Réussir Sa Première Classe
Réussir Sa Première Classe
Réussir Sa Première Classe
Réussir
sa première classe
© ESF éditeur, 2012
Division de Reed Business Information - SAS au capital de 4 099 168
Forum 52 - 52, rue Camille-Desmoulins, 92448 Issy-les-Moulineaux Cedex
Président : Antoine Duarte - Directeur de publication : Antoine Duarte
www.esf-editeur.fr
ISBN : 978-2-7101-2970-7
ISSN : 1158-4580
1. Le jour J
Une étape, pas une fin 13
Jour J, heure H 13
Le temps de l’accueil 16
Faire comprendre aux élèves le sens de l’école 21
Le contrat de vie collective 26
2. S’organiser et planifier
Une nécessité absolue 29
Délimiter sphère professionnelle et sphère privée 29
Programmer sans se figer dans le programme 32
Penser l’espace et le temps de la classe 40
Concevoir et mettre en place des situations d’apprentissage 57
Les mots clés de l’apprentissage 65
Deux idées pratiques pour aider les élèves à coopérer et à s’organiser 68
3
5. Faire équipe, une compétence essentielle
Avec les élèves, les parents, l’établissement, les réseaux 115
Fédérer le groupe-classe 115
Travailler avec les parents 124
Collaborer en équipe d’école 141
Se joindre aux réseaux sociaux 146
7. La discipline en classe
Vers une autorité éducative 197
Reconnaître les besoins des élèves 198
Poser un cadre sécurisant 206
Instituer la notion de contrat 215
Exiger avec bienveillance 223
Quatre clés pour une autorité éducative réussie 225
8. Le métier d’enseignant
Représentations, tensions et enjeux 227
Un métier soumis aux représentations 227
Un métier en perpétuelle évolution 229
Faut-il ou non se syndiquer ? 231
Bibliographie - Webographie
Bibliographie utile 239
Webographie utile 240
4
Avant-propos
5
Avant-propos
Philippe Meirieu
Professeur à l’université
Lumière-Lyon 2
6
Avant le grand jour…
«M adame, Monsieur,
nous avons l’honneur
de vous faire part de votre
Démarrez du
bon pied !
prochaine affectation au titre de professeur
au sein de l’établissement… en charge d’une classe de… »
Le facteur vient de passer, voilà qui est signifié et signé,
cette lettre d’affectation en témoigne, vous êtes dorénavant
enrôlé dans les effectifs officiels de la grande maison
Éducation nationale. Certains en sortent, d’autres
la quittent, vous y entrez ! Bravo !
7
Avant le grand jour…
8
Avant le grand jour…
9
Avant le grand jour…
10
Avant le grand jour…
Attention !
Chaque personne possède son fonctionnement propre, ses
manies, ses préférences, ses références. Cela est normal et
éminemment respectable.
11
1. Le jour J
Jour J, heure H
Ça y est, la cloche a sonné, c’est le moment du premier grand
rendez-vous. Vous étiez déjà peut-être en possession de la
liste de classe ? Vous en aviez lu et relu les dizaines de noms,
épelé chacun d’entre eux, tenté même d’y associer une image,
un portrait imaginaire ? Les représentations mentales que l’on
se forge, inconsciemment ou non, sont utiles ; elles servent de
bouclier interne et de balises intérieures, elles nous rassurent et
représentent un point d’ancrage important. Néanmoins, si on ne
les dépasse pas, elles risquent également de nous figer dans une
vision erronée de la réalité. Cette réalité, vous allez aujourd’hui
l’embrasser à bras-le-corps. Chaque prénom va s’incarner et
prendre le visage et la voix d’un enfant, d’un élève. Voilà qui est
plutôt rassurant, vous n’enseignez pas à une liste alphabétique,
vous n’êtes pas à la tête d’un formulaire bien ordonné ; derrière
chaque prénom se cache un profil particulier, une histoire de vie
personnelle, un désir d’apprendre, ou bien une peur.
De la même manière, ces enfants vont découvrir que vous
n’êtes pas juste Madame X ou Monsieur Y, maîtresse, pro-
fesseur, remplaçant ou titulaire. Vous êtes une personne à
part entière avec tout ce que cela comporte de mystérieux, de
13
1. Le jour J
14
1. Le jour J
15
1. Le jour J
Le temps de l’accueil
Qu’on soit en maternelle, en élémentaire et même plus en
amont dans le cursus scolaire, le temps de l’accueil est un temps
précieux, tout à la fois pédagogique, stratégique et éducatif.
Il constitue une phase essentielle dans le dispositif d’apprentis-
sage et donc d’enseignement.
La pratique la plus courante qui illustre cette notion d’accueil
reste le traditionnel appel. S’il demeure nécessaire et obliga-
toire, est-il pour autant suffisant ? Au risque de paraître auto-
ritaire, la réponse est non, et pour justifier l’aspect catégorique
et sans appel de cette réponse, attardons-nous sur la mise en
lumière des principaux enjeux qui sous-tendent ce moment bien
particulier de l’accueil.
16
1. Le jour J
17
1. Le jour J
18
1. Le jour J
19
1. Le jour J
20
1. Le jour J
– apprendre à communiquer ;
– apprendre à devenir autonome.
Ces conditions réunies permettent à l’enfant d’apprendre à
apprendre.
21
1. Le jour J
Je viens :
– parce que c’est la fin des vacances ;
– parce que c’est comme ça ;
– parce qu’on n’a pas le choix.
Bref, je viens parce que c’est obligatoire.
22
1. Le jour J
23
1. Le jour J
24
1. Le jour J
25
1. Le jour J
26
1. Le jour J
☛☛Cultiver la coopération
Il revient donc à l’enseignant et à l’ensemble de l’équipe édu-
cative de développer un environnement propice et une pédago-
gie visant ces apprentissages du vivre ensemble. Cela passe par
des détours, cela demande du temps, de l’organisation et l’impli-
cation de tous, mais un grand nombre d’études le démontrent,
les classes et les écoles qui fonc-
tionnent sur les principes de À MÉDITER
coopération et de réciprocité
« Le futur citoyen n’a pas seulement à
sont des écoles où règne un cli- apprendre à obéir à la loi mais aussi
mat scolaire particulier et où à le faire avec les autres. Dès lors, du
enseignants, parents et élèves côté de l’élève, il ne s’agit pas de se
soumettre à quelqu’un mais d’obéir à
ont plaisir à venir travailler
la loi. » Bernard Defrance
ensemble.
27
1. Le jour J
28
2. S’organiser
et planifier
29
2. S’organiser et planifier
30
2. S’organiser et planifier
☛☛Arbitrer et discerner
✗✗ Apprendre à choisir. L’expérience de l’imperfection, ce
pourrait être la sagesse de se dire : stop, je marque une pause,
je respire, je demande de l’aide ; ou bien décider de réduire
ses exigences, de manière à préférer la qualité à la quantité,
la profondeur à la superficialité, le savoir-être à l’agitation
et l’essentiel au superflu. L’expérience de l’imperfection,
c’est l’expérience du discernement, de l’arbitrage – et non de
l’arbitraire –, du choix salutaire. Mais voilà : choisir revient
également à renoncer et à assumer ce renoncement, qu’il soit
partiel, total, provisoire ou définitif. Or, en choisissant, on
favorise une action ou un projet plutôt qu’un autre, un ins-
tant de détente et de lâcher-prise plutôt que le risque d’une
surcharge cognitive ou physique et du décrochage qui peut
en découler.
✗✗ Reconnaître ses besoins et ceux de ses élèves. Prendre
soin de votre équilibre de vie sur la durée permet non seu-
lement de reconnaître vos propres besoins fondamentaux
d’être vivant, d’être humain et d’être en évolution, mais, par
effet ricochet, également de reconnaître ces mêmes besoins
chez vos élèves. Besoin de respirer, d’éprouver et de se
reposer, besoin d’intimité et de spiritualité, besoin de rire,
de partager et de bouger, besoin d’apprendre, de douter, de
31
2. S’organiser et planifier
32
2. S’organiser et planifier
33
2. S’organiser et planifier
Point de vigilance
Le programme étant découpé en domaines, matières ou disciplines,
il conviendra d’éviter de les traiter de manière saucissonnée et
cloisonnée, afin de ne pas perdre de vue la cohérence du tout et
l’interdépendance de chacun des éléments de ce tout. Le rôle de
l’enseignant ici est de redonner du sens à un ensemble déconstruit
et fractionné par commodité d’écriture.
34
2. S’organiser et planifier
Remarque
Correspondance des cycles et des classes
L’école maternelle englobe la petite (PS), la moyenne (MS) et la
grande section (GS).
35
2. S’organiser et planifier
5. Découverte du monde
6. Pratique artistique et découverte des arts
7. Instruction civique et morale
Là encore, il faut veiller à maintenir une logique pluri et inter-
disciplinaire. Lorsque l’on aborde, par exemple, l’étude d’une
œuvre musicale (6), on ne peut faire l’impasse sur la place et
le rôle du corps (3) ni sur le contexte historique et culturel
(5), ni sur un travail d’explicitation lexicale (1). De même, en
mathématiques (1), comment s’approprier les formes géomé-
triques comme les solides sans faire référence à l’architecture
du monde qui nous entoure (5 et 6), sans les manipuler avec le
corps (3), sans faire référence au
patrimoine artistique (6) ?
RESSOURCES
Parallèlement au programme,
Pour en savoir plus sur le détail des et durant les trois années du
différents points, vous pouvez vous
reporter au site officiel en ligne :
cycle, les élèves doivent travail-
www.education.gouv.fr/bo/2008/hs3/ ler le palier 1 du socle commun
programme_CP_CE1.htm (voir ci-après) qui sera validé en
fin de CE1.
36
2. S’organiser et planifier
37
2. S’organiser et planifier
Point de vigilance
Là encore, il conviendra de ne pas traiter de manière exclusive et
segmentée chacun des piliers mais bien de les relier les uns aux
autres en portant une attention toute particulière aux piliers 6 et
7 qui véhiculent, par essence, des compétences fondamentales,
indivisibles et indissociables de l’acte même d’apprendre.
38
2. S’organiser et planifier
développement de compétences,
RESSOURCES
et pour avoir une vision plus
claire et concrète de ce qui se Pour en savoir plus, vous pouvez
fait et de comment on fait, rien consulter le site officiel en ligne :
ne vaut la veille institutionnelle www.education.gouv.fr/cid2770/
le-socle-commun-de-connaissances-
et pédagogique. et-de-competences.html
Vous trouverez à cet effet, en
fin d’ouvrage, une webographie
utile qui vous permettra de suivre en direct l’évolution des
textes (qui ne cessent d’évoluer), ainsi que les pratiques cou-
rantes ou innovantes en lien avec ces évolutions. De nombreux
sites en ligne sont de précieuses mines d’informations et de for-
mation. Il serait dommage de s’en priver tant elles regorgent de
pistes, de talents, de ressources généreusement partagées.
39
2. S’organiser et planifier
40
2. S’organiser et planifier
☛☛L’organisation de l’espace :
pour un « design spatial »
Contrairement au professeur de collège ou de lycée, vous êtes
en possession de votre espace-classe. Vous avez donc tout le loi-
sir de l’aménager en fonction de l’âge des enfants, de votre style
et du type de pédagogie que vous souhaitez mettre en place,
sans oublier le fait que des tables et des chaises, ça se déplace.
ASTUCE
41
2. S’organiser et planifier
42
2. S’organiser et planifier
Le couloir adjacent
}}
Espace « sas », il conduit progressivement vers la classe.
✗✗ Pour les plus petits, il conviendra d’y laisser de « petits cail-
loux », de manière à ce qu’ils retrouvent aisément le che-
min de la classe. Les jeunes enfants aiment naturellement les
animaux, on pourrait imaginer symboliser chaque itinéraire
par des empreintes ou des icônes, sorte de tags au service
du repérage : pattes de poussins pour la classe des poussins,
nénuphars pour la classe des grenouilles, noisettes pour la
classe des écureuils, etc.
✗✗ Pour les jeunes élèves, ne pas oublier de personnaliser les
porte-manteaux avec une photo, un prénom ou un dessin
plastifié réalisé par l’enfant. Ce dessin, ce peut être son bon-
homme du mois pour les plus petits. Une manière de se voir
grandir et de montrer qu’on grandit.
43
2. S’organiser et planifier
Le seuil extérieur
}}
Passage du dehors au dedans, il signifie aux élèves qu’ils sont
bien arrivés chez eux. On pourra y trouver la liste et la photo de
classe, le nom de l’enseignant et le niveau de la classe. Bienvenue
chez les CM1, dans la classe de Monsieur M et de ses élèves…
On pourra également y afficher l’adage de la semaine, un smiley
accueillant , une invitation à entrer.
L’entrée
}}
Un petit truc : placez-vous à l’entrée et demandez-vous quel
est le point de vue, le panorama qui s’offre à celui qui entre dans
la classe. Un lieu est un langage, il parle, il dit des choses. Que
dit votre classe lorsqu’on y entre ? Que transmet-elle comme
signaux visuels lorsqu’on passe le seuil ? Que dit-elle à vos
élèves, que traduit-elle à l’étranger qui y arrive ? La porte est-
elle fermée ? ouverte ? entrebâillée ?
Votre bureau
}}
Devant, derrière, sur le côté, cet espace est le vôtre ; il est
aussi situé dans l’espace commun et doit donc être pensé comme
l’un des éléments du tout remplissant sa fonction propre.
44
2. S’organiser et planifier
ASTUCE
Le(s) tableau(x)
}}
Espaces d’écriture, de lecture, de mutualisation, d’exposition,
d’entraînement, de correction, d’interaction, c’est sans doute,
dans l’imaginaire collectif, l’élément le plus associé à l’idée de
classe. Il revêt aujourd’hui différentes formes.
✗✗ Le tableau noir : classique, associé à l’odeur de la craie, il est
encore majoritaire dans le quotidien scolaire, c’est la grande
ardoise collective sur laquelle vous allez passer un temps non
45
2. S’organiser et planifier
46
2. S’organiser et planifier
Les murs
}}
Espaces verticaux, ils supportent l’architecture globale de
votre classe et témoignent de l’architecture complexe de l’acte
éducatif au service de l’autonomie des élèves.
47
2. S’organiser et planifier
L’affichage
Natures Fonctions
Didactique Communication
Esthétique Planification
Institutionnel Structuration
Pédagogique Cohérence
Méthodologique Acculturation
Organisation
Désignation
Outillage
Repérage
Témoignage
Identification
Les « coins »
}}
Traditionnels en maternelle, il est bon de questionner leurs
fonctions de manière à se rendre compte qu’ils gardent toute
leur place tout au long de l’école primaire (voire au-delà…).
48
2. S’organiser et planifier
Minute yoga-zen
« Besoin de lâcher prise ? Tes yeux tirent ? Ton esprit s’envole
ailleurs ? Et si tu prenais une toute petite minute pour déposer
ta fatigue et faire le plein d’énergie ?
Laisse-toi aller dans cet espace vide, respire profondément.
Trois fois. Inspire par le nez, détends-toi ; expire lentement par
la bouche ; tu te sens léger, léger. En inspirant, tu recharges
les batteries, en soufflant, tu expires la fatigue.
Puis, ferme les yeux, compte jusqu’à dix et, en rouvrant
les yeux, sens l’énergie traverser ton corps. Te voilà prêt
à reprendre le fil de ton travail. »
49
2. S’organiser et planifier
50
2. S’organiser et planifier
Point de vigilance
Le terme de « coin », traditionnellement utilisé à l’école, peut porter
à confusion ; il convient donc de clarifier son usage et de lever
certains quiproquos.
Les rangements
}}
Les questions de l’ordre et du désordre sont de vraies ques-
tions, et plus stratégiques qu’on ne le pense. Qu’est-ce que
l’ordre et qu’est-ce que le désordre ? Existe-t-il des désordres
51
2. S’organiser et planifier
52
2. S’organiser et planifier
☛☛L’organisation du temps :
pour un « design temporel »
Tout comme l’espace, la configuration et la gestion du temps
sont des éléments clés dans la pratique quotidienne de classe.
Les élèves y seront confrontés, tout comme vous. « Pas le temps,
je n’ai pas le temps ! Allez, allez, dépêchons-nous, on n’a pas que
cela à faire ! » Attendez-vous à entendre, à dire ou à penser tout
bas mille fois par jour ce genre de lamentation. Comment faire
donc pour mieux vivre et mieux travailler avec ce temps qui file
53
2. S’organiser et planifier
54
2. S’organiser et planifier
55
2. S’organiser et planifier
Un exemple en CE2
(Cet exemple n’a pas valeur de modèle.)
56
2. S’organiser et planifier
57
2. S’organiser et planifier
☛☛Situations d’apprentissage,
activités et tâches
Une situation d’apprentissage ne se réduit pas à une activité
mais, au sein d’une situation, on pourra trouver des activités et
des tâches à effectuer.
L’exemple suivant a vocation à illustrer la différence entre
activité et situation et à mettre en relief la posture d’enseigne-
ment dans laquelle vous avez à entrer. Une posture invitant
au questionnement, au dépassement d’obstacles et à l’élabora-
tion de stratégies efficaces conduisant à s’approprier des outils
opératoires.
58
2. S’organiser et planifier
59
2. S’organiser et planifier
60
2. S’organiser et planifier
61
2. S’organiser et planifier
L’enseignant éveilleur
}}
Il s’applique à ouvrir des fenêtres, à vivre avec intensité, à
favoriser et partager l’enthousiasme sans lequel il est bien dif-
ficile d’apprendre :
– il suscite la curiosité : l’envie d’en savoir plus sur ces glaçons
qui fondent et disparaissent… ;
– il partage un émerveillement : une rencontre poétique ou
artistique ;
– il rend possible la quête spirituelle : le questionnement sur le
sens da la vie, de l’invisible, de l’indicible, de l’être ;
– il encourage la créativité : libre évocation autour d’une image,
d’un mot.
L’enseignant guide
}}
Il se situe en adulte ressource et référent et devient un moyen
pour ses élèves d’apprendre à mieux penser, mieux faire et mieux
apprendre :
– il induit un raisonnement : conduite d’une argumentation orale
sur les causes et les effets climatiques ;
– il conseille sur des méthodes : comment relire une dictée ;
– il propose des outils : une frise numérique ;
– il suggère des stratégies : comment tirer profit d’une recherche
sur Internet.
62
2. S’organiser et planifier
L’enseignant soutien
}}
Cette posture est celle de la présence authentique et de l’em-
pathie, centrales dans la relation pédagogique :
– il valorise : en témoignant oralement ou par écrit des progrès
effectués chaque fois qu’il s’en présente un ;
– il accompagne : en proposant à un enfant qui rencontre une
difficulté un atelier personnalisé ;
– il sécurise : en se rapprochant tranquillement d’un élève qui
semble perdu dans un exercice ;
– il écoute : en regardant l’enfant et en reformulant sans inter-
prétation pour s’assurer qu’il a compris ce que l’élève a dit et
que c’est bien cela qu’il voulait dire.
L’enseignant garde-fou
}}
Les différents aspects de ce profil d’enseignant déclinés ci-
dessous participent à la construction d’une organisation et
d’une cohérence éducative au service du groupe :
– il délimite le cadre : organisation des équipes de travail, rôle
de chacun, objectif commun ;
– il explique le cadre : fonction du collectif et du cadre, mises en
garde explicites sur les conséquences du non-respect du cadre ;
– il veille au cadre : régulation et gestion de l’ensemble de la
classe, de chacun des groupes et de ses élèves ;
– il incarne le cadre : adaptabilité, exigence, bienveillance,
cohérence.
L’enseignant optimiste
}}
Ce positionnement consiste à reconnaître et à donner de
la valeur et de l’importance à la personne-élève. Se sentant
reconnu, il s’engagera davantage et avec plus d’enthousiasme :
– il croit en ses élèves : en leurs talents, leurs forces, leur
éducabilité ;
– il crée un environnement positif : le jeu du bien-veilleur invi-
sible (voir en fin de chapitre) ;
63
2. S’organiser et planifier
L’enseignant chercheur
}}
Par effet miroir, en se positionnant personnellement en cher-
cheur, il développera la posture de chercheur chez ses élèves :
– il observe leurs pratiques : que voyez-vous de la manière dont
ils procèdent ? ;
– il questionne leurs stratégies : il cherche à faire exprimer ce
qui n’est pas visible ;
– il explore leurs représentations : dessin du trajet d’un aliment
dans le corps ;
– il propose des expérimentations : protocoles de germination
d’une graine de haricot.
L’enseignant apprenant
}}
Là encore, en se situant lui-même dans une démarche appre-
nante et ouverte, il facilitera la mise en apprentissage des élèves :
– il pratique l’innovation : écriture d’un blog ou ouverture d’un
compte Twitter pour la classe ;
– il ose la prise de risque : improvisation théâtrale ;
– il développe l’esprit d’initiative : texte libre à la manière de
Freinet ;
– il permet l’autonomie : l’exercice du choix du moment de
l’évaluation, par exemple, si l’enfant se sent prêt.
L’enseignant animateur
}}
Animer revient à donner aux élèves les clés et les moyens de
se saisir et de s’approprier les savoirs, sans s’imposer ni s’effa-
cer. L’enseignant animateur est celui qui assure l’engagement
de ses élèves en leur permettant d’être acteurs et auteurs de
leurs apprentissages :
64
2. S’organiser et planifier
☛☛Activité
Une activité désigne l’ensemble des tâches effectives dans un
contexte particulier. Elle désigne ce qui est fait. Le dessin est
une activité.
☛☛Tâche
Une tâche désigne « ce qu’il y a à faire », elle poursuit un but
précis et s’accompagne de consignes qui explicitent clairement
comment et avec quelles contraintes parvenir à la réalisation de
la tâche. Par exemple, en éducation physique et en découverte
du monde :
« Construire le plan humain de Paris. Avec vos seuls corps
et à l’aide du maxi-plan illustré à disposition, vous devez phy-
siquement représenter Paris. Il faudra qu’apparaissent : les
quatre points cardinaux, les contours de la capitale, la Seine
et les grands monuments figurant sur le plan. Pour cela, vous
devrez, en premier lieu, décider entre vous quelle partie du plan
ou quel monument vous incarnez. Vous disposez de 30 minutes.
Je vous prendrai en photo à l’issue de la séance. »
Cette activité s’inscrit dans une séance elle-même incluse
dans une séquence plus large. On aura pris la précaution, en
65
2. S’organiser et planifier
☛☛Exercice
L’exercice est une tâche particulière qui permet d’entraîner,
d’exercer, de stabiliser, d’appliquer une connaissance antérieure
ou un savoir-faire déjà existant. L’exercice est incontournable
dans le processus d’apprentissage mais il ne s’y réduit. Par
exemple, en orthographe grammaticale :
« Effectuer si nécessaire les accords en genre et en nombre
dans les groupes nominaux soulignés dans ce court texte. »
Cet exercice trouvera toute sa place et son utilité en fin de
séquence, avant la phase d’évaluation. En amont, on aura lar-
gement abordé les notions de nom, de nom noyau, de genre,
de nombre. On aura travaillé longuement sur l’organisation du
groupe nominal, sur ses différents agencements, sur sa place
dans la phrase. On aura travaillé à partir de textes sur la ques-
tion du lien entre sens et orthographe.
Voici un autre exemple niveau CM1/CM2, à travailler en
amont dans une démarche de construction de la notion et non
d’entraînement :
« Ses cheveux se répandaient en large(s) bandeau(x) sur ses
joues. »
Faut-il ou non mettre un s et un x ?
66
2. S’organiser et planifier
67
2. S’organiser et planifier
68
2. S’organiser et planifier
69
3. Observer
pour mieux enseigner
Face à la com
L e premier outil de l’enseignant
réside dans sa capacité à
observer. Observer avec ses yeux,
plexit
d’enseigner é
bien sûr, mais également avec ses oreilles,
son cœur, ses émotions, ses intuitions et sa subjectivité
autant que son objectivité. Observer nécessite
la mobilisation de toute la personne : toutes
ses intelligences, ses compétences, ainsi que tous
les éléments constitutifs de son identité tant personnelle
que professionnelle. Observer vous permettra de relever
des indices qui serviront de points d’appui pour la mise
en place de situations d’apprentissage.
71
3. Observer pour mieux enseigner
Se connaître soi-même
72
3. Observer pour mieux enseigner
➙
73
3. Observer pour mieux enseigner
13. Et aujourd’hui…
de quelle école
rêvez-vous
encore ?
74
3. Observer pour mieux enseigner
75
3. Observer pour mieux enseigner
76
3. Observer pour mieux enseigner
• Dans la cour
Où observer ? • Dans les couloirs
• Dans la classe
• Leurs préférences
Quoi observer ? • Leurs stratégies
• Leurs blocages
• Un petit carnet
Quels outils pour fixer vos observations ? • Un dictaphone
• Une banque de Post-It
77
3. Observer pour mieux enseigner
78
3. Observer pour mieux enseigner
À partir de www.sitecoles.com
79
3. Observer pour mieux enseigner
☛☛Différencier le « compliqué »
et le « complexe »
Par exemple, un problème mathématique est compliqué à
résoudre, même si l’on sait bien lire et compter, car il contient
un grand nombre de données à comprendre et traiter. Mais ses
éléments une fois identifiés et organisés sont stables et per-
mettent de trouver la solution. D’où l’expression « Il n’y a pas
de problème, juste des solutions ».
Enseigner est complexe et donc difficile, même pour un
enseignant expérimenté, car cette tâche comporte un grand
nombre de données, et parce que ces données sont de natures
différentes. Par ailleurs, en plus de ces données, il existe une
multitude de facteurs externes et internes, difficilement saisis-
sables et « stabilisables ». Il n’y a donc pas de solutions toutes
faites ni de recettes « prêtes à poser » en matière d’éducation ;
il existe un ensemble de moyens pédagogiques à décliner et à
mettre en œuvre au service des apprentissages des élèves.
Il est donc complexe de comprendre « simplement » pour
quelles raisons un enfant n’a pas réussi à résoudre un problème
compliqué. Sans doute parce qu’apprendre n’est ni simple, ni com-
pliqué, apprendre est infiniment complexe. Alors enseigner …
Plus de vingt ans de pratique autorise cet appel à la vigi-
lance : la fameuse réciprocité « j’enseigne, ils apprennent » est
une hypothèse sur laquelle il ne faut pas fonder trop d’espoir.
80
3. Observer pour mieux enseigner
81
3. Observer pour mieux enseigner
82
3. Observer pour mieux enseigner
➙
2. In Essor des didactiques et des apprentissages scolaires, J.-P. Astolfi, 1995.
83
3. Observer pour mieux enseigner
84
3. Observer pour mieux enseigner
85
3. Observer pour mieux enseigner
86
3. Observer pour mieux enseigner
Point de vigilance
Le risque, comme pour toute théorie, est d’en faire un outil
modélisant, unique et donc enfermant. Ce serait ici contraire
aux principes, aux fondements et aux valeurs portés par Gardner.
87
3. Observer pour mieux enseigner
88
3. Observer pour mieux enseigner
89
3. Observer pour mieux enseigner
90
3. Observer pour mieux enseigner
Pour avoir accès à la carte mentale en couleurs, vous pouvez vous reporter
au site de l’auteure :
http://lewebpedagogique.com/ostiane/files/2009/11/Observer-et-accompagner1.JPG
91
3. Observer pour mieux enseigner
92
4. L’adaptation,
un moyen au service
de l’apprentissage
93
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
94
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
95
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
Les consignes,
base de la relation pédagogique
96
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
CONSEIL PRATIQUE
XXX
De manière à vous saisir de ce temps d’évaluation comme d’un
temps privilégié d’observation, proposez ce genre d’activité en
atelier de six ou sept enfants regroupés sur un îlot de tables et
travaillant individuellement. Les autres élèves étant répartis dans
d’autres ateliers en autonomie. Cela vous permet d’observer les
stratégies de chacun et de relever de précieux indices pour la suite.
97
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
98
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
99
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
100
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
101
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
Cinq recommandations
pour l’utilisation des consignes
1. Il ne suffit pas d’améliorer nos consignes ; et, nous défaisant de
l’illusion de la consigne parfaite, attelons-nous à la tâche d’aider
les élèves à savoir lire toute consigne, même floue ou mal bâtie.
2. Cet enseignement méthodologique doit à la fois être construit,
se développer de façon structurée et être occasionnel, réitéré
régulièrement au quotidien.
3. Il s’agit à la fois de faire réfléchir les élèves, en développant des
activités méta et de leur faire acquérir de bons automatismes, en
les faisant passer du noviciat à l’expertise. Il n’y a pas à opposer
ces deux modes de l’apprentissage, mais à les conjuguer.
4. Ce travail se situe tout autant en cours ordinaire que lors d’activités
spécifiques, certaines concernant davantage les élèves en difficulté.
5. La compréhension des consignes implique plusieurs piliers
du socle commun, le 1, probablement le 4, certainement
le 7 et d’une certaine façon le 6.
102
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
103
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
La ludo-famillo-thèque
Une façon économique, éducative et pédagogique de vous
constituer en classe un coin jeu évolutif, vivant et à moindre frais,
est d’inviter les familles dès le début d’année à construire et enrichir
cet espace par des dons ou des prêts mensuels.
Vous pouvez alors suggérer à des parents volontaires, après leur
avoir expliqué l’objectif de cette demande, de jouer alternativement
le rôle de relais-ludothèque en charge de la communication et
de l’élaboration des fiches de prêt.
Vous pourriez enfin les convier à tour de rôle et leur confier des
ateliers de mise en route et de découverte lors de l’introduction
de nouveaux jeux.
➙
104
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
En procédant ainsi :
– vous impliquez les parents en valorisant leur présence ;
– vous ouvrez des passerelles éducatives ;
– vous permettez aux parents de s’investir autrement que comme
« parent d’élève » ;
– vous les autorisez à entrer dans votre démarche pédagogique ;
– vous jouez le jeu de la co-éducation et du partenariat éducatif ;
– vous faites le bonheur des enfants ravis de voir leurs parents
participer à la vie de la classe.
105
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
Exemple en CM2
Réalisation d’un poster « Pour bien relire
sa dictée »
Les compétences sollicitées sont :
les connaissances :
– connaître les savoirs disciplinaires en question,
– connaître son niveau de compétences dans ce domaine,
– connaître les ressources à disposition ;
les aptitudes :
– savoir communiquer par oral et par écrit,
– savoir s’engager dans un projet, s’organiser, co-agir,
– savoir développer un esprit critique, assurer le suivi du projet,
réajuster le cas échéant les termes du contrat de départ ;
les attitudes :
– faire preuve de motivation et de vision positive,
– faire preuve de sens de l’initiative et de créativité,
– faire preuve d’adaptabilité et de flexibilité.
106
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
107
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
Personnaliser, individualiser
et personnifier l’enseignement
On entend beaucoup parler, dans les discours relatifs aux poli-
tiques éducatives ou aux pratiques d’enseignement, de notions
se rapportant à la personnalisation ou à l’individualisation.
Parfois même, on entend le terme de personnification. Sans
doute faut-il commencer par une petite mise au point d’ordre
terminologique avant d’entrer dans la réalité des concepts. En
effet, de nombreuses interprétations hasardeuses sur ces sujets
tiennent au fait qu’on laisse s’installer un flou autour de la
définition même des mots lorsqu’on les emploie. De manière
à cerner ici ce dont on parle, il paraît cohérent de définir et
d’illustrer ces différents termes, de façon, par la suite, à les
ancrer sans quiproquo dans telle ou telle démarche éducative.
108
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
109
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
BON À SAVOIR
110
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
111
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
112
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
L’héritage
}}
✗✗ La manière dont on enseigne traduit bien souvent la manière
dont on a été soi-même enseigné.
✗✗ La façon dont on évalue reflète bien souvent celle à laquelle
on a été soumise.
✗✗ La confiance qu’on place en la capacité de réussite de ses
élèves traduit bien souvent la confiance dont on a été gratifié.
✗✗ etc.
Heureusement, l’homme n’est pas qu’un héritier ; il est aussi
un « animal doué de raison » et doté de liberté. Avoir conscience
de cet héritage aidera à mieux penser et mieux exercer sa liberté.
Les représentations
}}
✗✗ Le type de relation pédagogique qu’on développe traduit la
vision qu’on se fait de la place et de la nature de la relation
dans l’apprentissage.
✗✗ L’espace d’autonomie et de responsabilisation qu’on laisse
aux élèves en dit long sur l’image qu’on a de son propre posi-
tionnement dans le dispositif d’apprentissage.
✗✗ La place qu’on laisse en classe à l’expérimentation entre
directement en résonnance avec la conception qu’on se fait
de l’erreur et de l’usage du temps.
✗✗ La capacité de dire « non » à un élève et la façon dont on pose ce
« non » révèle le schéma de pensée qu’on attribue à l’autorité.
✗✗ etc.
Là encore, il est possible, par une régulière analyse raison-
née de ses pratiques et par une coutumière formation, de com-
prendre les représentations qui dictent les gestes professionnels.
De ce point de vue, les groupes d’analyse de pratiques (GAP) sont
un moyen très efficace de compréhension et donc d’évolution.
113
4. L’adaptation, un moyen au service de l’apprentissage
Les valeurs
}}
Elles peuvent s’exprimer dans :
– les modalités d’accueil ;
– l’organisation du travail ;
– le dispositif d’évaluation ;
– la manière dont on valorise l’effort et l’engagement ;
– la gestion du cadre et des sanctions ;
– l’attention accordée au questionnement métaphysique et
existentiel ;
– la place faite à l’humour ;
– etc.
Ces attitudes sont autant d’indicateurs qui révèlent les
valeurs fortes de l’enseignant telles que la bienveillance, l’empa-
thie, l’entraide, l’exigence, la rigueur, la constance, la cohérence,
l’équité, l’humanisme, l’esthétique ou l’optimisme… Voilà pour-
quoi on ne peut dissocier l’acte éducatif de l’acte d’enseigne-
ment, l’un et l’autre étant intimement liés.
114
5. Faire équipe,
une compétence
essentielle
A vec les élèves
F édérer, collaborer, coopérer,
mutualiser, ces compétences-là,
attachées à la démarche de « faire
les parents,
,
l’établissemen
équipe », sont essentielles et centrales. t,
Elles touchent, en effet, l’ensemble du les réseaux
système éducatif et se déclinent aussi
bien au quotidien en classe avec les élèves, qu’avec
les familles dans un esprit de partenariat éducatif,
et également avec les différents membres de l’équipe
d’établissement. Sans oublier la formidable ouverture
que proposent aujourd’hui les réseaux sociaux et dont
on aurait bien tort de se priver, tant ils sont riches
en termes d’échanges, d’auto et de co-formation.
Fédérer le groupe-classe
« Chouette, demain, je retourne en classe ! » Quel ensei-
gnant ne rêve-t-il pas d’entendre l’élève prononcer ces mots ?
Combien de parents partagent aussi cette attente ? Combien
d’enfants rêvent un jour de pouvoir les prononcer ? Combien
d’entre eux ignorent juste que c’est possible ? Et enfin combien
de parents et d’enfants souhaiteraient lire cette envie du lende-
main dans les yeux de leur enseignant.
115
5. Faire équipe, une compétence essentielle
Rêves d’élèves…
Demain, je vais retrouver mes camarades, demain, je vais apprendre
encore, demain, je vais réussir. Demain soir, après ma journée
d’école, je serai encore moi mais je serai plus riche de savoirs, de
culture, d’amitié, de projet, de confiance. Oui, demain soir, j’aurai
encore grandi et cela ne me fait pas peur… parce qu’on est une
classe forte, soudée, même si on n’est pas tous les meilleurs amis
du monde, parce que le maître nous attend, nous connaît, nous
permet d’apprendre chaque jour quelque chose de différent, parce
que même quand c’est difficile, on sait que c’est normal et qu’on
n’est pas seul, parce qu’on regarde dans la même direction même
si on ne prend pas tous le même chemin, parce qu’hier, on a planté
des graines et que j’ai hâte de voir comment ça pousse, parce
que demain, je passe ma ceinture marron de numération et que je
pourrai devenir tuteur à mon tour, parce que demain, c’est le jour
du conseil de coopération et que j’ai plein de choses à proposer,
parce que demain, c’est mon copain Mustapha le gardien de l’arbre
à palabres et il va nous raconter un conte de chez lui, parce que
demain, le maître l’a annoncé, on accueille un nouveau camarade
et on lui a préparé une surprise, parce que demain, oui, c’est sûr,
demain sera différent d’hier et d’aujourd’hui !
Oui, c’est bien tout cela qui se joue dans une journée d’école,
et « l’apprendre » est bien au centre ; plus encore : il est le cœur
du dispositif. Il est inconcevable de fédérer des élèves autour
de la seule obligation scolaire ou du seul programme. Il faut
un projet, un désir pour se lever le matin et aller à l’école et
ce projet consiste bien à apprendre. Si les enfants se démobi-
lisent, c’est très souvent qu’ils ont l’impression de n’être pas ou
116
5. Faire équipe, une compétence essentielle
117
5. Faire équipe, une compétence essentielle
Philippe Meirieu
« Il faut, à la fois, que le projet mobilise et qu’il ne soit pas
réalisable sans acquérir des savoirs qui, précisément, sont
imposés par le programme. C’est précisément ce que les
pédagogues nomment une situation-problème : une situation
qui fait problème et qui, à ce titre, incite l’élève à se mettre
en route pour le résoudre. »
118
5. Faire équipe, une compétence essentielle
119
5. Faire équipe, une compétence essentielle
120
5. Faire équipe, une compétence essentielle
121
5. Faire équipe, une compétence essentielle
Un pré-projet peut être apporté par vos soins parce qu’il cor-
respond, par exemple, à un moment clé du calendrier :
– Et si nous publiions un album de contes de Noël ?
– Que diriez-vous de monter un spectacle pour la fin d’année ?
Ce type de proposition va être l’occasion de travailler sur
le long terme et sur des domaines très variés. On touche ici
à l’interdisciplinarité. On pourra être amené à décloisonner le
groupe en travaillant avec d’autres classes.
122
5. Faire équipe, une compétence essentielle
123
5. Faire équipe, une compétence essentielle
124
5. Faire équipe, une compétence essentielle
125
5. Faire équipe, une compétence essentielle
126
5. Faire équipe, une compétence essentielle
127
5. Faire équipe, une compétence essentielle
128
5. Faire équipe, une compétence essentielle
129
5. Faire équipe, une compétence essentielle
130
5. Faire équipe, une compétence essentielle
131
5. Faire équipe, une compétence essentielle
132
5. Faire équipe, une compétence essentielle
133
5. Faire équipe, une compétence essentielle
134
5. Faire équipe, une compétence essentielle
135
5. Faire équipe, une compétence essentielle
« L’année dernière, tout allait bien pour mon fils ; cette année, depuis qu’il est
dans votre classe, il ne cesse de régresser. »
➙
1. Selon les principes de la communication non violente dont le père est Marshall
B. Rosenberg.
136
5. Faire équipe, une compétence essentielle
137
5. Faire équipe, une compétence essentielle
138
5. Faire équipe, une compétence essentielle
139
5. Faire équipe, une compétence essentielle
140
5. Faire équipe, une compétence essentielle
141
5. Faire équipe, une compétence essentielle
5. Enfin, cette école peut finir par mourir si elle cesse de respi-
rer, se nourrir, se développer et créer.
Un établissement scolaire est donc un système vivant.
Qu’il s’agisse de temps de classe ou de temps hors classe, il s’y
passe un certain nombre d’événements qui participe de cette vie
et auxquels vous êtes priés de prendre part. Ce peut être des
événements très divers comme :
– la mise en ligne d’un site web ;
– un projet d’agrandissement ou de réfection ;
– l’élaboration d’un éco-projet « cantine et santé » ;
– un spectacle de fin d’année ;
– la participation à une manifestation sportive ;
– une tombola de Noël ;
– l’organisation d’un projet multi-culturel ;
– la mise en place d’un espace de jeux dans la cour ;
– des rencontres conviviales qui n’ont d’autre but que d’être
conviviales ;
– etc.
Il n’est pas question pour vous de vous engager à tout-va
sur de multiples projets. Vous avez déjà fort à faire avec cette
première rentrée. Néanmoins, en contribuant, même modes-
tement, à cette « vie intérieure » de l’école, vous contribue-
rez à votre propre développement professionnel ; vous serez
amené à rencontrer certains de vos collègues dans un cadre dif-
férent de celui du quotidien, vous trouverez de nouveaux par-
tenaires, vous lierez de nouvelles affinités professionnelles et
amicales, et glanerez certainement de multiples moyens d’enga-
ger vos élèves dans telle ou telle initiative.
« Le professeur contribue également à la vie de l’institution
scolaire […] en participant à la formation initiale et continue
des professeurs. »
142
5. Faire équipe, une compétence essentielle
C’est ici une bonne nouvelle pour vous, l’équipe tout entière
est chargée de votre bonne intégration et de votre for-
mation. L’établissement est donc pensé ici en lien avec son
caractère formatif. En effet, un établissement scolaire forme ses
élèves mais il est également responsable de la co-formation de
tous ses acteurs, acteurs dont vous faites partie. On aborde ici la
notion d’organisation apprenante, notion qu’on ne peut évoquer
sans citer Monica Gather Thurler, spécialiste de cette question.
Elle définit « l’école, comme organisation apprenante lorsque
celle-ci se caractérise par sa capacité et sa volonté d’apprendre
au sens large, c’est-à-dire de modifier sa vision du monde
(scolaire). »
Vous voilà donc pris en charge et impliqué dans cette affaire-
là. Comme professeur débutant, vous avez, plus qu’un autre,
le droit de demander conseil et de questionner, et par le fait
même d’interroger le fonctionnement de l’école ou de solliciter
vos collègues sur tel ou tel sujet, vous amenez l’équipe entière à
se réapproprier ce fonctionnement, à se repositionner, à revisi-
ter leurs propres pratiques ; vous les invitez à mutualiser, com-
parer, adapter, changer. Le cercle vertueux est lancé et, d’une
certaine manière, vous en êtes l’initiateur. Voilà pourquoi il est
utile, sain et générateur de progrès qu’une école accueille des
professeurs néo-titulaires.
« Le professeur travaille avec les équipes éducatives de l’école
et de ses classes. Le conseil des maîtres à l’école constitue un
instrument privilégié du travail en équipe.
Il connaît :
– les partenaires et les interlocuteurs extérieurs à l’école avec
lesquels il est amené à travailler ;
– les dispositifs d’aide à l’insertion des élèves ;
– les procédures d’orientation et les différentes voies dans les-
quelles les élèves peuvent s’engager. »
143
5. Faire équipe, une compétence essentielle
144
5. Faire équipe, une compétence essentielle
145
5. Faire équipe, une compétence essentielle
146
5. Faire équipe, une compétence essentielle
147
5. Faire équipe, une compétence essentielle
148
5. Faire équipe, une compétence essentielle
149
5. Faire équipe, une compétence essentielle
150
5. Faire équipe, une compétence essentielle
Michel Serres
« De même que la pédagogie fut inventée (paideia) par les Grecs,
au moment de l’invention et de la propagation de l’écriture ;
de même qu’elle se transforma quand émergea l’imprimerie,
à la Renaissance ; de même, la pédagogie change totalement
avec les nouvelles technologies. »
151
6. Faire la classe
au quotidien
153
6. Faire la classe au quotidien
154
6. Faire la classe au quotidien
155
6. Faire la classe au quotidien
156
6. Faire la classe au quotidien
157
6. Faire la classe au quotidien
158
6. Faire la classe au quotidien
159
6. Faire la classe au quotidien
« Le jeu de l’ordre 2 »
}}
Il s’agit de permettre aux élèves de traiter une situation pro-
blème par tâtonnement, essais, erreurs, ajustements : ils doivent
mémoriser les contenus de dix petites boîtes suspendues à un
bâton orienté. Ils envisagent donc de constituer une liste, en
utilisant des traces graphiques : l’écrit. Ils affinent progressi-
vement leur représentation pour parvenir à localiser les objets,
notamment en prenant en compte l’organisation dans l’espace et
en respectant l’ordre des boîtes. Tout au long de la séquence, la
maîtresse accompagne la réflexion et guide les moments d’ana-
lyse, sans jamais imposer de stratégie ni donner de solution.
Niveau : cycle 2 classe de grande section (GS).
Domaines d’étude :
✗✗ Découverte du monde.
✗✗ Appropriation du langage.
Objectifs d’apprentissage :
✗✗ prendre conscience de la conservation de l’ordre dans la
linéarité ;
✗✗ progresser dans la maîtrise de la langue française.
Moyens pour y parvenir : résolution d’une situation-problème
✗✗ Se repérer dans l’espace.
✗✗ Représenter une situation spatiale complexe.
✗✗ Expliciter sa pensée : échanger, s’exprimer, s’expliquer, se
justifier.
✗✗ Comprendre un interlocuteur qui apporte des informations
nouvelles.
Déroulement : cette séquence se déroulera sur quatre
semaines à raison de deux séances hebdomadaires.
160
6. Faire la classe au quotidien
161
6. Faire la classe au quotidien
162
6. Faire la classe au quotidien
balle, petite voiture, feutre, etc. Ces boîtes sont suspendues par
des élastiques sur un bâton orienté par une flèche représentant
la linéarité et lui-même posé entre deux chaises.
163
6. Faire la classe au quotidien
Tout est fait pour que les enfants apprennent et qu’ils réus-
sissent. Et tout est fait pour que cet apprentissage et cette
réussite soient le fruit de leur œuvre, de leur travail et de leur
engagement.
164
6. Faire la classe au quotidien
Séances 2 à 8
165
6. Faire la classe au quotidien
2) Seuls quatre objets sur dix sont représentés, bien placés dans les
boîtes d’allumettes. Le bâton est représenté et orienté mais l’élève
➙
166
6. Faire la classe au quotidien
167
6. Faire la classe au quotidien
168
6. Faire la classe au quotidien
Comment évaluer ?
De la même manière qu’il est déplacé et contreproductif
d’entamer une relation pédagogique avec ses élèves en se foca-
lisant d’entrée de jeu sur une évaluation normative, il semble
tout aussi saugrenu auprès de jeunes professionnels d’agiter
le drapeau rouge de l’évaluation avant d’avoir pris la peine de
poser le décor de la classe et d’avoir soulevé les obstacles liés à
l’apprentissage et à l’enseignement. Plus vous vous emploierez
à développer un contexte favorable à l’apprentissage, auquel,
on le verra, l’évaluation peut s’associer, moins l’évaluation
« finale » posera de problème. Plus vous donnerez à vos élèves
le temps et les moyens d’apprendre, plus l’évaluation apparaî-
tra comme quelque chose de naturel dans le dispositif. Le vrai
problème aujourd’hui, c’est qu’on a inversé la tendance. Tout
employé à évaluer, contrôler, comparer, semaine après semaine
et jour après jour, on en oublie le temps d’enseigner et le temps
d’apprendre.
169
6. Faire la classe au quotidien
170
6. Faire la classe au quotidien
L’évaluation diagnostique
}}
Elle permet de se rendre compte des points d’appui positifs
d’un élève et des manques qu’il lui faudra combler. Elle met en
lumière la marge de progression vers laquelle il faudra qu’il
tende et donne des indications tangibles, à l’enseignant comme
à l’élève, en termes de nouveaux savoirs à acquérir. L’évaluation
diagnostique permet également d’orienter en amont de l’action
de formation.
L’évaluation diagnostique vient ainsi compléter le sommaire
de votre livre de classe, et réorienter la progression que vous
vous étiez fixée. Elle vous apporte de nouveaux éclairages quant
aux priorités à travailler. Une manière de formuler le contrat
d’apprentissage pourrait être :
« J’ai lu avec soin et beaucoup d’intérêt vos textes, j’y ai
remarqué un grand nombre de réussites qui montrent que vous
avez des choses à dire et des outils pour les dire. Je n’en doutais
pas, mais cela fait plaisir à lire, à dire et à entendre. Néanmoins,
j’ai pu observer aussi, et cela est tout à fait normal, des erreurs
et des maladresses qui montrent de réels besoins d’apprentis-
sage dans certains domaines qui vont nous servir de guide cette
171
6. Faire la classe au quotidien
Application pratique
Un exemple au cycle 3
dans le domaine de la langue
En début d’année, la rédaction d’un texte libre, proposée à
l’ensemble de la classe, donne l’occasion de récolter un grand
nombre d’indices :
– des indices propres à chaque enfant qui pourront donner lieu à
un travail personnalisé et à la mise en place d’un plan de travail
individuel ou d’un portfolio d’apprentissage ;
– des indices récurrents et significatifs qui vous permettront de
prioriser un apprentissage collectif en fonction des besoins de la
classe et des prérogatives du programme.
172
6. Faire la classe au quotidien
L’évaluation formative
}}
Elle consiste à réguler le processus d’apprentissage d’une
séquence et permet d’ajuster une stratégie, un outil, une
méthode. L’évaluation formative informe l’élève sur le chemin
qui reste à parcourir. Elle marque des étapes significatives en
termes de construction de la notion.
Ce type d’évaluation va :
– informer ponctuellement l’enseignant et l’élève sur l’avancée
d’un apprentissage précis ;
173
6. Faire la classe au quotidien
174
6. Faire la classe au quotidien
L’autoévaluation
}}
L’enfant évalue sa propre production ainsi que les procé-
dures qu’il a utilisées. Pour l’y aider, il pourra se servir d’outils
construits collectivement en classe, comme des grilles de relec-
ture ou des tableaux de consignes ; il peut s’agir également de
ressources comme un dictionnaire, un cahier de leçons, un logi-
ciel Internet, etc.
175
6. Faire la classe au quotidien
L’évaluation mutuelle
}}
Deux ou trois élèves ayant été confrontés à un même travail
évaluent conjointement leurs productions et leurs démarches.
Ensemble, ils confrontent leurs points de vue, négocient sur des
outils à solliciter pour valider une solution.
Riche en interactions, cette forme d’évaluation permet la
décentration. Les enfants y sont amenés à interpréter et analy-
ser des procédures qui ne sont ni les leurs, ni celles de l’ensei-
gnant. Ils envisagent ainsi de nouveaux modèles opératoires.
La co-évaluation
}}
L’élève confronte son autoévaluation à l’évaluation de l’ensei-
gnant, voire même d’un autre enseignant que le sien. Il s’agit de
croiser les regards, de dialoguer sur le bon usage de tel référen-
tiel externe, sur son adéquation avec la tâche demandée.
Dans cette situation, l’élève enrichit ses procédures d’éva-
luation de procédures expertes, il remanie les siennes, met en
relation différents critères.
L’avantage et la particularité de ces formes d’évaluation sont
d’être toutes trois à la fois un moyen et un but d’apprentissage
à part entière. Elles sont intégrées au processus et au contrat
d’apprentissage, elles servent aussi bien l’élève que l’enseignant.
Elles participent à la diversification des moyens et à la per-
sonnalisation des apprentissages.
176
6. Faire la classe au quotidien
Application pratique
Co-évaluer une compétence en CP3
Il s’agit de lire et comprendre un texte.
La compétence, telle qu’elle
apparaît dans le socle
commun, est déclinée
en huit indicateurs,
les fameux items que
l’on trouve dans les
instructions officielles.
Ainsi, pour lire et
comprendre un
texte, l’élève doit être
capable de :
– dire de quoi parle
le texte ;
– déchiffrer des mots
inconnus ;
– répondre à des questions ;
– lire des mots-outils ;
– connaître les lettres ; – lire des mots connus ;
– lier lettres et sons ; – repérer des syllabes.
Dans le schéma proposé par l’enseignant en guise d’outil
de co-évaluation, chaque indicateur est représenté dans des perles
partagées en quatre parts et reliées entre elles sous la forme
d’une roue.
L’enfant colorie avec l’accord de l’enseignant le nombre de part
en fonction du degré de maîtrise de cet indicateur.
Cette évaluation est positive car elle met en avant ce que
l’enfant sait faire. Elle permet aussi de poser clairement
les connaissances et les capacités à apprendre.
177
6. Faire la classe au quotidien
Que voyez-vous ?
(cachez les 3 points qui suivent pour ne pas être influencé)
4 8 9 8
+ 3 + 3 + 4 + 5
7 11 12 13
178
6. Faire la classe au quotidien
179
6. Faire la classe au quotidien
penser à tel et tel élève qui semblent l’un et l’autre tout droit
sortis d’un de ces portraits de classe dont Doisneau avait le
secret.
180
6. Faire la classe au quotidien
donc d’être plus disponible pour entrer dans une tâche délicate,
celle de la lecture sélective.
✗✗ Elle commet l’erreur de croire que la récréation repose.
Hors, il n’en est rien. Il se passe mille et une choses dans
une cour de récréation qui réclament un investissement total
des enfants. Jouer, c’est très fatigant, courir aussi, se dispu-
ter, gagner une partie de billes, tout cela mobilise beaucoup
d’énergie. La récréation est une coupure en termes d’espace
et de type d’activité, mais ça n’est en rien une pause.
✗✗ Elle commet une deuxième erreur, celle de passer sans tran-
sition de l’effervescence de la cour à l’engagement dans une
tâche où le corps se retrouve brutalement immobilisé, où les
fortes émotions vécues la minute précédente doivent subite-
ment laisser place à la concentration.
CONSEIL PRATIQUE
Du côté de Charles
}}
On peut se féliciter qu’il soit entré ainsi si facilement dans
l’activité, faisant fi de l’incroyable découverte qu’il vient de faire
sous le marronnier de la cour et dont il n’a parlé à personne…
une procession de fourmis très organisées ! Élève consciencieux
et curieux de nature, il se plonge donc volontiers dans le récit,
181
6. Faire la classe au quotidien
CONSEIL PRATIQUE
Voici un autre rituel qui aurait bien servi à notre ami Charles. En
début d’année, on peut proposer aux enfants de se confectionner
mentalement une boîte à secrets. On explique aux élèves qu’ils
peuvent y déposer à chaque fois qu’ils rentrent en classe leur
découverte, leur chagrin ou toute autre chose qu’ils jugent impor-
tant. On les invitera, à certains moments, à ouvrir leur boîte et à en
partager, s’ils le souhaitent, le contenu.
Cet outil mental très utile permet de réguler les émotions sans les
étouffer, de donner de l’importance à ce qui est important aux yeux
de l’enfant et de favoriser sa disponibilité d’esprit, sa concentration
et sa mise au travail. « Mon secret est là, bien gardé, j’y reviendrai
plus tard, je peux m’investir sans arrière-pensée dans ce qui m’est
demandé. »
Du côté de Laurie
}}
Il est plus compliqué d’analyser son comportement curieuse-
ment impliqué. Elle qui d’habitude pose dix questions avant de
se lancer, se lève trois fois pour solliciter l’aide de l’enseignante,
la voici assise bien tranquillement, le crayon bleu à la main et
les yeux rivés sur sa page de lecture. De deux choses l’une, soit,
pour une raison qu’elle seule connaît, elle s’est véritablement
lancée dans l’activité demandée, auquel cas il faudra en reparler
avec elle et la féliciter. Soit, pour une autre raison qu’elle seule
connaît aussi, elle s’est habillée du costume de l’élève et singe,
sans que personne ne s’aperçoive de la supercherie, la parfaite
182
6. Faire la classe au quotidien
ASTUCE
183
6. Faire la classe au quotidien
Le tétra’aide
un tétraèdre régulier pour gagner du temps en classe
1. Découpe la surface extérieure de ce patron.
2. Colorie chaque face d’après le codage ci-dessous.
La zone « Ce tétraèdre appartient à : » est à colorier en vert.
3. Inscris ton prénom au bon endroit.
4. En t’aidant de l’illustration, marque les 6 plis nécessaires.
5. Encolle les 3 parties indiquées (pour cela, de la colle « en bâton » est plus pratique…)
6. Réalise le collage des languettes, et donc le montage de ton tétraèdre.
7. Tu peux, si tu le désires, renforcer chaque arête avec du ruban adhésif.
8. Utilise ton « Tétra’aide » pour faire savoir à ton enseignant(e)
si tu as besoin, d’aide ou non…
La face supérieure
indique l’état de
mon travail.
Codage
184
6. Faire la classe au quotidien
185
6. Faire la classe au quotidien
186
6. Faire la classe au quotidien
187
6. Faire la classe au quotidien
188
6. Faire la classe au quotidien
189
6. Faire la classe au quotidien
190
6. Faire la classe au quotidien
191
6. Faire la classe au quotidien
192
6. Faire la classe au quotidien
193
6. Faire la classe au quotidien
194
6. Faire la classe au quotidien
195
6. Faire la classe au quotidien
196
7. La discipline en classe
Vers une auto
«N os jeunes aiment le luxe,
ont de mauvaises manières,
se moquent de l’autorité et n’ont
éducative
rité
197
7. La discipline en classe
198
7. La discipline en classe
199
7. La discipline en classe
Besoins Besoins
secondaire de réalisation
« ÊTRE »
Besoins d’estime
Besoins d’appartenance
Besoins
Besoins de sécurité
primaires
« AVOIR »
Besoins physiologiques
En situation de classe
}}
Quel rapport entre la glace et ce qui se passe en classe ?
Dans le cadre de l’enseignement, il existe toute une catégorie
de besoins liés à l’apprentissage et au vivre ensemble.
200
7. La discipline en classe
201
7. La discipline en classe
202
7. La discipline en classe
203
7. La discipline en classe
204
7. La discipline en classe
205
7. La discipline en classe
206
7. La discipline en classe
207
7. La discipline en classe
Si l’on souhaite que les jeunes respectent les adultes qui les
élèvent et le cadre dans lequel ils sont éduqués, la première des
conditions est de rendre ce cadre respectueux de leurs besoins
fondamentaux, dont le premier est celui de sécurité, qu’elle soit
physique, psychique, affective ou intellectuelle.
Sans satisfaction de ce besoin originel, aucune relation n’est
envisageable, aucun cadre n’est légitime, aucun apprentissage
208
7. La discipline en classe
209
7. La discipline en classe
210
7. La discipline en classe
211
7. La discipline en classe
Parole d’enseignant
Oser intervenir
Toi, mon élève, ma sœur, mon frère,
Je te respecte assez pour te dire que tu fais fausse route,
que tu perds ton temps, que tu t’esquintes la santé, que tu te détruis.
Je ne te dirai rien qui puisse te blesser ou t’humilier.
Mais quand ton comportement me choquera,
je ne fermerai pas les yeux.
Parce que je veux que tu grandisses, je te parlerai franchement.
Je risquerai ma parole au gré de ta liberté.
Je parlerai en face, et pas derrière toi.
Je sais les capacités de jugement, d’amour,
de responsabilité, que tu portes en toi,
Et je crois que le fait de te dire ce qui ne va pas peut t’aider
à te ressaisir pour progresser.
Peut-être ne reconnaîtras-tu que plus tard
qu’il était bon que je te parle.
En tout cas, sache que ce que tu me confies,
je ne le répéterai pas à tout vent,
je n’en rirai pas avec d’autres…
212
7. La discipline en classe
Point de vigilance :
à propos des devoirs-sanctions
1. On veillera à ne pas abuser des devoirs écrits supplémentaires,
le risque étant de provoquer chez l’élève une colère ou un dégoût
vis-à-vis de l’écrit et de développer un rapport négatif à sa
relation au travail. « Si on me punit par le travail, c’est que
travailler est une punition. »
2. On évitera également les devoirs supplémentaires à faire
à la maison en se référant au texte interdisant les devoirs écrits
en primaire depuis la circulaire du 29 décembre 1956.
213
7. La discipline en classe
214
7. La discipline en classe
215
7. La discipline en classe
216
7. La discipline en classe
217
7. La discipline en classe
218
7. La discipline en classe
219
7. La discipline en classe
220
7. La discipline en classe
221
7. La discipline en classe
222
7. La discipline en classe
Point de vigilance
Il y est exprimé très clairement que cette pratique est le fruit
d’une réflexion menée dans un contexte précis et qu’il serait vain
d’en faire un copier-coller sans adaptation au nouveau contexte.
Comme toute pratique, elle trouve son inspiration chez d’autres,
mais, pour être efficace et légitime, se décline en fonction de besoins
locaux spécifiques. On retrouve ici cette idée qu’il n’y a pas de
recette en pédagogie, pas de modèle prêts à poser. En revanche,
il existe une multitudes de pratiques inspirantes à explorer,
exploiter, adapter en lien avec vos besoins et votre profil.
223
7. La discipline en classe
224
7. La discipline en classe
Quatre clés
pour une autorité éducative réussie
✗✗ Valoriser en signifiant régulièrement à l’enfant d’où il vient
et où il est arrivé.
« Tu pensais que tu n’y arriverais pas et regarde : tu as fini
par y parvenir. Tu as gagné en excellence. Et ce n’est pas
fini ! Ce qui te semble encore aujourd’hui infaisable, demain
te paraîtra une évidence. »
✗✗ Accompagner les difficultés sans les réduire.
« Cette tâche est loin d’être simple à réaliser. Tu vas essayer,
tâtonner, te tromper. C’est normal, c’est comme cela qu’on
apprend. Je vais te laisser faire pour comprendre comment tu
t’y prends et si tu n’y arrives pas, on en reparlera ensemble
jusqu’à ce que tu réussisses, car je sais que tu peux réussir et
cette réussite, ce sera la tienne, ce sera ta victoire. »
✗✗ Formuler explicitement les attentes
« Ce que j’attends de toi, ce n’est pas juste le résultat de ton
travail, c’est avant tout l’état d’esprit dans lequel tu travailles.
J’attends de toi que tu fasses preuve de davantage d’investis-
sement personnel, que tu oses montrer ce que tu sais faire et
accepter que tu as encore des choses à apprendre. »
✗✗ Se souvenir de l’enfant que l’on a été
« Avant de t’indigner, rappelle-toi de quoi tu étais capable
lorsque tu avais leur âge » Fernand Deligny, in Graine de
crapule, 1960.
225
7. La discipline en classe
226
8. Le métier
d’enseignant
R eprésentations
«L e niveau baisse ! »
« Les élèves d’aujourd’hui
sont désinvoltes ! » « Les enseignants
tensions et en
jeux
,
227
8. Le métier d’enseignant
228
8. Le métier d’enseignant
229
8. Le métier d’enseignant
230
8. Le métier d’enseignant
231
8. Le métier d’enseignant
1. Source : Wikipédia.
232
8. Le métier d’enseignant
233
Pour conclure :
un bouquet de paroles
solidaires
235
Pour conclure
Messages destinés
à un(e) jeune professeur(e) débutant(e)
« Faites en sorte que votre élève sente tout l’intérêt que vous lui
portez et tout l’amour que vous lui vouez, c’est le meilleur véhicule
du savoir ! » Nora Kasse, enseignante de FLE, Français langue
étrangère
« Toutes les nouvelles aventures sont les plus dures, mais aussi les
plus exaltantes, et, pour vous, chaque heure, chaque classe sera
une nouvelle aventure… Un vieux souvenir : qu’elle était difficile
cette classe, et combien je l’ai aimée, et s’ils savaient que de
tous mes anciens élèves, ce sont eux qui me manquent le plus…
ils doivent avoir 25 ans maintenant… Si vous n’avez pas envie
de donner, ils n’auront pas envie de recevoir… » Émilie Kochert,
professeur d’Histoire-géographie
« Une citation de C. G. Jung, que j’ai souvent cité dans mon premier
livre : “La discipline à étudier est évidemment un matériau dont on
ne peut se passer, mais la chaleur est l’élément vital nécessaire
à la plante comme à l’âme de l’enfant.” » Sylvie Sarzaud Aupetit,
sophrologue-somatothérapeute et auteure
➙
236
Pour conclure
« N’écoutez pas tout ce qui est dit sur les profs et l’enseignement,
vous êtes là pour construire des notions et développer des
compétences avec ceux qui vous sont confiés. » Fabien Crégut,
professeur de Sciences et vie de la Terre
« Ne pas prêter foi au conseil le plus idiot que j’ai reçu en début
de carrière : “Ne pas sourire avant la Toussaint.” » Alexandra
Rayzal, professeur d’Histoire-géographie
237
Pour conclure
238
Bibliographie
Webographie
Bibliographie utile
ALEXANDRE Danielle, Les méthodes qui font réussir les élèves,
ESF Éditeur, 2011.
BRENIFER Oscar, La pratique de la philosophie à l’école pri-
maire, SERAP Éducation, 2007.
BRISSIAUD Rémi, Comment les enfants apprennent à calculer,
Retz, 2003.
CONNAC Sylvain, Apprendre avec les pédagogies coopératives,
ESF Éditeur, 2009.
CORBENOIS Madeleine, DEVANNE Bernard, DUPUIS Éric,
MARTEL Monique, Apprentissages de la langue et conduites
culturelles Maternelle, Bordas, 2000.
DE VECCHI Gérard, GIORDAN André, L’enseignement scien-
tifique, comment faire pour que ça marche ?, Delagrave,
2003.
GUILLAUMOND Françoise, Le groupe-classe en maternelle,
activités pour communiquer, Retz, 1998.
HOURST Bruno, À l’école des intelligences multiples, Hachette
Éducation, 2006.
MATHON Ostiane, Un projet pour repenser les relations
parents-enseignants, Delagrave, 2009.
MONTELLE Christian, La parole contre l’échec scolaire,
L’Harmattan, 2005.
MULLER François, Manuel de survie à l’usage de l’enseignant,
L’Étudiant, 2005.
239
Bibliographie - Webographie
Webographie utile
ANAE : une revue en ligne spécialisée dans l’Approche neuro-
psychologique des apprentissages chez l’enfant, par Catherine
de Grave. Vous y trouverez de nombreuses informations rela-
tives au handicap et aux troubles neuropsychologiques, des élé-
ments d’analyse, des dossiers pédagogiques.
www.anae-revue.com
Aide aux profs : une association loi 1901 dédiée à l’information,
le conseil et l’accompagnement de projets professionnels, par
Rémi Boyer. Le dispositif en ligne permet d’entrer en contact
avec des professionnels expérimentés qui répondent à toutes
les interrogations en rapport avec les questions pratiques liées
à l’évolution de carrière.
www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=Accueil.asp
Banque de séquences didactiques : un outil multimédia pour
la formation des enseignants, par le CRDP de l’Académie de
Montpellier. Par le biais de situations d’apprentissage filmées
en classe et de leur analyse didactique et pédagogique, ce site
permet d’entrer dans des dispositifs d’enseignement très variés
et exercés à tous les niveaux de classe.
www.crdp-montpellier.fr/bsd
240
Webographie
241
Webographie
242
Webographie
243
Index des notions
C Décrochage : 180
Détour pédagogique : 179
Carte mentale : 39, 90 Devoirs : 190
Charte : 218 Devoirs-sanctions : 213
Classe-équipe : 17 Dictée : 106
245
Index des notions
Différenciation : 77, 88
G
Difficultés d’apprentissage : 82, 83
Diversification : 84, 87, 88, 93, 94, Groupe : 16, 103, 116
95, 176, 190 Groupe-classe : 17, 20, 72, 115
Groupes d’analyse de pratiques
E (GAP) : 113
F L
Fiche observation : 79 Lâcher prise : 49
Focalisation : 185 Lecture : 165
Formation : 228 Loi : 215
Forum de métiers : 140 Loi de 2005 : 38, 144
Forum théâtralisé : 28 Ludo-famillo-thèque : 104
246
Index des notions
M Relation à l’autre : 96
Relation au savoir : 98
Médiation : 28, 164, 166, 167 Relation pédagogique : 96
Métacognition : 40 Réparation : 214
Métier : 227 Représentation : 13, 113
Représentation écrite : 163
O Réseaux sociaux : 146
Réunion : 28, 55, 125, 126, 127, 131,
Obligation d’instruction : 23 196
Organisation : 39, 53 Rituel : 17, 20
Organisation apprenante : 9, 41, 143 Rythme : 102
P S
Papothèque : 140
Sanction : 211, 212, 213, 214, 217
Parents : 124
Schème : 11
Partenariat : 140
Séance : 54, 55
Pédagogie de projet : 37, 117, 118,
119 Sens : 21
Pédagogie institutionnelle : 19, 223 Sentiment d’appartenance : 209
Personnalisation, personnaliser : Sérendipité : 148, 149
108, 109, 111, 164, 176 Se syndiquer : 231
Personnification, personnifier : Situation d’apprentissage : 57
108, 112 Socle commun : 36, 37, 38, 39,
Plan de travail : 110 102, 177
Posture : 14, 58, 62, 63, 64, 68, 138, Support : 94
168, 197, 224, 225 Syndicalisme : 233
Principales étapes Syndicat : 232, 233
d’apprentissage : 60
Systémique : 89
Priorité : 88
Profil : 73, 75, 76, 84
Programme : 32, 34, 36 T
Tâche : 58, 65, 95, 104
R Tétra’aide : 183, 184
Règlement : 217 Transfert : 61
Relation à l’apprendre : 99 Transmettre : 153
247
Index des notions
248
Index des auteurs cités
Antibi André : 170 Hadji Charles : 173
Astolfi Jean-Pierre : 83, 174 Hourst Bruno : 86, 215
Bachelard Gaston : 122 Jankélévitch Vladimir : 7
Bloom Benjamin : 101 Korczak Janusz : 208
Bru Marc : 124 Mascret Nicolas : 122
Burns R.W. : 83 Meirieu Philippe : 118, 226
Clerget Stéphane : 150 Morin Edgar : 87, 140
Conturie Christiane : 212 Muller François : 178
Defrance Bernard : 27 Not Louis : 124
De Peretti André : 178 Perrenoud Philippe : 118, 146, 169
Devauchelle Bruno : 147, 243 Robbes Bruno : 204
De Vecchi Gérard : 105 Salomé Jacques : 139
Develay Michel : 219 Serres Michel : 151
Dewey John : 119 Sotto Alain : 185
Fourgous Jean-Michel : 151 Taddéi François : 230
Freinet Célestin : 64 Vermersch Pierre : 99
Gardner Howard : 60, 84, 85 Vygotsky Lev : 10
Gather Thurler Monica : 143 Zakhartchouk Jean-Michel : 101
Giordan André : 120, 159
249
Dans la même série
250
Qu’est-ce que
Le Café pédagogique ?
Le Café pédagogique est un des principaux sites d’informa-
tion sur l’enseignement scolaire, avec près de 250 000 abonnés
et 800 000 visiteurs mensuels. Ce site gratuit propose trois flux
d’informations :
– l’Expresso, un flash quotidien d’informations ;
– le Café mensuel, qui propose des actualités et une sélection de
ressources pédagogiques dans toutes les disciplines ;
– le Dossier mensuel, qui apporte de la réflexion et des analyses.
Le Café pédagogique fait partie des nouveaux médias nés sur
Internet.
Créé et développé par un collectif d’enseignants, il s’adresse
à tous : enseignants, bien sûr, mais aussi parents, élèves, acteurs
locaux de l’École. Le Café pédagogique veut être un point de
rencontre entre tous ceux qui se sentent concernés par le débat
éducatif.
Depuis plus de 10 ans, il apporte à chacun des informations
sur l’évolution du système éducatif, des arguments pour par-
ticiper au débat sur l’avenir de l’École et des ressources pour
construire de nouvelles pratiques éducatives.
www.cafepedagogique.net
251