Fichier Produit 3829
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D.D.BATOUCHE
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Définition
Baisse brutale et importante de la filtration glomérulaire habituellement réversible après
traitement.
Oligo-anurie (diurèse < 500 ml/24 h ou 20 ml/heure) inconstante.
Syndrome (à étiologies multiples) lié à une diminution rapide (heures, jours…) des fonctions
rénales avec réduction importante du débit de filtration glomérulaire. L'IRA est responsable
d'un défaut d’élimination des "déchets" du métabolisme et d'une perte d'homéostasie
hydro-électrolytique.
Afin d’homogénéiser la définition et les différents stades des IRA, une classification baptisée
« RIFLE » a été proposée et est de plus en plus utilisée. Elle correspond à des stades de sévérité
croissante avec :
R pour « risk »
- I pour « Iinjury »
- F pour « failure »
- L pour l »loss of function »
- Et E pour « end-stage renal disease
- Ces différents stades, sont corrélés au pronostic de l’IRA
Le débit sanguin rénal n’apparaît pas directement dans l’équation du DFG, mais la pression
hydrostatique du capillaire glomérulaire dépend du flux sanguin et de la différence des
résistances entre artérioles afférentes (Raf) et efférentes (Ref) (figure 1).
Elle est due à un obstacle sur la voie excrétrice ou à une obstruction intratubulaire rénale.
• La Pu augmente et annule la pression de filtration quand elle est égale à la pression du
capillaire glomérulaire.
• En cas d’obstacle sur la voie excrétrice, l’IRA n’apparaît que si l’obstacle est bilatéral ou sur
un rein unique.
• L’obstacle peut être incomplet, et n’est donc pas toujours associé à une anurie. Une
polyurie hypotonique peut même être observée, par diabète insipide néphrogénique.
• En effet, l’hyperpression dans les voies urinaires :
– bloque la filtration glomérulaire ;
– entraîne une redistribution du flux sanguin rénal ;
– et empêche la constitution du gradient osmotique cortico-médullaire nécessaire à l’effet de
l’ADH.
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• Elles sont dues à des lésions anatomiques des différentes structures du rein : les plus
fréquentes sont les nécroses tubulaires aiguës (NTA), mais l’IRA peut aussi compliquer les
néphropathies interstitielles, glomérulaires ou vasculaires aiguës.
• Au cours des NTA, deux mécanismes sont le plus souvent en cause et souvent associés :
l’un ischémique, l’autre toxique.
Cas des NTA ischémiques
• La baisse du flux sanguin rénal au cours des états de choc est à l’origine d’une ischémie rénale,
en particulier dans la zone externe de la médullaire externe, à l’endroit où la PaO2 est
spontanément basse (environ 40 mmHg) et où les besoins énergétiques sont importants pour
permettre les transports tubulaires.
• L’ischémie aboutit à des modifications du métabolisme intracellulaire des cellules épithéliales
tubulaires :
– activation de phospholipases et de protéases ;
– production de radicaux libres dérivés de l’oxygène ;
– activation des gènes impliqués dans l’apoptose.
• La nécrose des cellules épithéliales tubulaires est la principale lésion anatomique (vaisseaux,
glomérules et interstitium restent normaux).
• Paradoxalement, le flux sanguin rénal est constamment et durablement diminué au cours des
NTA constituées, et la filtration glomérulaire est effondrée, à moins de 10 % de la valeur
normale.
• Ces modifications hémodynamiques, sans traduction anatomique, témoignent d’une
vasoconstriction intrarénale pré et post glomérulaire majeure et d’une augmentation de la
pression intratubulaire. La vasoconstriction est médiée par plusieurs agents :
– l’angiotensine II ;
– l’endothéline 1 ;
– les catécholamines ;
– le thromboxane A2 ;
– et un déficit en vasodilatateurs tels que la PGE2, et le NO.
• L’excès de Na+ au niveau de la macula densa, lié au défaut de réabsorption tubulaire du Na+
par le tubule ischémique, pourrait activer le « feed-back » tubulo-glomérulaire, et expliquer la
vasoconstriction préglomérulaire tant que dure la nécrose tubulaire aiguë.
• L’augmentation de la pression intra-tubulaire, qui tend à diminuer la filtration glomérulaire
également, résulte de l’accumulation intra-tubulaire de débris cellulaires nécrosés et de cellules
intactes desquamées de la membrane basale tubulaire.
L’anurie, qui accompagne les formes les plus sévères de NTA, est due à la baisse importante de la
filtration glomérulaire, elle même liée à la baisse de la pression du capillaire glomérulaire et à
l’augmentation de la pression intra-tubulaire (PIT). Elle est aussi en partie expliquée par la
rétro-diffusion de l’urine à travers l’épithélium lésé.
L’IRA des autres formes d’atteintes rénales obéit à des mécanismes différents :
– au cours des glomérulonéphrites ou des microangiopathies thombotiques, la baisse du Kf
semble jouer un rôle prédominant, essentiellement par baisse de la surface de filtration ;
Les IRA fonctionnelles et les IRA organiques sont de loin les plus fréquentes.
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IV/Diagnostic étiologique de l'IRA
1. PRÉSENTATION CLINIQUE
• Les IRA obstructives sont affirmées sur la mise en évidence d’une dilatation des cavités
pyelocalicielles à l’échographie rénale. La taille des reins est normale. La dilatation est bilatérale,
ou unilatérale sur un rein fonctionnellement ou anatomiquement unique. Une simple hypotonie
des cavités pyélocalicielles, ou l’absence de dilatation des cavités ne permet pas d’exclure une
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origine obstructive à l’IRA, notamment quand l’obstacle s’est installé brutalement et que le
malade est oligo-anurique.
• L’UIV n’est plus pratiquée aujourd’hui (risque de toxicité lié aux produits de contraste iodés).
Si nécessaire, une uro-IRM après injection de gadolinium peut permettre de visualiser les voies
excrétrices.
Chez le sujet jeune, les obstacles sont essentiellement d’origine lithiasique (lithiases
oxalocalciques radio-opaques). La migration calculeuse bilatérale simultanée est exceptionnelle.
L’IRA peut survenir en cas d’obstruction sur un rein unique.
• Chez le sujet âgé, les causes tumorales (compression urétérale par envahissement
métastatique rétropéritonéal) sont fréquentes et de mauvais pronostic
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LES INSUFFISANCES RÉNALES AIGUËS FONCTIONNELLES
A. Circonstances de survenue
• Les IRA fonctionnelles surviennent au cours des déshydratations extracellulaires importantes
avec :
– hypotension artérielle ;
– tachycardie ;
– pli cutané ;
– perte de poids ;
– hémoconcentration (augmentation de l’hématocrite et des protides sanguins).
• Les IRA fonctionnelles peuvent aussi compliquer les hypovolémies efficaces observés lors :
– de l’insuffisance cardiaque congestive ;
– des décompensations oedémato-ascitiques des cirrhoses ;
– du syndrome néphrotique.
Leur point commun est un bas débit sanguin rénal. L’IRA fonctionnelle est immédiatement
réversible quand le flux sanguin rénal est restauré. En revanche si l’ischémie rénale n’est pas
corrigée, des lésions de nécrose tubulaire peuvent s’installer, l’IRA devient alors organique.
• Au cours des déshydratations extracellulaires, l’IRA et l’oligoanurie sont favorisées par la prise
de bloqueurs du système rénine angiotensine (IEC, ARAII) seuls ou associés aux diurétiques
et/ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Cette association médicamenteuse chez le sujet
âgé ayant une néphro-angiosclérose peut induire un effondrement de la pression de filtration
glomérulaire et une IRA « hémodynamique ». La recherche de sténose de l’artère rénale doit être
systématique. La récupération de L’IRA est très rapide en 24 à 48 heures à l’arrêt des IEC/ARAII
et après réhydratation.
B. Les signes distinctifs entre IRA fonctionnelle (IRA F) et IRA organique par nécrose tubulaire
(NTA)
Ils sont indiqués dans le tableau 4.
Tableau 4 : Indices plasmatiques et urinaires permettant de distinguer IRA F et IRA organiques
(NTA)
Signes IRA F NTA
Urée plasmatique augmentée Augmentée
Créatininémie normale ou peu augmentée Augmentée
(< 300 μmol/L)
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Urée/Créatinine P (en > 100 < 50
mmol/L)
Na U < 20mmol/l (si pas >40mmol/l
deDiurétiques)
FE Na+ <1% > 1-2 %
FE urée(utile si diurétiques) < 35% >35-40%
Na+/K+ urinaire <1 >1
U/P urée > 10 < 10
U/P créatinine > 30 < 30
U/P osmoles >2 <2
FE Na+ : fraction d’excrétion du sodium = CNa/Ccr = UNa x PCr / PNa x UCr
• Piège : persistance de la natriurèse, au cours des IRA F (rapport Na+/K+ urinaire > 1), si la
cause de l’hypovolémie est due à une perte rénale de sodium (diurétiques, hypoaldostéronisme,
néphrite interstitielle…).
• L’IRA du syndrome hépato-rénal est rarement réversible, et souvent le patient décède des
conséquences de la cirrhose. On peut toutefois tenter une expansion volémique, éventuellement
par de l’albumine (si albuminémie < 20 g/L), associée à des diurétiques de l’anse.
• L’IRA fonctionnelle secondaire à l’insuffisance cardiaque peut être corrigée par le traitement
de l’insuffisance cardiaque.
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LES INSUFFISANCES RÉNALES AIGUËS ORGANIQUES :
B. Procédures diagnostiques
Les examens parfois utiles sont, outre l’échographie rénale, systématique au cours de toute IRA :
• L’artériographie, rarement indiquée au cours des IRA : elle est demandée :
– en cas de suspicion de thrombose ou d’embolie des artères rénales ;
– pour rechercher une nécrose corticale au cours des microangiopathies thrombotiques sévères
ou après choc septique et CIVD.
• La ponction biopsie rénale (PBR) a des indications précises au cours de l’IRA :
– elle est réalisée quand le tableau diffère de celui d’une nécrose tubulaire aiguë et que sont
évoquées une néphropathie glomérulaire, vasculaire ou interstitielle ;
– devant un tableau de NTA, la PBR doit aussi être faite précocément lorsque les circonstances
d’apparition ne sont pas évidentes, ou plus tardivement lorsque la fonction rénale ne s’améliore
pas 4 à 5 semaines après l’apparition de l’IRA.
• Dans tous les cas, la PBR expose au risque d’hémorragie, et les précautions habituelles doivent
être prises :
– bon contrôle de l’hypertension artérelle ;
– absence de trouble de l’hémostase ;
– repérage échographique des reins ;
– expérimentateur entraîné.
C. Causes des IRA parenchymateuses
Les principales causes d’IRA parenchymateuses sont listées dans le tableau 6.
Tableau 6. Principales causes d’IRA parenchymateuses
Nécroses tubulaires aiguës – Septique
• Ischémiques par choc – Hypovolémique
– Hémorragique
– Anaphylactique
• Toxicité tubulaire directe – Cardiogénique
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– Aminosides
– Produits de contraste iodés
– Anti-inflammatoires non stéroïdiens
– Cisplatine
– Amphotéricine B
– Céphalosporines (1ère génération)
– Ciclosporine A et tacrolimus
– Acyclovir, inhibiteurs des protéases
• Précipitation intratubulaire – Méthotrexate
– Sulfamides, crixivan
– Chaînes légères d’immunoglobulines
(myélome)
– Myoglobine (rhabdologie)
– Hémoglobine (hémolyse)
Néphrites interstitielles aiguës – Ascendantes (pyélonéphrites aiguës)
• Infectieuses – Hématogènes
– Leptospiroses, fièvres hémorragiques virales
• Immuno-allergiques – Sulfamides
– Ampicilline, méthicilline
– Anti-inflammatoires non stéroïdiens
– Fluoroquinolones
Néphropathies glomérulaires aiguës ou Glomérulonéphrite aiguë post infectieuse
rapidement – GNRP endo et extracapillaire (lupus,
progressives cryoglobulinémie, purpura rhumatoïde,
syndrome de Goodpasture)
– Glomérulonéphrite nécrosante (maladie de
Wegener, polyangéite microscopique)
Néphropathies vasculaires aiguës – Syndrome hémolytique et urémique
– Embolies de cristaux de cholésterol
– Thromboses et embolies des artères rénales
• Au cours des NTA toxiques, le profil urinaire est identique mais la diurèse est le plus souvent
conservée.
• Enfin, les NTA secondaires à une rhabdomyolyse aigue (traumatique ou non) ont des
particularités sémiologiques : hyperuricémie importante, hypocalcémie initiale, élévation des
CPK (> 10 x N le plus souvent).
• Les formes les plus sévères sont oligoanuriques, tandis que la majorité des NTA actuellement
est à diurèse conservée.
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• Après une phase d’IRA de 1 à 3 semaines, la fonction rénale récupère progressivement pour
revenir à l’état antérieur. La prévention est souvent possible et doit être appliquée.
• Elles doivent être reconnues précocément car ce sont des urgences thérapeutiques. Le bilan
immunologique et la PBR doivent être pratiqués rapidement.
– les embolies de cholesterol : l’IRA est associée à des signes cutanés avec nécrose distale
périunguéale et livedo. Elle survient chez un sujet athéromateux, après une artériographie ou
une manoeuvre endovasculaire, ou lors d’un traitement anticoagulant
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-Antibiothérapie dans NIA
-Immunosuppresseurs dans GNRP et certaines glomérulopathies
-plasmaphérèse et /ou traitement spécifique (éculizimap))dans le SHU atypique
a / TRAITEMENT DE L’HYPERKALIEMIE
• Complication grave potentiellement mortelle.
– surtout si anurie ;
– aggravée par le relargage du potassium intracellulaire dans la circulation (acidose
métabolique, rhabdomyolyse, hémolyse, syndrome de lyse tumoral) ou la prise de
certains médicaments (anti-aldostérone, IEC, ARA2, AINS,…).
• ECG : ondes T amples pointues et symétriques, et surtout troubles de conduction avec alors
risque d’arrêt cardio-circulatoire majeur.
• Traitement :
– arrêter les médicaments hyperkaliémiants et supprimer les apports potassiques ;
– traitements disponibles :
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c/. TRAITEMENT D'UNE SURCHARGE HYDROSODEE
Hyperhydratation extracellulaire :
• Surtout au cours des néphropathies glomérulaires et vasculaires aiguës.
• Compliqué d’HTA, parfois d’épanchements séreux (plèvres, péricarde), et surtout
d’oedème aigu pulmonaire.
• Traitement :
– Diurétiques de l’anse per os ou IV ;
– En l’absence de réponse, ou en cas d’OAP menaçant : épuration extrarénale.
Hyperhydradatation intracellulaire :
• Hyponatrémie de dilution par apport excessif d’eau alimentaire ou de soluté hypotonique.
• Souvent modérée et sans conséquence clinique : restriction hydrique.
3 / Traitement dialytique :
INDICATIONS DE LA DIALYSE
• En dehors des indications urgentes :
Hyperkaliémie menaçante,
Acidose sévère,
OAP asphyxique, état de choc.
• Prévention des complications d’une insuffisance rénale aiguë persistante : urée plasmatique >
30 mmol/L),
La dialyse est indiquée en cas de persistance de l’insuffisance rénale pour en prévenir les
complications.
L’objectif est une urée plasmatique inférieure à 30 mmol/L pendant toute la période d’IRA.
La première séance de dialyse doit être courte (2 heures) d’autant plus que le taux d’urée est
élevé (60 mmol/L ou plus).
Lectures à conseiller :
M.Darmon : Insuffisance rénale aiguë en réanimation, Mécanismes et diagnostic : Réanimation (2011) 20:S546-
S551
-C.Clec’h: prévention et prise en charge de l’insuffisance rénale aigue en réanimation EMC 36-920-
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