Comp. Relationnelles

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LES COMPÉTENCES RELATIONNELLES

La relation médecin-patient influence l’établisse- duit les principales compétences relationnelles


ment d’une alliance thérapeutique. Le chemin y contribuant à la mise en place d’une relation
menant peut cependant être complexe à l’occasion, médecin-patient harmonieuse. Les notions
car le médecin, en plus de considérer la abordées sont complémentaires aux autres capsules

MCCP et relation médecin-patient


problématique médicale présentée par le patient disponibles, nommément L’alliance thérapeutique,
avec ses dimensions émotionnelles et cognitives, Transfert et contre-transfert, La gestion des
doit aussi composer avec son propre vécu. Afin de émotions et Les modèles relationnels. Bonne route!
vous guider sur cette voie, la présente capsule intro-

LES CINQ COMPÉTENCES RELATIONNELLES DE BASE

AUTHENTICITÉ
RESPECT
RESPECT

ÉCOUTE EMPATHIE COMPASSION

LE RESPECT
La base d’une relation interpersonnelle est de s’ouvrir à la réalité de l’autre avec respect. « Dans toute
relation professionnelle, il est nécessaire d’accepter l’autre » [1]. Le respect, comme compétence
professionnelle, signifie valoriser l’autre, reconnaître sa valeur et sa dignité, accepter le patient tel qu’il est.
Le respect fait appel aux valeurs d’engagement, de compréhension et de non-jugement [2].
Concrètement : Le respect se traduit par des comportements tels : être attentif au confort du patient,
maintenir l’intimité et la confidentialité, donner la parole, reformuler et refléter, être chaleureux. Les
messages sous-jacents : « Vous êtes une personne importante pour moi. Vous êtes une personne unique, je
cherche à vous comprendre » ou « Je ne partage pas nécessairement vos façons de penser ou d’agir, mais je
respecte que ce sont les vôtres et donc, nous allons travailler à partir de cette base »

L’ÉCOUTE
Lors de l’entrevue, l’intervenant établit un climat favorisant la communication en démontrant qu’il reçoit et
qu’il a un intérêt pour l’information transmise par le patient. Pour ce faire, l’intervenant doit accompagner
mentalement et physiquement le patient pour l’aider à s’exprimer à travers son propre processus de
résolution de problème.
Concrètement : l’intervenant exprime son attention par des comportements verbaux et non verbaux : vous
établissez régulièrement un contact visuel avec le patient, vous l’incitez à développer sa pensée, vous
relevez un ou des indices non verbaux. Il est important de ne pas se laisser distraire, par exemple en évitant
de lire le dossier ou de consulter son palm de façon prolongée. Enfin, on doit prendre le temps de vraiment
écouter, plutôt que de répondre aussitôt ou d’interrompre le patient.

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Programme
d’enseignement formel
L’EMPATHIE
Processus complexe faisant appel à la compréhension des sentiments du patient, à notre capacité à nous mettre
à sa place, à adopter son cadre de référence et à lui transmettre cette compréhension [2]. On la différencie de
la sympathie qui désigne nos sentiments envers autrui. L’empathie est un outil puissant permettant de gérer
les émotions du patient et désarmer des situations potentiellement difficiles [3]. Selon les auteurs, l’empathie
englobe plusieurs dimensions. Le niveau affectif correspondant à l’aptitude à être touché par l’état de l’autre,
à partager les sentiments de l’autre. L’empathie fonctionnelle (ou cognitive) reflète la capacité de comprendre
les émotions de l’autre. Enfin, l’empathie comportementale, concerne la transmission à autrui de sa
compréhension des émotions que vit le patient.
MCCP et relation médecin-patient

Concrètement : affirmez votre compréhension du vécu de la personne : « Si je comprends bien, vous êtes
déçue… ». Utilisez les techniques d’écoute active en reflétant les propos du patients : « Vous me dites que
vous avez mal au dos constamment et que vous ne pouvez pas comprendre que la résonance n’ait rien trouvé
qui puisse expliquer vos douleurs… ». Adoptez une attitude non verbale confortable, orientée vers le patient
et assumez une distance flexible avec le patient.

LA COMPASSION
Cette capacité entraîne une réaction de solidarité émotionnelle ou active vis-à-vis le patient. Dans le
christianisme, on évoque la prédisposition à la perception et la reconnaissance de la douleur d'autrui pouvant
aller jusqu’à la pitié. Par contraste, en philosophie bouddhiste, la grande compassion (Mahakaruna) compte
parmi les facultés spirituelles d'amour nécessaires à l'Éveil de tous les êtres.
Concrètement : Mme, 44 ans, 3 jeunes enfants, séparée depuis deux ans, est en phase palliative avancée d’un
cancer du sein. Vous l’avez accompagnée au cours des derniers mois et vous avez eu quelques conversations
marquantes avec elle (écoute), de sorte que vous saisissez plusieurs des éléments-clés de son vécu (empathie).
Vous êtes très touché par sa situation et vous avez eu l’occasion de le lui dire (authenticité). Elle tient à rester
à la maison avec ses enfants jusqu’à la fin, si possible; vous tenez compte de ce souhait dans votre recherche
de solutions de soins (respect), tout en lui indiquant que vous ne pouvez lui en faire la promesse formelle, car
certaines complications sont peu compatibles avec le maintien à domicile (authenticité au regard des
ressources limitées). Heureusement, ses parents sont sur place depuis deux mois. Compte-tenu de son état, le
maintien à domicile exige beaucoup de l’équipe traitante; les limites de ce qu’on offre habituellement sont
atteintes. Cependant, d’un commun accord, l’équipe a décidé d’investir ce « quelque chose de plus » qui
permettra à cette famille de vivre à la maison les prochains temps (compassion).

L’AUTHENTICITÉ
Soyez-vous-même! L’intervenant authentique utilise ses propres sentiments et ses réactions dans la relation
médecin-patient [1]. Cette attitude nécessite une connaissance de soi élevée et permet une relation honnête et
ouverte entre médecin et patient. Plus qu’une façon d’être, l’authenticité est une véritable compétence
relationnelle. L’intervenant authentique choisit délibérément ce qu’il communique de son vécu… et ce qu’il
vaut mieux garder pour soi, en fonction de trois critères :
• Cela est-il aidant pour le patient?
• Cela permet-il de garder une saine distance?
• Cela construit-il la relation?
Concrètement : « Écoutez, ça m’inquiète vraiment de vous laisser partir ainsi … », « Vous, Dr, avez-vous des
enfants? Oui, oui, deux, un petit peu plus vieux que les vôtres. », « Vous, Dr, qu’est-ce que vous feriez à ma
place? Écoutez, je ne suis pas à votre place justement. Moi, je pense bien que j’essaierais ce traitement-là,
mais vos peurs, vos forces et votre contexte sont bien différents des miens… ».

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CONCLUSION
Il existe certaines situations pouvant nuire à la mise en place d’une relation médecin-patient. Par exemple, le
patient est aux prises avec une situation difficile (l’annonce d’une maladie, un décès), il ressent des émotions
déstabilisantes (déception, frustration, tristesse) qu’il peut nous transmettre de façon indirecte. Les
compétences relationnelles présentées ci-haut permettent à l’intervenant de désamorcer une crise, de renouer
un dialogue, d’amener le patient à explorer ses sentiments. Pour ce faire, l’intervenant doit jauger son effort et
apprécier la capacité du patient à désamorcer une situation difficile. L’authenticité et le respect permettent
d’établir un contact sain entre l’intervenant et le patient. L’écoute, l’empathie et la compassion garantissent le
maintient d’une alliance thérapeutique. Certaines personnes peuvent avoir dès le départ une habileté naturelle
avec une ou plusieurs des compétences relationnelles, mais ce n’est pas inné. Chacune de ces compétences

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peut s’apprendre et être raffinées au fil de l’expérience … et de la formation.

RÉFÉRENCES/RESSOURCES
1- RICHARD C, LUSSIER MT. « L’empathie : une technique de gestion des émotions durant la
consultation », MedActuel, Mars 2003, p38-41.
2-3-BEAUDRY M, TROTTIER G. Les habiletés d’intervention en service social individuel et familial –
Développement et évaluation, Laboratoire de recherche, École de service social, Faculté des sciences
sociales, Université Laval, 1994, 89 pages.

Rédacteur : Arnaud Bocquier, MD Rédaction : Juin 2007


Réviseure : Line Paré, t.s., M.Serv.Soc. Mise à jour : Janvier 2009

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