Rationalisme - 1ère Partie
Rationalisme - 1ère Partie
Rationalisme - 1ère Partie
On peut définir négativement le rationalisme comme opposé à la révélation. Soit que l’on
voit dans la révélation la base de toute connaissance humaine, soit que l’on construise à partir
du donné révélé un système de pensée ; soit que l’on perçoive la raison humaine comme
incapable d’explorer la foi. Le rationalisme peut alors signifier que les vérités de la foi sont
analysables et qu’on peut en avoir une connaissance parfaitement claire.
D’une manière générale le rationalisme est identifié comme un courant opposé à l’empirisme.
On affirme que la raison a le pouvoir de comprendre, de connaître. Le rationalisme considère
le domaine de la connaissance intellectuelle comme le seul valable. L’empirisme se base sur
la connaissance sensible. On établit par là une sorte de coupure entre la connaissance
intellectuelle et la connaissance sensible.
S’il nous faut définir le rationalisme, nous dirons que c’est un courant de pensée qui a
tendance à présenter la connaissance intellectuelle comme un système, un tout organique où la
méthode de raisonnement (de style mathématique) est utilisée pour toutes les considérations.
Cette connaissance intellectuelle ne tire pas son objet de l’expérience sensible mais de
l’intérieur même de la raison qui alors enracine ces considérations dans les idées innées ou
quelque chose d’équivalent. Les principaux représentants de ce courant sont : Descartes,
Spinoza, Leibniz…
Il est né en 1596 à la Haye en Touraine d’une famille de petite noblesse. De 1604 à 1612, il
fréquente le Collège des jésuites à la Flèche. Durant les trois dernières années, il entend
commenter les traités d’Aristote mais il y manifeste très peu d’enthousiasme à cause de son
goût naissant pour les maths. En 1616, il obtint le baccalauréat et la licence en Droit à
Poitiers. En 1619, dans la nuit du 10 au 11 Novembre Descartes fit trois songes dont le sens
symbolique lui a révélé son intuition fondamentale de sa méthode et de sa mission
philosophique. Il voyage ensuite en Italie entre 1623 et 1625 et entreprend un pèlerinage à
Notre Dame Lorette. De 1626 à 1628, il séjourne à Paris où il reçoit les encouragements du
cardinal de Berulle. Il entame un long séjour en Hollande durant lequel il compose ses œuvres
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principales. Invité en Suède en Septembre 1649, par la Reine Christine, il y meurt le 11
février 1650
Ses œuvres : Les règles pour la direction de l’esprit (1629), Le Discours de la méthode
(1637), Les principes de la philosophie, (1641) ; Le traité de passions (1649).
1. La méthode
La mathesis universalis est la méthode elle-même en tant qu’elle peut s’appliquer à tout objet
en général indépendamment de toute matière particulière. Elle est ce qui fait la mathématicité
des mathématiques mais elle n’est pas liée aux nombres et aux figures et peut en droit
s’étendre à l’infini. En ce sens, la méthode « ce sont des règles certaines et faciles, par
l’observation exacte desquelles on sera sûr de ne jamais prendre une erreur pour une vérité et,
sans dépenser inutilement les forces de l’esprit mais en croissant son savoir par un progrès
continu de parvenir à la connaissance vraie de tout ce dont on sera capable. » Règle n°4. La
méthode renvoie à une direction qu’on se donne, un chemin qu’on balise et que l’on suit de
manière régulière dans les opérations de l’esprit ; manière de conduire l’esprit dans cette
opération en respectant les préceptes.
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Premier précepte : l’évidence : ne recevoir comme vrai que les idées claires et distinctes en
évitant les stéréotypes, l’adhésion sans réflexion à ce qu’on entend ; n’admettre comme
vérité que les idées dont il n’est pas permis de douter. Ce qui rend la signification d’une
proposition ou d’une vérité indubitable
Deuxième précepte : l’analyse : elle consiste à diviser toute difficulté en autant d’éléments
simples qu’on pourra. Décomposition d’un tout en ses différents éléments et méthode
discursive, c’est-à-dire basée sur une série d’opérations.
Troisième précepte : La synthèse : Suivre un ordre linéaire qui consiste à aller du connu vers
l’inconnu, du simple au composé.
2. La métaphysique
Le terme métaphysique est à l’origine une désignation. C’est le nom donné au premier siècle
avant J.-C. par Andronicos de Rhodes aux livres d’Aristote placé après le traité de la
physique. Au Moyen-âge, la métaphysique désigne le contenu même des livres
qu’Andronicos a nommé métaphysique. Celle-ci renvoie à ce qu’Aristote appelait
philosophie première, science des premiers principes et des premières causes et qui a pour
objet le divin. Progressivement l’équivalence fut établie entre métaphysique et philosophie
première. C’est du moins le sens qu’on retrouve chez Descartes. Les méditations cartésiennes
sont métaphysiques en ce sens qu’elles se rapportent à la philosophie première. Il s’agit de
fonder le savoir et donc de remonter au fondement absolu sur lequel pourra se construire la
philosophie seconde c’est-à-dire les sciences. La métaphysique chez Descartes a pour objet de
poser les fondements du savoir. Et Descartes reprend la comparaison ancienne de la science
comme arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique et les branches qui
portent les fruits sont la mécanique, la médecine et la morale. Pour obtenir une connaissance
absolument fondée, il faut s’engager dans l’entreprise du doute pour ébrancher toutes les
certitudes.
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une reforme personnelle. Descartes a fait l’expérience de l’insuffisance de l’éducation « il n’y
avait aucune doctrine dans le monde qui fut telle qu’on m’avait fait espérer auparavant ».
Le doute est volontaire, il est animé par une volonté de vérité et de science ;
le doute est méthodique, il est réglé et suit un ordre rationnel. Descartes commencera à douter
des choses les plus faciles pour s’élever de proche en proche vers le plus profond et le plus
difficile ;
le doute est radical et universel : radical parce qu’il s’attaque aux fondements eux-mêmes,
universel parce qu’il n’exclut aucun domaine ;
C’est par ce doute que tout savoir futur aura de base inébranlable et solide.
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Dieu
Les idées sont des images des choses, elles ne peuvent en elles-mêmes être fausses. Il en est
de même pour les volontés. Le jugement est le rapport des idées en moi aux choses hors de
moi. Le problème est de trouver dans quel cas ce rapport est légitime.
Descartes distingue trois sortes d’idées : les idées innées, les idées adventices et les idées
factices. Certaines idées sont trouvées en moi comme nées en moi ; ce sont les idées innées.
D’autres sont venues des sens et qu’on peut appeler adventices. D’autres enfin que je peux
moi-même fabriquer par composition et qu’on nomme factices. Exemple d’idées factices, les
Sirènes.
De toutes ces idées, les idées innées jouissent d’une évidence qui garantit leur vérité parce que
ne pouvant être produites que par le Créateur, Être parfait. Elles portent donc la garantie de la
véracité divine.
Les preuves de l’existence de Dieu. Première preuve : l’idée de perfection. L’idée d’un être
parfait ne peut avoir pour cause adéquate et proportion. Deuxième preuve : la causalité : Un
être qui serait « causa sui » réaliserait en soi toutes les perfections dont il possède l’idée. Donc
un être imparfait possédant l’idée de parfait ne peut être « causa sui » et dépendra de causes
dont l’une au moins devra réaliser l’idée de parfait, c’est-à-dire un être Dieu. Troisième
preuve : l’existence ; l’idée de parfait est comprise dans celle de l’existence parce que
l’existence est la première perfection dont l’être parfait existe.
La vérité divine :
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L’établissement d’un Dieu parfait est fondamental. Un Dieu parfait, c’est-à-dire Bon et tout
puissant ne peut être trompeur. Il doit être vérace et véridique. Il ne peut avoir créé
l’entendement humain qu’en lui accordant un contenu (les idées innées) et un mode de
fonctionnement (la déduction) valide. L’erreur est possible par la liberté humaine qui est
faillible. Je peux l’éviter par un usage correct de la raison.
Il n’y a donc aucun principe actif dans les corps. Et cette absence de tendance interne c’est
l’inertie.
Le principe d’inertie stipule que tout ce qui est ou existe demeure toujours en l’état qu’il est
tant qu’une cause extérieure ne le change pas (Principes de la Philosophie, I, art 36-42). C’est
donc dire que la métaphysique contient les fondements de la physique et elle la légitime : « Ce
que je prouve par la métaphysique : Car Dieu, qui est l’auteur de toutes choses, étant tout
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parfait et immuable, il me semble répugner qu’aucune chose simple qui existe, et par
conséquent dont Dieu est l’auteur, ait en soi le principe de sa destruction. » (Lettre à
Mersenne, 26 Avril 1643).
Quelle est alors la finalité de ce savoir métaphysiquement fondé ? Descartes reprend la liaison
établie par Francis Bacon entre savoir et pouvoir et confère à sa « philosophie mathématique
de la nature » un but pratique : la connaissance doit être active et doit permettre à l’homme de
maîtriser la nature. Notamment avec la physique, Descartes a compris « qu’il est possible de
parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de cette philosophie
spéculative qu’on enseigne dans les écoles on en retrouve une pratique par laquelle
connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les
autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers
de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils
sont propres, et ainsi nous rendre comme maître et possesseur de la nature. » (Discours de la
méthode, sixième partie, Paris, librairie Larousse, P. 97, 1972).
Etre « comme maître » introduit une restriction importante de la pensée de Descartes. Dieu
est le seul maître. En créant le monde, il a institué les lois de la nature ainsi qu’un roi établit
les lois en son royaume. Le pouvoir de l’homme sur la nature est indirect et délégué. Il tient à
ce que Dieu a imprimé dans notre pensée les lois de la nature et au fait que nous pouvons
tourner les choses à notre profit grâce à la connaissance que nous pouvons prendre de ces lois.
Ne pas confondre maitrise et domination. C’est en se pliant aux lois de la nature que nous
pouvons la faire servir en nos projets.
Conclusion : la métaphysique cartésienne est une métaphysique spéciale parce qu’elle porte
sur les trois régions de l’être qui sont : l’âme, Dieu et le monde.
3. La morale cartésienne
Pour Descartes, la morale se déduit de la métaphysique. Mais avant d’acquérir des certitudes,
on peut se contenter d’une morale imparfaite que l’on peut suivre « par provision » c’est-à-
dire en attendant que la science enfin fondée permette d’en trouver une meilleure.
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Premier principe : Il faut obéir aux lois du pays et se référer à la religion dans laquelle Dieu
m’a instruit.
Deuxième principe : Dans mes actions, il me faut être le plus ferme et le plus résolu possible
et cela même si je dois m’appuyer sur des opinions les plus discutées.
Deuxième maxime : l’homme doit avoir « une ferme et constante résolution d’exécuter tout ce
que sa raison lui conseillera sans que ses passions et ses appétits l’entourent et c’est la fermeté
de cette résolution que je crois devoir être prise pour la vertu » Descartes appelle vertu.
Troisième maxime : Il ne faut pas désirer l’impossible et ne pas se repentir de ses erreurs.
Descartes avait l’intention de tout reprendre par lui-même. Mais il n’a pas totalement évité
l’influence de la scolastique. Il a aussi été influencé par l’augustinisme, la Renaissance,
particulièrement la science expérimentale, la méthode mathématique comme forme de
raisonnement.,
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Troisième point : le point départ de la philosophie est celui de la connaissance. C’est par
l’intelligence que nous connaissons et il me faut d’abord savoir de quelle manière on peut
parvenir à la certitude.
Quatrième point : le doute ; il permet de parvenir à une première certitude. Ainsi, tout le
domaine de l’expérience sensible est mis de côté.
Cinquième point : l’esprit ; la seule réalité donnée à l’esprit, c’est la pensée ou les idées. Le
cogito amène Descartes à se percevoir comme une substance pensante, ce qui est la voie
tracée à l’idéalisme.
le dualisme : Descartes n’a jamais pu démontrer l’unité de l’être humain. Au fond, l’être
humain a deux substances, l’une spirituelle et l’autre matérielle.
Troisième difficulté : son influence sur l’idéalisme et l’empirisme. Descartes n’est jamais allé
au bout de ses conclusions. Il a cependant pavé la voie à l’idéalisme et son côté réaliste fait
qu’il a sous certains aspects influencés l’empirisme, lequel empirisme a rejeté les idées
innées, tout en gardant les idées confuses.