO2 du transport. Le transport routier étant le principal responsable des émissions de
GES, l’intensité de transport routier de marchandises peut être calculé. Ce dernier (noté ITRi ) est
donné par
TK _ Routei
ITRi = (3)
PIBi
Europe pour un panel de six pays de l’Union Européenne entre 1982 et 1998. Nous observons que
l’intensité de transport routier de marchandises est soit constante, soit croissante. En somme,
l’évolution de cet indicteur montre que cet ensemble de pays est en situation de couplage.
-8-
Figure 3 : L’intensité de transport routier de marchandises (indice 100 : 1982)
Source : Eurostat (2002) et PWT 6.1 (Heston, Summers and Aten, 2002)
l’identité suivante
TK _ Routei TK i Ti INDi
ITRi = ⋅ ⋅ ⋅ (4)
TK i Ti INDi PIBi
avec Ti le volume des biens transportés (en tonnes) et INDi la valeur ajoutée du secteur industriel en
dollars ou en euros. L’équation 4 montre que l’intensité de transport routier de marchandises peut être
Le second facteur correspond au ratio entre le nombre de tonnes-kilomètres de l’ensemble des modes
de transport et le volume de biens transportés en tonnes. Ce facteur est égal à la distance moyenne de
-9-
Le troisième facteur est le ratio entre le volume de marchandises transportées et la valeur de la
production industrielle. Ce facteur s’interprète comme étant le poids moyen d’un dollar de production
industrielle.
Enfin, le quatrième facteur est le ratio entre la valeur de la production industrielle et la valeur du PIB.
L’intensité de transport routier de marchandises est donc décomposée en quatre facteurs. Ces facteurs
correspondent à différents niveaux de couplage ou de découplage. Dans la section suivante, les trends
de ces quatre facteurs sont observés. L’estimation économétrique des évolutions des quatre facteurs
d’articles s’est en effet intéressé au lien entre la croissance économique et la pollution. Ces travaux ont
montré qu’il existait une courbe en U-inversé entre la pollution et le niveau de revenu d’une nation
(Holtz-Eakin et Selden, 1992, Shafik, 1994, Grossman et Krueger, 1995). Cette courbe est appelée la
courbe de Kuznets environmentale. Dans la section qui suit, une spécification inspirée de cette
Cette section est consacrée à l’estimation économétrique des trends des quatre facteurs issus de la
modèle estimé est expliquée. Ensuite, une seconde sous-section présente les résultats de l’estimation.
- 10 -
Spécification du modèle
Cette littérature estimait initialement la relation entre la pollution et le PIB par habitant d’un pays.
Dans ce papier, le modèle estime la relation entre chacun des quatre facteurs de l’équation 5 et le PIB
par habitant. Une spécification quadratique est utilisée. Cette dernière est similaire à celle qu’utilisent
Shafik (1994) ou Holtz-Eakin et Selden (1992). Les modèles estimés sont donc les suivants
avec mshit la part modale de la route du pays i en t pris en logarithme, dst it la distance de transport
moyenne d’une tonne de marchandises dans le pays i et t pris en logarithme, wghit le poids moyen
d’un dollar de production industrielle pour le pays i à la période t pris en logarithme, ind it la part de la
produit intérieur brut par habitant et ysqit le carré du loagrithme du produit intérieur brut par habitant.
L’échantillon est décrit en annexe. Pour les modèles 6, 7 et 8, il consiste en un échantillon de données
de panel composé des quinze plus anciens pays de l’Union Européenne. Les données sont des données
L’échantillon est toutefois élargi à l’ensemble des pays de l’OCDE. Il couvre une période allant de
1970 à 2000.
- 11 -
La nature de l’échantillon implique l’utilisation de techniques économétriques particulières puisqu’il
s’agit de données de panel. Deux estimations sont alors effectuées. La première estimation est un
modèle à effet fixe (Fixed-Effect Model, FEM). Dans ce modèle, une constante spécifique individuelle
est introduite (pour chaque pays). Le second modèle est un modèle à effet aléatoire (Random-Effect
Model, REM). Dans celui-ci, le terme d’erreur est composé de deux éléments
ε it = μ i + λit
où le premier terme de l’addition est terme d’erreur spécifique à l’individu et le second terme un bruit-
blanc. Ce modèle est estimé par la méthode des moindres carrés généralisés en deux étapes.
Deux statistiques sont ensuite calculées pour évaluer la significativité de ces deux modèles. La
Breusch et Pagan. Cette statistique permet de tester la présence d’effets spécifiques individuels. Elle
suit une loi du χ 2 avec un degré de liberté. L’hypothèse nulle d’absence d’effets spécifiques
individuels est rejetée quand cette statisitique à 3,84 (au seuil de 95%). La seconde statistique est la
statistique d’Hausman (H) qui teste la significaticité du modèle REM par rapport au FEM. Cette
statistique suit une loi du χ 2 avec k-1 degrés de liberté (k le nombre de regresseurs). Des fortes
valeurs de H jouent en faveur d’un modèle FEM. Dans la sous-section qui suit, les résultats de ces
tests sont présentés, puis l’estimation des modèles FEM ou REM est donnée.
Résultats
Les résultats des tests du LM de Breusch et Pagan et de Hausman sont présentés dans le tableau 1. Le
test du multiplicateur de Lagrange montre que pour les quatre modèles, l’hypothèse nulle d’absence
d’effets spécifiques individuels peut être rejetée. Ce test plaide donc en faveur du modèle FEM ou
REM plutôt que pour le modèle linéaire classique. Ensuite, le test d’Hausman montre que le modèle à
- 12 -
effets fixes est plus significatif que le modèle à effet aléatoire pour l’ensemble des modèles sauf pour
Le tableau qui suit présente les résultats de l’estimation du modèle à effets fixes pour les modèles 6 à
8. Les résultats de l’estimation sont statistiquement significatifs. Les coefficients estimés sont en effet
également une valeur satisfaite. Il apparaît donc que la relation entre ces trois facteurs de couplage et
Le modèle à erreur aléatoire est estimé pour le modèle 9. Les résultats de cette estimation figurent
dans le tableau 3. Cette estimation est également significative comme le montrent les faibles valeurs
des écarts-types. Ces estimations corroborent l’existence d’une relation entre les facteurs de couplage
et le PIB par habitant. Dans ce qui suit, les estimations sont interprétées en terme d’élasticité.
- 13 -
Tableau 3 : L’estimation du modèle REM
Variable ind it
5.76
y it
(.20)
-.30
ysqit
(.01)
-28.95
intercept
(.96)
n 783
Interprétation
Les résultats des estimations précédentes sont interprétées en terme d’élasticité. L’élasticité d’un
facteur de couplage par rapport au PIB par habitant est égale à la dérivée de la relation quadratique
estimée ou à
ξ itn = βˆ n + γˆ n ⋅ y it (10)
avec ξ itn l’élasticité estimée du facteur n par rapport au PIB par habitant et β̂ n et γˆ n les paramètres
La figure 4 représente l’élasticité de la part modale de la route par rapport au PIB par habitant. Cette
figure révèle une élasticité positive et légèrement croissante. Des valeurs négatives sont néanmoins
observables dans la partie gauche du graphique. Il est difficile d’interpréter ces valeurs puisqu’elles
correspondent à des niveaux de PIB par habitant qui ne sont pas significatifs. Ce graphique permet
donc de dire qu’une augmentation du PIB par habitant se traduit par une augmentation de la part
modale de la route. Plusieurs facteurs peuvent être mentionnés pour expliquer ce phénomène. En
premier lieu, la restructuration de la production industrielle européenne s’est traduit par une réduction
de la part des produits pondéreux dans l’industrie. Or, ce type de production a plus de chance d’utiliser
le transport public que des produits plus légers. Ensuite, l’organisation des firmes en Just-in-time
induit une demande de transport rapide et flexible que le transport ferroviaire de marchandises offre
- 14 -
plus difficilement que le transport routier. Enfin, le transport routier de marchandises a été libéralisé
dans la plupart des pays européens au début des années 1980. Une baisse des prix de transport s’en est
suivie alors que le transport ferroviaire est encore souvent une activité opérée par un monopole public.
Ces éléments contribuent donc à expliquer pourquoi la part modale du transport routier est un facteur
de couplage.
La figure 5 représente l’élasticité de la distance moyenne de transport par rapport au PIB par habitant.
Elle correspond à une élasticité décroissante et positive. Cela revient donc à observer qu’une
transport. A l’extrême-droite de la figure, cette élasticité devient négative. Il est également difficile
d’interpréter cette dernière compte tenu de la faible représentativité de ces valeurs dans l’échantillon.
composé de données de transport national des quinze plus anciens membres de l’Union européenne.
Or, au sein de cet ensemble, nous trouvons nombre de petits pays. Nous pouvons penser qu’il existe un
seuil au-delà duquel la distance moyenne de transport national ne peut plus augmenter. C’est ce que
nous appelons l’effet d’une contrainte géographique. En intégrant le transport international, il est
probable que l’augmentation de la distance de transport soit encore plus nette. Cette dernière reste
0,4 3
0,3 2,5
2
0,2
1,5
0,1
1
0
0,5
10 000 15 000 20 000 25 000
-0,1
0
-0,2 10 000
-0,5 15 000 20 000 25 000
La figure 6 représente l’élasticité du poids moyen d’un dollar de production industrielle. Cette dernière
montre une courbe croissante négative dans un premier temps, puis positive au-delà de la valeur de
- 15 -
20000$. La faible significativité des valeurs situées au-delà de la valeur 20000$ insiste à interpréter
cette figure à partir de sa partie gauche ou la partie négative de l’élasticité. L’augmentation du PIB par
habitant entraîne une baisse du poids moyen d’un dollar de production industrielle. Cette interprétation
est cohérente avec un certain nombre de facteurs. En particulier, sous l’effet de la restructuration des
industries en Europe et du progrès technique, nous pouvons observer qu’un ensemble de produits
industriels plus denses en valeur s’est substitué à l’industrie lourde. Dès lors, le poids moyen de la
-6 -0,4
Enfin, la figure 7 représente l’élasticité de la part de l’industrie dans le PIB par rapport au PIB par
habitant. Ce graphique montre une élasticité décroissante, dans un premier temps positive, puis, à
partir d’un seuil situé à 15000$, négative. Ce graphique illustre une idée ancienne que Kuznets (1955)
avait déjà notée dans son papier sur les inégalités de revenus. Cela montre que, dans un premier temps,
l’augmentation du PIB par habitant s’accompagne d’une augmentation de la part de l’industrie dans
l’économie, puis, à partir d’un certain point (ici estimé à 15000$), l’augmentation du PIB par habitant
s’accompagne d’une diminution de la part de l’industrie dans le PIB. Le premier de ces temps
correspondent à l’industrialisation d’un pays qui cède la place à une seconde période marquée par le
déclin de la part de l’industrie dans l’économie au profit du secteur des services. Ce facteur constitue
- 16 -
Conclusion
L’intensité de transport routier de marchandises est décomposée en quatre facteurs. Une estimation de
ces quatre facteurs à partir de données de panel montre deux facteurs de couplage et deux facteurs de
l’augmentation de la part modale de la route. Les facteurs de découplage sont la baisse de la part de
Ces conclusions sont cohérentes avec la plupart des résultats observés dans la littérature. Par exemple,
la baisse de la part de l’industrie dans l’économie correspond à une modification structurelles des
transport est également un facteur souvent mentionné. Cet article est par ailleurs cohérent avec l’idée
Ces résultats peuvent cependant être complétées par de futures recherches. Plusieurs dimensions
pourraient être développées. En premier lieu, l’intégration du transport international à cette analyse
pourrait par exemple donner un rôle plus important à l’augmentation des distances moyennes de
transport. Ensuite, la poursuite de ce travail pourrait s’attacher à élargir son analyse d’autres contextes.
L’estimation économétrique ne concerne qu’un faible nombre de pays pour un intervalle de temps
relativement court. Une analyse intégrant d’autre continent ou une période plus large enrichirait sans
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Annexe
transport. Les données de transport proviennent de la base de données NewCronos d’Eurostat (2002).
Plus précisément, la variable TK _ Routeit est donnée par le tableau B-Road Transport V3-09.
National annual transport by distance class and type of carriage (Mio Tkm). Il est composé des quinze
plus anciens pays de l’Union Européenne. Certaines observations manquent toutefois. C’est en
particulier le cas des pays avant leur adhésion à l’Union. Cette variable est aditionnée à la variable
correspondante pour le transport ferroviaire (Tableau A-Rail Transport V3-05. National annual
transport by distance class and group of goods (1000 T, Mio Tkm)) afin d’obternir la variable TK it .
La série Tit est également reconstituée en additionnant les volumes de transport routier (tableau B-
Road Transport V3-08. National annual transport by distance class, type of carriage and group of
goods (1000 T)) et ferroviaire (tableau A-Rail Transport V3-05. National annual transport by distance
class and group of goods (1000 T, Mio Tkm)). Les volume de transport ne correspondent donc qu’aux
marchandises est insignifiant sur le plan national alors que le transport par voie maritime intérieur ne
La part de l’industrie dans l’économie est donnée par le tableau Annual National Accounts for OECD
Member Countries - Data from 1970 onwards: GDP by output at constant prices de l’OCDE (2005).
Certaines observations sont manquantes. C’est le cas des pays avant leur adhésion à l’organisation
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Le PIB et le PIB par habitant sont donnés par la base de données Penn World Table 6.1 du Center for
International Comparisons de l’Université de Pennsylvanie (Heston, Summers and Aten, 2002). Ces
données sont relevées pour l’ensemble de pays de l’OCDE de 1970 à 2000. Elles sont prises dollar
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