Hôte Bactérie
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Hôte Bactérie
Janvier 2007
S. Charachon 1 Faculté de Médecine Montpellier - Nîmes
MB7 : Bactériologie B4- Relations hôte-bactéries
animaux, environnement). Notion de maladie stric- part sur la sécrétion de toxines bactériennes qui vont
tement humaine (ex : infection à méningocoque ou pouvoir agir à distance (cf paragraphe 4).
pneumocoque, coqueluche), d’anthropozoonose
(maladie animale et plus rarement humaine) (ex : 2.4. Différents modes d’infection
brucellose, peste). Sur le plan physiopathologique, on décrit 3 mo-
y Transmission directe : contamination par contact des d’infection par les bactéries (fig 1) :
avec le réservoir (contact direct avec individu ou
animal infecté)
y Transmission indirecte : contamination par Multiplication
en surface
Toxines
l’intermédiaire d’objet infecté, aliment contaminé, EXT Adhé sion
eau,… Notion de survie possible de la bactérie dans
l’environnement pendant un certain délai. Toxines
Hôte
y Transmission horizontale (contamination inter-
Multiplication
humaine) ≠ verticale (in utero). dans organi sme
Toxines
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3.1. Barrières cutanéo-muqueuses Rq : Rôle des bactéries de flore normale cutanée (Ex :
Première ligne de défense ! Staphylococcus epidermidis) dans infections iatrogènes.
3.1.1. Rôle primordial des épithéliums (couche de
cellules couvrant les surfaces externe et interne du 3.1.3. Défenses des muqueuses
corps humain en rapport avec le milieu extérieur) : -Barrière physique : Rôle du mucus +++ : Em-
c’est au niveau des épithéliums (peau, muqueuses) prisonnement des bactéries à distance de surface des
que se fait la rencontre hôte-bactéries. (fig 2) cellules épithéliales, puis élimination des bactéries
avec mucus par cils vibratiles (muqueuse respiratoire)
Milieu ext. Bactéries ou par péristaltisme intestinal, flux urinaire, sécrétions
lacrymales,…
Cellules polarisées/Caractéristiques Tout obstacle à l’écoulement des sécrétions réalise
particulières (cils, kératine, mucus,) aussi un obstacle à l’élimination des bactéries et peut
Jonctions serrées donc être source d’infections (sténose bronchique,
MB stase urinaire,…)
- Barrière chimique :
Figure 2 : Caractéristiques des épithéliums : - Le pH acide du milieu inhibe la multiplication
- existence de jonctions serrées entre les cellules ≠ endothé- bactérienne au niveau de l’estomac, du vagin
liums (flore de Doderlein : Lactobacillus) et de l’urine.
- cellules polarisées (pôle apical, pôle basal) fixées sur une - Sécrétion de produits antibactériens dans le mu-
membrane basale cus : lysozyme, lactoferrine (chélateur du fer,
- épithélium simple (plus vulnérable : muqueuse intestinale) ≠ prive la bactérie de ce nutriment essentiel à sa
épithélium stratifié (plus résistant : peau, muqueuse buccale)
multiplication), peptides toxiques ou défensines
- caractéristiques spécifiques de certains épithéliums : cils,
cellules kératinisées, desquamation, sécrétion de lysozyme,…
(lyse des bactéries en formant des pores dans
membrane) notamment dans la salive, IgA sécré-
3.1.2. Défenses de la peau : toires (système immunitaire).
- Barrière physique : 2 couches (épiderme + derme), - Barrière biologique : Existence de flores micro-
épithélium stratifié, kératinisation (kératinocytes biennes commensales, sauf au niveau des voies
produisent de la kératine, protéine difficilement dé- respiratoires basses, d’utérus, des voies génitales
gradée par les microorganismes), présence de cellules hautes et du tractus urinaire.
mortes en surface et phénomène de desquamation Il existe un équilibre écologique qui s’oppose à
superficielle (élimination mécanique des germes en l’implantation de bactéries pathogènes => Remar-
surface). que : toute modification de cet équilibre, en particu-
- Barrière chimique : pH acide et sécheresse de la lier par les antibiotiques, entraîne un dysmicrobisme
peau inhibent la croissance bactérienne, T < 37°c; et permet la prolifération d’espèces pathogènes (Ex :
sécrétion de lipides toxiques et de lysozyme (dé- ATB à large spectre et déséquilibre de la flore diges-
grade le peptidoglycane de la paroi bactérienne) au tive). En thérapeutique, le choix de l’ATB devra donc
niveau des follicules pileux, glandes sébacées et sudo- tenir compte des effets possibles sur la flore com-
ripares (« brèches naturelles de la peau » => possibles mensale.
voies d’entrée pour bactéries) - Conclusion : Les muqueuses (épithélium simple)
constituent de nombreuses portes d’entrée plus faci-
Rq : furoncles souvent centrés sur un follicule pileux.
- Barrière biologique : flore commensale cutanée les à franchir que la peau. La plupart des infections
normale : Staphylococcus epidermidis, corynébactéries, spontanées ont pour point de départ la surface
Propionibacterium acnes d’une muqueuse.
Flore résidente empêche la colonisation par des bac-
téries pathogènes : compétition au niveau des sites et 3.2. Réaction inflammatoire ou immunité innée
de l’utilisation des nutriments. Deuxième ligne de défense ! (après entrée de la
Rq : Parfois, colonisation transitoire de la peau par bactérie dans organisme)
bactéries pathogènes : Staphylococcus aureus, Enterococcus, y But : Élimination rapide d’agent pathogène présent
entérobactéries, Pseudomonas aeruginosa (souvent chez dans un tissu normalement stérile.
malades hospitalisés). y Réponse immédiate d’hôte basée sur la recon-
=> Importance du lavage des mains ! naissance d’antigènes bactériens très conservés.
- Conclusion : (Cf paragraphe 4.3.3 + cours d’Immunologie)
La peau représente donc un barrage continu qui => Réaction inflammatoire rapide au niveau du site
ne peut pas être franchi par les bactéries. infecté : recrutement des cellules phagocytaires et rôle
Infection possible lorsqu’il existe des lésions des protéines de l’inflammation (fig 5).
telles que excoriation, plaie, piqûre d’insecte, brûlure y Conséquences :
(Rq : Sensibilité des grands brûlés aux infections - hyperleucocytose neutrophile, Ç protéines inflam-
cutanées) ou lors de l’introduction de matériel matoires dans sang (ex : C Reactive Protein ou CRP)
étranger : infections iatrogènes liées à une agression => signes biologiques d’infection
bactérienne au niveau d’une porte d’entrée inhabi- - parfois réponse inflammatoire exagérée => sepsis,
tuelle => problème des infections sur cathéters. voire choc septique
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Les bactéries pathogènes qui échappent à la phagocy- dans l’organisme et venir agir sur leurs cellules-cible.
tose sont appelées bactéries pathogènes extracellu- Elles peuvent donc agir à distance du foyer infectieux
laires. où elles sont produites.
Dans certains cas, le pouvoir pathogène d’une
bactérie ne s’exprime que par une
Facteurs d’échappement Facteurs facilitant ou plusieurs toxines : Rôle majeur
aux défenses de l’hôte la colonisation dans l’expression clinique de la
• variation Ag
Echappement à réponse (LPS, pili, flagelle,…) de surface maladie.
immunitaire anticorps (ex : Tétanos, diphtérie, botulisme
• camouflage Adhésion Captation Mobilité Certaines ont un pouvoir toxi-
pili du fer que très élevé : substances les plus
Echappement
C5a peptidase, protéines de surface toxiques connues ! (ex : toxine
LPS botulinique)
sidérophores
au complément
flagelles Il en existe 3 types suivant la
capsule structure et le mécanisme
d’action :
Echappement à Toxines de type A-B
phagocytose La plupart des toxines protéiques
composants de la paroi enzymes hydrolytiques appartiennent à cette catégorie.
(LPS, ac teichoïques) toxines
* Structure : 2 portions
Portion A : possède l’activité
Réaction Actions à Destruction
inflammatoire distance +++ des tissus
enzymatique responsable de la
toxicité
Facteurs endommageant l’hôte Portion B : permet la liaison
avec le récepteur de la cellule
cible
Figure 3 : Rôle des composants bactériens dans le pouvoir
pathogène des bactéries extracellulaires
* Mécanisme d’action :
- Liaison à la cellule cible par la portion B qui re-
4.2.2. Autres facteurs de résistance au complé- connaît un récepteur spécifique cellulaire. La por-
ment tion B détermine la spécificité de la cellule ci-
Ex : * Modification du LPS (antigen O) : Préven- ble.
tion de la formation du complexe d’attaque membra- - Translocation : correspond à l’internalisation de
naire (Bactéries à gram négatif dites « sérum- la portion A dans la cellule cible.
résistantes »). - Activité enzymatique : la portion A devient ac-
* Synthèse de C5a peptidase : prévient la migra- tive dans le cytoplasme de la cellule et peut
tion des phagocytes vers le site de l’infection. exercer son activité toxique.
Ex : toxine diphtérique => ADP-ribosylation du
4.2.3. Echappement à la réponse anticorps facteur d’élongation EF-2 => arrêt des synthèses
- Certaines bactéries sont capables de faire varier leurs protéiques => mort de la cellule
antigènes de surface : variation antigénique (Ex : * Application : Vaccin antibactérien
variations de phase intéressant les flagelles de Salmo- Souvent, les toxines protéiques de type A-B sont
nella, ou les pili du gonocoque). responsables de la totalité des symptômes clini-
- Camouflage avec des molécules ressemblant à ques (ou presque) ; il n’y a pas de multiplication
celles de l’hôte : certaines capsules (voir plus haut). de la bactérie dans l’organisme => Toxi-
infection
La synthèse d’anticorps neutralisant la toxine
4.3. Facteurs endommageant l’hôte
permet une protection efficace contre la maladie.
4.3.1. Enzymes hydrolytiques
- Vaccination par anatoxine : substance qui a
De nombreuses bactéries pathogènes sécrètent des
perdu tout pouvoir toxique (détoxification par le
enzymes hydrolytiques permettant la destruction des
formol), mais conserve son pouvoir immunogène.
tissus (hyaluronidases, protéases, DNAses,…) =>
Vaccination très efficace.
facilite la dissémination des bactéries et la production
Ex : vaccination anti-tétanique, vaccination anti-
de pus.
diphtérique
Ex : Bactéries pyogènes (Staphylococcus aureus, Strepto-
- Utilisation d’antitoxine : Ig spécifiques humai-
coccus pyogenes)
nes. Protection immédiate, transitoire, peu effi-
cace (si toxine déjà fixée sur récepteur cellulaire !)
4.3.2. Toxines protéiques bactériennes (exotoxi-
Cytolysines ou hémolysines
nes)
= Toxines provoquant une rupture membra-
La survie et la multiplication des bactéries chez
naire de la cellule cible. 2 types :
l’hôte infecté s’accompagnent souvent de la produc-
- soit protéines venant s’intégrer dans la mem-
tion et de la sécrétion de toxines à l’extérieur de la
brane de la cellule => formation de pores mem-
bactérie. Après libération, les toxines vont diffuser
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branaires entraînant la lyse cellulaire avec fuite 4.4.1. Classification des bactéries intracellulaires
des constituants cellulaires Pathogènes intracellulaires obligatoires
Ex : Streptolysine O (Streptococcus pyogenes), Toxine - Bactéries incapables de survivre à l’extérieur des
α (Staphylococcus aureus) cellules
- soit enzymes déstabilisant la membrane plasmi- - Adaptation totale à l’hôte +++
que par action au niveau des phospholipides - Souvent lésions minimes chez l’hôte qui assure
membranaires : phospholipases ou lécithinases en définitive leur survie
Ex : Toxine α (Clostridium perfringens) Ex : Chlamydia, Rickettsia
Superantigènes Pathogènes intracellulaires facultatifs
⇒ hyperstimulation des lymphocytes T CD4+ - Soit bactéries de environnement adaptées à pré-
(helper) ⇒ excès de IL-2 et TNFα ⇒ réaction in- dateur = amibe (Ex : Legionella pneumophila)
flammatoire +++ parfois état de choc. - Soit bactéries dont une étape du cycle corres-
ex : Toxine du Toxic Shock Syndrome (S. aureus), pond à un passage intracellulaire (ex: traversée de
Toxine pyrogénique streptococcique (S. pyogenes) muqueuse TD)
(Ex : Shigella, Yersinia, Salmonella)
4.3.3. Composants de la paroi bactérienne à - Soit bactéries recherchant un gîte à l’abri des dé-
l’origine de la réaction inflammatoire fenses de hôte (Ex : Brucella, Mycobacterium tubercu-
Structures microbiennes très conservées : pathogen- losis)
associated molecular patterns (PAMPs) :
4.4.2. Facteurs du parasitisme intracellulaire-
Bactéries à gram négatif : Entrée dans les cellules (⊄ épithéliales ou
Lipopolysaccharide (LPS) ou endotoxine phagocytes) : processus complexe au cours du-
Le LPS est un constituant de la membrane ex- quel l’interaction spécifique de la bactérie (mo-
terne de la paroi des bactéries à gram négatif. Il lécules de surface) avec la cellule (récepteurs
est composé d’une partie lipidique (lipide A) et membranaires) va déclencher des remaniements
d’une partie polysaccharidique (core central + du cytosquelette de la cellule qui aboutissent à
chaines polysaccharidiques). (fig 4) l’ingestion de la bactérie ⇒ phagocytose induite
par la bactérie +++.
- Survie et multiplication intracellulaire : la
bactérie se retrouve dans une vacuole de phagocy-
tose ou phagosome. Plusieurs mécanismes sont
possibles pour le devenir de la bactérie dans la cel-
Figure 4 : Structure du LPS lule :
- Lipide A => propriétés toxiques identiques pour toutes les - soit survie dans le phagosome : inhibition de
bactéries => choc septique la fusion phagosome-lysosome (Ex : Salmonella,
- Portion polysaccharidique => antigénique : antigène O ou Ag Legionella, Mycobacterium tuberculosis, Brucella, Chla-
somatique. mydia) ou survie dans le phagolysosome avec résis-
tance au burst oxydatif (Coxiella). Multiplication
Mécanismes d’action : Pour exercer son action, le bactérienne intra-vacuolaire (fig 6).
LPS doit d’abord se lier à une protéique sérique, - Soit survie dans le cytoplasme : échappement
LPS binding protein ; le complexe ainsi formé du phagosome après lyse de la membrane de la
interagit avec des récepteurs de la membrane du vacuole ⇒ libération de la bactérie dans le cyto-
macrophage (CD14, TLR). => Réaction inflam- plasme. Mobilité intra-cytoplasmique par polymé-
matoire risation de l’actine à un pôle de la bactérie et pro-
Bactéries à gram positif : pulsion de la bactérie à travers la cellule vers cel-
Acides (lipo)teichoïques, peptidoglycane lule adjacente sans passage extérieur (Listeria, Shi-
Rôle équivalent au LPS des bactéries à gram néga- gella, Rickettsia). Multiplication bactérienne intra-
tif dans la genèse du choc septique. cytoplasmique.
+++ Une réponse inflammatoire excessive - Echappement aux défenses de l’hôte : multi-
peut avoir des conséquences néfastes, soit en alté- plication intracellulaire permet à la bactérie de res-
rant le fonctionnement d’un organe (poumons, ter à l’abri des défenses immunitaires de l’hôte ⇒
système nerveux central), soit en entraînant un induction d’une immunité de type cellulaire
désordre circulatoire systémique (choc septique) (réponse Th1) dirigée contre les cellules infectées
(fig 5). (voir cours immunologie).
4.4 Cas particulier : Facteurs permettant la survie des
bactéries pathogènes intracellulaires
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MB7 : Bactériologie B4- Relations hôte-bactéries
Bactérie Bactérie
Gram - Gram +
LPS LTA +
peptidoglycane
Système neuro-endocrinien :
Fièvre, Anorexie
Macrophage
Foie : Autres cellules : cellule
Synthèse des protéines de la endothéliale Muscle :
phase aiguë de l’inflammation Mobilisation des réserves
Cytokines : IL-1, IL-6, IL-8
( CRP) énergétiques => Cachexie
TNFα, PAF,…
Défaillance
Site de l’infection : Généralisée : multi viscérale
Signes locaux
Hypotension
Rougeur Chaleur Œdème Etat de choc
artérielle
Douleur
4.5 Conclusion
De l’étude du cycle infectieux des bactéries (fac-
teurs de pathogénicité, interactions avec l’hôte) dé-
pendent plusieurs enjeux importants de la médecine
tels que :
- développement de nouveaux vaccins
- identification de nouvelles cibles thérapeutiques
pour la mise au point de nouveaux anti-infectieux
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S. Charachon 7 Faculté de Médecine Montpellier - Nîmes