Hôte Bactérie

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MB7 : Bactériologie B4- Relations hôte-bactéries

RELATION HOTE - BACTÉRIE

Objectifs pédagogiques : y Pouvoir pathogène ou pathogénicité d’une


• Connaître les principaux types de relation hôte- bactérie : ensemble des mécanismes conditionnant le
bactérie type de maladie dépendant d’une bactérie (Notion
qualitative).
• Connaître les principaux modes de transmission
des bactéries à l’homme y Virulence : capacité de la bactérie à déclencher une
maladie infectieuse. Elle est définie par la dose infec-
• Connaître les principales caractéristiques de
tante (Notion quantitative). Pour un même pouvoir
l’anatomie bactérienne et comprendre leur rôle
pathogène, il peut y avoir des souches plus ou moins
dans le pouvoir pathogène des bactéries
virulentes (ex : Shigella dysenteriae est beaucoup plus
• Connaître les principaux facteurs et mécanismes virulente que Shigella flexneri, donnant une maladie
de la virulence bactérienne. (dysenterie bacillaire) plus sévère pour des doses
infectantes très faibles).
1. Généralités – Définitions : Les bactéries pathogènes peuvent (pneumocoque,
méningocoque, Staphylococcus aureus, Haemophilus) ou
1.1. Types de survie des bactéries non (Mycobacterium tuberculosis, Salmonella typhi, Shigella,
y Saprophytisme : forme de nutrition permettant à Vibrio cholerae) appartenir à la flore humaine commen-
un organisme d’utiliser des matières organiques en sale. Pour les bactéries « pathogènes » qui en réalité
décomposition. appartiennent à la flore commensale de l’homme, il
Bactéries saprophytes : une bactérie est sapro- existe en fait une susceptibilité individuelle liée à
phyte lorsqu’elle vit et se nourrit dans différents facteurs tels que l’age ou le patrimoine
l’environnement (sol, eaux, surfaces). génétique.
y Commensalisme : type d’association conduisant y Bactéries opportunistes : certaines bactéries peu-
deux espèces différentes d’organismes à vivre ensem- vent devenir pathogènes lorsque les défenses de
ble, sans que l’une nuise à l’autre, et où parfois l’une l’hôte sont affaiblies (ex : immunodépression), mais
des espèces se procure de la nourriture, une protec- ne donnent pas habituellement de maladie chez le
tion ou d’autres avantages. sujet sain. Ces bactéries sont souvent des bactéries
Bactéries commensales : une bactérie est commensales (ex : entérocoque, Escherichia coli, Staphy-
commensale lorsqu’elle vit au contact du revête- lococcus epidermidis), parfois des bactéries saprophytes
ment cutanéo-muqueux d’un hôte sans entraîner de l’environnement (ex : Pseudomonas aeruginosa).
de désordres. Les bactéries commensales pro-
viennent soit de l’environnement (certaines bac- 1.3. Classification des interactions hôte-bactéries:
téries saprophytes), soit d’autres hôtes (bactéries y Transit : absence d’implantation de la bactérie sur
incapables de survivre en dehors de l’hôte). l’hôte pour des raisons d’exigence nutritionnelle ou
L’exposition de tout individu aux bactéries est physiologiques (ex : température de croissance).
inévitable. Dès la naissance, une flore bactérienne y Colonisation : implantation de la bactérie sur le
s’installe au niveau de la peau et des muqueuses et revêtement cutanéo-muqueux sans provoquer de
cette association constante de bactéries avec les surfa- dommage pour l’hôte. Type d’interaction des bacté-
ces au contact du milieu extérieur durera tout au long ries des flores commensales.
de la vie. Au cours de l’évolution, un système com- Remarque : Portage (porteurs sains) : colonisation
plexe de défense s’est mis en place pour éviter par bactéries pathogènes retrouvées plus ou moins
l’envahissement de l’individu par les bactéries. Un transitoirement au niveau des flores commensales.
équilibre s’installe entre l’individu et les différentes y Maladie infectieuse : conflit hôte-bactérie abou-
flores commensales de la peau et des muqueuses. tissant à des lésions chez l’hôte infecté (Maladie).
La flore est variable dans le temps en fonction de L’expression clinique de la maladie est le résultat
différents éléments (age, alimentation, état de santé, complexe des multiples interactions entre la bactérie
antibiothérapie,…). Cette flore est source de certains et les défenses de l’hôte. Transmission d’un individu à
nutriments et vitamines nécessaires à l’hôte et consti- l’autre (Infection).
tue une barrière écologique contre l’implantation de
germes virulents (cf paragraphe 3.1).
2. Physiopathologie de l’infection
1.2. Notions de pouvoir pathogène et de virulence :
y Bactéries pathogènes : bactéries capables de pro-
2.1. Différents modes de transmission
voquer une maladie chez un sujet dont les mécanis- La source de l’infection est liée au statut de bacté-
mes de défense sont normaux (ex : tuberculose, ty-
rie pathogène ou opportuniste et à l’écologie de la
phoïde, choléra). bactérie : notion de réservoir de bactéries (homme,

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animaux, environnement). Notion de maladie stric- part sur la sécrétion de toxines bactériennes qui vont
tement humaine (ex : infection à méningocoque ou pouvoir agir à distance (cf paragraphe 4).
pneumocoque, coqueluche), d’anthropozoonose
(maladie animale et plus rarement humaine) (ex : 2.4. Différents modes d’infection
brucellose, peste). Sur le plan physiopathologique, on décrit 3 mo-
y Transmission directe : contamination par contact des d’infection par les bactéries (fig 1) :
avec le réservoir (contact direct avec individu ou
animal infecté)
y Transmission indirecte : contamination par Multiplication
en surface
Toxines
l’intermédiaire d’objet infecté, aliment contaminé, EXT Adhé sion
eau,… Notion de survie possible de la bactérie dans
l’environnement pendant un certain délai. Toxines
Hôte
y Transmission horizontale (contamination inter-
Multiplication
humaine) ≠ verticale (in utero). dans organi sme
Toxines

2.2. Différentes voies de contamination 1 2 3


Pour chaque voie possible de contamination ou Toxi-infection Colonisation et Colonisation
porte d’entrée de la bactérie, l’organisme possède simple Toxi-infection puis Invasion
des défenses qui limitent l’implantation bactérienne et +++
peuvent éventuellement éviter l’infection (cf paragra-
phe 3). Figure 1 : Différents modes d’infection
y Voie digestive : ingestion d’eau ou aliments souil-
lés (ex : choléra, typhoïde) 2.4.1. Toxi-infection simple : Bactéries à l’extérieur
y Voie respiratoire : inhalation d’aérosols contami- de l’organisme ou en transit dans le tube digestif (Pas
nés (ex : légionellose, coqueluche) de colonisation de l’hôte). Sécrétion de toxines par la
bactérie : la toxine ingérée ou produite dans la lumière
y Voie cutanée : inoculation par contact (plaie souil-
intestinale est seule responsable du pouvoir pa-
lée) (ex : tétanos, surinfections de plaie)
thogène.
y Voie transcutanée : inoculation iatrogène (injec-
Ex : Toxi-infections alimentaires à Staphylococcus aureus
tion, cathéter) ou par piqûre d’insecte vecteur de
ou Clostridium botulinum (Botulisme) ;
bactéries (ex : peste, maladie de Lyme)
y Voie sexuelle : maladies sexuellement transmissi-
2.4.2. Colonisation suivie d’une toxi-infection :
bles (ex : syphilis, uréthrite gonococcique ou à Chla-
Adhésion de la bactérie et colonisation (multiplication
mydia trachomatis)
bactérienne) sans pénétration au-delà du revêtement
cutanéo-muqueux. Sécrétion de toxines responsa-
2.3. Eléments de physiopathologie bles du pouvoir pathogène. L’adhésion à des cellu-
La 1ère étape du processus infectieux correspond à les-cibles renforce l’efficacité de l’action des toxines
l’implantation des bactéries sur le revêtement cuta- en permettant leur production in situ.
néo-muqueux : c’est l’étape de colonisation. Elle est Ex : Clostridium tetani (Tétanos), Corynebacterium diphte-
dépendante d’un mécanisme essentiel du pouvoir riae (Diphtérie).
pathogène des bactéries, l’adhésion bactérienne (cf
paragraphe 4.1.3). 2.4.3. Colonisation suivie d’une invasion bacté-
L’adhésion est suivie dans la plupart des cas par rienne : Adhésion de la bactérie et colonisation de la
une 2ème étape d’invasion (bactéries invasives): peau ou d’une muqueuse, puis invasion du tissu sous-
franchissement de la barrière cutanéo-muqueuse épithélial. La plupart des bactéries rencontrées en
associée au développement d’une inflammation non pathologie infectieuse sont des bactéries invasives
spécifique au niveau de la porte d’entrée (secondaire à +++.
la multiplication bactérienne à ce niveau). Cette in-
fection localisée (ex : pneumonie, inf urinaire, inf
sur cathéter,..) peut être suivie par une 3ème étape de
dissémination à partir de la porte d’entrée, par voie 3. Moyens de défense d’hôte contre
sanguine (bactériémie) ou lymphatique, aboutissant l’infection bactérienne
parfois à des localisations secondaires au niveau de
différents organes, appelées métastases septiques La fréquence d’exposition à des bactéries virulen-
(ex : endocardite, abcès profond, ostéite, méningite,..). tes contraste avec la rareté des infections au cours de
Parmi ces bactéries invasives, il existe des bactéries à la vie. Il existe plusieurs lignes de défense chez l’hôte
multiplication extracellulaire et des bactéries à qui vont s’opposer à l’implantation de nouveaux
multiplication intracellulaire. micro-organismes : ce sont les barrières non spécifi-
Le pouvoir pathogène des bactéries repose sché- ques, l’immunité innée (non spécifique) et l’immunité
matiquement d’une part sur des facteurs de pathogé- spécifique acquise. (Ces deux derniers éléments sont abordés
nicité permettant la multiplication bactérienne, d’autre dans le cours d’immunologie)

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3.1. Barrières cutanéo-muqueuses Rq : Rôle des bactéries de flore normale cutanée (Ex :
Première ligne de défense ! Staphylococcus epidermidis) dans infections iatrogènes.
3.1.1. Rôle primordial des épithéliums (couche de
cellules couvrant les surfaces externe et interne du 3.1.3. Défenses des muqueuses
corps humain en rapport avec le milieu extérieur) : -Barrière physique : Rôle du mucus +++ : Em-
c’est au niveau des épithéliums (peau, muqueuses) prisonnement des bactéries à distance de surface des
que se fait la rencontre hôte-bactéries. (fig 2) cellules épithéliales, puis élimination des bactéries
avec mucus par cils vibratiles (muqueuse respiratoire)
Milieu ext. Bactéries ou par péristaltisme intestinal, flux urinaire, sécrétions
lacrymales,…
Cellules polarisées/Caractéristiques Tout obstacle à l’écoulement des sécrétions réalise
particulières (cils, kératine, mucus,) aussi un obstacle à l’élimination des bactéries et peut
Jonctions serrées donc être source d’infections (sténose bronchique,
MB stase urinaire,…)
- Barrière chimique :
Figure 2 : Caractéristiques des épithéliums : - Le pH acide du milieu inhibe la multiplication
- existence de jonctions serrées entre les cellules ≠ endothé- bactérienne au niveau de l’estomac, du vagin
liums (flore de Doderlein : Lactobacillus) et de l’urine.
- cellules polarisées (pôle apical, pôle basal) fixées sur une - Sécrétion de produits antibactériens dans le mu-
membrane basale cus : lysozyme, lactoferrine (chélateur du fer,
- épithélium simple (plus vulnérable : muqueuse intestinale) ≠ prive la bactérie de ce nutriment essentiel à sa
épithélium stratifié (plus résistant : peau, muqueuse buccale)
multiplication), peptides toxiques ou défensines
- caractéristiques spécifiques de certains épithéliums : cils,
cellules kératinisées, desquamation, sécrétion de lysozyme,…
(lyse des bactéries en formant des pores dans
membrane) notamment dans la salive, IgA sécré-
3.1.2. Défenses de la peau : toires (système immunitaire).
- Barrière physique : 2 couches (épiderme + derme), - Barrière biologique : Existence de flores micro-
épithélium stratifié, kératinisation (kératinocytes biennes commensales, sauf au niveau des voies
produisent de la kératine, protéine difficilement dé- respiratoires basses, d’utérus, des voies génitales
gradée par les microorganismes), présence de cellules hautes et du tractus urinaire.
mortes en surface et phénomène de desquamation Il existe un équilibre écologique qui s’oppose à
superficielle (élimination mécanique des germes en l’implantation de bactéries pathogènes => Remar-
surface). que : toute modification de cet équilibre, en particu-
- Barrière chimique : pH acide et sécheresse de la lier par les antibiotiques, entraîne un dysmicrobisme
peau inhibent la croissance bactérienne, T < 37°c; et permet la prolifération d’espèces pathogènes (Ex :
sécrétion de lipides toxiques et de lysozyme (dé- ATB à large spectre et déséquilibre de la flore diges-
grade le peptidoglycane de la paroi bactérienne) au tive). En thérapeutique, le choix de l’ATB devra donc
niveau des follicules pileux, glandes sébacées et sudo- tenir compte des effets possibles sur la flore com-
ripares (« brèches naturelles de la peau » => possibles mensale.
voies d’entrée pour bactéries) - Conclusion : Les muqueuses (épithélium simple)
constituent de nombreuses portes d’entrée plus faci-
Rq : furoncles souvent centrés sur un follicule pileux.
- Barrière biologique : flore commensale cutanée les à franchir que la peau. La plupart des infections
normale : Staphylococcus epidermidis, corynébactéries, spontanées ont pour point de départ la surface
Propionibacterium acnes d’une muqueuse.
Flore résidente empêche la colonisation par des bac-
téries pathogènes : compétition au niveau des sites et 3.2. Réaction inflammatoire ou immunité innée
de l’utilisation des nutriments. Deuxième ligne de défense ! (après entrée de la
Rq : Parfois, colonisation transitoire de la peau par bactérie dans organisme)
bactéries pathogènes : Staphylococcus aureus, Enterococcus, y But : Élimination rapide d’agent pathogène présent
entérobactéries, Pseudomonas aeruginosa (souvent chez dans un tissu normalement stérile.
malades hospitalisés). y Réponse immédiate d’hôte basée sur la recon-
=> Importance du lavage des mains ! naissance d’antigènes bactériens très conservés.
- Conclusion : (Cf paragraphe 4.3.3 + cours d’Immunologie)
La peau représente donc un barrage continu qui => Réaction inflammatoire rapide au niveau du site
ne peut pas être franchi par les bactéries. infecté : recrutement des cellules phagocytaires et rôle
Infection possible lorsqu’il existe des lésions des protéines de l’inflammation (fig 5).
telles que excoriation, plaie, piqûre d’insecte, brûlure y Conséquences :
(Rq : Sensibilité des grands brûlés aux infections - hyperleucocytose neutrophile, Ç protéines inflam-
cutanées) ou lors de l’introduction de matériel matoires dans sang (ex : C Reactive Protein ou CRP)
étranger : infections iatrogènes liées à une agression => signes biologiques d’infection
bactérienne au niveau d’une porte d’entrée inhabi- - parfois réponse inflammatoire exagérée => sepsis,
tuelle => problème des infections sur cathéters. voire choc septique

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3.3. Immunité spécifique acquise - Pili ou fimbriae :adhésines filamenteuses ancrées à


y spécifique : ciblée contre une bactérie la surface de la bactérie et formées de la polymérisa-
y acquise tion d’une sous-unité élémentaire protéique, appelée
y retardée : 8-10j après premier contact piline. La sous-unité terminale ou extrémité adhé-
y mémoire immunologique ++ (Vaccination) sive correspond au site de reconnaissance du récep-
Cf cours d’Immunologie teur cellulaire. Ces adhésines reconnaissent des ré-
cepteurs glycoprotéiques ou glycolipidiques à la sur-
face des cellules.
4. Stratégies de la bactérie pour échapper Les pili sont retrouvés à la surface de nombreuses
bactéries à gram négatif (Ex : Neisseria gonorrheae,
aux défenses de l’hôte : Facteurs de patho- Escherichia coli enterotoxinogènes (ECET) ou uropa-
génicité thogènes)
- Adhésines non fimbriales : protéines de surface
Les bactéries ont une capacité d’adaptation très de la paroi bactérienne permettant un contact serré
importante : elles ont su développer de nombreuses entre la bactérie et la cellule, existent chez les bacté-
stratégies pour contrer les mécanismes de défense de ries à gram négatif et les bactéries à gram positif.
leur hôte. Une bactérie ⇒ une stratégie !!! La fixation de l’adhésine se fait soit directement au
Néanmoins certains thèmes restent communs (fig 3). récepteur cellulaire le plus souvent, soit parfois à la
C’est un véritable « dialogue » au niveau moléculaire fibronectine, protéine synthétisée par l’hôte et pré-
qui s’instaure entre la bactérie et la cellule hôte. sente dans le sérum, la salive et le tissu conjonctif, et
qui elle-même se fixe à un récepteur membranaire
4.1 Facteurs facilitant la colonisation et l’invasion cellulaire de type intégrine => fibronectine = pont
des surfaces de l’hôte par la bactérie entre bactérie et membrane cellulaire (Streptococcus
4.1.1. Pénétration à travers la peau intacte pyogenes, Staphylococcus aureus).
* Utilisation d’un insecte vecteur pour pénétrer dans - Cas particulier : Biofilms
l’organisme : Borrelia burgdorferi, agent de la maladie de Certaines bactéries sécrètent dans le milieu extérieur
Lyme, est inoculé par la morsure d’une tique. des polysaccharides (slime) impliqués dans l’adhésion
* Infections cutanées iatrogènes par bactéries de des bactéries entre elles et à la surface cellulaire =>
flore cutanée (plaies chirurgicales, cathéters). Formation d’un biofilm qui met les bactéries à l’abri
des cellules phagocytaires et des antibiotiques.
4.1.2. Pénétration au niveau des muqueuses Biofilm physiologique au niveau des muqueuses vagi-
- Mobilité des bactéries : pour bactéries possédant nale, buccale ou digestive : flores commensales.
un(des) flagelle(s) =>traversée de la couche de mu- La formation d’un biofilm est une caractéristique du
cus, lutte contre flux urinaire ou péristaltisme TD. pouvoir pathogène pour certaines bactéries : Strepto-
- Sécrétion d’IgAs protéases : le clivage des IgA coccus mutans => formation de la plaque dentaire ;
sécrétoires évite à la bactérie d’être bloquée dans la Staphylococcus epidermidis => colonisation des bioma-
couche de mucus (Haemophilus influenzae, pneumoco- tériaux (cathéters, sondes, prothèses osseuses ou
que, méningocoque). valvulaires) => infections iatrogènes. Remarque : seul
- Entrée par les cellules M au niveau de la mu- traitement efficace = ablation du matériel.
queuse du TD (Plaques de Peyer) car couche de
mucus fine à ce niveau et cellules naturellement pha- 4.1.4. Mécanismes d’acquisition du fer
gocytaires => contournement des cellules épithéliales Synthèse de sidérophores par la bactérie : chélateurs
pour accéder au tissu sous-jacent ou au sang (Yersinia, du fer avec une haute affinité, compétition avec lacto-
Salmonella, Shigella). ferrine et transferrine (chélateurs du fer de l’hôte).

4.1.3. Adhésion bactérienne 4.2 Facteurs d’échappement aux défenses de l’hôte


Le phénomène d’adhésion bactérienne aux cellu- (complément, phagocytose, réponse anticorps)
les de l’hôte est, dans la très grande majorité des cas, 4.2.1. Capsule bactérienne
une étape obligatoire pour la bactérie : c’est le Enveloppe externe de la bactérie, le plus souvent de
début du processus de colonisation +++. nature polysaccharidique.
L’adhésion bactérienne fait intervenir des consti- - Rôle protecteur contre l’activation du complé-
tuants superficiels de la bactérie (adhésines) et des ment.
récepteurs cellulaires de l’hôte. L’interaction molé- - Capsule en général immunogénique (intérêt pour
culaire entre bactérie et cellule-hôte est spécifique. vaccin anti-Haemophilus influenzae type b ou
Notion de répertoire d’adhésines : pour une vaccin anti-pneumococcique),
bactérie donnée, différentes adhésines sont exprimées - Mais il existe exceptions : capsules dont la nature
alternativement à la surface de la bactérie en fonction ressemble à des polysaccharides de l’hôte (acide
de l’environnement physico-chimique et des surfaces hyaluronique chez Streptococcus pyogenes, acide sialique
cellulaires rencontrées lors du cheminement de la chez Neisseria meningitidis type B) sont non immuno-
bactérie dans l’hôte. géniques => pas de réponse anticorps => opsonisa-
Il existe deux groupes d’adhésines : tion impossible => rôle protecteur contre la pha-
gocytose.

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Les bactéries pathogènes qui échappent à la phagocy- dans l’organisme et venir agir sur leurs cellules-cible.
tose sont appelées bactéries pathogènes extracellu- Elles peuvent donc agir à distance du foyer infectieux
laires. où elles sont produites.
Dans certains cas, le pouvoir pathogène d’une
bactérie ne s’exprime que par une
Facteurs d’échappement Facteurs facilitant ou plusieurs toxines : Rôle majeur
aux défenses de l’hôte la colonisation dans l’expression clinique de la
• variation Ag
Echappement à réponse (LPS, pili, flagelle,…) de surface maladie.
immunitaire anticorps (ex : Tétanos, diphtérie, botulisme
• camouflage Adhésion Captation Mobilité Certaines ont un pouvoir toxi-
pili du fer que très élevé : substances les plus
Echappement
C5a peptidase, protéines de surface toxiques connues ! (ex : toxine
LPS botulinique)
sidérophores
au complément
flagelles Il en existe 3 types suivant la
capsule structure et le mécanisme
d’action :
Echappement à Toxines de type A-B
phagocytose La plupart des toxines protéiques
composants de la paroi enzymes hydrolytiques appartiennent à cette catégorie.
(LPS, ac teichoïques) toxines
* Structure : 2 portions
Portion A : possède l’activité
Réaction Actions à Destruction
inflammatoire distance +++ des tissus
enzymatique responsable de la
toxicité
Facteurs endommageant l’hôte Portion B : permet la liaison
avec le récepteur de la cellule
cible
Figure 3 : Rôle des composants bactériens dans le pouvoir
pathogène des bactéries extracellulaires
* Mécanisme d’action :
- Liaison à la cellule cible par la portion B qui re-
4.2.2. Autres facteurs de résistance au complé- connaît un récepteur spécifique cellulaire. La por-
ment tion B détermine la spécificité de la cellule ci-
Ex : * Modification du LPS (antigen O) : Préven- ble.
tion de la formation du complexe d’attaque membra- - Translocation : correspond à l’internalisation de
naire (Bactéries à gram négatif dites « sérum- la portion A dans la cellule cible.
résistantes »). - Activité enzymatique : la portion A devient ac-
* Synthèse de C5a peptidase : prévient la migra- tive dans le cytoplasme de la cellule et peut
tion des phagocytes vers le site de l’infection. exercer son activité toxique.
Ex : toxine diphtérique => ADP-ribosylation du
4.2.3. Echappement à la réponse anticorps facteur d’élongation EF-2 => arrêt des synthèses
- Certaines bactéries sont capables de faire varier leurs protéiques => mort de la cellule
antigènes de surface : variation antigénique (Ex : * Application : Vaccin antibactérien
variations de phase intéressant les flagelles de Salmo- Souvent, les toxines protéiques de type A-B sont
nella, ou les pili du gonocoque). responsables de la totalité des symptômes clini-
- Camouflage avec des molécules ressemblant à ques (ou presque) ; il n’y a pas de multiplication
celles de l’hôte : certaines capsules (voir plus haut). de la bactérie dans l’organisme => Toxi-
infection
La synthèse d’anticorps neutralisant la toxine
4.3. Facteurs endommageant l’hôte
permet une protection efficace contre la maladie.
4.3.1. Enzymes hydrolytiques
- Vaccination par anatoxine : substance qui a
De nombreuses bactéries pathogènes sécrètent des
perdu tout pouvoir toxique (détoxification par le
enzymes hydrolytiques permettant la destruction des
formol), mais conserve son pouvoir immunogène.
tissus (hyaluronidases, protéases, DNAses,…) =>
Vaccination très efficace.
facilite la dissémination des bactéries et la production
Ex : vaccination anti-tétanique, vaccination anti-
de pus.
diphtérique
Ex : Bactéries pyogènes (Staphylococcus aureus, Strepto-
- Utilisation d’antitoxine : Ig spécifiques humai-
coccus pyogenes)
nes. Protection immédiate, transitoire, peu effi-
cace (si toxine déjà fixée sur récepteur cellulaire !)
4.3.2. Toxines protéiques bactériennes (exotoxi-
Cytolysines ou hémolysines
nes)
= Toxines provoquant une rupture membra-
La survie et la multiplication des bactéries chez
naire de la cellule cible. 2 types :
l’hôte infecté s’accompagnent souvent de la produc-
- soit protéines venant s’intégrer dans la mem-
tion et de la sécrétion de toxines à l’extérieur de la
brane de la cellule => formation de pores mem-
bactérie. Après libération, les toxines vont diffuser

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branaires entraînant la lyse cellulaire avec fuite 4.4.1. Classification des bactéries intracellulaires
des constituants cellulaires Pathogènes intracellulaires obligatoires
Ex : Streptolysine O (Streptococcus pyogenes), Toxine - Bactéries incapables de survivre à l’extérieur des
α (Staphylococcus aureus) cellules
- soit enzymes déstabilisant la membrane plasmi- - Adaptation totale à l’hôte +++
que par action au niveau des phospholipides - Souvent lésions minimes chez l’hôte qui assure
membranaires : phospholipases ou lécithinases en définitive leur survie
Ex : Toxine α (Clostridium perfringens) Ex : Chlamydia, Rickettsia
Superantigènes Pathogènes intracellulaires facultatifs
⇒ hyperstimulation des lymphocytes T CD4+ - Soit bactéries de environnement adaptées à pré-
(helper) ⇒ excès de IL-2 et TNFα ⇒ réaction in- dateur = amibe (Ex : Legionella pneumophila)
flammatoire +++ parfois état de choc. - Soit bactéries dont une étape du cycle corres-
ex : Toxine du Toxic Shock Syndrome (S. aureus), pond à un passage intracellulaire (ex: traversée de
Toxine pyrogénique streptococcique (S. pyogenes) muqueuse TD)
(Ex : Shigella, Yersinia, Salmonella)
4.3.3. Composants de la paroi bactérienne à - Soit bactéries recherchant un gîte à l’abri des dé-
l’origine de la réaction inflammatoire fenses de hôte (Ex : Brucella, Mycobacterium tubercu-
Structures microbiennes très conservées : pathogen- losis)
associated molecular patterns (PAMPs) :
4.4.2. Facteurs du parasitisme intracellulaire-
Bactéries à gram négatif : Entrée dans les cellules (⊄ épithéliales ou
Lipopolysaccharide (LPS) ou endotoxine phagocytes) : processus complexe au cours du-
Le LPS est un constituant de la membrane ex- quel l’interaction spécifique de la bactérie (mo-
terne de la paroi des bactéries à gram négatif. Il lécules de surface) avec la cellule (récepteurs
est composé d’une partie lipidique (lipide A) et membranaires) va déclencher des remaniements
d’une partie polysaccharidique (core central + du cytosquelette de la cellule qui aboutissent à
chaines polysaccharidiques). (fig 4) l’ingestion de la bactérie ⇒ phagocytose induite
par la bactérie +++.
- Survie et multiplication intracellulaire : la
bactérie se retrouve dans une vacuole de phagocy-
tose ou phagosome. Plusieurs mécanismes sont
possibles pour le devenir de la bactérie dans la cel-
Figure 4 : Structure du LPS lule :
- Lipide A => propriétés toxiques identiques pour toutes les - soit survie dans le phagosome : inhibition de
bactéries => choc septique la fusion phagosome-lysosome (Ex : Salmonella,
- Portion polysaccharidique => antigénique : antigène O ou Ag Legionella, Mycobacterium tuberculosis, Brucella, Chla-
somatique. mydia) ou survie dans le phagolysosome avec résis-
tance au burst oxydatif (Coxiella). Multiplication
Mécanismes d’action : Pour exercer son action, le bactérienne intra-vacuolaire (fig 6).
LPS doit d’abord se lier à une protéique sérique, - Soit survie dans le cytoplasme : échappement
LPS binding protein ; le complexe ainsi formé du phagosome après lyse de la membrane de la
interagit avec des récepteurs de la membrane du vacuole ⇒ libération de la bactérie dans le cyto-
macrophage (CD14, TLR). => Réaction inflam- plasme. Mobilité intra-cytoplasmique par polymé-
matoire risation de l’actine à un pôle de la bactérie et pro-
Bactéries à gram positif : pulsion de la bactérie à travers la cellule vers cel-
Acides (lipo)teichoïques, peptidoglycane lule adjacente sans passage extérieur (Listeria, Shi-
Rôle équivalent au LPS des bactéries à gram néga- gella, Rickettsia). Multiplication bactérienne intra-
tif dans la genèse du choc septique. cytoplasmique.
+++ Une réponse inflammatoire excessive - Echappement aux défenses de l’hôte : multi-
peut avoir des conséquences néfastes, soit en alté- plication intracellulaire permet à la bactérie de res-
rant le fonctionnement d’un organe (poumons, ter à l’abri des défenses immunitaires de l’hôte ⇒
système nerveux central), soit en entraînant un induction d’une immunité de type cellulaire
désordre circulatoire systémique (choc septique) (réponse Th1) dirigée contre les cellules infectées
(fig 5). (voir cours immunologie).
4.4 Cas particulier : Facteurs permettant la survie des
bactéries pathogènes intracellulaires

Janvier 2007
S. Charachon 6 Faculté de Médecine Montpellier - Nîmes
MB7 : Bactériologie B4- Relations hôte-bactéries

Bactérie Bactérie
Gram - Gram +

LPS LTA +
peptidoglycane

Système neuro-endocrinien :
Fièvre, Anorexie
Macrophage
Foie : Autres cellules : cellule
Synthèse des protéines de la endothéliale Muscle :
phase aiguë de l’inflammation Mobilisation des réserves
Cytokines : IL-1, IL-6, IL-8
( CRP) énergétiques => Cachexie
TNFα, PAF,…

Activation du Prostaglandines Activation de la


Complément Leucotriènes coagulation
Amines vaso-actives
CIVD

• Vasodilatation + Altérations endothéliales


• Recrutement et passage tissulaire des Hémorragies
NFS : phagocytes
Hyperleucocytose
neutrophile Fuite de liquide vers tissus

Défaillance
Site de l’infection : Généralisée : multi viscérale
Signes locaux
Hypotension
Rougeur Chaleur Œdème Etat de choc
artérielle
Douleur

Stade 1 : Infection localisée Stade 3 : Sepsis grave

Stade 2 : Sepsis Stade 4 : Choc septique

Figure 5 : Physiopathologie de la réaction inflammatoire et du


choc septique

4.5 Conclusion
De l’étude du cycle infectieux des bactéries (fac-
teurs de pathogénicité, interactions avec l’hôte) dé-
pendent plusieurs enjeux importants de la médecine
tels que :
- développement de nouveaux vaccins
- identification de nouvelles cibles thérapeutiques
pour la mise au point de nouveaux anti-infectieux

Figure 6 : Multiplication intra-macrophagique de Brucella.


(microscopie électronique, 48h d’infection cellulaire, image
Inserm U431)

5. Grands syndromes infectieux d’origine


bactérienne et principales bactéries en
cause en pathologie humaine
(voir Bactériologie médicale, collection Azay, annexe
5).

Janvier 2007
S. Charachon 7 Faculté de Médecine Montpellier - Nîmes

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