Texte Olfa Kammoun Hammami - Sami Hammami
Texte Olfa Kammoun Hammami - Sami Hammami
Texte Olfa Kammoun Hammami - Sami Hammami
Résumé :
Le contexte actuel de la Tunisie est marqué par l’entrée en vigueur depuis janvier 2008 de la
zone de libre échange avec l’UE (accord signé depuis 1995) ainsi que par une conjoncture
internationale difficile liée à la hausse des prix de l’énergie. Face à ces nouveaux facteurs
économiques, le pays a adopté une nouvelle politique industrielle orientée vers la création et
le développement des PME ainsi que le soutien de la Recherche et Développement pour
favoriser l’innovation technologique, conditions nécessaires pour améliorer l’attractivité et la
compétitivité sur le plan international. Ce travail essaie de mettre en lumière le soubassement
théorique de cette nouvelle orientation et les principaux programmes mis en œuvre lors de
l’application de la nouvelle politique industrielle.
Mots clé : industrie, nouvelle politique industrielle, mondialisation, R&D, innovation, PME.
1
Maître-Assistant à l’ESSEC de Tunis, e-mail : olfakammoun@yahoo.fr
2
Maître de Conférences à la FSEG de Sfax, e-mail : sami_hammami2005@yahoo.fr
Introduction :
La Tunisie passe par une phase sensible avec les défis qu’elle doit relever dans le contexte
actuel marqué par l’adhésion à l’OMC dès 1995, d’une part, et par la signature en 1996 de
l’accord d’association avec l’UE portant la création d’une zone de libre échange, d’autre part.
Ces facteurs économiques ont incité le gouvernement tunisien pour l’adoption d’une nouvelle
politique industrielle dont le principal objectif est d’améliorer la compétitivité de l’industrie
tunisienne. L’amélioration de la compétitivité suppose d’agir sur les facteurs permettant une
croissance soutenue de la productivité : des conditions macroéconomiques stables, un marché
concurrentiel, une diffusion de la connaissance et un environnement favorable aux entreprises.
La politique industrielle de la Tunisie repose sur une série d’instruments pour mener à bien
son objectif final de compétitivité : plus de dépenses allouées à la recherche et
développement, et une politique d’incitation à la de création d’entreprises innovantes.
Dans cette étude, nous nous concentrerons sur la nouvelle politique industrielle de la Tunisie.
La première section sera consacrée à une brève revue de la littérature sur la nouvelle
politique industrielle. Dans la seconde section, nous présenterons le poids de l’industrie dans
2
l’économie tunisienne. La troisième section traitera de l’innovation technologique en
Tunisie. La dernière section sera consacrée à la description des programmes mis en œuvre à
l’occasion des nouvelles orientations de la politique industrielle en Tunisie.
Les politiques industrielles appartiennent dans certains pays à une longue tradition
d’intervention de l’Etat dans les choix économiques des firmes. Elles sont associées à l’usage
par les pouvoirs publics d’un certain nombre d’outils d’intervention directe sur les entreprises.
Ces outils sont dénommés selon Morvan (1983) de « tactiques d’action », la commande
publique, etc.. Ils sont utilisés pour assure le développement d’une branche ou d’une filière
industrielle particulière (Brousseau, 2000).
De nombreux travaux ont souligné que cette conception étroite et purement instrumentale de
la notion de politique industrielle passe, sous silence, l’analyse des motivations de
l’intervention de l’Etat et risque même d’ignorer une grande partie des autres mesures dont il
se sert pour intervenir sur l’appareil productif. La nouvelle politique industrielle qui présente
plusieurs formes d’intervention était justifiée par la présence de défaillances de marché. Ainsi,
la théorie néo-classique suite à l’analyse des imperfections du marché a justifié la nécessité de
cet interventionnisme étatique dans le système productif afin de combler ces échecs et
organiser le fonctionnement des marchés (Combe, (1999), Stiglitz, (2000), Faugere (2002),
Cohen et Lorenzi (2002)). En définissant la politique industrielle traditionnelle par rapport à
ses objectifs : accroître la compétitivité ou favoriser le développement des activités
productives nationales, certains auteurs ont remis en cause l’efficacité de cette politique. La
nouvelle politique vise à stimuler la R&D, à renforcer la diversification en favorisant la
diffusion de la connaissance scientifique et technologique afin de contribuer à la diffusion de
nouveaux avantages comparatifs. Non seulement, le renforcement des relations entre
entreprises publiques et privées est favorisé, mais également un rôle important est voué aux
régions et aux autorités locales afin d’identifier les politiques territoriales qui favorisent le
développement des entreprises de la région d’où l’intérêt accordé aux pôles technologiques
afin de stimuler l’innovation dans les régions.
Cette nouvelle forme de politique industrielle constitue une tentative mixte (Gaffard, 2005),
ne s’inscrivant ni dans la démarche interventionniste traditionnelle, ni dans celle qui s’en tient
à définir un cadre réglementaire approprié. Elles impliquent pour les pouvoirs publics
3
d’intervenir sur les finalités ainsi que les moyens organisationnels de la stratégie industrielle.
Il s’agit de créer les conditions de coopération entre entreprises afin de leur permettre, et sans
interférence aucune avec la nature des produits eux-mêmes, la maîtrise conjointe des
technologies et des marchés (Gaffard, 2005). Ainsi, la nouvelle politique industrielle ne se
contente pas uniquement de créer un environnement légal et règlementaire mais envisage
également la mise en place de politiques transversales qui favorisent le partenariat entre les
entreprises petites et grandes, entre université et industrie pour stimuler les sources de
l’innovation.
Par ailleurs, il est indéniable que la nouvelle politique industrielle doit s’adapter à la nature
même de la nouvelle économie, à savoir « l’économie de la connaissance ». En effet, les
connaissances et leurs applications constituent la source principale de la croissance. On
souligne à cet effet, l’apparition des marchés de connaissances (Le Bas, 2002). Les
transactions marchandes portant sur les connaissances technologiques et leurs transferts ente
agents jouent un rôle de plus en plus grand dans la nouvelle économie. Ces transactions
concernent la création, l’usage ou la diffusion de connaissances technologiques. Ces
connaissances faisant partie du capital immatériel des firmes, qui rendent compte des résultats
et des succès des entreprises, ainsi que leurs avantages concurrentiels (Teece, 2000).
En réalité, la nouvelle théorie industrielle s’est largement développée avec les travaux des
courants néo-institutionnalistes et évolutionnistes. Le premier a vu le jour avec les travaux de
Coase (1937) et Williamson (1975), donne aux institutions un rôle central dans l’économie.
En effet, les institutions et en particulier l’Etat doivent présenter des solutions aux problèmes
posés par les marchés et leurs fonctionnements. Ainsi, la mise en place d’un arrangement
institutionnel par l’Etat doit être interprété comme le moyen de surveiller et d’empêcher les
possibles fraudes dans les transactions qui se font entre les acteurs du système productif, ce
qui contribue au bon fonctionnement des échanges au sein de l’industrie et de l’économie en
général (Marty, 2005). Dans ce cadre, coût de transaction, institution et incitation sont les
trois concepts clés du néo-institutionnalisme.
4
plan individuel et collectif. En outre, ce courant a placé l’innovation au centre de ses
préoccupations en considérant l’entreprise comme le principal acteur de l’innovation. Les
évolutionnistes se sont intéressés à l’étude des processus d’innovation technologique qui sont
en rapport avec l’évolution des firmes et des industries. La notion de système technologique
est, alors introduite pour expliquer les processus qui interviennent dans la genèse et la
diffusion des innovations.
L’industrie occupe une place importante dans l’économie en Tunisie. En effet, d’après
l’Agence de Promotion de l’Industrie, la valeur ajoutée de ce secteur a représenté, en 2006,
31% de la valeur de la production. Le taux de croissance annuel moyen de la valeur ajoutée a
été de 7% sur la période 1997-2004.
5
Tableau 1 : Population active occupée selon le secteur d'activité
Ce rôle est aussi perçu dans la balance commerciale. En effet, comme le montre la figure 1, la
valeur des exportations des Industries Manufacturières est passée de 6 885 millions de dinars
en 2000 à 13 001 millions de dinars en 2006 accusant, ainsi, un taux de croissance annuel de
11 %.
S’agissant du tissu industriel, la Tunisie compte 5 470 entreprises ayant un effectif supérieur
ou égal à 10. Par ailleurs, le secteur textile et habillement domine le secteur industriel en
Tunisie (36%). En seconde place, on trouve le secteur agro-alimentaire avec un pourcentage
de 18%, puis l’industrie mécanique et métallurgique (10%) (voir tableau 2). La balance
commerciale montre la même structure. En effet, le secteur du textile et habillement
représente la part la plus importante dans les exportations des industries manufacturières
6
(figure2).
14000
12000
10000
8000
6000
4000
exportations des industries
2000 manufacturières
0
2000 2004 2005 2006
7
Tableau 2 : répartition des entreprises industrielles par secteur d’activité
Agro-alimentaire 993 18
Divers 295 5
Energie et lubrifiants
5000
Agriculture et industries agro-alimentaires
0
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
8
Ainsi l’avantage comparatif de la Tunisie basé sur une main de d’œuvre bon marché, a été
maintenu vis-à-vis de ses concurrents méditerranéens, mais qu’il est de plus en plus érodé par
rapport aux nouveaux pays industrialisés asiatiques, à la Chine et à l’Inde, et aux PECO.
D’où, les efforts d’amélioration de la compétitivité coûts devraient se poursuivre par
l’augmentation de la productivité du travail à travers le développement des compétences et la
modernisation des procédés technologiques.
L’innovation en Tunisie connaît une évolution constante et un intérêt particulier étant données
ses répercussions sur la croissance économique et le développement des entreprises. L’un des
indicateurs les plus utilisés pour évaluer l’effort en matière de recherche : les dépenses en
R&D. Les dépenses en recherche et développement ont passé de 89 millions de dinars en
1997 à 430 millions de dinars en 2006. Par rapport au PIB, le taux des dépenses intérieures de
R&D passe de 0 ,43% en 1997 à 1,07% en 2006, soit un taux de croissance de 1,48%. Les
pouvoirs publics prévoient un taux de 1,25% en 2009.
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2009*
DIRD (en 89 97 108 122 153 188 234 350 379 430 633
MD)
PIB (en 20901 22701 24939 27303 28741 29887 32203 35035 37202 40178 50613
MD)
DIRD/PIB 0 ,43 0 ,43 0 ,43 0 ,45 0,53 0,63 0,73 1 1,02 1,07 1,25
(en %)
* Estimation
Cependant, et comme l’indique la figure 3, la valeur de ces dépenses est sans comparaison
avec celles des pays étrangers à savoir la France (38144 M$ PPA), l’Italie (17699 M$ PPA),
le Brésil (13509 M$ PPA) et l’Espagne (11072 M$ PPA) contre 512 M$ PPA en Tunisie.
9
Fig3: DIRD en million $PPA
40000
35000
30000
25000
20000 DIRD
15000
DIRD en million $PPA
10000
5000
0
FR IT BR ES AZ TR NO PT GR CL TN EG
200320022003200320032002200320032003200220032003
pays
NB : Le volume de la DIRD en PPA nous permet de mesurer les dépenses consacrées à la R&D, en tenant
compte du niveau de vie et du taux de change.
Chellouf et al (1999) ont déjà montré quelques lacunes dont souffre le système national
d’innovation en Tunisie. Ils soulignent que les 80% des brevets déposés par les résidents le
sont à titre individuel. Ceci montre le manque de collaboration entre les entreprises surtout
pour subventionner le travail de la recherche. De plus, les auteurs remarquent lors de la
déposition de brevets, l’absence quasi totale de collaboration entre chercheurs, laboratoires de
recherche et entreprises.
La conclusion qu’on peut tirer de ces résultats est que l’environnement institutionnel
d’informations scientifiques et économiques en Tunisie est caractérisé par une faible
communication entre ses structures. Ce qui n’est pas comparable aux pays industrialisés avec
un fort degré d’implication des entreprises dans l’effort de R&D.
Ce faible effort d’innovation est aussi perçu à travers les brevets internationaux (tableau n°4).
En comparant un ensemble de pays méditerranéens et de pays européens sur la période 1996-
2005, la Tunisie est le pays le moins performant (avec 10 brevets seulement), un nombre très
limité par rapport à ses concurrents européens : la France, l’Italie et l’Espagne avec
respectivement 42464, 19334, 3651 et ses concurrents méditerranéens : Jordanie, Maroc et
Egypte qui ont enregistré respectivement 26, 31 et 91 brevets.
10
Tableau 4 : Les brevets internationaux enregistrés
- OEB
Le faible potentiel d’innovation dans l’industrie tunisienne est aussi reflété dans la balance
commerciale (figure 4). En effet, les exportations des produits de haute technologie par
rapport à l’ensemble des exportations sont faibles avec un taux égal à 4%, très insuffisant par
rapport aux autres pays (34 et 31 pour les pays dont les taux sont les plus élevés : l’Irlande et
le Pays Bas).
Ainsi, malgré la contribution de l’industrie à la richesse nationale, les caractéristiques
actuelles de l’industrie tunisienne à savoir sa forte concentration dans les activités à forte
intensité de main d’œuvre et le faible effort de R&D d’une part ; et l’accroissement de la
concurrence étrangère à la mondialisation, d’autre part appellent à l’adoption d’une nouvelle
politique industrielle orientés vers les secteurs à forte valeur ajoutée et fondée sur la recherche
et l’innovation.
11
Fig4: Exportations des produits de haute technologie (en %des exportations des
marchandises, 2003)
35
30
25
20
10
0
IE NL UK FI DK FR GE SE AT GR LU PT BE IT ES TN TR
pays
12
Le renforcement de la coordination entre les composantes du système national
de R&D dans le but de créer les synergies nécessaires pour une meilleure
valorisation des compétences et des moyens financiers et matériels mis à la
disposition du secteur
La création de structures de mise en œuvre des programmes de recherche dans
27 centres publics de recherche et 12 universités. Il existe aujourd’hui 33 centres
de recherche, 139 laboratoires et 638 unités de recherche dans lesquels exercent
près de 16000 chercheurs- en équivalent plein temps-.
Le développent des ressources humaines qualifiées à travers la mise en place des
écoles doctorales et l’encouragement des formations post-doctorales. On vise à
atteindre en 2009 un niveau de 11% de nouveaux diplômés en sciences et
technologie parmi la tranche d’age 20-30 ans.
L’accroissement progressif des ressources budgétaires allouées au secteur de
R&DT dans le but d’atteindre 1.25%du PIB en 2009.
La mise en œuvre des programmes de recherche fédérés (PRF) dans le cadre de
l'organisation des activités du système national de R&D et ce à travers la
mobilisation des compétences et la création de synergies entre les structures de
recherche et leurs partenaires, publics ou privés, concernés par le développement
du secteur de la recherche scientifique et de la technologie.
Les PRF traitent des questions s'inscrivant dans des thématiques nationales
prioritaires.
Le développement des réseaux d’échanges pour la circulation de l’information et
l’accès aux banques de données et centres de documentation au niveau national
et international.
La mise en place d’un programme de coopération avec les chercheurs tunisiens
résidents à l'étranger : Ce programme, qui s'inscrit dans les orientations du XI ème
Plan (2007-2011) du secteur de R&D, vise à favoriser l'accueil des chercheurs
tunisiens, installés à l'étranger, dans les structures de recherche tunisiennes afin
d'entreprendre des actions conjointes de recherche et de développement
technologique. Il vise aussi à favoriser la création ou le renforcement d'une
dynamique de coopération et de partenariat scientifique entre les structures de
recherche tunisiennes et celles au sein desquelles exercent les chercheurs tunisiens
résidents à l'étranger.
13
Le développement de la coopération internationale : le MESRST s'est attaché à
consolider et à diversifier ses partenaires sur le plan bilatéral (coopérations avec
les pays maghrébins et arabes, les pays européens, les pays d’Amérique et les
pays asiatiques) et multilatéral (coopération avec l’union européenne et les
organisations internationales comme l’UNESCO, l’ALECSO, l’agence africaine
de biotechnologie,…) en vue d'atteindre des objectifs aussi bien qualitatifs que
quantitatifs.
Sur le plan qualitatif, il s’agit d’assurer l'intégration des chercheurs tunisiens dans
des réseaux internationaux d'excellence, développer leurs compétences et faciliter le
transfert technologique vers la Tunisie. Cette mesure vise également à assurer une
meilleure visibilité internationale du Système National de R&D et à promouvoir
l'investissement étranger dans les secteurs de haute technologie notamment dans le
cadre des technopôles.
Sur le plan quantitatif, l'objectif visé est d'assurer une contribution de la coopération
internationale de l'ordre de 17% des dépenses allouées au secteur de la recherche
scientifique et de la technologie.
14
pertinence des projets et de leur inscription dans le cadre des priorités
nationales de recherche : agriculture et pêche, environnement et eau,
industrie et énergie, informatique, télécommunication et services, Sciences
de l'Homme et de la société, Santé et pharmacie, et biotechnologie.
La mise en place d’un Programme National de Recherche et d'Innovation
(PNRI). Ce programme vise à mettre en valeur le potentiel des compétences
humaines et des ressources technologiques des structures de recherche
publiques pour répondre aux besoins d'innovation technologique des
entreprises tunisiennes. Il permet à la fois d'enrichir les activités des
chercheurs et de renforcer les liens de collaboration entre les entreprises et
les structures de recherche.
Le développement du secteur financier privé intégrant principalement la
notion de capital risque pour stimuler le financement des entreprises
innovantes.
La diffusion de la culture des brevets auprès des chercheurs : il s’agit de
la mise au point d’un plan d'action qui consiste à former et à sensibiliser
les chercheurs quant à l'importance de la protection des résultats de leurs
recherches avant de les publier ainsi que de l'exploitation industrielle de
ces inventions par la création d'entreprises innovantes. A cet effet, le
Ministère a mis en place un certain nombre d'incitations en faveur des
chercheurs qui consistent essentiellement, en la prise en charge des frais
de dépôt des demandes de brevets aussi bien à l'échelle nationale,
régionale qu'internationale.
L’octroi d’une prime d’investissement en recherche-développement
(PIRD) afin d’encourager les entreprises à s’engager sur la voie de
l’innovation technologique.
La mise en place de technopoles qui offrent un environnement adéquat
pour le transfert technologique et la diffusion de la culture d’innovation.
15
Favoriser l'incubation et la création d'entreprises innovantes par
la valorisation des résultats de la recherche,
Stimuler la création de l'emploi notamment pour les diplômés de
l'enseignement supérieur,
Améliorer la capacité compétitive de l'industrie nationale,
Favoriser l'investissement étranger en Tunisie.
Conclusion
16
Le présent travail décrit cette politique, en mettant l’accent sur le système national
d’innovation tunisien. Dans une première étape, nous avons présenté l’importance de
l’industrie dans l’économie nationale, puis les faiblesses de ce secteur, avec le faible effort
d’innovation technologique, et les dépenses en R&D qui restent limiter malgré les
changements perçus à ce niveau. La solution à ce problème réside dans l’adoption d’une
nouvelle politique industrielle orientée vers les secteurs à forte valeur ajoutée et fondée sur la
recherche et l’innovation.
Dans une seconde étape, l’étude met en exergue les programmes mis en œuvre à cette
occasion, à savoir les programmes visant la création de technopoles, de pépinières, de centre
d’essaimage et des programmes d’appui aux centres techniques et aux laboratoires. Un
prolongement de cette étude peut porter sur l’évaluation de cette nouvelle politique
industrielle et de sa mise en œuvre au sein des différents secteurs d’activité.
17
Annexe 1
La Tunisie a adopté un nouveau code d’incitation aux investissements en 1993 dans le but
de stimuler l’investissement dans les domaines prioritaires y compris la haute technologie
et les industries à vocation exportatrices. Le principal objectif du code est de fournir
diverses incitations pour tous les investisseurs :
Incitations générales
Incitations spécifiques
1. Avantages liés à l’exportation
Exemption totale des impôts sur les bénéfices provenant des exportations pour les
premières dix années et réduction de 50% du taux à partir de la onzième année pour
une période illimitée.
Exemption totale sur les bénéfices et profits réinvestis.
18
Exemption totale sur les droits et taxes de douanes pour les équipements, les matériels
de transport, la marchandise, les matières premières, les produits semi-finis et les
services nécessaires à l'activité.
Possibilités de vente sur le marché interne de 30% de la production.
La loi fixe des avantages pour les investissements réalisés dans les zones d’encouragement
industriel et dans celles définies comme prioritaires :
Exemption totale des impôts sur les bénéfices pour une période de 10 ans et
réduction de 50% du plafond imposable pour une période ultérieure de 10 ans.
Exemption totale des impôts sur les bénéfices et gains réinvestis.
Prise en charge de l’État des cotisations de sécurité sociale (à hauteur de 15,5% du
salaire) pour les premières cinq années, et partielle (de 20% à 80%) pour les cinq
années consécutives, et ce, pour le labeur crée à partir de projets implantés dans les
zones prioritaires de développement régional.
Possibilité d’une participation de l’État aux dépenses portant sur les infrastructures.
L’État tunisien concède un financement à fonds perdu (prime d’investissement)
pour une valeur de 15% de l'investissement s’il a lieu dans des zones
“d'encouragement industriel.
Concession d’un financement à fonds perdu (prime d'investissement) à raison de
25% de la valeur de l'investissement s’il est effectué dans les zones dites “de
développement prioritaire”.
2-L’essaimage
L'essaimage est défini comme toute action visant à aider un salarié à conduire un projet
personnel de création ou de reprise d'entreprise, dans le cadre d'un partenariat avec sa société
d'origine. Ce partenariat peut revêtir des formes variées qui vont de l'appui technique à une
aide financière, voire à des transferts de brevet ou d'activité.
19
C’est un mécanisme à travers lequel les entreprises économiques des secteurs public et privé
peuvent contribuer à épauler les efforts de l’Etat dans l’accélération du rythme de création
d’entreprises, et ce, en raison de l’expérience dont disposent les entreprises d’origine et des
compétences humaines capables d’identifier les projets et d’entreprendre leur réalisation avec
les plus grandes chances de succès.
Pour le promoteur :
Le régime de congé pour la création d'une entreprise ou du régime de la
délégation et de la mobilisation,
La prise en charge par l'entreprise des frais d'études et autres frais de
démarrage.
Du background et de l'assistance de l'entreprise essaimante.
Les contributions financières pour le lancement de son projet.
Pour l'entreprise essaimante :
La déduction des dépenses engagées dans ce cadre de la base de l'impôt sur le revenu
des personnes physiques ou de l'impôt sur les sociétés de l'année au titre de laquelle
ces dépenses ont été engagées et ce dans la limite de 1 % du chiffre d'affaires brut
annuel avec un plafond de 30.000 dinars par projet.
L'optimisation des ressources humaines et matérielles et la contribution au
développement d'un réseau de PME partenaires.
Il est à noter que la première charte d’essaimage a été signée le 8 février 2006 par un premier
groupe composé de 9 entreprises du secteur public et 23 entreprises du secteur privé. Cette
charte fixe le cadre général et les modalités de création d’entreprises par le biais de
l’essaimage.
En outre, différentes autres mesures ont été prises :
La mise en oeuvre d'un programme triennal (2006-2008) qui permettrait la création de
300 nouveaux projets.
La création dans une première phase de 9 fonds communs de Placements à Risque par
9 entreprises publiques : STEG, Groupe Chimique Tunisien, Compagnie de Phosphate
de Gafsa, Tunisie Télécom, la Poste, SONEDE, ONAS, Cimenterie Om KHIL (C1OK),
Société nationale de la Cellulose et de la Pâte d'alpha (SMCPA).
20
La création d'une Société de Gestion qui aura pour mission exclusive d'administrer les
fonds susmentionnés.
Une panoplie d’établissements a été placée afin de conseiller les promoteurs et les aider à
valider leurs idées de projets :
21
Agence de Promotion de l’Industrie (API)
Programme de Modernisation Industrielle (PMI)
Centres techniques sectoriels
Institut National de Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI)
Pépinières d’Entreprises
Centres d’Affaires
Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur (APIE)
Agence de Promotion des Investissements Agricoles (APIA)
Agence Foncière Industrielle (AFI)
Banque Centrale de Tunisie (BCT)
Chambres Mixtes de Commerce et d’Industrie
Office National Tunisien du Tourisme (ONTT)
Offices de développement
Sociétés régionales d’investissement et de développement
Centre de Promotion des Exportations (CEPEX)
Agence Nationale de l’Emploi et du Travail Indépendant (ANETI)
Union Tunisienne pour l’Industrie, le Commerce et l’Artisanat (UTICA)
Le gouvernement tunisien a crée plusieurs institutions afin de fournir une assistance technique
et professionnelle aux entreprises locales. De plus, sous le programme de mise à niveau qui a
officiellement été lancé en 1996, le gouvernement mobilise plusieurs acteurs institutionnels
dont beaucoup ont déjà une bonne expérience dans la promotion et le soutien du secteur
industriel. En 1998, plusieurs mesures spécifiques ont été introduites pour encourager
l’investissement privé dans le secteur des PME, notamment en augmentant le niveau des
contributions du FOPRODI (Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle) aux
projets d’investissement, surtout dans le domaine du développement régional.
22
Tableau 5 : Institutions principales impliquées dans la politique de développement des PME
en Tunisie
INSTITUTION ACTIVITES
Centre d’Appui à la PMI assistance technique, modernisation
(CAPMI), partie de l’Agence promotion de la sous-traitance et du
de Promotion de l’Industrie (API) partenariat à travers l’orientation, la mise en
relation et les activités promotionnelles
Union européenne
Euro-Tunisie Entreprise (ETE) crédit, formation
Coopération euroméditerranéenne soutien à la coopération commerciale
Des PME
Organisation des Nations Unies pour le assistance technique et financière
développement industriel (ONUDI)
Conférence des Nations Unies sur le Commerce soutien à la modernisation des PME
et le Développement (CNUCED)
23
Par ailleurs, un programme de modernisation de l’industrie (PMI) est mis en place afin de
soutenir et développer les entreprises industrielles. Ce programme financé par un don de
l’Union Européenne, s’inscrit dans le cadre de la politique de soutien au processus de
modernisation de l’industrie pour préparer l’économie du pays à l’insertion dans la zone de
libre échange. Son objectif spécifique vise à :
24
Bibliographie
25
12. Guelloz, S., (2008), « Concordance des objectifs stratégiques: développement de long
terme et localisation des entreprises étrangère en Tunisie », Colloque International de
Tunis le 8 et 9 février 2008 : « la mondialisation : intégration économique et
croissance en méditerranée occidentale »
13. Institut de la méditerranée., (2005), «Profil pays Tunisie», Femise
14. Lachtar, H., (2005), «L’expérience récente d’implantation des pépinières d’entreprises
en Tunisie», Colloque Medinnov’2005 technopôle Marseille Provence
15. Le Bas, C H (2004), « Représentation du marché et compréhension des marchés de
connaissances », in Basle, M et Renaut, M , L’économie fondée sur la connaissance :
questions aux projets européens, Economica.
16. Ministère de l’Industrie, de l’énergie et des PME., (2006), «L’essaimage un
mécanisme de développement de la création d’entreprises»
17. R.DI Tommaso, M., Lanzoni, E et Rubini, L., (2001), «Soutien aux PME dans les
pays arabes. Le cas de la Tunisie», UNIDO
18. Stiglitz, J.E (2000), Principes d’Economie Moderne, Nouveaux Horizons.
19. Williamson, O. E (1975), Markets and Hierarchies : analysis ans antitrust implications,
The Free Press, New York.
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21. www.mrstdc.gov.tn
22. www.tunisieaffaire.com
23. www.tunisieindustrie.nat.tn
26
Abréviations
AT : Autriche
BE : Belgique
BR : Brésil
CL : Chili
DK : Danemark
EG : Égypte
ES : Espagne
FI : Finlande
FR : France
GE : Allemagne
GR : Grèce
IE : Irlande
IT : Italie
LU : Luxemburg
NL : Pays Bas
NO : Norvège
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OEB : Office Européen des Brevets
PIB : Produit Intérieur Brut
PPA : Parité de Pouvoir d’Achat
PT : Portugal
SE : Suède
TIC : Technologie de l'Information et de la Communication
TN : Tunisie
TR : Turquie
UE : Union Européenne
UK : Royaume Uni
USPTO : Office des Marques et des Brevets Américain
ZA : Afrique du sud
27
28