Pédagogie de L'erreur

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La pédagogie de l'erreur

Définitions

Dans le langage courant « l'erreur » et « la faute » sont à peu près considérées comme synonymes.
Cependant, les deux termes sont différents.

Au sens étymologique, le terme « erreur » qui vient du latin error, de errare est considéré comme «
un acte de l'esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement ».'

Selon Argyris et Schön : « nous apprenons quand nous détectons une erreur et que nous la
corrigeons. Une erreur correspond à un écart entre ce que nous attendons d'une action et ce qui se
produit effectivement, une fois l'action engagée. Une erreur, c'est l'écart entre l'intention et le
résultat obtenu ».

En didactique des langues étrangère, Marquilló Larruy pense que « les erreurs relèvent d'une
méconnaissance de la règle de fonctionnement (par exemple, accorder le pluriel de “ cheval” en
chevals lorsqu'on ignore qu'il s'agit d'un pluriel irrégulier) ».

Il est donc évident que les erreurs sont bien différentes des fautes qui correspondent à « des erreurs
de type (lapsus) inattention/fatigue que l'apprenant peut corriger (oubli des marques de pluriel,
alors que le mécanisme est maitrisé),

Place de l'erreur dans le processus d'apprentissage

L'erreur est souvent mal perçue et sanctionnée dans notre système scolaire. Or, même si elle reflète
l'échec de l'élève et les difficultés qu'il rencontre, elle doit être considérée positivement. C'est
pourquoi il convient de la placer au centre du processus d'apprentissage et la laisser apparaître et la
traiter au lieu de la sanctionner ou de l'éviter.

Pour Tagliante Christine, les erreurs sont « la preuve que l'apprenant est en train de faire
fonctionner son interlangue, que le système est en train de se mettre en place. Elles reflètent une
compétence linguistique transitoire, qui correspond à un moment de l'apprentissage, entre les
énoncés "fautifs” et l'expression juste ».

D'après Rey, l'erreur sert à renseigner sur l'état d'avancement des connaissances d'un apprenant,
puisqu'elle permet de déterminer les procédures ou stratégies déjà acquises et celles qui demeurent
encore instables ou en cours d'acquisition. De cette façon, l'erreur participe pleinement au
développement des connaissances.

De son côté, Porquier résume bien l'utilité pédagogique de l'erreur dans l'idée suivante : « l'erreur
est non seulement inévitable mais normale et nécessaire, constituant un indice et un moyen
d'apprentissage. On n'apprend pas sans faire d'erreurs et les erreurs servent à apprendre».

Traitement de l'erreur

Ce traitement comprend quatre étapes principales :

 Le repérage des erreurs :

Cela s'effectue notamment dans des situations de production orale ou écrite. Les réponses réalisées
peuvent être :

- des réponses attendues. Ces réponses témoignent d'un degré de maîtrise de la connaissance
évaluée qui correspond à celui attendu.
-des réponses qui ne présentent qu'une partie de la réponse attendue mais sans erreurs.

- des réponses qui ne présentent qu'une partie de la réponse attendue mais avec une ou des erreurs.

- autre réponse que la réponse attendue. La réponse donnée témoigne d'une maîtrise insuffisante de
la connaissance évaluée.

- une absence totale de réponse.

 La description des erreurs :

C'est-à-dire décrire à quel domaine linguistique appartienne les erreurs repérées.

 La recherche des sources des erreurs :

Les erreurs peuvent avoir plusieurs sources, On trouve :

-des erreurs témoignant des représentations des élèves ;

-des erreurs liées aux opérations intellectuelles impliquées ;

- des erreurs portant sur la démarche adoptée par l'élève et qui ne correspond pas à celle à laquelle
s'attend le professeur ;

- des erreurs dues à une surcharge cognitive ;

-des erreurs causées par la complexité du contenu ;

-des erreurs dues à des difficultés de lecture ;

-des erreurs relevant de la compréhension des consignes et de la représentation des activités


demandées ;

- des erreurs dues à des difficultés d'écriture (précision insuffisante dans la graphie des lettres,
manque de fluidité dans le geste graphique) ;

- des erreurs dues à des problèmes d'expression, lorsqu'il s'agit de décrire, d'expliquer, de donner un
point de vue... ;

 La proposition des pistes d'exploitation des erreurs dans l'apprentissage ou celles de


remédiation :

Il s'agit, dans cette étape qui exige beaucoup plus d'efforts et de temps de la part des enseignants,
de travailler sur l'erreur comme outil de décision pédagogique et d'aide à l'apprentissage. C'est un
moment de l'apprentissage qui consiste à communiquer avec l'apprenant de façon à le faire
participer dans la correction et l'exploitation de ses erreurs (phase interactive). C'est une manière de
le rendre responsable de son propre apprentissage. L'activité de correction est décrite selon Jean &
Odile Veslin comme suit : « corriger ce n'est pas juger : c'est aider à apprendre. Ce n'est pas
enregistrer et sanctionner des écarts à la norme, c'est pointer des réussites précises et des erreurs
précises. Ce n'est pas accomplir un acte terminal : c'est ouvrir à d'autres activités ».

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