Anxiété Liée Aux Évaluations
Anxiété Liée Aux Évaluations
Anxiété Liée Aux Évaluations
PAR
VALÉRIE BERGER
FÉVRIER 2016
Université du Québec à Trois-Rivières
Service de la bibliothèque
Avertissement
L ' anxiété aux évaluations suscite beaucoup d ' intérêt dans le domaine de la recherche
depuis quelques décennies, et ce, en raison du nombre croissant d' élèves qu ' elle touche
et de ses impacts majeurs sur leur vie (Hembree, 1988). À titre illustratif, une étude
révèle un taux de 22 % en ce qui a trait à l' inquiétude liée aux travaux scolaires chez
1987), alors qu'une autre souligne que plus de 50 % des élèves de 4 c et Sc secondaire
élevé (Dumont, Leclerc, Massé, Potvin, & McKinnon, 2009). Plus récemment, Cassady
(2010) évalue le taux de préva lence de l' anxiété aux évaluations entre 25 et 40 % au sein
d' une population de tout âge. Malgré l' ampleur de ces pourcentages, certaines études
l'anxiété aux évaluations chez les enfants et les adolescents (Ergene, 2003; Hembree,
1988; Von Der Embse, Barterian, & Segool, 2013). Ceci s' explique en partie parce que
ce type de prob lématique passe généralement inaperçu au travers des nombreux autres
besoins criants nécessitant l' élaboration d' outils d'intervention en milieu scolaire (p. ex.,
intimidation, gestion de la colère, habiletés sociales, troub les d' apprentissage, etc.).
Devant ces constats, le présent essai souhaite pallier cette lacune en outillant le
psychologue scolaire, ainsi que son équipe, à parfaire leurs connaissances et leurs
interventions dans le domaine de l' anxiété aux évaluations, et ce, par l' atteinte de trois
les divers concepts et théories qui gravitent autour de la problématique de l' anxiété aux
IV
évaluations, et ce, afin de mieux saisir leurs subtilités. Pour ce faire, une recension des
écrits sera présentée quant aux facteurs de risque personnels, familiaux et sociaux qui
peuvent mener à son apparition. Il sera également question de souligner ses nombreux
dont l' élève peut souffrir. Enfin, deux concepts clés seront évoqués pour bien saisir les
chapitre dressera un portrait des techniques d' intervention d' approche cognitivo-
comportementale qui ont été élaborées pour pallier à l' émergence et au maintien de ce
type de problématique en milieu scolaire, et ce, dans l' objectif d'effectuer une synthèse
critique des forces et des faiblesses, ainsi qu' en dégager les caractéristiques pouvant
jouer un rôle dans leur efficacité (p. ex., le format de groupe, la durée du traitement,
etc.). Par ailleurs, le troisième objectif de cet essai, s'appuyant sur les éléments soulevés
scolaires œuvrant auprès d' adolescents souffrant d' anxiété aux évaluations. D'un point
de vue clinique et social, ce guide permettra d' aider les intervenants en milieu scolaire à
évaluations, de favoriser l' identification des élèves qui en souffrent ou à risque d' en
souffrir et de leur offrir une intervention adaptée à leur type de profil anxieux. Par le fait
même, cette intervention permettra aux élèves ayant un potentiel de réussite d' atteindre
v
bien que le guide s'adresse principalement aux psychologues, il est fortement suggéré
d' encourager l' implication des différents acteurs entourant l' élève (p. ex., parents,
présentera une synthèse des forces et limites des études recensées ainsi que du guide
proposé, puis émettra certaines recommandations pouvant faire l' objet de futures études
dans le domaine de l' anxiété aux évaluations, dont la bonification des interventions.
Table des matières
Sommaire .................................. ............... ...... ... ..... ........................... ..... ..... ..................... iii
Liste des tableaux .......................... ... ....................... ............................. ........ .......... ........ .... x
Remerciements .................................... ... ............. ..... ..... ...... .... .... ......... ................ ....... .... xii
Introduction .......................... .. ... ............. ... ................ ........ .. ........ ................ ... .. ......... ......... 1
Distinction entre les concepts de stress et d' anxiété générale ......... ........... ... ............. 8
Stress psychologique .... ... ......... .... ...... .. ................... ... ... .. ... .. ....... ................ 10
Différenciation entre les concepts d' anxiété-trait et d' anxiété-état ..................... ..... 16
L' anxiété et sa forme pathologique ... .......... ..... .......................... ... ...... ..... ........ ......... 17
L' anxiété aux évaluations ............ ........... ... ..................... ..................... ...... .... ........... 20
Phase de préparation ... .. ........ .............................. .... ......... .. ...... ... ............ .......... .26
Phase de performance .......... .... ..... ....... .... ............ ..... ....... ... ..... .......................... 26
Phase de réflexion ......... .......... .... .............. ................... .. ........ ... ... ............... ....... 27
Facteurs de risque personnels ................................ ... ...... ...... .. ...... ... .................. 34
Facteurs de risque familiaux ..... .................... ................... .... ........... ..... .............. 38
Facteurs de risque sociaux .......................... ... ..... ........ ..... ..... ............................. 41
Autres facteurs scolaires pouvant être associés à l' anxiété aux évaluations .... .42
Impacts de l'anxiété aux évaluations ... ...................... ............. ...... .. ......................... .43
Méthode ................ ............ ........... ... ..... ....... ..................... ........ ..... .. .......................... 49
Approche et techniques centrées sur les compétences .... ........ ..... ......... ............. 67
Autres caractéristiques d' intervention pouvant jouer un rôle dans son efficacité .... 77
Sexe ... .................................... ....... ..................... ........... ..... .... .... ........ ... ........... ... 77
Profil d' apprentissage ............. .... .... ....................... ............. .... ...................... .. ... 78
Format ......................... ....... ..... ... ........ ............. ...... ........ ..... .... ...... ...................... 78
Formation des intervenants ..... .. ................... .. ....... ...... ..... ...... ...... ..................... . 80
VIll
Synthèse critique .. .... ... ...... .. ..... .... .... ....... ..................... .................. ........ ............ 81
Besoins d' outils d'évaluation et d' intervention concrets relatifs à l' anxiété aux
évaluations en milieu scolaire .... .................. .... .................. .................................. ..... 88
Étape 3.2 : Structure d' intervention .................... ...... .................. .............. ...... . 100
Phase 3 - Volet comportemental (une à deux rencontres) .......... .... .......... 103
Autres caractéristiques à considérer lors de l' intervention ..................... ..... .... 104
Étape 4.1 - Phase de maintien (quatre à six mois) .................................... ...... 111
Discussion ..... ......... ....................... ....... .................................................... ....... ....... ........ 113
Forces en ce qui a trait aux connaissances, à l' évaluation et à l' intervention dans
le domaine de l' anxiété aux évaluations ......................... ........................................ 116
Conclusion ....... ................... ................ ........................... ... ........... .. .. ............... ............... 125
Appendice A. L ' anxiété aux évaluations chez l' adolescent: Guide d' évaluation et
d' intervention d' approche cognitivo-comportementale à l' intention des psychologues
scolaires ...... ... ................. ..... ............ ....... ........ ......... .......................................... ............ . 140
Liste des tableaux
Tableau
2 Typologie de l' anxiété aux évaluations selon Zeidner .... ........... ....... ............. ...... 29
4 Caractéristiques définissant l' anxiété aux évaluations ...... ...... ..... ..... .... ... .......... 142
7 Présentation de cas ......... .. ............... ....... ......................... .................. .............. ... 148
9 Typologies de l' anxiété aux évaluations, leurs caractéristiques, les phases qui
seront affectées, ainsi que les verbalisations ou comportements pouvant être
observés .......................... ... ..... ..... ........... ................ ........................ .... .. .............. 152
Figure
1 Schéma conceptuel des variables essentielles du chapitre 1 portant sur l' anxiété
aux évaluations en milieu scolaire ............ ............................... ... .. .......... ................ 14
2 Impact du niveau d' anxiété sur le niveau de performance .............................. ..... 158
Remerciements
Mme Michelle Dumont, pour sa confiance, sa disponibilité, son soutien, son écoute, sa
vous m' avez offert la chance d'animer des groupes de gestion du stress auprès
d' adolescents. Cette chance inestimable d' avoir pu être témoin de leur évolution m' a
permis d' affirmer ma passion pour l' intervention auprès des jeunes et de leurs familles.
Je remercie également Mme Guylaine Côté et Mme Line Massé pour le temps que vous
À toi Manu, mon amour, sans qui, tout cela n'aurait jamais été possible. Je ne te
construction de notre avenir tant rêvé. Je suis fière de ce que nous sommes et de ce que
nous accomplissons ensemble chaque jour. À toi mon fils, Mattéo, qui m' a permis de
par ton émerveillement envers les petites choses simples de la vie. Chaque jour, tu
m'amènes à devenir une meilleure personne, et j ' en suis certaine, une meilleure
intervenante auprès des enfants et de leur famille. Je tiens également à remercier mon
père, ma mère et ma sœur qui ont su m' inspirer dans mes valeurs de détermination,
d'empathie et de créativité, qui font de moi la femme que je suis devenue. Vous avez
toujours cru en mes capacités d' accomplir mes rêves et vous m' y avez toujours
Xlll
encouragée en m'offrant tous les outils possibles pour y arriver. Je vous en serai àjamais
reconnaissante. Par ailleurs, j ' aimerais remercier toute la famille pour votre présence si
précieuse auprès de notre fils, me permettant de compléter cet essai en toute confiance.
m'accompagner dans mon parcours de rédaction avec sa passion et ses précieux conseils
m'avoir toujours fait sentir que vous étiez là~· derrière moi. Vous étiez, en quelque sorte,
le moteur qu' il me fallait pour accomplir ce grand défi afin de pouvoir enfin profiter de
chaque moment à vos côtés ... À toi, Martin (1983-2015), mon ami ... merci!
Finalement, merci infiniment à toi, Lucie, de m' avoir offert ma toute première
peu ce fameux « syndrome de l' imposteur » qui nous guette toujours lors de nos
premiers pas. Notre collaboration fut malheureusement de courte durée, mais sache que
ta passion, ton émerveillement et ton cœur d'enfant sont une source d' inspiration dans
collègues et amies, Annik et Valérie R., qui m'aident chaque jour à devenir plus
confiante et compétente au sein de ma pratique, votre aide m' est plus que précieuse.
Introduction
Autrefois, un animal sauvage, une catastrophe naturelle ou tout autre élément de la
nature pouvant avoir des effets désastreux étaient les principales sources d' inquiétudes et
d' anxiété que l' homme pouvait rencontrer. Aujourd'hui, la société, en mettant de l' avant
d' exigences élevées, d'évaluations omniprésentes et déterminantes pour l' avenir (études,
carrière, qualité de vie, etc.), les adolescents ne sont pas épargnés de ce que l' on pourrait
capacités d' adaptation sont alors mises à rude épreuve par l'augmentation des tâches
perturbation sur le plan identitaire, etc.) (Dumont, Leclerc, & Deslandes, 2003; Hampel,
Meier, & Kümmel, 2008; Rudolph & Hammen, 1999), que le désir de répondre aux
l'intention de satisfaire aux demandes élevées des parents, de s' ajuster aux attentes liées
au rôle sexuel, de surmonter les défis liés à l'acceptation par son groupe de pairs,
d' accéder aux critères de beauté, d' exceller dans un sport ou toute autre activité
récréative, d' atteindre de hauts standards de performance dans toutes les sphères de la
3
vie et à tous les niveaux, et de développer des relations positives (Egbochuku & Obodo,
2005; Tramonte & Willms, 2010). De ce fait, il n' est pas rare de voir un adolescent aux
prises avec des difficultés considérables sur le plan de l'anxiété. Lorsque tous ces
éléments viennent s ' ~jouter à un contexte d ' évaluation scolaire, il peut alors apparaitre
de l'anxiété aux évaluations, un problème très répandu chez les élèves de tout âge,
recherche depuis quelques décennies, et ce, en raison du nombre de plus en plus élevé
d' élèves qu ' elle touche et de ses impacts majeurs sur leur vie (Hembree, 1988).
S'appuyant sur diverses études systématiques établies sur une population générale,
40 %; le plus haut taux comprend les minorités raciales et les femmes - deux populations
jugées plus à risque de souffrir de ce type d ' anxiété. En ce qui concerne la population
travaux scolaires (McGuire et al., 1987). Une seconde étude réalisée auprès
(Dumont et al., 2009). Selon certains auteurs, les prévalences rapportées devraient
toutefoi s être utilisées avec prudence, étant donné certaines lacunes quant à
grandes différences sur le plan méthodologique entre les études, etc.) et l'absence de
diagnostic limitant ainsi la précision des critères d' inclusion des participants (Cassady,
Malgré l' intérêt porté à une meilleure compréhension de l' anxiété aux évaluations
dans la littérature, les milieux scolaires continuent de déborder de références pour une
grandissante et se considèrent encore peu outillés pour soutenir les élèves qui en
souffrent. Compte tenu de la corrélation négative établie entre l' anxiété aux évaluations
primordial d' outiller les psychologues scolaires afm que ceux-ci puissent développer une
observé en ce qui a trait aux ressources qualifiées (Egbochuku & Obodo, 2005) et de
Le premier objectif de cet essai vise donc la définition et les distinctions entre les
divers concepts clés afin de saisir leurs subtilités pennettant une intervention plus
5
adéquate auprès des jeunes qui souffrent de cette problématique. Par la suite, une
recherche documentaire permet d' identifier les profils d' élèves à risque de développer
une telle anxiété, ainsi que les impacts possibles de celle-ci sur leur fonctionnement
partie dresse un portrait des techniques d' intervention inspirées de l' approche cognitivo-
comportementale qui ont été élaborées pour venir en aide aux adolescents qui souffrent
d' anxiété aux évaluations en milieu scolaire. Cette section effectue une synthèse critique
des techniques d' intervention qui se sont avérées efficaces dans le traitement de
l' anxiété aux évaluations à l' école. L' ensemble de ces informations permettra de
répondre au troisième objectif de nature plus appliquée, soit l' élaboration d' un modèle
l' anxiété en situation d' évaluation. Le modèle proposé sous forme de guide est
principalement destiné aux psychologues scolaires, mais pourrait soutenir les actions des
différents acteurs qui travaillent auprès de l' élève (p. ex. enseignants, intervenants,
parents, etc.). Ce guide constitue un ajout non négligeable dans la pertinence clinique de
cet essai. Finalement, la section discussion permettra d' abord d' exposer la pertinence de
cet essai sur le plan scientifique, soit en établissant les forces et limites des écrits dans le
domaine de l' anxiété aux évaluations. Sur le plan social, elle soulignera l' apport
thérapeutique du guide en réponse aux besoins criants identifiés chez certains élèves
dans les milieux scolaires privant parfois la société d' acteurs ayant le potentiel de se
6
démarquer et de faire la différence dans son évolution. Sur le plan clinique, elle saura
mettre en lumière les apports du guide, lequel offre un cadre d' intervention clinique
établi sur des données scientifiques. Finalement, des recommandations seront émises en
regard des futures recherches dans ce domaine qui s' avère d' actualité.
Chapitre 1
État des connaissances en ce qui a trait aux concepts associés à la problématique
d' anxiété aux évaluations et aux profils des adolescents qui en souffrent
Ce premier chapitre a pour objectif d' établir un langage commun et de bien saisir
toute la complexité qui entoure la problématique d' anxiété aux évaluations. Dans un
premier temps, il propose une définition et une distinction des divers concepts clés qui
portrait des différents types d' anxiété en situation d' évaluation afin de pouvoir cibler les
jeunes à risque d' en souffrir, et ce, à divers degrés. Finalement, les impacts possibles sur
le fonctionnement de l' élève sont présentés, appuyant ainsi la pertinence clinique d' une
telle recherche.
Parmi les concepts souvent associés à la problématique d' anxiété aux évaluations,
mais pouvant nuire à l' établissement d'un langage commun entre chercheurs, cliniciens
et intervenants dans le monde de l' éducation, soulignons le stress et l' anxiété dite
générale. Dans le langage populaire, ces deux termes sont souvent employés comme
synonymes (p. ex., je suis stressé, je me sens anxieux). Or, ils s' avèrent être plutôt
distincts. il apparait donc important d' établir leurs différences afin de favoriser une
meilleure compréhension du vécu réel de l' élève, permettant ainsi de mieux cibler
l'intervention appropriée.
9
Le concept de stress
qui serait présent depuis le début des temps et qui permet la survie du genre humain
semble avoir évolué en deux temps et de façons très distinctes. D ' abord selon sa
dimension physiologique, puis sur le plan psychologique. En voici d' ailleurs une
description succincte afm de mieux saisir leurs contributions respectives dans les
Stress physiologique. Les recherches sur le stress ont débuté en 1929, alors que
Cannon soulève l' hypothèse selon laquelle il serait une réponse physiologique à une
menace réelle de l'environnement. Selon lui, il s' agit d' une réaction face à un danger qui
se traduit par la fuite ou le combat (fight or flight). Il attribue la source de cette réaction
au système nerveux sympathique, qui évalue et mobilise les ressources nécessaires pour
l' individu face aux stimuli environnants, approfondissant ainsi les recherches entreprises
par son prédécesseur. Ses études effectuées en laboratoire lui permettent d' accéder au
titre de père fondateur du concept de stress. Il définit alors le stress comme l'ensemble
des réactions physiologiques non spécifiques que ressent l' individu lorsqu ' il se voit
ci (Selye, 1956). En milieu scolaire, par exemple, une telle réaction de stress peut être
déclenche dans le but de permettre une augmentation du niveau d' éveil, laquelle pouvant
favoriser la performance si elle ne s' avère pas excessive, et disparaitra une fois
complétée.
physiologique est enrichi par l'intégration d' une dimension psychologique, évoquant
l'existence d' un lien dynamique entre la personne et son environnement. Selon Lazarus
et Folkman (1984), dès le moment où l' individu perçoit une demande de son
environnement, il est en mesure d' analyser ses ressources personnelles pour y faire face
et donc de juger si la demande est raisonnable, exigeante ou si elle dépasse ses capacités
de réponse; dans ce dernier cas, elle devient alors une menace pour son bien-être. C' est à
de Selye pour s' approprier un modèle bidimensionnel ou, ce que certains nomment le
modèle transactionnel (Plancherel, 2001). En d' autres termes, il ne s' agit plus d'une
simple réponse à un stimulus, mais bien d'un processus dynamique au cours duquel
l'individu évalue la demande de son environnement et, selon les ressources qui lui sont
dépasser ses limites ou, au contraire, comme une menace à fuir, qui risque de le mener à
un échec (Dumont, Rousseau, & Bergeron, 2011 ; Plancherel, 2001 ; Servant, 2012).
Il
évalue s'il maitrise suffisamment les notions théoriques pour faire face à celle-ci. Cette
analyse l' amènera à percevoir l'évaluation comme un défi ou une menace pour la
Si la majorité des auteurs s' entendent pour conceptualiser le stress en se basant sur
les définitions de Selye et de Lazarus & Folkman, il semble que ce ne soit pas aussi
simple pour l' anxiété. Ce concept demeure encore mal défini dans la littérature
(Graziani, 2008) et, sans contredit, très complexe (Durand & Barlow, 2002). Ces
derniers affirment que plus ils tentent de le comprendre, plus la confusion s' installe
quant à sa définition. Servant (2012) l'explique par le fait que le concept d' anxiété serait
l' étymologie et la symptomatologie sur lesquelles on s' appuie pour établir leur
définition.
Afin de limiter cette confusion, le présent essai reprendra la définition proposée par
Nord. Celles-ci s'accordent pour définir l' anxiété générale comme la résultante d'une
évaluation cognitive (perception d' un danger imminent) et d' un état émotif désagréable
12
(sentiment d' appréhension), caractérisé par un degré élevé de peur et d' inquiétude,
provenant de l' anticipation d' une menace future, parfois peu concrète ou subjective,
Psychiatric Association, 2013; Durand & Barlow, 2002; Graziani, 2008; Marchand &
Letarte, 2004; Putwain, 2008). À titre d' exemple, l'élève pourrait percevoir la période
des examens de fin d' étape prévue dans deux semaines comme étant potentiellement
ardue. il pourrait alors appréhender l'échec et craindre que cela puisse nuire à la réussite
L' anxiété, malgré son ressenti désagréable, se veut dans une certaine mesure
bénéfique et souhaitable au même titre que le stress. En effet, vécue de façon modérée,
elle a pour fonction d' orienter l' attention sur le stimulus (danger, menace, défi, perte,
etc.). Elle favorise ainsi l' adaptation de l' organisme en préparant celui-ci à l'action. il
à effectuer des changements bénéfiques au quotidien (Dumont et al., 2011 ; Durand &
Barlow, 2002; Graziani, 2008; Marchand & Letarte, 2004; Servant, 2012).
En résumé, le concept d' anxiété générale est similaire à celui de stress en ce qui a
trait à ses fonctions adaptatives, tous deux pouvant engendrer différentes réponses
forme . En effet, l' anxiété est une réaction émotive d'anticipation et d' hypervigilance à
processus réactionnel à un réel stresseur. D' autre part, un élève peut vivre de l' anxiété
sans être confronté à une source spécifique de stress. En effet, ses perceptions et son
anticipation peuvent être activées hors de la situation d' évaluation, soit pendant ses
périodes d' études et même une fois l' examen réalisé. Dans le même ordre d' idée, le
stress peut se faire ressentir sans présence d' anxiété, par exemple lors d' une évaluation
dissipe généralement une fois l' évènement derrière soi (Bluteau & Dumont, 2014).
Il est à noter que dans le présent essai, le concept d'anxiété sera privilégié à celui de
stress en raison des aspects d' anticipation et de craintes subjectives de l' échec que
conceptuel permettant de situer les variables principales qui viennent d'être explorées et
~
contexte
d' évaluation
scolaire
Anxiété aux
évaluations
d ' éval uation
" Émoti vité
(réactions
physiologiques)
1 r 1 ~ Niveau de
fonctionnement
(Liebert &
Morris, 1967) I- I ~ Performance
Etc.
Figure 1. Schéma conceptuel des variables essentielles du chapitre) portant sur l'anxiété aux évaluations en milieu scolaire.
15
La Figure 1 permet d' identifier les principales variables utilisées dans cet essai,
établissant ainsi la démarche conceptuelle utile à l' élaboration d' un guide d' intervention.
Il est important de mentionner que cette démarche conceptuelle ne s' appuie sur aucun
modèle explicatif des troubles anxieux proposés antérieurement, tel que celui de Barlow.
à l' élaboration d' un guide d' évaluation et d' intervention en réponse à la demande des
psychologues scolaires qui travaillent auprès d' adolescents souffrant d' anxiété aux
évaluations. De ce fait, cette figure expose trois niveaux de concepts explorés dans le
présent chapitre. Le premier niveau fait référence au concept d' anxiété générale. Il
aborde l' influence de l' anxiété-trait (favorise la chronicité) sur le niveau de l' anxiété-état
(favorise l' intensité), lesquelles peuvent découler vers une anxiété jugée pathologique et
d' anxiété aux évaluations, considérant que l' élève qui démontre un trait de personnalité
anxieuse pourrait être sujet à vivre de l' anxiété aux évaluations ce qui influencerait son
niveau d' anxiété-état en contexte d' évaluation, et ce, en favorisant l' augmentation des
troisième niveau présente les concepts définissant les différentes phases de l' anxiété aux
évaluations, ainsi que les divers types d' anxiété dont l' élève peut souffrir. Ainsi, la
section suivante traitera donc du premier niveau, soit des concepts d' anxiété-trait et
d' anxiété-état, lesquels jouent un rôle important au sein du développement de l' anxiété
Selon Spielberger (1972), une fi gure fai sant autorité dans ce domaine de recherche,
l' anxiété peut être contextuelle (anxiété-état) ou être un trait stable de la personnalité
L ' anxiété-état se distingue par la présence d 'un état émotionnel transitoire ou état
général de l' organisme, dont l' intensité et les apparitions varient dans le temps. Elle
s' appuie principalement sur la subjectivité du sujet et se caractérise par une activation du
empreintes d'inquiétudes, de ··Ia rum ination, une augmentation de l' émotivité ainsi
perçue par l'individu et non du danger réel de la situation. Ainsi, l' anxiété s'avère plus
ou moins élevée qu ' elle ne devrait l'être réellement selon les perceptions et l'évaluation
L' anxiété-trait, pour sa part, est décrite comme une caractéristique stable de la
dernier à anticiper plus fréquemment le danger ou la menace dans les situations de la vie
quotidienne et à multiplier ses risques de répondre par une réaction anxieuse (réaction
17
distingue par la fréquence et l' intensité avec lesquelles l' anxiété-état s' est manifestée
concept, Graziani (2008) fait référence à un filtre permanent par lequel l' individu perçoit
En résumé, l'élève souffrant d ' un haut niveau d ' anxiété-trait sera plus enclin à vivre
de l' anxiété en milieu scolaire (p. ex. , face aux exigences liées à la performance, lors du
diner, lorsqu'il doit s'adresse à son enseignant, lorsqu ' il doit prendre l' autobus) que
celui dont le niveau d' anxiété-trait est plutôt faible . De plus, l' élève souffrant d' un haut
Avant toute chose, il s' avère important de souligner que certaines peurs ou craintes
font partie du développement normal, à titre d' exemple : la peur de l'étranger ou d'être
séparé de la figure d ' attachement (de 6 à 18 mois); la peur des bruits forts , des animaux,
de la nouveauté (à 24 mois); du noir (de 3 à 6 ans); des êtres surnaturels (à 7 ans); les
craintes liées à l' école (de 6 à 10 ans) et celles liées à l' intégration ou au rejet social
18
fragilisés tout au long de leur vie par la présence d' anxiété-trait, anticiperont et vivront
leurs peurs de façon plus intense et inappropriée que leurs pairs. Cet anxiété-trait
s' apparente davantage à un trait stable de la personnalité qu ' à une simple peur (Bluteau
& Dumont, 2014; Spielberger, 1972; Tarabulsy & Hémond, 1999). Qu ' il soit sous forme
pourrait alors évoluer vers une forme pathologique si l' on ne développe pas les outils
L' anxiété peut être qualifiée de pathologique - qui répond aux critères
diagnostiques de trouble anxieux - lorsque les peurs ressenties se démarquent des peurs
développementales, dites normales, par leur thématique ou leur niveau d' intensité élevé.
Le degré d' intensité se distingue par la présence d' appréhensions diffuses, peu ou non
envahissantes. L' anxiété se voit alors détournée de ses fonctions adaptatives, ainsi que
global du jeune, agissant sur son comportement, son attention, ses pensées, son
imagination, ses émotions, ses gestes et ses sensations. L' anxiété est vécue comme une
véritable source de souffrance par le jeune qui en est atteint, ainsi que par les gens qui
l' entourent, nécessitant alors un encadrement spécifique (Dumas, 2007; Graziani, 2008;
structure pathologique d' un trouble anxieux. Il est donc primordial d' examiner le passé
contrôle lors de situations perçues comme anxiogènes, le type d' éducation qu ' il a reçue,
Bien qu' ils diffèrent de par leur source et leur symptomatologie, les troubles
anxieux (p. ex., phobie sociale, trouble d' anxiété généralisée, trouble panique avec ou
sans agoraphobie, etc.) se caractérisent tous à la base par une peur ou une anxiété
situation redoutée ou évitée. Leurs symptômes ne peuvent être associés aux effets d' une
substance, d' un médicament ou d' une autre condition médicale, et ne peuvent découler
d' un autre trouble mental pouvant mieux expliquer les manifestations observées (AP A,
2013).
Malgré le fait que les critères de base énumérés précédemment s' appliquent à
l' anxiété aux évaluations, celle-ci ne fait pas partie des troubles anxieux proposés par
Elle est pourtant reconnue comme une problématique grandissante qui, au même titre
chronicité. Très souvent, l' élève anticipe l'échec, ne se croyant pas en mesure de faire
face à la demande alors que sa performance est pour lui indicatrice de sa valeur
personnelle (Bluteau & Dumont, 2014), devenant une menace pour l' estime de soi.
En résumé, l' anxiété aux évaluations ne fait pas partie des peurs développementales
normales et n' est pas considérée comme un trouble anxieux tel que défini dans le DSM-
5 (APA, 2013). Toutefois, l' intensité (gravité) et la chronicité (durée) de ses symptômes
peuvent accentuer le niveau de souffrance de l'élève, à tel point qu ' elle peut être
considérée comme étant pathologique, nécessitant ainsi une intervention de la part d' un
professionnel clinique.
L' anxiété de performance est une appellation qui englobe divers contextes (sportif,
lesquels l' individu doit offrir un certain niveau de performance afin de répondre aux
littérature fait plutôt référence au concept « d' anxiété aux évaluations » (test anxiety
dans la littérature anglophone). Il est à noter que dans cet essai, le concept d' anxiété aux
évaluations sera privilégié à celui d'anxiété de performance puisqu ' une des principales
plaintes présentées aux psychologues scolaires concerne les difficultés ressenties par les
L' une des définitions les plus largement reconnues est, encore à ce jour, celle
proposée par Spielberger en 1972 (Bishop, 2006; Cassady, 2010; Gambles, 1994;
Hembree, 1988; Zeidner, 1998). Selon lui, l' anxiété aux évaluations est un état
désagréable situationnel, qui s' accompagne d' un sentiment de tension et d' appréhension,
de pensées empreintes d' inquiétudes ainsi que d' une activation automatique du système
nerveux. Il s' agit donc d' anxiété qui survient précisément dans le cadre d' un examen
scolaire ou d' une situation similaire d' évaluation (évaluation d' admission, évaluation
dans le but d' obtenir un emploi, etc.). La réponse à une situation d'évaluation est définie
à partir de la perception de l'élève qui juge cette situation comme étant menaçante ou
d'évaluation est vécue comme une menace, l'élève pourrait alors démontrer certains
Au cours des 60 dernières années, plusieurs théories ont été proposées afm
d'accroitre la compréhension de l' anxiété aux évaluations. Deux d' entre elles semblent
antérieurement, p. 15). Dans un contexte d'évaluation, les élèves qui ont des traits
& Vagg, 1995). Par conséquent, ils risquent d'expérimenter un niveau d' anxiété-état
plus élevé lors d'une évaluation et d' avoir davantage de pensées intrusives basées sur
la problématique d' anxiété aux évaluations. Selon Liebert et Morris (1967), l'inquiétude
fait référence aux cognitions ou pensées principalement portées sur les conséquences
d' un éventuel échec (pensées intrusives provenant d' une autoévaluation erronée). Alors
situation d' évaluation (Zeidner & Matthews, 2005). Les études révèlent que l'inquiétude
semble toutefois avoir un impact plus significatif que )' émotivité sur la diminution de la
performance (Hembree, 1988; Liebert & Morris, 1967). (Voir Figure 1, deuxième
niveau).
23
En résumé, plusieurs éléments peuvent venir influencer l' élève dans son vécu lors
d' une évaluation en milieu scolaire. En effet, il semble que l' élève qui détient un trait de
d' un élève souffrant de la présence d' anxiété-trait comparativement à un élève n' ayant
pas ce profil de personnalité afin d' en voir les impacts lors d' une situation d'évaluation
Tableau 1
évaluations s' inscrivent dans un continuum. Toutefois, ce processus pourrait s' inscrire
au-delà de la situation d'évaluation en soi, ce qui veut dire que chez certains élèves,
l' anxiété pourrait débuter bien avant ladite situation et se terminer bien après tel que
suggéré par le Cycle d' apprentissage-évaluation proposé par Cassady (2004, 2010).
Zeidner (1998) et Cassady (2004,2010) indiquent que l' anxiété aux évaluations ne
se manifesterait pas uniquement lors de la situation d' évaluation proprement dite, mais
qu 'elle pourrait aussi survenir plusieurs jours avant et se poursuivre de quelques heures à
quelques jours suivants l' évènement. Pour mieux comprendre ce processus, Cassady
2010). Environ une décennie plus tôt, Zeidner avait suggéré quatre stades distincts pour
considérant que le cadre théorique proposé par Cassady s' avère plus récent et qu' il
reprend les éléments clés soulevés par les stades de Zeidner, le modèle de Cassady sera
le cadre théorique retenu pour une meilleure compréhension du présent essai. Par
ailleurs, il est à noter que dans l' optique du présent essai, cette théorie se démarque par
son aspect pratique lié à la création d' un guide d' intervention destiné aux psychologues
œuvrant auprès d' une population souffrant d'anxiété aux évaluations. En effet, celle-ci
Phase de préparation
proposés par Zeidner (1998), soit l'anticipation. Il s' agit de l'étape où l'élève prend
conscience de l' imminence de la situation d' évaluation et de l' importance de bien s'y
préparer. L'élève perçoit l'évaluation à venir comme une situation anxiogène; il est
préoccupé et sensible aux exigences et aux contraintes que celle-ci lui impose. À cette
étape, les élèves souffrant d' un haut niveau d' anxiété aux évaluations utiliseraient des
méthodes d' études inefficaces, auraient tendance à vivre davantage d' épisodes de déni
l' utilisation de la pensée magique (Cassady, 2004, 2010; Zeidner, 1998). De telles
stratégies permettent d' éloigner rapidement l' inconfort lié à la crainte de l' échec.
Toutefois, à long terme, ce type de stratégies mène les élèves à l' échec tant redouté,
Phase de performance
alors que la composante « inquiétude» (cognitions) est stable tout au long de la situation
jugée stressante.
Phase de réflexion
stades de celui de Zeidner, soit l'attente et l' issue. L'attente constitue la période post
Toutefois, l' élève peut demeurer dans un état d' incertitude et appréhender de façon
considérable le résultat de sa performance. L' issue est le dernier stade lié à cette
situation anxiogène. L' élève connait enfin le résultat de sa performance. Les incertitudes
L'élève qui aura bien performé vivra des émotions positives, alors que celui qui aura
offert une faible performance pourrait ressentir, non seulement de l'anxiété, mais aussi
de la tristesse. Dans ce dernier cas, si l' élève souffre d' anxiété aux évaluations, il aurait
tendance à sous-évaluer ses capacités et serait susceptible d' éprouver une large gamme
En résumé, l' intensité de l' inconfort éprouvé lors d' une situation d'évaluation peut
amener l'élève à vivre de l' anxiété bien au-delà de la situation en soi. En effet, selon ses
craintes et pensées associées, l' élève pourra être anxieux quelques heures ou jours avant
et après son évaluation scolaire nuisant ainsi à son fonctionnement. D' autre part, les
28
pensées et comportements associés à l' anxiété pourraient aussi avoir un impact sur les
phases qui seront atteintes chez l'élève. Ainsi, six types d' anxiété aux évaluations
auraient été identifiés, lesquels auraient un impact direct sur les stratégies ou
comportements qu ' utilisera l' élève pour réduire les symptômes liés à sa souffrance.
relié à l' anxiété aux évaluations et dans le but de peaufiner l' intervention auprès des
élèves qui en souffrent, Zeidner (1998) distingue six types d' anxiété aux évaluations.
Cette différentiation typologique s' avère primordiale puisque chaque forme d'anxiété
soulève des pensées ou des stratégies d' adaptation qui lui sont propres pouvant
compte. Il est à noter que plus d' un type d' anxiété peut être décelé chez un même élève.
Le Tableau 2 présente un résumé des différents types d' anxiété aux évaluations
répertoriées par Zeidner. Certes, cette théorie a été établie il y a près de 25 ans toutefois,
celle-ci demeure une référence reconnue au sein des publications récentes, dont
pertinence actuelle.
29
Tableau 2
Types Description
Lacunes dans les Importantes lacunes sur le plan des habiletés d'études
habiletés d' études Déficits liés à l' encodage, à l' organisation, à la récupération et à
l'application de l' information pertinente
Blocage et échec Habiletés d' études efficaces, toutefois lors de l' évaluation,
de la récupération présence d' une souffrance liée à un blocage ne permettant plus la
récupération de l' information pertinente dans la mémoire
Difficulté à gérer la pression et le stress liés à la situation
d' évaluation
Acceptation de Historique personnel d' échecs répétés en contexte d' évaluation
l' échec - Croyances et acceptation de détenir de faibles habiletés
Résignation
Acceptation de l' échec (impuissance acquise), démonstration
d' apathie et de résignation, impression de défaite
Sentiment d' impuissance
Évitement de Évitement de l' échec
l' échec Favorise les situations les prédisposant à la réussite
L' effort et le défi représentent l' augmentation des probabilités que
leurs habiletés soient considérées comme faibles, intensifiant ainsi
l' inconfort et les symptômes anxieux
L'auto-handicap Attribution des faibles résultats obtenus aux effets débilitants de
l'anxiété
L' anxiété devient une excuse qui permet d' échapper à la
responsabilité de leurs actions
Réduction de la pression liée aux attentes
Perfectionnisme Standards personnels élevés liés à la réussite sur le plan scolaire
Perception exagérée des attentes extérieures
Doute lié à la qualité de leur performance
Grand besoin d' organiser et d' ordonner leurs travaux scolaires
L' effort n' est jamais suffisant
Combat perpétuel afin d' éviter l' erreur et l' échec
Basé sur Zeidner (J 998)
30
d ' anxiété aux évaluations permettant d' en saisir toutes les nuances.
contenu lors de l 'évaluation. Malgré le fait que les élèves souffrant d ' anxiété aux
évaluations tendent à étudier davantage que ceux qui n' en souffrent pas, leurs
performances demeurent plus faibles que celles de leurs camarades (Culler &
Holahan, 1980). On en attribue la principale cause à leurs méthodes d ' études peu
l' organisation de l' information pertinente. Il en résulte donc une difficulté dans
contexte d'évaluation, mais selon Cassady (2010), ils sont plutôt une indication
d' organiser le contenu de façon efficace. Cette lacune des habiletés à l' étude
performance.
de l'évaluation. Les chercheurs présument que l' élève de cette catégorie maitrise
l' information requise pour la réussite de l' évaluation (Cassady, 2010). C ' est donc
31
permet plus l' accès aux stratégies d'adaptation efficaces, ce qui mène assurément
catégorie apprennent que peu importe les stratégies qu ' ils mettront en place lors
évaluation (Cassady, 2010), l'échec sera la seule issue possible. Ils en viennent à
croire qu ' ils n' ont aucun contrôle sur leur performance. Ces croyances peuvent
l' impuissance les mène à ne plus vouloir faire aucun effort. Même s' ils ont tout
pour réussir, ils abdiquent, convaincus que leurs habiletés sont insuffisantes. Ces
2002). Par conséquent, les élèves de cette catégorie représentent le groupe le plus
réticent aux interventions qui leur sont proposées (Cassady, 2010) ne croyant pas
à leurs efficacités.
4- Évitement de l 'échec. Les élèves dans cette catégorie ont tendance à favoriser les
situations leur assurant une réussite et à éviter celles représentant un défi qui les
32
demeurer dans une zone de confort, ce qui encourage une attitude défavorable au
2010; Zeidner & Matthews, 2005). Les stratégies d' adaptations pour éviter
5- L 'auto-handicap. Il semble que cette catégorie soit observée depuis peu dans le
domaine de l' anxiété aux évaluations. Elle se positionne non loin de la .catégorie
précédente, évitement de l 'échec, mais s' en distingue par le fait qu ' elle intervient
davantagé ' sur le plan cognitif que sur le plan comportemental. Les élèves
échecs par une cause extrinsèque sur laquelle ils ont peu ou aucun contrôle
(p. ex., rejeter la faute de l' échec sur l' anxiété aux évaluations, comme s' il
n' avait aucun contrôle sur celle-ci). Cette façon de réagir, tel un mécanisme de
défense, a pour objectif inconscient de préserver l' estime de soi face à leur piètre
performance ou leur échec (Cassady, 2010; Thomas & Gadbois, 2007; Zeidner &
Matthews, 2005) se confirmant qu ' ils n' auraient pu changer quoi que ce soit à la
situation puisqu ' ils n' ont aucun contrôle sur celle-ci. Cette stratégie surviendra
6- Peifectionnisme. Dans cette catégorie se trouvent les élèves les plus exigeants en
efforts qu ' ils déploient ne leur apparaissent jamais suffisants; ils sont incapables
d'être satisfaits de leurs performances. Ils adoptent des stratégies d' évitement
pour mener une lutte perpétuelle contre l' erreur et l'échec (Cassady, 2010;
Kawamura, Hunt, Frost, & DiBartolo, 2001; Zeidner & Matthews, 2005). TI
serait donc possible de croire que ce type d' anxiété aux évaluations affectera les
envahissant.
typologie de Zeidner permettent de mieux comprendre les étapes et les pensées qui
peuvent nuire au fonctionnement des élèves. Cette description permet donc d'établir de
façon plus spécifique les cibles d' intervention et le plan de traitement de l'élève. Par
ailleurs, il semble que ce ne sont pas tous les élèves qui développent un niveau
significativement élevé d ' anxiété aux évaluations. Selon la littérature, certains y seraient
plus enclins que d' autres en raison de facteurs prédisposants pouvant être, eux aussi, de
mener à l' apparition de l' anxiété aux évaluations chez les adolescents en milieu scolaire.
Une compréhension de ces facteurs permettra d' établir un portrait type afin de cibler
plus rapidement les élèves vulnérables et de déterminer les éléments à considérer pour
une intervention efficace. Ces facteurs de risque sont regroupés à l' intérieur de quatre
Nombreuses sont les études qui rapportent que le sexe et l' âge influeraient sur la
vulnérabilité à l' anxiété aux évaluations. En 2010, une étude effectuée par la Canadian
Public Health Association auprès de Il 924 élèves du secondaire révèle une prévalence
de l' anxiété plus élevée chez les filles (Tramonte & Willms, 2010). Ces résultats sont
appuyés par plusieurs recherches réalisées au cours des dernières décennies (Cassady &
Johnson, 2002; Cunha & Paiva, 2012; Hembree, 1988; McDonald, 2001 ; Sena, Lowe, &
Lee, 2007; Zeidner, 1998). Les filles percevraient davantage les examens comme
menaçants, ce qui aurait des incidences négatives sur la confiance qu ' elles portent en
leurs stratégies d' adaptation lors de situations d' évaluation (Cassady & Johnson, 2002).
De plus, elles auraient tendance à être plus sensibles à leur niveau de détresse
psychologique, ce qui serait négativement lié au niveau d' estime de soi et positivement
relié au degré de stress psychologique expérimenté (Dumont et al. , 2003). Par ailleurs,
l' écart entre les filles et les garçons serait plus prononcé au cours des premières années
35
du secondaire. En effet, le niveau d' anxiété demeurerait stable chez les garçons, alors
que chez les filles, il diminuerait entre la première et la dernière année du secondaire
(Tramonte & Willms, 2010), ce qui nous laisse croire que l' âge peut être un facteur
influant.
D' autre part, la présence d' « anxiété-trait », décrite précédemment comme une
caractéristique stable de la personnalité, rendrait l' élève plus vul nérable à l' anticipation
d' une menace en situation d'évaluation. Ainsi, lors de situations normalement vécues de
façon stressante par la majorité des élèves, l' individu souffrant d' un haut niveau
d' anxiété-trait atteindrait un degré d' anxiété-état de plus haute intensité lors de situation
Diverses études démontrent un lien significatif entre les troubles d ' apprentissage et
l' anxiété aux évaluations. Étant donné que le type d' évaluation exigé en milieu scolaire
l' atteinte de certains standards de réussite, la compétitivité entre les pairs (Anderman,
1998), il n' est pas surprenant que ces exigences puissent être accablantes pour les élèves
qui présentent des troubles de la lecture et de l' écriture (Martinez & Semrud-Clikeman,
2004). De plus, les élèves souffrant d' un trouble d' apprentissage seraient plus
susceptibles de connaitre des expériences négatives en contexte d' évaluation (p. ex.,
échecs répétés) et d' afficher de faibles performances et de souffrir d' anxiété (Martinez
D ' autre part, les recherches sur l' anxiété aux évaluations s' intéressent depuis
longtemps aux habiletés d' études, afin d' en connaitre les lacunes et les impacts sur la
Zeidner & Matthew, 2005), ainsi qu ' une tendance à utiliser une technique de prise de
notes plus informatives lors de cours magistraux et de lectures, soit le fait de recopier
exactement une définition plutôt qu ' en noter un résumé (Cassady, 2004). Une telle
méthode de prise de notes serait moins favorable aux apprentissages, puisqu' elle fait
matière (Cassady, 2004; Mayer, 1996). Finalement, ces élèves consacrent beaucoup plus
de temps à leurs études chaque semaine que ceux qui démontrent un faible niveau
d' anxiété aux évaluations (Culler & Holahan, 1980). Ils sont moins organisés, présentent
des difficultés dans l' acquisition du contenu théorique et semblent plus conscients de
Enfin, Eum et Rice (20 Il) démontrent, à l' aide de corrélations et d'analyses de
régression, que 31 % de la variance observée parmi les élèves manifestant de l' anxiété
lorsque l' élève adopte une tendance inadaptée (Eum & Rice, 2011). Le perfectionnisme
nocif, contrairement au perfectionnisme adapté, trouverait son origine dans l' interaction
entre des exigences extrêmes envers soi-même et une faible estime de soi
37
perfectionnisme orienté vers soi serait négativement lié au manque de confiance en ses
aptitudes à réussir (Stoeber, Feast, & Hayward, 2009). De ce fait, ces élèves se
qu ' ils déploient ne seraient jamais suffisants à l' atteinte de leurs objectifs. Ces élèves se
retrouvent donc dans l' incapacité d'être satisfaits de leurs performances. Leur principal
combat devient alors d' éviter l' erreur et l' échec à tout prix, et ce, au moyen de stratégies
d' évitement (p. ex., se centrer sur des stimuli non pertinents ou se laisser distraire par
des pensées liées à la présence d' inquiétudes) ou de désengagement (p. ex., rêvasser ou
procrastiner) (Cassady, 2010; Kawamura et al., 2001; Weiner & Carton, 2012; Zeidner
l' augmentation de l' anxiété aux évaluations, affectant la performance et confirmant les
pensées initiales d' inquiétudes liées à l' échec, créant ainsi un véritable cercle vicieux
(Weiner & Carton, 2012). D ' ailleurs, il est à noter que cette réalité est d' autant plus
présente chez les filles, lesquelles démontrent une relation significativement plus élevée
entre le perfectionnisme nocif et l' anxiété aux évaluations que les garçons (Bouffard,
Enfin, les expériences passées sont à considérer puisqu ' elles déterminent les
physiologiques, conséquences), elles s' imprègnent dans la mémoire à long terme comme
38
facteurs prédictifs des évènements futurs (Graziani, 2008). Ainsi, les échecs répétés,
évènement d' évaluation à venir comme une menace plutôt qu ' un défi à relever (Cassady,
2004) et l' augmentation du niveau d' inquiétude par rapport à cette situation (Dumont et
Il n'est pas rare d' observer des signes d'anxiété chez les enfants dont les parents
détiennent des statuts professionnels reconnus comme hautement exigeants, comme s' ils
ressentaient la pression d' être à la hauteur des modèles qui leur sont présentés. L' inverse
semble aussi comporter son lot de difficultés, puisque les enfants de parents n' ayant pas
eu la chance de réaliser leurs objectifs personnels semblent être porteurs des espoirs non-
adolescent et la présence d' anxiété aux évaluations chez ce dernier. Néanmoins, l' étude
de Mouratidis, Vansteenkiste, Lens, Michou et Soenens (2013) conclut qu ' aucun lien
significatif n' a pu être démontré entre les similarités ou différences d' aspirations du
parent envers son adolescent et celles du jeune avec la réponse aux apprentissages. Ce
résultat suggère que la réussite du jeune ne dépend pas des aspirations individuelles ou
effet, l' analyse longitudinale démontre que la promotion d' aspirations intrinsèques par
39
les parents, lesquels sont basées sur un intérêt personnel, favorise l'atteinte de résultats
adaptatif de l' élève (p. ex., la diminution des buts de performance' et augmentation des
2
buts de maitrise ) et encourage de meilleures réponses d ' apprentissage que l' élève ayant
intrinsèque et extrinsèque). La promotion d ' aspirations extrinsèques qui s' appuient sur
des motivateurs externes, telles que le désir de plaire à ses proches par exemple, favorise
mène à la difficulté d'atteindre les résultats scolaires souhaités (Mouratidis et a1., 2013).
présence d' un lien positif entre la sur-implication parentale (p. ex. , « Mes parents se
renseignent sur mes études d' une manière que je trouve souvent exagérée »), les
attitudes parentales (p. ex., « Mes parents traitent les gens ayant une éducation
académique avec plus de respect ») et le niveau d ' anxiété aux évaluations chez l' élève.
Les auteurs concluent que la sur-implication parentale et l' attitude des parents seraient
L ' étude précise toutefois que la sur-implication parentale serait un facteur prédictif de
Le but de performance mène l' élève vers un désir de mettre ses capacités au premier plan, d' obtenir
une évaluation positive, de performer mieux que ses pairs afin de susciter une évaluation positive de la
part de ceux-ci . Les objectifs sont uniquement appuyés sur des facteurs extrinsèques et favorisant des
réponses inadaptées telles que l'évitement de l' effort et la sélection de tâches garantissant une
évaluation positive, etc. (Darnon & Butera, 2005).
2 Aussi appelé but d ' apprentissage puisque l'élève se concentre principalement sur son désir
d' apprendre de nouvelles connaissance, de maitriser les notions enseignées ce qui favoriserait le
dépassement de soi. Les motivations sont alors principalement intrinsèques, favorisant des réponses
adaptées, notamment la persistance suite à l' échec (Darnon & Butera, 2005).
40
l' anxiété aux évaluations, alors que l' attitude parentale n' en serait pas un (Shadach &
Ganor-Miller, 2013).
Finalement, Lowe et ses collègues (Lowe & Lee, 2008; Lowe, Lee, Witteborg et al.,
2008), soulignent l' impact de la pression à la performance exercée par les parents. En
effet, les élèves qui perçoivent leur niveau de performance comme étant une condition
importante pour s' assurer l'opinion favorable et le soutien de leurs parents seraient plus
à risque de souffrir d'un haut niveau anxiété d' évaluation. Dans le même ordre d' idée,
que s' ils arrivent à atteindre les exigences établies par leur entourage. De ce fait, ces
élèves dérirontrent alors une tendance à renoncer à ce qui ne correspond pas aux idéaux
appuyés et appréciés pour ce qu ' ils sont comme individu et non pour ce qu ' ils réalisent.
tendance à répondre de façon chaleureuse lorsque leur enfant correspond à leurs attentes
(As sor, Roth, & Deci, 2004). Par conséquent, les attentes parentales se transforment en
ceux-ci ne sont pas atteints. Ainsi, une étude longitudinale, réalisée sur une période de
quatre ans, a su démontrer que la perception d' un soutien parental conditionnel s' avère
positivement liée au niveau d' anxiété aux évaluations rapporté par les élèves, tout sexe
L'environnement social aurait un impact sur les pensées, les motivations et les
comportements de l' élève, ce qui influerait ses compétences scolaires (Smith, Arnkoff,
& Wright, 1990). En effet, la littérature expose une corrélation négative entre le niveau
d'habileté scolaire démontré par le groupe de pairs et la valeur que l' élève s' attribue,
l' anxiété aux évaluations. Marsh (2005) abonde en ce sens dans son étude effectuée
concept s' appuie sur le fait qu'il serait préférable d'être un élève doué à l' intérieur d' un
groupe ayant des habiletés situées dans la moyenne (big fish in a !ittle pond), plutôt
qu 'un élève doué dans une classe regroupant uniquement des élèves de haut niveau
(small fish in a big pond). Des études révèlent qu ' un élève doué dans une classe
élevé et un plus faible niveau de concept de soi sur le plan scolaire (traduction libre de
academic self-concept) que les élèves doués inscrits en classe régulière (Zeidner &
Schleyer, 1999). On observerait aussi chez les élèves inclus dans un groupe de douance
(Zeidner & Schleyer, 1999), soit une augmentation importante des réactions
physiologiques d' anxiété (Goetz, Preckel, Zeidner, & Schleyer, 2008; Goldring, 1990),
lorsqu ' ils se trouvent confrontés aux performances scolaires démontrées par leurs pairs.
42
Les éléments soulevés dans cette section ne peuvent être considérés comme des
facteurs prédicteurs de l'anxiété aux évaluations. Toutefois, ils s'avèrent des facteurs à
À l'aide d'une méta-analyse basée sur 562 études, Hembree (1988) démontre un
lien de causalité significatif entre l'anxiété aux évaluations et la performance, et ce, dès
la 3e année du primaire. Ce lien demeure constant au cours du secondaire alors qu ' une
littérature n'indique toutefois pas si ce lien est lié à des facteurs scolaires (p. ex.,
motivation intrinsèque liée au domaine d'étude choisi) ou à d'autres variables (p. ex.,
plus développé, etc.) ce qui fait en sorte que le niveau de scolarité ne peut être considéré
D'autre part, les études ne s'accordent pas sur un positionnement par rapport à la
(1988) souligne que les élèves ayant des résultats dans la moyenne seraient plus enclins
à l'anxiété aux évaluations, sans toutefois énoncer de raison sous-jacente. Alors que les
éléments soulevés précédemment permettent d'établir que les élèves se retrouvant dans
lesquels présentent de plus grandes faiblesses sur le plan scolaire et pouvant succomber
43
à l' impuissance acquise (Seligman, 1975) en raison de leur historique sur le plan scolaire
(troubles d ' apprentissage, d ' échecs répétés, etc.), correspondent tout autant à un profil
d' anxiété aux évaluations. Par ailleurs, la littérature souligne que puisque les élèves
2005), ils présenteraient alors une plus grande vulnérabilité à l' anxiété, au même titre
que les élèves se situant dans le type « perfectionnisme » (Zeidner, 1998), qui ont des
standards personnels trop élevés. Ces éléments, mis en commun, démontrent que le
positionnement par rapport à la moyenne ne peut donc pas être considéré comme un
prédicteurs d' anxiété aux évaluations. Les facteurs de risque devront être considérés
dans les cibles d' intervention visées par le psychologue scolaire puisqu ' ils sont la cause
initiale de la perturbation du fonctionnement de l' élève. Aucun facteur n' a été identifié
sur le plan scolaire toutefois, certains éléments devront être considérés par le
Tel que mentionné précédemment, les facteurs de risque menant l' élève à souffrir
d ' anxiété aux évaluations sont nombreux et surviennent à divers niveaux (personnel,
familial, social). Il n' est donc pas surprenant que l' élève en subisse les impacts, et ce,
44
dans plus d' une sphère de vie, justifiant amsl la nécessité de développer un outil
Des études prouvent que les élèves présentant un haut nIveau d' anxiété aux
conséquent, il est réaliste de croire que les élèves aux prises avec cette problématique
peuvent subir des répercussions sur les plans cognitif, comportemental, scolaire,
professionnel et psychologique.
Parmi les impacts cognitifs, notons qu ' un haut niveau d'anxiété aux évaluations
entraverait l'encodage (Cassady, 2004; Cassady & Johnson, 2002; Hembree, 1988),
(Cassady, 2004; Cassady & Johnson, 2002; Dumont et al. , 2003) lors de la phase de
(Cassady, 2004; Cassady & Johnson, 2002; Hembree, 1988; Zeidner, 1998) et engendrer
une diminution des capacités de résolution de problèmes (Dumont et al., 2003). Au fil du
temps, les élèves qui souffrent d' anxiété aux évaluations auront tendance à attribuer
45
leurs échecs à des facteurs intrinsèques (peu de mémoire, faible niveau d' intelligence,
etc.) ou extrinsèques (évaluation trop difficile, peu de soutien dans les apprentissages,
questions jugées injustes, etc.) hors de leur contrôle (Cassady, 2004), ce qui laisse
D' autres impacts associés à un haut niveau d'anxiété aux évaluations ont également
été notés sur le plan comportemental. En effet, ces élèves ressentiraient davantage de
amènerait à percevoir l' expérience de façon plus négative. Au fil du temps, ces élèves
auraient donc tendance à adopter des stratégies de procrastination (Cassady, 2004, 2010;
Cassady & Johnson, 2002), ainsi que des comportements d' évitement et de fuite
(Graziani, 2008; Mc Gregor & Elliot, 2002), lesquels pourraient être jugés
contreproductifs.
Par ailleurs, le lien entre le stress et la performance a été établi il y a plus d' un siècle
par la loi de Yerkes-Dodson (1908). Celle-ci est représentée sous la forme d' une courbe
théorie indique l' importance d' un niveau minimal de stress pour atteindre le seuil de
performance optimal. Au contraire, lorsque le niveau de stress est trop élevé, c'est la
performance cognitive qui se voit être amoindrie. Depuis plus de cent ans, nombreuses
sont les études qui rapportent une relation similaire, mais non identique, entre une
performance significativement plus faible chez les élèves souffrant d' un haut niveau
46
d'anxiété aux évaluations (Cassady, 2004; Cassady & Johnson, 2002; Egbochuku &
Obodo, 2005; Ergene, 2003; Hembree, 1988; Topp, 1989; Zeidner, 1998). Ainsi, les
élèves ayant un haut niveau d'anxiété aux évaluations auraient un plus haut taux de
trouveraient plus limités que leurs pairs dans leurs choix de programmes d'études et
d' emplois (Hembree, 1988) en raison de leurs faibles résultats. D ' autre part, l' adoption
d' une profession (Topp, 1989). En effet, l' élève qui souffre d' anxiété aux évaluations
pourrait prioriser une carrière qui comporte peu d' évaluations ou de défis sur le plan
Sur le plan psychologique, les élèves qui souffrent d' un haut niveau d' anxiété aux
pour faire face à la demande), leurs aptitudes sociales et leur motivation, une diminution
du sentiment d' efficacité, une tendance à l' autodépréciation, une tendance à être aux
aguets de tout signe annonciateur d' échec (Cassady, 2004; Sarason, Sarason, & Pierce,
(Egbochuku & Obodo, 2005) ainsi qu' une diminution de j' estime de soi (Hembree,
1988).
47
De plus, les élèves qui démontrent un haut niveau d' anxiété aux évaluations sont
plus à risque de tendre vers le perfectionnisme nocif, qui peut contribuer à l' apparition
2001) lesquels pourraient évoluer vers une forme pathologique de troubles anxieux
(Hembree, 1988) tels que le trouble d' anxiété généralisée (King, Mietz, Tinney, &
Ollendick, 1995).
Finalement, de récentes études font état d' un nouveau phénomène, soit le burnout
scolaire. Ce phénomène résulte d' une forme sévère de stress scolaire qui se définit par
un état chronique causé par l' établissement d' objectifs inatteignables ou par une pression
de l' environnement, laquelle se situe au-delà des capacités réelles de l' élève (Zakari,
Walburg, & Chabrol, 2011). Il peut conduire à un épuisement général, une attitude
(Salmela-Aro, 2011).
En résumé, les impacts s' avèrent nombreux tant sur les plans cognitif,
L'anx iété aux évaluations suscite beaucoup d'intérêt dans le doma ine de la
recherche depuis quelq ues décennies, et ce, en raison du nombre de plus en plus élevé
d'élèves qu'e lle touche et de ses impacts m~ieurs sur leur vie (Hembree, 1988). Malgré
l' intérêt porté à mieux décrire cette problématique, cela ne semble pas suffisant pour
divers intervenants et les psychologues scolaires s' avouent souvent démunis face à
l' ampleur grandissante que prend cette problématique dans leur milieu. Compte tenu du
lien significatif établi entre l' anxiété aux évaluations et le niveau de performance, et ce,
pour le fonctionnement de l' élève (Mazzone et al. , 2007), de l' absence de critères
d ' évaluation précis (APA, 2013) et du manque de ressources qualifiées (Egbochuk:u &
Obodo, 2005), il apparait primordial d ' outiller les psychologues scolaires afin de
Ainsi, le premier objectif de cet essai visait la définition et la distinction entre les
divers concepts clés afin d' établir un langage commun en ce qui concerne la
problématique d ' anxiété aux évaluations. Une recherche dans la litté~ature a permis
l' identification de profils d ' élèves à risque d ' anx iété aux évaluations par le biais des
d'approche cognitivo-comportementale qui ont été élaborées pour venir en aide aux
adolescents qui souffrent d' anxiété aux évaluations en milieu scolaire. Cette section a
pour objectif d'effectuer une analyse critique des techniques d' intervention qui se sont
l'élaboration d'un guide intégratif d'évaluation et d' intervention d' approche cognitivo-
comportementale s' adressant en premier aux psychologues scolaires, puis soutenant les
actions des différents acteurs qui œuvrent auprès de ce type d' élèves: enseignants,
intervenants, parents, direction d' école, etc. Finalement, des recommandations seront
Méthode
Afin d' établir un inventaire d' études pertinentes à l'atteinte des objectifs de cet
essai, plusieurs recherches ont été effectuées. Les bases de données consultées sont
ERIC, PsycINFO, MEDLINE via EBSCO, PsycArticles (AP A), ProQuest Dissertations
Les articles retenus dans le présent essai font référence à des programmes de gestion
d' anxiété aux évaluations offerts à des adolescents âgés entre 12 et 18 ans en milieu
scolaire. Les critères de recherches ont été circonscrits aux publications francophones et
anglophones faisant référence aux programmes d' intervention produites entre les années
2004 et 2015 inclusivement. Toutefois, il est à noter que certaines références se situent
comparatifs. En raison des limites du cadre de l'essai, la présente recension exclut les
recherches effectuées auprès de groupes ayant une particularité précise comme les mères
les compétitions sportives ou les prestations musicales, etc., et ce, afin de dans le but
d' offrir un cadre d' intervention des plus précis en limitant le nombre de variables.
Les prmclpaux mots clés utilisés pour la stratégie de recherche lors de cette
groupe de mots suivants a aussi été employé afin de préciser la recherche ou alors de
française de ces termes et de diverses combinaisons de mots. Il est à noter que ces
recherches ont été répétées pour chacune des bases de données énumérées plus haut.
Finalement, certaines des études retenues ont aussi été répertoriées dans les listes de
présent chapitre fait état des connaissances liées aux différentes approches
thérapeutiques et techniques d' intervention qui se sont révélées efficaces pour contrer
l' anxiété aux évaluations chez certains adolescents. Tel que mentionné précédemment,
dans une méta-analyse publiée en 1988, Hembree souligne entre autres l' apparition des
d' une décennie plus tard, Ergene (2003) propose une seconde méta-analyse basée sur
56 études (39 publiées, 17 non publiées l ) rappelant les manquements soulignés par son
de l'enfance et du début de l'adolescence. S' appuyant sur le constat d'Ergene, Von Der
Embse et al. (2013) effectuent une revue systématique dans le but d' identifier et
d' évaluer les programmes d'intervention destinés aux enfants et aux adolescents
souffrant d'anxiété aux évaluations publiés entre 2000 et 2010, permettant de déterminer
l' impact des faits soulevés par son prédécesseur. Les auteurs relèvent dix études, dont
huit s' adressant aux adolescents. Ils précisent les interventions tentées ainsi
1 Ergene (2003) a retenu 17 études non publiées, lesquelles ont été recensées par l' entremise
d' associations qui œuvrent auprès de spécialistes ayant pour but de favoriser un meilleur contrôle de
l' anxiété et l' anxiété aux évaluations, de centres de formations et de traitements, ainsi que des groupes
de discussion électronique.
53
que leur nIveau d' efficacité auprès de cette clientèle et concluent à la possibilité
d' utiliser celles-ci pour outiller le personnel scolaire dans leurs démarches auprès des
L' objectif du présent chapitre est donc de faire l'état des interventions efficaces
soulignées par les diverses méta-analyses et études portant sur le traitement de l' anxiété
aux évaluations. Le second objectif a pour but de relever les caractéristiques liées à
l' application du traitement lesquelles peuvent jouer un rôle dans l' efficacité d' une
intervention auprès d' une clientèle adolescente. L' ensemble des informations recueillies
dans ce chapitre permettra l' élaboration d' un guide d' intervention à l' intention des
Il est à noter que peu de recherches sont faites en ce qui a trait au traitement de
comparatifs sont possibles en raison du manque d' homogénéité dans les méthodes
d' intervention, ce qui 1imite la généralisation des résultats. Ainsi, lorsque la littérature le
permettra, un comparatif sera effectué entre les résultats exposés chez une population
d' adolescents souffrant d' anxiété aux évaluations et les effets énoncés d' une technique
sur une population dite générale, et ce, afin de préciser le niveau d'efficacité de cette
technique.
54
une efficacité considérable en ce qui a trait à l' anxiété aux évaluations, soit les
regroupant uniquement des études portant sur les clientèles de l' enfance et de
l' adolescence souffrant d ' anxiété aux évaluations, fait état de l' efficacité des mêmes
quatre approches. Les auteurs y ajoutent toutefois une cinquième approche récemment
reconnue, soit la rétroaction biologique (biofeedback) (Von Der Embse et al., 2013).
D ' autre part, Ergene (2003) a répertorié vingt et une techniques d ' intervention distinctes
utilisées auprès de populations de tous âges et qui découlent des quatre approches
énumérées plus haut. Selon lui, des différences significatives ont été soulevées dans
l' efficacité de chacune de ces techniques prises indépendamment, suggérant ainsi un lien
entre le type d ' intervention et l' efficacité du traitement. Conséquemment, il est possible
de croire que les approches cognitive, comportementale, centrée sur les compétences et
l' intervention, mais que l' efficacité du traitement découlerait davantage de techniques
Afin de situer le lecteur et d' alléger le contenu du présent chapitre, voici un tableau
regroupant les études répertoriées 1 qui abordent le traitement de l' anxiété aux
évaluations chez une population adolescente en milieu scolaire (voir Tableau 3). Celui-ci
méthodologies et conceptions, leurs types d' intervention, les mesures utilisées, ainsi que
leurs principales conclusions. Il est à noter que les études ont été regroupées selon les
démontré une certaine efficacité dans le traitement de l' anxiété aux évaluations.
Études recensées dans l' étude de Von Der Embse et al. (2013) et lors de recherches complémentaires
effectuées sur les différents moteurs de recherches scientifiques, lesquelles ont été publiées au cours
des dix dernières années (2005-2012).
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées qui font mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d'adolescents souffrant d'anxiété aux évaluations en milieu scolaire
Approche Lang & N=219 Type d 'étude : contrôlée L'amorçage Temps 1 : Les résultats démontrent un
cognitive Lang, Âge: 16.54 ans randomisée cognitif affaiblissement du niveau d' anxiété aux
2010 Test Anxiety évaluations favorisant une
N = 232 Durée : Inventory (TAI) augmentation de la performance chez
Âge : 15.27 ans 1 seule rencontre en Pré-test et les élèves souffrants d' un haut niveau
Temps indisponible post-test d' anxiété aux évaluations, alors qu ' une
Groupes contrôles : diminution de la performance aurait été
suivent la même Procédure: Wilde Intelligence observée chez ceux ayant un faible
séquence, sans Test-2, Verbal- niveau d' anxiété aux évaluations
technique d' amorçage Temps 1 : analogies subtest (référence à loi de Yerkes-Dodson,
cognitive (temps 1 et Questiormaire sur l'anxiété, (Mesure de 1908)
2) suivi d'une intervention performance)
basée sur l'amorçage cognitif Cette technique favoriserait
(décrite dans la section sur l' augmentation des habiletés, lesquelles
les approches et techniques Temps 2 : étaient affectées par l' anxiété
d ' intervention cognitives),
suivi d ' une mesure de Test Anxiety
performance Inventory (TAI)
Temps 2: Wonderlic
Questionnaire sur l'anxiété, Personnel Test
suivi d ' une intervention (Mesure de
basée sur l' amorçage cognitif performance)
(décrite dans la section sur
les approches et techniques Task engagement
d ' intervention cognitives), andwor/'y
suivi d' une autre mesure de questionnaire
performance, suivi d' une
tâche d' engagement et d' un
questionnaire sur
l' inquiétude
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées quifont mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d 'adolescents souffrant d 'anxiété aux évaluations en milieu scolaire (suite)
Approche Lai Zinta, N = 240 Type d ' étude: Quasi-Expérimentale Rétroaction Test Anxiety La rétroaction
cognitive 2008 Âge: NID immédiate lnvenlory (TAI) immédiate n'a
(Équivalent du Durée : entrainé au cune
secondaire 2- 1 seule rencontre General Self- réduction
cycle) Temps indisponible Efficacy significati ve de
)" anxiété aux
Groupe Procédure : éva luations
contrôle: NID
L'élève complète une tâche comprenant 20
anagrammes, et ce, accompagné d' un intervenant.
Ce dernier fournit une rétroaction positive ou
négative afin d ' améliorer la précision de la
réponse. Il peut émettre des conseils et des
encouragements lorsque l'élève démontre de
découragement, déviait de la tâche ou lorsque la
tâche semblait trop exigeante.
8 groupes expérimentaux:
4 groupes avec un haut niveau d' anxiété
4 groupes avec un faible niveau d' anxiété
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées quifont mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d 'adolescents souffrant d 'anxiété aux évaluations en milieu scolaire (suite)
Approche Egbochuku N = 78 Type d' étude : Quasi-Expérimentale Désensibilisation Test Anriety La désensibilisation
comportementale & Obodo, Âge : NID systématique lnventory (TAl) systématique peut être
2005 Durée : un traitement etlicace
Groupe 12 rencontresl6 semaines contre l' anxiété aux
contrôle: 2 x 30 min./sem tests chez les jeunes.
sans
traitement
Procédure: Effet d ' interaction
significatif entre la fin
Le groupe expérimental reçoit un du traitement
traitement basé sur la désensibilisation thérapeutique et le
systématique. Les chercheurs tentent de niveau d' anxiété aux
définir l' etlicacité du traitement selon les tests.
variables suivantes: le niveau d' anxiété
(modéré et élevé) et le genre (féminin et Réduction significative
masculin) de l'anxiété aux tests.
Approche Carter et al., N=38 Type d 'étude : Quasi-Expérimentale Approche Test Anxiely 2 groupes expérimentaux
centrée sur les 2005 Âge: 15 à 19 centrée sur le InventOly (TAI) ont démontré une
compétences ans Durée: développement augmentation de leur
6 rencontres des Simulated performance
Groupe 90 minutes compétences Tennessee
contrôle: NID Compelency 1 groupe expérimental
Procédure : Achievement (Groupe 2) a exposé une
Program (TCAP) diminution significative
Enseignement des habiletés à répondre aux de son niveau d ' anxiété
évaluations 1 E nseignement de techniques (p. aux évaluations
ex., compléter les questions plus faciles
d ' abord, réécrire le problème de façon à
mieux en saisÎT la demande, surligner les
mots clés, etc.)
Groupe 1 :
Pré-test TAI et TCAP, suivi de
l'enseignement des stratégies, Post-test
TCAP, instruction régulière, réévaluation
TAI et TCAP
Groupe 2:
Pré-test TAI et TCAP, instruction régulière,
Post-test TCAP, suivi de l'enseignement des
stratégies, rééva luation TAI et TCAP
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées qui font mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d 'adolescents souffrant d 'anxiété aux évaluations en milieu scolaire (suite)
Approche Faber, N=21 Type d'étude : Quasi- Stratégies Spelling Les élèves qui ont reçu le
centrée sur les 2010 Âge: NI D Expérimentale académiques achievement Test traitement ont su mieux gérer
compétences (De la 3e année du pour anxiety: Wony leur anxiété aux évaluations et
primaire à la 3e du Durée : l'orthographe and emotiona/ity démontrent des résultats
secondaire) 80 rencontres author-scale significatifs sur le plan de la
60 minutes performance et de
Groupe expérimental: l'orthographe spécifique
Élèves avec tr. de la Procédure:
lecture et de l'écriture
(Dyslexie) Thérapie individuelle qui
consiste en un entrainement de
Groupe contrôle : Liste séquences qui incluent des
d'attente algorithmes visuels et de
l' auto-instruction verbale afin
de déterminer l' orthographe
des mots.
Approche Gregor, N = lOS Type d' étude: Quasi- Mixte Friedben Test Augmentation significative de
combinée 2005 Âge : 16-17 ans Expérimentale (relaxation et Anxiety Scale l' anxiété et du niveau de
cognitive- TCC) (FTA) performance en mathématique
comportementale Groupe contrôle: NID Durée : pour le groupe 1
5 rencontres Techniques de General
45 minutes relaxation seules Certiflcate of Diminution significative de
Secondary l' anxiété de performance pour
Groupe 1 : Mixte (relaxation et Thérapie Edllcation les groupes 2-3
TCC) cognitivo- (GCSE)
Groupe 2 : Techniques de comportementale
relaxation seules (TCC) Conner's Rating
Groupe 3 : Thérapie cognitivo- Scales Revised
comportementale (TCC)
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées quifont mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d'adolescents souffrant d 'anxiété aux évaluations en milieu scolaire (suite)
Approche Dumont et N = 138 Type d' étude : Quasi-Expérimentale Programme Pré-test et post-test : Plusieurs prises de
combinée al. , 2015 Âge : 14 à d ' intervention conscience de la part des
cognitivo- 19 ans Durée : Funambule: Pour Problèmes dans divers élèves quant à leur
comportementale 8 rencontres une gestion secteurs de vie - philosophie de vie.
60 minutes équilibrée du stress Stress Problem Amélioration
Groupe Questionnaire, significative des
contrôle : Procédure: Approches stratégies de gestion du
Groupe combinées : Questionnaire des stress au moyen de
Témoin Rencontre de groupe, mixte Psychoéducative. stratégies de gestion techniques de relaxation
Guide pour l'élève, les parents, Cognitive, du stress respiratoire et
l'enseignant et CD-Rom inclus Comportementale et musculaire, et de
Stratégies Inventaire de visualisation.
1 - Travail sur la perception du d ' adaptation résolution de Amélioration sur le plan
stress: 2 rencontres problèmes sociaux de la restructuration de la
2 - Travail sur le corps : 2 rencontres" pensée, ainsi que du
Échelle d ' anxiété du développement des
3 - Travail sur les pensées : 2 test cognitif habiletés de résolutions
rencontres de problème. Le volet
Travail sur les stratégies
4 - Travai 1 sur les stratégies adapta/ives est le seul à
adaptatives : 2 rencontres avoir démontré un
résultat d 'efficacité aux
abords de la limite
significative. Selon les
auteurs, ce résultat
pourrait s ' expliquer par
le fait que ce volet est le
dernier à avoir été
enseigné et, donc, le
moins intériorisé
Tableau 3
Sommaire des études répertoriées qui font mention de techniques d'intervention utilisées auprès
d'adolescents souffrant d'anxiété aux évaluations en milieu scolaire (suite)
Approche Weems et N = 73 Type d' étude: Quasi-Expérimentale Techniques Test A nxiety Scale for Les élèves du groupe
combinée al., 2009 Âge: 13 à 16 cognitivo- Childrel1 (l'ASC) , expérimental démontrent
cognitivo- ans Durée: comportementales modified une diminution
comportementale 5 rencontres significative de leur
Groupe Temps indéterminé Moyenne des résultats niveau d' anxiété aux
contrôle: scolaires évaluations et de leurs
Liste d' attente Procédure : symptômes liés à un
Post/raumatic Stress syndrome de stress post-
Rencontre de groupe Reactiol1 /ndexfor traumatique.
Childrel1 Ceux-ci démontrent aussi
1 - Distinction et psychoéducation une augmentation
liées concepts suivants; l'anxiété, significative de leur
l'anxiété aux évaluations, la peur performance
aux évaluations, la normalisation
de l' anxiété aux évaluations, la
conceptualisation cognitive et
comportementale de l' anxiété aux
évaluations
2 - Techniques de rehntation,
promotion d' auto-efficacité et des
habiletés à répondre aux
évaluations
3 - Désensibilisation systématique à
l'anxiété aux évaluations
4 - Bilan des rencontres
5 - Poursuite de la désensibilisation
systématique
63
Les théories cognitives dans la compréhension de l' anxiété soulignent l' importance
réaction qui en découlera (Graziani, 2008). Les techniques cognitives s' adressent
principalement à la notion d' inquiétude, soit les pensées portées sur les conséquences
relatives à un éventuel échec, c' est-à-dire des pensées intrusives provenant d' une
d' intervention auprès des adolescents basés uniquement sur l' approche cognitive
En effet, dans leur revue systématique des programmes d' intervention, Von Der
Embse et al. (2013) ne rapportent que deux études conçues selon une approche
cognitive. La première étude, de type contrôlé randomisé, se base sur l' hypothèse selon
laquelle l' autoperception de ses compétences pourrait altérer le lien entre l' anx iété
l' élève est préoccupé par l' idée qu ' il ne détient pas les compétences requises pour
hypothèse prend appuie, entre autres, sur deux constats. Le premier découle du fait que
le concept d' inquiétude (pensées non-aidantes) a un impact plus significatif que celui
1988; Liebert & Morris, 1967; Zeidner, 1998). Le second repose sur le principe que
64
l' anxiété aux évaluations serait moins prononcée ou disparaitrait lorsque l' intervention
est d' abord effectuée sur les aspects cognitifs que sur les aspects comportementaux
(Cassady & Johnson 2002; Hembree, 1988; Zeidner, 1998). De ce fait, Lang et Lang
(2010) suggèrent de travailler sur les pensées par l'amorçage cognitif qui permettrait
préalablement un stimulus (l ' amorce) dans le but d' influencer le traitement d' un second
stimulus (la cible). Plus précisément, les auteurs invitent dans un premier temps les
élèves à imaginer une personne qui vit de belles réussites dans la résolution de
problèmes techniques et scientifiques, d' imaginer les habiletés dont elle dispose sur le
plan des apprentissages, d'envisager les valeurs qu ' elle détient et d' établir des adjectifs
qualifiant sa personnalité. Dans un deuxième temps, les élèves sont invités à rédiger trois
phrases qui décrivent brièvement ce qu' ils ressentent immédiatement après avoir
entrepris la résolution d' un problème jugé complexe. Cet exercice est suivi d' une pause
de cinq minutes et d' une épreuve mesurant la performance aux évaluations 1. Ainsi, les
résultats démontrent une augmentation de la performance chez les élèves souffrants d' un
haut niveau d' anxiété aux évaluations, alors qu ' une diminution de la performance aurait
été observée chez ceux ayant un faible niveau d'anxiété aux évaluations. Selon les
auteurs, ce double effet suggère que l' intervention basée sur l' amorçage cognitif, aussi
1 Cette mesure s' appuie sur une version informatisée du sous-test d' analogies verbales nommé Wilde
Intelligence Test-2 Battery (WIT -2) de Kersting, Althoff et Jiiger (2008), lequel comprend une tâche de
20 analogies verbales pouvant être complétée en moins de cinq minutes .
65
p. 44). Finalement, cette technique favoriserait l' augmentation des habiletés, lesquelles
étaient diminuées par la présence de l' anxiété (Lang & Lang, 2010).
La seconde étude identifiée par Von Der Embse et al. (2013) est de type quasi
expérimental. L' étude de Lai Zinta (2008) comporte également une intervention
cognitive de type individuel : l' élève doit réaliser une tâche au cours de laquelle il peut
recevoir une rétroaction de la part de l' intervenant. Cette rétroaction se traduit par un
d' une évaluation. Les résultats démontrent que la rétroaction immédiate n' a entrainé
aucune réduction significative de l' anxiété aux évaluations (Lai Zinta, 2008).
cognitive par le biais d"une technique visant la promotion d' aspiration intrinsèque (par
exemple, se visualiser détenant les caractéristiques d' une personne vivant un haut niveau
de réussite). En effet, celle-ci favorise l' atteinte d' un niveau de résultats scolaires
promotion d' aspiration extrinsèque, pour sa part, favorise la présence d' anxiété aux
66
extinction. Elles sont axées principalement sur la notion d'émotivité, à savoir une prise
systématique démontre une efficacité maximale auprès d' une population générale
(Ergene, 2003) et semble tout aussi efficace auprès d' une clientèle adolescente souffrant
d' anxiété aux évaluations (Egbochuku & Obodo, 2005). Elle consiste en un
un contexte d' anxiété aux évaluations, les types de situations hiérarchisées incluses dans
à elle seule une réduction significative du niveau d'anxiété aux évaluations et une
attention à ses réactions physiologiques d' anxiété (p. ex. , tensions), ainsi qu ' à sa
importe la situation anxiogène dans laquelle il se trouve (Gregor, 2005). Cette avenue
semble toutefois mitigée dans le traitement de l' anxiété aux évaluations. En effet, deux
première corrobore l' efficacité des techniques de relaxation (Hembree, 1988), alors que
la seconde révèle une efficacité modérée de celles-ci sur la réduction de l' anxiété aux
évaluations, cette dernière étant toutefois basée sur un plus grand échantillon, ce qui
pourrait expliquer la différence au sein des ·résultats (Ergene, 2003). Finalement; une
étude réalisée auprès d' une population adolescente souligne une diminution significative
du niveau d' anxiété aux évaluations pour les élèves ayant reçu un programme
2005).
L' intervention centrée sur les compétences suggère l'amélioration des compétences
de l'individu dans les domaines où il présente certaines faiblesses (p. ex., lacunes sm le
cela a pour effet de favoriser l' augmentation du niveau d' assurance et de performance en
68
situation d' évaluation. Néanmoins, les résultats d' une méta-analyse basée sur une
population générale révèlent que, lorsqu ' elles sont employées seules, les techniques
faible à modéré en ce qui a trait à l' anxiété aux évaluations (Ergene, 2003). Des études
réalisées auprès d' une clientèle adolescente souffrant de troubles d' apprentissage (p. ex.,
dyslexie, trouble d' apprentissage, retard mental, déficience langagière, etc.) ont toutefois
déficitaire. Parmi les effets bénéfiques, notons une diminution considérable de leur
anxiété, ainsi que l' augmentation de leur performance lors d' évaluations liées à ce
champ de compétence (Carter et aL, 2005; Faber, 2010). Le nombre d' heures à consacrer
à une telle intervention est toutefois un élément à considérer. En effet, les programmes
qui démontrent un certain niveau d' efficacité exigent entre neuf heures (Carter et aL,
2005) et 80 heures (F aber, 2010) d' intervention afin d' arriver à de tels résultats. Bien
d' intervention offert à l' élève. Il s'agit d' un élément considérable lors de l' application
L' individu tend à répondre différemment aux situations d' évaluation ainsi qu ' aux
techniques d' intervention selon les traits particuliers qui le caractérisent (Bishop, 2006).
individuelles peuvent avoIT un impact sur l' efficacité des interventions visant un
meilleur contrôle de l' anxiété aux évaluations. Conséquemment, il s' avère logique qu ' un
tant les différences individuelles que les multiples variables qui la composent, ainsi que
2005).
la réussite d' une intervention, les résultats des études convergent · dans le sens de
traitement isolé de l' anxiété aux évaluations chez une population générale (Ergene,
2003 ; Gambles, 1994; Hembree, 1988). Néanmoins, il semble que le niveau d' efficacité
le plus distinctif revient aux thérapies dites combinées (Ergene, 2003). La majorité des
interventions répertoriées dans le cadre du présent essai s' appuient principalement sur
considérable de l' anxiété de performance (Dumont, Leclerc, Massé, & McKinnon, 2015)
Dans le même ordre d' idée, les techniques de relaxation, lorsqu ' utilisées seules,
(Ergene, 2003 ; Gregor, 2005; Hembree, 1988). Il semble toutefois qu ' une intervention
incluant des techniques de relaxation (p. ex. , reconnaissance des tensions musculaires,
centrées sur le corps lorsque les adolescents sont confrontés à des situations de stress
(Dumont et al., 2015). Contrairement aux attentes, d' autres résultats obtenus dans une
étude s' adressant à tine population adolescente démontrent que les techniques de
mathématiques (Gregor, 2005). il est cependant possible de croire que, compte tenu que
ce groupe expérimental exposait le plus faible niveau d' anxiété aux évaluations lors du
pré-test, l' intervention combinée aurait permis d' amener l' anxiété à un niveau de
Au même titre que les techniques de relaxation, les techniques centrées sur les
modéré chez une population de tout âge (Ergene, 2003) ou exigent plusieurs heures
71
d' intervention pour obtenir un nIveau d' efficacité considérable en ce qUI a trait à
l' anxiété aux évaluations (Carter et al., 2005 ; Faber, 2010). Le niveau d' efficacité des
diverses approches serait cependant accru lorsqu' elles sont combinées à une technique
centrée sur les compétences. En effet, chez une population de tous âges, les approches
démontreraient les plus hauts niveaux d' efficacité dans l' ensemble (Ergene, 2003).
Aucune donnée en ce sens n ' a toutefois été répertoriée auprès d' une clientèle
adolescente .
. Les études portant sur les approches et techniques combinées sont nombreuses dans
le domaine des troubles anxieux. Toutefois, seulement deux études détaillant leur
d' anxiété aux évaluations en milieu scolaire chez une population adolescente.
stress, est la seule parmi toutes les études consultées à avoir été publiée en français à des
fins d' intervention et, donc, celle qui contenait le plus de données concernant la structure
d' intervention, les techniques élaborées, les différents guides d' intervention s' adressant
à l' élève, aux parents et aux intervenants, ainsi que les résultats obtenus (Dumont, 2012;
Dumont et al., 2015). Ce programme de gestion du stress s' adresse à une population
adolescente en milieu scolaire. Il propose quatre volets d' intervention (Travail sur la
72
perception du stress, Travail sur le corps, Travail sur les pensées et Travail sur les
stratégies adaptatives) qui s' échelonnent sur huit rencontres d'une durée approximative
de soixante-quinze minutes chacune selon les écoles. Bien qu ' à la base, le programme
Funambule ait été conçu pour la gestion du stress peu importe le contexte, il n'en
demeure pas moins qu ' il a eu un impact favorable sur la réduction de l' anxiété de
performance. Différents exercices ont été intégrés à travers les quatre volets, dont
peur de ne pas être à la hauteur des attentes personnelles et sociales, etc. Ainsi, les
de faire plusieurs prises de conscience quant à leur philosophie de vie (Dumont et al.,
2015). Pris indépendamment de l' ensemble du programme, le volet Travail sur le corps
démontre lui aussi une amélioration significative des stratégies de gestion du stress au
1 Volet Travail sur la p erception du stress, permet à l' élève de mieux comprendre et reconnaitre ses
perceptions liées au stress (p . ex., percevoir le stress comme un défi plutôt qu ' une menace).
73
(Dumont et al., 2015). L'intérêt 1 que les participants ont porté à ce volet pourrait
expliquer, entre autres, le niveau d'efficacité de traitement lié à celui-ci. Les résultats au
volet Travail sur les penséei, analysé seul, démontrent des bénéfices significatifs en
sur les stratégies adaptatives 4 est le seul à avoir démontré un résultat d'efficacité aux
abords de la limite significative. Selon les auteurs, ce résultat pourrait s'expliquer par le
fait que ce volet est le dernier à avoir été enseigné et, donc, le moins intériorisé en raison
du manque de temps pour mettre en place les stratégies enseignées (Dumont et al.,
2011).
analyse de Von Der Embse et al. (2013), utilise une méthodologie de type quasi
expérimental. Il s' agit d' un programme de cinq rencontres de groupe, dont la durée n' est
Parallèlement à l'expérimentation, les témoignages recensés auprès d' élèves souffrant de grandes
difficultés sur le plan scolaire indiquent que le volet Travail sur le corps a été le plus apprécié des
jeunes. Il leur aurait permis d' atteindre un niveau de détente et de calme appréciable, ainsi que de
connaitre une diminution considérable du niveau de stress (Dumont et al., 2011 ).
Volet Travail sur les pensées, le programme Funambule permet une forme de restructuration de la
pensée, favorisant la diminution des perceptions hâtives et erronées, ainsi que l'augmentation des
pensées rationnelles, réalistes et positives.
3 De plus, les commentaires recueillis auprès des élèves à la suite de l' expérimentation suggèrent
plusieurs prises de conscience quant aux effets négatifs du perfectionnisme toxique, leurs mauvaises
habitudes de s' en faire beaucoup trop pour de petites choses ou en ce qui a trait aux évènements qui
pourraient survenir uniquement dans un futur éloigné, de leurs distorsions cognitives pouvant susciter
un certain niveau de stress, de la compréhension de l' impact positif qu' un certain niveau de stress peut
avoir sur la perfomlance, etc.), et pour certains, de l' application volontaire et quotidienne de
techniques de restructuration cognitive et de mantras de détente (Dumont et al., 20 Il ).
4 Le volet Travail sur les stratégies adaptatives favorise la reconnaissance des stratégies
dysfonctionnelles (p . ex., évitement, pensée magique, etc.) et leur substitution par des stratégies plus
adaptées (p . ex., gestion du temps et de l' horaire, soutien des pairs, etc.).
74
toutefois pas précisée par les auteurs, qui se déroulent sur une période de 4 à 5 semaines.
Étant donné que cette étude est l' une des seules ayant proposé un modèle d'approche
d' intervention (Chapitre 3). Voici donc un bref aperçu du déroulement de chacune des
- 1re rencontre: L' intervenant établit une distinction entre les concepts d'anxiété en
soulignant que la réussite dépend de leur niveau d' implication. Par la suite, le
hiérarchie d' exposition. Il est toutefois à noter qu ' aucun détail n'est abordé par les
lesquels seront pratiqués lors d'exposition imagée, de façon graduelle, soit par
l' amorce des plus faibles situations de la hiérarchie d' exposition. Lors de cette
d' auto-efficacité en favorisant le renforcement par les pairs, lequel doit toutefois
être axé sur la progression et non sur la maitrise parfaite des techniques.
introduit le concept d' autoévaluation positive et réaliste (p. ex., être satisfait de
moi si j ' ai réussi à répondre à toutes les questions, plutôt que d'attendre d' obtenir
valorisantes (p. ex., «je suis vraiment fier de moi », « j ' ai fait un beau travail »,
etc.).
comparaison des résultats obtenus (pré-test/post-test), à l' échelle d' anxiété aux
étant plutôt récente dans le traitement de l' anxiété aux évaluations. Elle s'appuie sur des
au moyen d'appareils scientifiques. Les participants sont ainsi plus conscients du niveau
d' éveil réel dans lequel ils se situent au moment de l'exposition à un stimulus,
afm de retrouver un meilleur niveau de détente physiologique (Von Der Embse et al.,
2013). Malgré le fait que cette technique favorise une diminution significative du niveau
d'anxiété aux évaluations (Bradley et al., 2010; Yahav & Cohen, 2008), cette technique
semble demeurer peu accessible dans le milieu scolaire actuel, et ce, pour diverses
raisons : matériels couteux, achat du matériel requis pour l' administration du protocole
d' intervention, formation particulière pour l' intervenant, temps demandé pour une bonne
d' intervention élaboré dans cet essai (voir le chapitre 3). De ce fait, les études s'y
référant n' ont pas été considérées dans l' élaboration du Tableau 3.
performance et de l' anxiété aux évaluations. Le niveau d' efficacité des diverses
approches serait cependant accru lorsqu ' elles sont combinées à une technique centrée
sur les compétences, ainsi que des techniques de relaxation. Par ailleurs, étant donné que
le cadre de l' intervention peut jouer un rôle important dans l' efficacité d' un traitement,
L' étude des caractéristiques liées aux différents cadres d' intervention proposés dans
les études peut s' avérer pertinente sur le plan méthodologique. Par ailleurs, les études
techniques d' intervention utilisées, "i;e concentrant davantage sur le résultat global de
l' intervention. De plus, étant donné le nombre limité d' études s' adressant à une clientèle
adolescente, il est difficile d' établir une ligne directrice d' intervention à l' aide de
comparatifs quant au cadre de l'intervention. Somme toute, des informations ont pu être
dégagées des expérimentations consultées, ce qui permet d' offrir une certaine orientation
Sexe
L' ensemble des études consultées a opté pour une formule de type groupe
et al., 2005; Dumont et al. , 2015 ; Egbochuku & Obodo, 2005 ; Gregor, 2005; Lang &
Lang, 2010; Weems et al. , 2009), et très peu de liens ont été établis entre le sexe du
78
participant et l' efficacité du traitement proposé. Il semble toutefois que les garçons et les
filles répondent de façon similaire lors d'un traitement basé sur la désensibilisation
Profil d'apprentissage
études ont été établies auprès d' élèves à besoins particuliers, soit en raison de trouble
langagières). Basées sur les techniques centrées sur les compétences, ces deux études ont
qui à l' origine était déficitaire, exposant une diminution considérable de l' anxiété ainsi
compétence (Carter et al. , 2005 ; Faber, 2010). La durée de l' intervention est toutefois un
facteur à considérer puisque la durée de l' intervention totalise neuf heures dans un cas
(Carter et al., 2005) et 80 heures dans l'autre cas (Faber, 2010). Par ailleurs, il est à noter
que contrairement aux facteurs de risque entourant les élèves doués soulevés dans le
premier chapitre, aucune étude n' a fait référence à la douance dans les programmes
s'adressant aux adolescents souffrant d' anxiété aux évaluations en milieu scolaire.
Format
Les études recensées dans la méta-analyse d' Ergene (2003) sur une population
générale indiquent que l' intervention en groupe serait plus efficace que l' intervention
79
individuelle, car elle permettrait entre autres d' être conscientisé à la perception du vécu
des autres, d' obtenir des solutions alternatives, de diminuer l' impression de stigmate, et
de favoriser les gains thérapeutiques ainsi qu ' une meilleure généralisation des acquis
dans la vie quotidienne. Selon cette même méta-analyse, l' effet groupaI serait encore
plus significatif lorsque l' intervention comprend l' ajout de séances individuelles
(Ergene, 2003). Aucune étude répertoriée s' adressant à une population adolescente n' a
plus, étant donnée la diversité des techniques d' intervention suggérées par les différentes
études, il serait difficile de se prononcer sur l' efficacité d' un format d' intervention.
Durée du traitement
Toujours selon la méta-analyse d ' Ergene (2003) basée sur une population générale,
un traitement de l' anxiété aux évaluations devrait comporter entre 200 et 350 minutes
afin d' atteindre un niveau d' efficacité maximal. Par conséquent, un plafond ou une
s' adressant à une population adolescente souffrant d' anxiété aux évaluations ou de stress
offrent un traitement variant entre 225 et 600 minutes ou cinq et 12 rencontres (Dumont
et al. , 2015; Egbochuku & Obodo, 2005 ; Sarason et al., 1990; Weems et al. , 2009) . Une
seule approche semble toutefois se démarquer de cette règle temporelle de 600 minutes,
soit l' approche centrée sur les compétences. Utilisée sans approche combinée, elle
nécessiterait une plus longue durée d' intervention (entre 540 et 4800 minutes ou
80
considérable (Carter et al., 2005; Faber, 2010). D ' autre part, aucune donnée n' a été
d'efficacité parmi les quatre volets du programme (Dumont et al., 2003). Ces résultats
suggèrent que plus l' élève a le temps de pratiquer et d' intégrer dans son quotidien les
stratégies qui lui sont transmises, plus il y a de chances que celles-ci s'améliorent dans le
temps.
type de formation favorable à son animation. Compte tenu des mesures éducatives
programme Funambule, les auteurs suggèrent que les personnes ressources qui œuvrent
dans le domaine de J' éducation (enseignants qui détiennent un lien de confiance avec les
élèves, etc.) sont les mieux placées pour en faire l' animation (Dumont, 2012).
81
Outils complémentaires
d' outils complémentaires. Le guide d' animation permet à l' animateur de préparer
chacune des rencontres et d' en faire un suivi détaillé. Le cahier du participant, pour sa
part, se veut un complément du guide d' animation, un document auquel l' élève peut se
référer en tout temps pour une meilleure intégration des différentes notions et
apprentissages qui lui ont été transmis et mis en pratique. Finalement, le guide
d'accompagnement pour les proches a pour objectif de transmettre à ceux-ci les notions
spécifiques à chacun des quatre volets, et d' ainsi favoriser le soutien adéquat lors de
périodes de vulnérabilité au stress et à l' anxiété. Le tout est enrichi par l' inclusion d' un
cédérom facilitant la reproduction de certains documents, ainsi que d' une affiche sur la
l' approche multimodale proposée par le programme Funambule n' a pas fait l' objet
d' une évaluation systématique, ce qui ne peut nous permettre d' établir que celle-ci joue
un rôle positif dans la consolidation des apprentissages et dans le maintien des acquis.
Synthèse critique
L' ensemble du relevé de littérature effectué dans les deux premiers chapitres
démontre clairement les impacts inhérents à l' anxiété aux évaluations sur le
langage commun et à déterminer les profils d' élèves à risque de souffrir de cette
scolaires ainsi qu ' une typologie de profils anxieux face aux évaluations (Zeidner, 1998)
qui rappelons-le se décline comme ceci: lacunes dans les habiletés d'études, blocage et
auto-handicap, perfectionnisme. Ces six profils, ajoutés aux trois phases du cycle
Le second objectif visait une recension des programmes d' intervention qui
s' adressent aux adolescents souffrant d' anxiété aux évaluations en milieu scolaire afin
de déterminer les techniques pouvant leur venir en aide. Toutefois, il semble que peu de
recherches ont été réalisées auprès de ce groupe d' âge, la majorité ayant été effectuée ".
auprès de population adulte. L' ensemble de ces études s' appuie sur l' approche
techniques utilisées dans les études répertoriées et peu de comparatifs sont possibles, ce
comparatif était établi entre les résultats exposés chez une population adolescente et
l' efficacité d'une technique mesurée sur une population dite générale.
Par ailleurs, les facteurs de risque et caractéristiques qui définissent l' élève anxieux
face aux évaluations peuvent être nombreux et toucher plus d' une sphère de la vie
quotidienne. Par conséquent, il s' avère logique qu ' un programme visant la réduction de
Gregor, 2005). De ce fait, il n' est pas surprenant que le niveau d' efficacité le plus
comportementale (Ergene, 2003). De plus, la combinaison cette approche avec d' autres
techniques comme celle centrée sur les compétences ou la relaxation, démontre des
augmentation de la performance (Gregor, 2005; Von Der Embse et al., 2013), ainsi
qu ' une diminution de l' anxiété de performance (Dumont et al., 2015) et de l' anxiété aux
Les techniques les plus efficaces sont celles qUI proviennent de l' approche
interventions psychoéducatives (p. ex. , distinction entre les concepts d' anxiété, travail
désensibilisation systématique.
tensions musculaires, techniques de relaxation musculaire, etc.), ainsi que les techniques
centrées sur les compétences (p. ex., augmentation des compétences en mathématique,
augmentation des compétences à l' étude, etc.), lorsqu ' utilisées seules, démontrent un
niveau d' efficacité de faible à modéré (Ergene, 2003; Gregor, 2005; Hembree, 1988).
84
Toutefois, lorsqu ' elles sont combinées à une approche thérapeutique cognitivo-
et al., 2005; Faber, 2010; Gregor, 2005). Cela s' expliquerait par le fait qu ' elles
s' adressent aux facteurs de risque qui ne répondent peu ou pas aux techniques de base de
l' approche, soit celles comportementale et cognitive (p. ex., réactions physiologiques,
faiblesse sur le plan des habiletés d' études, troubles d' apprentissage, etc .). Elles
permettent donc un niveau d' intervention plus vaste. Dans le même ordre d ' idée,
l'intervention basée sur l' amorçage cognitif demeure brève et spécifique, mais elle
favorise tout de même l' affaiblissement de l' anxiété aux évaluations, et ce, en faveur du
niveau de performance, ainsi que l' émancipation des habiletés qui étaient amoindries par
la présence de l' anxiété (Lang & Lang, 2010). L' amorçage cognitif pourrait donc être un
d' augmenter le sentiment de compétence de l' adolescent s' est révélée être une technique
inefficace en ce qui a trait à l' anxiété aux évaluations (Lai Zinta, 2008). Par ailleurs,
cette technique semble aller à l' encontre des théories motivationnelles, puisqu ' elle prend
la forme d' une motivation extrinsèque en favorisant la présence d' anxiété aux
Finalement, les techniques d' intervention incluses dans l' approche cognitive-
personnels, familiaux et sociaux pouvant mener à la présence d ' anxiété aux évaluations.
Toutefois, bien que la majorité des études se soient appuyées sur des populations
normatives et que celles sur les techniques centrées sur les compétences ciblaient
principalement les élèves ayant des troubles d ' apprentissages, aucune étude n' a proposé
d ' intervention précise en ce qui concerne les élèves doués. Ceux-ci ne sont pourtant pas
à l' abri de ce type de problématique, principalement lorsqu ' ils se trouvent dans des
davantage.
de la problématique d ' anxiété aux évaluations chez les adolescents en milieu scolaire et
d ' exposer les forces et les lacunes en ce qui a trait aux traitements actuellement offerts
pour cette clientèle. Elle vient confirmer le besoin qu ' un outil soit créé pour guider le
psychologue scolaire dans sa démarche d ' évaluation et d ' intervention auprès de l' élève
anxieux face aux évaluations et des gens qui l' entourent (parents, enseignants et
intervenants).
Chapitre 3
Proposition d' un modèle intégratif d'évaluation et d' intervention
d' approche cognitivo-comportementale conçu pour l' anxiété aux
évaluations à l' intention des psychologues scolaires
Les deux premiers chapitres de cet essai visaient l'établissement d' un langage
commun entre les divers concepts entourant l'anxiété aux évaluations, la compréhension
de la problématique d' anxiété aux évaluations par sa typologie, ses phases, ses facteurs
techniques d' intervention qui se sont avérées efficaces dans le traitement de celle-ci. Ce
troisième chapitre a pour objectif de présenter l' amorce d' un modèle intégratif
modèle seront exposées afin d' en démontrer la pertinence clinique. Par la suite, les
quatre sections (processus de référence, processus d' évaluation, processus d' intervention
Finalement, une discussion sera présentée afin d'établir les forces et limitations du
présent essai, permettant ainsi de créer une ouverture sur des propositions relatives à
Les demandes d'évaluation et d' intervention pour l' anxiété aux évaluations se font
de plus en plus nombreuses dans les institutions scolaires, et celles-ci, tant au primaire
qu ' au secondaire. Les professionnels en milieu scolaire se disent souvent démunis face à
ce type de référence, puisque très peu d'outils d'évaluation et d' intervention ont été
conçus pour de jeunes clientèles. Au-delà des programmes destinés aux enfants et
adolescents pour intervenir, par exemple, sur l' intimidation (Hébert, 1998), la gestion de
la colère (Massé et aL , 2012) et les habiletés sociales (St-François, 2008), rien de concret
ne semble avoir été créé pour l' anxiété aux évaluations oubliée dans ce lot de
important d' élèves concernés par cette problématique. S'appuyant sur diverses études,
rappelons que Cassady (2010) évalue le taux de prévalence de l'anxiété aux évaluations
raciales et les femmes. En ce qui concerne la population adolescente, une étude menée
de 22 % en ce qui a trait à l' inquiétude liée aux travaux scolaires (McGuire et al. , 1987),
alors qu 'une étude réalisée auprès d'adolescents québécois souligne que plus de 50 %
variant de modéré à élevé (Dumont et aL , 2009). De plus, les études démontrent des
impacts majeurs sur l' avenir des jeunes souffrant de ce type de problématique-
décrochage (Tobias, 1994), bumout scolaire (Zakari, Walburg, & Chabrol, 2011), choix
89
de profession (Ergene, 2003; Topp, 1989), etc. - rappelant ainsi l'urgence d'outiller les
psychologues scolaires sur le plan scientifique, mais également sur le plan clinique.
Malgré l' ampleur et les risques associés à ce type de problématique, une méta-
l' enfance et de l' adolescence (Ergene, 2003). L' auteur souligne l' importance de
développer rapidement des programmes d' intervention efficaces pour soutenir les
élèves du primaire et du secondaire qui sont aux prises avec ce type de problème.
En résumé, les auteurs de ce domaine de recherche clinique s' accordent pour dire
qu ' il y a une réelle urgence de fournir aux écoles des programmes d' intervention
s' adressant spécifiquement aux adolescents souffrant d' anxiété aux évaluations.
L' objectif de ce présent chapitre s' avère donc d' utiliser les données exposées dans les
chapitres précédents pour dessiner dresser l' amorce d' un guide d' évaluation et
scolaires. Celui-ci favorisera ainsi la mise en place d' un plan de traitement adapté à
l' anxiété aux évaluations dans le but de réduire les nombreux impacts négatifs sur les
Ce modèle intégratif a été conçu pour outiller le psychologue scolaire dans une
démarche d' évaluation et d'intervention auprès d' adolescents souffrant d' anxiété aux
évaluations scolaires (p. ex., examens, examens ministériels, examen d' admission dans
un programme d' étude, etc.). Toutefois, il est à noter que le document est aussi
susceptible d' intéresser les intervenants scolaires qui souhaitent enrichir leurs
section a pour objectif d' informer le psychologue scolaire des concepts gravitant autour
de la problématique d' anxiété aux évaluations et d' ainsi établir un langage commun. Le
lecteur y trouvera une distinction entre les concepts de stress et d' anxiété, une
description de l' anxiété reconnue comme pathologique ainsi qu ' une définition de
l' anxiété aux évaluations (voir Tableau 4 en Appendice A). Un bref aperçu de la
Ce portait rappelle l' importance de clarifier les concepts généraux dans le but de
faciliter l' identification des élèves souffrant de cette problématique, afm de leur offrir un
scolaire (voir Tableau 5 en Appendice A). Cette section a pour objectif de guider le
auprès d' un élève qui souffre d' anxiété aux évaluations : processus de référence,
l' intervention.
intervenants, les enseignants, les parents ou l' élève font appel au service de psychologie
scolaire afin de préciser la nature des difficultés de l'adolescent dans le but de lui offrir
débute par l' analyse de la demande afin de préciser son hypothèse diagnostique.
milieu scolaire, et ce, peu importe la nature de la référence. Elle permet de guider le
psychologue scolaire dans la précision des besoins et capacités de l' élève, et de le diriger
92
par la suite vers les services appropriés à ses besoins et ceux de ses proches. L' analyse
de la demande consiste à réaliser une collecte exhaustive d' informations auprès des
existants (p. ex., dossiers académiques qui contiennent des documents tels que les
bulletins, les dossiers particuliers qUi contiennent les rapports d' évaluation et
d' intervention des divers spécialistes qui ont travaillés auprès de l' élève, etc.) et de
l'élève s' apparente à la problématique d' anxiété aux évaluations ou à une autre
problématique. Cette analyse consiste en un survol qui s'appuie principalement sur les
Tableau 6 en Appendice A) lesquels pourront être des cibles d' intervention à considérer
par le psychologue.
Par ailleurs, d' autres facteurs qui n'ont pas été répertoriés dans la littérature, mais
qui ont fait l' objet de plusieurs références auprès des psychologues scolaires, y compris
l' auteure, sont présentés à titre informatif seulement. Ainsi, parmi les facteurs familiaux,
notons le cas souvent rapporté d' un parent ayant un statut professionnel reconnu comme
étant hautement exigeant (p. ex., un parent ayant une carrière prestigieuse et un emploi
du temps très chargé, un parent performant à tous les niveaux, etc.). En effet, une telle
situation semble créer chez l' élève un désir de grandes réalisations qui l' amène à viser
des objectifs au-delà de ses capacités ou à être reconnu par son niveau de performance,
ce qui pourrait favoriser chez lui la présence d'anxiété aux évaluations. Parmi les
93
pourraient aussi favoriser l' augmentation du niveau d ' anxiété aux évaluations ou être
considérées comme des facteurs précipitants chez les élèves jugés à risque. D ' autre part,
attention particulière aux élèves qui ont des horaires plus chargés que dans les secteurs
d ' enseignement réguliers en raison des programmes dans lesquels ils évoluent (p. ex.,
Cette sous-section permet d ' orienter le psychologue à travers l' évaluation qUI
s' avère une étape très importante pour l' ensemble du processus. Celle-ci a pour objectif
de préciser le diagnostic qui permettra de diriger l' intervention auprès de l' élève en
souffrance. Comme la majorité des troubles anxieux, l' anxiété aux évaluations semble
répondre à un traitement spécifique. Cependant, son dépistage peut s' avérer laborieux,
puisqu' il n'y a aucun critère diagnostique d ' établi et que l' élève n' évoque pas toujours
privilégier une démarche d ' évaluation rigoureuse tout en laissant place à J' écoute et au
soutien de l' élève. Dans cette section, un cas fictif est présenté au lecteur afin de faciliter
la compréhension des étapes liées à l' évaluation (voir Tableau 7 en Appendice A).
94
Le psychologue scolaire, ayant précisé l' hypothèse diagnostique suite à l' analyse
éliminant principalement le trouble d' anxiété sociale et le trouble d' anxiété généralisée
qui peuvent tous deux comporter des inquiétudes en ce qui a trait à la performance
(AP A, 2013). Le professionnel doit prévoir deux ou trois rencontres afm de pouvoir :
- identifier les facteurs prédisposants, qui sont basés principalement sur les facteurs
de risque identifiés dans la littérature, ainsi que les facteurs considérés comme
étant précipitants (p. ex., situation d' évaluation, désir d' admission dans un
programme contingenté qui exige une performance accrue, etc.) et ayant entrainé
- préciser l' intensité (symptômes pouvant être considérés d' intensité légère,
l'élève (p. ex. depuis combien de temps, fréquences des épisodes anxiogènes, etc.).
- définir les manifestations de l' anxiété (p. ex., pensées, inquiétudes, symptômes
physiques, émotions, etc.) qui permettront de préciser le ou les types d' anxiété aux
évaluations dont souffre l' élève en se basant sur la typologie élaborée par Zeidner
(1998), dont un rappel est fait sous forme de tableau (voir Tableau 9 en Appendice
A).
cibler les phases problématiques chez l' élève selon le modèle explicatif du cy cle
permettra de préciser les cibles d' intervention et de faciliter l' adaptation des
techniques d' intervention (p. ex. , gestion du temps, hiérarchies des situations
Cassady plus d'une phase peut être problématique chez un même élève.
- spécifier le ou les types d'anxiété aux évaluations dont souffre l' élève en
s' appuyant sur la typologie proposée par Zeidner (1998). Il est à noter que certains
9 en Appendice A). Par ailleurs, l' une des principales contributions du présent
essai consiste en l' établissement du lien entre ces deux concepts afin de mieux
cerner les difficultés de l' élève. En prenant appui sur le tableau, le psychologue
scolaire est en mesure d' offrir un traitement plus adapté afin de répondre
davantage aux besoins spécifiques de l' élève. Par exemple, le type d' anxiété aux
sur les stratégies d' adaptation et sur la restructuration cognitive, plutôt que sur les
techniques de relaxation.
96
traitement.
compléter son évaluation à partir d' outils d' évaluation standardisés. Ces questionnaires
peuvent aussi permettre de préciser certaines informations ou d' obtenir des données
complémentaires.
Échelle basée sur les concepts d' inquiétude et d'émotivité (Liebert & Morris,
1967). Cette échelle est la plus utilisée dans les études répertoriées dans le
construit.
- Test Anxiety Scale for Children (TASC). Sarason, Davidson, Li ghthall , et Waite
2211 élèves, ainsi que par la présence de corrélations significatives avec d' autres
épreuves d' évaluation de l' anxiété - 30 items, échelle de réponse oui/non - Plus
l' élève répond par l' affirmative, plus son score global indique un haut niveau
Leclerc et Potvin (2006) - 27 items, échelle de Likert - Score global qui dévoile le
- Tous autres questionnaires portant sur les troubles anxieux afin d' infirmer la
présence d' un autre trouble dont les symptômes n'auraient pas été soulignés par
résultats) lors duquel il informe l' élève de la problématique dont il souffre et propose un
plan de traitement. À . cette étape, l' accompagnement d' un adulte (p. ex., parent ou
98
Le bilan débute généralement par un bref rappel du motif de référence qui souligne
le niveau de souffrance initial, ainsi que par un résumé des manifestations retenues,
lesquelles confirment la présence d'anxiété aux évaluations. S' appuyant sur les
structures d' intervention proposées par deux programmes qui ont démontré des résultats
(Dumont et al., 2015 ; Weems et al., 2009), il semble pertinent de débuter te traitement
par une brève séance d' information, afin que l' élève et son accompagnateur
Ainsi, une distinction entre le stress et l' anxiété, l' anxiété normale et pathologique et
appuie la nécessité du traitement. Il est normal pour l' ensemble des élèves de ressentir
de l' anxiété à l'approche d'une situation d' évaluation. Cette anxiété peut même être
génératrice de motivation, puisqu ' elle augmente le niveau d' éveil par rapport à la tâche.
Cependant, l' élève doit comprendre que lorsque cette anxiété devient trop élevée, elle
peut alors paralyser sa capacité de penser et d' agir, générer des inquiétudes et ainsi nuire
99
à son niveau de fonctionnement. Cette section du document comprend une figure qui fait
référence à la loi de Yerkes-Dodson, laquelle explique la relation entre le niveau d' éveil
(niveau d' anxiété) et la performance, ce qui permet d'offrir une image parlante pour une
meilleure compréhension de cette relation par l' élève (voir Figure 2 en Appendice A).
D ' autre part, le psychologue scolaire doit s' assurer qu ' au terme de cette rencontre,
l' élève a compris que son sentiment de perte de contrôle est réel, qu ' il y a des raisons
qui l' ont mené à vivre cette problématique, qu ' il n' est pas seul à en souffrir et qu ' il y a
des solutions. Le professionnel normalise ainsi les craintes liées au contexte d'évaluation
(Weems et al., 2009). Pour cela, il peut s' appuyer sur les facteurs prédisposants,
précipitants et de maintien identifiés dans la littérature, "ainsi que sur les prévalences qui
L' anxiété aux évaluations étant complexe, il s' avère logique que l' intervention
visant la réduction de celle-ci puisse prendre en compte tant les différences individuelles
de l' élève, ses facteurs de risque et les différents contextes environnementaux qui
l' entourent (Gregor, 2005). Il n' est donc pas surprenant d' apprendre que le niveau
d'efficacité le plus distinctif revient aux thérapies dites combinées (Ergene, 2003), telle
liée à une approche complémentaire telle que l' intervention centrée sur les compétences.
100
Cette structure d' intervention constitue la phase active du guide puisqu ' elle
sept séances! d' une heure, comprennent un volet psychoéducatif, un volet cognitif et un
volet comportemental. Suite à ses rencontres, une quatrième phase nécessitant une à
deux séances permettra la prévention de la rechute. Finalement, il est à noter que deux
volets demeureront actifs tout au long du processus thérapeutique, soit le volet socio-
d' intervention.
Volet socio-émotionnel. Bien que l' aspect socio-émotionnel n' ait été abordé au sein
des divers programmes et études qui ont été consultés, celui-ci demeure primordial dans
d' aborder les éléments émotionnels (p. ex., l' apparition de sentiments jugés envahissants
et désagréables, l' émergence d' un doute en ce qui a trait à démarche thérapeutique, etc.)
pouvant entraver son évolution sur le plan thérapeutique, et ce, tout au long du
traitement. D ' autre part, ce volet fait aussi référence à l' importance de l' établissement
d' une bonne alliance thérapeutique, basée sur la clarification des valeurs et les objectifs
cheminement thérapeutique.
1 Le nombre total de rencontres varie selon la motivation et l' implication de l'élève dans le traitement.
101
Volet stratégies d'adaptation. Ce volet fait référence aux stratégies d' adaptation
aux facteurs de maintien souvent jugés nuisibles dans la résolution d' une telle
qu ' il pourrait être avantageux d' offrir ce soutien le plus tôt possible dans le cadre du
traitement. Ceci permettrait à l' élève de bien intégrer ces stratégies en raison du temps
dont il bénéficiera pour en faire la pratique et ainsi de maintenir ses acquis à long terme.
Il est à noter que cette intervention peut aussi être poursuivie tout au long du
cheminement thérapeutique par les différents acteurs de soutien (p. ex., parents,
premier objectif d' établir un langage commun avec l' élève. Le psychologue revient sur
les informations transmises brièvement lors de la rencontre bilan afin de s' assurer que
celles-ci ont été bien comprises. Puis il aborde l' anxiété de façon plus approfondie par sa
s' appuie sur les structures d' intervention proposées par deux programmes qui ont
1 Programme ayant démontré des résultats moins probants, et ce, uniquement pour le quatrième volet
intitulé Travail sur les stratégies adaptatives, possiblement en raison de son positionnement dans
l'ensemble de l' intervention (Dumont et al., 20 Il )
102
al., 2015; Weems et al., 2009). Ainsi, lorsque l' élève est bien informé sur la
problématique, il s' avère plus facile d' identifier les facteurs prédisposants (voir
Tableau 6 en Appendice A), précipitants et de maintien qui caractérisent son propre vécu
d' anxiété et qui deviendront les principales cibles sur lesquelles le professionnel
interviendra.
efficace parmi les techniques d' approche cognitive (Ergene, 2003). Elle a également été
utilisée auprès d' adolescents qui ont participé à un groupe de gestion du stress et qui ont
démontré une amélioration de leurs stratégies reliées au travail sur les pensées (Dumont
et al., 2015).
D' autre part, le professionnel peut aVOIr recours à l' amorçage cognitif, une
technique qUI consiste à présenter préalablement un stimulus (l ' amorce) dans le but
d' influencer le traitement d' un second stimulus (la cible) (Lang & Lang, 2010). Cette
technique favoriserait l' affaiblissement du lien causal entre l' anxiété aux évaluations et
le niveau de performance, ainsi que l' émancipation des habiletés qui étaient amoindries
103
par la présence de l'anxiété (Lang & Lang, 2010). Étant donné qu'il s' agit d' une
technique brève et ciblée, elle s' avère donc un complètement d' intervention à
considérer.
la respiration lors de situations anxiogènes et, par le fait même, l' augmentation de la
performance dans certaines épreuves standardisées (Gregor, 2005). Il est à noter que
systématique, permettant à l' élève de maintenir un certain calme lors d' une situation
jugée anxiogène.
des séances de désensibilisation systématique à une situation d' évaluation par exemple
(Chaloult & Ngo, 2008). Le professionnel propose d' abord une liste qui représente
diverses étapes liées à l' anxiété aux évaluations (p . ex., l' annonce de l' évaluation,
l' étude, la veille de l' évènement, la passation, etc.). L' élève doit lire chaque étape et lui
104
attribuer une cote selon une échelle préalablement déterminée (p. ex., de 1 à 8) qui
fera graduellement en même temps que l' adolescent sera soutenu grâce à des techniques
de relaxation, d' abord en imagination puis en situation réelle, et ce, en débutant par les
éléments identifiés les moins anxiogènes pour lui (Weems et al., 2009). À elle seule,
cette intervention démontre une efficacité significative, soit une diminution considérable
de l' anxiété et une augmentation de la performance scolaire (Chaloult & Ngo, 2008).
scolaire tente de favoriser la consolidation des acquis par la révision des informations
processus dans un premier temps, puis dans un second temps il amène l' élève à réaliser
les acquis et progrès depuis le début des rencontres. Finalement, le professionnel aborde,
s' il ya lieu, les craintes de l' élève quant à l' arrêt des rencontres.
Très peu d' informations ont été rapportées lors du relevé de littérature concernant
les aspects méthodologiques des études portant sur le traitement de l' anxiété aux
présent modèle.
105
Ainsi, tel qu ' indiqué dans le document, le format d' intervention peut être offert de
Ergene (2003), laquelle fait la recension d' articles portant sur des populations de tout
âge, le format de groupe serait à favoriser. En effet, il permettrait au jeune d' être
conscientisé à la perception des autres, d' obtenir des solutions alternatives, de diminuer
l' impression de stigmate et une meilleure généralisation des acquis dans la vie
quotidienne. Cette formule peut aussi être un avantage pour le psychologue scolaire que
celui-ci a parfois peu de temps de présence dans les écoles. Il peut alors intervenir
auprès de plusieurs élèves lors d' une seule rencontre. De plus, une coanimation avec un
d' avoir une autre personne vers qui se tourner lorsque le professionnel n' est pas à-'
l' école. Dans le même ordre d' idée, il pourrait être possible de croire que cette formule
Par ailleurs, un traitement visant la réduction de l' anxiété aux évaluations devrait
comporter entre 200 et 350 minutes d' intervention afin d' atteindre un niveau d' efficacité
maximal (Ergene, 2003), ce qui représente entre quatre et sept rencontres d' environ
50 minutes chacune. Le temps de traitement pourrait varier selon les techniques utilisées
D' autre part, étant donné que l'approche combinée eXige plusieurs niveaux
temps de présence dans les écoles, mandat principalement axé sur l' évaluation plutôt que
sur l' intervention), il serait judicieux de mettre à contribution le personnel de l' équipe-
école afin d' offrir l'intervention la plus complète possible (p. ex., intervention centrée
d' adaptation efficaces par le psychoéducateur entre les rencontres principales, etc.).
Miller, 2013), une intervention serait à privilégier auprès des parents afm de les
sensibiliser au vécu de leur enfant et de les outiller dans leurs interventions auprès de
celui-ci.
Tel que mentionné précédemment, le second niveau d' intervention s' adresse aux
parents, aux enseignants tuteurs et aux intervenants impliqués auprès de l' élève. Ce
niveau d' intervention a été proposé compte tenu de la réalité actuelle des psychologues
en milieu scolaire, qui ne peuvent offrir autant de temps de présence qu ' ils le
souhaiteraient. De plus, l' implication et cohérence entre les adultes qui entourent l' élève
contribution l' expertise des personnes significatives gravitant autour de l' élève en
concerne l' attitude à adopter lors de leurs interventions. Il leur est ainsi recommandé de
se montrer à l'écoute du jeune et disponibles; l' aider à exprimer ses malaises face à la
peut aussi renseigner les différentes personnes impliquées sur les techniques qui ont été
enseignées à l' élève; elles pourront ainsi procéder à des rappels lors de moments
stratégiques (p. ex., rappeler à l' élève d' utiliser les techniques de relaxation apprises
etc.). Par ailleurs, Bluteau et Dumont (2014) rappellent l' importance que les adultes qui
interviennent auprès de l' élève puissent procéder à une gestion adéquate de leur propre
d' intervention. Toutefois, une étude démontre que certaines pratiques parentales
pourraient influencer la présence de trouble anxieux chez l' enfant. En effet, il semblerait
que l'intrusion parentale, laquelle consiste à prendre en charge les tâches dans lesquels
une nouvelle situation, celui-ci est convaincu qu ' il ne détient pas les habiletés
nécessaires pour fa ire face à celle-ci sans raide de ses parents augmentant ainsi son
niveau d ' anxiété (Wood, McLeod, Sigman, Hwang, & Chu, 2003). Une seconde étude
l'intervention parentale l expose de meilleurs résultats en ce qui a trait aux mesures post-
tests évaluant l'anxiété (p. ex., les résultats démontrent un taux significativement plus
élevé de jeunes se disant vraiment mieux ou complètement guérit, soit 78 % des jeunes
Ainsi, le psychologue scolaire peut amener les parents à offrir des choix lorsque leur
enfant semble indécis, plutôt que de prendre position pour lui. li peut aussi amener les
parents à apprendre à lâcher prise, permettant ainsi à leur enfant d'apprendre selon un
mode d'essai-erreur p lutôt que de faire les choses à sa place. Les parents doivent aussi
apprendre à identifier peu à peu et à accepter les réponses émotionnelles de leur enfant
pl utôt que d'apporter une critique ou une pression inutile pouvant être nuisible à long
Structure du programme d' intervention : 12 à 16 rencontres d' une durée de 60 à 80 minutes chacune.
Chacune des rencontres débute avec 15 à 30 minutes d' intervention cognitive-comportementale sur le
plan individuel avec l' enfant, suivi de 25 à 30 minutes d' intervention parentale et finalement,
10-15 minutes sont prévues pour effectuer le retour en famille .
109
tem1e. En teffi1inant, le professionnel peut an1ener les parents à développer les habiletés
nécessaires lui permettant de promouvoir l' émergence d'initiative personnelle chez leur
enfant, malgré que cela pu isse parfois leur fa ire viv re le sentiment d' impuissance.
l' anxiété aux évaluations (LaI Zinta, 2008). Cela pourrait s' expliquer par le fait que
l' élève apprend qu ' il a besoin du regard de l' autre pour reconnaitre la valeur de sa
favoriser l' impression positive de contrôle quant à la réduction de l' anxiété (Weems et
al., 2009). En d' autres mots, par ses rétroactions constructives, l' adulte amène l' élève à
se valoriser à travers ses petites réussites, plutôt qu ' uniquement par ses exploits. Par
exemple, ne pas reconnaitre uniquement ses résultats parfaits, mais aussi le fait qu' il a su
terminer son évaluation dans un temps donné, et ce, sans se sentir bousculé et sans avoir
Par ailleurs, certaines recommandations sont à considérer en ce qui a trait aux élèves
identifiés comme ayant des besoins particuliers, tels que les élèves souffrant d' un trouble
d' apprentissage. D' abord, pour les élèves qUI usent de stratégies jugées
telles que la gestion du temps, l' organisation et les techniques de prise de notes
efficientes (p. ex., effectuer un résumé des chapitres lus afin d'en déterminer sa
compréhension plutôt que de reprendre l' ensemble de l' information) (Dumont et al.,
2015). Cela justifie le fait d' inclure le volet stratégie d 'adaptation dès le début du
traitement afin d'augmenter le temps d'exposition, le maintien des acquis à long terme
(p. ex. , cours de rattrapage, récupération), offertes par l'enseignant ou l' orthopédagogue,
afin d' augmenter leur sentiment de compétence par rapport aux matières qui
représentent un défi pour eux. Il faut savoir que dans la pratique une telle intervention
pourrait donc être justifié d' inclure celle-ci dès le début du traitement afin d'augmenter
élèves doués. Il serait toutefois avantageux pour les élèves qui présentent des profils de
classement scolaire. En effet, il semble que les élèves doués intégrés dans une classe
111
régulière démontrent moins d' anxiété aux évaluations, un profil personnel-social plus
positif, un concept de soi scolaire plus élevé, ainsi qu ' une perception plus favorable de
leur douance (Zeidner & Schleyer, 1999). Par conséquent, si l' élève doué souffre
d' anxiété aux évaluations lorsqu' il se retrouve confronté à une classe d' élève ayant le
celui-ci.
effectue quelques rencontres afin de s' assurer du maintien des acquis de l' élève suite aux
Cette dernière étape du guide d' évaluation et d' intervention peut s' effectuer sous
forme de rencontres mensuelles jusqu'à ce que le professionnel et l' élève jugent que
l' intervention est bien acquise . Cette phase peut varier de quatre à six mois selon les
besoins de l'élève et peut permettre d' aborder les difficultés qui surviennent et qui
peuvent venir ébranler l' élève dans ses acquis thérapeutiques (p. ex., ne pas avoir su
appliquer certaines techniques lors d' une évaluation d' admission et craindre la rechute).
Le psychologue scolaire peut aussi effectuer un rappel des moyens enseignés lors des
peut, par ailleurs, amener l'élève à reconnaitre ses acquis et réussites vécues entre
chaque rencontre afin de renforcer l' élève dans son sentiment de compétence.
d' évaluation et d' intervention à l' intention des psychologues scolaires qui œuvrent
auprès d' adolescents souffrant d'anxiété aux évaluations (voir Appendice A). Ce guide
se voulait une réponse au manque souligné quant aux programmes s' adressant à une
clientèle de l' enfance et de l' adolescence soulevées dans la littérature (Ergene, 2003;
Hembre, 1998; Von Der Embse et al. 2013) et aux demandes grandissantes de la part des
professionnels en milieu scolaire. Celui-ci s' appuie sur les approches et techniques qui
centrée sur les compétences (Ergene, 2003). D' autre part, le guide innove par
adaptée au profil de l' élève. Dans le même ordre d' idée, celui-ci innove à nouveau par
l' intégration de deux volets d' intervention continue, soit le volet socioémotionnel et
celui des stratégies adaptatives, ainsi que par son aspect multidisciplinaire, et par la
enseignants, etc.) entourant l' élève. Ces contributions visent les facteurs de risque omis
illustratif, une étude révèle un taux de 22 % en ce qui a trait à l' inquiétude liée aux
al., 1987), alors qu'une autre souligne que plus de 50 % des élèves de 4 e et Se secondaire
élevé (Dumont et al., 2009). Plus récemment, Cassady (2010) évalue le taux de
prévalence de l' anxiété aux évaluations entre 25 et 40 % au sein d' une population de
tout âge. Malgré l' ampleur de ces prévalences, les études proposant des programmes
d' intervention visant la réduction de l' anxiété aux évaluations chez les enfants et les
adolescents demeurent peu nombreuses (Ergene, 2003; Hembree, 1988; Von Der Embse
et al., 2013).
Devant ces constats, le présent essai avait pour premier objectif de faire état des
aux évaluations en milieu scolaire en établissant d' abord les facteurs de risque
soulignant les impacts sur les plans cognitif, comportemental, scolaire, professionnel et
compréhension du fonctionnement de ce type d' anxiété, soit les trois phases du cycle
d' apprentissage-évaluation de Cassady (2010) et les six types d' anxiété aux évaluations
qui régissent la typologie de Zeidner (1998). Dans un second temps, l' essai avait pour
objectif de définir les techniques d' intervention qui se sont avérées efficaces auprès de
Finalement, l' essai visait l'assimilation de l' ensemble de ces informations afm de créer
un modèle intégrant des cibles d' évaluation et d' intervention issues de l' approche
Cette discussion souhaite appuyer la pertinence de cet essai sur le plan scientifique,
soit en établissant les forces et limites relevées des écrits dans le domaine de l' anxiété
aux évaluations. Par ailleurs, elle tentera de mettre de l' avant l' apport du guide sur le
plan social en soulignant sa pertinence en réponse aux besoins criants identifiés dans les
milieux scolaires privant parfois la société d' acteurs ayant le potentiel de se démarquer
et de faire la différence dans son évolution. Sur le plan clinique, elle saura mettre en
lumière l' apport du guide, lequel offre un cadre d' intervention clinique établi sur des
En ce qui concerne la littérature, notons que l' anxiété aux évaluations demeure une
problématique qui fait l' objet de nombreuses études en ce qui a trait aux connaissances
population principalement adulte, et ce, depuis déjà plusieurs décennies. De ce fait, les
écrits incluant des méta-analyses (Ergene, 2003 ; Gambles, 1994; Hembree, 1988;
Marsh, 2005) et revue systématique (Von Der Embse et al. , 2013) permettent d' établir
un portrait plus juste de la problématique, et ainsi, offrir de meilleures assises pour les
cliniciens qui travaillent auprès de cette clientèle et leur permettant d' effectuer une
D' autre part, tel que mentionné précédemment, les recherches ont su dégager deux
immédiate d'évaluation (phase de performance), mais qu ' elle pourrait aussi survenIr
la typologie de l' anxiété aux évaluations proposée par Zeidner (1998) permettant ainsi
de dégager six types d'anxiété aux évaluations. Bien que cette dernière ait été publiée il
y a de cela près de 25 ans, elle demeure largement reconnue au sein des écrits actuels
offrant un cadre précis d' intervention aux psychologues cliniciens. Par ailleurs, cet essai
se démarque par le fait qu ' il a su démontrer qu' il était possible d'établir un lien entre les
deux concepts théoriques suggérant que chaque type d' anxiété aux évaluations pourrait
avoir ses propres phases critiques. Par exemple, le type d' anxiété aux évaluations
forme de tableau référence dans le guide (voir Tableau 9 en Appendice A) aura permis
d' établir des profils d' anxiété aux évaluations plus précis. En prenant appui sur ce
tableau, le psychologue scolaire est en mesure d'offrir un traitement plus adapté afin de
répondre davantage aux besoins spécifiques de l' élève. Par exemple, pour l'élève avec
erronées), le clinicien misera davantage sur les stratégies d' adaptation et sur la
avec anxiété aux évaluations, proposé sous forme de guide à l' intention des
psychologues scolaires, répond à un manque constaté dans la formation et dans les outils
offerts aux cliniciens. En effet, la formation universitaire en santé mentale offerte aux
évaluations, puisqu ' il ne s' agit pas d' un diagnostic clinique reconnu, ce qui pourrait
milieu scolaire. De plus, la littérature fait état d' un manque flagrant de programmes
d' intervention conçus pour les clientèles de l'enfance et de l' adolescence (Ergene, 2003;
Hembree, 1988; Von Der Embse et al., 2013). Bien qu ' il s' agisse d' une première
ébauche, le guide se veut non seulement une réponse à cette lacune observée dans la
en milieu scolaire. Le guide est conçu de manière à offrir, dans un premier temps,
certaines informations relatives à l' anxiété aux évaluations puis, dans un second temps,
référence est présenté en quatre étapes débutant par le processus de référence, en passant
par les processus d' évaluation et d' intervention, puis se terminant par la conclusion de
dans les études antérieures (p. ex. , format de groupe, durée de traitement, inclusions des
intervenants significatifs) ajoutant au niveau d' efficacité de l' intervention. Par ailleurs,
bien que le guide s' adresse principalement aux psychologues, celui-ci encourage
l' implication des différents acteurs entourant l' élève (p. ex., parents, professeurs
119
concepts a été mise en évidence au sein du document dans l'objectif de rendre possible
L' essai aura permis de mettre en lumière quatre faiblesses théoriques et empiriques
dans le domaine l' anxiété aux évaluations. Ainsi, il souligne le manque de précision en
ce qui concerne les critères diagnostiques, l' omission du volet socio-émotionnel au sein
programmes d' intervention s' adressant aux élèves doués, ainsi le manque de validation
empirique en ce qui concerne le guide d' évaluation et d' intervention proposé dans cet
essaI.
officiellement en ce qui a trait à l' anxiété aux évaluations. Bien que la littérature soit en
que chercheurs et cliniciens s' entendent pour dire que cette problématique correspond
aux critères de base des troubles anxieux établis par l' American Psychological
Association (APA) , celui-ci ne peut être considéré comme l'un d' entre eux en raison
puisque ses impacts n' affecteront pas son niveau global de fonctionnement. Toutefois, le
différentiel plus ardu et donc, retarder l' accès aux services d' intervention. D' autre part,
120
Dans un autre ordre d' idée, des limites ont été soulevées en ce qui concerne la place
du volet socio-émotionnel au sein des interventions créées pour traiter l' anxiété aux
d' interventions combinées, s' appuient sur les principes d' intervention de l'approche
permettant l' augmentation significative de la performance (Von Der Embse et al., 2013),
la diminution de l' anxiété de performance (Dumont et al. , 2015) et de l' anxiété aux
évaluations (Gregor, 2005; Weems et al. , 2009). Toutefois, lors d' intervention auprès de
patients pouvant parfois présenter certaine difficulté à répondre de façon adéquate aux
s'avérer une avenue intéressante à considérer (Servant, 2012). En effet, cette nouvelle
avenue d' intervention s' inscrit dans les sillons des vagues qui l'ont précédé, tout en y
ajoutant une nouvelle perspective, soit celle de l' émergence de la pleine conscience
(mindfulness) et de l' acceptation (Cunha & Paiva, 2012). Cette approche invite l'élève à
se maintenir dans le moment présent - se permettre un moment d'arrêt afin de porter son
attention sur « l' ici et maintenant », à identifier et à accepter ses pensées, ses sensations
et les réactions physiologiques qui l' habitent, et ce, sans jugement et sans désir de
121
changement (Cunha & Paiva, 2012; Chaloult & Ngo, 2008). Par ailleurs, une étude
rapporte qu' un faible niveau d' acceptation et de pleine conscience serait attribuable à un
niveau d' anxiété aux évaluations plus élevé (Cunha & Paiva, 2012). Il serait donc
possible de croire que si l' intervention inclut à la fois des principes basés sur la
Un autre constat concerne les types de populations incluses dans les interventions
recensées. En effet, plusieurs études abordent des populations à besoins particuliers tels
que les élèves avec troubles d' apprentissage (LaI Zinta, 2008; Lang & Lang, 2010).
Toutefois, aucune étude suggérant une méthode d' intervention n' a ébnsidéré les
adolescents doués alors qu ' ils manifestent des problématiques à risques associés à ce
type d' anxiété. En effet, ceux-ci peuvent éprouver des difficultés liées à leur concept de
soi et à leur sentiment de compétence pouvant être expliqué par le concept Big-Fish-
Little-Pond-Effe ct (Goetz et al., 2008; Marsh, 2005; Mendaglio, 2010; Zeidner &
que les études et programmes liés à l' anxiété aux évaluations considèrent davantage la
population douée.
Finalement, les dernières limites concernent le guide d' évaluation et d' intervention
proposé dans cet essai. D' abord, en raison du fait qu ' il n' est pas encore validé
122
référence solide dans une pratique clinique. D ' autre part, le manque d' études effectuées
quant à l' intervention auprès d' une clientèle adolescente diminue le taux de prédiction
quant au niveau d' efficacité futur du modèle d' évaluation et d' intervention proposé et
d' évaluation et d' intervention d' approche cognitivo-comportementale à l' intention des
psychologues scolaires qui travaillent auprès d' adolescents souffrant d' anxiété aux
évaluations. Par ailleurs, il serait intéressant d' explorer les variables (p. ex., techniques
traitement selon le type d' anxiété. Cette identification permettrait de préciser les
techniques et approches à privilégier selon les profils d' élèves anxieux aux évaluations.
D' autre part, des mesures pré-test, post-test et différées (p. ex., réévaluation après
6 mois, 1 an, 2 ans et 5 ans dans la mesure du possible) pourrait mener à une meilleure
compréhension des risques de rechute et des moyens à développer pour pallier à ceux-ci.
De ce fait, il serait possible de croire que certains profils, tels que le type
perfectionnisme que l' on retrouve également chez certains élèves doués, pourraient être
123
plus à risque de faire une rechute lors de périodes critiques (p. ex., admission dans un
thérapeutiques.
D' autre part, considérant les limites du cadre de l'essai et des manquements liés à la
validation empirique du guide d' évaluation et d' intervention, certains éléments seront à
considérer pour des fins de bonification du traitement. Ainsi, l' idée d ' effectuer une étude
de trajectoire pourrait être pertinente afin de mieux saisir l' évolution de cette
problématique dans un but préventif, permettant de cibler les élèves avant que ceux -ci
ressentent de la détresse en situation d' évaluation et n' en ressentent les impacts. Dans le
même ordre d' idée, considérant les limites liées au temps de présence du psychologue
dans les milieux scolaires, limitant ainsi sa portée d' action, il pourrait être pertinent de
concevoir des guides d' intervention s' adressant aux élèves, aux parents et aux divers
intervenants, et ce, dans l' optique d' offrir une continuité des services lors des moments
d' absence du professionnel. Finalement, l' idée de développer des interventions adaptées
aux différents types d' anxiété aux évaluations (p. ex., miser davantage sur les stratégies
d' adaptation et sur la restructuration cognitive, plutôt que sur les techniques de
davantage sur des stratégies de gestion du temps ou sur les techniques de relaxation en
raison du fait qu ' il s' agit de programmes plus exigeants) pourrait être une avenue à
En résumé, le modèle d' évaluation et d' intervention proposé dans ce guide vise la
niveau de fonctionnement de l' élève dans son milieu scolaire. Il importe de souligner
que la conception du guide s' appuie sur une recension des écrits ainsi que sur plusieurs
années d'expérience auprès d' adolescents vivant ce type de problématique à l' école.
entourage, de nombreux impacts étant susceptibles d' affecter la qualité de son parcours
grandissante. Leur formation a su les éclairer en ce qui concerne les différents troubles
mentaux, mais peu sont outillés pour faire face à l' anxiété aux évaluations des
souhaitait d' abord définir les concepts et théories qUI gravitent autour de cette
familiaux, sociaux et scolaires, ainsi que les impacts sur les plans cognitif,
démarque par le fait qu ' il a su allier le modèle explicatif du cycle d' apprentissage-
faciliter l' identification des profils d' élèves anxieux, ainsi que des cibles d' intervention
dont le psychologue scolaire doit tenir compte dans son intervention. Autrement dit, un
principalement sur les stratégies d' adaptation et sur la restructuration cognitive, plutôt
visant le traitement de l' anxiété aux évaluations en identifiant plus spécifiquement les
techniques qui se sont avérées efficaces auprès de celle-ci. Le premier constat fût lié au
manque flagrant de programmes d' intervention conçus pour les enfants et adolescents
souffrant d' anxiété au moment de livrer une performance dans un contexte scolaire
(Ergene, 2003; Hembree, 1988; Von Der Embse et al. , 2013). La plus récente identifie
uniquement 8 études s' adressant à une population adolescente (Von Der Embse et al. ,
d' intervention qui lui est propre, ce qui limite les résultats probants en raison du manque
d' homogénéité dans les méthodes d' intervention. Malgré cela, la littérature soutient que
dans le traitement de l' anxiété aux évaluations (Gregor, 2005; Von Der Embse et al.,
2013 ; Weems et al. , 2009) et, particulièrement, lorsque celle-ci est combinée à une
l' élaboration d' un guide d'évaluation et d' intervention d' approche cognitivo-
d' adolescents qui souffrent d' anxiété aux évaluations. Ce document a été conçu pour
128
la première section de ce guide avait pour objectif de définir les concepts qui gravitent
autour du concept d' anxiété aux évaluations (p. ex., stress, anxiété générale, anxiété
prévalence. La deuxième section avait pour objectif de présenter un modèle d' évaluation
stratégies d' intervention. De plus, il est à noter que bien que le guide s' adresse
orthopédagogues, etc.). Pour ce faire, une vulgarisation des concepts a été mise en
évidence dans le guide afm de rendre le travail interdisciplinaire possible, ce qui ne peut
que favoriser l' efficacité du traitement. En fonction des éléments critiques soulevés
d' anxiété aux évaluations, les guider lors de leurs évaluations, ainsi que lors de leurs
d' intervention (p. ex., valider l' efficacité des interventions selon les différents types
d' anxiété aux évaluations, liste d' items d' exposition liés à la désensibilisation, guide
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Appendice A
L' anxiété aux évaluations chez l' adolescent: Guide d'évaluation et d' intervention
d'approche cognitivo-comportementale à l' intention des psychologues scolaires
MIEUX COMPRENDRE L'ANXIÉTÉ AUX
ÉVALUATIONS EN MILIEU SCOLAIRE
Cette section a pour objectif d' établir un langage conceptuel commun et de bien
saisir toute la complexité qui entoure la problématique d' anxiété aux évaluations.
Tableau 4
1 L' anxiété aux évaluations se définit par un état désagréable qui s' accompagne d'un sentiment de
tension et d' appréhension, de pensées empreintes d' inquiétudes ainsi que d'une activation
automatique du système nerveux. Elle survient précisément dans le cadre d' un examen scolaire
ou d' une situation similaire d' évaluation (évaluation d' admission, évaluation dans le but
d'obtenir un emploi, etc.) (Spielberger, 1972).
Les impacts sont nombreux sur les plans cognitif, comportemental, scolaire et professionnel, et
psychologique.
L'anxiété et la symptomatologie observées ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble
mental (trouble d' anxiété généralisée, anxiété sociale, etc.) ou toute autre cause médicale.
Bre(aperçu
La présente section a pour objectif d' offrir une VISIOn d' ensemble de la
problématique permettant ainsi d' établir les populations jugées à risque.
143
Âge d 'apparition : Hembree (1988) démontre un lien causal significatif entre l' anxiété
aux évaluations et la performance dès la 3e année du primaire. Toutefois, le niveau
d' anxiété diminuerait chez les filles entre la 1re et la 5e secondaire, alors qu ' il
demeurerait stable chez les garçons (Tramonte & Wills, 2010).
Sexe : L' anxiété aux évaluations est reconnue comme étant significativement plus élevée
chez les adolescentes (Cassady & Johnson, 2002; Cunha & Paiva, 2012; Hembree, 1988;
McDonald, 2001 ; Whitaker Sena, Lowe & Lee, 2007; Tramonte & Wills, 2010; Zeidner,
1998). Cette distinction proviendrait du fait que les filles percevraient davantage les
examens comme menaçants, ce qui aurait des incidences négatives sur leur confiance en
leurs habiletés à faire face (coping) aux situations d' évaluation (Cassady & Johnson,
2002). De plus, les filles auraient tendance à être plus sensibles à leur niveau de détresse
psychologique, ce qui serait négativement lié à leur niveau d' estime de soi et
positivement lié au degré de stress psychologique vécu (Dumont, Leclerc, & Deslandes,
2003).
Prévalence: Une étude réalisée auprès de 1648 élèves canadiens, des secteurs primaire
et secondaire, révè le un taux significatif de 22 % en ce qui concerne l' inquiétude liée
aux travaux scolaires (McGuire et al. , 1987, dans Ergene, 2003), alors qu' une étude
e
réalisée auprès d'adolescents québécois so uligne que p lus de 50 % des élèves de 4 e et 5
secondaire expérimenteraient un niveau d' anxiété de performance d'intensité modérée
ou élevée (Dumont, Leclerc, Massé, Potvin, & McKinnon, 2009).
Ce portait rappelle l' importance de clarifier les concepts afm de mieux identifier les
élèves souffrant de cette problématique, et ce, de manière à leur offrir un soutien adéquat
par la suite afin de leur permettre retrouver un niveau de fonctionnement adéquat. Un
langage commun et un portrait clair de la problématique étant établis, voici la
proposition d'un modèle d' évaluation et d' intervention s' adressant au psychologue
scolaire (voir Tableau 5). Cette section a pour objectif de le guider à travers les quatre
principales étapes de l' évaluation et de l' intervention auprès d' un élève qui souffre
d' anxiété aux évaluations : processus de référence, processus d' évaluation, ainsi que le
processus d' intervention et la conclusion de l' intervention.
144
Tableau 5
~ 0- 3
d' intervention • Autres caractéristiques à Q)
....
Q)
=.
0
0
::l
o'
::l
=
~
• Recommandations possibles
Conclusion de
Étape 4 pour les proches
l'intervention
Phase de maintien
145
Étape 1
PROCESSUS DE RÉFÉRENCE
L' analyse de la demande est un survol qui s' établit sur les facteurs de risque
personnels, familiaux et sociaux répertoriés dans la littérature portant sur l' anxiété aux
évaluations, lesquels permettent de cerner le profil sous-jacent aux difficultés de l' élève
anxieux. L' objectif de cette section est donc d' exposer.!es facteurs de risque sur lesquels
le professionnel peut avoir un impact lors de son intervention.
146
Tableau 6
Sexe • Prévalence plus élevée chez les filles (Cassady & Johnson, 2002; Cunha &
i - -_ _ _ _ _ _ _ _ Paiva,20 12; Hembree, 1988; McDonald, 2001; Sen~~,~;~r, 1998),_ _ _ __
e
• Enfance: apparition des premiers symptômes dès la 3 année du
Âge pnmarre (Hembree, 1988)
• Adolescence: période critique pour l' anxiété en raison des
multiples situations anxiogènes qui s'y prêtent (p. ex., choix de
carrière, évaluations d' admission, puberté, relations amoureuses,
etc.)
Personnalité • Présence d' anxiété-trait (Graziani, 2008; Spielberger, 1972)
Habiletés • Troubles d' apprentissages (Martinez & Huberty, 2010; Martinez & Semrud-
d' apprentissag"-e___C_lik
_' _em_an
_ , 2_004
_ ; _Sen
_,_a e_t_al_,, _20_0_7)_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __
Dans le même ordre d' idée, voici certains éléments non répertoriés dans la
littérature, mais qui ont été observés en milieu scolaire et discuté entre psychologues
scolaires, enseignants ou directions d' école lors du processus de référence, et ce,
toujours en lien avec la présence d'anxiété aux évaluations d'un adolescent:
Étape 2
PROCESSUS D'ÉVALUATION
Le processus d' évaluation a pour objectif de préciser les difficultés de l' élève en
souffrance afin de guider sa prise en charge. Comme pour la majorité des troubles
anxieux, et ce, même s' il n' en est pas un, l' anxiété aux évaluations nécessite un
traitement spécifique. Son dépistage peut toutefois s' avérer difficile, puisqu ' il n'y a
aucun critère diagnostique d' établi et que l' élève n' évoquera pas toujours ses symptômes
et particularités au premier plan. Il est donc préférable d' adopter une démarche
d' évaluation rigoureuse tout en laissant de la place à l' écoute et au soutien de l' élève.
Tableau 7
Présentation de cas
• Préciser le degré d' intensité (symptômes pouvant être considérés d' intensité
légère, modérée ou élevée) et la chronicité de l' anxiété ressentie par l' élève (p. ex.,
depuis combien de temps, fréquences, etc.). Pour Emmanuelle, l 'intensité pourrait
s 'avérer élevée considérant les nombreux symptômes identifiés; difficultés
d 'endormissement, pleurs récurrents, perd tous ses moyens en contexte
d 'évaluation, est distraite et lunatique. Sur le plan de la chronicité, la référence
indique que les difficultés ont débuté cette année et qu 'elles sont plutôt récursives
nécessitant une évaluation et une intervention clinique. Le psychologue scolaire
devra toutefois explorer s 'il n y a pas d 'autres contextes anxiogènes et si l 'élève
ne présenterait pas un profil d 'anxiété-trait.
• Définir les manifestations de l' anxiété (p. ex., pensées, inquiétudes, symptômes
physiques, émotions, etc.), lesquelles permettront de préciser le type d' anxiété aux
évaluations dont souffre l' élève ainsi que les cibles de traitement. Dans le cas
d'Emmanuelle, la référence indique peu d 'informations au sujet des pensées,
inquiétudes et émotions, ce qui devra être exploré par le professionnel puisque
l 'on peut considérer qu 'il y a des craintes liées à l 'admission dans un domaine
d 'étude contingenté et que celles-ci sont probablement à l 'origine des pleurs
observés. Par ailleurs, ces informations permettront de cibler les types d 'anxiété
aux évaluations dont souffre la jeune fille . Finalement, les difficultés
d 'endormissement, l 'impression d 'être distraite et la tendance à p erdre tous ses
moyens lors d 'une situation d 'évaluation seront aussi à évaluer puisqu 'ils
pourraient être fortement liés à des symptômes physiologiques.
150
• Déterminer si l' anx iété survient principalement en contexte d ' évaluation et cibler
les phases problématiques chez l' élève selon le modèle explicatif du cycle
d 'apprentissage-évaluation de Cassady (traduction libre de Learning-Testing
Cy cle de Cassady, 2010). Cette analyse permettra de préciser les cibles
d ' intervention et de faciliter l' adaptation des techniques d ' intervention (p. ex .,
gestion du temps, hiérarchies des situations d ' exposition liées à la désensibilisation
systématique, restructuration cognitive, etc.). Par ailleurs, rappelons que plus
d ' une phase peut être problématique chez un même élève.
Tableau 8
Typologies de l 'anxiété aux évaluations, leurs caractéristiques, les phases qui seront affectées,
ainsi que les verbalisations ou comportements pouvant être observés
Emmanuelle pourrait correspondre à trois des six types d 'anxiété aux évaluations
proposés. En effet, étant donné qu'elle présente des difficultés à structurer sa prise
de note et que cela peut avoir un impact sur son étude, elle pourrait correspondre
au type Lacunes dans les habiletés d 'études. Ses blancs de mémoire pourraient
être expliqués par le profil Blocage et échec de la récupération. Alors que sa
tendance à s 'impliquer de façon considérable dans ses études pourrait
s 'apparenter au type Perfectionnisme. De ce fait, certaines précisions seront à
effectuer de la part du clinicien afin de préciser le profil et ainsi adapter ses
interventions.
• Un autre aspect relié à l' étape 2 du processus d' évaluation consiste à évaluer les
impacts sur les plans cognitif, comportemental, scolaire et professionnel, ainsi que
psychologique (voir Tableau 10).
155
Tableau 10
Les impacts soulignés dans le cas d 'Emmanuelle sont peu détaillés, mis à part la
diminution de la performance scolaire. Le professionnel devra donc explorer
davantage cet aspect puisque les impacts sont souvent la source de motivation dans
l 'implication de l 'élève dans le processus thérapeutique.
156
Étape 3
PROCESSVS D'INTERVENTION
Tableau Il
Le psychologue scolaire doit s' assurer qu ' au terme de cette rencontre, l' élève a
compris que son sentiment de perte de contrôle est réel, qu ' il y a des raisons qui l' ont
159
mené à vivre cette problématique, qu ' il n' est pas seul à en souffrir et qu ' il Y a des
solutions. Cette intervention crée alors une ouverture à la proposition du plan de
traitement.
L'ensemble des interventions répertoriées s' appuie sur les principes d' intervention
de l' approche cognitive-comportementale traditionnelle, soit celle de 2e vague encore la
plus utilisée actuellement. Ce type d' approche démontre des résultats prometteurs en ce
qui a trait à la population adolescente, permettant l' augmentation significative de la
performance (Von Der Embse et al., 2013), ainsi que la diminution de l'anxiété de
performance (Dumont, Leclerc, Massé, & McKinnon, 2015) et de l' anxiété aux
évaluations (Gregor, 2005; Weems et al. 2009).
L' anxiété aux évaluations étant complexe, il s' avère logique que l' intervention
visant la réduction de celle-ci puisse prendre en compte tant les différences individuelles
de l'élève, ses facteurs de risque et les différents contextes environnementaux qui
l'entourent (Gregor, 2005). il n' est donc pas surprenant d' apprendre que le niveau
d' efficacité le plus distinctif revient aux thérapies dites combinées (Ergene, 2003) telles
que l' approche cognitivo-comportementale, principalement lorsque celle-ci se trouve
liée à une approche complémentaire telle que l' intervention centrée sur les compétences.
À la lumière de ces informations, voici la proposition d' une structure d' intervention
relative à la phase active de traitement. II est à noter que le nombre de séances dépendra
du niveau de sévérité de la problématique, de la motivation et de l' implication de l'élève
au sein du processus.
l
sept séances d' une heure, comprenant un volet psychoéducatif, un volet cognitif et un
volet comportemental, ainsi qu ' une quatrième phase nécessitant une à deux séances qui
permettront le maintien des acquis et la prévention de la rechute. Par ailleurs, deux
volets qui demeureront actifs tout au long du processus thérapeutique ont été ajoutés en
parallèle, soit le volet socio-émotionnel et le volet stratégies adaptatives. Voici un
aperçu des six volets:
1 Le nombre de rencontres total varie selon la motivation et l' implication de l' élève dans le traitement.
161
Étape 4
CONCLUSJON DE L'INTERVENTION
présents que depuis quelques mois seulement, l 'élève avait vécu peu d 'expériences
désagréables et avait donc peu de pensées négatives associées au contexte d'évaluation.
De ce fait, la restructuration cognitive s'est avérée efficace rapidement, ce qui a réduit
le volet cognitif à deux rencontres uniquement. Par ailleurs, un travail a dû être effectué
auprès d'Emmanuelle qui souhaitait aborder la notion de pression à la performance
auprès de ses parents. Cette rencontre, au cours de laquelle l 'élève a pu exprimer ce
qu 'elle ressentait par rapport à la pression parentale et lors de laquelle les parents ont
pu faire certaines prises de conscience en lien avec leurs attitudes, aura été bénéfique en
ce qui a trait à l 'affirmation de soi et aura favorisé par le fait même la diminution des
pleurs et des difficultés d 'endormissement. D'autre part, la jeune fille s 'est montrée
motivée et impliquée lors des rencontres, ce qui a mené à l 'acquisition des notions
théoriques associées au volet psychoéducatif, ainsi que l 'intégration des techniques
comportementales, telles que les techniques de relaxation, dans sa routine quotidienne,
favorisant ainsi son endormissement et diminuant considérablement son niveau
d 'anxiété aux évaluations. Étant donné qu 'Emmanuelle est actuellement en secondaire
quatre et que ce qu 'elle redoute le plus est son admission au collège suite à son
secondaire cinq, le psychologue scolaire et la jeune fille ont planifié quelques
rencontres mensuelles au cours de la dernière année du secondaire afin de s 'assurer
que les acquis persisteront malgré imminence de la situation anxiogène. Finalement, il
est à noter qu 'en raison de l 'âge de la patiente, un bilan final auprès des parents n 'aura
pas été nécessaire, ce qui aurait pu être pertinent si le sujet avait été plus jeune,
nécessitant un plus grand encadrement de la part de ses proches.