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CHAPITRE I : LA COMMUNICATION NERVEUSE
Au point de vue anatomique, on distingue :
a) Le système nerveux central, ou névraxe, comprenant l’encéphale et la moelle
épinière ;
b) Le système nerveux périphérique, comprenant des nerfs et des ganglions ; nerfs
et ganglions forment parfois des lacis inextricables appelés plexus.
Au point de vue physiologique, on distingue :
a) Le système nerveux de la vie de relation, ou système nerveux cérébro-spinal,
comprenant des centres du névraxe auxquels se rattachent les nerfs crâniens et les
nerfs rachidiens.
b) Le système nerveux de la vie végétative (fonctions de nutrition et de
reproduction), ou système neurovégétatif, comprenant des centres du névraxe
auxquels se rattachent les nerfs orthosympathiques et les nerfs parasympathiques.
2. Encéphale
a- Face dorsale
Trois parties sont bien visibles. D’avant en arrière, on voit le cerveau, le cervelet et le bulbe
rachidien.
* Le cerveau est la région la plus développée. Il est partagé en deux hémisphères cérébraux
par un sillon interhémisphérique longitudinal très profond. Chaque hémisphère présente une
série de sillons contournés délimitant des circonvolutions.
* Le cervelet est formé de trois parties :
- La partie centrale présente des plis transversaux qui font penser aux anneaux d’un ver,
d’où le nom de vermis qu’on lui donne.
- Latéralement, deux hémisphères cérébelleux présentent de nombreuses
circonvolutions.
* Le bulbe rachidien est partiellement recouvert par le cervelet. En soulevant légèrement ce
dernier, on voit une sorte de triangle déprimé correspondant au 4 e ventricule. Le bulbe est le
prolongement direct de la moelle épinière.
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En repliant un peu l’encéphale de manière à écarter le cerveau du cervelet, on voit de l’avant
vers l’arrière dans l’espace découvert :
* un petit renflement impair : l’épiphyse.
* deux mamelons dédoublés formant les tubercules quadrijumeaux.
b- Face ventrale
Ce côté est plus complexe et il est difficile d’y retrouver les 5 régions citées dans la face
dorsale.
En avant, on voit toujours les hémisphères cérébraux car ils sont très larges. On
remarque deux petits lobes très allongés correspondant aux lobes olfactifs. Un peu en
arrière, on trouve une sorte de X (souvent incomplet car fragile) : les deux bandelettes
optiques se touchent au niveau du chiasma. A partir de là, on peut voir deux cordons
divergents : les nerfs optiques.
Juste en arrière des bandelettes optiques s’étend la région de l’hypothalamus dont le
centre montre la trace laissée par la section de l’hypophyse. Il faudrait faire une
dissection de la tête de mouton pour voir l’hypophyse car elle est logée dans un
renfoncement d’un os appartenant au plancher de la boite crânienne et elle est rattachée à
l’hypothalamus par la tige pituitaire. C’est cette tige qui se casse quand on prélève
l’encéphale sans précautions.
Vient ensuite une zone légèrement striée dans le sens longitudinal avec un sillon médian :
il s’agit des pédoncules cérébraux.
Puis une autre zone légèrement striée transversalement : la protubérance annulaire ou
pont de Varole.
Enfin le bulbe rachidien, beaucoup plus visible sur cette face, avec un sillon ventral très
net.
La coupe longitudinale montre que l’encéphale a la structure d’un tube complexe dont la
lumière est représentée par les cavités : ventricules latéraux droit et gauche, troisième ventricule,
aqueduc de Sylvius et quatrième ventricule ; toutes ces cavités communiquent entre elles et
contiennent du L.C.R.
Des coupes transversales à différents niveaux de l’encéphale montrent :
que les hémisphères cérébraux sont constitués de substance blanche recouverte d’une
mince couche de substance grise, l’écorce ou cortex cérébral dont la surface est très
étendue grâce aux circonvolutions.
qu’au sein de la substance blanche existent des noyaux de substance grise : corps striés,
couches optiques, tubercules quadrijumeaux.
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3. La moelle épinière
Chez l’Homme, c’est une tige cylindrique de 45 cm de long et 1 cm de large, en moyenne ;
elle présente un renflement cervical (au niveau du cou) et un renflement lombaire (au niveau des
reins) dans les régions qui donnent naissance aux nerfs destinés aux membres supérieurs et
inférieurs. La face antérieure est parcourue par une fissure médiane : le sillon antérieur. La face
postérieure présente un sillon postérieur profond. De chaque côté émergent 31 nerfs rachidiens.
Des coupes transversales permettent de retrouver la structure tubulaire observée dans
l’encéphale.
Le canal de l’épendyme traverse la moelle épinière et contient du liquide céphalo-
rachidien.
Il est entouré par une substance grise qui dessine 4 cornes : 2 cornes antérieures
larges et 2 cornes postérieures effilées.
La substance blanche recouvre la substance grise ; elle est divisée par les sillons et
les cornes de la substance grise en 3 paires de cordons (antérieurs, latéraux et
postérieurs).
B- Les nerfs
1. Les nerfs crâniens
Il existe 12 paires
Les cinq premières paires se détachent de la face ventrale des hémisphères cérébraux ;
citons les lobes olfactifs et les nerfs optiques.
Les sept autres émergent du bulbe.
Tous ces nerfs innervent la tête et le cou ; seule la dixième paire (X), formée des nerfs
pneumogastriques ou nerfs vagues appartient au système parasympathique et tient sous sa
dépendance de nombreux viscères : bronches, vaisseaux sanguins, cœur…
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2. Les nerfs rachidiens
On en compte 31 paires dont 8 paires
cervicales, 12 paires dorsales, 5 paires lombaires,
5 paires sacrées et 1 paire coccygienne.
Un nerf rachidien se détache de la moelle
par deux racines :
une racine antérieure
une racine postérieure qui présente
un renflement, le ganglion spinal.
Les deux racines convergent à la sortie de la
colonne vertébrale.
Les nerfs rachidiens innervent la peau et les
muscles de la nuque, du tronc et des membres.
Une coupe transversale d’un nerf montre des fibres, avec ou sans myéline, qui sont groupées
en faisceaux entourés de gaines conjonctives minces. Généralement, les faisceaux sont noyés dans
une masse de tissu conjonctif lâche, abondamment vascularisée et entourée d’une gaine épaisse de
tissu conjonctif dense.
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autres, appelés dendrites, renferment des corps de Nissl plus ou moins étirés. Ces prolongements, ou
fibres, sont bien visibles sur une préparation de tissu dilacéré.
En dehors des corps de neurones, on reconnaît, dans la substance grise, des fibres nues, des
noyaux appartenant aux cellules de la névroglie (cellules à rôle mécanique et nourricier) et des
capillaires sanguins. Dans la substance blanche voisine, chaque fibre est entourée d’une gaine de
myéline.
La fibre est nue dans la substance grise. Elle est entourée d’une suite de manchons de
myéline dans la substance blanche. Dans les nerfs cérébro-spinaux, la gaine de Schwann entoure le
tout. Dans les nerfs sympathiques, la myéline fait défaut (teinte grisâtre) et la gaine de Schwann
recouvre directement la fibre.
Le microscope électronique montre que chaque manchon de myéline est formé par une cellule
dont la membrane s’est enroulée sur elle-même suivant une spirale à tours jointifs. Il permet de
comprendre la structure de la gaine de Schwann au niveau des étranglements de Ranvier : la gaine y
est mince et grillagée, délimitant de petites aires où la fibre, entièrement nue, laisse parfois échapper
de fines ramifications, ou collatérales.
Les neurones peuvent avoir des aspects variés. Citons simplement :
les neurones
multipolaires,
déjà étudiés ;
les neurones
pyramidaux du
cortex cérébral ;
les neurones
bipolaires, qui
ne possèdent
qu’une seule
dendrite,
ramifiée à son
extrémité ;
les neurones
unipolaires, appelés encore neurones en T. On les rencontre dans les ganglions
rachidiens situés à l’intérieur du canal rachidien. L’axone et la dendrite unique sont
réunis au départ du corps cellulaire sur une courte distance et se séparent ensuite.
3. Les synapses
Les signaux nerveux passent d’un neurone à un autre – ou d’un neurone à une cellule
effectrice – en franchissant une zone de contact ou synapse. Bien qu’il existe des synapses
« électriques » (au niveau desquelles le contact entre les membranes est suffisant pour autoriser une
transmission directe des potentiels d’action), le plus souvent, les synapses sont caractérisées par une
fente synaptique de 20 à 50 nm qui sépare les deux cellules ; cet espace isolant interdit le
franchissement direct du signal nerveux. Ces synapses sont dites « chimiques ».
Une synapse est la zone de contact entre l’arborisation terminale d’un axone et une structure
cellulaire. Selon cette structure, on distingue trois catégories de synapses :
* La synapse neuroneuronale (contact neurone-neurone) ; ce contact se fait toujours de
l’arborisation terminale d’un neurone et une région du corps cellulaire de l’autre
neurone ou des dendrites ou de l'axone, mais jamais avec une autre arborisation
terminale. Les boutons terminaux à l’extrémité de l’arborisation terminale d’un neurone
s’appliquent sur le corps cellulaire (synapse axo-somatique), sur les dendrites ou les
épines dendritiques (synapses axo-dendritiques) ou sur l’axone (synapse axo-axonique)
du neurone voisin.
* La jonction neuromusculaire ou plaque motrice (contact neuro-musculaire).
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* La jonction neurosensorielle (cellule sensorielle et neurone). Quelle que soit la synapse,
on distingue à ce niveau la membrane présynaptique (celle de l’arborisation terminale
de l’axone) et la membrane postsynaptique (neurone ou fibre musculaire…) qui porte à
sa surface, dans le cas de ces synapses, des molécules particulières de neurorécepteurs.
Dans le bouton synaptique (élément présynaptique) se trouvent des vésicules contenant une
substance appelée médiateur chimique ou neurotransmetteur (on connaît actuellement une vingtaine
de neurotransmetteurs). Le bouton synaptique est séparé par un espace (fente synaptique) de la
membrane du neurone voisin (membrane postsynaptique).
On est donc conduit à considérer le tissu nerveux comme constitué (en dehors de la névroglie)
par des neurones en contact les uns avec les autres. L’étude du fonctionnement permet de préciser
qu’il s’agit de chaînes de neurones, l’arborisation terminale d’un neurone venant s’articuler avec
les dendrites ou corps cellulaires d’un neurone suivant. L’influx nerveux chemine dans le sens
indiqué par les flèches : d’un neurone à l’autre il passe dans le sens :
Arborisation terminale élément post synaptique, et jamais en sens inverse.
B. Propriétés du tissu
1. Mise en évidence
Pour étudier les propriétés du nerf, il est
indispensable de le soustraire à l’action des centres
nerveux : les expériences sont donc réalisées sur une
grenouille décérébrée et démédullée.
* Expérience :
Exercer une légère traction sur le nerf en tirant sur
le fil : le gastrocnémien se contracte, provoquant un
mouvement du pied.
* Interprétation :
- La traction (excitation mécanique) a engendré
une réaction du nerf appelée influx nerveux.
Le nerf est excitable.
- L’influx nerveux s’est propagé tout le long du
nerf jusqu’au muscle qui se contracte. Le nerf
est conducteur.
2. Excitabilité
a- Excitants
L’excitation d’un nerf peut être obtenue par un procédé mécanique (piqûre, pincement),
thermique (contact d’un corps chaud ou froid), chimique (action d’un acide) ou électrique (courant
continu, courant induit, décharge d’un condensateur). L’excitant électrique est l’excitant
expérimental de choix car :
- Il peut être dosé avec précision, tant du point de vue intensité que du point de vue durée
et fréquence.
- Appliqué rationnellement, il n’altère pas les tissus, permettant ainsi des expériences
prolongées.
- Son action diffère peu de celle de l’excitant physiologique normal (= influx nerveux),
lequel, nous le verrons, est de nature électrique.
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- Une intensité minimale : on
l’appelle encore intensité
liminaire, ou intensité de seuil, ou
rhéobase. Une intensité inférieure
à cette valeur est qualifiée
d'infraliminaire, une intensité
supérieure est dite supraliminaire.
Selon la nature des excitants, cette
intensité est donnée dans des
unités différentes.
- Une durée d’action minimale : c’est
le « temps utile » pour une
intensité donnée. Si l’excitant,
d’intensité liminaire ou
supraliminaire, est envoyé sur la
cellule pendant une durée
inférieure à cette valeur, la stimulation n’est plus efficace. Cette durée est très
souvent de l’ordre de la milliseconde.
- Une variation brutale d’intensité : pour un grand nombre de cellules, un excitant ayant
l’intensité et la durée d’action nécessaires ne provoquera une stimulation efficace que
s’il intervient brusquement. C’est cette variation brutale du milieu extérieur qui
excite la cellule ; si l’intensité minimale est installée progressivement, par exemple,
il n’y aura pas de stimulation efficace.
- Une valeur du couple de facteurs intensité-temps : un excitant d’intensité I = Rh
(rhéobase), agissant pendant une durée inférieure au temps utile rhéobasique, ne
provoque pas une stimulation efficace ; cependant, en conservant cette durée
d’action, on peut provoquer à nouveau une stimulation efficace en augmentant la
valeur de l’intensité. On peut ainsi, expérimentalement, rechercher tous les couples I
et T donnant une stimulation efficace et tracer une courbe limitant deux zones : la
zone des stimulations efficaces et celle des stimulations inefficaces. On privilégie
parfois un de ces couples. C’est celui où I = 2 Rh et le temps utile correspondant à ce
qu’on appelle chronaxie.
3. Conductibilité
a - Conditions de conductibilité
L’influx nerveux, né au point d’excitation, chemine le long du nerf, jusqu’au muscle qui se
contracte.
- Un nerf abimé à la suite d’une forte excitation mécanique ou chimique n’est plus
conducteur. Le nerf doit être intact pour conduire l’influx nerveux.
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- Un nerf privé d’oxygène, soumis à un refroidissement (0 °C), à un échauffement
(50°C) ou à l’action d’un anesthésique ne transmet plus l’influx nerveux.
Pour garder ses propriétés de conductibilité, le nerf doit se trouver dans des conditions
physiologiques compatibles avec la vie. L’influx nerveux est donc un phénomène vital.
c- Sens de conduction
On place des électrodes excitatrices sur une
fibre isolée. Des électrodes réceptrices sont mises
de chaque côté. Chaque paire d’électrodes étant
reliée à un oscillographe cathodique. Après
excitation, on recueille un potentiel d’action sur les
deux écrans. On constate que l’influx nerveux
déclenché expérimentalement peut se propager
dans les deux sens. D'une cellule à l'autres le sens est unidirectionnel
- Cette autoexcitation se propage ainsi de proche en proche à partir du point excité, sans
qu’il y ait jamais possibilité de retour sur la zone qui vient d’être stimulée ; en effet,
la période réfractaire dure trois millisecondes et l’établissement d’un courant pouvant
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stimuler à nouveau la zone qui vient d’être excitée n’existe que pendant un temps
beaucoup plus court (zone refractaire).
C- L’influx nerveux
1. L’oscilloscope
Le galvanomètre révèle
l’existence du potentiel d’action
mais il est insuffisant pour
l’analyse d’un phénomène aussi
bref (0,5 à 1 milliseconde) et
d’aussi faible amplitude. Les
laboratoires de neurophysiologie
utilisent l’oscillographe
cathodique qui permet d’amplifier
les variations de potentiels et de
les enregistrer. Il s’agit d’un tube
cathodique où règne le vide. Un
filament de tungstène chauffé
émet un faisceau d’électrons qui
constitue la partie mobile
dépourvue d’inertie de l’appareil
et dont l’impact sur l’écran
fluorescent constituant le fond du
tube, forme un point lumineux, le
spot.
Deux paires de plaques situées sur le trajet des électrons permettent de faire dévier le
faisceau :
- Deux plaques verticales reliées à un condensateur sont portées alternativement à des
potentiels différents de sorte que le faisceau d’électrons se déplace à une vitesse
constante de gauche à droite puis reviennent instantanément à gauche. C’est le
système de balayage. Le spot apparaît comme un trait lumineux horizontal.
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- Deux plaques horizontales sont en relation par l’intermédiaire d’un amplificateur avec
les électrodes réceptrices déposées sur le nerf. Elles dévient les électrons dans le sens
vertical lorsqu’elles sont portées à des potentiels différents.
Au cours de l’activité du nerf, le spot décrit une courbe représentant l’évolution dans le temps
du potentiel d’action. Cette courbe, appelée électroneurogramme peut être enregistrée sur film
photographique.
2. Le potentiel de repos
a- Mise en évidence
On enregistre, par convention, les
variations de potentiel électrique de
l’électrode interne R1, par rapport à
l’électrode R2 qui sert de référence (on
aurait aussi bien pu inversement
enregistrer le potentiel électrique de la
surface externe de la fibre par rapport à
l’intérieur).
L’enregistrement de ce potentiel sur
un écran d’un oscilloscope montre qu’il
existe une différence de potentiel constante
et égale à – 70 mV environ, ce qui signifie
que l’intérieur de l’axone est négatif et
l’extérieur positif. Cette différence de
potentiel transmembranaire est appelée
potentiel de repos de la fibre ou potentiel de membrane ; son maintien nécessite, de la part de la
cellule, une dépense d’énergie ; elle disparaît quand la cellule meurt.
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Ainsi se crée le potentiel de membrane. Cependant, celui-ci disparaîtrait progressivement si le
canal de fuite agissait seul : on aboutirait en effet, à la longue, à une égalisation des concentrations
en Na+ et K+ de part et d’autre de la membrane.
- La « pompe à Na+/K+ » assure le maintien de la dissymétrie ionique entre le milieu intra-
et extracellulaire. Cette pompe est en effet une enzyme protéique (ATPase) capable à la
fois d’hydrolyser l’ATP et d’utiliser l’énergie ainsi libérée pour assurer le transfert
d’ions Na+ et K+ contre leur gradient de concentration : une pompe à Na+/K+ expulse
plus de sodium dans le milieu extracellulaire qu’elle ne fait entrer de potassium dans la
fibre.
3. Le potentiel d’action
a- Onde diphasique
L’étude peut être faite sur une fibre géante de
Seiche.
Les électrodes R1 et R2 sont placées à la surface
de la fibre : l’excitation électrique est suivie de
l’apparition sur l’écran de l’oscillographe d’une onde
diphasique :
- L’accident (a) précédant le potentiel d’action
ou artéfact de stimulation est dû au choc
provoqué par l’excitation ; il marque
l’instant précis de l’excitation mais n’a
aucune signification physiologique ;
- Lorsque le potentiel d’action atteint le point
où se trouve l’électrode R1, cette portion de
fibre devient de plus en plus négative par
rapport au point en contact avec R2, puis la
négativité décroît et s’annule. La plaque
horizontale P1, reliée à R1, donc portée au
même potentiel repousse les électrons avec
d’autant plus de force que la négativité
sous R1 est plus grande (phase I).
- L’influx nerveux continue à se propager et
atteint le point de la fibre en contact avec
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R2 qui devient alors négative par rapport à R1 ; la plaque P2 en relation avec R2 repousse
à son tour les électrons (phase II)
- Puis les deux électrodes retrouvent le même potentiel (trait horizontal).
b- Onde monophasique
La microélectrode R1 est
introduite au temps T1 dans l’axone.
Le spot dévie vers le bas indiquant
une différence de potentiel entre R1 et
R2 qui n’est autre que le potentiel de
repos de la fibre : (potentiel R1<
potentiel R2). Une excitation au temps
T2 est suivie de l’apparition, sur
l’écran, d’une courbe monophasique
traduisant le passage du potentiel
d’action sous les électrodes :
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voltage-dépendants.
L’ouverture ou la fermeture de ces canaux est très rapide (moins d’une milliseconde) et c’est
un système « tout ou rien », ce qui signifie qu’un canal ne peut pas être « moyennement ouvert » :
il est ouvert ou fermé. On comprend ainsi que la diffusion d’un ion sera d’autant plus importante
que le nombre de canaux spécifiques ouverts sera lui-même plus important.
Le potentiel d’action est une inversion temporaire du potentiel de membrane d’un neurone
suite à une excitation. Il est dû à une modification passagère de la perméabilité de la membrane
expliquée comme suit :
* Dans un premier temps, ouverture brève des canaux voltage-dépendants à Na+, entrée
brutale et massive des Na+ créant une dépolarisation de la membrane, l’intérieur
acquiert une charge positive par rapport à l’extérieur et la d.d.p. passe brutalement de –
70 mV à + 40 mV donnant une amplitude totale du potentiel d’action (valeur absolue)
égale à 110 mV (valeur moyenne).
* Dans un deuxième temps fermeture des canaux à Na+ et ouverture puis fermeture des
canaux voltage-dépendants assurant la sortie de K+ et la membrane se repolarise
assurant le retour à l’état initial correspondant au potentiel de repos.
* Le potentiel d’action :
- n’apparaît que lorsque le potentiel de membrane atteint la valeur seuil (- 50 mV) ; cette
valeur correspond à une intensité seuil d’excitation (stimulus liminaire).
- se propage le long d’une fibre identique à lui-même sans déformation tout en gardant
la même amplitude quelle que soit l’intensité du stimulus ≥ seuil : il obéit à la loi du
tout ou rien. La fréquence des potentiels d’action reste liée à l’intensité du stimulus,
il s’agit d’un codage en modulation de fréquence.
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d- Le seuil d’intensité
Si l’intensité de l’excitation est inférieure au seuil, l’oscilloscope n’enregistre que l’artéfact de
stimulation. Toutefois, si l’électrode réceptrice est située très prés du point excité, l’appareil
enregistre un potentiel très faible dont l’amplitude croît avec l’intensité du courant, mais ce
potentiel, qualifié d’électronique, s’éteint à quelques millimètres de là.
Si le seuil est atteint, le potentiel électronique atteint la valeur critique qui entraîne une
inversion brutale du potentiel de membrane : c’est le potentiel d’action qui se propage avec une
amplitude constante le long de la fibre. La fibre, passive jusque là, est devenue active. Un potentiel
électronique suffisant constitue donc le déclic qui assure la stimulation efficace de la fibre. Notons
toutefois que la valeur du seuil dépend du type auquel appartient la fibre.
Dans certains cas, deux ou plusieurs excitations successives, légèrement inférieures au seuil,
donnent un potentiel d’action : on dit alors qu’il y a eu « sommation des excitations ».
Si le seuil est dépassé, deux cas doivent être considérés :
• S’il s’agit d’une fibre isolée, l’amplitude du potentiel d’action demeure constante.
L’amplitude dans ce cas, est d’emblée maximale, car la fibre isolée obéit à la loi du
tout ou rien ;
• S’il s’agit d’un organe entier, nerf ou muscle, l’amplitude augmente avec l’intensité
des excitations. Ceci est dû à ce que le nombre de fibres excitées va en croissant. Un
courant plus intense permet de stimuler les fibres à seuil plus élevé ainsi que celles
qui ne sont pas en contact direct avec l’électrode stimulatrice. Naturellement,
l’amplitude du potentiel d’action cesse de s’accroître dès que la totalité des fibres
sont stimulées : c’est la loi de recrutement.
Si l’on applique à un nerf deux stimulations successives espacées de 10 ms au moins, on
obtient deux réponses identiques ; mais si l’on réduit progressivement cet intervalle, on constate que
la seconde s’affaiblit (période réfractaire relative), puis disparaît complètement (période
réfractaire absolue). Ainsi, après chaque excitation, la fibre devient inexcitable pendant un temps
très court et ne retrouve son excitabilité normale que progressivement.
La durée de la période réfractaire est sensiblement égale à celle du potentiel d’action, ce qui
revient à dire qu’un nouveau potentiel ne peut apparaître que lorsque le précédent est éloigné. Dans
les stimulateurs électroniques, le choc d’ouverture intervient moins de 0,5 ms après le choc de
fermeture. Il tombe donc pendant la période réfractaire et ne produit aucun effet.
e- Le potentiel complexe
Si l’on augmente la distance
qui sépare les électrodes
stimulatrices et exploratrices et si
l’on applique au nerf des
stimulations suffisamment intenses,
on constate que la courbe obtenue
présente plusieurs sommets de plus
en plus espacés. Le nerf, nous
l’avons vu, est formé de fibres qui
diffèrent par leur excitabilité. Cette
expérience montre que des
différences analogues affectent leur
vitesse de conduction.
Ce sont généralement les
fibres les plus grosses qui sont à la fois les plus excitables et les plus rapides, les fibres à myéline
étant plus rapides que les fibres sans myéline. Ainsi les caractéristiques d’une fibre ultrarapide sont
les suivantes : fort diamètre, myéline épaisse, étranglements espacés, rhéobase faible, période
réfractaire courte, vitesse de conduction atteignant 100 m/s.
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4. Transmission synaptique
L’arrivée d’un potentiel d’action dans une arborisation terminale entraîne la dépolarisation de
la membrane présynaptique. Celle-ci provoque à son tour l’ouverture des canaux calciques
voltage-dépendants. L’afflux accru de Ca2+ active l’exocytose du neurotransmetteur. Ce dernier se
fixe sur les récepteurs-canaux postsynaptiques spécifiques, chimio-dépendants, dont il entraîne
l’ouverture. Des échanges d’ions s’en trouvent facilités. Deux cas sont alors possibles selon la
catégorie fonctionnelle de synapse considérée :
- Dans le cas des synapses excitatrices, une pénétration accrue d’ions Na+ détermine, par
dépolarisation, la naissance
d’un potentiel postsynaptique
excitateur, ou PPSE.
Le neurotransmetteur est
l’acétylcholine ou une substance voisine.
- Dans le cas des synapses
inhibitrices, une sortie d’ions
K+ ou une entrée d’autres
ions tels que Cl-, provoque,
par hyperpolarisation,
l’apparition d’un potentiel
postsynaptique inhibiteur,
ou PPSI.
Le neurotransmetteur est le GABA
ou une substance voisine.
Au niveau de l’espace synaptique,
les neurotransmetteurs sont rapidement
inactivés par des enzymes spécifiques
et/ou recaptés par la terminaison
axonique présynaptique, ce qui module
finement l’activité de l’élément
postsynaptique.
La sommation spatiale se réfère aux différentes synapses afférentes à l'élément
postsynaptique. Un neurone peut en effet recevoir plus d'un millier d'afférences différentes mais il
ne peut réagir que d'une seule manière : conduction ou absence de conduction. Si le résultat de la
somme algébrique de tous les éléments afférents est supérieure à une valeur seuil, aux environs de
-15 mV, le neurone intégrateur sera le siège d’un potentiel d’action si non on obtient un PPSE
infraliminaire ou un PPSI.
Une sommation dite temporelle a aussi lieu au niveau de l’élément postsynaptique. Elle est
due à la vitesse d'entrée des ions à l'intérieur de la cellule. Si beaucoup de PPSE sont rapprochés
dans le temps, ils s'ajoutent et peuvent également atteindre le seuil de dépolarisation et donner lieu à
un potentiel d’action.
Un dernier élément d’intégration est dû à l’existence de la période réfractaire du neurone. Si
deux signaux afférents excitateurs sont espacés de moins d'une milliseconde, le second ne donnera
naissance à aucun PPSE et sera donc silencieux.
III- Toxicomanies et la transmission nerveuse
A- Notion de drogue
On désigne habituellement sous le nom de drogue toute substance, naturelle ou synthétique,
modifiant l’activité mentale (effet psychotrope) et susceptible de conduire à un état de dépendance
constituant la toxicomanie. Une toxicomanie est une modification du comportement qui consiste à
prendre un produit (la drogue) afin de retrouver ses effets psychiques ou d’éviter les malaises de la
privation. Une toxicomanie naît de la « rencontre entre un produit, un individu et un moment
socioculturel ».
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Trois aspects caractérisent les toxicomanies :
- La dépendance psychique ou accoutumance qui se traduit par le désir incontrôlé de
renouveler la prise de drogue ;
- La dépendance physique qui est commandée par l’apparition de malaises survenant
après privation (syndrome de sevrage) ;
- La tolérance, état adaptatif de l’organisme qui conduit à la nécessité d’augmenter la
dose de drogue pour obtenir l’effet recherché.
B- Drogues et perturbations du fonctionnement nerveux
Selon leur nature chimique, les drogues peuvent avoir différents effets sur le système
nerveux :
- Au niveau de la synapse, certaines ont une action sur le neurone présynaptique en
favorisant ou en inhibant la sécrétion d’un neurotransmetteur, ou bien en diminuant
l’effet de recapture. D’autres agissent sur le neurone postsynaptique en prenant la
place du neurotransmetteur. Si elles s’opposent à son action, leur effet est
antagoniste ; si elles produisent la même action que lui, leur effet est agoniste.
- Au niveau cérébral, la suractivation ou au contraire l’inhibition des activités
neuronales se traduit par une modification de l’état mental, un éloignement du réel,
une altération des perceptions sensorielles. Selon l’effet principal observé sur l’activité
mentale, les drogues sont classées en trois catégories : les dépresseurs, les stimulants
et les dérégulateurs. Par leur action sur la transmission des messages nerveux, les
drogues agissent aussi sur les fonctions cardiaque, respiratoire, digestive…
De nombreuses substances provenant de la pollution (désherbants), du dopage
(amphétamines), des drogues (cocaïne, nicotine, morphine, etc.) peuvent modifier ce
fonctionnement au niveau des différents stades indiqués.
La connaissance du fonctionnement synaptique permet d’aider ou de débloquer la synapse par
l’intermédiaire de médicaments (qui sont parfois les mêmes substances que les drogues mais que
l’on fait agir sur des synapses « malades » et dont la quantité est toujours dûment contrôlée) :
* Facteurs modifiant la synthèse :
- Si les nutriments appropriés (en particulier les acides aminés) ne sont pas fournis, la
synthèse du neurotransmetteur ne peut avoir lieu.
- Dans le cas de la maladie de Parkinson, ce sont les enzymes de synthèse du
médiateur, la dopamine, qui ont disparu.
- Certaines drogues peuvent inhiber la synthèse d’un neurotransmetteur
* Facteurs agissant sur la libération du transmetteur :
Lors du dopage, les amphétamines agissent en augmentant la libération des médiateurs du
même groupe que l’adrénaline. Ces médiateurs, en plus grande quantité au niveau des synapses,
provoquent une excitation inhabituelle.
* Facteurs modifiant la fixation du transmetteur sur le récepteur postsynaptique :
Nous avons vu que le récepteur était spécifique d’un neurotransmetteur déterminé ; mais une
molécule de forme très proche peut « tromper » le récepteur et se fixer sur lui. Suivant le cas, elle
peut l’exciter ou le bloquer :
- 1er exemple : mimétisme :
La morphine (extrait du Pavot) a une molécule de forme très voisine de celle de
neurotransmetteurs normalement sécrétés par les neurones de certaines régions du cerveau : les
endorphines qu’on appelle encore les « morphines du cerveau ».
- 2e exemple : blocage :
Le curare, poison d’origine végétale, était utilisé par les Indiens d’Amérique du Sud pour
enduire leurs pointes de flèches. Le gibier atteint était rapidement paralysé. On sait maintenant que
la molécule de curare est assez longue. A ses deux extrémités, elle mime grossièrement une
molécule d’acétylcholine de sorte qu’elle bloque deux sites récepteurs en même temps au niveau de
l’appareil sous-neural de la plaque motrice. Les sites étant déjà occupés, l’acétylcholine ne peut pas
se fixer et transmettre l’excitation au muscle, d’où la paralysie.
116
Substances agissant sur l’inactivation des neurotransmetteurs :
Un exemple : certains insecticides organochlorés bloquent l’action de la cholinestérase.
L’acétylcholine n’étant pas détruite, elle continue donc à agir.
117
Cette expérience prouve qu’au départ d’un réflexe interviennent des terminaisons sensitives qui
reçoivent l’excitation et la transforment en influx nerveux sensitif.
Quelques instants plus tard, plongeons de nouveau le pied droit dans la solution d’acide ; on
obtient une flexion de la patte droite et de la patte gauche. On peut en conclure que l’action de
l’éther est temporaire.
b- Mise en évidence de l’intervention d’un élément conducteur
Incisons dorsalement la peau de la cuisse droite et, en écartant les muscles, dégageons le nerf
sciatique sur 2 centimètres environ. Sectionnons alors le nerf, puis plongeons le pied droit dans la
solution d’acide ; nous n’observons pas de réaction. Cependant si, au moyen de deux électrodes
reliées aux bornes d’une pile de 4,5 volts, on excite le tronçon central du nerf sciatique, on observe
un mouvement de la patte gauche. L’excitation étant assez forte on observe également un
mouvement des pattes antérieures. On en conclut que le nerf sciatique conduit les influx nerveux
sensitifs qui naissent dans les terminaisons nerveuses de la peau.
Plongeons maintenant le pied gauche dans la solution d’acide, nous observons la flexion de la
patte gauche et un mouvement de la patte droite limité à une flexion de la cuisse, la jambe et le pied
restant inertes. Par contre si on excite le tronçon périphérique du nerf sciatique on observe
uniquement un mouvement de la jambe et du pied. On en conclut que le nerf sciatique conduit les
influx moteurs qui provoquent la contraction des muscles. Nous pouvons donc affirmer que la
réalisation d’un réflexe fait intervenir un conducteur sensitif et un conducteur moteur et que le nerf
sciatique, qui conduit à la fois des influx sensitifs et des influx moteurs, est un nerf mixte.
c- Mise en évidence de la nécessité d’un centre nerveux
Détruisons maintenant la moelle épinière de la grenouille en introduisant une aiguille dans le
canal rachidien, puis plongeons le pied gauche dans la solution d’acide ; les réactions observées
précédemment ne se produisent plus. On peut en conclure que la moelle épinière est un lieu où se
fait le passage de l’influx sensitif à l’influx moteur ; un tel lieu est appelé centre nerveux.
Au niveau de la moelle épinière, tout se passe comme si l’influx nerveux sensitif, centripète,
se réfléchissait vers les muscles sous forme d’un influx nerveux moteur, centrifuge, d’où le nom de
réflexe donné à cette forme d’activité nerveuse.
En résumé, on peut dire que dans l’accomplissement d’un réflexe, interviennent
obligatoirement les éléments suivants :
- Un organe récepteur, ici les terminaisons nerveuses de la peau, qui reçoit l’excitation et
engendre un influx nerveux sensitif ;
- Un conducteur sensitif, ici le nerf sciatique, qui conduit l’influx sensitif à la moelle
épinière ;
- Un centre nerveux, la moelle épinière, où l’influx nerveux sensitif se transforme en
influx nerveux moteur ;
- Un conducteur moteur, le nerf sciatique, qui conduit l’influx nerveux moteur aux
organes effecteurs, ici les muscles ;
- Un ou des organes effecteurs, les muscles, agents actifs de la réaction.
118
* Expériences de section (Magendie, 1820 :
Opérons sur de jeunes chiens âgés de six
semaines, Magendie met à nu la moitié postérieure
de la moelle épinière. Pour cela, il sectionne tous
les arcs vertébraux ainsi que la dure-mère sous-
jacente. Sur un premier chien, il coupe les racines
postérieures des nerfs lombaires et sacrés situés
d’un même côté. Après une période d’apparente
paralysie, due manifestement au choc opératoire,
l’animal déplace presque normalement la patte
située du côté opéré ; mais cette patte est devenue
complètement et définitivement insensible aux
piqûres et aux pressions les plus fortes. Magendie
en conclut que les racines postérieures sont
sensitives. Sur un deuxième chien, il coupe les
racines antérieures de ces mêmes nerfs et constate
que la patte située du côté opéré est définitivement
paralysée, alors que sa sensibilité ne semble pas
être affectée. Il en conclut que les racines
antérieures sont motrices.
* Expériences d’excitation :
Par des expériences d’excitation (mécanique ou
chimique), Magendie confirme les résultats
obtenus au cours des expériences de section.
Ces expériences ont été souvent refaites
depuis par excitation électrique. L’excitation des
racines postérieures ou, si ces racines sont
sectionnées, de leur bout central entraîne une
manifestation de douleur. L’excitation des racines
antérieures ou, si ces racines sont sectionnées, de
leur bout périphérique, provoque des contractions
violentes, convulsives, des muscles
correspondants.
* Expériences de dégénérescence :
La section de la racine postérieure entraîne
la dégénérescence des fibres sensitives : en deçà du
ganglion spinal si la section est faite en deçà, au-
delà du ganglion spinal si la section est faite au-
delà. Ce dernier renferme donc des neurones
sensitifs dont les dendrites sont reliées à la peau et
dont les axones pénètrent dans la corne postérieure
de la moelle. La section de la racine antérieure entraîne la dégénérescence des fibres motrices au-
delà de la section. Une dégénérescence analogue s’observe en cas de poliomyélite, alors que la
corne antérieure de la moelle est détruite par le Virus. La corne antérieure renferme donc des
neurones moteurs dont les axones forment la racine antérieure des nerfs rachidiens.
Ces résultats permettent de déterminer le trajet suivi par l’influx au cours d’un réflexe simple.
Ce trajet comporte deux neurones principaux formant un arc réflexe :
- Le premier est sensitif et centripète : c’est un neurone en T dont le corps cellulaire est
situé dans le ganglion spinal ; son axone pénètre dans la moelle par la racine
postérieure.
119
- Le second est moteur et centrifuge : c’est un neurone multipolaire dont le corps
cellulaire est situé dans la corne antérieure ; son axone sort de la moelle par la racine
antérieure.
Une telle réaction exige l’intervention de nombreux muscles dont les contractions sont
nécessairement coordonnées. Elle revêt l’aspect d’une réaction de défense adaptée à l’élimination
de la cause de l’excitation.
120
4. Interprétation des lois des réflexes :
* Lois de Pflüger :
L’extension de la réponse musculaire en fonction de
l’intensité de l’excitation s’explique par l’intervention
des neurones d’association :
- Certains neurones, perpendiculaires à l’axe
de la moelle, transmettent l’influx aux
neurones moteurs du côté opposé et
expliquent la loi de symétrie.
- D’autres neurones, parallèles à l’axe de la
moelle, transmettent l’influx aux neurones
moteurs situés aux différents étages de la
substance grise et expliquent les lois
d’irradiation et de généralisation.
Dans les cas des réflexes proprioceptifs, les
neurones d’association sont absents. Les lois de Pflüger ne
s’appliquent pas. Si le seuil d’excitation est atteint, la
réaction est d’emblée maximale (loi du tout ou rien).
* Loi de coordination :
Sherrington a montré que la contraction réflexe d’un muscle fléchisseur était toujours
accompagnée d’un relâchement du muscle extenseur correspondant. Il faut donc admettre qu’un
même influx sensitif peut jouer simultanément :
- Un rôle excitateur vis-à-vis des neurones moteurs du muscle fléchisseur.
- Un rôle inhibiteur vis-à-vis des neurones moteurs du muscle extenseur.
Cette coordination s’observe encore si la réponse musculaire intéresse plusieurs membres et
Sherrington, expérimentant sur un chat spinal, a montré que les réactions des quatre membres sont
précisément celles que l’on observe pendant la marche. Il faut donc admettre que le même influx
sensitif qui, dans une patte, est excitateur pour le muscle fléchisseur et inhibiteur pour le muscle
extenseur, peut, dans l’autre patte, jouer le rôle inverse.
121
2. Les réflexes intéroceptifs :
122
Exercices
Exercice 1 :
Les structures A, B et C ci-dessous sont prélevées de trois parties différentes du tissu nerveux.
1) a) Annotez ces structures en précisant pour chaque numéro le nom correspondant.
b) Indiquez à quelle partie du système nerveux appartient chacune de ces structures.
Justifiez, à chaque fois votre réponse.
2) Ces différentes structures A, B et C appartiennent à une même cellule qui représente
l’unité structurale du tissu nerveux.
a) Décrivez, schéma à l’appui, une expérience permettant de mettre en évidence la
continuité entre ces structures.
b) Nommez et représentez, à l’aide d’un schéma clair, la cellule en question.
3) Les récepteurs sensoriels et les boutons synaptiques sont des terminaisons de fibres
nerveuses. Précisez leurs rôles respectifs.
C
Exercice 2 :
Afin d’étudier quelques propriétés des nerfs, on utilise le dispositif expérimental suivant
(figure 1) où les électrodes S et R peuvent être selon le branchement voulu soit stimulatrices soit
réceptrices.
Expérience 1 : les électrodes S étant stimulatrices et R réceptrices, une stimulation unique
efficace donne le tracé A du document ci-après.
Expérience 2 : les électrodes S deviennent réceptrices et R excitatrices, un choc unique
aboutit à un enregistrement identique à la courbe A.
Note : dans ces deux expériences, les électrodes R3 et R4 ne sont pas fonctionnelles.
Expérience 3 : on met hors circuit les électrodes R1 et R2 et on branche R3 et R4 comme
électrodes réceptrices ; S1 et S2 sont de nouveau excitatrices ; on obtient
l’enregistrement C du document. Si l’on abaisse progressivement l’intensité
de la stimulation, le 3e pic de courbe disparait puis le 2e.
Interprétez ces différents résultats.
123
Exercice 3 :
On dégage un nerf rachidien d’un batracien avec ses racines antérieure et postérieure. On
place sur le nerf des électrodes excitatrices E1, puis en O1, O2 et O3 des électrodes réceptrices reliées
à trois oscillographes :
Les électrodes O1 et O2 sont situées de part et d’autre du ganglion spinal (ou ganglion
rachidien), elles sont distantes de 4 mm. Les électrodes O3 sont situées sur la racine antérieure ; on
évalue la distance O2 et O3 à 2 mm.
1) Schématisez le dispositif expérimental avec les différentes électrodes en place (ne pas
tenir compte de l’échelle).
2) Sachant qu’à la suite d’une excitation portée en E1, l’influx nerveux parvient en O1 au
temps t1 = 0 en O2 au temps t2 = 0,2 milliseconde, et en O3 au temps t3 = 0,45
milliseconde.
Calculez la vitesse de l’influx nerveux entre O1 et O2 et entre O2 et O3. Comment expliquer
cette variation de la vitesse ? (Indiquer 2 raisons possibles).
Exercice 4 :
La figure suivante représente une chaîne de neurones. Deux électrodes excitatrices sont
placées au point E (sur une dendrite) et en O1, O2, O3 et O4 on place quatre oscillographes
cathodiques.
On applique successivement, par les électrodes excitatrices, des courants électriques dont les
intensités sont données dans le tableau ci-dessous. On détermine pour chaque intensité le temps
d’excitation minimum nécessaire pour obtenir une réponse (observée sur l’écran de l’oscillographe
O1).
Intensités en milli-ampères 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,3 0,4 0,7 1,2
5
Temps d’excitation en 2 1 0,9 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1
millisecondes
1) Construire la courbe I = f(t) en prenant, par exemple, pour échelle : 1 cm pour 0,2 mA
et 1 cm pour 0,2 msec.
2) a) Interprétez cette courbe et donnez les valeurs caractéristiques concernant l’excitabilité
de la fibre nerveuse considérée.
b) On excite de nouveau la fibre avec un courant d’intensité I 1 = 0,2 mA pendant un
temps t1 = 0,3 ms. Qu’observe-t-on sur l’écran de O1 et sur celui de O2 ? Justifiez
votre réponse.
c) Même question avec un courant d’intensité I 2 = 0,3 mA et un temps t 2 = 0,6 ms.
Justifiez votre réponse.
3) On porte en E une excitation efficace :
a) Qu’observe-t-on sur l’écran de chacun des oscillographes (O1, O2, O3 et O4) ?
b) Des mesures ont montré que la vitesse de l’influx dans cette fibre est de
50 m/s, la distance entre E et O3 de 12 mm et le temps mis par l’influx entre E et O3
de 0,34 ms. Interprétez ces résultats.
124
Exercice 5 :
Les motoneurones dont les corps cellulaires sont situés dans la corne antérieure de la moelle
reçoivent une multitude de terminaisons axoniques T 1, T2, T3. On se propose d’étudier les
manifestations électriques qui affectent les motoneurones suite à l’excitation de T 1, de T2 et de T3 :
125
IV. On excite en même temps T 1 + T2 comme
précédemment puis immédiatement après on
excite T2.
Exercice 6 :
Afin d’étudier la transmission de l’influx nerveux au
niveau des synapses interneuroniques, on réalise les
expériences suivantes sur des neurones de ganglions de
Mollusques (figure ci-contre).
expériences résultats
1) Stimulation de A Réponse de A mais pas de B
2) Stimulation de B Réponse de B et de C mais pas de A
3) Injection d’ACH-ase puis Réponse de A mais pas de B ni de C.
stimulation de A
126
A) Interprétez les différents résultats obtenus. Quelle hypothèse peut-on proposer
concernant le mode de transmission de l’influx nerveux au niveau des synapses
interneuroniques ?
Exercice 7 :
Le curare est un poison d’origine végétale utilisé par les Indiens d’Amérique du Sud qui en
enduisent leurs flèches. L’animal qui a été blessé par une flèche empoisonnée au curare devient
incapable de tout mouvement. Pour comprendre l’action du curare on réalise les expériences
suivantes :
Expérience 1 : On injecte un produit à base de curare dans la circulation sanguine d’une grenouille
dont l’encéphale est détruit. Cinq minutes après cette injection, la grenouille a
perdu ses réflexes.
Expérience 3 : On sectionne le nerf sciatique d’une grenouille spinale, non curarisée, le plus prés
possible de la moelle épinière. On trempe le bout périphérique de ce nerf pendant
deux minutes dans le produit à base de curare puis on l’excite. On observe une
contraction du gasrocnémien.
127
Si l’on excite légèrement une patte antérieure on n’observe aucune réponse musculaire. Mais
une excitation forte de la même patte provoque une réponse motrice au niveau des pattes
postérieures. Analyser ces expériences et suggérer une hypothèse logique permettant d’expliquer
tous les résultats observés.
Exercice 8 :
Chez un chien anesthésié, on met à nu le quadriceps, muscle situé dans la partie antérieure de
la cuisse ; ce muscle est innervé entre autres par 2 branches nerveuses émanant d’un nerf rachidien,
l’une musculaire et l’autre cutanée interne. Afin d’étudier le déterminisme de ces deux branches, on
coupe la racine antérieure du nerf rachidien et on soumet l’animal à une séries de stimulations
comme c’est indiqué sur la figure ci-après ; les résultats des stimulations sont enregistrés sur la
partie droite de la figure.
1) Les résultats des deux stimulations permettent-ils de dire si les branches musculaire et
cutanée sont motrices ou sensitives ? Justifiez votre réponse et représentez sur un
schéma le cheminement de leurs fibres.
2) Comparez les enregistrements A et B. Quelles différences présentent-ils ? Quelle(s)
hypothèse(s) peut-on proposer pour expliquer la différence entre les temps de latence
des deux expériences ?
3) Décrivez et expliquez l’enregistrement C ; cette expérience permet-elle d’éliminer une
hypothèse formulée en 2 ?
Exercice 9 :
A- Chez un sujet normal et éveillé, assis jambes pendantes, on percute le tendon rotulien avec
un marteau à réflexes, on constate une brève extension de la jambe. Cette réponse est innée et
inéluctable. Elle ne peut être empêchée par la volonté du sujet. Une analyse plus détaillée faite chez
l’animal, indique que la percussion du tendon provoque un bref étirement du muscle correspondant,
étirement auquel le muscle répond par une contraction globale rapide.
128
La mise en jeu de réflexes est un geste médical classique : en effet des lésions traumatiques ou
microbiennes de la moelle épinière ou de certaines racines rachidiennes altèrent ou suppriment la
réponse.
On effectue la section S1. Le réflexe disparaît. Une brève stimulation électrique du bout
périphérique (BP1) ne déclenche rien. Une stimulation électrique semblable du bout central (BC 1)
entraîne une réaction contractile de M1 et la disparition du tonus de M2.
Chez un animal semblable, on effectue la section S2. Le réflexe d’étirement disparaît. La
stimulation électrique brève de (BP2) entraîne une réaction musculaire de M1 sans disparition du
tonus de M2. Interprétez ces différentes observations.
Exercice 10 :
A- On stimule la fibre nerveuse N1 provenant d’un fuseau neuromusculaire situé dans un
muscle extenseur ; N1 est reliée à deux motoneurones N2 et N3. Suite à une stimulation de N1, l’état
électrique des neurones N2 et N3 est modifié (voir figure).
B - A l’aide de micropipettes, on dépose des substances variées au niveau des synapses N 1-N2
ou i-N3. Les réponses observées en N2 ou N3 sont comparables à celles enregistrées précédemment.
129
1) Quels rôles physiologiques pourraient jouer l’aspartate et le GABA (substances
effectivement présentes dans l’organisme) ?
130
CHAPITRE II : L’ACTIVITE DU MUSCULE SQUELETTIQUE
I. Structure des muscles squelettiques
A. Morphologie
L’ensemble des muscles squelettiques
constitue 30 à 45 % de la masse totale du corps
humain. Ils doivent leur nom au fait que leurs
extrémités sont, le plus souvent, fixées à des os.
De taille variable, ils sont formés, pour la plupart,
de deux parties distinctes. L’une, bien rouge,
centrale, élastique au toucher, est le ventre du
muscle dont la couleur est due à la présence d’une
protéine, la myoglobine (pigment de même nature
que l’hémoglobine) ; l’autre blanc nacré, coriace,
placée aux extrémités, constitue les tendons faits d’un tissu conjonctif très résistant.
Une tranche de viande, fraîchement coupée, montre la masse musculaire, enveloppée par une
épaisse gaine conjonctive parfois chargée de graisse et parcourue de vaisseaux sanguins. Des
cloisons issues de cette gaine pénètrent dans la masse et la découpent en massifs de plus en plus
étroits, les faisceaux musculaires.
Après ébullition, le tissu conjonctif devient translucide et mou, il se gélifie. On peut alors y
voir des sections plus ou moins béantes de vaisseaux sanguins et parois des sections blanchâtres de
filets nerveux. Les faisceaux musculaires peuvent être aisément séparés les uns des autres et
dissociés en filaments aussi fins que des cheveux : les fibres musculaires. Une coupe longitudinale
montre que le tissu conjonctif du muscle, ramassé aux extrémités, s’anastomose avec les fibres
conjonctives des tendons.
B. Structure microscopique
1) Au microscope photonique
131
Le sarcoplasme forme, sous le sarcolemme, une couche ininterrompue renfermant tous les
noyaux. Il se continue à l’intérieur entre les faisceaux de fibrilles. Il contient une importante réserve
de glycogène. Il est coloré en rouge par un pigment un peu différent de celui du sang : la
myoglobine.
Les fibrilles musculaires, ou myofibrilles, sont des cylindres allongés, faits de disques
alternativement clairs et sombres. Chaque disque sombre A est coupé en son milieu par une bande
plus claire : la bande H. Chaque disque clair I est coupé en son milieu par un trait fin, la strie Z,
qui se poursuit d’une fibre à l’autre. Les disques de même teinte se trouvant ainsi au même niveau,
leur succession détermine sur l’ensemble de la fibre une striation transversale très nette à laquelle
se superpose une striation longitudinale plus fine due à la juxtaposition des faisceaux de fibrilles.
L’unité contractile, ou sarcomère, est la portion de fibrille comprise entre deux stries Z
consécutives ; un sarcomère comprend donc deux demi-disques clairs séparés par un disque
sombre ; sa longueur au repos est de 2-3 µ chez l’Homme et de 12 µ chez les insectes.
L’importance relative du sarcoplasme et du système fibrillaire varie suivant les fibres.
Lorsque le sarcoplasme est abondant, la fibre, riche en myoglobine, est franchement colorée ;
lorsque le sarcoplasme est réduit, la fibre est presque incolore. Chez l’Homme, fibres colorées et
fibres pâles sont mélangées ; mais, chez de nombreux animaux (lapin, poulet), elles sont groupées
dans des muscles différents, les uns rouges, les autres blancs.
2) Au microscope électronique
Le microscope électronique permet d’affiner les observations déjà faites au microscope
optique (photonique).
Les bandes claires sont constituées de filaments fins, les bandes sombres montrent des
filaments fins et des filaments épais.
Dans chaque sarcomère, les filaments épais (160 Å de diamètre) occupent la partie centrale
constituant la bande A (sombre), ils présentent en leur milieu un renflement léger : la strie M. Les
filaments fins (50 Å de diamètre) s’insèrent sur les stries Z, constituant les bandes I (claires) et
s’infiltrent entre les filaments épais de la bande A. la zone plus claire au centre de cette bande A
(bande H) est due à la présence des seuls filaments épais.
En coupe transversale on constate une disposition très régulière, quasi géométrique des
filaments. Le cytoplasme contient de nombreuses mitochondries, une quantité importante de
glycogène et un réticulum très développé qui s’infiltre entre les myofibrilles et les enveloppe
intimement, ce réticulum lisse a la propriété d’accumuler de grandes quantités de calcium.
132
C. Innervation du muscle
Le muscle squelettique strié, possède une double innervation : innervation motrice et
innervation sensitive. Un nerf issu en général de la moelle épinière, traverse la membrane
conjonctive du muscle : libère ses fibres qui se ramifient et épanouissent leurs terminaisons au
contact des fibres musculaires.
1) Innervation motrice
L’observation au microscope optique de coupe de muscle convenablement colorée, montre
que chaque fibre musculaire ne reçoit qu’une ramification de la fibre nerveuse motrice (axone). Un
même axone entre donc en contact avec plusieurs fibres musculaires qui d’ailleurs peuvent
appartenir à différents faisceaux musculaires.
On a donné le nom d’unité motrice à l’ensemble formé par les fibres musculaires et le
motoneurone qui les innerve.
Le nombre des fibres musculaires effectrices d’une unité motrice est en rapport avec la
délicatesse et la précision du mouvement à exécuter : dans les muscles de l’œil et du pouce, on en
compte une dizaine environ, par contre un muscle adapté à l’effort comme le biceps possède des
unités motrices à plus de 1000 fibres musculaires.
Un plus fort grossissement permet d’observer que le filet nerveux aborde la fibre musculaire
seulement recouvert de sa gaine de Henlé, il a en effet, interrompu ses gaines de myéline et de
Schwann. Après s’être ramifié de nouveau, il s’applique sur la fibre musculaire, qui apparaît
légèrement renflée dans ces zones de jonction appelées plaques motrices. En effet, le sarcoplasme
y est plus abondant et renferme un grand nombre de noyaux et de mitochondries de grande taille. Le
cytoplasme des terminaisons nerveuses ou axoplasme contient, outre de nombreuses mitochondries,
des vésicules riches en acétylcholine.
2) Innervation sensitive
133
Les influx nés dans les fuseaux neuromusculaires sont à l’origine de sensations conscientes
(sens musculaires) ou de réflexes (réflexes toniques et proprioceptifs). Les corpuscules neuro-
tendineux de Golgi sont situés, non dans les muscles, mais dans les tendons.
134
B- La contraction musculaire
1) Phénomènes mécaniques
a) Dispositif d’enregistrement
Sur une grenouille
dont les centres nerveux
ont été détruits, dégager le
nerf sciatique et le muscle
gastrocnémien. Préparer
un circuit d’excitation
comprenant un excitateur
et une source électrique
réglable : pile ou
accumulateur avec
rhéostat et trembleur,
bobine d’induction
adaptée aux usages
physiologiques (chariot de
Du Bois-Reymond) ou,
mieux, stimulateur
électronique. Relier par un
fil le tendon d’Achille du
gastrocnémien à un
myographe, simple tige
rigide solidaire du poids
ou d’un ressort, et dont
l’extrémité libre porte un stylet inscripteur :
- Si l’appareil comporte un poids, le muscle se raccourcit en développant une force
constante : le myographe enregistre une contraction isotonique (= à force constante).
- Si l’appareil comporte un ressort suffisamment puissant, la force développée est
progressive et le raccourcissement est très faible ; le myographe, armé d’un long stylet,
enregistre pratiquement une contraction isométrique (= à longueur constante).
Appliquer le stylet sur le papier noirci d’un cylindre enregistreur. Le tracé obtenu, appelé
myogramme, sera fixé ensuite à l’aide d’un vernis.
Le montage ci-dessus sera utilement complété par un signal électromagnétique enregistrant
les stimulations, et par un diapason électrique permettant une mesure du temps.
b) Réponse à une seule excitation
Faire tourner le cylindre et envoyer au nerf
une excitation de fermeture d’intensité efficace :
le muscle se contracte puis se décontracte, il a
répondu par une secousse musculaire dont le
myogramme montre 3 phases :
- Phase de latence ou temps perdu, de
courte durée (1/100 s), comprise
entre l’instant de l’excitation et le
début de la réponse.
- Phase de contraction ou
raccourcissement du muscle ; période
active du muscle. Elle dure en
moyenne (4/100 s).
- Phase de décontraction ou de relâchement, plus lente, elle atteint (6/100 s).
135
Au total, la durée d’une secousse musculaire du gastrocnémien de grenouille est de l’ordre de
1/10 s. Cette durée varie avec la température, et la saison ; d’un muscle à l’autre et pour le même
muscle, d’une espèce à l’autre.
137
3) Phénomènes thermiques
La production de chaleur
par muscle se répartit en
plusieurs phases :
- Pendant la
contraction on parle
de chaleur initiale
que l’on subdivise
en chaleur de
contraction, chaleur
de maintien et
chaleur de
relâchement.
- Après la contraction,
on parle de chaleur
retardée ; plus
difficile à évaluer,
elle est d’intensité
faible mais de très
longue durée
puisqu’on
l’enregistre pendant
plusieurs minutes.
(Remarque : si on prive le muscle d’oxygène, on constate la disparition quasi-totale de
la chaleur retardée).
4) Phénomènes chimiques
Le potentiel d’action déclenche les réactions chimiques libératrices d’énergie et le muscle
transforme cette énergie partie en chaleur et partie en travail mécanique.
Ce sont les métabolites (glucose, acides gras, etc.) qui, par oxydation, fournissent l’énergie
musculaire. Mais cette énergie n’est pas immédiatement disponible, aussi le muscle utilise-t-il tout
d’abord les composés phosphatés riches en énergie : adénosine triphosphate ou ATP, et créatine-
phosphate ou phosphagène.
138
C’est une enzyme, l’ATPase, qui « met le feu aux poudres ». Sous son action, l’ATP libère
presque instantanément son énergie. Le phosphagène, aussitôt, se décompose à son tour et fournit
l’énergie nécessaire à la resynthèse de l’ATP. Quant à l’énergie née de l’oxydation des métabolites,
elle permet la resynthèse du phosphagène. Le schéma ci-dessous résume les deux couplages
énergétiques ainsi réalisés :
Contraction
ATP ADP +
Phosphagène créatine +
Glucose + O2 CO2 + H2O
Si l’oxygène fait défaut, les deux premières réactions s’accomplissent normalement, mais la
troisième fait place pour un temps à la fermentation lactique. La réaction aérobie :
C6H12O6 + 6O2 6CO2 + 6H2O + 675 kcal.
L’accumulation d’acide lactique dans le tissu musculaire est à l’origine de la fatigue. Mais, si
le muscle est mis au repos, l’acide disparait peu à peu.
L’énergie chimique libérée par les réactions ci-dessus est transformée partiellement
(contraction isotonique) ou totalement (contraction isométrique) en énergie calorifique. La
production de chaleur est un phénomène discontinu, réalisée en deux temps : pendant la période
d’activité (contraction et relaxation), c’est la chaleur initiale ; pendant la période de repos qui suit,
c’est la chaleur retardée.
139
Le retour à l’état initial devient possible ; c’est un phénomène passif dû à la contraction de
fibres musculaires antagonistes.
140
Exercices
Exercice 1 :
Le document 1 représente le schéma de l’ultrastructure d’une portion de fibre musculaire.
Exercice 2 :
On étudie l’aspect mécanique de la
contraction du muscle gastrocnémien de
grenouille par stimulation électrique du
nerf sciatique.
Les enregistrements (D), (E) et (F)
comporte chacun, de haut en bas :
- le myogramme,
- le rythme de stimulations,
- le temps en secondes.
141
Exercice 3 :
La myasthénie est une maladie assez rare se traduisant par un mauvais fonctionnement du
système musculaire moteur. Il aboutit rapidement à une paralysie bien que les muscles soient
intacts.
La figure 1 montre une liaison neuromusculaire d’un homme sain et la figue 2 d’un homme
atteint de myasthénie.
Exercice 4 :
1) On porte sur un muscle strié squelettique
quatre excitations d’intensité croissante
correspondant aux courbes A, B, C et D des
enregistrements 1, 2 et 3. On recueille
simultanément les phénomènes électriques
musculaires (enregistrement 1). On dose le
taux de calcium libre dans le sarcoplasme
(enregistrement 2) et on recueille les
phénomènes mécaniques provoqués par
quatre excitations (enregistrement 3). On a
superposé les différents enregistrements en
faisant coïncider les moments d’excitations
t0.
2) L’injection du calcium dans la fibre
musculaire entraîne sa contraction. Si le
calcium est radioactif, on peut remarquer
qu’il est localisé dans la cavité du réticulum
des fibres relâchées et qu’il se trouve dans le
sarcoplasme des fibres en contraction.
- Analysez ces résultats.
- Utilisez vos connaissances pour décrire l’enchaînement des réactions qui ont eu lieu
lors de la contraction musculaire.
142
Exercice 5 :
A- La contraction musculaire nécessite une consommation d’énergie. Les faits se rapportent à
la source de cette énergie.
1) L’analyse de la composition du sang veineux et du sang artériel du muscle releveur de
la lèvre supérieure du cheval a permis de faire des constatations résumées dans le
tableau suivant :
Exercice 6 :
Le document (1) ci-après, schématise l’innervation d’une fibre musculaire M.
1) Afin de connaître le rôle respectif des neurones A, B et C on réalise les expériences
suivantes :
a) On excite électriquement le neurone A, la fibre musculaire M se contracte.
b) En l’absence de toute stimulation, on enregistre sur le neurone C le passage de
potentiels d’action à la fréquence (f).
Si l’on étire M, la fréquence des potentiels d’action augmente par rapport à (f). Si l’on excite
électriquement le neurone B, la fréquence des potentiels enregistrés sur le neurone C diminue par
rapport à (f) et la fibre M ne se contracte plus sous l’effet de l’excitation du neurone A.
Déterminez d’après ces données le rôle respectif des neurones A, B et C.
2) Pour comprendre le mode de fonctionnement du neurone B, on réalise une deuxième
série d’expériences.
a) Une préparation de fibres musculaires et de neurones est placée dans un liquide
physiologique. La stimulation des neurones de types B entraîne l’apparition
dans le liquide physiologique d’une substance le GABA. La stimulation des
neurones de types A, ne produit pas le même effet.
143
b) L’application du GABA sur le neurone C bloque son activité électrique et
inhibe la contractilité des fibres musculaires et ceci durant toute la durée de
l’application.
c) La picrotoxine qui empêche l’action du GABA, supprime aussi de façon
réversible l’action du neurone B sur le neurone C et sur la fibre M, par contre,
elle ne modifie pas l’action de A sur la fibre M.
A partir de l’analyse méthodique de ces expériences, comment concevez-vous l’action du
neurone B ?
3) Les synapses des terminaisons synaptiques de A et B avec les fibres musculaires M
ont des ultrastructures pratiquement identiques à celles du document II.
On stimule A et B et on enregistre les potentiels obtenus sur les terminaisons synaptiques
correspondantes et sur les fibres musculaires M, ce qui a donné les enregistrements a1, a2 et b1, b2,
du document III.
a) Mettez la légende convenable au document II.
b) En utilisant les données fournies par les expériences décrites dans la 2 ème
question et les informations du document III, expliquez l’action du GABA.
c) En conclusion, utilisez vos connaissances et les apports de ce devoir, pour
comparer les caractéristiques de la transmission synaptique des neurones A
et B.
Exercice 7
1- On réalise les observations et expériences suivantes :
N°1 : Les fibres musculaires qui se contractent et se relâchent rapidement ont un réticulum
endoplasmique très développé ; celles qui se contractent et se relâchent lentement ont un réticulum
endoplasmique moins développé.
N°2 : L’injection d’ions calcium dans le hyaloplasme d’une fibre musculaire entraîne la
contraction de myofibrilles.
N°3 : On cultive des fibres musculaires dans un milieu contenant du calcium radioactif.
144
Par autoradiographie, on constate que le calcium radioactif est dans le réticulum
endoplasmique quand les fibres sont relâchées et dispersé dans le hyaloplasme quand les fibres sont
contractées.
En vous appuyant sur ces observations et expériences, soulignez la relation existant entre la
structure cellulaire et la fonction mise en jeu.
2- Le document suivant est une micrographie électronique montrant l’élément x contracté : on
y observe des figures caractéristiques que nous appellerons « figures y » (bien visibles dans les
cercles tracés sur le document) et qui relient les myofilaments d’actine (A) et de myosine (M).
On place in vitro des protéines A ou/et des protéines M dans différents milieux de culture.
Les résultats des expériences sont rassemblés dans le tableau ci-dessous.
145
Constituants dosés en Expérience α Expérience β Expérience γ
mg par g de muscle -aucun traitement sur le - muscle traité avec une - blocage de la glycolyse
frais muscle- substance bloquant la et de la dégradation de
glycolyse- la créatine-Phosphate-
Avant Après Avant Après Avant Après
contraction contraction contraction contraction contraction contraction
Glycogène 1,08 0,8 1,08 1,08 1,08 1,08
Acide lactique 1 1,30 1 1 1 1
ATP 1,35 1,35 1,35 1,35 1,35 0
Créatine-Phosphate 1 1 1 0,3 1 1
146
CHPITRE III : L’ACTIVITE CARDIAQUE
I. Support de l’activité cardiaque
A. Morphologie et structure du cœur
1) Cœur de Mammifère
a) Morphologie externe
On peut trouver à la surface du cœur des lambeaux de membrane, qui appartiennent au
péricarde. De la graisse plus ou moins abondante selon les individus, recouvre le cœur dans la
région antérieure et le long des sillons.
Les deux sillons ventral et dorsal marquent la séparation entre deux moitiés : gauche et droite,
chaque moitié comprend un ventricule surmonté d’une oreillette.
Le ventricule gauche auquel la pointe du cœur appartient toute entière, est plus volumineux
que le ventricule droit.
Les vaisseaux du cœur sont les artères (vaisseaux efférents), les veines (vaisseaux afférents) et
les vaisseaux nourriciers.
Les artères :
Placer le cœur sur la face dorsale et observer les artères. Elles ont une paroi épaisse et
élastique. L’artère pulmonaire et l’artère aorte sont reliées par un cordon blanc, fibreux, vestige
d’une communication embryonnaire : le canal de Botal.
Si le boucher ne les a pas sectionnées de trop près, on peut observer les deux ramifications de
l’artère pulmonaire (destinées chacune à un poumon). De même sur l’aorte, on peut repérer le début
d’une grosse artère : l’aorte antérieure. Introduire, sans forcer, une sonde cannelée ou le manchon
d’un scalpel dans l’orifice de l’artère pulmonaire, l’instrument pénètre dans le ventricule droit ;
C’est le ventricule droit qui lance le sang dans les poumons par la voie des deux artères
pulmonaires. En poussant cette fois-ci, l’instrument dans l’artère aorte, il aboutit dans le ventricule
gauche. C’est par l’aorte que le sang est chassé du ventricule gauche vers les organes du corps.
Les veines :
Les veines ne sont pas aussi faciles à observer que les artères car elles sont sectionnées trop
près du cœur par le boucher. Placer l’organe sur la face ventrale pour observer la face dorsale (face
veineuse). Repérer : à droite, un large trou dans la paroi de l’oreillette droite. Il correspond à
l’origine des veines caves supérieure et inférieure. Un instrument (sonde ou manche de scalpel)
introduit dans le trou, pénètre dans l’oreillette droite puis dans le ventricule droit ; ce qui montre
que les 2 veines caves ramènent le sang (pauvre en O2) des organes vers le cœur. A gauche, les
orifices des veines pulmonaires sont au nombre de quatre. Ces vaisseaux communiquent avec le
ventricule gauche par l’intermédiaire de l’oreillette gauche. L’introduction d’une sonde, dans cette
partie du cœur permet de s’en rendre compte. Les veines pulmonaires ramènent le sang oxygéné des
poumons vers le cœur.
Les vaisseaux nourriciers :
Le cœur, muscle qui n’arrête pas de fonctionner, reçoit de nombreux vaisseaux sanguins
nourriciers : les artères coronaires droite et gauche issues de l’aorte, cheminent dans la paroi du
cœur, le long des sillons dorsal et ventral, elles véhiculent le sang oxygéné. La veine coronaire
ramène le sang pauvre en O2, (vers la veine cave).
b) Organisation interne
Ventricule droit : on observe:
- les fibres transverses qui relient les parois du ventricule ;
- la valvule auriculo-ventriculaire ou tricuspide (de cuspis : pointe) rattachée
par des fibres tendineuses aux saillies charnues ou piliers de la paroi
ventriculaire.
- les valvules sigmoïdes, dites valvules en « nid de pigeon », situés à la base de
l’artère pulmonaire. On en compte trois mais on n’en observe souvent que
deux, la troisième étant sectionnée avec l’artère pulmonaire. Les valvules
147
sigmoïdes se remplissent de sang et s’opposent au retour de ce dernier dans le
ventricule après chaque systole ventriculaire.
Oreillette droite :on observe:
- la surface gaufrée de l’intérieur de
l’oreillette.
- la valvule tricuspide dont on voit à présent
mieux les détails. Elle est formée de trois
lames membraneuses, elle constitue
l’orifice de communication entre l’oreillette
et le ventricule et s’oppose au reflux du
sang vers l’oreillette, au cours de la systole
ventriculaire.
Ventricule gauche :on observe:
- les valvules sigmoïdes à la base de l’aorte
et les orifices des artères coronaires visibles
dans deux d’entre elles.
- la valvule auriculo-ventriculaire ou valvule
mitrale (du latin mitra : bandeau ou
coiffure) qui empêche le retour du sang
dans l’oreillette gauche. Elle ne comprend
que deux lames qui s’attachent par les
fibres tendineuses à deux piliers
musculaires. Pour cette raison on lui donne
parfois le nom de valvule bicuspide.
Oreillette gauche :
Les oreillettes ont une paroi molle et beaucoup
plus mince que celle des ventricules. Ces différences de
consistance et d’épaisseur sont en rapport avec l’inégalité de travail fourni par chacune de ces
parties du cœur. Le rôle des oreillettes se limite en effet, à pousser le sang dans les ventricules.
c) Structure du cœur
Le cœur est formé d’une couche musculaire ou myocarde qui constitue la presque totalité de
l’organe. Le myocarde est enveloppé par le péricarde et tapissé intérieurement par l’endocarde.
Le péricarde :
Le péricarde est une membrane séreuse dont le feuillet interne est soudé au myocarde et le feuillet
externe en rapport avec les organes et le diaphragme. Le liquide lubrifiant ou liquide péricardique
permet le glissement des deux feuillets l’un sur l’autre et facilite le mouvement du cœur.
L’endocarde :
L’endocarde est un mince épithélium qui tapisse les quatre cavités cardiaques. Il est séparé
du myocarde sous-jacent par une couche de tissu conjonctif qui contient nerfs et vaisseaux
sanguins. L’endocarde se prolonge dans les vaisseaux sous le nom d’endothélium, on parle d’endo-
artère et d’endo-veine. L’endothélium constitue à lui seul la paroi des
capillaires. Les valvules des orifices cardiaques sont constituées de replis de
l’endocarde, renforcés intérieurement par une armature fibreuse.
Le myocarde :
- Observation du myocarde au microscope optique : on observe des
éléments cellulaires striés, allongés et bifurqués accolés les uns aux autres par
leurs extrémités : ce sont les fibres cardiaques. L’ensemble dessine un réseau
plus ou moins régulier, dans les mailles duquel se trouvent de nombreux
capillaires et des terminaisons nerveuses ramifiées. Cet aspect a fait
longtemps considérer le tissu myocardique comme un syncytium. En effet,
les cloisons transversales dites stries scalariformes qui séparent les cellules
les unes des autres ne paraissent pas continues.
148
Quelques cellules plus ou moins ovoïdes, avec un cytoplasme clair, peu différencié où les
striations ne sont visibles habituellement qu’à la périphérie. Groupées en amas ou nœuds, ces
cellules constituent le tissu nodal.
La fibre myocardique comparée à la fibre musculaire squelettique : on y retrouve les mêmes
éléments structuraux décrits dans la fibre musculaire squelettique : membrane cellulaire ou
sarcolemme, cytoplasme ou sarcoplasme et myofibrille groupées en faisceaux et déterminant sur
l’ensemble de la fibre une striation longitudinale et transversale.
Mais ici, la disposition de ces éléments les uns par rapport aux autres et leurs proportions
respectives sont différentes. Un noyau unique occupe l’axe de la cellule. Il est entouré d’un
sarcoplasme abondant, riche en glycogène avec de nombreuses mitochondries relativement
volumineuses. Les stries scalariformes apparaissent comme des traits sombres en forme de marches
d’escalier (d’où leur nom) qui traversent les fibres myocardiques à intervalles réguliers.
Longitudinalement suivant l’axe des fibres, le contact entre 2 cellules devient plus intime avec
accolement presque parfait des membranes. Ces jonctions serrées constituent des « ponts » de
moindre résistance, assurant une transmission très rapide de la dépolarisation de cellule à cellule.
Tout se passe donc comme si le tissu myocardique formé de cellules individualisées, présente
les caractères physiologiques d’un syncytium.
2) Cœur de Batracien
L’étude graphique de la contraction cardiaque étant faite sur un cœur de grenouille, nous
dirons ici quelques mots de la conformation générale et de la structure du cœur de Batraciens.
Le tissu nodal n’existe pas. Les neurones intracardiaques sont rassemblés en 3 masses
ganglionnaires paires, situées respectivement dans le sinus veineux, dans la cloison
interauriculaire et dans l’entonnoir.
149
B. Innervation cardiaque
Chez les Mammifères le cœur est
innervé par deux sortes de filets nerveux :
Les filets des nerfs sympathiques et les filets parasympathiques venant du pneumogastrique
forment au niveau du cœur un enchevêtrement qui constitue le plexus cardiaque.
150
II. Activité cardiaque
A. Etude graphique de l’activité spontanée du cœur
1) Contraction du cœur de Batracien
a) Dispositif d’enregistrement
Pour étudier avec précision le
fonctionnement du cœur et apprécier la
durée, l’amplitude et la forme des
différentes contractions, on recourt à
l’inscription graphique.
Les appareils utilisés sont des
cardiographes (cardiographe à cuillerons et
cardiographe à balancier) et les tracés
obtenus des cardiogrammes.
Le plus sensible, le cardiographe à
balancier est le plus utilisé. C’est un
instrument de conception simple, constitué
d’un levier mobile autour d’un axe. L’une
des extrémités du levier est terminée par un
stylet qui inscrit en les amplifiant, les
battements cardiaques sur le cylindre
enregistreur. L’autre extrémité est reliée par
un fil pendant à une pince fine, dite « serre-fine » qu’on fixera sur la pointe du ventricule.
On peut enregistrer séparément et simultanément les deux systoles auriculaire et ventriculaire
en utilisant, dans les mêmes conditions, un deuxième levier qui sera relié à l’une des deux
oreillettes.
La durée de la contraction cardiaque est déterminée à l’aide d’un électro-diapason ou d’un
compte secondes.
b) Analyse du cardiogramme
Chaque accident a l’allure
d’une courbe précédée d’un petit
redressement. Il traduit les
modifications de la taille du cœur
au cours d’une révolution
cardiaque.
En se contractant, le cœur se
tasse sur lui-même, rapprochant sa
pointe de sa base. Ce
raccourcissement s’inscrit sur le
cylindre enregistreur par les
branches ascendantes :
- AB correspond à la
contraction des
oreillettes (systole
auriculaire) ;
- CD correspond à la
contraction du
ventricule (systole ventriculaire).
151
- La branche descendante BC, représente le début de la diastole auriculaire dont la durée
est égale à l’intervalle de temps entre deux systoles auriculaires consécutives.
Les oreillettes demeurent ainsi relâchées durant toute cette période ; elles se reposent
beaucoup plus qu’elles ne travaillent.
152
Dès que l’intensité de l’excitation atteint une valeur minimale ou seuil, le cœur se contracte et
sa réponse est d’emblée maximale. Il se comporte dans son ensemble comme une fibre musculaire
isolée. On dit qu’il obéit à la loi du tout ou rien. Cette propriété est due à la structure particulière du
tissu myocardique formé d’éléments cellulaires, bien délimités mais considérés comme étant en
continuité électrique du fait de la faible résistance des disques intercalaires.
Le cœur ne tétanise pas sous l’effet d’excitations rythmiques et rapides à cause de la période
d’inexcitabilité qui lui permet de se relâcher entre deux contractions provoquées.
- des cardiographes
manométriques pour
enregistrer les variations de
la pression à l’intérieur du
ventricule.
L’évacuation du sang vers les artères s’effectue sous l’effet d’une contraction isotonique.
- au cours de la diastole (de) : une chute brutale de la pression ventriculaire due au
relâchement du ventricule est observée; dès que cette pression devient inférieure à la
pression auriculaire, les valvules auriculo-ventriculaires s’ouvrent et le sang qui n’a
cessé d’affluer vers les oreillettes passe dans le ventricule. Ce dernier fonctionne alors
comme une poire en caoutchouc qu’on vient de comprimer et qui aspire le liquide dès
qu’on la relâche. En somme le ventricule reçoit le sang qui lui parvient de l’oreillette au
cours de la systole auriculaire mais également de la diastole.
Les trois phases : systole auriculaire, systole ventriculaire (mise en tension et évacuation) et
diastole durent respectivement 0,1s ; 0,3s ; 0,4s chez l’homme.
Comme on a pu l’observer chez la grenouille, le cœur alterne chaque contraction avec un
repos d’égale durée. Les oreillettes se reposent plus longtemps qu’elles ne travaillent. Grâce à cette
alternance le cœur normal est pratiquement infatigable, il fonctionne sans répit durant toute
l’existence de l’être vivant, comme une pompe aspirante, refoulante qui met en mouvement le sang
dans les vaisseaux.
Il remplit ce rôle, en mettant périodiquement le sang sous pression dans ses cavités
ventriculaires. Les valvules, quant à elles, orientent la circulation et lui imposent un sens unique.
154
4) Activité électrique du cœur humain
Comme tout muscle, le cœur produit en se
contractant des potentiels d’action qui diffusent à
travers l’organisme. L’activité électrique du cœur
humain peut être ainsi recueillie et enregistrée
par un oscillographe sensible ou
électrocardiographe.
Le tracé obtenu ou électrocardiogramme
(ECG) présente cinq ondes successives,
désignées par les lettres P.Q.R.S.T.
correspondant aux différentes phases de la
révolution cardiaque.
L’onde P qui précède légèrement la systole
auriculaire correspond à l’activation ou
dépolarisation de l’oreillette qui est antérieure à
sa contraction.
Le complexe Q.R.S. est lié à l’activité du ventricule. L’onde Q.R.S. qui précède la mise en
tension ventriculaire correspond à la dépolarisation du ventricule.
L’onde T correspond à la repolarisation du ventricule, prélude de la diastole générale.
On n’observe pas de tracé représentant la repolarisation auriculaire, celle-ci survient pendant
la dépolarisation du ventricule et se trouve ainsi masquée par le complexe Q.R.S.
Dans les cas pathologiques (troubles fonctionnels, lésions cardiaques), l’électrocardiogramme
ou (ECG) présente des anomalies décelables par le praticien.
Dans l’infarctus du myocarde, R et T fusionnent pour former une onde unique, dite « onde de
souffrance ». Dans la maladie de « Stock Adams », il y a dissociation auriculo-ventriculaire, les
ondes P deviennent plus nombreuses que les Q.R.S.
155
B. Automatisme cardiaque
1) Chez la grenouille
a) Mise en évidence de l’automatisme
Alors que le muscle squelettique ne se contracte que s’il reçoit un influx moteur, le muscle
cardiaque se contracte rythmiquement en dehors de toute intervention nerveuse : on dit qu’il est
doué d’automatisme.
Nous savons déjà que la destruction des centres nerveux n’entraîne pas l’arrêt du cœur. Mais
l’automatisme peut être montré de façon plus spectaculaire si le cœur est isolé de l’organisme et
maintenu en survie, soit par immersion dans le liquide de Ringer, soit par perfusion à l’aide de ce
même liquide.
L’immersion peut être réalisée dans une boite de Pétri ou, mieux, dans une cuve à faces
parallèles (le cœur étant suspendu par un fil) en vue de l’observation collective par projection.
Une perfusion ventriculaire peut être effectuée à l’aide d’une canule introduite dans le
bulbe. Dans ce cas, le liquide est brassé par les systoles ventriculaires, mais il ne s’écoule pas ; les
oreillettes battent à vide.
Une perfusion complète peut être effectuée à l’aide d’une canule introduite dans l’une des
veines caves, les deux autres étant ligaturées. Dans ce cas, le liquide parcourt toutes les cavités et
s’écoule dans le bulbe.
b) Conditions physico-chimiques de l’automatisme
Ces conditions sont remplies par le liquide de Ringer, solution saline équilibrée caractérisée
par :
- une certaine concentration, le constituant essentiel étant, comme pour le plasma
sanguin, le chlorure de sodium ;
- un pH relativement constant (7,5 environ), l’effet tampon étant assuré par le
bicarbonate et le phosphate ;
- un certain équilibre ionique dont le caractère dominant est le rapport K+/Ca2+.
Alors que Na+ exerce un effet légèrement dépressif, Ca2+ apparait comme le stimulateur de
l’excitabilité, de la contractilité et de l’automatisme ; mais son action, toujours excessive, doit être
tempérée par K+.
c) Siège de l’automatisme
Deux méthodes permettent de préciser le siège de l’automatisme cardiaque :
Ligature de Stannius : Préparer une grenouille avec centres nerveux détruits et cœur mis à nu.
A l’aide d’une sonde ou d’un passe-fil, glisser un fil de lin sous les troncs artériels du bulbe.
Amorcer un nœud simple en soulevant la pointe du ventricule, de façon à faire une ligature entre le
sinus et l’oreillette droite. Serrer fortement la ligature. Le cœur achève la contraction en cours et
s’arrête en diastole, tandis que le sinus, seul, continue de battre à son rythme normal.
156
Cette expérience montre que l’automatisme cardiaque a pour siège le sinus. Le sinus est
l’ « entraîneur » du cœur, le « pacemaker » des auteurs de langue anglaise.
Après 30 à 40 mn d’arrêt, le ventricule présente souvent quelques contractions isolées, ce qui
suggère l’existence d’un deuxième centre d’automatisme situé, semble-t-il, dans l’entonnoir.
Depuis longtemps déjà, les biologistes ont constaté que des cellules cardiaques
embryonnaires, cultivées sur un milieu nutritif convenable, prolifèrent et s’animent de mouvements
périodiques. La contraction rythmique spontanée est donc une propriété caractéristique de la cellule
musculaire cardiaque, au moins à l’état jeune.
Cette activité est une conséquence du métabolisme cellulaire. Les transformations chimiques
entraînent une modification de la perméabilité membranaire qui, dès qu’un certain seuil est atteint,
déclenche le départ d’un potentiel d’action spontané. Ce dernier, en rétablissant l’équilibre initial,
permet au métabolisme de préparer le potentiel suivant.
Toute variation de température, en modifiant la vitesse des réactions chimiques, modifie de
façon identique le rythme cardiaque.
157
C. Adaptation du rythme cardiaque aux besoins de l’organisme
1) Action du système nerveux sur le rythme cardiaque
a) Action du pneumogastrique
L’exploration fonctionnelle du parasympathique peut se faire de plusieurs manières :
- Section des nerfs vagues :
Si on sectionne les deux nerfs vagues d’un chien, on observe une accélération permanente du
rythme cardiaque. Des observations cliniques chez l’Homme montrent qu’en cas de sections de ces
nerfs, le rythme cardiaque est de 120 battements par minute.
- Excitation des nerfs vagues :
Sur un animal anesthésié (exemple : Grenouille, Tortue ou Chien), on sectionne les nerfs
vagues et on excite électriquement le bout périphérique de l’un d’eux. Pour obtenir une réponse, il
est en général nécessaire d’exciter le nerf à l’aide d’une série de stimuli de fréquence relativement
élevée et d’intensité supérieure à un certain seuil. Plusieurs cas peuvent être considérés ; ils sont
résumés dans les figures (1 et 2).
Il s’agit dans la (figure 1) de l’effet d’une série de stimuli d’intensité modérée. Dès le début
de l’application de la série de stimuli, on observe un ralentissement du rythme cardiaque (la diastole
s’allonge, on dit qu’il y a bradycardie), puis une diminution de l’amplitude des contractions. Quand
on cesse d’exciter le nerf, le rythme et l’amplitude des contractions reprennent progressivement leur
valeur initiale. Au niveau de la (figue 2), le cœur s’arrête rapidement en diastole. Malgré la
persistance de stimuli, il se remet à battre au bout d’un certain temps. Tout se passe comme si le
cœur échappait à l’influence du système parasympathique : c’est le phénomène d’échappement.
158
b) Action de l’orthosympathique
La grenouille étant un mauvais sujet d’expérience, on utilise d’autres animaux (Chien, Lapin
ou éventuellement Crapaud) pour explorer fonctionnellement l’orthosympathique :
- Section des nerfs orthosympathiques : Elle entraîne un certain ralentissement du cœur.
- Excitation des nerfs orthosympathiques, de leurs bouts centraux et périfériques : Chez le
Chien, on excite un des ganglions de la chaîne ganglionnaire (le ganglion étoilé). On n’observe un
effet que si les stimuli sont répétés à une fréquence élevée avec une intensité assez forte. Au niveau
de la (figure 3), le cœur ne réagit pas immédiatement à l’application de la série de stimuli. Après un
temps de latence assez long, on observe une accélération du rythme cardiaque (la diastole se
raccourcit, on dit qu’il y a tachycardie), puis une augmentation de l’amplitude des contractions.
Quand on cesse la stimulation, le rythme et l’amplitude des contractions restent élevés pendant un
certain temps, ils ne reviennent que progressivement à leur valeur initiale.
159
On perfuse successivement le même cœur (ou un cœur « neuf ») à l’aide du liquide témoin
puis du liquide vagal. Le premier est sans action tandis que le second reproduit les effets de
l’excitation des nerfs vagues : ralentissement du rythme, diminution de la puissance des
contractions.
On en conclut que l’excitation du vague entraîne la libération d’une « substance vagale »
responsable de l’effet modérateur.
Opérant de même sur des crapauds (ces animaux, en hiver, présentent une prédominance du
tonus sympathique), Loewi a pu mettre en évidence une « substance accélératrice », antagoniste
de la substance vagale.
L’acétylcholine est synthétisée dans le cytoplasme des cellules nerveuses puis stockée dans
des vésicules golgiennes qui viennent se rassembler au niveau de l’arborisation terminale des nerfs
vagues.
Sous l’effet de la stimulation de ces nerfs, elle est libérée dans le myocarde. Contrairement à
ce qui se passe dans le muscle strié squelettique, elle ne provoque pas l’apparition d’un potentiel
d’action dans les cellules musculaires cardiaques mais retarde la dépolarisation spontanée des
cellules du nœud sinusal. De ce fait, le temps nécessaire au déclenchement automatique du potentiel
d’action dans ces cellules est allongé ce qui se traduit par un ralentissement du rythme cardiaque.
Lorsque la stimulation des nerfs vagues est suffisamment intense, la quantité d’acétylcholine
est telle que le potentiel d’action n’apparaît pas : le cœur s’arrête en diastole. Toutefois, après sa
libération dans le myocarde, l’acétylcholine est rapidement détruite par une enzyme, la
cholinestérase. Son effet est donc très fugace. Il est possible que le phénomène d’échappement
résulte de la production d’un excès de cholinestérase causée par la sécrétion prolongée d’une
quantité importante d’acétylcholine.
La substance accélératrice, appelée par la suite sympathine (Cannon, 1932), caractérise les
neurones ganglionnaires sympathiques. Longtemps identifiée à l’adrénaline, la sympathine est en
réalité une substance très voisine : la noradrénaline.
La noradrénaline est synthétisée dans les neurones orthosympathiques, stockée dans le
cytoplasme des terminaisons et libérée sous l’effet d’une excitation.
Elle agit sur les cellules nodales en accélérant leur dépolarisation spontanée et, par
conséquent, en précipitant l’apparition d’un potentiel d’action. Ceci se traduit par une accélération
du rythme cardiaque. Toutefois, la libération de noradrénaline, après excitation des nerfs
orthosympathiques, n’est pas immédiate : ceci explique le temps de latence observé entre le
moment où commence la stimulation et celui où le cœur commence à réagir.
La noradrénaline est détruite dans le myocarde grâce à l’intervention d’une enzyme qui
l’oxyde. Le temps de latence observé entre la fin de la stimulation électrique de l’orthosympathique
et le début du ralentissement du rythme cardiaque serait dû à la lenteur de l’inhibition du médiateur
chimique.
160
La médullo-surrénale, de même origine embryologique que les ganglions sympathiques, est
une glande endocrine qui, sous l’influence d’un centre bulbaire, élabore de l’adrénaline et de la
noradrénaline : la première est l’hormone principale ; la seconde n’est probablement qu’un
précurseur.
Vis-à-vis du cœur, l’adrénaline renforce l’action du système orthosympathique. En particulier,
elle accélère et intensifie les contractions. Mais l’action de la médullo-surrénale est plus brutale et
plus généralisée que celle du sympathique. L’excitation du centre bulbaire entraîne une décharge
d’adrénaline qui, en quelques instants, affecte tous les organes réactionnels. Un exercice violent,
une émotion vive provoquent une telle décharge, caractéristique d’un véritable état de crise. Cannon
a montré que, chez le Chat, l’accélération cardiaque consécutive à une émotion vive (présentation
d’un Chien) est due à une décharge d’adrénaline : en effet, si l’on sectionne les nerfs splanchniques,
nerfs sympathiques destinés à la médullo-surrénale, la réaction ci-dessus s’annule. C’est pourquoi
on dit volontiers que « l’adrénaline est l’hormone de l’émotion ».
Si on répète la même expérience avec la même solution dépourvue d’ions Ca2+, on observe
une diminution de l’amplitude des contractions jusqu’à l’arrêt complet du cœur.
b) Les ions K+
On perfuse le cœur avec une solution physiologique à 30 °C dans laquelle la concentration en
ions K+ a été diminuée de 10 %. On observe une augmentation de l’amplitude des battements.
On remplace alors le liquide de perfusion par une solution physiologique quatre fois moins
riche en ions Na+. On observe une augmentation considérable de l’amplitude des contractions.
d) Interprétation
L’ion calcium semble renforcer les contractions du myocarde : ceci peut être mis en parallèle
avec ce qui a été observé dans le cas du muscle squelettique.
161
4) Régulation du rythme cardiaque
Les nerfs centripètes venant du cœur et,
surtout, des artères principales apportent au
névraxe des informations sur la pression du
sang et sa composition chimique. Les centres
nerveux intègrent ces informations et, en
retour, émettent des influx transmis au cœur
par les nerfs centrifuges ortho ou
parasympathiques. L’action antagoniste des
systèmes ortho et parasympathique permet à
chaque instant d’adapter le rythme cardiaque
aux besoins de l’organisme.
162
Toute élévation de pression artérielle (consécutive à un effort physique par exemple)
provoque par afflux de sang, la distension et l’étirement de la paroi vasculaire et une augmentation
de la fréquence des PA que les barorécepteurs envoient au centre parasympathique bulbaire.
163
Ainsi, la régulation de la pression artérielle se fait suivant le schéma d’un arc réflexe
intéroceptif simple.
Un autre mécanisme de régulation de la pression artérielle met en jeu les humeurs ; c’est-à-
dire le milieu intérieur.
Comme les propriétés physico-chimiques de celui-ci varient peu dans les conditions
physiologiques normales, la mise en jeu humorale a un rôle effacé.
164
Exercices
Exercice 1 :
Les cardiogrammes de la figure ci-dessous ont été enregistrés chez la Grenouille à l’aide d’un
cardiographe à balancier. Bien que les conditions expérimentales soient les mêmes pour tous les
enregistrements (la vitesse de rotation du cylindre mise à part), on constate que les courbes ne sont
pas identiques.
1) Décrire le montage utilisé en précisant la position du cœur (la pointe vers le haut ou vers le
bas) et la nature du levier (1er ou 2e genre).
2) Analyser de façon précise et détaillée l’un des cardiogrammes (au choix).
3) Dire en quoi les autres cardiogrammes diffèrent de celui qui a été choisi, et préciser pour
chacun d’eux le complément d’information qu’il apporte.
Exercice 2:
A- Sur une Grenouille décérébrée et démédullée, on prélève le Coeur et on le perfuse suivant
la technique représentée par le document 1a.
On peut alors obtenir un cardiogramme identique à celui du document 1b.
Analysez et interprétez les résultats obtenus ; vous reproduirez la partie AB que vous
légenderez.
B- Copenhaver réalise des greffes de sinus veineux entre diverses espèces de Salamandres
(Batraciens), les unes à « cœur lent », les autres à « cœur rapide ».
165
Les résultats sont représentés par le document 2. Déduisez de ces expériences le rôle du sinus
veineux dans la contraction cardiaque chez les Batraciens.
166
Exercice 4 :
Les enregistrements ci-contre illustrent l’activité des oreillettes et du ventricule et l’activité
auriculo-ventriculaire d’un cœur de grenouille. Ils sont obtenus en changeant la position de la pince
serre-fine du cardiographe.
1) Analysez les 3 cardiogrammes et interprétez le tracé 1.
2) Quelles caractéristiques du fonctionnement cardiaque sont démontrées par les trois
tracés ?
Exercice 5 :
L’étude graphique du fonctionnement cardiaque chez la grenouille a permis d’enregistrer les
tracés ci-après.
Document 1
167
2ème expérience :
On enregistre l’activité électrique des nerfs de Héring issus des sinus carotidiens :
- avant la mise en place de toute ligature (a du document 2) ;
- après les ligatures L1 (b du document 2) ;
- après les ligatures L2 (c du document 2).
Document 2
3ème expérience :
On enregistre l’activité électrique des fibres parasympathiques et orthosympathiques
cardiaques avant et après les ligatures L1 et L2. Les résultats obtenus figurent sur le
document 3 ci-après.
4ème expérience :
On sectionne les nerfs de Héring et de Cyon et on enregistre l’activité électrique des fibres
parasympathiques et orthosympathiques en même temps que la fréquence cardiaque (document 4).
1) Interprétez chacune des quatre expériences précédentes.
2) En utilisant toutes les données fournies par ces expériences et vos connaissances,
expliquez, à l’aide d’un schéma fonctionnel, le mécanisme de la régulation cardiaque
suite à une augmentation de la pression artérielle.
168
Exercice 7 :
L’étude proposée porte sur le fonctionnement cardiaque.
A) Chez une personne volontaire, au repos, ont été mesurées les fréquences de battements
cardiaques dans différentes conditions d’administration de drogues qui bloquent préférentiellement
les effets des nerfs orthosympathiques ou les nerfs parasympathiques cardiaques.
Les résultats obtenus sont portés dans le tableau suivant (document 1).
A partir de l’étude de ces résultats :
- montrez qu’il existe un automatisme cardiaque ;
- montrez qu’elle est l’action des nerfs orthosympathiques et parasympathiques sur la
fréquence cardiaque du sujet au repos.
Fréquence cardiaque en
Conditions expérimentales nombre de battements par
minute
Sans blocage 58
Avec blocage des nerfs orthosympathiques 44
Avec blocage des nerfs parasympathiques 95
Avec blocage simultané des nerfs ortho et 84
parasympathiques
Document 1
B) Pour compléter cette étude sur l’activité cardiaque et ses modifications, des
enregistrements électrophysiologiques intracellulaires ont été réalisés à différents endroits d’un
cœur de Mammifères (notamment A et B indiqués sur le document 2) dans différentes conditions
expérimentales présentées en a), b), c).
169
b) Si on détruit les cellules de la zone A, les contactions cessent et les cellules de la zone B
ne présentent pas de variations de leur potentiel de membrane.
c) On a pu mettre en culture, d’une part, des cellules de la zone A et, d’autre part, des
cellules de la zone B. Dans ces conditions, seules les cellules de la zone A présentent
des modifications rythmiques de leur potentiel de membrane.
A partir de l’analyse précise de tous les documents et à l’aide de vos connaissances, dites quel
est le tissu à l’origine de l’automatisme cardiaque et reconstituez la succession des événements
aboutissant à la contraction des oreillettes.
C) On enregistre maintenant des potentiels de membrane dans les cellules de la zone A
d’un cœur de Mammifère, après blocage :
- soit des nerfs orthosympathiques seuls (document 4a) ;
- soit des nerfs parasympathiques seuls (document 4b).
Analysez les enregistrements obtenus, en mettant en évidence leurs points communs et leurs
différences, dans les trois conditions expérimentales choisies.
Exercice 8 :
A. L’adaptation de l’activité cardiaque aux variations
de la pression artérielle fait intervenir des nerfs dont certains
sont représentés sur la figure 1. Pour établir un des
mécanismes en cause, on propose une série d’expériences
réalisées chez les Mammifères de même espèce dont les nerfs
de Cyon sont sectionnés.
- Troisième expérience :
1° On modifie la pression artérielle au niveau des sinus carotidiens (fig1).
170
a) On interrompt la circulation dans les carotides primitives en pinçant au niveau indiqué.
La pression artérielle générale, enregistrée au niveau de l’artère de la cuisse de l’animal,
évolue comme le montre la figure 2.
b) On envoie dans le sinus du sang à haute pression à l’aide d’une pompe ; la pression
artérielle générale diminue alors.
2° En même temps, on enregistre l’activité électrique d’une fibre d’un nerf de Héring (fig 3),
- avant l’interruption de la circulation (enregistrement a) ;
- pendant cette interruption (enregistrement b)
- au cours de la perfusion des sinus (enregistrement c).
- Quatrième expérience : La section des deux nerfs de Héring fait passer la pression
artérielle générale de 20/18 cm de mercure à 28/26 cm. La destruction des terminaisons nerveuses
au niveau des sinus carotidiens aurait la même conséquence.
Une nouvelle interruption de la circulation, pratiquée maintenant et au même niveau que
précédemment, n’entraîne pas de modification notable de la pression artérielle qui se maintient à
28/26 cm de mercure. L’excitation du bout périphérique des deux nerfs de Héring est également
sans action sur la pression artérielle.
Analysez méthodiquement les résultats des troisième et quatrième expériences pour dégager
les rôles respectifs des sinus carotidiens et des nerfs de Héring au cours des variations
expérimentales de la pression artérielle.
Exercice 9 :
Un cœur de grenouille, dégagé avec précaution, est placé dans un liquide physiologique. Il
continue à battre. Que peut-on en déduire ?
Pour chercher les causes de cette activité carsdiaque, on procède, sur deux cœurs I et II, à des
ligatures (figure).
171
Sur le cœur I, une ligature est disposée entre le sinus veineux et l’oreillette droite (Fig. A). Le
sinus continue à battre normalement ; les oreillettes et les ventricules s’arrêtent en diastole.
Sur le cœur I, on fait une seconde ligature entre oreillettes et ventricule (fig. B). Le ventricule
se remet à battre, mais à un rythme plus lent que celui du sinus.
Sur le cœur II, on fait une ligature entre oreillettes et ventricule (fig. C). Sinus et oreillettes
battent normalement. Le ventricule, après un temps d’arrêt, reprend ses contractions sur un rythme
très lent.
Que peut-on en déduire de ces expériences ?
Exercice 10:
Analyser avec précision et commenter les résultats obtenus d’après les enregistrements 1 et 2.
172
CHAPITRE IV: COMMUNICATION HUMORALE
ET INTEGRATION NEURO-HORMONALE
I – Régulation de la glycémie
A- définitions
La glycémie est le taux de glucose dans le sang exprimé en grammes par litre : la valeur
normale pour un individu à jeun est d’environ 1 g. L -1 (5,5 mmoles/litre).
Quand le taux de glucose s’écarte de plus de 20% de la normale, on dit qu’il y a
hypoglycémie ou hyperglycémie.
L’hypoglycémie est la teneur en glucose dans le sang inférieure à 0,8 g / litre alors que
l’hyperglycémie est la teneur en glucose du sang supérieure à 1,2 g. L-1
Cette présence constante de glucose dans le sang est indispensable, parce qu’un certain
nombre de tissus, comme ceux du cerveau ou des reins, ne peuvent utiliser d’autres sources
d’énergie et ont, de ce fait, besoin d’un approvisionnement constant en ce métabolite.
Mais le glucose présent dans le milieu intérieur a comme source extérieure les produits de la
digestion des aliments, aliments qui ne sont absorbés qu’irrégulièrement. Ce besoin constant et cet
apport urrégulier ne sont conciliables que grâce à l’existence de mécanismes régulateurs.
B- Rôle du foie
Un animal ayant subi l’ablation du foie (hépatectomie) ne survit que quelques heures ;
auparavant il manifeste divers troubles (fig. 1). La perfusion d’une solution glucosée, pratiquée
lorsque l’animal est déjà en état de coma, permet un rétablissement spectaculaire ; en 30 secondes,
il sort du coma, le pouls et la respiration redeviennent normaux. Les troubles constatés
immédiatement après ablation du foie sont donc la conséquence d’une hypoglycémie (le coma étant
par exemple dû à l’hypoglycémie des cellules cérébrales).
Partant de l’observation que des animaux privés d’aliments glucidiques conservent malgré
tout une glycémie normale, Claude Bernard a recherché l’origine du glucose sanguin chez ces
animaux. Il a découvert grâce à des expériences (notamment l’expérience dite « du foie lavé » que
l’organe capable de pallier, en sécrétant du glucose, l’absence d’un apport alimentaire de cette
substance était le foie (fig. 2)..
Claude Bernard fit passer un courant d’eau par la veine porte et recueillit le liquide qui
s’écoulait par les veines sus-hépatiques d’un foie isolé. Il nota des traces de glucose dans le liquide
recueilli mais ces traces disparurent rapidement. Il s’agissait vraisemblablement du glucose
173
provenant du sang de tous les capillaires hépatiques. Ensuite, puisqu’il n’y a plus de sang ni de
glucose, le foie est « lavé ».
Un fragment de foie lavé jeté dans l’eau bouillante ne réduit pas la liqueur de Fehling ; donc,
il ne contient plus de glucose.
Claude Bernard abandonna le foie sans précautions particulières dans son laboratoire. Ayant
repris la même expérience le lendemain, il constata à nouveau la présence de glucose dans le liquide
de perfusion.
Cette fonction du foie qui consiste à produire du glucose et à le livrer dans la circulation
sanguine est la fonction glycogénique. Le glucose provient de l’hydrolyse d’une substance qui
représente sa forme de stockage, le glycogène. Le glycogène est lui-même synthétisé par
polymérisation de molécules de glucose apportées par les aliments, selon un processus inverse de
l’hydrolyse.
Une autre capacité remarquable du foie est de pouvoir synthétiser du glucose, au cours d’un
jeûne de longue durée, lorsque sa réserve de glycogène est épuisée. Dans ce cas, il y a hydrolyse des
réserves de graisses du tissu adipeux de l’organisme, puis du tissu musculaire (le sujet maigrit), et
libération dans le sang de glycérol, d’acides gras et d’acides aminés. Le foie utilise ces molécules
pour synthétiser du glucose qu’il libère dans le sang, maintenant ainsi la constance de la glycémie :
c’est la néoglucogenèse.
Au point de vue quantitatif, le stockage du glucose sous forme de glycogène
(glycogénogenèse) est limité à 400g (dont 100g dans le foie). L’excédent est converti en lipides
dans les cellules hépatiques et dans celles du tissu adipeux.
C- Rôle du pancréas
1- Organisation du pancréas
Le pancréas humain est un organe massif, rosé, pesant 60 à 100 grammes, situé au-dessous de
l’estomac, dans un repli du péritoine. Allongé transversalement, il présente une « tête » renflée
appliquée contre le duodénum et une « queue » effilée située au contact de la rate. De la « tête »
s’échappent deux canaux excréteurs.
- Le canal principal, ou canal de Wirsung, se déverse dans le duodénum au niveau de
la grande caroncule où aboutit également le canal cholédoque venu du foie (bile).
- Le canal accessoire, ou canal de Santorini, se déverse un peu plus haut, au niveau
de la petite caroncule. Le pancréas des rongeurs (Rat, souris, lapin…) est un organe
diffus, fait de lobes sécréteurs séparés. Chez le rat, il n’existe pas de canal excréteur
distinct ; les lobes pancréatiques se déversent dans le canal cholédoque qui, de ce fait
est un canal pancréatico-biliaire.
Si on examine au microscope plusieurs coupes fixées et colorées, l’une d’elles ayant été
traitée par la fuchsine paraldéhyde, on distingue, en dehors de la trame conjonctive peu abondante
mais bien vascularisée, les deux séries d’éléments sécréteurs :
- Les acini munis, de canaux.
- Les îlots de Langerhans, dépourvus de canaux.
174
Un acinus est un élément arrondi, formé de cellules volumineuses caractérisées par une
structure hétérogène. Chaque cellule présente, vers l’extérieur, un pôle sanguin par où pénètrent les
substances puisées dans le sang et, vers l’intérieur, un pôle excréteur par où sont rejetés les produits
élaborés. Ces produits, essentiellement des enzymes digestives, forment le suc pancréatique qui
s’écoule dans les canaux. La cavité des acini est parfois tapissée par des cellules spéciales, dites
centro-acineuses, dont le rôle est discuté. Les canaux issus des acini se rassemblent en donnant des
canaux collecteurs de plus en plus volumineux. L’ensemble formé par un canal collecteur et les
acini qui lui sont rattachés est un lobule pancréatique, séparé des lobules voisins par une cloison
conjonctive vascularisée.
Le pancréas acineux est donc une glande en grappes.
Les îlots de Langerhans ne forment que 2% de la masse du pancréas. Ce sont des plages plus
claires, faites de cellules plus petites, non orientées, disposées en travées irrégulières et
enchevêtrées. Leur vascularisation, faite de capillaires sinusoïdes, est très riche.
Des méthodes spéciales de coloration permettent de distinguer deux séries de cellules, dites α
et β, réparties de façon apparemment quelconque. Dans une coupe traitée par la fuchsine
paraldéhyde, réactif de l’insuline, les cellules β sont colorées en rouge veiné alors que les cellules α
sont à peine teintées de rose.
Les cellules insulaires élaborent des hormones et les déversent dans le sang.
Alors que le pancréas acineux est une glande à sécrétion externe, ou glande exocrine, le
pancréas insulaire est une glande à sécrétion interne, ou glande endocrine. Le pancréas est donc un
organe double : c’est une glande mixte.
En 1889, Minkowski constate que l’ablation totale du pancréas (pancréatectomie) chez le
chien produit, outre des troubles digestifs graves, les symptômes du diabète (augmentation de la
glycémie et de la diurèse, apparition de la glycosurie). Le chien a toujours soif ; il mange beaucoup
et pourtant il maigrit rapidement, s’affaiblit et meurt en moins d’un mois.
Conclusion : la présence du pancréas semble avoir une influence sur la glycémie.
Sur un animal pancréatectomisé, on fait disparaître l’hyperglycémie en greffant un morceau
de son propre pancréas n’importe où sous la peau. Puisque les liens anatomiques d’origine
n’existent plus, on peut considérer que la seule possibilité de relation entre pancréas et organisme
est la voie sanguine.
Si l’on ajoute à un chien pancréatectomisé un broyat filtré de pancréas (qu’on appelle extraits
pancréatiques), on fait disparaître les symptômes du diabète.
Donc, le pancréas agit par l’intermédiaire d’une substance chimique qu’il sécrète.
Cette substance, véhiculée par le sang, agit sur le fonctionnement de différents organes (par
exemple le rein, dont elle diminue la diurèse). C’est une hormone.
2- Hormones pancréatiques
L’insuline est la seule hormone hypoglycémiante. C’est un polypeptide de 51 acides aminés,
élaboré par les cellules β des îlots de Langerhans. La biosynthèse de l’insuline met en jeu les
mécanismes habituels de la synthèse des protéines.
L’insuline est l’hormone de « l’utilisation » du glucose :
- dans les cellules capables de stocker le glucose, elle favorise la formation du glycogène
(cellules hépatiques et musculaires) ou de graisses (tissu adipeux).
L’opération qui permet le stockage du glucose en glycogène est la glycogénogenèse.
- dans la majorité des cellules (cellules nerveuses, cellules du tube digestif et des reins
font exception), elle active la pénétration du glucose.
- dans les cellules utilisatrices du glucose, elle favorise la glycolyse (première étape
des oxydations respiratoires) et donc la consommation du glucose.
Les cellules cibles de l’insuline possèdent des récepteurs membranaires spécifiques sur
lesquels se fixe l’hormone. La réaction cellulaire est déjà programmée et se traduit selon les cas par
une activation ou une inhibition des enzymes responsables des réactions chimiques induites par
l’effet hormonal.
175
Plusieurs hormones ayant des effets hyperglycémiants sont sécrétées en cas de « besoin de
glucose ». De nature chimique variée, elles ont des actions diversifiées et ne peuvent être
considérées comme équivalentes.
L’hormone pancréatique hyperglycémiante est le glucagon. C’est une hormone peptidique
sécrétée par les cellules α des îlots de Langerhans. Antagoniste de l’insuline, le glucagon agit
essentiellement sur le foie où il provoque la glycogénolyse (dégradation du glycogène en glucose)
et favorise la néoglucogenèse.
D- Diabète
Le diabète, terme ancien de médecine, désigne une maladie qui s’accompagne d’une
élimination importante d’urine (polyurie) et d’une soif intense. On distingue plusieurs diabètes dont
les causes sont différentes. Employé seul, le terme de diabète fait référence au diabète sucré.
- Le diabète de type 1, insulinodépendant (DID), aussi appelé diabète "maigre" car l’un des
premiers symptômes est l’amaigrissement, ou "juvénile" parce qu’il touche des sujets jeunes.
Le symptôme le plus apparent est un trouble de l’élimination urinaire : l’urine est
excessivement abondante et contient du glucose. De plus le malade éprouve une soif intense
provoquée par la perte d’eau dans les urines, et subit un amaigrissement progressif. Ces
symptômes sont connus depuis longtemps. Mais ce n’est que depuis le début du siècle dernier qu’on
les attribue à une hyperglycémie c’est-à-dire à un taux sanguin de glucose excessif. Normalement,
l’urine ne contient pas de glucose ; celui-ci apparaît dès que la glycémie s’élève au-dessus d’une
valeur seuil de 1,8g.L-1 environ. Comme les diabétiques ont généralement une glycémie supérieure
au seuil, une partie du glucose sanguin passe dans l’urine (glycosurie).
Il compte pour environ 10 % des cas et il est traité obligatoirement par l’insuline.
- Le diabète de type 2, non insulinodépendant (DNID), aussi décrit sous le nom de diabète
"gras" ou diabète de la maturité, puisqu’il survient souvent autour de la cinquantaine chez des
personnes en surpoids. Il compte pour environ 90 % des cas et il est traité par régime, plus
médicaments pris par voie orale si nécessaire, et éventuellement insuline, après quelques années
d’évolution.
- Le diabète gestationnel : Il s'agit d'une maladie que les femmes peuvent contracter au cours
du 2ème trimestre de leur grossesse (environ 4 % des femmes enceintes). Contrairement aux diabètes
de type 1 et 2, le diabète gestationnel disparaît après la naissance du bébé.
Lorsqu'une femme souffre de diabète gestationnel au cours de sa grossesse, elle est plus susceptible
d'en souffrir à nouveau lors de sa prochaine grossesse et elle est exposée à un risque plus élevé de
développer un diabète de type 2 par la suite. Plus une femme est enceinte à un âge avancé, plus le
risque de développer un diabète gestationnel au cours de sa grossesse est élevé.
E- Régulation
Dans les conditions habituelles, la glycémie est maintenue à une valeur moyenne par le jeu
des hormones pancréatiques : insuline et glucagon. Toute variation de l’une d’entre elles est
automatiquement corrigée par une variation de la sécrétion de l’hormone antagoniste ; il y a
autorégulation par rétroaction négative.
Le système réglant est relativement simple :
- les cellules détectant les écarts sont aussi celles qui commandent la réponse effectrice
(les cellules α et β du pancréas sont à la fois des glucorécepteurs et des cellules
endocrines) ;
- les organes effecteurs sont le foie, les muscles et le tissu adipeux.
Le système nerveux possède aussi des glucorécepteurs localisés au niveau de l’hypothalamus.
Il intervient surtout dans des circonstances particulières (émotion, stress, baisse brutale de la
glycémie). Dans ces conditions, l’adrénaline apparaît comme l’hormone d’urgence tandis que le
cortisol dont l’action est lente et durable, est l’hormone compensatrice (économisant le glucose
tout en restaurant ses réserves par la néoglucogenèse). Le système nerveux assure donc plutôt une
adaptation qu’une régulation.
176
L’exemple de la glycémie montre une régulation où le système hormonal intervient de façon
prépondérante ; il souligne l’importance de la communication hormonale dans l’organisme.
Sur un mammifère dissequé, on remarque deux petits lobes rosâtres, situés un peu au-dessous
du larynx et enserrant la trachée artère, ce sont les deux lobes de la thyroïde (du grec thyros : petit
bouclier).
Chez l’homme, la thyroïde est constituée également de deux lobes reliés par un isthme duquel
s’élève parfois un prolongement effilé dit Pyramide de Lalouette. Elle est située à la base du cou, en
avant de la trachée artère entre le cartillage thyroïdien et le 5 è ou 6è anneau trachéal.
Son poids oscillle entre 20 et 40 grammes en fonction du régime alimentaire, des saisons et
des étapes de la vie génitale en particulier chez la femme. Sa vascularisation est considérable : elle
reçoit deux artères par lobe ; cinq groupes de veines forment un abondant plexus à sa surface. Sur la
face postérieure de la thyroïde, sont situées deux paires de très petites glandes, les parathyroïdes
qui sont restées longtemps inaperçues.
L’aspect des follicules n’est pas toujours le même. Au cours d’une activité sécrétoire intense,
la quantité de colloïde qu’ils contiennent est peu abondante et les cellules épithéliales de la paroi
sont hautes et cubiques.
177
En phase de stockage passif, les follicules sont dilatés par une colloïde abondante, les cellules
épithéliales sont aplaties contre la membrane basale.
Cependant les troubles les plus graves sont : chez l’adulte, surtout de sexe féminin :
- une baisse de 30 à 40% du métabolisme basal avec diminution de la production de
chaleur. La température du corps est au-dessous de la normale et le malade devient très
frileux (résistant mal au froid).
- des troubles nerveux se manifestant par une apathie et un ralentissement des réflexes.
Chez l’enfant :
- un ralentissement très marqué de la croissance. La taille du sujet ne dépasse pas un
mètre à l’âge adulte, son corps est disproportionné avec une grosse tête, un tronc et des
membres courts. En outre, le développement dentaire est tardif et les dents sont fragiles
et mal formées.
- un arrêt du développement intellectuel ; les enfants atteints présentent un retard mental
jusqu’à l’idiotie.
178
- des troubles génitaux graves ; l’évolution des organes génitaux ne se produit pas à la
puberté et les caractères sexuels secondaires n’apparaissent pas.
Dans le myxoedème, la glande thyroïde apparaît très réduite de volume, formée de rares
follicules résiduels avec épithélium aplati, noyé dans un abondant tissu conjonctif fibreux.
Le myxoedème est donc lié à une insuffisance thyroïdienne ou hypothyroïdie.
2- Le goitre
Le goitre thyroïdien est une maladie qui se manifeste par l’hypertrophie de la thyroïde qui fait
saillie dans la région du cou.
Le goitre simple est une forme de myxoedème qui s’accompagne de l’hypertrophie, parfois
exagérée de la thyroïde. Une coupe de la glande révèle l’existence de follicules bourrés de colloïde
mais inactifs.
Le goitre exophtalmique ou maladie de Basedow s’accompagne d’une hypertrophie
généralement plus modérée de la glande thyroïde. Il se caractérise par :
- une saillie prononcée des globes oculaires ou exophtalmie ; le regard vif et brillant
donne au malade un « faciès tragique » ;
- une nervosité exagérée : tremblement, irritabilité…
- d’autres troubles moins apparents : métabolisme basal élevé, hyperthermie,
tachycardie…
L’examen histologique montre des follicules petits mais nombreux et en pleine activité
sécrétoire (épithélium cubique des follicules, vacuoles de résorption nombreuses…).
A l’inverse du goitre simple et du myxoedème, le goitre exophtalmique est le signe d’une
activité exagérée de la thyroïde ou hyperthyroïdie.
Gudernatsch (1912) nourrissait des têtards de grenouille avec divers fragments d’organes de
mammifères. Il nota que lorsque l’alimentation comportait des morceaux de thyroïde les têtards
subissaient une métamorphose anticipée conduisant à des grenouilles naines. La greffe d’une
thyroïde sur les têtards a le même effet.
A l’inverse, des têtards chez qui on a enlevé la thyroïde (expérience de thyroïdectomie
d’Allen en 1916) ne se métamorphosent pas. Cependant la croissance se poursuit et l’on obtient des
têtards géants. La thyroïde contient donc des substances agissant sur la formation des organes.
La thyroïdectomie entraîne les mêmes symptômes que ceux du myxoedème chez l’homme.
La greffe d’une thyroïde sur un animal privé expérimentalement de cet organe abolit les
troubles dus à la thyroïdectomie, à condition qu’il y ait des connections vasculaires.
La thyroïde agit donc à distance sur les autres organes. Etant démunie de canal excréteur, son
seul lien avec le reste du corps est le circuit sanguin. Agit-elle par voie hormonale ?
179
L’énervation complète de la thyroïde ne modifie pas son action : elle n’agit donc pas par voie
nerveuse. L’injection par voie sanguine d’une faible dose d’extraits thyroïdiens (0,3 mg) chez
l’animal :
- corrige les troubles dus à l’ablation ;
- augmente le métabolisme et le rythme cardiaque, accélère les réflexes et perturbe
l’activité nerveuse chez l’animal normal.
La thyroïde est une glande endocrine. Son hypoactivité entraîne le myxoedème (comme
son ablation), son hyperactivité la maladie de Basedow. La captation de l’iode par cette glande est
indispensable pour la formation des hormones thyroïdiennes.
- La sécrétion de la colloïde : Les cellules thyroïdiennes captent les iodures sanguins puis
concentrent l’iode qui se combine avec une protéine. Cette thyréoglobuline iodée est ensuite
déversée sous forme de colloïde dans le follicule. Elle représente la forme de réserve des hormones
iodées.
- L’excrétion des hormones : Par phagocytose, la cellule thyroïdienne capte des gouttelettes
de colloïde. Elle les transforme en molécules plus simples de T3 ou T4 qui sont déversées dans le
sang.
La calcitonine, est une hormone thyroïdienne qui intervient dans la régulation de la calcémie.
NB: Les parathyroïde secrète une hormone (PTH) qui intervient aussi dans la régulation de la
calcémie
180
Exercices
Exercice 1
I - l’ablation du pancréas chez un chien entraîne des troubles graves parmi lesquels les
symptômes du diabète pancréatique : modification de la teneur en glucose du sang et de l’urine,
faim insatiable, amaigrissement considérable. La survie après l’opération dure environ un mois. Le
tableau ci-dessous indique les valeurs de la teneur du sang en glucose (glycémie) et de la teneur de
l’urine en glucose (glycosurie), chez un chien quelques heures avant et après l’ablation du pancréas.
Les mesures ont été réalisées toutes les heures :
Ablation du pancréas
Glycémie
(Glucose en g/l) 1 1 1 1,2 1,5 1,8 2,4 2,8 3,0 3,2 3,2 3,3 3,4
Glycosurie
(Glucose en g/l) 0 0 0 0 0 0,5 5,0 15 45 56 64 67 68
Représenter sur un même graphique ces résultats en indiquant en abscisses le temps en heures
et en ordonnées la teneur en glucose (on prendra 1 cm = 1g/l pour la glycémie et 10g/l pour la
glycosurie). Quels renseignements ces deux courbes vous permettent-elles de dégager concernant la
teneur en glucose du sang et de l’urine chez l’animal normal ? Quelle est la conséquence de
l’ablation du pancréas ?
181
Première expérience : on dose chez un
chien la teneur du foie en glycogène avant et
après l’ablation du pancréas. Puis on réalise chez
ce chien des injections répétées de la substance
active et on continue de doser le glycogène du
foie. Les résultats de ces dosages sont indiqués
par le graphique de la figure 3.
Deuxième expérience : On injecte la
substance active à un chien normal ; on constate
d’une part une diminution de la glycémie et
d’autre part une augmentation de la respiration
cellulaire. Analyser successivement ces deux
expériences. Quels renseignements nous
fournissent-elles sur le rôle joué par la substance active de l’organisme ?
Exercice 2
182
Les graphes des documents 3 et 4 indiquent avant et après l’injection d’insuline :
- la glycémie dans l’artère hépatique et les veines sus-hépatiques,
- le bilan hépatique du glucose.
Le bilan hépatique est positif s’il sort plus de glucose qu’il en est entré, négatif dans le cas
inverse.
a- Avant l’injection d’insuline, chez le chien normal et le chien diabétique, tous deux à
jeun, le foie produit-il ou stocke-t-il du glucose ?
Argumentez votre réponse.
b- A partir de l’analyse des parties des graphes concernés, déterminez avec précision
l’effet de l’injection de l’insuline sur le bilan hépatique du glucose chez le chien
normal et le chien diabétique.
c- En conclusion, déduisez l’action de l’insuline sur le métabolisme du glucose dans la
cellule-cible hépatique.
Exercice 3
Après ablation du pancréas chez un chien à
jeun, on mesure la glycémie, la glycosurie et, par
biopsie, le taux de glycogène hépatique. Les
résultats sont portés sur un même graphique.
1- Analysez chacun des trois graphes.
2- Comment interprétez-vous
l’augmentation de la glycémie
consécutive à l’ablation du pancréas ?
3- Comment expliquez-vous l’apparition
de la glycosurie seulement trois heures
après l’ablation du pancréas ?
4- Résumez l’ensemble des corrélations
que l’on peut établir entre les trois
graphes.
5- En quoi le rein participe-t-il à la régulation de la glycémie ?
183
Exercice 4
184
a- Le réflexe achilléen est un test d’exploration clinique montrant l’activité des masses
musculaires constituant le mollet sous l’effet de percussions répétées du tendon
d’Achille.
La figure 3a est le réflexogramme enregistré sur un individu hypothyroïdien, l’autre, b,
est l’enregistrement normal.
b- L’administration par voie buccale d’une dose unique d’extraits thyroïdiens provoque les
variations du métabolisme de base représentées par la figure 4.
c- L’ablation de la thyroïde entraîne une baisse de la température centrale de 3 à 4 °C.
D’après toutes ces données, que vous analyserez soigneusement, déduisez le rôle joué par la
thyroïde dans l’organisme.
2- Sur des rats, on réalise les expériences suivantes :
a- des rats âgés de 26 à 28 jours ont été hypophysectomisés. Un an après, ils sont
répartis en trois lots :
- lot 1 (lot témoin): ils ne subissent aucun traitement.
- lot 2 : ils reçoivent une injection de somatotropine (extrait antéhypophysaire).
- lot 3 : on leur administre par voie intraveineuse de la somatotropine et de la
thyroxine (extrait thyroïdien). Les résultats de cette expérience sont représentés
par la figure 5.
b - La figure 6 montre les répercussions de l’ablation de l’hypophyse sur le poids de la
thyroïde du rat.
Exercice 5
1. Le réflexogramme achilléen est l’étude de la
durée de la contraction musculaire après percussion du
tendon d’Achille. Elle est réalisée par l’enregistrement
des déplacements du talon après percussion grâce à un
dispositif analogue à un appareil de cardiographie. On
mesure le temps écoulé entre le moment de la percussion
et le temps de 1/2 déconcentration.
a - Sur les deux enregistrements B et C, quelle
est la durée du réflexe achilléen ?
b- À quel cas pathologique (maladie de
Basedow ou myxoedème) rapportez-vous les
enregistrements B et C ? Justifiez votre
réponse.
185
b- Sous forme schématique réaliser une coupe de follicule thyroïdien se rapportant au
cas C.
2. A- Un sujet normal dont le taux d’hormones
iodées plasmatiques est de 50µg / l, de TSH
de 8 mµg/l, ingère par voie buccale de l’iode
radioactif 131I. La fixation thyroïdienne de
l’iode est mesurée au bout de 2h-6h-12h et
24h. Elle s’exprime en % de l’iode ingéré
(courbe 1 du graphe A et B).
a- Quelques temps après, on donne pendant
6 jours à ce sujet des comprimés de tri-
iodothyroxine (T3) à la dose de
100µg/jour, puis le 6e jour 131I. La
fixation thyroïdienne est représentée par
la courbe 2 du graphique A. La TSH
plasmatique est de 1µg/l.
b- 30 jours après, on injecte à ce même sujet
100 unités de thyréostimuline (TSH)
pendant 5 jours par voie intramusculaire
puis le 5e jour par voie buccale 131I. La
fixation thyroïdienne est représentée par
la courbe 3 du graphique B.
c- 30 jours après ce même sujet absorbe 131I
par voie buccale puis 6h après un
comprimé de 2g de thiocyanate de
potassium (KSCN). La fixation thyroïdienne est représentée par le graphique C. Le taux
plasmatique de T3-T4 est alors de 10µg/l, le taux de TSH de 100mµg/l.
1- Commentez et analysez les graphiques A-B-C.
2- Schématisez une coupe microscopique de thyroïde avec un follicule après
administration de TSH (légende complète).
3- Résumez sur un schéma de synthèse les différentes structures intervenant dans la
régulation de l’activité thyroïdienne.
4- Dans quel cas de myxoedème ou de maladie de Basedow, administrer
a- de la T3 ?
b- du thiocyanate de potassium ?
B- Sur un autre sujet malade le test de
fixation de l’iode radioactif donne les résultats
consignés dans le graphique D.
a- Que conclure de l’étude de ce
graphique ?
b- Peut-on affirmer que la maladie
est due à une sécrétion accrue de
TSH ?
c- Citer quelques symptômes
présentés par ce malade.
186
CHAPITRE V : LES DEFENSES DE L’ORGANISME: LE
SYSTEME IMMUNITAIRE
Introduction
Notre environnement est peuplé de nombreux organismes étrangers dont la plupart est
souvent pathogène et malgré ceci, les atteintes sont rares et éphémères. Il importe de préciser que
certaines maladies n’affectent l’organisme qu’une seule fois dans sa vie. Ceci revient au fait que
l’organisme, après avoir vaincu l’agent pathogène lors de la première infection, devient immunisé.
Ainsi le corps possède des moyens de défense constitués d’organes et de cellules formant dans leur
ensemble le système immunitaire.
Compte tenu de la diversité et de la propagation des maladies immunitaires dans ces derniers
temps, l’importance accordée à l’immunologie ne cesse de croître.
I – Définition de l’immunologie
C’est la science qui étudie la nature et le mode de fonctionnement des mécanismes
génétiques, moléculaires et cellulaires qui se déroulent dans l’organisme lors d’une invasion de la
part d’agents étrangers.
2- Réactions inflammatoires
Lorsque les barrières naturelles sus-nommées ne parviennent pas à empêcher l’infiltration de
certains corps étrangers, la défense non spécifique fait appel à d’autres moyens capables
d’intervenir dont la réaction inflammatoire. Celle-ci est un ensemble de réactions locales,
vasculaires et cellulaires qui se déroulent normalement suite à la pénétration d’un corps étranger à
travers les barrières muco-cutanées. Lorsqu’un corps étranger s’infiltre à travers une plaie, certaines
cellules sécrètent diverses substances appelées médiateurs de l’inflammation dont certains sont
libérés par les cellules de la peau appelées mastocytes ; d’autres par les polynucléaires. L’histamine
constitue le principal médiateur de l’inflammation. La libération de ces médiateurs provoque
localement des rougeurs, des gonflements, des douleurs et une sensation de chaleur à cause de la
dilatation des capillaires sanguins (vasodilatation) qui facilite la diffusion d’une faible quantité du
plasma et quelques granulocytes (polynucléaires) attirés en grand nombre vers les zones d’infection.
La réaction inflammatoire est donc un phénomène important pour l’organisme car elle stimule la
régénérescence des tissus altérés et oriente les éléments actifs du système immunitaire vers les
zones d’infection.
3- Phagocytose
C’est la capacité qu’ont certaines cellules, les phagocytes, à identifier un corps étranger,
l’entourer par des pseudopodes puis l’ingérer et le digérer, grâce aux lysozymes (enzymes)
187
permettant ainsi sa dissolution et sa lyse. Parmi les phagocytes qui se rencontrent partout dans
l’organisme, les plus connus sont :
- les macrophages : ce sont des cellules phagocytaires qui proviennent des monocytes et
qui peuvent vivre plusieurs mois. Ces cellules se répandent essentiellement dans la
peau, les poumons, les ganglions lymphatiques, la rate, le foie et le rein. Elles peuvent
non seulement phagocyter les corps étrangers mais aussi les cellules infectées ou
mortes. En outre, ces cellules phagocytaires sécrètent des substances chimiques qui
entraînent l’intervention d’autres moyens de défense.
- les monocytes : ils jouent les mêmes rôles que les macrophages mais n’agissent que
dans le sang.
Remarque 1 : Si les cellules phagocytaires n’arrivent pas à éliminer le microbe, celui-ci demeure
vivant et peut même se reproduire plus tard (guérison apparente) ou se multiplier
entraînant la mort de la cellule et la poursuite de l’infection.
Remarque 2 : Si la taille de l’agresseur est telle que sa phagocytose est impossible, sa destruction
sera assurée par des enzymes sécrétées par les macrophages actifs et les lymphocytes
du thymus connus sous le nom de NK (Natural Killer) en dehors de la cellule
phagocytaire.
4- Facteurs humoraux
Ils comportent :
a- Le système du complément :
il s’agit d’un système enzymatique
complexe formé d’environ 20 protéines
plasmatiques synthétisées dans différents
tissus (épithélium intestinal, foie, rate.) et
constituent une partie importante des
globulines plasmatiques, présentes
normalement en absence de toute infection,
dans le plasma.
Pour que les protéines du complément
(considérées comme précurseurs
enzymatiques) puissent agir ; il faut qu’elles
soient activées. Cette activation est induite par
plusieurs facteurs. Le complément intervient à
différents niveaux :
- détruit les cellules par
l’intermédiaire du complexe
lytique qui se forme lors de
l’activation du complément et
dont une partie se fixe sur la
188
cellule-cible puis s’y ajoutent d’autres parties du même complément formant ainsi un
complexe capable de percer la paroi de la cellule qui éclate suite à une entrée massive
d’eau (complexe d'attaque membranaire).
- facilite la phagocytose en se fixant sur les cellules étrangères où il sera reconnu par des
récepteurs membranaires situés sur les phagocytes ; ce qui permet l’adhésion entre le
phagocyte et la cellule-cible. Cette opération est dénommée opsonisation, car cette
partie du complément est appelée opsonine.
- aggrave l’inflammation.
- attire les leucocytes vers le lieu de l’infection
b- Interférons
Lorsqu’une cellule est infectée par un virus, elle sécrète des protéines appelées interférons (ou
interleukines ou cytokines) qui se fixent sur les récepteurs membranaires des cellules voisines les
incitant à produire des protéines plasmatiques antivirales.
B- Immunité spécifique
Au cas où les moyens de défense non spécifiques seraient incapables d’enrayer l’attaque de
l’agresseur, l’organisme fait recours à d’autres moyens plus lents mais mieux dirigés contre le corps
étranger : il s’agit des moyens de défense spécifiques, constitués essentiellement de cellules
appelées lymphocytes présentes dans le sang et la lymphe. Ce type d’immunité est transmissible
d’un individu à l’autre.
1- Notions préliminaires :
a- Soi et non soi :
189
- Antigène : N’importe quelle substance ou structure cellulaire capable de provoquer une
réaction immunitaire spécifique dans un organisme qui lui soit étrangère. Les antigènes peuvent se
trouver sous forme particulaire (bactéries, virus…), ou soluble (toxines des microbes). Chaque
antigène possède un ou plusieurs déterminant(s) antigénique(s) (épitope) (s) responsable(s) du
déclenchement des réactions immunitaires spécifiques.
190
- lymphocytes : ce sont de petits leucocytes à noyau volumineux et arrondi, responsables
des réactions immunitaires spécifiques. Parmi ces lymphocytes, certains se caractérisent
par une longue longévité constituant une mémoire immunitaire. On distingue deux
sortes de lymphocytes :
* lymphocytes B (LB) : ils
acquièrent leur
immunocompétence
(maturité : acquisition des
récepteurs membranaires
appelés BCR), au niveau
de la moelle rouge où ils
prennent naissance. Ils se
différencient en LB
mémoires (LBm) et en
plasmocytes sécréteurs
d’anticorps.
* lymphocytes T (LT) : ils
quittent la moelle osseuse
où ils naissent immatures
pour rejoindre le thymus
où ils acquièrent leur
immunocompétence
(présence de TCR
membranaires)et se
différencient en deux
sortes :
+ LT4 : appelés encore LTa ou
LTh, ils portent sur leur membrane
des marqueurs protéiques appelés
CD4 et se différencient plus tard
après activation par les
interleukines 1 (IL1) produites par
les macrophages en LT4 mémoires et LT4
sécréteurs d’interleukines 2 (IL2).
+ LT8 : ils portent sur leur membrane des
marqueurs protéiques CD8 et se différencient en
LTc (cytotoxiques), appelés aussi LTk (killer),
LTm (mémoires).
On distingue deux sortes d’organes
lymphoïdes :
- Organes primaires : où naissent et mûrissent
les cellules immunitaires. Il s’agit de la
moelle rouge des os et du thymus.
- Organes secondaires : constituent un lieu de
regroupement des cellules immunitaires et
de rencontre avec les antigènes véhiculés par
le sang vers la rate et la lymphe vers les
ganglions lymphatiques. En plus de la rate et
des ganglions lymphatiques, il existe
d’autres organes lymphoïdes secondaires
tels les amygdales, le canal thoracique…
2- Déclenchement de la réaction immunitaire
191
La phagocytose est à l’origine du
déclenchement d’une réponse
immunitaire spécifique au niveau des
organes lymphoïdes secondaires où la
rencontre des macrophages et des
antigènes suscite les mécanismes
immunitaires spécifiques. L’antigène
phagocyté par le macrophage est détruit
à l’exception de son déterminant
antigénique (épitope). Ce dernier sera
associé à une molécule du CMH
formant un complexe qui sera présenté à
la surface des macrophages aux
lymphocytes voisins (phase de
présentation) pour le reconnaître grâce à
leurs récepteurs spécifiques T : c’est la
double reconnaissance. Signalons que
les LB sont capables de reconnaître un
antigène isolé (non associé au CMH)
grâce à des récepteurs spécifiques
semblables aux anticorps contrairement
aux LT4 qui n’identifient que des
épitopes associés aux molécules du
HLAII. Cependant, les LT8 ne
reconnaissent que des épitopes associés
aux molécules du HLAI.
* Expérience 2 : On
peut protéger
immédiatement et
momentanément un animal
contre la toxine tétanique en
lui injectant le sérum d’un
animal de même espèce
préalablement immunisé.
La protection est due à une substance circulant dans les « humeurs » de l’animal, c’est-à-dire
le milieu intérieur et qui s’est formée après injection d’anatoxine.
192
L’anatoxine tétanique a entraîné une réponse immunitaire à médiation humorale (RIMH).
- Les anticorps :
Ce sont des immunoglobulines (Ig) en forme de Y formées de quatre chaînes polypeptidiques
semblables deux à deux (deux chaînes légères et deux lourdes).
Chaque anticorps présente 3
zones distinctes :
* deux zones identiques
variant d’un anticorps à
un autre et constituant la
partie variable. Elles
renferment le site de
fixation de l’antigène.
* une zone stable qui
différencie les diverses
classes. Elle renferme
deux sites principaux :
+ un site qui active le
complément.
+ un site fonctionnel qui se
fixe sur des récepteurs spécifiques
portés par les membranes des
différentes cellules notamment les
macrophages et les lymphocytes.
193
* IgE : se fixe sur les membranes des polynucléaires et des mastocytes, joue un rôle dans
l’allergie.
* IgD : se trouve en grand nombre sur les membranes de LB circulants.
- Mécanismes :
Les LB activés par un contact direct avec l’antigène ou après présentation de celui-ci par une
cellule spécialisée, se multiplient. Les LB peuvent se comporter comme les macrophages vis-à-vis
des LT4 et leur présenter un antigène. Après avoir phagocyté un antigène, les LB le détruisent en
épargnant son épitope qui sera associé à une molécule du CMH II et présentés à la surface pour être
reconnus par LT4 par l’intermédiaire de son récepteur spécifique. Ainsi, les LT 4 s’activent et
sécrètent l’interleukine 2 qui, à son tour, active les LB les récepteurs à IL sont activés par la fixation
de l'épitope sur les récepteurs. Ces derniers entrent en mitoses successives puis se différencient en :
La réponse immunitaire à un premier contact avec l’antigène est lente et de faible ampleur :
c’est la réaction primaire. Le deuxième contact avec le même antigène entraîne une réponse rapide
et excessive appelée réponse secondaire.
194
b-Réponse immunitaire à médiation cellulaire
- Exemple de protection : BCG
* Expérience 1 : Un
animal immunisé par le
BCG (Bacille Calmette-
Guerin) survit à une
injection de Bacille de
Koch (BK) normalement
mortelle.
* Expérience 2 :
L’injection du sérum d’un
animal immunisé par le BCG
n’entraîne pas la protection
d’un autre contre le BK et
par conséquent, l’agent
responsable de
l’immunisation ne se trouve
pas dans le sérum.
Cependant, le transfert
de lymphocytes vivants d’un animal immunisé par le BCG à un autre animal permet l’immunisation
de ce dernier. On en déduit que les lymphocytes transférés sont les agents de cette protection car ils
ont acquis le pouvoir de reconnaître le BK grâce à leur contact avec le BCG.
Cet exemple de protection illustre une autre forme de réponse appelée réponse immunitaire à
médiation cellulaire (RIMC).
195
- Mécanisme
Les LT c détruisent les cellules
étrangères, les cellules cancéreuses et
les cellules infectées. Grâce à leurs
récepteurs, les LTc se fixent sur les
cellules-cibles qui présentent sur leur
membrane un épitope associé à une
molécule de HLAI déclenchant ainsi
l’opération de destruction par la
sécrétion d’une substance appelée
perforine dans l’espace intercellulaire.
A- Allergies
Une allergie est une réaction excessive et violente de l’organisme (hypersensibilité) à des
antigènes normalement tolérés appelés allergènes.
196
Elle comprend deux phases :
- phase de sensibilisation : elle correspond à la phase de stimulation par l’allergène.
- phase de déclenchement : au cours de laquelle, une réponse immune se déclenche lors
d’un nouveau contact avec le même antigène.
On distingue deux sortes d’hypersensibilité :
1- Hypersensibilité immédiate :
La réponse survient immédiatement quelques minutes après le contact avec l’allergène. Elle
est due à la libération de médiateurs de l’inflammation à l’origine des gonflements (œdèmes), des
rougeurs (urticaires), de la sécrétion de mucus et de la contraction de muscles lisses (asthme)…
Chez des sujets prédisposés, l’activation de certains LB et la production d’anticorps IgE dans
le milieu intérieur résultent d’un premier contact avec l’allergène. Ces anticorps se fixent sur les
granulocytes d’où sensibilisation. Lors d’un second contact avec le même allergène, celui-ci se fixe
sur les anticorps déjà associés aux granulocytes ou aux mastocytes formant ainsi un pont entre deux
IgE. Cette fixation induit la libération de l’histamine par les granulocytes et mastocytes
responsables des réactions allergiques. Ce genre de réactions relève de la réponse immunitaire à
médiation humorale. L’asthme illustre ce type de réaction.
Les allergènes les plus fréquemment cités sont : les poussières, le pollen, certains
médicaments, piqûres d’insectes, …
2- Hypersensibilité retardée
Ce type de réactions apparaît 24 à 48 heures après un premier contact avec l’allergène et ne se
transmet pas par le sérum. Cette allergie résulte d’un contact entre l’allergène et les LT m nés lors du
premier contact (sensibilisant) avec le même allergène. Ainsi, les LT, se multiplient libérant une
grande quantité d’interleukines qui attirent de nombreuses cellules, à l’origine de la réaction
inflammatoire locale. Ce type d’allergènes relève de la réponse immunitaire à médiation cellulaire.
Cette forme d’allergie est illustrée par les eczémas (maladies de la peau). Parmi ces allergènes, on
cite le nickel, le caoutchouc, certains produits cosmétiques…
B- Les maladies auto-immunes
Il s’agit de troubles dus à une agressivité du système immunitaire vis-à-vis de l’organisme
d’où rupture de la tolérance du soi.
Leurs mécanismes sont mal connus. Très diverses, les maladies auto-immunes font intervenir
des réponses à médiation humorale et/ou à médiation cellulaire.
Il semble qu’un terrain héréditaire favorable et un dérèglement des régulations immunitaires
par des causes variées en sont responsables.
Le tableau ci-dessous regroupe quelques exemples de ces malades.
tueuses, auto-anticorps
- lupus érythémateux peau - auto-anticorps se liant au noyau des cellules
disséminé épidermiques
197
C- Déficits immunitaires
Ils constituent l’une des causes du dérèglement du système immunitaire.
On en distingue deux sortes :
1- Déficits immunitaires primitifs (congénitaux) :
Ils concernent la RIMH ou la RIMC et apparaissent chez le nouveau-né de plus de 6 mois
après cessation de la protection qu’assuraient les anticorps maternels. Ce type de déficits se
manifeste par une baisse du nombre des LB et des plasmocytes ou par leur absence d’où absence ou
baisse du taux d’anticorps. Il peut, en outre, se manifester par une absence ou déficience du thymus
et des lignées T.
2- Déficits immunitaires secondaires (acquis) :
Ils sont plus répandus que la forme précédente et apparaissent chez les différents âges. Leurs
causes sont diverses : malnutrition (carence protéique du kwashiorkor), insuffisances rénales,
maladies virales (rougeole, SIDA…), parasitoses (paludisme), certains médicaments,
vieillissement…
Exemple : SIDA (Syndrome d’Immuno-
déficience Acquise) :
198
IV- Les aides à la réponse immunitaire
L’acquisition de l’immunité est réalisée de trois manières :
- directement, à l’occasion d’une maladie infectieuse (maladie immunisante) ;
- par vaccination : immunité acquise active ;
- sérothérapie : immunité acquise passive.
A- Vaccination
Le but de cette technique est de faire fabriquer des anticorps par le sujet vacciné. L’immunité
est lente à apparaître mais elle est durable car il se forme des cellules à mémoire permettant une
réponse secondaire importante et rapide. L’intérêt est préventif.
Les cellules mémoires vivent au maximum 10 ans. Si aucun contact avec l’agent qu’elles
reconnaissent n’a eu lieu, cette mémoire disparaîtra avec la mort des cellules. Cela explique
pourquoi il est important de renouveler ses vaccins. Les germes en cause étant rare, la mémoire
immunitaire peut disparaître faute de stimulation.
Cette caractéristique explique aussi les maladies infantiles, que l’on attrape qu’enfants. Les
germes en cause sont assez courants. On tombe donc généralement malade assez jeunes. La
mémoire immunitaire se met en place. Comme le germe est fréquent, l’antigène pénètre souvent
dans notre corps. Grâce à la mémoire immunitaire, celui-ci est détruit sans que l’on s’en aperçoive.
Il permet alors le renouvellement des cellules mémoires.
Le développement des techniques de génie génétique ouvre de nouvelles possibilités.
Il s'agit d'inactiver précisément, ou d'éliminer, -quand ils sont connus- les gènes responsables
de leur pouvoir pathogène ou gènes de virulence. Les bactéries ou virus ainsi atténués ne sont
finalement pas très différents des vaccins vivants classiquement atténués : on obtient des micro-
organismes inoffensifs mais identiques en apparence, donc pour le système immunitaire, aux
souches naturelles.
Mais leur coût de production est moindre, ce qui est loin d'être négligeable quand on sait que
les pays en développement sont les premiers touchés par les maladies infectieuses. Ils sont
également plus intéressants du point de vue de la sécurité, le risque de réversion vers la virulence,
possible avec les vaccins classiques, étant supprimé. […]
199
Des microbes " présentoirs "
Les techniques de " recombinaison génétique " permettent également de faire présenter par
des virus ou des bactéries des molécules immunogènes (antigènes ou épitopes) d'autres micro-
organismes. Les gènes codants pour ces molécules étrangères sont introduits dans les micro-
organismes " vecteurs ", qui les exprimeront ensuite à leur surface, ou les sécréteront dans le milieu
extérieur. Ces vaccins vivants recombinants sont des vaccins mixtes qui permettent de vacciner à la
fois contre le vecteur et contre le virus ou la bactérie dont ils présentent les antigènes au système
immunitaire. On peut imaginer à terme faire porter par des vecteurs des antigènes provenant de
plusieurs agents pathogènes différents et obtenir ainsi des vaccins multivalents. […].
B- Sérothérapie :
L’injection de sérums ou de gamma-globulines à un organisme lui apporte des anticorps
spécifiques, ce qui entraîne une immunité immédiate mais passagère et passive : c’est le principe de
la sérothérapie.
L’effet de ces anticorps est fugace car il s’agit de protéines étrangères que l’organisme détruit
rapidement.
La sérothérapie est surtout utilisée dans les traitements des maladies.
C - Greffes
C’est le transfert d’un tissu ou d’un fragment d’organe dans un organisme ou d’un organisme
à un autre.
Dans ces deux cas, le greffon est accepté au bout de 4 à 5 jours car il y a une
histocompatibilité parfaite (même CMH).
201
Dans ces deux derniers cas, l’organisme du receveur rejette le greffon au bout de dix jours car
il y a histo-incompatibilité (CMH différents).
On peut traiter certaines maladies et renforcer le système immunitaire par une greffe de
moelle osseuse comme dans le cas des leucémies.
Les cellules de la moelle rouge sont extraites des os des hanches et sont injectées dans le sang.
Là se pose le problème des rejets : si le receveur ne présente pas de risques majeurs car il est
dépourvu de défense immune ou a été irradié avant la greffe, il n’en est pas de même pour le
greffon accompagné de lymphocytes T matures capables d’attaquer les cellules du receveur. Pour
cette raison, il est indispensable de détruire ces LT avant la transfusion, par des anticorps
spécifiques anti-lymphocytes, de filtrer la moelle et surtout de pratiquer un traitement
immunosuppresseur chez le greffé en lui administrant de la ciclosporine.
Il est possible de pratiquer des greffes de tissus embryonnaires chez les enfants qui présentent
un déficit immunitaire congénital en administrant des tissus du foie et du thymus extraits d’un
embryon de 2 semaines à 13 semaines.
Ce choix se justifie par le fait que les cellules immunitaires ne posent pas le problème
d’incompatibilité HLA. A ce stade c’est le foie qui est responsable de la production des cellules
sanguines et des cellules des organes lymphoïdes. Cependant, la greffe du thymus est utilisée pour
traiter l’aplasie thymique.
D- Traitement immuno-modulateur
Cette méthode repose sur l’utilisation des substances stimulatrices comme les interleukines
produites par LT4 ou par des cellules infectées par des virus. Ce qui permet la protection de très
grands nombres de cellules saines. D’autre part, on peut utiliser des substances à effet suppresseur
comme la ciclosporine qui inhibe l’activité du LT c. Lesquelles substances peuvent être utilisées
pour limiter les risques de rejets de greffes (cas de xénogreffes).
202
Exercices
Exercice 1
On a pratiqué sur trois lots de souris les traitements indiqués sur le tableau A. On rappelle que
l’irradiation tue les cellules à multiplication rapide et notamment celles de la moelle osseuse. Après
traitement, on réalise sur les trois lots de souris l’expérimentation indiquée sur le tableau B.
Tableau A Tableau B
Souris Traitement effectué Conséquences Expérimentation Tests après 5 Résultats des
jours tests
Lot A Irradiation + greffe de Production de LB Sérum de Agglutination
moelle osseuse et LT souris A + nette
Injection de pneumocoques
Lot B Ablation du thymus + Production de LB pneumocoques tués Sérum de Très légère
irradiation + greffe de seulement à toutes les souris souris B + agglutination
moelle osseuse pneumocoques
Lot C Ablation du thymus + Pas de production Sérum de Pas
irradiation + greffe de de LB et LT souris C + d’agglutination
thymus pneumocoques
1- Faîtes ressortir le rôle respectif du thymus et de la moelle osseuse dans la production des
lymphocytes, en analysant les conséquences de ces traitements.
3- Expliquez les résultats des tests à l’aide des renseignements fournis par le tableau A. en
quoi cette expérimentation montre-t-elle l’existence d’une coopération cellulaire ?
Exercice 2
Diverses expériences ont été réalisées chez le cobaye pour montrer certaines modalités des
défenses immunitaires.
Dans l’expérience I, on immunise des cobayes A par injection de bacilles diphtériques dont la
toxine a été atténuée par addition de trichlorure d’iode. Quinze jours plus tard, on prélève chez les
cobayes A du sérum et des lymphocytes T pour les injecter respectivement à des cobayes B et C
non immunisés. Le même jour, on injecte aux animaux A, B et C la toxine diphtérique active.
Dans l’expérience II, des cobayes D sont immunisés contre la tuberculose par injection de
bacilles tuberculeux bovins atténués (principe de la vaccination BCG). Un mois plus tard, on
prélève chez ces cobayes, du sérum et des lymphocytes T qu’on injecte respectivement à des
cobayes E et F non immunisés. Le même jour, on injecte aux animaux D, E et F le bacille de Koch
actif, agent de la tuberculose.
Les résultats de ces expériences sont indiqués sur la figure. On supposera que tous ces
cobayes sont histocompatibles.
1- Comment expliquez-vous la survie des cobayes A et B et la mort du cobaye C à la fin de
l’expérience I?
2- Comment expliquez-vous la survie des cobayes D et F et la mort du cobaye E à la fin de
l’expérience II?
3- Comparez les deux types de réactions immunitaires mises en jeu au cour de ces
expériences.
4- Quels résultats pouvez-vous prévoir dans le cas où on injecte au cobaye A des bacilles
tuberculeux au lieu de toxine diphtérique. Justifiez votre réponse.
203
Exercice 3
On réalise une série d’expériences de greffes de peau, on utilise pour cela trois souches de
souris, la souche A (A1, A2, ……A5), la souche B et La souche C (document ci-dessous). Les
individus A1, B et C sont considérés comme des donneurs, les autres individus A2, A3, A4 et A5 sont
des receveurs.
Expérience 1 : A2 reçoit
simultanément
un greffon de A1
et un greffon de
B, le premier est
accepté, le
second est rejeté
au bout de 12
jours.
Expérience 2 : un mois plus
tard, la même
souris A2 reçoit
un greffon
provenant de B
et un greffon
provenant de C ;
le premier est
rejeté au bout de
6 jours, le
second est rejeté
au bout de 12
jours.
Expérience 3 : on prélève le sérum de A2 ainsi que des lymphocytes se trouvant dans les
ganglions lymphatiques de cet animal.
- Le sérum de A2 est injecté à une souris A3, à laquelle on greffe également un
fragment de peau de B.
- Les lymphocytes de A2 sont inoculés à une souris A4, à laquelle on greffe un
fragment de peau de B.
204
A3 rejette le greffon provenant de B au bout de 12 jours. A4 rejette le greffon de B au bout de
6 jours.
Expérience 4 : à une souris A5, a qui on fait l’ablation du thymus à la naissance, on greffe un
fragment de peau de B, le greffon n’est pas rejeté au bout de 3 mois.
1- Interprétez chacune de ces expériences en dégageant le type de réaction immunitaire
manifesté ainsi que ses principales propriétés.
2- Envisagez les autres possibilités de greffe de peau et indiquez ses résultats possibles.
3- Lors du rejet d’un greffon, on observe tout d’abord une revascularisation du greffon
puis une infiltration du greffon
par les éléments B issus du
receveur. Il est ensuite possible
d’observer les faits illustrés par
le document ci-contre.
a- Décrivez ces faits.
b- Quelle information
supplémentaire peut apporter ce document quant aux résultats de l’expérience 3 ?
Exercice 4
Une personne n’ayant pas subi de rappel
antitétanique depuis 15 ans s’est
profondément blessée sur une clôture souillée.
Afin d’enrayer le développement éventuel du
tétanos, le docteur procède à une séro-
vaccination (injection à deux endroits
différents d’un sérum anti-tétanique chevalin
et d’un vaccin anti-tétanique) qui sera suivie
d’une deuxième puis d’une troisième injection
du vaccin seul. La figure permet de suivre
l’évolution du taux des antitoxines tétaniques
présentes dans le plasma du blessé en fonction
du temps. Pour faciliter l’étude, on a
représenté séparément les antitoxines sériques
et vaccinales. La « zone de protection » correspond au taux d’antitoxines minimal protégeant contre
la maladie (ce taux varie selon les individus).
1- Que contiennent respectivement le sérum et le vaccin utilisés ?
2- En utilisant les données du graphique, comparez l’action du sérum à celle du vaccin
dans la prévention du tétanos. Quel est l’intérêt de la combinaison des deux procédés ?
3- Comparez et expliquez les variations du taux d’antitoxines obtenues à chacune des
trois injections vaccinales.
4- Avant d’injecter le sérum, on demande au blessé s’il a reçu d’autres sérums
(antidiphtérique, antivenimeux…) et s’il a déjà manifesté des accidents allergiques.
Pourquoi ?
Exercice 5
Le VIH est l’agent causal du SIDA. On a montré in vivo et in vitro qu’il s’attaque
spécialement aux LT4. Chez les personnes contaminées, le SIDA évolue au fil des ans en 6 stades
numérotés de 1 à 6 sur le document 1 ci-après.
1- indiquez les voies de transmission du SIDA.
205
2- Pourquoi le VIH attaque
plutôt les LT4 que les
autres lymphocytes ?
3- D’après les données
fournies ici, indiquez les
réactions de l’organisme
pendant la première année
de l’infection par le VIH et
établissez le parallélisme
entre le développement de
la maladie et l’évolution
des moyens de défense
durant les sept années qui suivent la contamination. L’observation du virus VIH restant
difficile, on détecte indirectement la présence de VIH. Pour cela, on produit par génie
génétique des protéines virales qui sont disposées sur une bandelette. Ces protéines,
lorsqu’elles sont reconnues de façon spécifique par des molécules contenues dans le
sérum de l’individu à tester, forment une réaction caractéristique qui permet de les
repérer. Le sérum de l’individu à tester est
déposé sur la bandelette. Le test est
déposé chez deux individus A et B. les
résultats obtenus sont donnés par le
document 2.
1- Que recherche-t-on dans le sérum de
l’individu à tester ? Expliquez la nature de
la réaction observée.
2- A quelles conclusions aboutissez-vous
concernant les individus A et B ?
3- Dans le cadre d’un dépistage de
l’infection, quand peut-on réaliser des
tests précoces à résultats sûrs ?
4- Les enfants nés de mères séropositives
sont tous séropositifs de naissance. Trois mois après, 50% des enfants demeurent
séropositifs et sont alors en grand danger de faire un SIDA mortel. Expliquez.
206
BIBLIOGRAPHIE
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Pédagogique (Tunisie), 1985.
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- J. ESCALIER : Biologie – Terminale D, Fernand Nathan, 1980.
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- J. LAUVERJAT, G. MIQUEL : Biologie Géologie 4è, Hachette Collèges, 1988.
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- J-P. BODEN, J. LAMARQUE : Biologie Terminale C, Bordas, 1989.
- J-P. BODEN, J. LAMARQUE : Biologie Terminale D, Bordas, 1989.
- M. BREUIL : Dictionnaire des Sciences de la Vie et de la Terre, Nathan, 2005.
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- P. VINCENT : Biologie – Terminale D, Vuibert, 1985.
- P. VINCENT : Sciences Naturelles - Terminale D, Vuibert, 1974.
- R. DEMOUNEM, J. GOURLAOUEN : Biologie – Terminale D, Nathan, 1989.
- Y. DATTEE, P. VINCENT : Exercices de Génétique, baccalauréat, Vuibert.
207
TABLE DES MATIERES
Avant-propos……………………………………………………………………………..…………. 3
1ère partie : Reproduction et génétique
Chapitre I : La reproduction chez les Mammifères
I- Anatomie des appareils reproducteurs………………………………………...………7
II- Gamétogenèse……………………………………………………………………… 9
III- Activité sexuelle et sa régulation…………………………………………………..14
Exercices…………………………………………………………………………..…35
Chapitre II : Génétique
Introduction…………………………………………………………………..……….53
I- Chez les diploïdes……………………………………………………………..……..53
II- Chez les haploïdes…………………………………………………………………..72
III- Hérédité humaine………………………………………………………………….73
Exercices…………………………………………………………………………….81
Chapitre III : Génie génétique
I- Notions de microbiologies………………………………………………..…………87
II- Les outils…………………………………………………………………….……...90
III- Etapes de transfert de gènes……………………………………...………………..91
IV- Domaines d’application……………………………………………..……….…….93
Exercices…………………………………………………….………………………95
ème
2 partie : Unité physiologique de l’organisme
Chapitre I : La communication nerveuse
I- Anatomie du système nerveux cérébrospinal……………………………..……..101
II- Le tissu nerveux et ses propriétés……………………………………………….104
III- Toxicomanies et la transmission nerveuse……………………………………..115
IV- Activité réflexe…………………………………………………………………117
Exercices……………………………………………………………………………123
Chapitre II : Activité du muscle squelettique
I- Structure du muscle squelettique…………………………………………………131
II- Physiologie du muscle squelettique……………………………………………..134
Exercices…………………………………………………………………………….141
Chapitre III : Activité cardiaque
I- Support de l’activité cardiaque…………………………………………………..147
II- Activité cardiaque……………………………………………………………….151
Exercices……………………………………………………………………………165
Chapitre IV : Communication humorale et intégration neuro-hormonale
I- Régulation de la glycémie……………………………………………………...173
II- L’activité thyroïdienne………………………………………………………..177
Exercices…………………………………………………………………………..181
Chapitre V : Les défenses de l’organisme : Le système immunitaire
Introduction………………………………………………………………………187
I- Définition de l’immunologie……………………………………………………187
II- Formes d’immunités…………………………………………………………….187
III- Dysfonctionnements du système immunitaire…………………………………196
IV- Les aides à la réponse immunitaire…………………………………………….199
Exercices……………………………………………………………………………203
208