Etude D Une Si Longue Lettre
Etude D Une Si Longue Lettre
Etude D Une Si Longue Lettre
I/ L AUTEUR
Mariama Bâ est née le 29 Avril 1929 à Rufisque. A la mort de sa mère, alors qu'elle est encore toute
petite, ce sont ses grands-parents maternels et surtout sa grand-mère qui vont se charger de son
éducation. Elle sortit première de sa promotion lors du Concours d'admission à l'Ecole Normale
d'institutrices de Rufisque à la rentrée scolaire 1943-44. Mariama Bâ qui n'avait jamais quitté le
cocon familial jusque-là, se retrouva donc interne dans la vieille ville de Rufisque où elle allait passer
quatre ans au terme desquels elle obtint son diplôme d'institutrice en 1947. Après douze ans durant
lesquelles elle exerce sa profession, elle demande sa mutation au sein de l'Inspection régionale de
l'enseignement, sa santé étant devenue fragile. Elève brillante, elle eut tôt fait de dévoiler les
mystères du monde colonial, ses conventions, valeurs et manières de voir. Toutefois, le savoir acquis
à l'Ecole Normale ne signifiait pas un changement d'allégeance chez la jeune femme pour qui les
valeurs familiales, la religion, les traditions ancestrales et la culture restaient des éléments essentiels
de l'existence. Peu après sa sortie de Rufisque, Mariama Bâ rencontra son premier mari Bassirou
Ndiaye. Le second mariage de Mariama Bâ avec Ablaye Ndiaye ne dura guère plus longtemps et ce
n'est qu'à sa troisième tentative qu'elle réussit à établir des liens plus durables avec Obèye Diop,
député et militant socialiste. L'action militante de Mariama Bâ au sein des organisations féminines
locales prit son essor à la fin des années 1960. Le ronron de sa vie d'institutrice, d'épouse et de mère,
ses neuf enfants qui avaient grandi et le temps qui se libérait, l'incitèrent à étendre sa lutte pour la
promotion des droits des femmes à une participation directe aux organisations féminines
encourageant l'entraide et les actions communes. Dès sa publication en 1979, son premier roman
connaît un réel succès et est retenu pour la remise du Prix Noma lors de la Foire du livre de Francfort
en 1980. Elle meurt peu de temps plus tard d'un cancer le 18 Aout 1981 avant la sortie de son
deuxième roman Chant écarlate
II /L’ŒUVRE
Dans un contexte où l’écriture masculine prévalait, il y avait une volonté de la part de L’auteur de
prendre en charge la cause des femmes et de faire valoir l’écriture féminine. C’est un roman écrit
par une femme qui réagit par rapport aux conditions de ses sœurs victimes des traditions et de la
domination des hommes. Avec Une si longue lettre, Mariama Bâ est l’une des premières africaines à
dénoncer les injustices faites aux femmes dans la société.
Une si longue lettre est un roman épistolaire où la narratrice Ramatoulaye, face à son impuissance
devant le destin car ayant perdu son mari, adresse une longue lettre à sa meilleure amie Aïssatou.
Dans cette correspondance, elle évoque leurs souvenirs communs, leurs destins croisés, leurs
déceptions.
Mariama Bâ, par le biais de la « lettre », fait un procès de la polygamie, dénonce l’ingratitude des
hommes et certaines pratiques dans la société.
C’est un roman de moeurs, qui fait la peinture de la société sénégalaise. A travers cette
correspondance entre deux amies, les problèmes de la femme africaine sont étalés de même
que les maux dont souffre la société (gaspillage dans les cérémonies, dégradation des
moeurs,mauvais comportements, problèmes d’éducation, mariage forcé, absence de droit des
femmes etc.).
En tant qu’éducatrice et en tant que mère, elle emprunte la bouche de Ramatoulaye pour prendre en
charge certains problèmes délicats de l’éducation, de l’émancipation de la femme et de la condition
des femmes.
Une si longue lettre n’est pas un roman autobiographique comme nous pouvons le
Penser, mais une grande partie de l’expérience de l’auteur a été transposée dans cette œuvre.
Trois ans plus tard, Modou Fall, conseiller technique au ministère de la Fonction Publique, épouse la
jeune Binetou, l’amie de sa fille
Douze enfants en trente années de mariage ont enlaidi Ramatoulaye, une institutrice âgée de
cinquante ans et demeurant à Grand dakar. Or, Modou Fall désire un bain de jouvence que seule une
belle et jeune fille peut lui procurer Ramatoulaye reçoit la nouvelle avec stoïcisme. Elle la conçoit
comme une fatalité et se prépare à « partager » son mari.Ramatoulaye réagit comme une femme
traditionnelle qui est encore enchaînée à l’éducation reçue de sa grand-mère.
Quarante jours après le décès de son mari, Ramatoulaye reçoit la visite de Tamsir, le frère de Modou,
venu demander sa main.
Tamsir, à l’instar de tous les hommes du roman, considère la femme comme un « mets » qu’on
savoure et qu’on se passe entre amis. Soutenue par la religion et la tradition qui autorise le lévirat et
la soumission de la femme, Tamsir vient en conquérant Ramatoulaye blessée dans son amour –
propre humilie Tamsir et l’imam, les représentants des forces qui assujettissent la femme. Elle refuse
la demande en mariage .Ce refus est le début d’un changement chez Ramatoulaye. Le mépris et
l’arrogance de Tamsir sont les éléments catalyseurs qui provoquent chez Ramatoulaye un sursaut de
dignité. Comme une bête traquée par des chasseurs impitoyables, elle se défend avec violence afin
de survivre : elle s’émancipe
Daouda Dieng fut le premier homme qui tomba amoureux de Ramatoulaye. Pourtant Modou Fall fut
choisi. Toujours épris, Dieng revient à la charge après la mort de Modou Fall.Ramatoulaye refuse et
préfère l’amitié de Daouda à son amour.Ramatoulaye n’est pas insensible à l’amour. Si son corps
réclame la tendresse, son esprit raisonne et refuse la polygamie. Elle ne veut pas briser le bonheur
d’Aminata, la femme de Daouda, comme Binetou a brisé la sienne.
Seule avec ses enfants, Ramatoulaye survit.Plus de mari pour s’occuper de ses enfants devenus les
victimes du progrès moderne : ses filles (Arame, Yacine, Dieynaba) fument, Aïssatou est enceinte des
œuvres du jeune Ibrahima Sall Aïssatou lui offre une voiture pour ses sorties. Aïssatou lui procure la
possibilité de se confier car « la confidence noie la douleur » La sollicitude d’Aïssatou envers
Ramatoulaye est un motif récurrent dans ce roman. Cette option valorise la beauté de l’amitié et
autorise la narratrice à espérer que le bien l’emportera toujours sur le mal Le récit qui prend fin en
principe avec la fin de la réclusion se prolonge avec celui de sa vie quotidienne de veuve et de ses
Problèmes et notamment le problème de l’éducation des enfants.
M Sene Ahmada