Procédé Papetier-1

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EPD-GP-521: PROCÉDÉS PAPETIER ET TEXTILE

Objectifs du cours et compétences visées: Acquérir les connaissances scientifiques et


techniques nécessaires pour l’élaboration du textile et du papier.

Chapitre I: PROCÉDÉ PAPETIER

Chapitre II: PROCÉDÉ TEXTILE

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Chapitre I: PROCÉDÉ PAPETIER

Introduction
Le principe de fabrication du papier a très peu évolué au cours du temps, mais les
technologies utilisées dans chaque étape ont, elles, considérablement progressé. Les
transformations successives du procédé ont pour origine le souci permanent de l’industriel de
fabriquer du papier de meilleure qualité, toujours plus vite et avec un coût de production le plus
faible possible.
Le papier est généralement fait à partir du bois.

1- Généralités sur le matériau bois


Le bois est la matière ligneuse et compacte qui compose les branches, le tronc et les racines
des arbres et des arbrisseaux. C'est un ensemble de tissus composés de fibres ligneuses, de
parenchyme et de vaisseaux.
Le bois est produit par le cambium des arbres, une fine couche située sous l’écorce. Selon la
saison, les nouvelles cellules de bois sont de taille et de couleurs différentes. C’est ainsi
qu’apparaissent les cernes annuels caractéristiques qui permettent de déterminer l’âge d’un
arbre.
Une plante ligneuse est une plante qui fabrique en grande quantité des lignines,
macromolécules organiques donnant à la plante sa solidité, et dont le bois est le principal
matériau de structure.
Les arbres sont divisés en deux grandes classes: les gymnospermes (résineux ou conifères)
et les angiospermes (feuillues). Le plan ligneux des résineux est relativement simple et uniforme
par rapport à celui des feuillus.
La discipline qui étudie le bois est la xylologie, une collection d'échantillons de bois s'appelle
une xylothèque.

1.1- Structure et caractérisation du bois


1.1.1- Structure anatomique du bois

Le bois est un ensemble de tissus de consistance plus ou moins dure formant la masse
principale du tronc des arbres. C’est un matériau organisé et hétérogène formé d’un
ensemble de fibres accumulées par les arbres lors de leur croissance progressive au cours
des années successives.

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1.1.1.1- Cellules mortes et cellules vivantes

Les cellules de bois sont caractérisées par la lignification des parois cellulaires. Elle a lieu à
la fin de la différenciation des cellules et entraîne leur mort pour la grande majorité d’entre-
elles en limitant les possibilités d’échanges intercellulaires.

Les seules cellules vivantes du bois sont les cellules de parenchyme qui doivent assurer un
rôle de stockage et de mobilisation des réserves (généralement de l’amidon) et d’élaboration
de substances.

Les rôles de conduction et de soutien mécanique sont remplis par des cellules mortes, vidées
de leur contenu et dont ne subsistent plus que les parois.

La lignine rigidifie les parois des cellules ligneuses. Grâce à la lignification des parois de
ces cellules, le bois est rigide, relativement hydrophobe et résistant à la biodégradation par
rapport aux autres tissus végétaux.

Ainsi, les couches de bois formées au cours de la vie de l’arbre sont conservées et forment
un cylindre sur lequel vient s’appliquer chaque année un nouveau cerne de diamètre
supérieur.

L’arbre se dote ainsi chaque année d’une quantité d’éléments conducteurs nouveaux qui croît
en même temps que ses besoins en sève brute.

Notion de «bois parfait» et de «bois mort»

- Les couches de bois les plus profondes ne sont plus fonctionnelles; elles forment le bois
parfait et ne contiennent plus que des cellules mortes.
- Le bois fonctionnel, correspondant aux dernières couches formées, est appelé aubier.
Chez certaines essences, dites essences à aubier différencié, le bois parfait est coloré et
nettement distinct de la couronne d’aubier périphérique : il a subi une transformation que
l’on appelle la duraminisation et il est alors appelé duramen, ce terme devant donc être
plutôt réservé aux bois parfaits ayant effectivement subi une duraminisation marquée se
traduisant par un changement de couleur et de propriétés.
- La duraminisation est provoquée et controlée par les seules cellules vivantes présentes
dans l’aubier, les cellules de parenchyme.

1.1.1.2- Structure du tronc des arbres

La zone vitale de l’arbre est donc une couche périphérique dans laquelle se trouvent :

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 Les assises génératrices
 Les tissus conducteurs (l’aubier et le liber, partie interne de l’écorce dans laquelle
circule la sève élaborée, contenant les sucres produits par photosynthèse);
 Le tissu protecteur (liège).

Figure 1 : Structure du tronc dans l’arbre

1.1.1.3- Paroi cellulaire

La plupart des cellules de bois n’étant plus que des parois délimitant des vides, la
structure fine d’une paroi cellulaire ligneuse permet de comprendre et d’expliquer de
nombreuses propriétés physiques et mécaniques du bois.
Lorsque la cellule de cambium se divise pour former une cellule de bois, les 2 cellules sont,
dans un premier temps, séparées par une couche intercellulaire contenant des composés
pectiques. Elle sera fortement chargée en lignine au moment de la lignification.
- Parois primaire et secondaire
Sur cette couche intercellulaire, s’appuie la paroi primaire de chacune des cellules. Sa
structure extensible est compatible avec l’élongation de la cellule qui a lieu au moment
de la différenciation.
La paroi secondaire, non extensible, est fabriquée et déposée sur la paroi primaire par la
cellule de bois lorsque l’élongation est terminée.
Les cellules primaire et secondaire contiennent une armature formée de microfibrilles de
cellulose, dans une matrice contenant des hémicelluloses et la lignine déposée à la fin de
la différenciation de la cellulose.

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Les microfibrilles peuvent être confondues à des cordes fabriquées à partir de fils, les
fils étant ici de longues molécules de cellulose, polymère linéaire de β-glycopyranose
(glucose cyclique).
Dans la paroi primaire, les microfibrilles de cellulose sont enchevêtrées et forment un
réseau lâche.
La paroi secondaire est composée de plusieurs couches :
- Dans la couche S1, les microfibrilles de cellulose sont disposées en hélices d’orientations
variables et alternées. L’angle des microfibrilles par rapport à l’axe de la cellule varie de
60 à 80° ;
- La couche S2 est la plus épaisse. C’est souvent elle qui impose son comportement à
l’ensemble de la paroi et contribue aux propriétés mécaniques du bois. Les microfibrilles
sont toutes parallèles et présentent un angle par rapport à l’axe de la cellule de 5 à 30° ;
cet angle est appelé AMF (angle des microfibrilles) ;
- La couche S3, souvent considérée comme une paroi tertiaire, peut être comparée à S1,
quoique plus mince.
La figure 2 précise l’organisation de la paroi cellulaire.

Figure 2 : Structure de la paroi d’une cellule de bois et mesure de l’AMF de cellulose

1.2- Structure chimique du bois


1.2.1- Composition chimique élémentaire
La composition chimique élémentaire de la matière organique BOIS varie très peu d’une
essence (variété) à l’autre. En moyenne elle se répartit, en pourcentage du poids anhydre, de la
façon suivante :
• carbone (C) : 50%
• oxygène (O) : 43%
• hydrogène (H) : 6%

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• azote : (N) : 1%
• cendre (silice, phosphates, potassium, calcium) < 1%.
Avec ces corps simples sont synthétisés, selon les essences, les trois principaux
composants de type macro-polymère qui forment les parois cellulaires du bois.

1.2.2- Composés chimiques du bois


La constitution chimique du bois est complexe et présente aussi une grande hétérogénéité.
L'isolement des constituants est rendu difficile par leur étroite association dans les parois
cellulaires.
Le bois est essentiellement composé de 3 types de polymères (cellulose, hémicelluloses
et lignines). Ces macromolécules forment un réseau complexe dans lequel sont inclues d’autres
substances de plus faible poids moléculaire à savoir les extractibles (tannins, résines, cires,
etc.) et des sels minéraux (calcium, magnésium et sodium) (Figure 3).

Figure 3: Représentation schématique des constituants chimiques du bois

Le bois des résineux est plus riche en lignines que celui des feuillus alors qu'il possède
moins de carbohydrates et de composés extractibles que les bois durs (Tableau 1).

Tableau 1: Répartition moyenne des composés chimiques dans les bois (% en poids)

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1.2.2.1- La cellulose
a- Composition
La cellulose est un macro-polymère linéaire à fort degré de polymérisation (≥10000)
prenant successivement des formes cristallines et amorphes. Le monomère de base est le
cellobiose dont le composé élémentaire est un sucre en C6: β-D-glucopyranose (C6H10O5).
Chaque unité est liée au carbone en C4 de la suivante par une jonction β-(1-4) (Figure 4). Chaque
motif glucose est tourné à 180° par rapport au voisin et des liaisons hydrogènes
intramoléculaires sont ainsi favorisées, lui conférant une linéarité et une rigidité exceptionnelle.

Figure 4: Structure moléculaire de la cellulose avec son unité répétitive, le cellobiose

Cependant, avec les liaisons qui se créent, les chaînes de cellulose sont une succession
d’unités anhydroglucoses, c’est-à-dire la molécule précédente amputée d’une molécule H2O.
Les nombreux groupements hydroxyles sont capables de former, selon leur position
dans l’unité glucose, des liaisons hydrogène intramoléculaires à l’intérieur d’une même chaîne
de cellulose ou intermoléculaires entre deux chaînes différentes constituant ainsi des micro-
domaines hautement organisés (Figure 5).

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Figure 5. Liaisons hydrogène entre deux chaînes de cellulose

Ces liaisons hydrogène sont responsables de la formation des microfibrilles dans


lesquelles certaines régions sont hautement ordonnées (régions cristallines) et d’autres moins
(régions amorphes) (figure 6).
Les nombreuses liaisons hydrogènes de la cellulose sont à l’origine de son caractère
infusible, insoluble et peu réactif.

Figure 6: Représentation schématique des zones cristallines et amorphes de la cellulose

La structure cristalline de la cellulose a été déterminée par diffraction des rayons X ainsi
que par des méthodes basées sur la polarisation du rayonnement infrarouge.

Remarques
La cellulose a toujours la même constitution, quelle que soit l’essence ou même la
source (bois, coton, etc.). Le seul élément qui varie est le nombre plus ou moins élevé d’unités
de glucose qui la composent, engendrant alors des fibres de cellulose plus ou moins longues.
La cellulose est présente dans les parois des cellules de bois. Sa disposition varie en
fonction de la couche où elle se trouve.

b- Importance de la cellulose
Le glucose présent dans la cellulose ne peut cependant être utilisé en tant que tel, ni par
les plantes ni par les animaux. Dans l’alimentation humaine, la cellulose est présente sous forme
de fibres. Seuls les ruminants peuvent profiter de la cellulose, car durant leur digestion des
microorganismes parviennent à diviser les macromolécules, qui deviennent alors assimilables
par l’organisme. Elle est insoluble dans l'eau et la plupart des solvants organiques et n'est
solubilisée que par une solution ammoniacale d'hydroxyde de cuivre(II): la liqueur de
Schweitzer.

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D’un point de vue chimique on peut, dans des conditions très particulières, parvenir à
transformer du bois en sucres fermentescibles (L'hydrolyse acide de la cellulose conduit au
glucose) comme le fait par exemple la Suède, afin de produire du bioéthanol utilisé ensuite
comme carburant.

La cellulose a toujours été largement utilisée industriellement dans la fabrication du


papier et des tissus en coton.

Outre le papier, la cellulose peut entrer dans la composition d’adhésifs ou même de


vernis à ongle. La branche du textile est même concernée, puisque la cellulose sert à former de
la fibre de viscose.

1.2.2.2- Les hémicelluloses


a- Composition
Les hémicelluloses sont aussi des polysaccharides, mais dont les chaînes ramifiées sont
composées de différents sucres, non seulement de glucose. Ces chaînes sont également plus
courtes et moins solides que la longue chaîne de la cellulose.
La chaîne des hémicelluloses est construite sur la base d’unités osidiques différentes
réparties de façon plus ou moins aléatoire. La structure des différentes unités osidiques
présentes dans les hémicelluloses est rapportée sur la figure 7.

Figure 7: Oses simples composant les hémicelluloses

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L’hydrolyse des hémicelluloses conduit aux monomères constitutifs tels que le xylose,
le glucose et l'arabinose.
Un des moyens existants de séparer les hémicelluloses de la cellulose est de les
solubiliser dans de la potasse (KOH).
Une fois isolées, on peut identifier différentes molécules qui les composent. Cependant,
d’une essence à l’autre, ces structures ne seront pas nécessairement les mêmes. Ainsi, on peut
distinguer les familles des Xylanes (dont l’unité élémentaire est un sucre de type xylose), des
Galactanes (avec du galactose) ou encore des Mannanes (avec du mannose). Il existe
également une structure très complexe, dont le nom usuel est Gomme arabique, extrait des
essences du genre Acacia spp.

Figure 8: Structure partielle des glucuronoxylanes des feuillus

Figure 9: Structure partielle des arabinoglucuronoxylanes des Résineux

Figure 10: Structure partielle des glucomannanes des feuillus

Figure 11. Structure partielle des galactoglucomannanes des Résineux

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Dans tous les cas, ces molécules sont ramifiées, ce qui rend leurs associations difficiles.
Elles ont cependant un caractère hydrophile assez marqué, et forment aisément des gels. Les
propriétés et le nombre de molécules formées permettent ainsi d’envisager de nombreux
emplois.

b- Importance des hémicelluloses


Certaines hémicelluloses peuvent conduire à la synthèse de nylon.
Les molécules d’hémicellulose peuvent entrer dans la composition du papier, tout
comme la cellulose, mais en tant qu’additifs et non pas composants majoritaires.
Enfin, on peut noter des usages autres, comme les adhésifs. C’est le cas de la gomme
arabique qui sert entre autres au collage «papetier» (étiquettes ...) et en peinture.

1.2.2.3- La lignine
a- Composition
La lignine est, après la cellulose, la matière renouvelable la plus abondante à la surface
de la terre. La lignine, ou plus exactement les lignines, sont des polymères complexes ayant des
fragments aliphatiques et aromatiques. Leurs compositions sont différentes suivant les espèces
végétales. Toutefois, toutes les lignines sont constituées d'unités phénylpropanes dérivées de
trois alcools: sinapylique, conyférylique et coumarylique.
La structure de la lignine est très stable, ce qui est en partie dû à ses cycles benzéniques,
et sert à la résistance mécanique du matériau. Il existe trois monomères, qui sont des alcools:
alcool p-coumarylique (1), alcool coniférylique (2) et l’alcool sinapylique (3). Leur structure
est montrée par le schéma suivant:

La Figure 12 donne un modèle de la structure de lignine d’épicéa.

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Figure12: Représentation structurale d’une lignine d’épicéa

b- Biosynthèse de la lignine
La biosynthèse des lignines se fait à partir de la phénylalanine dont dérivent des
précurseurs appelés monolignols (alcools p-coumarylique, coniférylique et sinapylique qui
sont des alcools p-hydroxycinnamiques différant par leur degré de méthoxylation) par trois
groupes de réactions:

Phénylalanine

- La désamination de la chaîne latérale avec formation d'une double liaison, puis


l'hydroxylation du cycle benzénique en position para de la chaîne latérale et enfin la
thioestérification du groupe carboxyle par le coenzyme A avec formation du p-
coumaroyl-CoA.

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- Réduction de la fonction thioester en aldéhyde (grâce à l'enzyme cinnamoyl-CoA
réductase: CCR) puis en alcool (par l'enzyme cinnamylalcool déshydrogénase: CAD):

Alcool p-coumarylique
- Introduction d'un ou deux groupements méthoxyles:

La lignine se forme ensuite par polymérisation de ces monolignols.

c- Importance de la lignine
Actuellement, les hémicelluloses sont principalement utilisées dans l’industrie papetière
afin de conférer une robustesse au papier. En effet, La lignine agit comme un ciment entre les
fibres du bois et comme élément rigidifiant à l'intérieur de ces fibres.

1.2.2.4- Les substances de faible poids moléculaire

a- Les matières organiques ou extractibles


Les extractibles sont des molécules qui peuvent être extraites du bois par des solvants
polaires (acétone, eau, éthanol) ou apolaires (toluène, cyclohexane, dichlorométhane). La
teneur et la composition de ces extractibles varient fortement d’une essence à l’autre. Il existe
trois types d’extractibles:

- Les terpénoides: Camphène, bétuline, α -pinène…

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- Les composés phénoliques: tannins condensés et hydrolysables, flavonoides,
tropolones, stilbènes, quinones…

- Les composés aliphatiques: les cires et les graisses.

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Bien qu’ils ne représentent qu’un faible pourcentage, l’odeur, la couleur et la résistance
aux agents de dégradation biologique, dépendent en grande partie de ces extraits.
Les extractibles peuvent être valorisés dans des secteurs très divers comme la
pharmaceutique, la cosmétique, l’alimentation, la construction (colles, vernis, peintures…).

b- Les substances minérales


Des substances minérales sont également présentes dans le bois en très faibles quantités,
inférieure à 1%. Ces minéraux sont principalement le potassium, le calcium, le magnésium, le
phosphore mais aussi le fer et le manganèse.

1.3- Caractérisation des constituants chimiques du bois


A une échelle moléculaire, il est nécessaire d’utiliser des techniques avancées pour
déterminer de quoi la matière est faite. Ainsi, c’est sur les propriétés des molécules et des
fonctions chimiques que se basent les méthodes d’identification actuelles. On peut par exemple
parler de deux types de techniques majeures: la spectroscopie et la résonance magnétique
nucléaire (RMN).

1.3.1- Les spectroscopies, focalisées sur une spécialité


Les méthodes spectroscopiques sont diverses:
- Spectroscopie aux rayons ultraviolets (UV) ou visibles: elle renseigne sur la présence
de doubles liaisons;
- Spectroscopie aux rayons infrarouges (IR): elle renseigne sur les fonctions chimiques,
et les liaisons hydrogène;
- Spectroscopie aux rayons X: elle renseigne sur les cristaux;
- Spectrométrie de masse: Elle permet de détecter et d'identifier des molécules par mesure
de leur masse.

1.3.2- La résonance magnétique nucléaire (RMN): technique complexe et complète


Cette technique se base sur la capacité des atomes d’hydrogène (RMN 1H) et de l’isotope 13
du carbone (RMN 13
C) à s’orienter selon un champ magnétique donné. Ainsi, on obtient des
informations sur le nombre de fonctions chimiques composant la molécule, ou encore le nombre
d’atomes d’hydrogène dans chaque fonction. On peut donc tracer un spectre qui permet
d’identifier la structure moléculaire d’un constituant.

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1.4- Analyse chromatographique des extraits du bois
Les constituants du bois peuvent être séparés par chromatographie. Son principe est basé sur
les différences d'affinité des composés du mélange avec la phase stationnaire et la phase mobile.
La séparation et l’identification des composés chimiques du bois se fait par chromatographie
en phase gazeuse couplée à un spectromètre de masse (GC-MS). Ce système permet une
séparation des différents extractibles via leur affinité pour la phase stationnaire, puis une
détermination des composés grâce aux masses des ions générés via le spectre de masse.

2- L’industrie papetière
2.1- Historique
C'est en Chine que le papier voit le jour, au deuxième siècle de l'ère chrétienne. On attribue
(mais rien n'est prouvé) à Cai Lun (Ts'ai-louen) l'idée de mêler diverses fibres végétales dont le
bambou, que l'on traite par de la chaux; cet ensemble est ensuite lavé, écrasé; on obtient une
pâte qui après séchage donne une feuille de papier. Mille ans après, les arabes transmettent à
l'occident l'art d'élaborer le papier qu'ils ont appris en Chine.
La mise au point de la typographie (procédé d'imprimerie imaginé par les chinois au XIème
siécle) vers 1440 par Johannes Gensfleisch dit Gutenberg produit une augmentation de la
demande en papier. C'est en fait au XIXème siècle que l'industrie du papier prend son essor,
jusqu'à aujourd'hui où l'on mesure son importance.

2.2- Procédés de fabrication


2.2.1- Approvisionnement en fibres
De plus en plus, le papier et le carton sont fabriqués à partir des sous-produits des scieries
(copeaux, sciures, etc.) et de fibres recyclées (cartons ondulés, journaux, magazines et papiers
récupérés). Le bois rond provenant de la récolte en forêt ne constitue plus qu’une source
secondaire d’approvisionnement.
Dans les exploitations où le bois rond est encore utilisé, les billes acheminées à la fabrique
sont écorcées à l’aide d’énormes tambours à l’intérieur desquels elles culbutent les unes contre
les autres. Cette opération s’effectue à sec ou avec de l’eau (écorçage humide). Les écorces sont
récupérées et utilisées principalement à des fins énergétiques. L’eau nécessaire à l’écorçage
humide provient généralement d’autres secteurs de la fabrique, et les eaux usées générées lors
de cette opération sont réutilisées ou dirigées vers les systèmes de traitement des eaux de
procédé.

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2.2.2- Méthodes industrielles: obtention de la pâte à papier
Le bois est composé de fibres de cellulose retenues ensemble par la lignine. Pour transformer
le bois en pâte, il faut séparer les fibres et, selon le procédé utilisé, retirer ou non la lignine.
Trois techniques différentes sont employées en fonction de la matière première utilisée et du
type de pâte à produire.

2.2.2.1- Procédé mécanique


La pâte mécanique est obtenue en déchiquetant des billes de bois écorcées sur des meules
abrasives ou des copeaux de bois entre deux plaques rainurées en acier (tournantes ou dont
l’une est stationnaire). Ces types de pâtes sont appelés respectivement « pâte mécanique sur
meule » (PMM) et « pâte mécanique de raffineur » (PMR).
Comme ce procédé endommage les fibres et qu’il ne permet pas d’extraire la lignine de la
pâte, la pâte mécanique est généralement utilisée dans la fabrication de produits qui nécessitent
moins de résistance, tels que le papier journal, le papier pour cahiers publicitaires et certains
papiers hygiéniques. Pour pallier cet inconvénient, les copeaux sont traités à la vapeur, avant et
pendant le raffinage, puis raffinés sous pression; on obtient alors de la pâte thermomécanique
(PTM). Ce procédé a pour effet d’améliorer la qualité de la pâte et permet de réduire la quantité
de pâte chimique ajoutée dans la production du papier journal.
Pour améliorer davantage la qualité de la pâte produite, en plus de la vapeur, on ajoute des
produits chimiques aux copeaux; on obtient alors une pâte chimico-thermomécanique (PCTM).
Cette variante du procédé mécanique permet de réduire la quantité de pâte chimique ajoutée
dans la production de papier de qualité.
À l’origine, ce type de pâte était beaucoup moins polluant que la pâte chimique, puisqu’on
utilisait peu ou pas de produits chimiques. Toutefois, l’augmentation des quantités de produits
chimiques ajoutés pour améliorer certaines caractéristiques de la pâte a entraîné des rejets de
matières dissoutes plus importants, qui nécessitent un traitement des eaux de procédé de plus
en plus complexe.

2.2.2.2- Procédé chimique


La pâte chimique est obtenue en cuisant à haute pression, dans un immense autoclave, un
mélange de copeaux et de réactifs chimiques appelé « liqueur de cuisson ». L’action de la
chaleur et des produits chimiques permet de dissoudre la lignine et de libérer les longues fibres
du bois sans les briser. Les principaux procédés utilisés dans la préparation des pâtes chimiques
sont le procédé au sulfate (kraft) et les procédés au sulfite et au bisulfite.

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- Le procédé Kraft est le plus utilisé car il détient de meilleures propriétés de résistance. Il
consiste à traiter le bois vers 170 – 175 °C par de la soude et du sulfure de sodium (les ions S2-
et HS- très nucléophiles réagissent avec la lignine et coupent les liaisons éther). Ce procédé
dissout 40 à 50 % des matières sèches du bois. Les matières organiques se retrouvent sous forme
de liqueurs de cuisson (liqueurs noires) puis d’eaux de lavage de la pâte.
- le procédé au bisulfite est basé sur une cuisson acide du bois (solubilisation de la lignine
par des bisulfites de Ca, Mg, ou NH4+).
Les matières dissoutes dans la liqueur de cuisson sont concentrées et brûlées dans une
chaudière à des fins énergétiques. Dans le procédé kraft et, quelquefois, dans les procédés au
sulfite et au bisulfite, les produits chimiques sont récupérés à la sortie de la chaudière et
réutilisés pour fabriquer la liqueur de cuisson. La vapeur produite lors de la vidange des
autoclaves est recueillie, puis condensée. Le condensat est alors débarrassé d’une partie
importante de ses contaminants avant d’être acheminé au système de traitement des eaux de
procédé.
Les pâtes chimiques sont utilisées pour la fabrication de produits qui demandent une grande
résistance, tels que les papiers d’impression et d’écriture, les papiers fins ainsi que les papiers
et les cartons d’emballage. Elles servent aussi à augmenter la résistance de certains produits,
comme les papiers spécialisés.
Ces procédés chimiques entraînent des rejets importants de matières organiques dissoutes,
qui nécessitent un traitement biologique. Ces matières entraînent, au moment de leur
décomposition, une consommation de l’oxygène contenu dans l’eau.

2.2.2.3- Recyclage
On enlève d’abord les contaminants tels que les trombones, le métal, les boudins de plastique
et les bandes élastiques. Puis, on tamise et on épure la pâte afin d’en éliminer les particules
indésirables. Lorsque la qualité du produit l’exige, la pâte peut aussi être désencrée. Les
particules d’encre sont alors délogées des fibres de papier à l’aide de produits chimiques.
L’encre est par la suite retirée de la pâte par lavage ou par flottation.
Les fibres récupérées entrent principalement dans la fabrication des cartons ondulés ou plats,
du papier hygiénique, du papier essuie-tout, des mouchoirs de papier, de napperons et de
certains papiers d’impression (notamment le papier journal). Ces procédés, qui requièrent
surtout l'utilisation de surfactants, se comparent généralement au moins polluant des procédés
de mise en pâte mécanique.

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Les déchets triés et éliminés par les stations de désencrage partent dans des filières
adaptées. Les métaux (trombones, agraphes) vont rejoindre la filière métaux.
Les boues éliminées composées de craies et d’argiles vont rejoindre les filières bâtiment
(cimenterie, carrelage, brique…).
Les plastiques, s’ils sont homogènes, sont réutilisés. Enfin pour les refus mélangés, ils seront
utilisés par la filière de l’incinération avec récupération d’énergie.

2.2.2.4- Etapes de préparation de la pâte à papier


La pâte à papier, qu’elle soit issue de procédés mécaniques ou chimiques ou qu’elle
provienne de fibres de récupération, nécessite une phase de préparation, avant d’être envoyée à
la machine à papier proprement dite. Les étapes principales de cette préparation sont les
suivantes :
 désintégration et mise en suspension ;
 raffinage ;
 introduction d’additifs divers ;
 épuration ;
 dilution à la concentration souhaitée.

La désintégration (ou pulpage) est une phase qui a pour objectif de séparer les fibres les
unes des autres, de manière à obtenir une suspension fibreuse homogène.
Le rafinage a pour objectif de modifier par une action mécanique, l’état physique des fibres
afin d’obtenir les qualités requises pour la mise en œuvre et l’utilisation du papier fabriqué. Le
raffinage a trois actions principales sur les fibres, avec des conséquences diverses sur le procédé
de fabrication et sur les propriétés du papier : le gonflement, la fibrillation et la coupe.
L’introduction d’additifs divers : ils ont pour rôle soit d’améliorer certaines propriétés
physiques et optiques du papier (charges, colorants et produits de collage), soit d’optimiser les
étapes de la fabrication (produits de rétention, additifs divers). On distingue : les charges dans
la masse, les produits de collage, les agents de rétention, les additifs divers, les colorants et
agents de fluorescence.
L’épuration : L’objectif est de débarrasser la pâte qui va être envoyée sur machine, de ses
impuretés résiduelles : bûchettes, incuits, pastilles, plastiques, encres, sables, etc. Deux types
d’épurateurs sont utilisés : les épurateurs tourbillonnaires (hydrocyclones ou « cleaners ») et
les classeurs sous pression (« screens »).

2.2.3- Blanchiment

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Le blanchiment de la pâte constitue une étape nécessaire dans la fabrication de certains types
de papier et de carton.
Le blanchiment des pâtes chimiques consiste essentiellement à poursuivre la mise en pâte
par l’extraction de la lignine, cette colle naturelle qui relie les fibres de bois. Le produit obtenu
est non seulement plus blanc, mais aussi plus résistant et plus absorbant. Les principaux agents
de blanchiment utilisés sont l’oxygène, l’hypochlorite de sodium, le dioxyde de chlore et le
peroxyde d’hydrogène. Soulignons que le chlore élémentaire est de moins en moins utilisé
comme agent de blanchiment en raison de son effet sur l’environnement. Pour réduire les rejets
de composés organiques chlorés, le chlore élémentaire a été remplacé par d’autres agents de
blanchiment, notamment le dioxyde de chlore et le peroxyde d’hydrogène. De plus, certaines
nouvelles séquences de blanchiment n’utilisent plus du tout de produits chlorés comme agents
de blanchiment.
Le blanchiment des pâtes mécaniques consiste à éclaircir la pâte en agissant principalement
sur les groupements chromophores de la lignine sans la solubiliser. Les principaux agents
chimiques utilisés sont l’hydrosulfite de sodium et le peroxyde d’hydrogène.

2.2.4- Mise en feuille, séchage et finition


Les pâtes obtenues sont mises en suspension dans l'eau et soumises à une rotation destinée
à la séparation des fibres. Puis on ajoute des composés minéraux (CaCO3, talc, TiO2...) et des
adjuvants (colles, antimousse....) pour améliorer les caractéristiques du papier.
On répand cette pâte sur la longueur d'une toile sans fin (dite table de formation) et on forme
une feuille de papier qui contient près de 80% d'eau. On réduit ce pourcentage en faisant passer
la feuille entre deux cylindres tournants garnis de feutre absorbant; on arrive ainsi à 65% d'eau.
On plaque ensuite cette feuille sur le feutre d'un tambour en fonte chauffé intérieurement pour
finir de la sécher.
Pour améliorer ses qualités de surface, on l'enduit d'une solution d'amidon et on y dépose
d'autres composés minéraux, carbonate de calcium, talc... C'est le "couchage".
Une dernière opération consiste à l'écraser entre des rouleaux d'acier poli pour égaliser sa
surface par compression. Ces rouleaux chauffés sont appelés « calandres ».

2.2.5- Les additifs et adjuvants dans l'industrie papetière


2.2.5.1- Aspects qualitatifs
On distingue essentiellement deux types d’adjuvants utilisés dans l’industrie papetière:
a- Les produits utilisés pour améliorer la qualité du produit final

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- Pour la fabrication de certains papiers (certains papiers destinés à l'impression ou à
l'écriture par exemple), on ajoute à la pâte des substances minérales inertes, appelées charges,
et qui contribuent à améliorer certaines caractéristiques telles que l'opacité, l'état de surface ou
l'imprimabilité du papier. De même, à la fin du cycle de production, on peut appliquer sur la
surface du papier, une couche de finition composée de matières minérales. Il s’agit du
couchage. Pouvant représenter de 5 à 35% du poids des fibres de bois, les charges les plus
couramment utilisées sont le carbonate de calcium, le kaolin, le talc ou encore le dioxyde de
titane.
- Les fibres de bois sont très hydrophiles de par leur structure et leur composition
chimique (cellulose). Cette propriété présente certains désavantages notamment pour les
papiers "écriture" ou pour les papiers "offset": papier qui “bave” ou qui absorbe trop vite l'eau.
Pour limiter ces inconvénients, on ajoute des substances hydrophobes telles que des résines,
de l’amidon ou des dérivés d'acides gras.
- D’autres substances sont également utilisées en moindre quantité, notamment des
azurants optiques.

b- Les produits utilisés pour améliorer les performances des procédés de


production

- Les agents de rétention permettent de mieux retenir et de mieux fixer les différentes
matières qui sont ajoutées aux fibres de bois; ces agents contribuent par conséquent à limiter la
charge polluante des effluents. Les principaux agents de rétention sont le sulfate d'aluminium,
les amidons ou certains produits organiques de synthèse (polyamines, polyamides amines).
- Afin d’extraire et de séparer les encres des fibres, les procédés de désencrage mettent
en œuvre des produits chimiques spécifiques au désencrage tels que l’hydrosulfite, le silicate
de sodium, des acides gras, …
- D’autres produits sont utilisés en moindre quantité au niveau des procédés tels que
les agents tensioactifs, anti-mousse, biocides, …

Remarque: La grande majorité des matériaux non-fibreux utilisés en papeterie sont des
matières minérales ou végétales. Si, contrairement aux fibres de bois, ces matières ne sont pas
toutes renouvelables, elles sont cependant en grande partie d'origine naturelle.

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2.2.5.2- Aspects quantitatifs
L’approvisionnement en matières premières du secteur papetier européen était constitué
en 2010 de :
- 40% de fibres vierges
- 44% de fibres recyclées
- 16% de matériaux non-fibreux dont:
 kaolin, talc, dioxyde de titane (3,3%)
 carbonate de calcium (8%)
 amidon (1,7%)
 autres produits synthétiques (1,6%).
Le secteur papetier belge utilisait en 2010 un peu plus de 490.000 tonnes d’additifs et
adjuvants, soit près de 25% en poids de la production nationale de papier et carton. Comme
illustré au graphe ci-dessous, il s’agissait essentiellement de carbonate de calcium (78%), de
kaolin (16%) et d’amidon (6%). Près de 90% de ces substances étaient utilisées pour du
couchage et un peu plus de 10 % comme charge.

2.3- Machine à papier


Une machine à papier est la technique principale de l'industrie papetière puisque c'est elle
qui produit le papier, le plus souvent sous forme de bobines particulièrement volumineuses, à
partir de la pâte à papier.
La machine à papier est composée de trois parties principales :
 la partie humide, constituée de la caisse de tête et de la table de fabrication. C’est dans
cette partie que la feuille est formée puis égouttée, d’abord par gravité puis par
dépression ;
 la section des presses, où la feuille va être essorée le plus possible, par voie mécanique ;
 la sécherie où l’eau restante est éliminée par voie thermique (évaporation).
À la sortie de la sécherie, la feuille, à une humidité comprise entre 4 et 9 % (en masse), est
stockée en bobines grâce à une enrouleuse. Avant cette ultime étape, qui constitue la fin de la
machine à papier, la feuille peut subir un certain nombre de traitements supplémentaires en
ligne : enduction, couchage, lissage, calandrage, etc. Toutes ces opérations qui apportent en
général une valeur ajoutée au papier, peuvent bien sûr s’effectuer hors machine, sur des
installations spéciales : coucheuses, calandres, supercalandres. La figure ci-après présente le
cycle de fabrication du papier.

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Figure 13: Cycle de fabrication du papier

2.4- Les différents traitements de la feuille


Une fois la feuille formée, elle va subir différents traitements sur machine ou hors machine
pour améliorer ses caractéristiques ou son aspect.

2.4.1- Traitements physico-chimiques


Les différents traitements sont destinés à améliorer l'état de surface d'un papier afin d'obtenir
une bonne imprimabilité et un bon rendu des couleurs. Il s'agit de déposer en surface et
éventuellement à l'intérieur du papier ou du carton un enduit destiné :
- à boucher la surface du papier qui est en sortie de machine très rugueuse et macroporeuse
- à améliorer sa blancheur et son aspect (mat ou brillant).
Le papier surfacé, le papier pigmenté et le papier couché subissent des traitements
chimiques.

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Papier surfacé en film ou size- Papier pigmenté, 4 à 8 g/m2 Papier couché classique,
press 2 à 3 g/m2 d'amidon d'amidon, liants et pigments 20g/m2et par face

2.4.2- Traitements physiques/mécaniques


Les traitements mécaniques sont destinés à modifier les caractéristiques physiques de surface
(lissé, brillant), l'épaisseur ou l'aspect (crêpage) de la feuille.
Le papier frictionné, le papier apprêté, le papier satiné, le papier crêpé ont subi des
traitements mécaniques.

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2.5- La production et la transformation des feuilles: pâte commerciale, papier, carton
Les produits finis qui sortent des usines de pâtes et de papiers dépendent du processus
de fabrication de la pâte et peuvent comprendre de la pâte commerciale ainsi que différents
types de papier ou de carton. Ainsi, la pâte mécanique, relativement fragile, est transformée en
produits à usage unique comme le papier journal et le papier de soie. La pâte kraft est
transformée en produits à usages multiples: papier fin pour l’écriture, livres, sacs d’épicerie,
etc. La pâte au bisulfite, essentiellement à base de cellulose, peut servir à fabriquer différentes
choses: papiers spéciaux, rayonne, pellicule photographique, TNT, plastiques, adhésifs et même
mélanges pour gâteaux et crèmes glacées. Les pâtes chimico-mécaniques possèdent une rigidité
idéale pour la fabrication de carton ondulé. Les fibres des pâtes fabriquées à partir de papier
recyclé sont habituellement plus courtes, moins souples et moins perméables à l’eau, ce qui les
rend impropres à la production de papiers de grande qualité. Elles servent donc principalement
à produire des articles en papier mince comme le papier de soie, le papier hygiénique, l’essuie-
tout et les serviettes en papier.
Pour obtenir de la pâte commerciale, on tamise en principe la pâte aqueuse encore une
fois et on en augmente la consistance (de 4 à 10%) avant de la faire passer à la machine à papier.
La pâte est ensuite étendue sur une toile mobile de mailles métalliques ou en plastique à
l’extrémité «humide» de la machine, où l’opérateur surveille la vitesse de la toile et la teneur
en eau de la pâte. L’eau et le filtrat s’écoulent au travers de la toile, ne laissant plus qu’un réseau
de fibres. La pâte passe entre différents rouleaux presseurs qui expriment l’eau et l’air jusqu’à
ce que la densité de fibres atteigne entre 40 et 45%. Puis la feuille subit plusieurs étapes de
séchage à chaud, pour obtenir une consistance de 90 à 95%. Enfin, elle est découpée et mise en
balles. Une fois comprimées, ces balles sont enveloppées en vue de leur entreposage et de leur
transport.

Bien que comparable en principe à la fabrication de feuilles de pâte, la fabrication de


papier est beaucoup plus complexe. Pour maximiser la qualité du papier, certaines usines
mélangent plusieurs pâtes (pâtes de bois dur, de bois tendre, kraft, pâtes au bisulfite, mécaniques
ou recyclées). Selon le type de pâte employé, un nombre variable d’étapes est nécessaire pour
produire une feuille de papier. En général, on réhydrate les pâtes commerciales séchées, alors
que l’on dilue les pâtes entreposées qui présentent une densité élevée. Il arrive que l’on batte
les fibres pour en augmenter le liant et améliorer ainsi la solidité des feuilles de papier. A
l’extrémité «humide», la pâte est mélangée à des additifs (voir tableau 2) et passe, pour finir, à

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travers une série de cribles et de dispositifs de nettoyage. Elle est alors prête pour le traitement
à la machine à papier.

Tableau 2 : Additifs utilisés dans la fabrication du papier


Additif Lieu d’application Utilité ou exemples d’agents spécifiques
Additifs les plus courants
Talc Extrémité humide Elimination du goudron (pour prévenir le dépôt et
l’accumulation de goudron)
Enduit (pour rendre le papier plus brillant, plus doux, plus
opaque)
Dioxyde de Extrémité humide Pigment (pour éclaircir la feuille, améliorer l’impression)
titane Enduit (pour rendre le papier plus brillant, plus doux, plus
opaque)
Alun Extrémité humide Pour précipiter l’adhérence de la colophane sur les fibres
(Al2(SO4)3) Aide à la fixation (pour que les additifs adhèrent aux fibres,
pour améliorer la fixation des fibres de pâte)
Colophane Extrémité humide Collage interne (pour empêcher la pénétration de liquide)
Argile (kaolin) Extrémité Enduit (pour rendre le papier plus brillant, plus doux, plus
humide/sèche opaque)
Pigment ou couche de surface (pour donner de la couleur)
Amidon Extrémité Collage en surface (pour empêcher la pénétration de liquide)
humide/sèche Additif à sec (pour accroître la résistance, limiter le peluchage)
Aide à la fixation (pour que les additifs adhèrent au papier,
pour améliorer la fixation des fibres de pâte)
Peintures et Extrémité Acides, colorants basiques ou directs, laques colorées,
pigments humide/sèche carbonate de calcium (CaCo3), éventuellement produits pour
solvants
Latex Extrémité sèche Adhésif (pour renforcer la feuille, fixer les additifs au papier,
remplir les pores)
Imperméabilisation (pour empêcher la pénétration de liquide)
Autres additifs
Myxo- Extrémité humide Thiones, thiazoles, thiocyanates, thiocarbamates, thiols,
bactéricides isothiazolinones, formaldéhyde, glutaraldéhyde, glycols,
naphthol, substances organochlorées et bromées, composés
organo-mercuriels
Agents Extrémité humide Huile de pin, mazout, huiles recyclées, silicones, alcools
démoussants
Agents de Extrémité humide Imidazoles, diéthylèneglycol-carbonate de butyle, acétone,
traitement térébenthine, acide phosphorique
de la toile
Additifs de Extrémité humide Résines de formaldéhyde, épichlorohydrine, glyoxal, gommes,
consolidation polyamines, agents phénolés, polyacrylamides, polyamides,
humides ou à dérivés de la cellulose
sec

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Enduits, Extrémité sèche Hydroxyde d’aluminium, acétate polyvinylique, acryliques,
adhésifs et huile de lin, gommes, colles protéiques, émulsions de cire,
plastifiants azite, glyoxal, stéarates, solvants, polyéthylène, dérivés de la
cellulose, tain, dérivés du caoutchouc, polyamines, polyesters,
polymères du butadiène-styrène
Autres Extrémité Inhibiteurs de corrosion, dispersants, pare-flammes, agents
humide/sèche antiternissure, produits liquéfiants, défloculants, agents
régulateurs du pH, conservateurs

3- Usages du papier

3.1- Usages graphiques

- Support d'écriture: Le papier est d'abord le support de l'écriture, ce pourquoi il fut


probablement pour la première fois utilisé, il y a environ 2000 ans. On retrouve de nos jours le
papier en imprimerie, en bureautique, dans les arts graphiques, dans l'affichage ou comme
support d'images publicitaires de différentes formes.
Les journaux publiés à grande échelle sont composés de papier journal, léger et moins
cher que les papiers classiques. À l’inverse, le papier couché, qui peut être utilisé en
photographie, présente une qualité et un poids nettement supérieurs.
Le papier carbone, un papier léger couché sur une face d'encre grasse, permet l'écriture
sur deux feuilles ou plus à la fois.
Le papier thermique est couché sur une face avec un enduit qui noircit au chauffage.
Le papier-monnaie incorpore des procédés pour rendre difficile la falsification:
filigrane, inclusions, etc.
- Arts: On fabrique pour les beaux-arts des qualités spécialement adaptées aux techniques
picturales: crayon, plume aquarelle, lavis, peinture à l'huile.
Le papier calque sert surtout en dessin technique. Il était reproduit par contact en
diazographie ou autre procédé similaire.
Certains objets décoratifs sont entièrement ou principalement en papier, comme les
lampions, les éventails, les ombrelles, décorés le plus souvent.
- Architecture d'intérieur: Le papier peint couvre et décore les murs intérieurs. En
architecture japonaise et coréenne par exemple, il sert à fabriquer les panneaux des habitations
traditionnelles.

3.2- Emballage

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C’est l’un des usages les plus anciens du papier. On utilise la plupart du temps des
papiers peu coûteux; mais pour les produits de luxe, toutes les qualités de papier peuvent servir.
Le carton lisse et le carton ondulé sont en général spécialement destinés à cet usage,
tout comme le papier kraft, les papiers de soie et mousseline, le papier cadeau décoré. Les
cartons et papiers forts servent aussi pour des produits industriels comme le papier de verre ou
émeri, pour lesquels ils peuvent difficilement être remplacés, à cause de leurs propriétés
mécaniques et de leur résistance à la chaleur.

3.3- Nettoyage et hygiène


Le papier non encollé, mais résistant bien à l'humidité, sert pour le buvard et pour le
papier-filtre, aussi bien que pour une quantité de produits d'hygiène et de nettoyage. C’est le
cas de l’essuie-tout et les autres produits tissus, le papier toilette, le mouchoir.
Le non-tissé est un voile de fibres dont la structure est celle du papier, un entremêlement
de fibres. Le papier lui-même sert en médecine, par exemple pour couvrir par une couche à
usage unique un lit d'examen, ou pour certains types de pansements adhésifs.
Le papier d'Arménie et d'autres papiers imprégnés de produits repoussant les insectes
sont un vestige de ces usages.
Le papier à cigarettes, parmi les plus légers, doit obéir à des règles d'hygiène.
Des papiers traités comme le papier sulfurisé servent en cuisine.

3.4- Arts du papier


- Pliage et découpage: l’origami, originaire de Chine et très populaire en Asie, est l’art
du pliage du papier. L’origami utilise une feuille, en général carrée, que l’on ne découpe pas.
Les modèles d’origami commencent souvent par une même succession de plis de base, suivis
par une succession de plis à exécuter pour parvenir au modèle final. L’origami peut prendre des
formes aussi simples qu’un chapeau ou qu’un avion de papier, ou aussi complexes que la tour
Eiffel ou un animal.
Le kirigami est l’art du coupage du papier. Le papier découpé chinois produit des motifs
d'animaux, des fleurs, ou d’autres formes, découpées aux ciseaux ou avec un couteau. Les
papiers-découpés chinois servant essentiellement à l’ornementation des portes ou des fenêtres,
ils sont aussi appelés fleurs de fenêtres ou silhouettes découpées. Le papier (ou le carton)
découpé, plié et collé est également utilisé comme matériau dans la réalisation de modèles en
papier en volume.
- Le modelage: Le papier mâché est une forme de modelage, qui se pratique souvent
avec des lambeaux de vieux journaux trempés dans l'eau, que l'on peut aussi malaxer et battre

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pour obtenir une sorte de pâte à papier, plaqués sur une armature légère. Une fois sec, le papier
mâché est le plus souvent peint. Avant cette peinture, qui participe à la consolidation de
l'ouvrage, le modèle a une couleur grisâtre, du fait des restes d'encre, d'où l'expression « avoir
une mine de papier mâché ».
- Les Festivités: Le papier est peu cher, c’est sans doute ce qui en a fait un matériau très
présent dans le domaine de la fête : serpentin, confettis, costumes de papier crépon.

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