Microbiologie Appliquée P5

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MICROBIOLOGIE

APPLIQUEE
Cours proposé aux par
José Edmundo NAVA SAUCEDO
aux étudiants de L3S6
Partie 5
LA VACCINATION
DE L’EMPIRISME A L’IMMUNOLOGIE MODERNE

Le 14 mai 1796, un médecin de campagne anglais,


le docteur Edward JENNER procédait à la première
vaccination, découverte qui allait bouleverser la
médecine : l’inoculation à des humains d’une
maladie de la vache, la vaccine, proche de la variole
humaine permettait d’induire un état réfractaire à
cette maladie.

Partant de ces observations et de ces pratiques


empiriques, Louis PASTEUR allait en quelques
dizaines d’années créer les bases scientifiques de
la vaccination. Fondant la microbiologie moderne, il
démontrait la causalité microbienne des maladies.
Louis PASTEUR réalisait alors le premier vaccin
expérimental chez l’homme par atténuation d’un
virus, le virus de la rage. A la suite de ses travaux
de nombreux vaccins allaient être mis au point.

Les recherches de PASTEUR et d’autres scientifiques sur les mécanismes


impliqués dans la vaccination, donnaient naissance à l’immunologie.
LA VACCINATION
DE L’EMPIRISME A L’IMMUNOLOGIE MODERNE

L’exemple le plus frappant et illustrant le mieux l’importance de


ces découvertes reste certainement la variole. En 1967, la variole tuait
encore 2 000 000 d’individus par an sur 10 000 000 de personnes atteintes.
En 1977 après 10 ans d’une campagne de vaccination internationale, la
variole était éradiquée.

Dix à douze millions de cas de


variole dans le monde - Deux
Guérison du dernier varioleux Proclamation de l’éradication
millions de décès.
connu. mondiale de la variole.
Lancement de la campagne
mondiale d ’éradication.
LES BASES IMMUNOLOGIQUES DE LA
VACCINATION
Le phénomène de mémoire Les supports de la mémoire
immunitaire est à la base du principe immunitaire sont les anticorps et
de la vaccination. L’exemple des les lymphocytes.
épidémies successives de rougeole
aux Iles Faeroe en est une illustration.
La population de ces îles était, au
siècle dernier, épargnée par les
maladies infectieuses du fait de son
isolement. Soixante ans se sont
écoulés entre deux épidémies de
rougeole Lors de la deuxième
épidémie, celle-ci toucha toutes les
personnes qui avait moins de 60 ans.
La population plus âgée, qui avait été
immunisée lors de la première
épidémie, échappa à la seconde.

La mémoire immunitaire est la


capacité d’un organisme à répondre
plus efficacement et plus rapidement
lors d’une deuxième rencontre avec un
agent pathogène. La réponse de type
mémoire est dirigée exclusivement
contre l’agent pathogène initial.
LES BASES IMMUNOLOGIQUES DE LA
VACCINATION
LES BASES IMMUNOLOGIQUES DE LA
VACCINATION
LES BASES IMMUNOLOGIQUES DE LA
VACCINATION
ALBERT CALMETTE ET LE BCG
Avec Camille Guérin, Albert Calmette étudie le
mécanisme de l’infection tuberculeuse chez les
bovins.

Ils montrent que l’espèce bovine, soumise à une


infection massive, devient résistante aux infections
naturelles.

Ils établissent que l’immunité antituberculeuse est


liée à la présence, dans l’organisme de quelques
bacilles vivant mais peu virulents.

En 1908, ils constatent que des cultures


successives de bacilles bovins faites sur milieu
bilié perdent progressivement leur virulence, et ils
poursuivent sans interruption, par repiquages, ces
cultures sur bile.

Après 13 ans de travail inlassable, ils obtiennent un


bacille immunogène et parfaitement inoffensif,
même à forte dose, qu’ils nomment « BCG »,
Bacille de Calmette et Guérin.
ALBERT CALMETTE ET LE BCG

En 1921, poussé par le Dr. Weill-Halle,


Albert Calmette applique le BCG pour
la première fois à un nourrisson la
réussite est complète.

Le 24 juin 1924, Albert Calmette


présente avec Guérin, Bocquet, Nègre
et Turpin, devant l’Académie de
Médecine, une communication
relative aux 317 premiers enfants
vaccinés.
A la mort de Calmette en 1933, le
BCG, reconnu dans le monde entier a
déjà sauvé des millions d’enfants.
ANATOXINE
En 1923, Ramon constate que l’action
combinée de la chaleur et du formol
transforme la toxine en un dérivé
atoxique.

Il appelle anatoxine cette


toxine modifiée, aux
propriétés caractéristiques

• innocuité totale
• pouvoir floculant avec les
immunsérums
• activité immunogène Gaston RAMON (Bellechaume,
Yonne, 1886 – Garches, 1963),
vétérinaire et microbiologiste
Le principe des anatoxines est à français. Sous-directeur (1934-1940)
l’origine des vaccinations puis directeur (1940) de l’Institut
Pasteur, il étudia les toxines
antidiphtérique, antitétanique,
diphtériques, tétaniques, etc., et mit
antistaphylococcique et de bien au point les vaccins correspondants.
d’autres.

L’immunité est ainsi obtenue par une substance


amicrobienne non toxique capable de déclencher une
production d’antitoxine aussi abondante que celle
provoquée par la toxine elle-même.
ANATOXINE

Ramon, qui avait pour tâche d’immuniser les


chevaux contre la diphtérie et le tétanos et de
récolter les sérums, constate la corrélation qui
existe entre :

• la réaction inflammatoire au point d’injection


de l’antigène
et
• l’augmentation du taux de l’antitoxine dans
les sérums des animaux.

« Cette constatation, dit-il, me conduisit plus tard à


l’amélioration de la production des antitoxines par l’emploi de
substances adjuvantes et stimulantes de l’immunité ainsi qu’à
la mise au point des procédés d’immunisation active dont
celui des vaccinations associées ».
LE VACCIN CONTRE LA GRIPPE
Chaque année, en février :

Le virus est
cultivé sur
œuf …


concentré
et purifié …

décident
de la composition du vaccin
de l’hiver suivant,
en fonction
… inactivé
de la situation épidémiologique…
et
fractionné

… puis les producteurs le fabriquent


LE VACCIN ANTIGRIPPAL – CHOIX DES SOUCHES
LE VACCIN CONTRE LE VIRUS DE
L’HÉPATITE B
Le virus n’a jamais pu être cultivé
Sur des milieux artificiels.
En dehors du chimpanzé (espèce protégée)
Il n’existe pas d’animal sensible au virus.

LE PLASMA
Donc l’homme infecté représente la seule
source possible de virus. Le vaccin est pré-
paré à partir de sujets porteurs sains qui
véhicule l’enveloppe vide de ce virus.

TRAITEMENTS
L’enveloppe doit être séparée de quelques
30 composants protéiques du plasma
sanguin (sang dont les globules rouges ont
été éliminés) par plusieurs
ultracentrifugations.

PURIFICATION
Après purification, on élimine d’éventuels
Agents infectieux contaminants par le
formol et une filtration stérilisante.
LE VACCIN CONTRE LE VIRUS DE
L’HÉPATITE B
PRODUCTION
PAR GÉNIE GÉNÉTIQUE
L’enveloppe de ce virus peut être produite par
le génie génétique. Le chromosome du virus
est une molécule d’ADN circulaire qui contient
un programme assimilable à 3182 caractères.
Toutes les informations génétiques portées
par le chromosome peuvent être décodées.
C’est ainsi que le gène codant la protéine
vaccinante est connu et peut être introduit
dans une cellule qui la fabriquera.

AVANTAGE
DU GÉNIE GÉNÉTIQUE
- Purification plus simple.
- Plus grande pureté.
- Remplacement de la source
plasmatique du vaccin actuel qui
devrait se tarir avec la vaccination.
LES VACCINS VIVANTS ATTENUÉS
EXEMPLES
VACCINS VIRAUX VACCINS BACTERIENS
destinés à prévenir :
la Polyomiélite
la Rougeole la Tuberculose (B.C.G.)
les Oreillons
la Fièvre Jaune
LES VACCINS VIVANTS
Les vaccins vivants s’efforcent de reproduire l’immunité acquise
à la suite de l ’infection naturelle correspondante.

Les vaccins vivants dérivent généralement de microbes
atténués artificiellement au laboratoire :
méthode pasteurienne par excellence.

Leur inoculation est suivie d ’une multiplication dans l ’organisme,
locale (BCG) ou générale (vaccins viraux), qui entraîne une infection
inapparente ou apparente de faible intensité (locale ou générale).

Une seule injection (sauf pour le vaccin antipoliomyélique)
est en général suffisante pour produire l ’immunité fiable et prolongée
(comme après la maladie naturelle).

Des rappels sont nécessaires
(par exemple pour la poliomyélite, la fièvre jaune, …)
LES VACCINS VIVANTS ATTENUÉS

Albert CALMETTE
et Le B.C.G.
Camille GUERIN

LA TUBERCULOSE DANS LE MONDE …


SELECTION DE LA SOUCHE ATTENUÉE D’UN MICROBE
EXPERIENCE ORIGINALE DE CALMETTE ET GUERIN

Plus de 3 millions
de nouveaux cas
chaque année

EN FRANCE :
25 000 CAS PAR AN
2 500 MORTS PAR AN
LES VACCINS ACTUELS

LES MICROBES TUÉS OU LEURS PRODUITS


Les microbes possèdent à leur surface ou à l’intérieur de leur cellules
des éléments toxiques impliqués dans les maladies qu’ils provoquent.

En outre, ils élaborent des substances excrétées dans le milieu environnant,
notamment les toxines, qui sont des poisons violents.

Les toxines diphtériques et tétaniques, par exemple, sont responsables
de la diphtérie et du tétanos.

Ces différents composés,
associés au microbe ou isolés du microbe peuvent servir à préparer des vaccins.
Il faut cependant éliminer les effets toxiques de ces substances.

• VACCINS OBTENUS A PARTIR DE MICROBES TUÉS


Certain vaccins sont préparés
à partir de microbes tués par la chaleur ou par d’autres moyens
ils perdent ainsi leur nocivité
mais peuvent induire une immunité servant de base
à la vaccination contre certaines maladies
(la coqueluche, la typhoïde)
LES MICROBES TUÉS OU LEUR
PRODUITS
VACCINS PREPARES A PARTIR DE PRODUITS MICROBIENS
LE PRINCIPE :
Ensemble de Produit Produit transformé
produits microbien (perte des effets Vaccin
microbiens isolé toxiques).

microbe

PREPARATION DU VACCIN ANTIDIPHTERIQUE

Les microbes responsables de la diphtérie


sont cultivés en grande quantité dans des
fermenteurs. La toxine produite est isolée.

Cette toxine est purifiée et traitée pendant trois semaines


par le formol et la chaleur. Cette préparation,
Ramon est à l ’anatoxine a perdu de son activité toxique, mais reste
l ’origine de la capable d ’induire une immunité contre la diphtérie.
préparation Après addition d ’adjuvants, contrôles d ’efficacité et
actuelle de ce d ’innocuité, le vaccin est mis sur le marché.
vaccin.
COMMENT AUGMENTER L’EFFICACITÉ
DES VACCINS
1) AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DES VACCINS POUR :
A) Augmenter la durée de la protection;
B) Diminuer le nombre d’injections nécessaires à une bonne protection;
C) Diminuer la quantité d’antigène nécessaire à chaque vaccination, et donc
diminuer le prix du vaccin;
D) Privilégier certains aspects des réponses immunitaires.

Ceci est particulièrement important pour les nouveaux vaccins basés sur des
préparations extrêmement purifiées, et souvent moins aptes à stimuler les
réponses immunitaires.

Deux méthodes permettent d’augmenter l’efficacité d’un vaccin :
a) l’amélioration de la « présentation » de l’antigène vaccinant au système
immunitaire,
b) l’utilisation de substances augmentant les réponses immunitaires : les
adjuvants.
COMMENT AUGMENTER L’EFFICACITÉ
DES VACCINS
2) MIEUX PRÉSENTER LE VACCIN AU SYSTÈME IMMUNITAIRE :
LES IMMUNOSOMES

Le virus rabique Cette glycoprotéine Elle est alors Les immunosomes


contient une est purifiée à partir associée à des ainsi formés ont un
glycoprotéine du virus. Seule, elle micro-gouttelettes excellent pouvoir
essentielle à est peu efficace lipidiques, les protecteur.
l'induction d'une pour induire une liposomes.
immunité immunité contre la
protectrice. rage.
COMMENT AUGMENTER L’EFFICACITÉ
DES VACCINS
3) DES MYCOBACTÉRIES AU MURABUTIDE :
VERS DE NOUVEAUX ADJUVANTS
L'efficacité des vaccins est très souvent améliorée par l'utilisation de substances adjuvantes
telles que l'hydroxyde d'aluminium et le phosphate de calcium.
De nouveaux adjuvants, obtenus par synthèse chimique, ont été mis au point récemment.

Les mycobactéries sont Le MDP est la copie Des molécules proches du MDP
capables de stimuler les synthétique d'un fragment de ont été synthétisées et testées
réponses immunitaires. Des cette mycobactérie injecté pour leurs activités sur le
recherches ont été avec un vaccin. Il augmente système immunitaire. Parmi
entreprises depuis de les réponses anticorps toutes ces molécules le
nombreuses années afin dirigées contre ce vaccin. murabutide a été sélectionné.
d'identifier les éléments Des premiers tests ont
responsables de ces effets. démontré son activité chez
l'homme.
VERS UN NOUVEAU TYPE DE VACCINS
BACTÉRIENS VIVANTS
La construction de microbes non pathogènes exprimant des motifs « vaccinants »
d'autres microbes pathogènes (parasites, bactéries, virus) constitue une approche
nouvelle en matière de vaccins. Celle-ci combine les avantages respectifs des
vaccins vivants classiques et des vaccins synthétiques, et élimine certains de leurs
inconvénients.

MISE AU POINT DE VACCINS VIVANTS « RECOMBINANTS »

PRINCIPE

Ce type de vaccins peut être mis au point, par exemple, en construisant des bactéries commensales de
l'appareil digestif présentant, à leur surface des motifs (déterminants antigéniques) d'un autre
pathogène.
De telles bactéries « recombinantes », inoculées dans l'organisme, entraîneraient alors une réponse
protectrice contre le pathogène choisi.
VERS UN NOUVEAU TYPE DE VACCINS
BACTÉRIENS VIVANTS
AVANTAGES

Comme les vaccins vivants classiques, les vaccins recombinants, vivants conduiraient à une
protection efficace et durable, en un nombre limité d'inoculations. Sur le plan industriel, des
quantités importantes pourraient être rapidement disponibles, avec un coût de production peu
élevé.
Comme pour les vaccins synthétiques, seul l'élément du pathogène nécessaire à la réponse
protectrice serait présent dans le vaccin; ce qui le rendrait sans danger et stable.

De plus, les vaccins bactériens vivants éviteraient certains des inconvénients des deux précédentes
méthodes (effets secondaires indésirables, instabilité pour les vaccins vivants, coût élevé de
production, efficacité limitée pour les vaccins synthétiques).

ETAPES DE LA MISE AU POINT

Identification du motif du pathogène pouvant entraîner la protection.


Construction, par génie génétique, de protéines hybrides contenant le motif choisi et expression
de telles protéines dans des bactéries non pathogènes.
Mises au point des conditions d'administration du vaccin pouvant conduire à une protection
durable.
VERS UN NOUVEAU TYPE DE VACCINS
BACTÉRIENS VIVANTS

Bactéries Escherichia coli exprimant à leur surface un antigène du virus de la


poliomyélite.

La photographie montre une coupe de bactéries vues au microscope électronique. Un


motif de virus de la poliomyélite a été inséré dans une protéine de membrane de la
bactérie (nommée LanB), sa présence est visualisée par les petits points noirs en
surface.

A droite est schématisée la protéine recombinante dans laquelle le motif poliomyélite a


été intégré.
LES VACCINS SYNTHÉTIQUES
Les vaccins naturels comportent de nombreux éléments dont certains sont
inutiles, parfois même indésirables.
Dans un vaccin synthétique, au contraire, seuls les éléments responsables de la
protection sont reproduits par synthèse chimique.
La mise au point d'un tel vaccin nécessite donc :
a) d'identifier les éléments du vaccin (épitopes ou déterminants antigéniques)
responsables de la protection conférée par le vaccin naturel ;
b) de reproduire ces éléments par synthèse chimique ;
c) de mettre au point les conditions d'administration de ces vaccins synthétiques
assurant la meilleure efficacité.

1er ETAPE
IDENTIFIER
Le virus de la polio est formé d'une enveloppe renfermant le
matériel génétique. Cette enveloppe virale est constituée de
quatre protéines (VP1 en bleu, VP2 en jaune, VP3 en rouge, VP4
en vert). Chaque protéine est représentée soixante fois.
Les techniques immunologiques modernes permettent d'identifier
les zones de ces protéines (épitopes) responsables de l'immunité
induite par le virus entier.
LES VACCINS SYNTHÉTIQUES

2ème ETAPE
REPRODUIRE
L'épitope est identifié. On détermine sa séquence, c'est-à-dire sa composition en acides aminés.
On produit une copie de cet épitope par synthèse chimique.

3ème ETAPE
METTRE AU POINT LE VACCIN
Ces molécules artificielles sont souvent peu efficaces si elles sont utilisées seules. Il est souvent
nécessaire de fixer ces molécules synthétiques sur de plus grosses molécules, les porteurs. Sur le
même porteur, on peut fixer des vaccins synthétiques différents.
MICROBIOLOGIE
APPLIQUEE
À suivre …

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