Conference Philippe Kourilsky

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PROGRAMME SVT

IMMUNOLOGIE
Philippe KOURILSKY
10 Mars 2020
• Seconde :
Agents pathogènes et maladies vectorielles p.15
Vecteurs
Coronavirus

• Première :
Le fonctionnement du système immunitaire humain pp.19 à 22
L’immunité innée
L’immunité adaptative
L’utilisation de l’immunité adaptative en santé humaine
I- TROIS PRÉLIMINAIRES

Pas dans le programme stricto sensu (enseignement


scientifique ?) mais importants en toile de fond
A- TRAJECTOIRE HISTORIQUE DE L’IMMUNOLOGIE
• Les apports respectifs de la chimie et de la biologie
• L’intrusion de la biologie moléculaire
• La biologie cellulaire et la renaissance de l’immunité innée
• Les approches systémiques // complexité
• L’apport à la médecine
• Le développement parallèle des applications : vaccins et médicaments dans
les maladies infectieuses et les cancers / médecine « personnalisée »

Projection vers les métiers

Préface de Philippe Kourilsky L’immunologie, si belle et si utile, pp 11-18 dans :


Eric Vivier et Marc Daëron L’Immunothérapie des Cancers, Odile Jacob, 2019,
• PRÉFACE de P. KOURILSKY POUR LE LIVRE D’ERIC VIVIER ET MARC DAERON L’IMMUNOTHÉRAPIE DES CANCERS Histoire d’une révolution médicale. Odile Jacob, 2019

• IMMUNOLOGIE, SI BELLE ET SI UTILE

• Dans la pléiade des disciplines scientifiques, l’immunologie occupe une place assez singulière. Pour le comprendre, il faut regarder en arrière, et apercevoir combien, dans les années 1950, les sciences de la vie étaient morcelées avant que la biologie moléculaire, puis la biologie cellulaire, puis la génétique moléculaire ne
les relient entre elles. Avant, elles étaient comme distribuées dans une sorte d’archipel, au sein duquel dans lequel l’île occupée par les immunologistes était assez excentrée. Non que l’objet de leur discipline fût particulièrement difficile à appréhender : l’immunologie était sœur de la microbiologie. Elle était née à peu
près en même temps qu’étaient découverts les microbes responsables des maladies infectieuses. Sa mission était limpide : elle consistait à protéger l’organisme (humain ou animal) contre les agents pathogènes. Comme cet ouvrage le montre, cette mission s’est aujourd’hui élargie à la lutte contre les cancers.

• Bien entendu, au départ, on n’avait aucune idée précise de la manière dont l’organisme organisait ou développait une immunité contre les microbes. Le vocable de « système immunitaire» s’imposa dès qu’on en entrevit la diversité et la complexité des dispositifs mis en jeu. On ignorait de quelle manière on pouvait en
exploiter les capacités et le manipuler utilement, mais on savait que c’était faisable, puisque Louis Pasteur en avait apporté une preuve éclatante, dès 1885, avec le vaccin contre la rage.

• Le système immunitaire s’avéra extrêmement ardu à déchiffrer. Rétrospectivement, on ne saurait s’en étonner : on sait aujourd’hui qu’il met en jeu à peu près autant de cellules qu’un gros organe comme le cerveau. D’ailleurs, on découvrit qu’il était, comme ce dernier, d’une complexité abominable. Comme on pouvait
s’y attendre, le système immunitaire fait intervenir des molécules et des cellules qui circulent dans tous les recoins de l’organisme (ou presque), de façon à les protéger tous. Au départ, côté molécules, ce fut l’école de chimie allemande, avec notamment Paul Ehrlich et Emil Von Behring, qui fit merveille pour caractériser
les anticorps. Côté cellules, cela débuta avec la découverte de l’immunité cellulaire par Elie Metchnikov, un pasteurien des premières heures. L’immunité cellulaire, particulièrement difficile à élucider, ne se développa que lentement, et resta au deuxième plan jusqu’à sa quasi-résurrection dans les années 1980.
L’immunologie fut donc longtemps dominée par les anticorps.

• Le territoire de l’immunologie était plutôt balkanisé. Il se peupla graduellement de tribus qui cohabitaient autant qu’elles coopéraient. Elles étaient généralement dirigées par des personnalités hors du commun, souvent hautes en couleur. J’en ai côtoyé quelques-unes dans mes premiers temps à l’Institut Pasteur. Cette
structure clanique était assez logique. L’immunologie d’alors était largement une affaire de réactifs. Chacun préparait les siens, à sa manière, sans grande normalisation. De ce fait, la reproductibilité des résultats expérimentaux n’était pas toujours assurée. La réputation des expérimentateurs jouait un grand rôle. Elle
constituait une « marque ». On entendait dire couramment « si ça vient de chez Untel, on peut avoir confiance, ça doit être vrai ». Comme on peut l’imaginer, l’échange de ces réactifs rares et personnalisés n’était pas toujours fluide. Cela ne facilitait ni la vérification des résultats, ni la capitalisation des savoirs. Or le
champ de recherche était extrêmement difficile, et les approches expérimentales primitives.

• Cela rend d’autant plus admirables les découvertes qui permirent d’élucider progressivement les caractéristiques fondamentales du système immunitaire. Elles furent faites avec quelques souris, quelques lapins et de petits moyens techniques. Elles nécessitèrent des trésors d’intelligence et des efforts conceptuels d’une
abstraction et d’une imagination inouïes. Ce sont des sagas d’une beauté extraordinaire, de grandes pages de l’histoire des sciences. Je ne vais pas les exposer, puisque le lecteur en trouvera la description dans le livre que j’ai le plaisir de préfacer. Ces approches avaient néanmoins leurs limites. Le domaine était très fermé
sur lui-même, et ce d’autant plus que les immunologistes de l’époque s’étaient doté d’un jargon obscur et abscons, avec lequel ils parvenaient à communiquer entre eux, mais qui était quasiment inaccessible aux autres scientifiques.

• Plusieurs révolutions méthodologiques se produisirent dans les années 1970 et aboutirent à une modification radicale du champ. L’avènement, en 1975, des « anticorps monoclonaux » permit (entre autres) de normaliser les réactifs. Puis, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, l’émergence de la génétique
moléculaire ouvrit la possibilité d’isoler des gènes impliqués dans le système immunitaire. Cela changea complètement la donne. Au bouleversement scientifique s’ajouta une véritable révolution sociologique. La biologie moléculaire imposa son langage, et l’immunologie devint compréhensible par d’autres que les seuls
immunologistes. Elle se « normalisa » Une génération de jeunes chercheurs, formés dans le domaine de la biologie et de la génétique moléculaires (dont je fis partie) firent irruption dans le champ, avec la naïveté de l’ignorance, et un peu d’irrévérence. Ils brisèrent les codes, bousculèrent les conventions, labourèrent le
champ avec leurs nouveaux outils, et firent germer une immunologie rénovée, modernisée, harmonisée avec l’ensemble des sciences de la vie, raccordée à l’évolution des espèces, articulée à la biologie et à l’imagerie cellulaires, intégrée dans la physiopathologie des organismes.

• Dès sa genèse, l’immunologie a été auréolée des magnifiques succès de la vaccination. Avec le recul, cette réputation parait un peu usurpée : au départ, la vaccination s’est développée de façon très empirique, sans grand apport de l’immunologie. On découvrit rapidement que la protection prodiguée par le vaccin était
souvent (mais pas toujours) corrélée au niveau des anticorps spécifiquement dirigés contre l’agent infectieux en question. Cela fut très utile pour accompagner la mise au point des vaccins, mais cela ne permit pas de rationaliser leur conception. Un des éléments qui manquaient était la connaissance des mécanismes qui
assurent la mémoire de la vaccination, c’est à dire une protection de plusieurs années, allant parfois jusqu’à la vie entière. Les premiers vaccins qui, à mes yeux, proviennent d’un véritable raisonnement immunologique (les polysaccharides conjugués à une protéine porteuse) datent des années 1980. On notera qu’en dépit
de toutes les connaissances acquises depuis sa découverte, en 1983, il n’y a pas encore de vaccin préventif contre le virus du sida.

• C’est dans les années 1980 que l’immunologie cellulaire, jusqu’alors assez négligée, ou sous-estimée, ré-émergea de la plus brillante façon. Elle est le deuxième bras du système immunitaire, le premier étant l’immunité humorale, qui repose largement sur les anticorps. Elle inclut un ensemble de cellules tueuses capables
d’éliminer des cellules infectées par des microbes pathogènes, bactéries et virus notamment. On confirma dans certains cas, et on découvrit dans d’autres que, dans certaines conditions, elles ont la capacité de détruire aussi des cellules cancéreuses. On soupçonnait depuis longtemps que le système immunitaire pouvait
contrôler la croissance des cellules tumorales. On commençait à comprendre comment cela se produisait, sans pour autant parvenir à canaliser son intervention. Pendant deux ou trois décennies, on obtint des résultats parfois spectaculaires chez la souris, sans parvenir à les transposer à l’homme.

• Autant pour l’immunologie. Mais, en même temps que celle-ci se déployait, l’ensemble de la biologie progressait de manière magistrale. Les abondantes recherches sur la thérapie des cancers ont suivi une trajectoire « ascendante » depuis l’avènement de la biologie moléculaire dans les années 1950. Un grand champ
d’investigation s’ouvrit lorsqu’on comprit que l’ADN des cellules cancéreuses était altéré par des mutations (ou par l’insertion d’ADN issu de virus) qui déréglaient le contrôle de leur prolifération. Un énorme travail de biologie cellulaire et moléculaire permit de caractériser des récepteurs et des médiateurs de toutes
sortes impliqués à l’intérieur comme à l’extérieur de la cellule tumorale. On découvrit ainsi plusieurs moyens d’en bloquer la croissance ou d’en induire la destruction. Puis on déborda de la cellule tumorale en tant que telle pour étudier son microenvironnement, son « écosystème ». En parallèle, les recherches sur le rôle
du système immunitaire progressèrent de façon spectaculaire, et on aboutit à la situation présente, où l’immunothérapie apporte de véritables espoirs thérapeutiques.

• Enfin ! Voilà plus d’un demi-siècle que les plans de recherche contre le cancer se succèdent, avec la promesse jamais tenue de le guérir. Aux Etats-Unis, on avait commencé à programmer sur dix ans la défaite du cancer à peu près en même temps que la conquête de la lune. Pour le cancer, il aura fallu une cinquantaine
d’années de plus. On peut le comprendre : il y a des dizaines de sorte de cancers, qui sont des parties de nous-mêmes, des parties déviantes, mais des parties quand même. Il n’est donc pas surprenant que les énormes progrès faits dans la connaissance fine de l’organisme humain aient été indispensables pour prendre la
mesure de ces adversaires qui restent longtemps masqués avant de l’attaquer et trop souvent de le détruire.

• Désormais, une révolution médicale est en marche. La toile de fond que j’ai dressée à grands coups de pinceaux, n’a d’autre objectif que d’aiguiser l’appétit du lecteur qui ouvre cet excellent livre. Cet ouvrage combine la profondeur historique et la rigueur scientifique. Les deux auteurs sont des chercheurs
internationalement reconnus. Ils ont été des acteurs importants de ce domaine littéralement vital. Leurs expertises combinées recouvrent un champ particulièrement vaste. Cela leur a permis de produire un ouvrage passionnant et original.

• Eric Vivier et Marc Daëron ont construit trois niveaux d’exposition, de façon à intéresser plusieurs publics. Le premier est dans l’ordre de la science. L’ouvrage contient des chapitres qui distillent, de façon claire, des résultats de recherche importants et récents, dont des lecteurs avertis (et même des chercheurs aguerris
comme moi) peuvent faire leur miel. Le deuxième est dans l’ordre de l’Histoire (il s’agit de la grande histoire des sciences) et il est pimenté d’anecdotes souvent jubilatoires qui plairont à tous. Le troisième documente la « révolution médicale » désormais amorcée. Ici, je voudrais souligner la pertinence et la fiabilité de
leurs propositions, qui reposent sur une sérieuse connaissance de la manière dont on développe des médicaments ou des traitements chez l’Homme. Trop de chercheurs, par ailleurs extrêmement brillants, sont trop peu conscients des limites des modèles animaux, trop peu avertis de la manière dont on mène des essais
cliniques, et trop ignorants des contraintes du développement pharmaceutique et des problèmes règlementaires. D’où découle, beaucoup trop de « R.A.N.A », acronyme que j’emprunte à un grand hématologue et ami, Jean-Paul Levy pour désigner la « Recherche Appliquée Non Applicable ». Nos auteurs sont immunisés
contre ce travers.

• C’est l’un des grands mérites de ce livre : combiner la beauté de la science immunologique (du moins la part de celle-ci qui concerne les cancers) avec la démonstration de son utilité. Celle-ci était éclatante dans le domaine des maladies infectieuses ; elle le devient dans la lutte contre les cancers. Certes, il ne faut pas
nourrir de faux espoirs. Certes, tout n’est pas réglé, et de loin, et l’immunothérapie à elle seule ne résoudra pas tout. Certes il existe d’autres approches qui méritent d’être applaudies. Mais l’immense problème du cancer commence à être maitrisé. Cette alliance de la « beauté » de la science et de son utilité ne prend
sens que dans une dynamique puissante mais lente. Il lui faut plusieurs décennies pour parvenir à maturation, et ce mouvement prend racine, encore et toujours, dans la recherche fondamentale, celle qui met la connaissance au cœur de ses préoccupations. Les auteurs le rappellent et je me joins à eux, tant cette
évidence qui s’affirme dans le long terme doit encore et toujours être défendue dans le temps court.

• Philippe KOURILSKY P

• Professeur émérite au Collège de France, chaire d’immunologie moléculaire Membre de l’Académie des sciences
B- SYSTÈMES ET COMPLEXITÉ
Le réseau d’électricité européen
Un petit réseau social
Le réseau des interactions de 600 protéines de levure

Barabási et al. Network Biology: Understanding the cell's functional organization Nat Rev Genet.
2004 Feb;5(2):101-13.
13.02.2012
LA COMPLEXITÉ DU VIVANT : BIOLOGIQUE ET SOCIALE

• COMPLEXITÉ BIOLOGIQUE
• De la cellule à l’homme aux écosystèmes
• Chaque cellule comprenant 3 milliards de paires de bases dans son ADN
• L’homme = 10.000 milliards de cellules
• + 10 à 100.000 milliards de bactéries symbiotiques
• Avec un cerveau comprenant 100 milliards de neurones, connectés par des millions de milliards
de synapses

• COMPLEXITÉ SOCIALE
• Fortement croissante

• Combinatoires de dimensions effarantes


TOUT EST COMPLEXE (phénomènes naturels et objets
construits par l’homme). ET ALORS ?

Deux possibilités face à la complexité ?


• 1- La réduire : Les succès initiaux de la physique et de la biologie moléculaire
proviennent de la réduction des phénomènes. En économie : homo economicus

• 2- La prendre à bras le corps : L’évolution de la science va dans ce sens


• Evolution des moyens d’observation vers l’infiniment grand et de l’infiniment petit
• Evolution des moyens de construction : progrès de l’ingénierie et production d’artefacts
• Evolution des moyens de codage, de stockage, de gestion et d’exploitation de l’information

 Le mouvement de la pensée complexe : intellectuel, scientifique et éthique


COMMENT ÉVALUER ET APPROCHER LA COMPLEXITÉ D’UN
SYSTÈME ?

1- Nombre d’éléments et de liens

2- Contrôlabilité
1- Avec 70 à 80% de nœuds directeurs, les systèmes biologiques, depuis la cellule, apparaissent
comme les plus complexes de tous. (suggestif, pas prouvé)
• 3- Cela pose le problème de la modularité et de l’intégration fonctionnelle des modules (logique
floue)
• Liu YY, Slotine JJ, Barabási AL. Controllability of complex networks. Nature, 2011, 473(7346):167-73.

3- La logique du « Probablement Approximativement Correct »


• Leslie Valiant Probablement approximativement correct, Cassini, 2018
LE PROBLÈME DE LA MODULARITÉ

Barabási et al. Network Biology: Understanding the cell's functional organization Nat Rev Genet.
2004 Feb;5(2):101-13.
13.02.2012
UNE NOTION MAJEURE : LA ROBUSTESSE

La robustesse est une propriété d’un système qui lui permet de continuer à
fonctionner correctement en dépit d’évènements négatifs qui se produisent dans
son environnement ou dans ses composants

Externes ou internes, ces évènements sont souvent imprévus ou imprévisibles.

La robustesse est l’instrument de la lutte contre le hasard. Pour les êtres vivants,
elle est une « assurance vie »

La robustesse n’est pas passive. Elle implique l’existence de contrôles de qualité et


de dispositifs de correction d’erreurs (ex avion ou voiture)
LES « ENNEMIS » DE L’EXTÉRIEUR ET DE L’INTÉRIEUR

De l’extérieur : agents infectieux

De l’intérieur : erreurs de fonctionnements et « pannes »


- Dans la synthèse de l’ADN : 1 nucléotide sur 1.000.000.000
- Dans la synthèse des protéines: 1aa/100.000
- Dans le repliement des protéines
- Dans les interactions entre récepteurs et ligands spécifiques
- Dans le trafic des molécules et des cellules, etc.

 L’accumulation d’erreurs peut déborder la robustesse, i-e les dispositifs de


surveillance de détection, de correction et de réparation, avec, pour conséquences
pathologiques majeures, les cancers, les accidents cardiovasculaires, etc.
LES ERREURS SONT INÉLUCTABLES
ELLES SE PRODUISENT PARTOUT, TOUT LE TEMPS

• Leur élimination totale est impossible (le coût biologique serait trop élevé)
• Plus un système est complexe, plus il fait d’erreurs, à moins qu’il n’intègre toujours
plus de mécanismes de correction, qui font eux aussi des erreurs

Surveillance, correction et réparation sont à l’œuvre sans relâche

NOS ORGANISMES SONT ROBUSTES :


SANS AVOIR CONSCIENCE DE CETTE INTENSE ACTIVITÉ INTERNE, NOUS FAISONS
PROBABLEMENT PLUSIEURS INFECTIONS ET PETITS CANCERS CHAQUE MOIS
C- A PROPOS DES ÉPIDÉMIES ET DU CORONAVIRUS

• Les virus : des concentrés d’information à transmission surtout horizontale


• 1000 particules virales/ml d’eau de mer : plus de virus sur la planète que d’étoiles
dans l’univers
• >3600 espèces de virus humains, chacune comprenant des séquences diverses
(idem bactéries)
• Le coronavirus = une famille des dizaines d’espèces
• Les réservoirs d’agents infectieux : animaux/humains
• Vecteurs et transmetteurs divers : chauve souris, moustiques, oiseaux migrateurs,
rats, …
• Et l’homme, et ses comportements : anthropologie cf. Ebola
• Quelques paramètres critiques en épidémiologie
• Temps d’incubation avant les premiers symptômes
• Temps d’incubation total
• Porteur sain < 1ers symptômes ou maladie si atténuée que l’individu ne s’en
rend pas compte.
• Nombre de personnes infectées par un seul porteur

• Exemple de l’épidémie de Chikungunya en 2005-6 à La Réunion


• environ 300.000/750.000 personnes infectées. 200 morts. 45.000 personnes
infectées sans le savoir (porteurs asymptomatiques) <mesures d’anticorps
(échantillon de 2500 personnes).
• 2 vagues, avec une mutation dans le virus
• Véhiculé par Aedes (moustique-tigre)
• Chaque agent infectieux n’est infectieux que parce qu’il a trouvé un ou
plusieurs moyens d’échapper au système immunitaire
• Course à la complexité croissante ?

• Problématique des porteurs sains dans la vaccination


• Se vacciner, c’est aussi protéger les autres : acte altruiste et citoyen
• Baisse de la mémoire immunitaire des vaccinés  porteurs sains ?
• Cas de la rougeole au Royaume Uni (cf. Wakefield, wikipedia)
• Les conséquences socio-économiques des catastrophes (naturelles ou pas)
peuvent être beaucoup plus lourdes que la catastrophe elle-même
(Fukushima). Coronavirus ???
II- LE FONCTIONNEMENT DU
SYSTÈME IMMUNITAIRE HUMAIN

LES GÉNÉRALITÉS SONT ESSENTIELLES !


• Un système abondant : :> 6% des gènes de l’organisme humain

• Un système très diversifié et différent de chaque individu à l’autre (CMH)

• Un système complexe ensemble de dispositifs divers et complexes qui est fondé


sur de nombreux composants : organes, cellules, molécules

• Un système plastique et évolutif : au cours de la vie, avec mémoire/au cours de


l’évolution des espèces

• Un système dynamique : renouvellement de 50 à 70 milliards de cellules/jour

• Un système multifonctionnel (réparation)


LE SYSTÈME IMMUNITAIRE, SYSTÈME COMPLEXE

• Un système robuste
• Un système d’assurance-vie, qui fait face au hasard et aide à gérer
« les hasards de la vie »
• Un système très intra-connecté
• Interpénétration de l’immunité adaptative et de l’immunité innée
• Coopération des cellules B et des cellules T
• Un système interconnecté et intégré

• Modularité  module = sous-ensemble pertinent


Modules, annotation et modélisation.

Guruharsha KG, et al. A protein complex network of Drosophila melanogaster,


Cell, 2011, Cell. 2011 Oct 28;147(3):690-703.
UN SYSTÈME TRÈS INTER-CONNECTÉ AVEC D’AUTRES
MÉCANISMES DE DÉFENSE

Continuité et interconnexion avec d’autres mécanismes de défense


Exemple : cancers contrôle de la qualité de l’ADN
Existence d’un vaste système de défenses naturelles ?

Philippe Kourilsky The natural defense system and the normative self model F1000Res. 2016; 5:
797. doi: 10.12688/f1000research.8518.1

Philippe Kourilsky Le jeu du hasard et de la Complexité, la nouvelle science de l’immunologie. Odile


Jacob, 2016
UN SYSTÈME DES DÉFENSES NATURELLES CONNECTÉ
LIÉ À DES CHAMPS APPAREMMENT DISTINCTS
Agents infectieux et cancers
Système immunitaire et métabolisme
Immunité et chronobiologie
Système immunitaire et system endocrinien
Système immunitaire et système nerveux
Composition et transmission du microbiote (naissance naturelle/par
césarienne)
Microbiote et métabolisme (obésité)
Microbiote et système nerveux
Microbiote et système immunitaire (inflammation)
LE SYSTÈME IMMUNITAIRE, SYSTÈME DYNAMIQUE

• Cellules circulantes par millions/milliards


• Observations au microscope deux photons
• Probabilités de rencontre dans le déclenchement d’une réponse
adaptative
• Antigène/ cellule présentatrice/ cellule T congrue/
• Jamais au repos
• Au niveau cellulaire :
• cellules dendritiques : les dendrites qui se déploient, se rétractent, bougent…
• CTL= cellules tueuses
ÉCHANTILLONNAGE STATISTIQUE DANS L’ESPACE ET LE TEMPS

• Cellules dendritiques : petits volumes ingérés et rencontres spatiales avec des


partenaires potentiels

• Peptides présentés par CMH-I avec étalage à l’extérieur de fractions de


protéines internes (pas au programme !)

•  surveillance de l’intérieur par l’extérieur.


III- APPLICATIONS MÉDICALES

A- IMMUNOTHERAPIE DES CANCERS


B- BIOMARQUEURS
LE CONTINUUM DES DÉFENSES CONTRE LES CANCERS

• Les cancers :
• des dizaines de maladies
• Des maladies progressives
• Des mutations dans l’ADN à la multiplication puis la diffusion des cellules tumorales
aux métastases
• Rôle de l’environnement de la tumeur : un « écosystème local » défensif, perverti,
permissif
• Une évolution « darwinienne » par sélections successives en fonction des
environnements qui eux-mêmes évoluent // agents infectieux variables

Eric Vivier et Marc Daëron L’Immunothérapie des Cancers, Odile Jacob, 2019, préface
de Philippe Kourilsky L’immunologie, si belle et si utile, pp 11-18
• Anticorps monoclonaux
APPROCHES CELLULAIRES: CAR-T cells

• Cellules autologues
• CAR = Chimeric Antigen Receptor : reconnaît antigène exprimé par la
cellule tumorale et connecté aux signaux d’activation des cellules T
• Les CAR-T cells court-circuitent les barrières pour atteindre leur cible
• Elles se multiplient dans l’organisme (pas ex-vivo)
• Cancers du sang : leucémies de l’enfant, myélomes multiples

• Thérapie personnalisée coûteuse


• En recherche : des cellules « universelles » histocompatibles (HLA/ HLA-A2
50% de la population)
LES ANTICORPS MONOCLONAUX MÉDICAMENTS

• PRINCIPE : INHIBER LES RÉCEPTEURS INHIBITEURS

• Cibles : des récepteurs inhibiteurs situés à la surface de cellules


antitumorales, notamment
• CTLA-4 (Pierre Golstein à Marseille) Anti CTL-A4 : mélanome, carcinome
rénal, mésenthéliome
• PD-1 (T. Honjo Japon, prix Nobel 2018) Anti-PD1 : mélanome, cancer du
poumon, du foie, de la vessie, colorectal, etc.
• Il y a une ingénierie très spécifique : diminuer la toxicité, augmenter
l’efficacité
 En recherche : d’autres cibles, d’autres anticorps, des combinaisons…
BIOMARQUEURS

• Extraire le maximum d’informations d’un prélèvement biologique


• Prise de sang
• Goutte de sang
• Biopsie
• Une ou quelques cellules dans un échantillon
• Salive
• Microbiote intestinal, muqueux
• Exemples
• PCR rapide
• « Signatures » comlexes
IV LES TECHNOLOGIES AVANCÉES
Un moyen de se projeter (un peu !) dans l’avenir
A- TECHNIQUES D’OBSERVATION ET DE MESURE

Séquençage de l’ADN et de l’ARN


Structure des protéines et des complexes macromoléculaires : Cryo-
microscopie électronique (cryo-EM)
Imagerie des cellules et des organes
Raccourcissement du temps d’acquisition(séquençage, PCR, etc.)
Miniaturisation
Prises de sang et biopsies : jusqu’à des millions de paramètres
(important pour l’immunologie humaine)
Isolement et analyse de cellules uniques (dont cellules fétales)
Avec quelques caractéristiques communes

1- Acquisition massive de données


• En parallèle : dans le même instrument/ dans des centaines
d’instruments/ dans des populations de plus en plus nombreuses
• Construction de banques de données d’une dimension colossale
• Problèmes de stockage des données et de leur coût (dont coût
énergétique : 1 email standard équivaudrait à 4g de CO2)
• Problèmes d’analyse des données : problèmes algorithmiques inédits
• Problèmes de commercialisation et de protection des données
2- Capacités accrues d’observation du vivant :
•  Diversification
• Des pathogènes
• Des pathologies (cancers)
• Des individus
• Des écosystèmes

•  Personnalisation croissante : vers la médecine personnalisée


3- Capacités accrues de « manipulation » du vivant
• Presque tous les médicaments et les vaccins issues de la
biotechnologie sont des « OGM »
• Production par des OGM végétaux ?
• Implants cellulaires (CAR-T cells)
• Hybridation homme/machine : implants « intelligents », etc.
• Diagnostic anténatal
B- LE RÔLE MAJEUR DE L’INFORMATIQUE DANS LES SCIENCES DE LA VIE

• Recherche humide vs recherche sèche


• Intelligence « augmentée »/ artificielle
• Ingénierie
• Start-ups biomédicales : -> digitales
• Robotique biomédicale

•  A décliner dans une série de métiers


• Tous très évolutifs : APPRENDRE ET APPRENDRE À APPRENDRE
CONCLUSIONS
PARTOUT : L’ÉTHIQUE
• Ethique de la protection des données
• Ethique de la diversification (des maladies, des personnes, etc.)
• Ethique de la manipulation du vivant
• Ethique de la complexité
• Ethique de l’information (fake news…)
PARTOUT L’ÉDUCATION

APPRENDRE

APPRENDRE À APPRENDRE
UN PEU DE BIBLIOGRAPHIE
• *Alain Fischer, Cours du Collège de France : leçon inaugurale (2014) et cours 2020 sur « Cancer et
immunité »
• Philippe Kourilsky, Le Jeu du Hasard et de la Complexité, Odile Jacob, 2014
• *Philippe Kourilsky, France culture, 25 novembre 2014/Résumés annuels des cours Collège de France
(1999-2012)
• *Philippe Kourilsky, The natural defense system and the normative self model, F1000 Research, 2016
• Playfair and Chain, Immunology at a glance, 11th edition, Wiley-Blackwell
• *Philippe Sansonetti Cours du Collège de France
• Philippe Sansonetti Vaccins, Odile Jacob, 2017
• *Hughes de Thé ,Cours du Collège de France : L’oncologie, De l’empirisme à la biologie moderne
• Eric Vivier Marc Daëron l’Immunothérapie des Cancers, Histoire d’une révolution médicale, Odile
Jacob, 2019
• *Eric Vivier, France culture 12 Février 2019

• * d’accès libre et gratuit

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