Effet Meissner E3A 2019

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Concours e3a MP Calculatrice autorisée

Effet Meissner dans un supraconducteur

Une onde électrique est soumise à de nombreux phénomènes dissipatifs lorsqu’elle trans-
porte de l’énergie, ce qui engendre des pertes entre la centrale électrique et le lieu d’utilisa-
tion. De nombreux dispositifs sont mis en place pour limiter ces pertes mais elles existent
toujours.
En 1911, Heike Kamerlingh Onnes, physicien néerlandais, et son équipe ont montré que
la résistance électrique du mercure devient rigoureusement nulle en-dessous d’une certaine
température, appelée température critique TC . On parle alors de supraconducteur. Ces
travaux lui valurent le prix Nobel de physique en 1913.
Ces derniers ont une température critique qui varie en fonction leurs propriétés. On
donne dans la figure 1 quelques valeurs de températures critiques de certains matériaux
supraconducteurs.

Al Hg Pb LaFeAs YBa2 Cu3 O6


TC (K) 1 4,2 7,2 55 92

Fig. 1 – Températures critiques de quelques supraconducteurs.

Lorsqu’un matériau supraconducteur est soumis à un champ magnétique uniforme, le


supraconducteur expulse les lignes de champ magnétique. On parle d’effet Meissner.

A / Comparaison avec l’électromagnétisme classique


On se propose de réaliser une expérience mettant en évidence ce phénomène (figure
2). On pose un aimant permanent sur un matériau supraconducteur. On fait alors baigner
le supraconducteur dans du diazote liquide pour abaisser sa température en-dessous de sa
température critique. Il devient alors supraconducteur et se met à rejeter les lignes de champ
magnétique de l’aimant : le champ magnétique à l’intérieur du supraconducteur devient nul
et l’aimant se met alors à léviter.

aimant permanent

supraconducteur diazote liquide

Fig. 2 – Mise en évidence expérimentale de l’effet Meissner réalisée par J. Bobroff (LPS).

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D’un point de vue microscopique, le supraconducteur crée des courants électriques qui
s’opposent complètement à ce champ magnétique.

A1. En l’absence de supraconduction et de basses températures, à quelle condition


peut-on observer un phénomène d’induction ?
A2. Au vu de l’expérience proposée, quelle est la différence fondamentale avec le
phénomène d’induction évoqué à la question A1.

L’effet Meissner ne peut pas être décrit en utilisant la théorie électromagnétique clas-
sique. Cependant, d’un point de vue purement électrique, le supraconducteur présente une
résistance électrique rigoureusement nulle et ressemble donc à un conducteur électrique
parfait.

Dans les questions A3 à A5, on s’intéresse à un conducteur électrique de conductivité γ




soumis un champ électrique E .

A3. Rappeler la loi d’Ohm locale.


A4. Qu’appelle-t-on conducteur parfait ? Que peut-on en déduire sur le champ élec-
trique en son sein ?
A5. À partir d’une des équations de Maxwell, en déduire que le champ magnétique


B à l’intérieur du conducteur parfait est forcément un champ stationnaire.

On se propose de modéliser le supraconducteur par une boucle de courant circulaire


de rayon R, parcourue par un courant d’intensité I. On veut estimer l’ordre de grandeur
de l’intensité I nécessaire pour faire léviter l’aimant d’une hauteur h, estimée d’après la
figure 2.
A6. Donner l’expression du moment magnétique − →
µ de la boucle de courant.



En présence d’un champ magnétique B , la boucle de courant va subir une force

→ −−→ − −

F = grad(→ µ · B)
L’aimant permanent possède un moment magnétique M1 = 10 A.m2 . On donne l’expression
−→ −−→
du champ magnétique créé par un moment magnétique M à une distance OM = r − →er de
son centre :

→− µ0  − → − −
→
B (→
r)= 3(M · →
e )−
→e − M
4πr 3
r r

A7. Exprimer l’ordre de grandeur du champ magnétique créé par l’aimant ressenti
au niveau du supraconducteur.
A8. Estimer par un raisonnement simple l’ordre de grandeur de l’intensité I néces-
saire pour observer la lévitation à une hauteur h de l’aimant de la figure 2. On
prendra une masse de 40 g pour l’aimant permanent.

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B / Champ magnétique dans le supraconducteur
Pour expulser le champ magnétique, ce dernier doit être rigoureusement nul dans le
supraconducteur contrairement à un conducteur parfait où on a seulement un champ sta-
tionnaire, a priori non nul d’après A5.

Pour expliquer cette différence, les frères London (1935) ont postulé que les électrons
dans un supraconducteur ne suivent pas les mêmes lois que ceux du conducteur parfait. Ils
montrèrent que la densité volumique de courant −→ dans le supraconducteur s’écrit

−→ − 1 − →
rot →
 =− 2
B
µ0 λ


avec
 B le champ magnétique dans le supraconducteur, λ une constante telle que λ =
m/(µ0 ne2 ) où m est la masse de l’électron, n la densité d’électrons supraconducteurs, e
la charge de l’électron et µ0 la perméabilité magnétique du vide.

B1. Montrer que λ est homogène à une longueur.


B2. Déterminer la valeur numérique de λ pour n = 1029 m−3 .

Dans toute la suite de cette partie, on se place en régime permanent stationnaire.




B3. Montrer que l’équation différentielle vérifiée par le champ magnétique B dans
le supraconducteur s’écrit alors


→−→ 1 −

∆B = 2 B
λ

On s’intéresse maintenant à un supraconducteur d’épaisseur 2d selon la direction (Ox)


et infini selon (Oy) et (Oz). On choisit l’origine du repère orthonormé direct (Oxyz) au
milieu de plaque. La plaque supérieure (respectivement inférieure) se situe en x = d (respec-
tivement x = −d). Cette plaque est plongée dans un champ magnétique qui, en l’absence


de plaque, est statique et uniforme tel que B ext = Bext −→ez . On supposera que le champ
magnétique est continu au niveau de chaque interface x = ±d. Le système est représenté
ci-dessous (figure 3).

x


B ext

x=d

O
y z

x = −d


B ext

Fig. 3 – Schéma du supraconducteur dans le champ magnétique.

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B4. Montrer que le champ magnétique dans le supraconducteur est de la forme


B = B(x) −

ez .
B5. Pour une équation différentielle du type f ′′ − f = 0, les solutions générales
peuvent se mettre sous la forme f (ξ) = Ach(ξ) + C sh(ξ) où ch et sh sont
respectivement les cosinus et sinus hyperbolique rappelés en annexe. Résoudre
l’équation différentielle de la question B3 et établir que

ch(α)
B(x) = Bext
ch(β)
avec α et β des expressions à déterminer en fonction de x, d et λ.
B6. Citer un autre phénomène électromagnétique décrit par une équation formelle-
ment équivalente. En déduire la signification physique de λ.
B7. Tracer l’allure de B(x) pour d = λ et d = 50λ. En déduire à quelle condition
sur d le champ magnétique moyen peut être considéré comme nul à l’intérieur
du supraconducteur (effet Meissner).
B8. À partir de l’expérience de la partie A (figure 2) et de la question B7, vérifier si
la condition précédente est bien vérifiée.
B9. Calculer l’expression littérale de la densité de courant volumique −

 = j(x) −

ey .
B10. Tracer j(x) pour d = λ et d = 50λ. Pour d = 50λ, comment peut-on qualifier la
densité de courant dans le supraconducteur ?
B11. Estimer l’intensité du courant dans le supraconducteur pour un champ magné-
tique extérieur de 5 × 10−3 T. Comparer cette valeur à celle de la question A.8.
Conclure.

DONNÉES
• Masse d’un électron : m = 9,1 × 10−31 kg ;
• Charge élémentaire : e = 1,6 × 10−19 C ;
• Perméabilité magnétique du vide : µ0 = 4π × 10−7 H.m−1 ;
• Constante de Planck : h = 6,6 × 10−34 J.s ;
• Rotationnel en coordonées cartésiennes :

−→−→ ∂fz ∂fy ∂fx ∂fz ∂fy ∂fx −


     
rot f = − −

ex + − −

ey + − →
ez
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y
ex + e−x
• Cosinus hyperbolique : ch(x) = .
2
e −e
x −x
• Sinus hyperbolique : sh(x) = .
2
Élément cuivre :
8/8

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