Equations Differentielles
Equations Differentielles
Equations Differentielles
Lorsque l’on modélise des phénomènes physiques, on obtient souvent des équations qui contiennent une
fonction y que l’on cherche à déterminer, ainsi que certaines de ses dérivées. Une telle équation s’appelle
une équation différentielle. Si l’équation contient la dérivée y (n) et pas de dérivée d’ordre supérieur,
on dit que l’équation différentielle est d’ordre n.
y ′ + gy = g 2 ,
Remarque. Pour alléger les notations, on écrira plutôt l’équation différentielle précédente sous la forme
y ′ + ex y = e2x ,
mais c’est un abus de notation, car y est une fonction qui dépend aussi de la variable x.
Résoudre cette équation différentielle sur un intervalle I ouvert non vide, c’est trouver toutes les fonctions
y définies (et dérivables) sur I telles que, pour tout x dans I
En général on ne donne pas a priori l’intervalle I et en cours de résolution peuvent apparaı̂tre des valeurs
de x qu’il faudra éliminer. Si par exemple on ne peut avoir x = 0, il faudra étudier les solutions sur les
deux intervalles ] 0, +∞ [ et ] −∞, 0 [ .
Sans autre condition, l’ensemble des solutions sur un intervalle I donné dépend d’un certain nombre de
constantes : si l’équation différentielle est d’ordre n il y a en général n constantes.
Mais dans la modélisation des phénomènes physiques, la fonction y est soumise à des conditions supplé-
mentaires (par exemple pour un phénomène dépendant du temps, la situation au début de l’expérience)
ces conditions sont appelées conditions initiales. Résoudre une équation différentielle avec conditions
initiales c’est trouver les solutions de l’équation différentielle vérifiant de plus les conditions initiales. Pour
une équation d’ordre n, il faut en général n conditions initiales pour avoir une solution unique.
Nous nous intéresserons dans ce cours à une classe particulière d’équations différentielles que l’on appelle
équations différentielles linéaires. Ce sont des équations de la forme
(Dans la pratique ces fonctions a0 , a1 , . . . , an , g sont construites à partir des fonctions usuelles et seront
dérivables et nous n’introduirons pas de discussion plus générale sur la nature de ces fonctions).
De telles équations possèdent un certain nombre de propriétés générales (qui s’interpréterons plus tard
dans le cadre des espaces vectoriels).
1
de second membre g.
A une telle équation on associe l’équation dite homogène ou sans second membre E(0)
Démonstration. Si l’on a
(n) (n−1)
a n y1 + an−1 y1 + · · · + a1 y1′ + a0 y1 = g1 ,
et
(n) (n−1)
a n y2 + an−1 y2 + · · · + a1 y2′ + a0 y2 = g2 ,
(k) (k)
alors en sommant, on obtient, puisque (y1 + y2 )(k) = y1 + y2 , la relation
Remarque. Dans les conditions ci-dessus, il en résulte aussi que si µ est un autre nombre réel, la fonction
λy1 + µy2 est alors solution de l’équation E(λg1 + µg2 ).
Si l’on applique ce principe avec g1 = g2 = 0 alors les solutions restent dans E(0), et l’on obtient alors :
Théorème. Si y1 et y2 sont deux solutions de l’équation E(0) définies sur le même intervalle I, et λ
un nombre réel, alors y1 + y2 et λy1 sont des solutions de l’équation E(0).
On en déduit également le théorème suivant qui relie les solutions des équations E(g) et E(0) :
Théorème. On obtient toutes les solutions de l’équation E(g) sur un intervalle I, en ajoutant à une
solution particulière de l’équation avec second membre E(g) une solution quelconque de l’équation
sans second membre E(0).
Nous allons nous occuper dans la suite de deux cas particuliers d’équations différentielles linéaires, pour
lesquels on a des méthodes simples permettant de résoudre les équations.
2
1) Equations de la forme y ′ = g
Ce sont les équations différentielles les plus simples. On sait tout d’abord que, sur un intervalle I,
l’équation sans second membre y ′ = 0 admet comme solutions les fonctions constantes y = k.
La fonction g étant donnée, (dérivable sur un intervalle I par exemple) une solution particulière de y ′ = g
est une primitive y0 de g. Et donc toutes les solutions de l’équations c’est-à-dire toutes les primitives de
g sur l’intervalle I, s’obtiennent en ajoutant une constante à une primitive y0 particulière.
Remarque. Il est important de remarquer ici que si l’on se place sur une réunion d’intervalles, plusieurs
constantes interviennent alors. Prenons par exemple l’équation y ′ = 1/x.
Sur l’intervalle ] −∞, 0 [ , les solutions sont les fonctions
y : x 7→ ln(−x) + k1 ,
y : x 7→ ln x + k2 ,
On voit qu’à partir de la solution particulière y0 : x 7→ ln |x| on obtient sur R∗ une famille de solutions
dépendant de deux constantes. Cette remarque est encore valable pour une équation différentielle quel-
conque, et il ne faut pas oublier ce phénomène lorsque l’on écrit que les primitives de x 7→ 1/x sont les
fonctions x 7→ ln |x| + k.
2) Equations de la forme y ′ + by = 0
La fonction b est définie sur un intervalle I. Nous cherchons les solutions de l’équation dans I. Nous
donnons deux méthodes ici : la première est la méthode pratique couramment utilisée, mais qui introduit
des divisions par des quantités qui pourraient s’annuler. Nous ferons le calcul sans être rigoureux. La
seconde méthode justifiera correctement le résultat obtenu dans la première.
Remarque. Dans les calculs suivants on a préféré mettre la variable x partout pour bien différencier les
fonctions des constantes.
y ′ (x)
Méthode 1 On écrit l’équation = −b(x). En intégrant chaque membre on obtient
y(x)
ln |y(x)| = −B(x) + k ,
On en déduit
|y(x)| = e−B(x)+k = ek e−B(x) .
3
La constante ek est positive. En supprimant la valeur absolue du premier membre, on autorise le second
membre à être négatif. On en déduit que
y(x) = Ke−B(x) ,
Exemple 1. y ′ + x2 y = 0
On obtient successivement
y ′ (x)
= −x2
y(x)
puis
x3
ln |y(x)| = − +k
3
d’où 3
|y(x)| = ek e−x /3
et finalement 3
/3
y(x) = Ke−x .
Méthode 2 Multiplions l’équation par la fonction eB où B est une primitive de b. On obtient
Remarque. Lorsque la fonction b est une constante, alors les solutions de l’équation sont définies par
y(x) = Ke−bx .
3) Equations de la forme ay ′ + by = g
On se place sur un intervalle I où les fonctions a, b et g sont définies et où a ne s’annule pas. L’équation
sans second membre se ramène au cas précédent
b(x)
y ′ (x) + y(x) = 0 .
a(x)
et l’on sait donc résoudre cette équation. Les solutions sont définies par y(x) = Ku(x), où u est une
fonction que l’on sait calculer, (la fonction u vaut e−B où B est une primitive de b/a), et K une constante.
4
1 On connaı̂t une solution particulière y0 de l’équation avec second membre, soit parce qu’il existe une
solution “évidente”, soit parce qu’elle a été déterminée par un autre moyen. Alors les autres solutions
sont données par y = y0 + Ku, où K est une constante quelconque.
y(x) = K(x)u(x) .
(On voit que dans les solutions y = Ku de l’équation homogène, on suppose maintenant que la constante
K est une fonctions K ce qui donne le nom de la méthode).
En dérivant
y ′ (x) = K ′ (x)u(x) + K(x)u′ (x) ,
puis en remplaçant dans l’équation a(x)y ′ (x) + b(x)y(x) = g(x) on obtient
soit
a(x)u(x)K ′ (x) + K(x)[a(x)u′ (x) + b(x)u(x)] = g(x) .
Mais le coefficient de K(x) est nul, donc
On constate que dans ce calcul les termes contenant K(x) disparaissent nécessairement. On obtient
alors
g(x)
K ′ (x) = ,
a(x)u(x)
et il reste à calculer une primitive du membre de droite pour obtenir le résultat.
3
Exemple 3. y ′ + x2 y = 3e−x /3
.
3
/3
Une solution non nulle de son équation homogène associée est la fonction u défine par u(x) = e−x .
Donc on cherche une solution de la forme
3
/3
y(x) = K(x)e−x .
On dérive 3 3
/3
y ′ (x) = K ′ (x)e−x − K(x)x2 e−x /3
,
Alors 3 3 3 3
y ′ (x) + x2 y(x) = K ′ (x)e−x /3
− K(x)x2 e−x /3
+ x2 K(x)e−x /3
= K ′ (x)e−x /3
,
et l’équation devient
3 3
/3 /3
K ′ (x)e−x = 3e−x ,
5
soit K ′ (x) = 3 et donc K(x) = 3x + C, où C est une constante. Finalement les solutions de l’équation
sur I = R sont données par
3
y(x) = (3x + C)e−x /3 .
1) Equation homogène
y = K 1 U1 + K 2 U2 ,
(Dire que les solutions ne sont pas proportionnelles signifie qu’elles ne sont pas nulles et que le quotient
U1 /U2 n’est pas constant).
A une telle équation homogène on associe un polynôme, appelé polynôme caractéristique de l’équation,
défini par
P (X) = aX 2 + bX + c ,
c’est un trinôme du second degré qui a pour discriminant le nombre ∆ = b2 − 4ac. Le tableau suivant
donne un choix de fonctions U1 et U2 à connaı̂tre. Les fonctions dépendent des racines du trinôme :
(Il est facile de voir que ces fonctions sont bien des solutions).
puisque
eα1 x = e(ρ+iσ)x = eρx eσx = eρx (cos(σx) + i sin(σx)) .
Donc, si l’on pose C1 = (K1 − iK2 )/2, les solutions s’écrivent
6
ce que l’on peut encore écrire
y(x) = C1 eα1 x + C1 eα2 x ,
où C1 est une constante complexe quelconque. Cette expression a l’avantage d’avoir la même forme que
dans le cas ∆ > 0 (avec des fonctions et des constantes complexes cependant).
On peut aussi dans ce cas adopter pour les solutions une notation utile en physique. En partant de
l’expression
y(x) = K1 cos(σx)eρx + K2 sin(σx)eρx .
p
et en notant A = K12 + K22 , on peut mettre Aeρx en facteur, cela donne
!
ρx K1 K2
y(x) = Ae p cos(σx) + p 2 sin(σx) .
K12 + K22 K1 + K22
où
y(x) = A sin(ωx + ϕ) .
′′ ′
Exemple 4. y + 2y − 3y = 0 a pour solutions sur R les fonctions définies par
y(x) = K1 ex + K2 e−3x ,
Comme dans le cas des équations différentielle linéaire du premier ordre, on pourra obtenir toutes
les solutions de l’équation avec second membre si l’on en connaı̂t une solution particulière. Or il est
possible de déterminer une telle solution par identification lorsque le second membre est de la forme
g(x) = eβx Q(x), où Q est un polynôme de degré q. Il existe en effet une solution y0 de la même forme
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c’est-à-dire y0 (x) = eβx R(x) où R est un polynôme. On peut préciser d’avantage :
si β est racine de multiplicité k du polynôme caractéristique P , alors R(x) = xk S(x), où S est de degré
q, c’est-à-dire , en détaillant les différents cas
Exemple 7. y ′′ + 2y ′ − 3y = 5xe2x .
β = 2 n’est pas racine du polynôme caractéristique. Il existe une solution particulière y définie par
y(x) = e2x (λx + µ)e2x . On calcule les dérivées de cette fonction, on remplace dans l’équation et on
identifie :
y ′ (x) = e2x (2λx + 2µ + λ) et y ′′ (x) = e2x (4λx + 4µ + 4λ) .
On en déduit :
y ′′ (x) + 2y ′ (x) − 3y(x) = e2x (5λx + 5µ + 6λ) = 5xe2x .
L’identification donne le système
5λ = 5
5µ + 6λ = 0
ce qui donne λ = 1 et µ = −6/5, d’où la solution particulière définie par
2x 6
y(x) = e x− ,
5
et les solutions définies sur R par
6
y(x) = K1 ex + K2 e−3x + e2x x − .
5
Exemple 8. y ′′ + 2y ′ − 3y = 8xex .
β = 1 est racine simple du polynôme caractéristique. Il existe une solution particulière de la forme
y(x) = (λx2 +µx)ex . On calcule les dérivées de cette fonction, on remplace dans l’équation et on identifie :
y ′ (x) = ex (λx2 + (2λ + µ)x + µ) et y ′′ (x) = ex (λx2 + (4λ + µ)x + 2λ + 2µ) .
On en déduit :
y ′′ (x) + 2y ′ (x) − 3y(x) = ex (8λx + 4µ + 2λ) = 8xex .
L’identification donne le système
8λ = 8
4µ + 2λ = 0
ce qui donne λ = 1 et µ = −1/2, d’où la solution particulière définie par
x
y(x) = ex x2 − ,
2
et les solutions définies sur R par
x
y(x) = K1 ex + K2 e−3x + ex x2 − .
2
Remarque. Ce qui précède est encore vrai si β est une racine complexe. Cela permet par exemple de
traiter les seconds membres de la forme g(x) = Q(x)eξx cos(ζx) , ou g(x) = Q(x)eξx sin(ζx) qui sont
respectivement les parties réelle et imaginaire de Q(x)eβx avec β = ξ + iζ.
8
1 soit chercher tout d’abord une solution avec second membre complexe Q(x)eβx , puis prendre la partie
réelle ou imaginaire de cette solution.
2 soit remarquer que cette partie réelle ou imaginaire est de la forme eξx (R1 (x) cos(ζx) + R2 (x) sin(ζx))
où R1 et R2 sont des polynômes dont les degrés sont q, q + 1 ou q + 2 selon que β n’est pas racine de
P ou est racine simple ou double.
Exemple 9. y ′′ + 2y ′ − 3y = cos x.
cos x est la partie réelle de eix et β = i n’est pas racine du polynôme caractéristique. On résoud tout
d’abord avec le second membre eix . On cherche une solution de la forme y(x) = λeix . On a donc
d’où
y ′′ (x) + 2y ′ (x) − 3y(x) = eix (−4 + 2i)λ = eix .
On en déduit
1 −4 − 2i
λ= = .
−4 + 2i 20
Une solution particulière de l’équation avec second membre cos x est alors obtenue en prenant la partie
réelle de celle avec second membre eix , donc
−4 − 2i ix 1 1
y(x) = ℜ e = − cos x + sin x .
20 5 10
Si l’on ne veut pas utiliser les nombres complexes on peut chercher directement une solution de la forme
y(x) = λ cos x + µ sin x. On a alors
Lorsque le second membre est une somme de termes de la forme eβx Q(x) on pourra utiliser le principe
de superposition des solutions.
On obtient une solution particulière de l’équation en additionnant les solutions particulières obtenues
dans les exemples 7 et 8. D’où les solutions sur R,
6 x
y(x) = K1 ex + K2 e−3x + e2x x − + ex x2 − .
5 2
3) Méthode de variation des constantes.
aU1′′ (x) + bU1′ (x) + cU1 (x) = 0 et aU2′′ (x) + bU2′ (x) + cU2 (x) = 0 ,
9
où K1 et K2 sont des constantes. On cherche une solution de l’équation avec second membre de la forme
(On a donc remplacé les constantes K1 et K2 figurant dans les solutions de l’équation homogène par des
fonctions). En dérivant on obtient
y ′ (x) = K1 (x)U1′ (x) + K1′ (x)U1 (x) + K2 (x)U2′ (x) + K2′ (x)U2 (x) .
On impose ici une première relation qui fait disparaı̂tre dans y ′ (x) les dérivées K1′ (x) et K2′ (x) :
y ′′ (x) = K1 (x)U1′′ (x) + K1′ (x)U1′ (x) + K2 (x)U2′′ (x) + K2′ (x)U2′ (x) .
On en déduit
ay ′′ (x) + by ′ (x) + cy(x) = a(K1 (x)U1′′ (x) + K1′ (x)U1′ (x) + K2 (x)U2′′ (x) + K2′ (x)U2′ (x))
+b(K1 (x)U1′ (x) + K2 (x)U2′ (x)) + c(K1 (x)U1 (x) + K2 (x)U2 (x))
= K1 (x)U1′ (x) + K2′ (x)U2′ (x)
′
+K1 (aU1′′ (x) + bU1′ (x) + cU1 (x)) + K2 (aU2′′ (x) + bU2′ (x) + cU2 (x)) .
ay ′′ (x) + by ′ (x) + cy(x) = K1′ (x)U1′ (x) + K2′ (x)U2′ (x) = g(x) ,
Il ne reste plus qu’à résoudre ce système pour obtenir K1′ et K2′ et à chercher des primitives pour obtenir
K1 et K2 .
e2x
Exemple 11. y ′′ − y = .
ex + 1
Le polynôme caractéristique X 2 − 1 a pour racines 1 et −1. On cherche des solutions définies par
10
Pour K2′ , on transforme l’expression en remarquant que
e2x e2x − 1 1 1
= x + x = ex − 1 + x ,
ex +1 e +1 e +1 e +1
donc
ex
1
K2′ (x) =− e2x − ex + ,
2 ex + 1
d’où
e2x
1
K2 (x) = − − ex + ln(ex + 1) + C2 .
2 2
Finalement, on obtient les solutions de l’équation dans R :
ex
1
y(x) = (ex − e−x ) ln(ex + 1) − + 1 + C1 ex + C2 e−x .
2 2
11