Médecine Du Travail Et de L'environnement 2023-2024
Médecine Du Travail Et de L'environnement 2023-2024
Médecine Du Travail Et de L'environnement 2023-2024
DCEM3
MÉDECINE
DU TRAVAIL ET DE
L’ENVIRONNEMENT
ENSEIGNANTS HU :
Pr R. Gharbi, Pr A. Ben Jemâa, Pr H. Nouaïgui, Pr L. Ben Lellahom, Pr F. Ben Salah, Pr Ag N. Ladhari,
Dr A. Mezni Benzarti, Dr A. Amri, Dr H. Kammoun, Dr A. Bel Hadj, Dr I. Magroun Ben Salah.
ENSEIGNANTS SCIENTIFIQUES :
Ali Ben Amor : Maître Assistant en Toxicologie Industrielle
Abada Mhamdi : Maître Assistant en Ergonomie
La nature du travail ou les conditions dans lesquelles ce travail est exercé se caractérisent par la multiplicité et la diversité
des facteurs de risque pour la santé. Ils peuvent être de nature physique (bruit, vibrations, radiations ionisantes, UV, etc.),
chimique (caractère toxique de substances et produits) ou biologique (micro-organismes pathogènes), mais aussi organi-
sationnelle et psychosociale.
L’exposition des travailleurs est souvent caractérisée par la combinaison et l’interaction de plusieurs de ces facteurs de
risque.
Le risque sanitaire individuel associé aux agresseurs présents en milieu de travail dépend directement de la nature des
tâches, des technologies mises en œuvre, des conditions dans lesquelles ce travail est exercé et de l’ensemble des dispo-
sitions prises dans l’entreprise pour limiter les expositions au poste de travail (prévention collective ou protection indivi-
duelle).
Les conditions de travail se situent donc à la frontière entre le travail et la santé. Elles peuvent devenir des conditions
pathogènes responsables directement ou favorisant la survenue d’accidents, de maladies ou d’usure prématurée de l’orga-
nisme ; cette éventualité correspond au risque professionnel.
La pauvreté, l’injustice sociale, l’exclusion dont souffrent les travailleurs, désormais dans l’incapacité de travailler, sont la
résultante de l’indécence des conditions de travail, et du manque de respect des règles sécuritaires. Les conséquences
lourdement négatives sont supportées par les travailleurs, par leurs familles, par la société, mais aussi par les entreprises,
taxées de « non responsables socialement.
Il est aisé de distinguer les caractères du risque professionnel selon les aspects pathologiques de ses effets nocifs. Il peut
s’agir d’accident du travail (AT), de maladie professionnelle (MP) ou d’usure prématurée de l’organisme :
L’exposition aux risques liés au travail concerne bien évidemment la population active occupée qui est estimée en Tunisie à
3 millions de personnes. Elle se répartit approximativement comme suit : 49 % dans les services ; 19 % dans les industries
manufacturières ; 16 % dans l’agriculture et la pêche ; 13 % dans le bâtiment et travaux publics ; 1 % dans les mines et éner-
gie. Pour 2 %, le secteur d’exercice n’est pas connu.
Actuellement, on estime qu’en Tunisie le travail est annuellement la cause d’environ 40 000 accidents de travail dont envi-
ron 200 sont mortels d’une part et de centaines de cas nouveaux de maladie professionnelle d’autre part.
Dès sa création, l’objectif primordial de la médecine du travail a consisté en l’étude des relations entre la santé et le travail
dans l’optique de prévenir les altérations de la santé du fait des conditions de travail ce qui aurait dû aboutir, pour le mé-
decin, à la prise en compte de deux niveaux d’actions concertées : le travailleur et le travail. Il s’agit donc d’analyser l’état
de santé du travailleur et d’étudier les conditions de travail ce qui représente le préalable indispensable à la formulation de
tout avis sur l’aptitude médicale c’est-à-dire la compatibilité des conditions de travail avec la santé.
Il va que sans une véritable connaissance des conditions de travail et donc sans une réelle évaluation des risques du poste
de travail et des conditions du travail, que peuvent valoir les avis d’aptitude médicale et quelle garantie offrent elles au
travailleur ?
D’un autre côté, le médecin du travail doit obligatoirement relayer la pratique clinique par des actions de prévention en
milieu du travail : éducation sanitaire aux postes de travail, adaptation de l’organisation et des conditions de travail, etc.
C’est pour répondre à cette préoccupation qu’est né le nouveau concept « Santé au Travail » dont le challenge est que dans
le cadre d’une pratique médicale globale, se développe une véritable pratique de prévention primaire et dont les objectifs
ont été définis de manière précise et concise par le Comité mixte OIT - OMS, lors de sa XIIe session à Genève en 1995 :
1. Promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien-être physique, mental et social des travailleurs dans toutes les pro-
fessions ;
2. Prévenir tout dommage causé à la santé des travailleurs par les conditions de leur travail
3. Les protéger dans leur emploi contre les risques résultant de la présence d’agents préjudiciables à leur santé ;
4. Placer et maintenir le travailleur dans un emploi convenant à ses aptitudes physiologiques et psychologiques
Le but spécifique de la Santé au Travail est donc de donner un statut physiologique au travail en rendant le travail le moins
dangereux et le moins pénible possible pour l’homme. Sa spécificité première est donc d’adapter le travail à l’homme. Elle
contribue ainsi à l’humanisation des conditions du travail et atteint de ce fait une responsabilité sur le plan socio-écono-
mique en permettant à l’industrialisation de se développer non seulement sans que les travailleurs n’en subissent aucun
préjudice, mais en faisant en sorte que le travail puisse être un moyen d’accomplissement de la nature humaine.
Il reste alors à enrichir les compétences à la disposition des entreprises, grâce à la présence, au sein des équipes interdisci-
plinaires, d’ingénieurs, d’ergonomes, de toxicologues, de psychologues et, d’une façon générale, de tous les professionnels
susceptibles de promouvoir la santé au travail des salariés.
EN TUNISIE :
La médecine du travail a été instituée en Tunisie sur plusieurs périodes. C’est d’abord le décret du 25 octobre de 1956 qui
imposa la création de services médicaux du travail et puis c’est l’avènement du Code du travail en 1966 qui a donné l’ossa-
ture de l’organisation de la prévention des risques professionnels en Tunisie.
Ainsi le système de prévention des risques professionnels s’érige aujourd’hui selon une structure pyramidale avec à la base
des structures de prévention intraentreprises et avec au sommet le Conseil national de prévention des risques profes-
sionnels. Dans le corps de la pyramide, nous retrouvons toutes les institutions d’assistance et de contrôle ainsi que celles
chargées de la formation.
L’extension de la couverture de la médecine du travail à toutes les entreprises, quels que soient le secteur d’activité et
le nombre de salariés. D’une part et la responsabilisation explicite de l’employeur et du travailleur d’autre part sont les 2
préalables incontournables à ce système de prévention des risques professionnels.
La prévention des risques professionnels correspond à une obligation éthique et légale, car comme l’a bien souligné l’orga-
nisation internationale du travail (OIT) l, l’accident et la maladie ne font pas partie du travail. C’est ainsi que tout doit être
mis en œuvre pour prévenir leur survenue. L’identification préalable des facteurs de risque aidera à mieux les cibler et les
maîtriser lors de toute action de prévention.
L’approche tentera alors d’intervenir très amont et sera multi-axiale (légale, technique, ergonomique, psychotechnique,
psychologique et médicale) impliquant idéalement une équipe pluridisciplinaire soutenue par le comité de santé et de
sécurité de l’entreprise. Cette action de prévention au sein de l’entreprise sera soutenue par des organismes nationaux
d’assistance aussi bien technique, médicale que financière.
Il s’agit d’une convergence d’efforts qui fera que la santé du travailleur et sa sécurité au travail soient des priorités irrévo-
cables.
La stratégie adoptée doit en fait consister à instaurer une culture préventive, pour que « la sécurité professionnelle de-
vienne un réflexe et non un fardeau ».
La prévention quand elle est adoptée doit s’intéresser à tous les facteurs pouvant être mis en cause dans la genèse d’un
accident de travail ou d’une maladie professionnelle.
Un facteur humain, dépendant :
- des caractéristiques individuelles physiques et psychologiques
- de la qualification psychotechnique, etc.…
- du niveau de formation technique
- du niveau de l’observance des consignes de sécurité et du port de la protection individuelle.
Un facteur matériel, dépendant :
- des normes de sécurité au niveau de l’appareillage
- de la nature physico-chimique et toxique des produits manipulés et du mode d’utilisation de ces produits
- des caractéristiques ergonomiques du poste de travail
- de l’ambiance du travail lié : éclairage, bruit, température, ventilation, conception des locaux, qualité du sol, etc.…
Et un facteur organisationnel du travail dépendant :
- des horaires et de la durée du travail
- du niveau de rendement exigé (cadence)
- de la richesse de la tâche
- de la procédure du travail
- du type de gestion des ressources humaines (participative ou non)
On comprend que les facteurs du risque professionnel sont multiples et retentissent les uns sur les autres.
Deux exemples :
g le cas d’un ouvrier qui franchit une passerelle, il glisse sur un corps gras qu’il n’a pas vu, tombe et se blesse.
L’analyse permettra de dégager les facteurs suivants :
Fatigue/Précipitation/Erreur d’attention/Mauvais éclairage/
Corps gras à terre/Chaussures inadéquates/Manque de garde-fou →ACCIDENT
4.5 LA FORMATION
4.5.1 LA FORMATION DES MÉDECINS DU TRAVAIL
- soit par Spécialisation par voie de résidanat en médecine du travail de durée de 4 années avec possibilité de poursuivre
une carrière hospitalo-universitaire.
- soit par obtention de la Compétence par voie du mastère professionnel (actuellement de durée de 01 an) en prévention
du risque professionnel
4.5.2 FORMATION DES TECHNICIENS SUPÉRIEURS EN HYGIÈNE ET SÉCURITÉ
4.5.3 FORMATION CONTINUE :
assurée par les différents intervenants dans la prévention des risques professionnels et essentiellement par la Société
tunisienne de Médecine du Travail
La législation tunisienne en matière de réparation des préjudices résultant des accidents du travail (AT) et des maladies
professionnelles (MP) en confiant sa gestion à la CNAM pour la couverture des travailleurs du secteur privé et aux pouvoirs
publics pour la couverture des travailleurs des agents de l’État, a intimement associé la réparation à la prévention et incité
les organismes concernés à tout mettre en œuvre pour promouvoir la santé sur les lieux du travail. Pour atteindre ces
objectifs, les médecins ont un rôle considérable à jouer pour préserver la santé au travail.
En effet, quels que soient son mode personnel d’exercice et la situation professionnelle de son patient, le médecin praticien
a une grande part de responsabilité dans la prise en charge d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. Bien
au-delà de son action thérapeutique, le médecin traitant intervient dans le diagnostic et la prise en charge administrative
et sociale et également dans la prévention primaire, secondaire et tertiaire du risque professionnel.
Il a un rôle important à jouer pour diminuer le coût économique, social et surtout humain de la pathologie professionnelle.
1.1.- LÉGISLATION
1 °/Pour les travailleurs du secteur privé, la loi n° 94-28 du 21 février 1994 portant régime de réparation des préjudices
résultant des accidents du travail et des maladies professionnelles.
2 °/Pour les travailleurs du secteur public, la loi n° 95-56 du 28 juin 1995 portant régime particulier de réparation des
préjudices résultant des accidents du travail et des maladies professionnelles dans le secteur public.
Cette loi s’applique aux agents de l’État, des collectivités locales et des établissements publics à caractère administratif, affi-
liés à la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance sociale à l’exclusion des militaires et des forces de sécurité intérieure
auxquels s’appliquent d’autres dispositions.
Les dispositions de cette loi peuvent également être appliquées :
- aux entreprises publiques dont les agents sont soumis au statut général des agents de la fonction publique et dont la liste
est fixée par décret ;
- aux agents de l’État, des collectivités locales et des établissements publics à caractère administratif et aux agents des
entreprises publiques envoyés en mission ou stage à l’étranger, à l’exception des cas où l’accident ou la maladie sont
occasionnés par des motifs étrangers à l’objet de la mission ou du stage.
g le certificat médical initial, sur un formulaire spécial. C’est une obligation pour le médecin traitant et doit toujours
être délivré à la victime même s’il n’y a pas d’arrêt de travail. Le certificat médical initial doit être joint à la déclaration
Caractéristiques du certificat médical initial (CMI) +++ :
L’importance médico-légale de ce document exige qu’il doive être rempli avec le plus de précisions possible, car toutes les
lésions mentionnées sont couvertes par la présomption légale d’imputabilité. (dérogation légale au secret médical).
La plus grande attention est nécessaire sinon le médecin compromet la prise en charge des lésions qu’il a décrites faussement.
Ce certificat descriptif indique :
- l’état de la victime c’est-à-dire la description des lésions constatées sans prendre position sur la matérialité de l’accident,
- le siège exact des lésions, leur nature, leur gravité (les lésions les plus minimes doivent y être mentionnées) :
−en
− cas de fracture, il est préférable dans la mesure du possible, d’attendre le résultat des radiographies pour mettre
sur le CMI une description détaillée ;
−en
− cas de plaies, leurs dimensions et leurs profondeurs seront soigneusement décrites
−en
− cas de traumatisme crânien, il importe de préciser avec ou sans perte de connaissance et la durée de cette perte
de connaissance ;
−en
− cas d’intervention chirurgicale, il faut la mentionner ; les conséquences de l’accident/maladie et les suites éven-
tuelles :
−la
− durée prévisible de soins et de l’arrêt de travail éventuel (incapacité totale temporaire)
−et
− la possibilité de séquelles ultérieures.
(loi 94-28 du 21 février 1994 portant régime de réparation des préjudices résultant des accidents du travail et des maladies
professionnelles)
La victime d’un accident du travail est maintenue dans la même catégorie professionnelle qu’il occupait avant l’accident,
lorsque son IPP ne l’empêche pas d’exercer normalement son travail
Le reclassement ou le licenciement de la victime à cause de l’accident ne peuvent avoir lieu que si le taux de son incapacité
permanente l’empêche d’accomplir son travail après accord de l’inspection médicale du travail
CONCLUSION
Les rôles du médecin du travail et du médecin praticien sont complémentaires aussi bien pour assurer la prévention du
risque professionnel que pour sa réparation équitable. Le contact devant s’établir par l’intermédiaire du patient.
Dans les cas difficiles, le médecin traitant et le médecin du travail peuvent trouver une aide efficace auprès des Services
de Pathologie professionnelle et d’aptitude au Travail mis en place dans les grands centres hospitaliers universitaires des
quatre Facultés de Médecine du pays.
ANNEXES
TABLEAUX DES MALADIES PROFESSIONNELLES PRÉVUS PAR LA LOI N° 94-28 DU 21 FÉVRIER 1994
I- Maladies professionnelles causées par les substances minérales toxiques
Tab n° 1 : Le plomb et ses composés
Tab n° 2 : Le mercure et ses composés
Tab n° 3 : L’arsenic et l’hydrogène arsénié
Tab n° 4 : Le cobalt et ses composés minéraux
Tab n° 5 : Le phosphore et le sesquisulfure de phosphore
Tab n° 6 : Le nickel et ses composés
Tab n° 7 : Le chrome et ses composés
Tab n° 8 : Le bioxyde de manganèse
Tab n° 9 : Le béryllium et ses composés
Tab n° 10 : Le fluor, l’acide fluorhydrique et ses sels minéraux
Tab n° 11 : Le cadmium et ses composés
Tab n° 12 : Le chlorure de sodium
Tab n° 13 : Les poussières de carbures métalliques frittés
Tab n° 14 : Les poussières et les fumées d’oxyde de fer
Tab n° 15 : L’antimoine et ses dérivés
Tab n° 16 : Le sélénium et ses dérivées minéraux
Tab n° 17 : Les poussières minérales renfermant de la silice libre
Tab n° 18 : Les poussières d’amiante
Tab n° 19 : Les ciments
II- Maladies professionnelles causées par les hydrocarbures, leurs composés et leurs dérivés
Tab n° 20 : Le chlorure de méthyle
Tab n° 21 : Le tétrachlorure de carbone
Tab n° 22 : Le tétrachloréthane
Tab n° 23 : Les dérivés halogénés des hydrocarbures aliphatiques (indiqués dans le Tab)
Tab n° 24 : Le bromure de méthyle
Tab n° 25 : Les amines aliphatiques et alicycliques
Tab n° 26 : Le disulfure de carbone
Tab n° 27 : L’hexane
Tab n° 28 : L’aldéhyde formique et ses polymères
Tab n° 29 : Le furfural et l’alcool furfurylique
Tab n° 30 : Les dérivés nitrés des glycols et du glycérol
Tab n° 31 : Le benzène et tous les produits en renfermant
Tab n° 32 : Les dérivés halogénés des hydrocarbures aromatiques
Tab n° 33 : Les amines aromatiques et leurs dérivés
Tab n° 34 : La phénylhydrazine
Tab n° 35 : Les dérivés nitrés et chloronitrés des hydrocarbures benzéniques
Tab n° 36 : Les dérivés nitrés du phénol, le pentachlorophénol, les pentachlorophénates,
et les dérivés halogénés de l’hydroxybenzonitrile
INTRODUCTION :
L’aptitude médicale au travail AMT correspond à la compatibilité du poste de travail avec l’état de santé physique et men-
tale de la personne qui l’occupe.
La décision d’AMT a pour objectif d’éviter de détériorer la santé du fait du travail ou d’entraîner un danger pour autrui.
Elle n’a en aucun cas le but de sélectionner le « meilleur » salarié pour un poste donné ni d’évaluer les aptitudes profes-
sionnelles.
Références : le Code du travail dans son article 153-2 et le décret 2000-1985 du 22 septembre 2000 portant organisation
et fonctionnement des services de médecine du travail
• Le médecin du travail est chargé de l’examen, et du suivi de la santé des travailleurs et de leurs aptitudes physiques à
effectuer les travaux exigés d’eux aussi bien au moment de l’embauche qu’au cours de l’emploi.
• En raison de sa connaissance des exigences du travail à accomplir par le salarié et des conditions dans lesquelles il va être
exercé, il est aussi appelé à formuler des propositions ayant trait à l’adéquation entre les postes de travail d’une part et
les compétences et les aptitudes des travailleurs d’autre part ainsi qu’à la protection des travailleurs contre les risques
professionnels.
Le médecin du travail est en fait le seul habilité à décider si le salarié est médicalement apte au poste de travail défini par
l’employeur.
Son rôle est totalement différent, mais complémentaire de celui du médecin du travail.
3. HANDICAP ET APTITUDE :
La loi n° 81-46 du 29 mai 1981 relative à la protection et la promotion des handicapés modifiée et complétée par la loi
n° 89-52 du 14 mars 1989 énonce un principe absolu en stipulant que « le handicap ne saurait constituer un empêchement
pour l’accès d’un citoyen à un emploi dans le secteur public ou privé s’il a les aptitudes nécessaires pour l’exercer ».
Des mesures ont été instituées pour promouvoir les possibilités d’emploi des handicapés. La première mesure astreint les
entreprises publiques et privées de tous les secteurs économiques, régies par le Code du travail de réserver 1 % de leurs
postes d’emploi aux personnes handicapées. La deuxième mesure concerne l’exonération des employeurs du versement
de la totalité ou d’une partie des charges sociales patronales sur chaque handicapé employé.
CONCLUSION :
Vis-à-vis du salarié, les rôles respectifs du médecin du travail et du médecin traitant sont très spécifiquement différenciés.
Vu sa connaissance des caractéristiques du poste de travail, seul le médecin du travail est habilité à se prononcer sur l’AMT
d’un salarié à son poste.
Le médecin traitant ne peut communiquer des informations au médecin du travail que dans le strict respect du secret
médical c’est-à-dire avec l’accord de son patient et par son intermédiaire.
Le diabète sucré est la pathologie chronique la plus fréquente en milieu du travail. En se basant sur les données de l’En-
quête nationale Emploi (INS 1999) d’une part et sur la prévalence nationale du diabète non insulinodépendant estimée
à 10 % chez les âgés de 30 ans et plus d’autre part, on estime à plus de 150 000 les diabétiques en activité en Tunisie.
D’où la nécessité d’intégrer la prévention et la prise en charge de cette maladie dans toute action de santé ciblant l’adulte
y compris en milieu du travail.
Par ailleurs, la prévention des complications micro et macro vasculaires, infectieuses, métaboliques et cutanées du diabète
et la réduction de leur retentissement systématique sur les performances, l’aptitude et la qualité de vie sociale et profes-
sionnelle de la personne atteinte sont possibles et imposent un dépistage précoce et un suivi adapté.
Le Médecin du Travail qui a pour mission de préserver le capital humain face au risque professionnel et face aux patholo-
gies courantes et chroniques sera régulièrement confronté dans le cadre de son exercice quotidien à de multiples interro-
gations liées au « diabète et travail » en relation notamment avec :
- l’aptitude professionnelle du diabétique ;
- le retentissement du diabète sur le travail ;
- le retentissement du travail sur le diabète ;
- et les modalités de prévention, de dépistage et de surveillance.
RAPPEL DES CRITÈRES DIAGNOSTICS DU DIABETE :
Ce diagnostic est évoqué (selon les critères diagnostics du diabète établis par l’OMS) devant :
- Un syndrome polyuro-polydepsique ;
- Une asthénie ;
- Des troubles visuels ;
- Amaigrissement malgré une polyphagie
- des Infections à répétition ;
- des Complications métabolique ou dégénérative ;
- une Glucoserie avec ou sans acétonurie.
Pour confirmer le diagnostic de diabète, il faut avoir l’une des 3 possibilités suivantes :
- Deux glycémies à jeun (Go) ≥ 1.26 g/l (7 mmol/l)
- Une Go ≥1,26 g/l + 1 HGPO ≥ 2 g/l (11,1 mmol/l)
- Une glycémie standard ≥2 g/l + Go ≥ 1,26 g/l ou HPGO ≥ 2 g/l.
Quant à la tolérance glucidique elle se repartit en :
• Tolérance glucidique normale : Go ≤ 1.10g/l (6.05mmol/l)
• Hyperglycémie modérée (HGM) : 1,10 ≤ Go < 1,26 g/l.
• Intolérance au glucose (ITG) : 1,4 g/l < HPGO > 2 G/L.
* Dans cette classification, une nouvelle catégorie est apparue : l’hyperglycémie modérée à jeun [1.10-1.26 [à 2 reprises.
* ITG et HGM sont considérées comme ayant une élévation du risque de progression vers le diabète et la macro-angiopathie.
Le médecin du travail assure vis-à-vis du diabète, à l’instar de l’ensemble des pathologies chroniques, un rôle de préven-
tion, de dépistage, de suivi et de réinsertion.
CONCLUSION :
Le diabète est la pathologie la plus fréquente en milieu du travail. L’interrelation diabète-travail est multiple et dépend du
profil de la maladie et des caractéristiques du poste du travail. En réalité, elle ne s’exprime que pour une minorité de diabé-
tiques de type1 mal équilibrés. Les diabétiques bien suivis et bien équilibrés sont aussi compétitifs en termes de qualité et
de rendement de travail que les non-diabétiques et en dehors de certaines situations de contraintes particulières au travail
(charge physique, horaire, agents infectieux ou toxiques, chaleur…), le travail a peu d’effets sur l’évolution du diabète.
Le médecin du travail constitue un membre du réseau de prise en charge du diabète. Il contribue à la prévention primaire,
au dépistage de la maladie, au suivi et à la réinsertion des diabétiques.
La décision d’aptitude dépend des éléments relatifs à la maladie, au poste et à l’environnement du travail. Tout en étant
sous la responsabilité du médecin du travail, cette décision doit être prise de manière collégiale avec le ou les médecins
traitants. Elle est de nature évolutive et nuancée selon que le diabète est connu avant l’embauche ou découvert au cours
de l’exercice professionnel. Il s’agit donc, le plus souvent, d’une décision d’aptitude adaptée au cas par cas.
Les produits chimiques sont à l’origine de la vie et contribuent à l’améliorer, mais ils comportent des inconvénients pour la
Santé et pour l’Environnement.
En effet les produits chimiques, qu’ils soient d’origine naturelle ou synthétique influent en permanence sur les organismes
vivants, dont l’existence dépend d’équilibres fragiles et tenus.
L’étude des effets néfastes des produits chimiques sur notre santé est du domaine de la toxicologie « science des poisons »,
mais s’étend aussi à leur impact sur l’environnement. On parle couramment aujourd’hui dans cette perspective, d’écotoxi-
cologie (interface entre l’écologie et la toxicologie).
Le risque sanitaire associé aux agents chimiques présents en milieu de travail dépend directement de la nature des tâches,
des technologies mises en œuvre, des conditions dans lesquelles ce travail est exercé et de l’ensemble des dispositions
prises dans l’entreprise pour limiter les expositions au poste de travail.
Aujourd’hui, l’innovation des processus de production et l’introduction incessante de nouvelles substances chimiques, le
manque de connaissances de leurs effets sur la santé humaine et l’environnement et la mobilité accrue des salariés au
cours de leur carrière multiplient les occurrences d’exposition aux risques et rend difficile l’établissement du lien entre un
parcours professionnel donné et l’apparition de maladies.
Un toxique correspond à tout produit chimique pouvant produire des effets délétères sur un organisme vivant. Ces effets
peuvent aller de la simple perturbation cellulaire jusqu’au décès.
Quand le produit chimique est une substance exogène non indispensable à la vie on parle de xénobiotique (du grec xenos
= étranger, bios = vie ou produit étranger à l’organisme).
Les xénobiotiques peuvent être d’origine synthétique (médicaments, antibiotiques ou anticancéreux…) ou naturelle (la ni-
cotine, extraite du tabac). À pureté égale, la toxicité d’un produit, qu’il soit naturel obtenu par extraction ou par synthèse,
sera strictement identique.
La toxicité résulte de l’interaction néfaste entre les molécules d’un produit chimique et celle de l’organisme vivant exposé.
Une fois absorbé, le toxique sera véhiculé dans l’organisme par le sang et la lymphe. Il sera alors excrété, biotransformé ou
accumulé dans l’organisme :
2-1 ABSORPTION :
La voie d’exposition (cutanée, digestive, pulmonaire, parentérale) exerce une influence déterminante sur la fraction de
la dose « externe » qui pénètre dans la circulation systémique et ainsi atteint l’organe-cible jouant ainsi un rôle important
dans la gravité des effets biologiques.
La perméabilité de ces différentes barrières (peau, muqueuse gastro-intestinale, épithélium alvéolaire...) pour une même
substance peut varier considérablement. On estime que le taux d’absorption du plomb déposé dans les voies respiratoires
est de l’ordre de 50 p. cent alors que l’absorption du métal ingéré n’atteint que 5 à 10 p. cent.
La connaissance de ces différents modes d’exposition est capitale, car à chaque voie d’absorption correspond un moyen
de prévention adéquat et approprié.
A) ABSORPTION PAR VOIE DIGESTIVE :
En général les xénobiotiques pénètrent dans le tube digestif avec l’eau, les aliments ou isolément.
En milieu de travail, cette voie est rare et est généralement accidentelle ou résultant d’une dérogation aux règles de sécu-
rité. En laboratoire, la cause la plus fréquente est le pipetage buccal sans oublier que fumer, boire et manger constituent
autant de sources d’introduction de substances dangereuses dans l’organisme.
La voie alimentaire est très présente et parfois prépondérante dans l’exposition de la population générale aux principaux
contaminants chimiques environnementaux ce que nous illustrerons par quelques exemples :
Les métaux lourds (plomb, cadmium, mercure) qui sont des éléments minéraux présents dans l’air, l’eau et le sol peuvent
se retrouver dans les végétaux et les animaux. Leur dispersion dans l’environnement se fait à partir d’émissions indus-
trielles, de gaz d’échappement des véhicules, de stockage ou d’épandages de résidus divers et de boues. Ils sont bioaccu-
mulables et persistants. Certains aliments et produits en sont plus chargés que d’autres : le mercure est concentré par les
poissons (daurade, espadon, marlin, requin, thon), le plomb est concentré dans les rognons et les moules, le cadmium est
dans les moules et les huîtres. Enfin, l’essentiel du cadmium ingéré provient de végétaux à feuillage vert, salades, choux,
épinards et dans une moindre mesure, des céréales, des pommes de terre et des rognons.
Les nitrates - nitrites - nitrosamines : Les nitrates sont utilisés comme agents fertilisants. Ils peuvent passer dans les eaux
de ruissellement et s’accumuler dans plusieurs produits végétaux (épinards, laitue, betteraves…). La toxicité des nitrates est
indirecte (transformation en nitrites).
Les nitrosamines proviennent d’une réaction se produisant dans certaines conditions entre les nitrites et les amines (déri-
vées des aliments et des boissons).
200
180
180
Concentration de PM10
160
140
120
en µ/m3
100
80
90
94
89
60
98
90
81
91
87
87
91
85
88
82
40
20
0
Bab Saâdoun Bizerte Sfax ville Ben Arous Sousse Sfax banlieue
sud
Stations
2-2 DISTRIBUTION :
Une substance chimique absorbée peut se distribuer dans divers tissus de l’organisme.
L’accumulation des substances toxiques se produit quand le taux d’absorption est plus élevé que le taux d’élimination. Les
organes où se concentre une substance ne sont pas nécessairement le site d’une action toxique.
Le tissu adipeux est un site de stockage pour les substances liposolubles (DDT, dieldrine, biphényles polychlorés) ; une mo-
bilisation rapide des lipides entraîne une augmentation forte des concentrations sanguines circulantes.
Les os sont un site de stockage pour des toxiques comme le fluor, le plomb et le strontium.
Dans le sang circulant, beaucoup d’ions organiques ainsi que le plomb, le cadmium et l’arsenic sont localisés dans les glo-
bules rouges.
Des corps chimiques peuvent aussi se lier aux protéines sanguines avec notamment l’albumine. Cette liaison est réversible.
Toxique
• Groupement • Ionisation
fonctionnel • Hydrosolubilité
• Polarité
Oxygénases Enzymes de
conjugaison
Pour certains xénobiotiques initialement toxiques, la transformation métabolique correspond à une détoxification.
L’oxydation initiale peut aboutir à la formation de métabolites intermédiaires hautement réactifs (époxydes, radicaux libres)
pouvant entraîner des lésions cellulaires : cytolyse, nécrose, cancers, on parle dans ce cas d’une activation métabolique.
C’est le cas du benzène initialement non toxique (protoxique) qui se transforme en benzène époxyde, molécule hautement
hématotoxique (Aplasie médullaire, leucémie).
Certains des xénobiotiques sont des toxiques directs donc très dangereux, car ils présentent une réactivité chimique suf-
fisante pour interréagir directement avec la cible. C’est le cas, comme par exemple le formol utilisé comme désinfectant.
On distingue en général trois formes d’intoxication suivant la durée de l’exposition au toxique. La rapidité d’absorption de
la substance toxique. La rapidité d’apparition, la sévérité et la durée des symptômes.
INTOXICATION AIGUË
Celle-ci résulte de l’exposition de courte durée à un toxique et de son absorption rapide. Il peut s’agir d’une dose unique
ou de multiples doses sur une période ne dépassant pas 24 heures. En général, les manifestations d’intoxication se déve-
loppent rapidement. La mort ou la guérison survient sans retard.
Parmi les intoxications aiguës particulièrement redoutables, il faut signaler, celle malheureusement encore trop fréquente
en Tunisie, à l’oxyde de carbone, gaz incolore et inodore, donc indétectable, qui se forme chaque fois qu’une combustion
d’un produit organique est incomplète et qui est responsable de plusieurs décès par an.
Par ailleurs, en milieu domestique, l’eau de Javel (solution alcaline d’hypochlorite de sodium : NaOCI), agent nettoyant très
utilisé par les ménages en Tunisie peut, en présence d’un acide même faible comme du jus de citron, du vinaigre, mais
aussi d’un produit nettoyant acide comme le DINOL® (constitué d’acide sulfamique), libérer du chlore, gaz très irritant dont
les effets sont parfois rapidement mortels chez l’Homme. Cette réaction est, relativement complexe, mais peut néanmoins
s’équilibrer facilement (2 NaOCl + 2H+ → Cl2 + 2NaOH).
INTOXICATION SUBAIGUË :
Dans ce cas, des expositions fréquentes ou répétées sur une période de plusieurs jours ou semaines n’excédant pas 3 mois
sont nécessaires avant que des symptômes n’apparaissent.
INTOXICATION CHRONIQUE :
Elle résulte d’une exposition répétée, fréquente et prolongée à de faibles concentrations de xénobiotiques. Elle n’apparaît
qu’après une période de quelques mois à plusieurs années. Les signes cliniques d’intoxication se manifestent alors :
- soit parce que le toxique s’accumule dans l’organisme : la concentration du toxique dans l’organisme augmente pro-
gressivement jusqu’à l’obtention d’une concentration suffisante pour engendrer des manifestations cliniques. C’est le cas
de l’intoxication saturnine chronique.
- soit parce que les effets engendrés par des expositions répétées s’additionnent sans que le toxique ne s’accumule dans
l’organisme. C’est le cas de l’intoxication chronique au disulfure de carbone.
La plupart des effets toxiques correspondent à une interaction plus ou moins spécifique entre la substance toxique et les
constituants cellulaires vitaux (protéines, lipides insaturés, acides nucléiques...) ou extracellulaires. Parfois, les effets se
produiront sur le site d’absorption, parfois il y aura un effet systémique, et souvent, ces deux phénomènes se produiront
simultanément.
EFFET LOCAL :
Les tissus ou organes situés aux portes d’entrée (poumon, peau, tractus digestif...), ou de sortie (foie, reins...) sont particu-
lièrement exposés.
L’effet local correspond à une action immédiate du produit au niveau de la zone de contact : tube digestif, peau, appareil
respiratoire… On aura à étudier dans les chapitres qui suivent les dermatoses de contact, les bronchopneumopathies
chimiques dues aux agents chimiques irritants, mais aussi les pneumoconioses et certains cancers cutanés ou des voies
respiratoires.
EFFET SYSTÉMIQUE :
Si les xénobiotiques ou leurs métabolites toxiques ne sont pas immédiatement neutralisés par les systèmes de défense de
l’organisme (molécules soufrées comme le glutathion, mais aussi vitamines C, E et bien entendu les enzymes de défense...),
leur action du toxique se manifeste au niveau des sites éloignés de l’endroit de contact initial.
Les facteurs responsables d’une action élective sur un organe particulier sont :
- son degré de perfusion
- sa composition (teneur en lipides)
- sa situation sur la voie du transit : foie, poumon, reins
- ses caractéristiques biochimiques : mitoses, métabolisme (→ plus toxique), besoins métaboliques (cerveau et O2).
Ce processus toxique s’exprime alors selon la ou les cibles biologiques et les organes touchés. Différentes pathologies
peuvent alors être observées : cancers, pathologies respiratoires, allergies, affections dermatologiques, troubles neuropsy-
chiques, troubles de la reproduction, etc.
CAS PARTICULIER DES CMR ou « Substances cancérigènes, mutagènes et/ou reprotoxiques » :
AGENTS CANCÉRIGÈNES peuvent avoir :
- soit un effet génotoxique (le plus fréquent), c’est-à-dire une action toxique localisée sur le patrimoine génétique,
- soit un effet non génotoxique (interférence avec les mécanismes de régulation de la division cellulaire, de la différencia-
tion et de l’expression des gènes, mais sans altération directe du patrimoine génétique).
AGENTS MUTAGÈNES OU GÉNOTOXIQUE
Ces agents ont la vocation d’augmenter l’apparition des mutations c’est-à-dire de modifications permanentes quantitative
ou qualitative du matériel génétique d’une cellule pouvant entraîner le démarrage d’un processus tumoral (cancer) ou
l’apparition de malformations héréditaires dans la descendance dans le cas où ce sont les cellules sexuelles (gamètes) qui
sont touchées.
AGENTS REPROTOXIQUES ou toxiques pour la reproduction sont susceptibles :
- soit d’altérer la fertilité
Chez l’homme : Plomb inorganique, Cadmium, Mercure, Manganèse, Chrome hexavalent, Soudage, Pesticides, Solvants
(sulfure de carbone, éthers de l’éthylène glycol), Gaz anesthésiants, Chaleur, Rayonnements ionisants, Rayonnements élec-
tromagnétiques HF,…
Pour garantir un niveau acceptable d’exposition, il y’a lieu de mettre en œuvre des mesures efficaces de prévention dont
l’efficacité doit être périodiquement contrôlée
Les dermatoses professionnelles et environnementales : sont des lésions de la peau1, dont l’origine est en totalité ou en
partie liée à l’environnement professionnel ou général. Leur nombre s’est multiplié avec le développement de l’industrie.
Elles représentent environ :
- 60 à 70 % des maladies professionnelles
- 10 % des maladies de la peau
Elles posent des problèmes difficiles de traitement, alors que la prévention est possible. Nous classons les dermatoses
professionnelles selon les facteurs externes qui en sont la cause :
Le seul point commun de ces irritants chimiques est leur capacité d’induire des lésions de l’arbre respiratoire.
La réaction est rapide dès le contact ou bien elle peut survenir après un passage par la voie sanguine.
La localisation initiale de l’atteinte respiratoire, la nature des lésions, leur étendue et leur sévérité dépend de plusieurs
facteurs :
1.1. LA CONCENTRATION des gaz ou des vapeurs toxiques dans l’atmosphère ainsi que la durée d’exposition comp-
tent pour beaucoup dans la gravité des lésions. En effet, un produit volatil est inhalé à un taux maximal égal au produit de
sa concentration dans l’air ambiant par la ventilation alvéolaire.
Néanmoins, certains polluants sont pathogènes à de très faibles concentrations (ex. : l’acide cyanhydrique).
1.2. La plus ou moins bonne SOLUBILITÉ d’une substance dans les sécrétions respiratoires influence son absorption et
le siège où va s’exercer sa toxicité.
Ainsi, les gaz à haute solubilité tels l’ammoniac (NH3) et l’anhydride sulfureux (S02) sont immédiatement dissous dans le
mucus des voies aériennes supérieures (cavités nasales et pharynx), et seulement une petite quantité parvient aux voies
aériennes distales. En revanche, les gaz moins hydrosolubles comme le chlore (Cl2) ou le phosgène vont exprimer le maxi-
mum de leur toxicité au niveau des bronchioles distales et du parenchyme pulmonaire.
1.3. LA TAILLE des particules en aérosol intervient relativement peu ici, contrairement à ce que l’on observe dans les
pneumoconioses. Il faut savoir cependant que les grosses particules dont le diamètre est supérieur à 10 microns ont ten-
dance à se déposer dans les voies aériennes supérieures alors que les particules de plus petite taille (diamètre entre 0,5 et
5 microns) vont arriver jusqu’aux voies aériennes distales et les alvéoles.
1.4. LE POUVOIR IRRITANT DES TOXIQUES inhalés dépend de leur pH, mais aussi de leur caractère oxydant, de
leur pouvoir solvant ou de leur réactivité chimique.
Les acides sont irritants parce qu’ils provoquent une coagulation des protéines tissulaires ; les bases, parce qu’ils saponi-
fient les lipides, induisant ainsi des lésions extensives et très pénétrantes.
Aussi l’ammoniac se comporte comme une base, le chlorure d’hydrogène et l’anhydride sulfureux comme des acides.
Les lésions produites par le chlore sont dues à son pouvoir oxydant, mais aussi à la production d’acide chlorhydrique et des
radicaux libres, in situ.
Les aldéhydes (formaldéhyde, glutaraldéhyde, acroléine) doivent leur fort pouvoir irritant à leur réactivité chimique, car ce
sont des entités fortement électrophiles susceptibles de former des lésions covalentes avec la matière vivante.
2. ASPECTS ANATOMOCLINIQUES
2.7. DES STÉNOSES TRONCULAIRES ET DES BRONCHECTASIES ont également été rapportées au décours
d’intoxications sévères.
3. ÉTIOLOGIES PROFESSIONNELLES
De très nombreuses substances peuvent être à l’origine de lésions pulmonaires, nous ne détaillerons ici que les plus im-
portantes.
4. TRAITEMENT
5- PRÉVENTION
L’asthme professionnel (AP) apparaît actuellement comme la plus fréquente des maladies respiratoires professionnelles où
elle devance les pneumoconioses. Ceci est dû au nombre sans cesse, croissant de nouvelles substances potentiellement à
risque introduites dans le monde industriel.
L’absence de tests exacts ainsi que l’exposition simultanée à des aérocontaminants variés, rend le diagnostic positif et sur-
tout le diagnostic étiologique de l’asthme professionnel difficile.
Outre le coût économique dû à la maladie elle-même, ses traitements, l’absentéisme et la perte d’efficience profession-
nelle se pose le problème du maintien dans l’emploi et celui de la qualité de vie ultérieure.
I- DEFINITION :
Il est difficile de donner une définition unanimement acceptée de l’asthme professionnel, les critères variant selon les au-
teurs et les études épidémiologiques.
On peut cependant définir celui-ci comme une maladie inflammatoire chronique avec obstruction des voies aériennes
variable au cours du temps et/ou une hyperréactivité bronchique non spécifique causée par un agent propre à l’environ-
nement professionnel.
II- ÉPIDÉMIOLOGIE :
A) FRÉQUENCE :
On considère généralement qu’environ 5 % de la population adulte est asthmatique (en Tunisie : 3 à 10 %). Parmi ceux-ci,
on estime de 5 à 10 % la proportion d’asthmes ayant une origine professionnelle. Donc les AP concernent 0,25 à 0,5 % de
la population adulte.
L’incidence annuelle varie d’un pays à l’autre ; la plupart des auteurs s’accordent cependant à dire que l’incidence réelle
de l’asthme professionnel est sous-estimée, malgré la mise en place de programmes de surveillance dans plusieurs pays.
B) FACTEURS DE RISQUE :
EN RAPPORT AVEC L’HÔTE :
- Âge et sexe : l’âge et le sexe ne semblent pas constituer des facteurs de risque importants. Certes les sujets présentant
un AP sont plutôt des hommes.
- Atopie (prédisposition génétique de l’individu à la synthèse d’immunoglobulines de type E) : elle serait un facteur de
risque de développer un AP aux allergènes de haut PM et non à ceux de bas PM. En revanche, le risque de développer un
AP pour un sujet atopique ne paraît établi que dans les asthmes à la farine et aux animaux de laboratoire. Ce risque n’a
pas été confirmé pour d’autres allergènes de haut PM.
III- PHYSIOPATHOLOGIE :
IV- ÉTIOLOGIES :
A- LE DIAGNOSTIC D’AP
Il devrait être évoqué systématiquement devant tout asthme apparu chez un adulte en activité professionnelle. Il repose
sur deux étapes essentielles :
- le diagnostic de l’asthme
- la relation de l’asthme avec la profession avec si possible l’identification d’un agent causal
A- 1 DIAGNOSTIC DE L’ASTHME :
L’interrogatoire permet de rechercher :
- la survenue dans les formes typiques chez le patient d’épisodes intermittents procédant par crises plus ou moins mar-
quées de dyspnée expiratoire sifflante.
- un terrain atopique (prédisposition génétique à une réponse IgE dépendante) par l’association d’une rhinite d’une
conjonctivite ou d’une urticaire.
- des facteurs étiologiques extra-professionnels (allergènes domestiques, alimentaires, cosmétologie. etc.)
- La survenue de crises déclenchées par des stimuli divers, en dehors de tout contexte professionnel témoignant d’une
hyperréactivité bronchique non spécifique. (HBNS)
L’examen physique en cas de crises révèle :
Une distension thoracique, des râles sibilants diffus aux deux champs pulmonaires et une légère tachycardie avec léger
assourdissement des bruits du cœur. En dehors des crises, l’examen physique est souvent normal.
La radiographie de thorax montre des signes de distension thoracique.
C-TRAITEMENT:
Le principal traitement de l’asthme professionnel est l’éviction du risque. Il faut donc soustraire le malade de son environ-
nement professionnel habituel et faire un reclassement professionnel ou à défaut aménager le poste de travail.
D- ÉVOLUTION PRONOSTIC :
L’évolution et le pronostic dépendent du type de produit, de la durée d’exposition et des mesures de protection utilisées
après apparition de l’asthme.
En cas de poursuite de l’exposition, on assiste le plus souvent à une aggravation progressive de la maladie. L’amélioration
des conditions de travail avec abaissement des niveaux d’exposition est le plus souvent insuffisante pour obtenir la régres-
sion des troubles, surtout en ce qui concerne les molécules de bas poids moléculaire.
L’arrêt de l’exposition quand il est total et précoce permet parfois une guérison complète. L’évolution de la maladie asthma-
tique n’est pas toujours aussi favorable après éviction. La revue de la littérature montre la persistance des symptômes chez
plus de 50 % des patients soustraits à leur environnement professionnel. En revanche l’amélioration clinique est fréquente
même en l’absence de guérison complète.
SYNDROME DE DYSFONCTIONNEMENT RÉACTIF DES VOIES AÉRIENNES) OU RADS (RÉACTIVE AIRWAYS DYS-
FUNCTION SYNDROM) : (voir cours sur les bronchopneumopathies professionnelles liées aux irritants chimiques)
VII- PRÉVENTION :
PRÉVENTION PRIMAIRE :
Elle repose sur l’élimination ou la réduction du risque, elle comporte :
PRÉVENTION TECHNIQUE :
1/collective :
- Remplacement d’un produit toxique ou agent allergisant par un autre moins dangereux.
- Travail en vase clos ou en circuit fermé.
- Modification des machines et automatisation des procédés de fabrication.
- Ventilation appropriée des locaux
- Aspiration à la source, etc.
2/individuelle :
Elle sera mise en œuvre en complément à la précédente, ou lorsque les moyens collectifs restent insuffisants ou inadaptés.
Elle consiste essentiellement en dispositifs de protection respiratoire, dont le type dépend des caractéristiques du produit
et du poste de travail.
PRÉVENTION MÉDICALE :
Elle est basée essentiellement sur l’éducation et l’information du salarié face au risque encouru dans sa profession et aux
moyens de s’en protéger. Ces informations peuvent être données lors des examens à l’embauche et renouvelées lors des
visites périodiques.
PRÉVENTION SECONDAIRE :
Elle a pour objectif le dépistage précoce lors des visites périodiques de la maladie asthmatique.
Le médecin du travail se doit donc d’être attentif, non seulement à la nature des produits manipulés dans l’entreprise, mais
encore à l’état de santé des salariés, afin de pouvoir dépister le plus tôt possible les cas éventuels d’asthme professionnel.
Il doit savoir privilégier tous les moyens fonctionnels de dépistage (épreuve fonctionnelle respiratoire).
PRÉVENTION TERTIAIRE :
Elle vise à limiter l’évolution défavorable de la maladie lorsque celle-ci est installée.
La reconnaissance en maladie professionnelle n’implique pas obligatoirement une inaptitude, mais souvent une aptitude
avec réserve nécessitant un aménagement du poste du travail, voire un reclassement.
La réduction des niveaux d’exposition peut, pour les sujets sans hyperréactivité bronchique trop élevée, être suffisante
pour les maintenir à un poste de travail aménagé
Le reclassement même dans les entreprises de plus grande taille est par contre difficile, car bien souvent les emplois dispo-
nibles pour ceux qui ont des difficultés sont déjà occupés par d’autres salariés en plus ou moins bonne santé ou vieillissants.
VIII-RÉPARATION :
Si l’agent causal ou supposé être en cause figure sur l’un des tableaux des maladies professionnelles, l’asthme professionnel
peut être considéré comme une maladie professionnelle indemnisable à condition que les critères de réparation (sympto-
matologie clinique présentée par le malade, délai de prise en charge et travaux exposants) soient bien remplis.
En matière d’indemnisation, on préconise actuellement de prendre en compte les éléments suivants :
- Le niveau d’obstruction bronchique et son degré de réversibilité.
- Le degré d’hyperréactivité bronchique non spécifique en cas de spirométrie normale ou subnormale.
- La consommation médicamenteuse nécessaire.
- Le retentissement sur l’activité professionnelle.
Le délai idéal pour l’évaluation de l’incapacité permanente secondaire à l’AP paraît être de 2 ans selon certains auteurs.
INTRODUCTION
Maladies du poumon profond, les alvéolites allergiques extrinsèques (AAE) sont encore appelées :
• Pneumopathies à précipitines
• Pneumopathies d’hypersensibilité
• Pneumopathies immunologiques extrinsèques
• Granulomatose exogène allergique
Ces affections ont été évoquées par RAMAZZINI en 1710 chez « les mesureurs de grains »
En 1961, Pepys et col ont confirmé le mécanisme immunologique de ces maladies et ont décrits la maladie des poumons
de fermier (PDF), forme clinique la plus connue en milieu agricole et la plus documentée dans la littérature.
La dénomination exacte des AAE est fonction de l’antigène en cause, du réservoir antigénique ou des circonstances étio-
logiques.
Maladies de diagnostic difficile du fait de :
- La multiplicité des agents responsables (environ 400 identifiés en 2001)
- La non-spécificité des manifestations cliniques.
Le traitement est essentiellement préventif et repose sur l’éviction antigénique
DEFINITION
Les AAE sont des pneumopathies aiguës ou subaiguës pouvant évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique, de
mécanisme immunoallergique complexe à médiation humorale et surtout cellulaire, qui sont liées à l’inhalation chronique
de substances antigéniques, le plus souvent organiques, parfois chimiques. Elles réalisent histologiquement une infiltration
cellulaire inflammatoire et granulomateuse de l’interstitium et des espaces aériens terminaux.
ÉPIDÉMIOLOGIE
PHYSIOPATHOLOGIE
Il s’agit d’une réaction allergique vis-à-vis de substances antigéniques provenant dans l’immense majorité des cas de mi-
cro-organismes, notamment bactériens (actinomycètes thermophiles) et fongiques. Des substances protéiques animales,
des agents chimiques, enzymatiques ou physiques peuvent être également en cause.
La liste des antigènes s’allonge chaque année et de « nouveaux » antigènes sont décrits régulièrement, même dans des
alvéolites classiques telles que la maladie du poumon de fermier.
Les mécanismes qui conduisent chez les sujets exposés et sensibilisés à la formation du granulome ne sont pas clairement
établis.
- Initialement, l’AAE était considérée comme une maladie à complexes immuns qui résulte de la réaction d’ARTHUS ou
réaction d’hypersensibilité semi-retardée de type III.
- Actuellement, le rôle essentiel des réactions d’immunité cellulaire retardée (type IV) est bien établi et explique la pré-
sence de granulome inflammatoire
AGENTS ÉTIOLOGIQUES
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
1-RADIOGRAPHIE THORACIQUE :
-EN PHASE AIGUË : Anormale chez 80 % des sujets.
Met en évidence des opacités micronodulaires et/ou un aspect en « verre dépoli » bilatéral prédominant dans les régions
péri hilaires et basales. D’autres aspects sont possibles tels que les images réticulaires.
Si arrêt de l’exposition, retour à la normale dans 15 jours
-DANS LES FORMES CHRONIQUES : il y a association de plusieurs images : réticulaires, micronodulaires, en rayon de
miel, rétractiles, ou de distension emphysémateuse
4-SÉROLOGIE :
Les précipitines sériques spécifiques ont été identifiées dans la plupart des cas des formes chroniques d’AAE. Elles tra-
duisent le développement d’une réaction immunologique à médiation humorale constante. Cependant il s’agit d’un exa-
men de sensibilité et de spécificité limitées, car :
- L’absence des précipitines n’est pas suffisante pour éliminer le diagnostic
- Leur présence peut être seulement le témoin d’une exposition importante et chronique
Par ailleurs, cet examen sérologique n’est réalisé que pour les antigènes connus et isolés.
7-AUTRES EXAMENS :
En phase aiguë il existe un syndrome inflammatoire avec hyperleucocytose.
Les indicateurs d’allergie immédiate (tests cutanés, Ig E totales et spécifiques, le test de transformation lymphoblastique)
ont peu d’intérêts
Terho a proposé en 1986 des critères diagnostiques des AAE qui ont été actualisés et retenus par le groupe d’étude et de
recherche sur les maladies « Orphelines » pulmonaires :
Ils reposent sur des critères majeurs ou obligatoires :
1- Preuve d’une exposition antigénique : retenue, soit par la présence de précipitines, soit par la notion d’exposition
chronique et à des concentrations importantes d’antigènes connus pour être source d’alvéolite allergique, retrouvée à
l’interrogatoire ou suite à des prélèvements aérobiologiques.
2- Symptômes respiratoires compatibles
3- Alvéolite lymphocytaire au lavage alvéolaire
4- Diminution de la diffusion du CO
5- Imagerie compatible (radiographie ou tomodensitométrie HR)
Le diagnostic est certain si les 5 critères sont présents. En l’absence du critère 5, on peut confirmer par des prélèvements
histologiques et/ou des tests de provocation respiratoire.
FORMES CLINIQUES
4- AUTRES AAE:
• Maladies des torréfacteurs de café, des ouvriers de paprika, des fromagers
• AAE dues à des agents chimiques : isocyanates, résines epoxy,…
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ÉVOLUTION
Elle est déterminée par la poursuite ou non de l’exposition et la fréquence éventuelle des récidives→ Éviction antigé-
nique : +++
Si l’exposition se prolonge, l’évolution peut se faire vers une fibrose pulmonaire, une obstruction bronchique chronique,
ou un emphysème
• Facteurs de mauvais pronostic probables :
-Récidives fréquentes
-Formes initiales graves
-Durée d’exposition longue au moment du diagnostic
1-PRÉVENTION PRIMAIRE :
- Technique :
- Collective : Lutte contre le développement des moisissures et des actinomycètes
Ventilation adéquate des locaux de travail
Réaménagement de postes de travail
- Individuelle : Port de masques adéquats
- Prévention médicale :
Visite d’embauche : Écarter les personnes ayant une tare respiratoire et les asthmatiques
2-PRÉVENTION SECONDAIRE :
Dépistage précoce de la maladie
3-PRÉVENTION TERTIAIRE :
Diminuer les invalidités et aider à la réinsertion professionnelle du travailleur
RÉPARATION
En Tunisie, 7 Tableaux professionnels prévoient les alvéolites allergiques extrinsèques en tant que maladies profession-
nelles, à savoir :
Les pneumoconioses se définissent comme des affections broncho-pulmonaires consécutives à l’inhalation prolongée de
poussières minérales ou métalliques. On en distingue 3 groupes.
Par définition, la silicose est une pneumoconiose fibrogène, due à l’inhalation permanente et prolongée de particules mi-
nérales renfermant du bioxyde de silicium. De ce fait il s’agit d’une maladie grave et purement professionnelle.
2.2 PATHOGÉNIE :
Le mécanisme d’action des poussières est complexe et encore mal connu.
LA THÉORIE IMMUNOLOGIQUE est la plus admise :
D’après VIGLIANI, le processus fondamental est le suivant :
La silice cristalline libre manifeste un effet toxique électif sur les macrophages qui s’autolysent après avoir phagocyté les
particules de poussières.
La destruction des macrophages a deux effets principaux :
a). Elle libère une substance (le facteur fibrogène) qui stimule l’activité fibroblastique et la formation de fibres collagènes.
b). Elle libère des antigènes précocement phagocytés et peut être des auto-antigènes.
Le diagramme VIGLIANI :
SILICE
+
MACROPHAGES
CYTOLYSE
2.4 SYMPTOMATOLOGIE :
2.4.1 SIGNES RADIOGRAPHIQUES :
Les premiers signes de la silicose sont fournis par la radiographie. Il est donc justifié que l’étude radiographique précède
l’étude clinique.
L’examen radiographique est indispensable pour la surveillance des travailleurs exposés au risque.
Il faut recourir à la radiographie standard, d’excellente qualité.
LES IMAGES : la classification internationale radiologique des pneumoconioses distingue :
a) Les petites opacités : Elles sont diffuses, bilatérales et généralement symétriques. Elles caractérisent « le fond pneu-
moconiotique » qui est de grande importance pour le diagnostic radiologique de la silicose. Elles sont classées :
Selon leur taille : on désigne :
- p : pour les opacités punctiformes dont le diamètre est inférieur à 1,5 mm.
- q : pour les micronodules (de 1,5 à 3 mm).
- r : pour les nodules (de 3 à 10 mm)
Selon leur profusion : (densité)
- Ces lettres sont accompagnées des chiffres 1,2 ou 3 selon l’intensité de la dissémination des éléments opaques (on en
distingue 12 classes de 0/0… à 3/+).
Selon leur forme : les régulières p, q, r les irrégulières : s,t,u
Selon leur étendue :
- Poumon droit (R) ; Poumon gauche (L)
- Étage supérieur (U) ; étage moyen (M) ; étage inférieur (L)
b) les grandes opacités : Elles résultent de la confluence des éléments précédents ; elles aboutissent à la formation de
condensations souvent dites masses pseudo-tumorales.
Les grandes opacités sont représentées par des lettres majuscules.
- Grandes opacités A : pour celles dont le diamètre est compris entre 1 et 5 cm.
- Grandes opacités B : Pour celles dont la surface totale atteint au maximum le tiers d’un champ pulmonaire.
- Grandes opacités C : Pour celles qui excèdent le tiers d’un champ pulmonaire.
c) Autres aspects : (images associées)
- anomalies de la silhouette cardiaque (CO) ;
- images cavitaires évoquant la complication tuberculeuse, mais aussi la nécrose aseptique des masses collagènes ;
- calcifications périphériques, le plus souvent multiples (CP)
- calcifications des ganglions médiastinaux souvent dites « egg shell ».
- l’emphysème (e m) :
2.4.2 SIGNES CLINIQUES :
a) La dyspnée est le symptôme fondamental de la silicose.
D’abord dyspnée d’effort qui retentit sur la capacité de travail. À un stade ultérieur, l’essoufflement est permanent et abou-
tira à la grande insuffisance respiratoire avec cyanose et tachycardie.
2.7 DIAGNOSTIC
2.7.1 DIAGNOSTIC POSITIF :
il repose essentiellement sur les antécédents d’exposition au risque et sur l’image radiologique composée d’un semi fine-
ment nodulaire bilatéral tendant à la confluence.
Le diagnostic histologique est réservé aux cas rares ou atypiques. On aura alors recours à la biopsie pulmonaire (chirurgi-
cale ou transbronchique).
2.7.2 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL :
Les maladies avec lesquelles la silicose peut le plus facilement être confondue sont la tuberculose, la sarcoïdose pulmo-
naire et les fibroses interstitielles diffuses non pneumoconiotiques.
3. PRÉVENTION
4. LA RÉPARATION
Les pneumoconioses sont prévues par la législation tunisienne comme maladies professionnelles indemnisables : silicose
(tableau 17) ; asbestose (tableau 18) ; autres pneumoconioses (tableaux 13, 14, 15)
Tableau n° 17 : Les poussières minérales renfermant de la silice libre
Délai de
Liste indicative des principaux travaux susceptibles de provoquer
Désignation des maladies prise en
ces maladies
charge
Silicose : Fibrose pulmonaire provoquée par 15 ans Travaux exposant à l’inhalation des poussières de la silice libre,
les poussières de silice libre et caractérisée sous notamment :
par des signes radiographiques spécifiques ou réserve - Travaux de forage, d’abattage, d’extraction et de transport de
tomodensitométriques ou par des constatations d’une minerais ou de roches renfermant de la silice libre.
anatomopathologiques lorsqu’elles existent , durée - Concassage, broyage, tamisage et manipulation effectués à sec de
s’accompagnant ou non de troubles fonctionnels. minimum minerais ou de roches renfermant de la silice libre.
d’exposition - Taille et polissage de roches renfermant de la silice libre.
Complications de ces affections. de deux ans - Fabrication et manutention de produits abrasifs de poudres à
nettoyer ou autres produits renfermant de la silice libre.
a-Complications cardiaques : Insuffisance - Travaux de ponçage et sciage à sec de matériaux renfermant de la
ventriculaire droite caractérisée. silice libre.
- Extraction, refonte, taillage, lissage et polissage de l’ardoise.
b-Complications pleuropulmonaires:
- Utilisation de poudre d’ardoise (schiste en poudre) comme charge
- Tuberculose ou autre mycobactériose surajoutée et
en caoutchouterie ou dans la réparation de mastic ou aggloméré.
caractérisée.
- Extraction, broyage, conditionnement du talc.
- Nécrose cavitaire aseptique.
- Utilisation du talc comme lubrifiant ou comme charge dans l’apprêt
- Aspergillose intra cavitaire confirmée par la
du papier dans certaines peintures, dans la préparation de poudre
sérologie.
15 ans sous cosmétique, dans les mélanges de caoutchouterie.
c-Complications non spécifiques :
réserve - Fabrication de carborundum, de verre, de la porcelaine, de la
- Pneumothorax spontané.
d’une faïence et autres produits céramiques, des produits réfractaires.
- Suppuration bronchopulmonaire subaiguë ou
durée - Travaux de fonderie exposant aux poussières de sables, décochage,
chronique.
minimum ébarbage et dessablage.
- Insuffisance respiratoire aiguë nécessitant des soins
d’exposition - Travaux de meulage, polissage, d’aiguisage effectués à sec, au
intensifs en milieu spécialisé.
de deux ans moyen de meules renfermant de la silice libre.
d-Lésions pleuropneumoconiotiques à type - Travaux de décapage ou de polissage au jet de sable.
rhumatoïde (syndrome de Caplan- Colinet). 30 ans - Travaux de construction, d’entretien et de démolition exposant à
e-Association d’une pneumoconiose avec une l’inhalation de poussières renfermant de la silice libre.
sclérodermie systémique progressive (syndrome - Manipulation, broyage, conditionnement, usinage, utilisation du
d’Erasmus). graphite, notamment comme réfractaire, fabrication d’électrodes.
Délai de
Liste indicative des principaux travaux susceptibles de provoquer
Désignation des maladies prise en
ces maladies
charge
A-Asbestose : fibrose pulmonaire diagnostiquée 20 ans sous Liste indicative des principaux travaux
sur des signes radiologiques spécifiques, qu’il y réserve Travaux exposant à l’inhalation de poussières d’amiante, notamment:
ait ou non des modifications des explorations d’une durée - Extraction, manipulation et traitement de minerais et roches
fonctionnelles respiratoires. minimum amiantifères.
Complication : insuffisance d’exposition - Manipulation et utilisation de l’amiante brut dans les opération de
respiratoire aiguë. Insuffisance de deux ans fabrication suivantes :
ventriculaire droite. Amiante-ciment, amiante plastique, amiante textile, amiante
caoutchouc, carton, papier et feutre d’amiante, enduit, feuilles et
B- Lésions pleurales bénignes joints en amiante, garniture de friction contenant de l’amiante,
avec ou sans modification des explorations produits moulés ou en matériaux isolants à base d’amiante.
fonctionnelles respiratoires. - Travaux de cardage, filage, tissage d’amiante et confection de
- Pleurésie exsudative. produits contenant de l’amiante.
- Epaississement pleuraux bilatéraux, avec ou sans 20 ans - Application, destruction et élimination de produits à base
irrégularités diaphragmatiques. d’amiante:
- Plaques pleurales plus ou moins calcifiées Amiante projeté, calorifugeage au moyen de produits d’amiante,
bilatérales, pariétales, diaphragmatiques ou démolition d’appareils et de matériaux contenant l’amiante,
médiastinales. déflocage.
- Plaques péricardiques. - Travaux de pose et de dépose de calorifugeage contenant de
C-Mésothéliome malin primitif de la plèvre, du 40 ans l’amiante.
péricarde ou du péritoine. - Travaux d’équipement, d’entretien ou de maintenance effectués
D- Autres tumeurs pleurales primitives. 40 ans sur des matériels ou dans des locaux et/ou annexes revêtus ou
contenant des matériaux à base d’amiante.
Conduite de four.
-Travaux nécessitant le port habituel de vêtements contenant de
l’amiante.
Cancer broncho-pulmonaire 35 ans sous Liste limitative des travaux
primitif. réserve Travaux directement associés à la production des matériaux contenant
d’une durée de l’amiante.
minimum Travaux nécessitant l’utilisation d’amiante en vrac.
d’exposition Travaux d’isolation utilisant des matériaux contenant de l’amiante.
de deux ans Travaux de retrait d’amiante.
Travaux de pose et de dépose de matériaux isolants à base d’amiante.
Travaux de construction et de réparation navale. Travaux d’usinage,
de découpage et de ponçage de matériaux contenant de l’amiante.
Fabrication de matériels de friction contenant de l’amiante.
Travaux d’entretien ou de maintenance effectués sur des équipements
contenant des matériaux à base d’amiant
1 – INTRODUCTION
Le saturnisme, intoxication par le plomb et ses sels, est une pathologie en voie d’extinction. Toutefois, il reste d’actualité
vue la persistance du risque en milieu du travail.
En Tunisie, il représente, en 2003, la 3e maladie professionnelle déclarée. Entre 1995 et 2002, 575 cas de saturnisme pro-
fessionnel ont été déclarés ce qui représente 26 % des maladies professionnelles déclarées. Il s’agit dans la quasi-totalité
des cas de syndrome biologique sans traduction clinique observée dans le secteur de fabrication des accumulateurs élec-
triques.
En milieu du travail, plus de 140 métiers ont été dénombrés comme exposant à ce toxique. Parmi eux, la fabrication d’ac-
cumulateurs reste la principale circonstance d’exposition professionnelle au Pb.
L’exposition extra-professionnelle n’est pas négligeable. Elle et due aux peintures anciennes, à l’eau de boisson polluée
et à la pollution atmosphérique par les rejets industriels et surtout par les gaz d’échappement des véhicules à essence.
Les mécanismes physiopathologiques sont multiples et restent incomplètement élucidés.
Sur le plan clinique, les intoxications chroniques sont les formes les plus fréquentes. Elles sont souvent modérées voir
infracliniques et touchent essentiellement 4 organes (la moelle osseuse, le système nerveux, le tube digestif et le rein).
2 – PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
Le plomb (Pb) est un métal bleu grisâtre, malléable, ductile, flexible et de faible conductivité.
Sa densité est élevée (11.4), sa température de fusion est de 327 °, son point d’ébullition est de 1525 ° et émet des vapeurs
à partir de 500 °. Les vapeurs de plomb dégagées à partir de cette température vont être inhalées et constituer une impor-
tante source d’exposition.
Il est soluble dans l’eau ; mais cette dissolution est considérablement réduite en présence de faible quantité de carbonate
de silice (eaux dures).
Il résiste aux acides forts tout en étant rapidement dissous par les acides faibles tels que les acides organiques (ac acé-
tique…).
Il donne des alliages avec de nombreux métaux, en particulier l’étain, le cadmium, le fer, le cuivre, et a une tendance im-
portante à former des liaisons avec les atomes de souffre et d’azote. Ainsi, il se lie aisément à ces atomes des protéines.
Ce pouvoir lui confère un caractère cumulatif qui est une des principales causes de toxicité à long terme chez l’homme.
4 – SOURCES D’EXPOSITION
4 -1 L’EXPOSITION PROFESSIONNELLE
Le Pb et ses composés sont encore très largement utilisés. Les sources d’exposition professionnelle sont nombreuses dont
les principales sont :
La métallurgie du Pb et du Zn (fonderies primaires et secondaires).
La fabrication des batteries et accumulateurs.
La récupération des métaux (ferrailleurs et radieuteristes).
L’oxycoupage de tôles et de charpentes métalliques traitées au minium.
Le décapage thermique de vieille peinture.
La manipulation des pigments plombifères (céramistes, faïenciers et cristalliers).
La fabrication et l’utilisation des munitions.
L’utilisation des dérives organiques pour les carburants.
4 -2 L’EXPOSITION EXTRA-PROFESSIONNELLE :
L’exposition de la population générale au Pb provient de :
-L’alimentation (apport quotidien de 50-200µg),
-Le tabagisme (10-20 µg/cigarette),
-La pollution atmosphérique en rapport avec les rejets industriels et surtout par les gaz d’échappement des véhicules à
essence (90 % de la pollution de l’air des grandes villes),
- La pollution hydrique liée à la solubilisation dans certaines circonstances du Pb de la canalisation (la norme de l’OMS pres-
crit une teneur maximale de 50 µg/l de Pb dans l’eau de boisson) ou à l’ingestion de boissons acides (jus, vin, vinaigre…)
stockées dans des récipients en céramique contenant des composés plombifères.
5 – MÉTABOLISME :
A) L’ABSORPTION :
Elle est essentiellement pulmonaire et digestive : chez l’adulte, 50 à 70 % du Pb inhalé sont absorbés contre 10 % seule-
ment du Pb ingéré.
B) LE TRANSPORT :
Dans le sang le Pb est fixé pour plus de 90 % au GR. Le reste est fixé aux protéines circulantes, d’où l’intérêt de prélever du
sang total pour le dosage de la plombémie.
C) LA DISTRIBUTION :
Elle concerne un secteur parenchymateux et un secteur osseux.
Le premier secteur intéresse en premier lieu le rein, le foie, les muscles, le cerveau et le placenta. Il renferme 2 à 10 % du
Pb absorbé, appelé Pb toxique ou pool échangeable, dont la demi-vie est de 30 à 40 jours.
Dans le deuxième secteur (squelette et dents), le Pb remplace le Ca++ au niveau des cristaux d’hydroxyapatite et constitue
le pool fixe. Il concerne 90 % du Pb absorbé dont la demi-vie est supérieure à 10 ans.
Le Pb est toxique cumulatif dont les mécanismes de toxicité sont multiples et non encore complètement élucidés. L’action
sur le tissu hématopoïétique a retenu l’attention malgré la faible importance de son effet clinique. Sa connaissance a per-
mis de proposer des méthodes de dépistage précoce d’imprégnation saturnine.
6 – 1 TOXICITÉ HÉMATOPOÏÉTIQUE
1 A – INTERFÉRENCE AVEC LA SYNTHÈSE DE L’HÉMOGLOBINE :
Le Pb inhibe les enzymes de la chaîne de synthèse de l’Hb, qui possèdent des atomes de souffre : ALA synthétase, ALA dés-
hydrase+ et la ferrochélatase. Cette inhibition se traduit par une accumulation des précurseurs dont la détection précoce
joue un rôle primordial dans la surveillance de l’exposition et la prévention des manifestations cliniques.
Le schéma de l’inhibition de la synthèse de l’hème par le plomb est présenté en annexe.
1 B - EFFET SUR LES HÉMATIES
Le Pb inhibe la fonction de la membrane érythrocytaire et diminue l’activité des enzymes érythrocytaires telles que l’ALA
déshydrase et la glutathion réductase ce qui engendre une fragilisation membranaire et une réduction de 20 % de la de-
mi-vie des hématies.
6 – 2 TOXICITÉ EXTRAHÉMATOPOÏÉTIQUE
Elle est mal connue. Le Pb serait responsable principalement de :
- Perturbations enzymatiques et métaboliques en rapport avec son affinité aux groupements thiol des protéines.
- Dégénérescence schwannienne suivie d’une démyélinisation segmentaire au niveau du SNP.
- Néphropathie glomérulaire aspécifique en cas d’intoxication chronique. En aigu, la toxicité rénale est faible.
- vasoconstriction
7 - SYMPTÔMES
8 - PRÉVENTION
9 – TRAITEMENT :
10 - LA RÉPARATION
Le saturnisme professionnel est réparé conformément aux dispositions du tableau N° 1 de la liste des maladies profession-
nelles :
Délai de
Liste indicative des principaux travaux susceptibles de provoquer
Désignation des maladies prise en
ces maladies
charge
A- Manifestations aiguës et Subaiguës Extraction, traitement, préparation, emploi, manipulation du
plomb, de ses minerais, de ses combinaisons et de tout produit en
Anémie confirmée par analyse hématologique. 3 mois renfermant, notamment :
B- Manifestations chroniques
Neuropathies périphériques et/ou syndrome de 2 ans
sclérose latérale amyotrophique ne s’aggravant pas
après l’arrêt de l’exposition.
Cycle de KREBS
Pb
ALA Synthétase
g
Succinyl-coenzyme A + Glycine
Pb
ALA Déshydrogénase
g
Acide aminolevulinique (ALA)
Porphobilinogène
Uroproporphyrinogène
Coproporphyrinogène
Pb
Coprodécarboxylase
g
Protoporphyrine IX
Pb
Hème synthétase
g
Pb g Globine Hème
Hémoglobine
I- INTRODUCTION :
Les solvants organiques sont les produits chimiques les plus utilisés en milieu professionnel et extra-professionnel. Ces
produits qui sont ubiquitaires posent un problème de santé publique en raison du nombre important de la main d’œuvres
exposée, de la méconnaissance du danger inhérent à leur utilisation et de leurs effets nocifs sur la santé.
II-DÉFINITION ET CLASSIFICATION :
Ce sont des hydrocarbures ou des substitués d’hydrocarbures ayant la propriété de dissoudre les substances non hydroso-
lubles. La plupart des solvants sont issus de la pétrochimie.
Les solvants organiques peuvent être classés en fonction de leur famille chimique en deux groupes : les hydrocarbures
substitués et les hydrocarbures non substitués (voir annexe 1) :
Les solvants organiques sont des liquides volatils à température ambiante, émettant des vapeurs plus lourdes que l’air et
possèdent une faible tension superficielle.
À l’exception des dérivés halogénés, la plupart des solvants sont inflammables.
Ils peuvent se décomposer à la chaleur (incendie, soudage) et libérer des produits de pyrolyses irritants ou caustiques.
V- TOXICO CINÉTIQUE :
ABSORPTION :
En milieu professionnel, la voie respiratoire constitue la voie de pénétration principale. La voie percutanée est accessoire,
elle est majorée par certaines pratiques comme le lavage des mains au « diluant » chez les peintres et les mécaniciens.
DISTRIBUTION :
Étant liposoluble, la distribution des solvants concerne tous les organes, mais avec un tropisme marqué pour les tissus
riches en graisses (tissus adipeux, système nerveux central, moelle osseuse). Les solvants traversent facilement le placenta
par simple diffusion.
MÉTABOLISME :
Les solvants sont métabolisés principalement au niveau du foie en composés hydrosolubles éliminés facilement par le rein
et/ou en composés volatils (CO2, CO) éliminés par le poumon.
ÉLIMINATION :
Une fraction plus ou moins importante, variable selon les molécules est éliminée sous forme inchangée par le poumon.
Cette fraction peut atteindre 90 % pour le perchloroéthylène.
Les métabolites hydrosolubles provenant de la biotransformation hépatique sont excrétés par le rein. Leur dosage urinaire
lorsqu’il est possible permet la surveillance des travailleurs exposés.
1- INTOXICATION AIGUË :
Il s’agit de manifestations observées habituellement en cas d’exposition accidentelle :
A) ATTEINTE CUTANÉO-MUQUEUSE :
• Atteinte cutanée : La plupart des solvants organiques ne sont que très modérément irritants pour l’épiderme. Cependant,
certains composés font exception et sont très irritants à l’état pur pouvant entraîner des brûlures chimiques (exemple :
le chlorure de méthylène).
• Atteinte des muqueuses : se traduit habituellement par une rhinite, une conjonctivite, une irritation bronchique. En cas
d’exposition massive et en particulier à certains solvants comme les solvants chlorés on peut observer un OAP lésionnel
ou un bronchospasme.
B) ATTEINTE DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL :
Elle survient avec tous les solvants, et ce en raison de leur affinité pour le système nerveux central. L’action se mani-
feste cliniquement par un syndrome ébrio-narcotique avec céphalées, vertiges et nausées, quelquefois des troubles de la
conscience plus ou moins intenses pouvant aller jusqu’au coma.
C) TROUBLES DIGESTIFS :
Les intoxications aiguës par les solvants peuvent s’accompagner de divers troubles digestifs : douleurs abdominales, nau-
sées, vomissements… etc.
D) ATTEINTE CARDIAQUE :
En cas d’intoxication aiguë, les solvants chlorés peuvent provoquer des troubles de l’excitabilité myocardique (tachycar-
die sinusale et supra-ventriculaire) et des troubles de la conduction auriculo-ventriculaires. Parfois on peut observer des
extrasystoles ventriculaires polymorphes faisant redouter la fibrillation ventriculaire. Ces troubles apparaissent liés à une
sensibilisation du myocarde aux catécholamines endogènes.
E) ATTEINTES HÉPATORÉNALES :
L’exemple type est celui du tétrachlorure de carbone. Cliniquement après une phase de latence de 48 heures, s’installe :
- Une tubulopathie anurique par nécrose tubulaire ;
- Une atteinte hépatocellulaire qui est variable et se manifeste par une symptomatologie digestive (anorexie, nausées,
douleurs abdominales avec subictère et surtout cytolyse biologiquement massive.
Ce tableau d’hépatonéphrite est bien connu. L’évolution se fait dans près de 90 % des cas vers la guérison sans séquelles
grâce à l’hémodialyse qui a transformé le pronostic. Actuellement ce tableau est devenu rare du fait de la limitation de
l’utilisation du CCL4.
D’autres solvants en particulier les solvants chlorés peuvent donner une atteinte isolée, rénale ou hépatique.
2- INTOXICATION CHRONIQUE :
A) ATTEINTE CUTANÉE
L’exposition répétée aux solvants organiques peut détruire le film lipidique de la peau et entraîner une dermatose irritative
chronique. Exceptionnellement certains solvants peuvent être responsables d’une dermatose allergique.
VII- PRÉVENTION :
Le médecin généraliste joue un rôle essentiel dans la prévention des effets sanitaires liés à l’exposition professionnelle aux
solvants. En effet, il participe à la fois à l’orientation professionnelle des futurs travailleurs présentant une incompatibilité
physique ou psychique avec les solvants et au dépistage des affections induites ou aggravées par l’exposition profession-
nelle aux solvants. Le principe de la prévention se base sur :
PRÉVENTION MÉDICALE :
À l’embauche et lors de l’orientation professionnelle :
Les sujets présentant une susceptibilité individuelle ne doivent pas être affectés ou orientés vers des métiers exposant aux
solvants :
- Une dermatose (eczéma…) ;
- Des troubles neuropsychiques ;
- Des troubles hépatiques ;
- Des troubles rénaux ;
- Des troubles hématologiques (anémie, leucopénie…)
- Un éthylisme chronique ;
Ne pas exposer les femmes enceintes et les jeunes de moins de 18 ans.
VIII- RÉPARATION :
Selon la liste tunisienne des tableaux des maladies professionnelles indemnisables, certaines pathologies liées à l’exposi-
tion aiguë ou chronique à certains solvants organiques peuvent être reconnues comme professionnelles indemnisables ;
Solvant Tableau
Le chlorure de méthyle N° 20
Le tétrachlorure de carbone N°21
Le tétrachloréthane N°22
Les dérivés chlorés halogénés des hydrocarbures aliphatiques (autres solvants chlorés) N°23
Le bromure de méthyle N°24
Le disulfure de carbone N°26
Hexane N°27
Alcool furfurylique N°29
Le benzène N°31
Les dérivés halogénés des hydrocarbures aromatiques N°32
Les solvants organiques liquides à usage professionnel N°40
Délai de
Liste indicative des principaux travaux susceptibles de provoquer
Désignation des maladies prise en
ces maladies
charge
Néphrite aiguë ou subaiguë avec albuminurie, 30 jours Préparation, emploi, manipulation du tétrachlorure de carbone ou
cylindrique et azotémie progressive. des produits en renfermant, notamment :
Hépatonéphrite initialement apyrétique ictérigène 30 jours Emploi du tétrachlorure de carbone comme dissolvant, en
ou non. particulier pour l’extraction des matières grasses et pour la teinture-
30 jours dégraissage.
Ictère par hépatite, initialement Apyrétique
7 jours Remplissage et utilisation des extincteurs au tétrachlorure de
Dermites chroniques ou récidivantes. carbone.
Accidents nerveux aigus en dehors des cas 3 jours Désinsectisation des graines de céréales et de légumineuses
considérés comme accidents du travail.
1 GÉNÉRALITÉS :
L’année 2010 est décrétée en Tunisie « Année de Lutte contre le Cancer ». Ce fléau mondial mérite une mobilisation de
telle ampleur. En effet, le nombre total des cas de cancers en Tunisie (malades vivants : nouveaux et anciens) est estimé à
environ 21.000 malades. On estime le nombre de nouveaux cas de cancer par an à 10.300 (5.900 pour le sexe masculin et
4.400 pour le sexe féminin), soit des taux d’incidence de 117,9 nouveaux cas/100 000 habitants pour le sexe masculin et de
87,6 nouveaux cas/100 000 habitants pour le sexe féminin. Les taux d’incidence standardisés (comparaison internationale
sur la base d’une population par tranche d’âge type) sont de 133 nouveaux cas/100 000 habitants pour le sexe masculin et
de 94,6 nouveaux cas/100 000 habitants pour le sexe féminin.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 20 % des cas de cancer sont d’origine génétique et 80 % sont attribuables
à des facteurs environnementaux. Ces facteurs ont trait notamment au mode de vie, à la profession, à la pollution de l’en-
vironnement, aux produits industriels et aux rayons ultraviolets ou solaires, soit isolément, soit en combinaison avec un
facteur génétique. L’OMS estime également que 40 % des cancers pourraient être évités grâce à des stratégies de préven-
tion efficaces.
Si l’étiologie de la plupart des cancers demeure encore inconnue, les progrès de la médecine ont permis d’identifier des
agents cancérogènes, c’est le cas des cancers professionnels dont l’étude a été magistralement commencée par les obser-
vations de Percival POTT en 1775. Depuis, la vigilance s’avère d’autant plus nécessaire que l’industrie moderne multiplie les
produits chimiques de synthèse et les applications des rayonnements ionisants.
Le risque de cancer résultant d’expositions professionnelles reste particulièrement préoccupant selon le rapport de l’Orga-
nisation mondiale de la santé d’avril 1995, qui recense près de 350 facteurs cancérogènes.
2 LA CANCÉROGENÈSE CHIMIQUE
La cancérogenèse chimique connaît un mécanisme essentiellement génétique au cours duquel le cancer trouve son origine
dans une altération du matériel génétique de la cellule atteinte (action génotoxique).
On peut classer les cancérogènes en fonction de leur mode d’action :
• ceux qui agissent par contact direct : amiante au niveau des poumons, arsenic sur la peau
• ceux qui doivent être métabolisés : les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les alkylants, les aflatoxines…
• ceux qui sont synthétisés in vivo à partir de précurseurs exogènes : formation de nitrosamines.
La cancérogenèse est un processus qui se développe en plusieurs étapes :
La première étape est appelée initiation :
Les cancérogènes chimiques qui ont la propriété d’être électrophiles (directement ou après activation métabolique) vont
chercher a combler ce déficit en électron en se fixant de manière covalente sur les bases des acides nucléiques riches en
groupements nucléophiles de l’ADN.
Les conséquences de ces liaisons sont des modifications fonctionnelles ou de conformation dans les molécules des acides
nucléiques : il s’agit de mutations
Il s’agit de pathologies très fréquentes de nos jours et dont les étiologies toxiques sont de plus en plus nombreuses. Elles
posent :
* des problèmes diagnostiques
* des problèmes physiopathologiques (relation de cause à effet)
* des problèmes de prévention : étant donnée la nouveauté de ces substances, les risques sont parfois imprévisibles.
3-1 MÉTHÉMOGLOBINÉMIE :
Elle correspond à l’oxydation réversible du fer ferreux Fe++ de l’Hémoglobine en fer ferrique Fe+++. La méthémoglobine
(métHb) ainsi formée est incapable de fixer l’oxygène.
Méthémoglobinémie Symptômes
15% cyanose décelable (ongles, oreilles, lèvres )
40% cyanose plus intense : teinte ardoisée de la peau ; parfois aucune plainte subjective
40 – 60% céphalées, faiblesse, vertige, ataxie, dyspnée à l’effort, tachycardie, éventuellement crise angineuse
> 60% Somnolence évoluant vers le coma
Un déficit en G6PD majore la toxicité.
3-2.CARBOXYHEMOGLOBINEMIE (HBCO) :
Il peut s’agir d’une intoxication aiguë ou chronique par le monoxyde de carbone (CO).
Le CO inhalé se lie très rapidement à l’hémoglobine (Hb) avec une affinité environ 250 fois supérieure à celle de l’oxygène,
pour former de la carboxyhémoglobine (HbCO).
La liaison CO-Hb est stable, mais spontanément réversible, fonction des pressions partielles respectives du CO et de l’oxy-
gène
• La fixation du CO sur le fer de l’hème provoque l’inactivation fonctionnelle de l’Hb, responsable d’un trouble du transport
de l’oxygène, et plus accessoirement d’un mauvais relargage tissulaire de l’oxygène par l’oxyhémoglobine restante. Il en
résulte une hypoxie hypoxémique périphérique qui constitue le principal mécanisme d’action toxique lors de l’intoxica-
tion aiguë.
• La toxicité du CO est dose-dépendante : La VME est de 50 ppm (soit 55 mg/m3).
4 TROUBLES DE LA COAGULATION :
1. INTRODUCTION :
Alors que l’on parle de son quand des variations de pression de l’air ambiant sont détectées par l’oreille humaine, on qua-
lifie de bruit tout phénomène acoustique produisant une sensation généralement désagréable. On peut donc assimiler le
bruit à un son non désiré.
La pathologie du bruit est connue depuis quelques siècles. Dès 1700 Bernardo RAMMAZINI décrit l’atteinte de l’ouïe chez
les chaudronniers.
Le bruit, incontestable fléau de notre civilisation, est particulièrement présent dans les branches d’activités industrielles les
plus diverses. Les effets du bruit sont de plusieurs types :
a) auditifs
b) Les effets extra-auditifs
c) Les traumatismes acoustiques (barotraumatisme) qui sont considérés comme accident du travail.
En Tunisie, la surdité professionnelle est parmi les premières maladies professionnelles déclarées dans le secteur privé.
Le bruit est constitué par un ensemble de sons d’origines, d’intensités et de fréquences diverses, il est caractérisé par son
spectre de fréquence, son intensité et sa durée.
Elles sont variées et très nombreuses, à titre indicatif on peut citer les travaux en présence d’un bruit d’intensité :
• > 70 dB : dactylographie, atelier de tournage et d’ajustage, atelier de filage de coton, couture, les centres d’appels télé-
phoniques…..
• Entre 85 & 100 dB : forage, scie à bois à 1 m, presse à découper, atelier de tissage…
• Entre 105 & 130 dB : perforatrice en galerie de mine, raboteuse, moteur d’avion, atelier de chaudronnerie, coups de
marteau sur acier, marteau pneumatique…
• Entre 130 et 140db : turboréacteur au banc d’essais. L’oreille éprouve une sensation de douleur au-delà de 120db.
ÉCHELLE DES BRUITS
140
Turbo-réacteur
130 • Moteur d’avion
• Perforatrice en galerie
• Marteau pneumatique
• Raboteuse.
-0 Seuil de l’audition
L’appareil auditif présente 3 parties principales :
- l’oreille externe, constituée par le pavillon, véritable cornet acoustique qui collecte et dirige les ondes sonores vers le
conduit auditif externe, fermé par la membrane du tympan. Sous l’effet de la pression acoustique, cette membrane se
met à vibrer.
- l’oreille moyenne, formée par la caisse du tympan, cavité remplie d’air, contenant la chaîne des osselets. Les différents os-
selets ont pour fonction de transmettre mécaniquement les oscillations du tympan. La cavité de l’oreille interne commu-
nique avec le milieu extérieur par la trompe d’Eustache, canal se terminant dans le rhino-pharynx et assurant l’équilibre
des pressions des deux côtés du tympan.
- l’oreille interne qui comprend :
- le vestibule et les canaux semi-circulaires, organes de l’équilibre,
- la cochlée, appareil récepteur de l’audition, composée d’un complexe de canaux et de petites poches, encastrées à
l’intérieur d’une structure osseuse, ressemblant à une coquille d’escargot et encore appelée limaçon. Cette cavité
spiralée est partagée en deux par le canal cochléaire, la paroi basilaire de ce canal cochléaire est plus épaisse et ren-
ferme l’organe sensoriel récepteur auditif dit organe de Corti.
Le dernier des osselets, à savoir l’étrier, transmet ses vibrations au liquide ou endolymphe contenu dans la cochlée. Les
ondes de pression ainsi obtenues excitent les cellules ciliées de l’organe de Corti avec transformation de l’énergie méca-
nique en énergie électrique. Les ondes sonores sont ainsi transformées en impulsions nerveuses et transmises aux centres
nerveux du cerveau par l’intermédiaire du nerf auditif.
Mécanisme de défense de l’oreille face au bruit
Les osselets sont rattachés à la boîte crânienne par de petits muscles qui peuvent, lors de sons trop intenses, bloquer en
partie cette transmission afin de protéger l’oreille. La contraction de ces muscles est involontaire, on l’appelle réflexe stapé-
dien. Celui-ci, très efficace au début de l’exposition, a tendance, sous l’effet des agressions sonores répétées dans le temps,
à voir peu à peu son action s’estomper.
ÉVOLUTION CLINIQUE
D’installation insidieuse et progressive, la surdité évolue classiquement en 4 stades successifs.
STADE 1. :
• Ce stade est caractérisé par un trou auditif au 4000 Hz. Il passe totalement inaperçu, n’étant décelé que par l’audiomé-
trie systématique qui montre que toutes les fréquences ont conservé un seuil normal sauf sur la fréquence de 4000 Hz
où on note une chute de 30 à 50 dB.
• Signes subjectifs : acouphène aigu intermittent, petits troubles de la sélectivité dans le bruit, petit phénomène de distor-
sion de la musique. Cette période dure plusieurs années.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Surdité de transmission : elle n’est jamais due au bruit.
Surdité de sénescence vraie ou presbyacousie :
Elle survient à un âge plus avancé et présente une perte plus modérée. Elle s’aggrave de ½ dB/an.
Les labyrinthites toxiques se traduisent par des surdités de perception qui sont dues à des toxiques médicamenteux ou
industriels.
D’autres surdités de perception :
• L’otospongiose dans sa forme cochléaire
• neurinome de l’acoustique (surtout donne une surdité unilatérale)
• les surdités séquellaires post-infectieuses.
Séquelles de traumatismes crâniens : La surdité s’accompagne du syndrome subjectif des traumatisés du crâne.
Ils dépendent du système nerveux végétatif empruntant les voies du système sympathique et l’axe hypothalamo-hypophysaire.
Les réactions de l’organisme sont :
7 LA PRÉVENTION :
Les premiers soucis des préventeurs sont de réduire le bruit auquel sont exposés les travailleurs en agissant soit sur le
niveau de la source, soit sur le milieu de propagation.
À défaut de pouvoir réduire le bruit, il faut indiquer une limitation de la durée d’exposition, indiquer le port de moyen de
protection et instaurer une surveillance médicale de l’audition des personnes exposées.
Les causes d’inaptitude pour les postes bruyants ou pour d’autres postes de sécurité sont :
- La surdité de perception : Le bruit professionnel aggravera toujours leur état.
- L’otospongiose, surtout si elle est opérée, constitue un motif d’inaptitude au travail bruyant.
La surdité de transmission n’est pas une cause d’inaptitude. Les sujets qui en sont porteurs sont peu sensibles à l’exposition
au bruit, ils se trouvent même protégés contre le bruit.
Leur recrutement doit par contre prendre en considération le risque d’accident au niveau de certains postes de travail
requérant une ouïe parfaite.
7.2.2. LES VISITES PÉRIODIQUES :
Une surveillance audiométrique régulière des travailleurs exposés à un niveau sonore >70 dB est nécessaire.
La périodicité des examens sera fixée par le médecin du travail :
• en fonction de l’âge du sujet.
• de ses antécédents ORL
• de sa sensibilité au bruit
• du poste de travail
• de la durée d’exposition au bruit.
La constatation d’un déficit ou d’une fragilité particulière d’un travailleur exposé doit déboucher sur une solution appropriée :
- essayer d’abord de réduire le bruit à la source.
- le port de protecteurs individuels,
- une réduction du temps d’exposition ou une mutation de poste
8 REPARATION MEDICO-LEGALE :
La surdité professionnelle due au bruit est une maladie professionnelle indemnisable (tableau n° 80). Le délai de prise en
charge est de 1 an.
- Il existe une durée d’exposition au risque qui doit être de 1 an, réduite à 30 jours pour les travaux de mise au point de
propulseur, réacteurs et moteurs thermiques.
INTRODUCTION :
En milieu professionnel, la température des locaux de travail constitue le facteur primordial d’ambiance pour juger les
conditions de travail. En effet, la charge thermique peut agir :
• d’une part sur la santé des travailleurs et être à l’origine d’accidents spécifiques ou bien favoriser l’apparition de troubles
très divers.
• d’autre part sur la qualité du travail à cause de la gène et de l’inconfort qu’elle peut engendrer.
Assurer des conditions physiques saines et agréables du travail est un but que l’on doit se proposer actuellement, mais qui
n’est encore réalisé que de façon très restreinte.
Le bilan thermique s’évalue par la somme algébrique de différents flux de chaleur produits et échangés avec l’environne-
ment. La sensation de bien-être, de confort dépend de l’équilibre du bilan calorique du corps :
- en ambiance thermique normale, la quantité de chaleur produite par un individu au repos (métabolisme de repos) est de
l’ordre de 100 kcal/h,
- lorsque l’individu fournit un effort physique intense (métabolisme d’effort) elle peut atteindre 600 k cal/h.
Dans tout travail musculaire, 75 à 80 % de l’énergie utilisée sont transformés en chaleur à l’intérieur de l’organisme, dans
le travail industriel, 90 à 95 % de l’énergie sont transformés en chaleur.
Si le corps n’élimine par l’excès de chaleur l’accroissement de la température serait de l’ordre de 1,2 ° c/heure au repos et
de 7,2 °/heure lors de l’effort. Mais chez l’homme, il existe des centres nerveux qui agissent en permanence sur un système
thermorégulateur pour produire et/ou évaluer la chaleur afin de maintenir la température du corps à un degré relative-
ment fixe : c’est l’homéothermie.
La boucle de régulation comprend 4 éléments :
Les thermodétecteurs qui sont répartis dans les organes profonds (hypothalamus, la moelle épinière, l’abdomen, certains
vaisseaux sanguins et certains muscles) et dans la peau. Ces thermodétecteurs présentent une sensibilité statique (fonc-
tion de niveau de température) et une sensibilité dynamique (fonction de la vitesse de variation de la température).
Le centre thermorégulateur se situe au niveau de l’hypothalamus vers lequel convergent toutes les informations provenant
des thermodétecteurs. Une intégration se fait à ce niveau. La valeur intégrée est comparée à la valeur de référence.
La grandeur réglée est, selon la majorité des auteurs un ensemble de températures corporelles profondes et superficielles ;
d’autres auteurs considèrent que la grandeur réglée est le contenu calorique du corps.
3-1/MÉCANISME :
La lutte contre la chaleur est assurée, nous l’avons vu, essentiellement par la perte de chaleur au niveau de la peau, au
contact de l’air frais, perte d’autant plus élevée que le mouvement de l’air est plus grand.
Dans une ambiance chaude où la température extérieure se rapproche de celle du corps, la déperdition de chaleur est
assurée par deux phénomènes :
3-1.1/CONGESTION PÉRIPHÉRIQUE :
Il y a afflux de sang à la périphérie, pour augmenter la surface rafraîchie. Cette congestion périphérique est favorisée par
l’accélération du pouls, et par la vasodilatation des capillaires cutanés.
Ainsi pouvant s’observer soient des accidents aigus sous forme de collapsus cardiaque, soient des troubles circulatoires chro-
niques.
3-1.2/SUDATION (+++) :
L’autre phénomène régulateur de la température est la sudation.
Réduite à un litre par 24 heures, nous l’avons vu, chez un homme au repos elle peut atteindre chez un homme travaillant à
des températures élevées la quantité de 1 litre par heure et 8 litres par jour.
Dans des cas extrêmes, la perte d’eau peut même s’élever jusqu’à 4 litres par heure et 15 à 20 litres par jour.
Ces sueurs abondantes provoquent un grand déséquilibre humoral, facteur d’accidents graves.
On observe d’abord une hémoconcentration, la sueur étant moins concentrée que le sang, mais la perte d’eau entraîne une
soif inextinguible et l’apport de grandes quantités d’eau sans adjonction de sel, provoque bientôt une augmentation de la
soif, avec exagération de la sudation et de la fuite de chlorure de sodium, à concentration inférieure à celle du sang, mais
pouvant atteindre des taux élevés dans certaines conditions.
- Les taux de chlorure de sodium dans la sueur sont compris entre 1 à 3,7 g par litre, ce taux est faible chez l’ouvrier
adapté au travail à la chaleur et élevé chez le sujet récemment embauché. La perte de chlorure de sodium augmente
avec le travail et avec la vitesse de la transpiration.
Les pertes de sel peuvent ainsi être élevées, atteindre 15 à 20 grammes par 24heures, déterminant, si on ne les corrige pas,
les accidents chloropéniques.
Après une adaptation d’une semaine, elle peut diminuer de 1/3.
Les accidents véritables déclenchés par la chaleur sont heureusement rares, mais le défaut de climatisation a une indé-
cence fâcheuse sur la production :
- Les premiers effets sur l’organisme de la chaleur humide en air confiné sont l’accélération du pouls, la vasodilatation pé-
riphérique, la sensation de malaise avec somnolence et lipothymie et la réduction de la capacité musculaire,
- Le rendement du travail se trouve diminué de façon notable. Et l’on a pu établir qu’un renouvellement d’air, moins hu-
mide et plus frais pouvait doubler le potentiel de travail.
- De même la précision des mouvements, l’attention diminuent avec une forte température et la ventilation des locaux
avec abaissement de la température, ont permis la réduction des accidents du travail dans une proportion importante.
- Les conditions optimales de sécurité et de productivité sont les mêmes que celles que nous avons indiquées pour le
confort : température entre 12 et 22 °, avec moyenne de 16 ° à 18 °, humidité de l’air comprise entre 30 % et 75 %.
Ces conditions varient avec l’intensité du travail.
- D’après Gautrelet, l’organisme développe les meilleures aptitudes à 18 ° c au repos à 16 °, 5 c pendant le travail modéré ;
à 15 ° c en cas de travail intensif.
- SIMONIN a noté que le pourcentage d’accidents du travail passe par un minimum lorsque la température est aux environs
de 17 ° c, augmente lorsque celle-ci s’élève ou s’abaisse.
5.4- AUTRES :
Des études épidémiologiques ont montré une prévalence plus élevée chez les travailleurs exposés à la chaleur de :
- sclérose aortique
- HTA
- hypertrophie cardiaque
- rhumatismes
- affections respiratoires
- troubles digestifs : inappétence par hypochlorhydrie gastrique, dyspepsie, diarrhées engendrées par les excès de boisson.
7- REPARTION:
Délai de prise en
Désignation des maladies Liste indicative des principaux travaux susceptibles de provoquer ces maladies
charge
-A 15 ans Travaux exposant habituellement au rayonnement thermique de verre ou de métal
Cataracte. portés à l’incandescence.
B 15 ans Travaux suivant exposant au rayonnement thermique associé aux poussières dans les
Ptérygion ateliers de verrerie travaillant le verre à la main.
a- Surveillance de la marche des fours à verre.
b- Cueillette, soufflage, façonnage à chaud de verre.
Tableau n° 83 : Le Travail à haute température
Prérequis:
- Thème VI : Module de biophysique en PCEM1.
I – INTRODUCTION
L’homme a toujours est exposé à des rayonnements ionisants (RI) naturels d’origine cosmique ou terrestre. Avec la décou-
verte des rayons X et de la fission nucléaire, à la fin du XIXe siècle, l’utilisation des rayonnements ionisants artificiels s’est
répandue dans plusieurs activités humaines médicales, industrielles et militaires.
Les effets sanitaires des RI sont bien connus et leur gravité est certaine, qu’ils soient à forte dose, dits déterministes ou à
faibles doses dits stochastiques. Les RI sont cancérogènes certains (classe 1) pour l’homme selon la classification internatio-
nales de recherche sur le cancer et malgré cela ils n’ont pas pu être substitués et ils sont utilisés pour leurs avantages exposant
non seulement les travailleurs exposés, mais également la population générale. Il s’agit d’un problème de santé publique et
de sante au travail.
L’application de la réglementation Tunisiennes de radioprotection permet de réduire le risque de survenue des effets patho-
logiques radioinduits. Le Tableau qui répare les maladies professionnelles est le N°76.
4. EFFETS CLINIQUES
4.1 L’EFFET DÉPEND DE LA DOSE REÇUE:
a) Aux doses élevées, l’effet est immédiat, quelques heures voir quelques jours après l’exposition, et apparait obligatoirement
chez tous les individus exposés à un niveau de dose dépassant le seuil. Plus la dose augmente et plus la gravité de l’effet aug-
mente.
b) Aux faibles doses, l’effet (cancers et cataracte) est retardé après plusieurs mois ou années. Il est lié au hasard et n’apparait
pas obligatoirement pour chaque individu exposé. Cet effet est aléatoire et son intensité n’est pas dépendante de la dose. Il
est dit stochastique. Il n’a pas été possible de mettre en évidence l’existence d’un seuil d’apparition à cet effet.
4.2. CARACTÉRISTIQUES DES LÉSIONS :
- Le polymorphisme : l’irradiation peut entraîner plusieurs effets concomitants.
- La non-spécificité : les affections radio-pathologiques ne se distinguent pas des affections analogues ayant une cause diffé-
rente surtout concernant les cancers radioinduits.
- La latence : En cas d’irradiation aiguë, le délai de latence se réduit à quelques jours ou quelques heures. Pour les effets can-
cérigènes, ce délai est de plusieurs années voire plusieurs dizaines d’années.
4.3. NATURE : Classiquement, et en fonction de l’ensemble de ces caractéristiques, on distingue :
4.3.1. Les effets de l’irradiation locale :
Lors d’irradiation locale, on observe deux types de réactions qui se succèdent dans le temps :
4.3.1.1. Les effets immédiats des radiations dus à la mort des cellules: parenchymateuses et se manifestent généralement
par une inflammation et/ou nécrose en fonction de la dose.
La radiodermite aigue : l’irradiation de la peau, par exemple, entraîne l’apparition d’un érythème (radiodermite),
ou une nécrose en fonction de la dose et qui évolue vers l’aggravation contrairement à la brulure thermique ou chimique qui
évolue vers la cicatrisation.
4.3.1.2. Les effets retardés des radiations dus à la destruction des cellules de soutien se manifestent le plus souvent par
une fibrose atrophique.
• La peau est le siège de placards bigarrés où coexistent sclérose, atrophie, télangiectasies avec hyper ou hypo pigmenta- tion;
les poils tombent. Sur les ongles, les fissures partent de la matrice et gagnent le bord libre. Toutes ces modifications peuvent
être source de cancérisation : Epithéliomas spinocellulaires ou basocellulaires.
• L’irradiation des gonades entraîne une infertilité temporaire ou permanente en fonction de la dose reçue.
• L’exposition des yeux aux RI peut entraîner le développement d’une cataracte radio induite même aux faibles doses. L’opa-
cification du cristallin se développe une à plusieurs années après l’exposition : plus la dose est grande, plus l’altération est
rapide. Il s’agit d’une cataracte postérieure ayant des particularités anatomopathologiques qui la distingue de la cataracte
classique due aux rayons UV ou due à l’HTA.
• L’irradiation de l’œil entraîne aussi souvent une kératite sèche due à la destruction des glandes lacrymales adjacentes.
4.3.2. Les effets de l’irradiation globale ou syndrome d’irradiation globale
Lorsqu’un organisme vivant est soumis à une dose élevée pendant un temps court, on observe une suite de symptôme dont
la séquence et l’intensité dépendent de la dose reçue et qui est connu sous le nom de syndrome d’irradiation aiguë.
Ce syndrome ne survient que lorsque l’irradiation est aiguë et concerne le corps entier et le rayonnement est suffisamment
pénétrant (rayons X, y ou neutrons).
Il n’a été observé que suite aux accidents des centrales nucléaires de Tchernobyl ou de Fukushima ou dans les suites de l’ex-
plosion de bombes atomiques de Hiroshima Nagasaki.
Il évolue en trois phases :
• Une première phase, appelée prodrome, est caractérisée par des vomissements, de la diarrhée, de la nausée, et de l’ano-
rexie.
• Une seconde phase dite latente pendant laquelle on observe une régression ou une disparition des symptômes.
• Une troisième phase où les signes cliniques réapparaissent. À ce stade, on distingue trois grands syndromes : hématopoïé-
tique, gastro-intestinal et neurologique.
5. RADIOPROTECTION
Les principes fondamentaux de la réglementation de la radioprotection reposent sur 3 principes fondamentaux :
1. justification de l’utilisation en évitant toute exposition inutile ;
2. Optimisation des moyens de radioprotection, basée sur le principe ALARA (maintenir la dose reçue aussi faible qu’il est
raisonnablement possible).
3. Limitation des doses individuelles en les maintenant inférieures aux seuils connus pour exclure les effets déterministes et
pour réduire les effets stochastiques pour lesquels il n’existe pas de seuil. Ils ne sont appliqués que pour les travailleurs expo-
sés aux rayons et qui sont munis de leur dosimètre.
Dans tous les cas d’exposition importante accidentelle externe ou interne, il faut informer dans les plus brefs délais
Le Centre National de Radioprotection
l’Inspection Médicale du Travail
Le ministère de la Santé.
6. LA RÉPARATION :
Le tableau des maladies professionnelles concernant les affections provoquées par les rayonnements ionisants est le tableau
N° 76.
1- Préciser les sources et les circonstances d’exposition professionnelle aux CEM selon leur nature ;
2- Décrire les effets pathologiques des CEM selon leur type ;
3- Décrire les effets pathologiques des rayonnements optiques selon leur nature ;
4- Enumérer les moyens d’action contre les CEM ;
1- INTRODUCTION – DÉFINITION :
Au cours du 20eme siècle, avec le développement de l’industrie, l’exposition aux Champs Electro Magnetiques (CEM) a
augmenté à travers le développement de l’électricité et de toutes ses applications industrielles et domestiques, des télé-
communications. Les CEM sont donc omniprésents dans notre environnement professionnel et domestique. L’explosion
récente de l’utilisation des téléphones mobiles et parallèlement le développement de nouvelles stations de base en sont
un exemple ou on utilise les radiofréquences.
Les ondes électromagnétiques de fréquence inférieure à 1015 Hz n’ont pas l’énergie suffisante pour briser les liaisons
chimiques. Elles sont appelées « rayonnements non ionisants ». Il s’agit des rayons UV, de la lumière visible, des radiofré-
quences et des basses et extrêmement basses fréquences. Les rayons UV sont situés à la frontière de l’ionisation.
Certains de ces rayonnements peuvent avoir des effets biologiques et peuvent être de type direct ou indirect et s’expri-
mer à court où à long terme.
Les principes de prévention se basent sur le principe de precaution. En effet en l’absence de certitudes de l’absence
d’effet nefaste des RNI les scientifiques recommandent la réduction de l’exposition, l’information des salariés et dans
certaines circonstances, sur le port des équipements de protection individuelle. Ces principes étant adaptés aux types de
rayonnement.
Nous nous intéresserons aux radiofréquences et des basses et extrêmement basses fréquences.
En milieu de travail, ces CEM sont particulièrement présents dans les secteurs d’activités suivants :
La prévention médicale :
En matière d’aptitude médicale au poste de travail dans une unité d’imagerie par résonance magnétique (IRM), les élé
ments de décision sont :
Personnel sans ATCD pathologiques particuliers : apte
Personnel porteur d’implant actif (stimulateur cardiaque, prothèse auditive, pompe à médicaments) : Inapte
Personnel porteur d’un implant passif ferromagnétique : 2 catégories
o Matériel dont le déplacement conduirait à une situation pathogène grave (clip vasculaire, agrafe intracérébrale et di-
gestive) : Inapte
o Matériel de volume important (plaque d’ostéosynthèse…) ou endothélialisé (stent) : Apte sauf en cas de douleurs
Femme enceinte : Éviction temporaire du risque.
TESTS D’ÉVALUATION
3- Répertoriez les caractéristiques des effets radio induits dans la colonne correspondante:
1. Obligatoires
2. sans seuil,
3. tardifs,
1 INTRODUCTION ET DEFINITION
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont des pathologies multifactorielles à composante professionnelle. Ils affectent
les muscles, les tendons et les nerfs des membres et de la colonne vertébrale. Les TMS s’expriment par de la douleur, mais
aussi, pour ceux du membre supérieur, par de la raideur, de la maladresse ou une perte de force.
Communément appelées troubles musculo-squelettiques (TMS) et pathologies d’hypersollicitation musculo-squelettique
(PHMS), elles sont en rapport avec des contraintes modérées, soutenues ou répétitives, appliquées sur ces structures.
Les régions corporelles concernées par les TMS sont principalement le cou, les épaules, les extrémités du membre supé-
rieur et le dos.
Les TMS induisent un handicap souvent transitoire, mais parfois définitif.
Ces affections sont actuellement des affections de plus en plus nombreuses touchant des travailleurs de plus en plus
jeunes. Leur fréquence, l’absentéisme qu’elles entraînent et le coût qui en résulte constituent un véritable enjeu en santé
au travail.
2 ÉPIDÉMIOLOGIE :
La plupart des études épidémiologiques décrivent une forte prévalence des TMS du membre supérieur dans des secteurs
d’activité comme la découpe de viande, de volaille ou de poisson, les équipements automobiles, le montage d’appareils
électroménagers ou plus généralement d’équipements électroniques, polissage, meulage, dactylographie, industrie de
conditionnement dans l’agroalimentaire, secteur de la confection, caissières de grandes surfaces……
En Tunisie : Le nombre de cas déclarés à la CNAM ne cesse d’augmenter.
• Entre 95-99 : les TMS occupaient le 4e rang des MP déclarées soit 8,06 %
• Entre 2001 et 2004 : 22 à 30,7 % (2e rang)
• En 2005 1er rang : 33 %
• En 2006 1er rang : 36 %
Les pathologies du rachis ne sont pas incluses.
En France : Les TMS sont la première maladie professionnelle (MP). En 2005, 28 278 cas soit 2/3 des MP ont été indemni-
sées. En 2006, 32 500 MP ont été indemnisées et ont engendré la perte de 7 millions de journées de travail et 710 millions
d’euros de frais, couverts par les cotisations des entreprises.
4 PHYSIOPATHOLOGIE :
Le comportement mécanique des tissus mous (tendons, ligaments, nerf et muscle) soumis à des contraintes mécaniques
montre qu’ils peuvent être considérés comme des matériaux viscoélastiques.
Au niveau musculaire, la principale contrainte est la force. Cette contrainte peut engendrer une fatigue musculaire. Sur
les tendons, les principales contraintes mécaniques qui s’exercent sont les forces de traction développées par le muscle
lors des efforts musculaires ainsi que des frottements et des compressions contre des tissus adjacents. Il peut en résulter
des inflammations du tendon (tendinite) ou du tendon et de sa gaine (ténosynovite). Pour les nerfs, la compression est la
principale contrainte mécanique ; la pathologie la plus répandue est le syndrome du canal carpien.
Il est habituel de classer les TMS selon leur localisation anatomique. On distingue ainsi les TMS de la colonne vertébrale,
du membre supérieur et du membre inférieur.
La diversité des maladies incluses dans les TMS des membres supérieurs est vaste. Le syndrome du canal carpien, la tendi-
nopathie de la coiffe des rotateurs et l’épicondylite sont les plus répandus.
On distingue essentiellement :
LES HYGROMAS DU GENOU :
- La plus fréquente des TMS du membre inférieur. Cette affection, est associée à la position agenouillée que l’on rencontre
dans les métiers du bâtiment (carreleurs…)
• LE SYNDROME DE COMPRESSION DU SCIATIQUE POPLITÉ EXTERNE/
- La compression s’effectue au niveau du col du péroné
- Ce syndrome est rencontré dans les travaux comportant une position accroupie prolongée (carreleurs…)
• LES TENDINITES DU TENDON D’ACHILLE
- Travaux comportant des efforts pratiqués en station prolongée sur la pointe des pieds (danseurs professionnels)
• LÉSIONS CHRONIQUES DU MÉNISQUE :
- Travaux exposant à des efforts ou des ports de charges exécutés en position agenouillée ou accroupie (mineurs, carre-
leurs, poseurs de sol…)
Plus de deux tiers de la population totale souffrent de mal de dos. Certaines douleurs persistantes sont handicapantes.
8 LA PRÉVENTION
Plusieurs facteurs sont à l’origine des TMS. Leur prévention ne peut se faire qu’au cas par cas, entreprise par entreprise. Elle
passe nécessairement par un diagnostic ergonomique.
QUELQUES CONSEILS
• Les douleurs cervicales peuvent être dues à un écran placé
trop haut ou trop bas par rapport aux yeux. L’écran est sou-
vent trop haut lorsque le moniteur est posé sur l’unité cen-
trale. Il est souvent trop bas lorsque l’opérateur utilise un mi-
cro-ordinateur portable. Des documents papier placés entre
le clavier et l’opérateur sollicitent les épaules lors de la frappe.
• La façon d’utiliser le clavier et la souris exercent aussi une
influence sur la survenue de TMS. Ainsi, un appui continuel du
poignet pendant la frappe ou une souris éloignée de l’opéra-
teur constituent des situations à risque de TMS des membres
supérieurs.
• Les douleurs cervicales sont plus répandues chez les opéra-
teurs effectuant des tâches monotones que chez ceux qui ont
des tâches plus variées.
• Par contre, une intense concentration peut provoquer une
tension musculaire dans les poignets et les mains, source de TMS.
Les TMS sont réduits si le poste de travail est aménagé de façon ergonomique, en tenant compte des carac-
téristiques physiques de l’opérateur. Le choix du matériel (fauteuil, table, souris, clavier, porte-copie, repose-
pieds) est aussi déterminant.
• Pour réduire l’astreinte musculo-squelettique, on peut alterner les tâches sur écran et le travail de bu-
reau ou multiplier les pauses.
[Source INRS]
9 RÉPARATION MÉDICO-LÉGALE :
En Tunisie, les troubles musculo-squelettiques sont réparés conformément au tableau N° 82 (Gestes et Postures) de la
liste des maladies professionnelles.
Délai de prise en
Désignation des maladies Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces maladies
charge
-A- 7 jours Travaux comportant habituellement une charge musculaire élevée et prolongée
Epaule de l’épaule en isomètrie
Epaule douloureuse simple
(tendinopathie de la coiffe des Travaux comportant habituellement des mouvements forcés et prolongés de
rotateurs) l’épaule
Epaule enraidie succédant à une 90 jours Travaux comportant habituellement des mouvements répétés ded l’épaule. La
épaule douloureuse simple rebelle. répétitivité doit être supérieure ou égale à 3 mouvements par minute pendant
une durée cumulative supérieur ou égale à une heure par journée de travail.
-B- 7 jours Travaux comportant habituellement des mouvements répétés de préhension ou
Coude d’extension de la main sur l’avant bras ou de supination et de prono-supination.
Epicondylite La répétitivité doit être supérieure ou égale à dix mouvements par minute
pendant une durée cumulative supérieure ou égale à une heure par journée de
Epitrochleite 7 jours travail.
Sydromes canalaires affirmés par 90 Jours Travaux comportant de façon habituelle, soit des mouvements répétés ou
l’examen clinique et confirmés par (Sous réserve prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main, soit un appui
l’électro-myogramme d’une durée carpien, soit une pression prolongée ou répétée sur le talon de la main. La
-Syndrome du canal carpien d’exposition de répétitivité doit être supérieure ou égale à 10 mouvements par mn pour les
5 ans) mains pendant une durée cumulative supérieure ou égale à une heure par
-Syndrome de la loge de Guyon. journée de travail.
-Hygroma chronique des bourses Travaux comportant de manière habituelle des mouvements répétés
séreuses 7 jours d’extension ou de flexion prolongées du genou.
Tendinite sous-quadricipitale ou Travaux comportant des efforts ou des ports de charges exécutés
rotulienne habituellement en position agenouillée ou accroupie.
ANNEXES
La manœuvre de Jobe :
explore la Tendinite du sus-épineux. Elle est réalisée sur un patient en position assise
ou debout, examinateur en face, le membre supérieur en abduction de 90 ° des bras
avec 30 ° de flexion, les pouces tournés vers le bas. L’examinateur impose une force
de haut en bas au niveau des coudes. Le patient doit maintenir la position en « pous-
sant vers le haut ». Le test est dit positif quand le sujet ne peut tenir la position contre
résistance. La douleur n’est pas signe de positivité.
Le test de Finkelstein :
Il consiste à demander une flexion adduction du pouce sur la base du cinquième
métacarpien avec flexion cubitale du poignet. Cette position doit alors reproduire la
douleur du patient.
Pré-requis
DCEM1 : Module orthopédie, infectieux, pneumologie.
INTRODUCTION
• Les pathologies osto-articulaires professionnelles non gestuelles peuvent être dues à des agents infectieux, chimiques
ou physiques.
• Plusieurs secteurs d’activités en sont concernés.
• Elles sont graves avec des conséquences socio professionnelles:
– car génératrices d’arrêts de travail longs
– L’éviction de l’exposition à l’agent causal parfois difficile.
– Pouvant entrainer une perte d’emploi et devenir ainsi handicapantes.
• La prévention prend toute sa place pour éviter la survenue de ces pathologies ou en réduire leur retentissement.
Les pathologies osteo-articulaires professionnelles en rapport avec des agents infectieux sont représentées par :
• La Brucellose (Tableau N°60)
• La Tuberculose (Tableau N°
1/ LE MILIEU HYPERBARE :
• C’est un environnement ou les travailleurs sont soumis à une pression relative supérieure à 100 hectopascals. (Pression
à la surface de la mer : 101.103 pascals).
• Les affections ostéo-articulaires sont en rapport avec le non-respect des paliers de décompression lors de la remontée.
• Elles sont dues à la présence de bulles gazeuses dans les tissus articulaires et juxta-articulaires.
• On distingue :
- Arthralgies dysbariques ou Bend:
• Forme musculo-squelettique de l’accident de décompression,
• Provoque généralement une douleur au niveau des articulations des bras et des jambes, du dos ou des muscles.
• Légère ou intermittente dans une première phase, mais elle augmente ensuite de façon constante et devient
intense.
- L’ostéonécrose dysbarique
• Effet tardif de l’accident de décompression qui implique la destruction du tissu osseux, tout spécialement au
niveau de l’épaule et de la hanche.
• Génère une douleur persistante et une invalidité sévère.
– juxta-articulaires, reproduisant les images des ostéonécroses idiopathiques et touchant sélectivement
les têtes humé- rales et fémorales ;
– diaphyso-métaphysaire réalisant une image d’infarctus osseux localisé de préférence au tiers supérieur
du tibia ou infé- rieur du fémur.
• Les lésions osseuses et articulaires peuvent évoluer progressivement, sur plusieurs mois, voire des années, vers
une forme grave et invalidante d’arthrite.
• Quand des lésions articulaires graves apparaissent, la prothèse articulaire est souvent le seul traitement dispo-
nible.
• Le diagnostic est clinique +++
• Une TDM et une IRM : utiles pour éliminer d’autres troubles qui causent des symptômes semblables (p. ex.,
hernie du disque intervertébral, accident vasculaire cérébral ischémique, hémorragie du SNC).
• Le traitement: la recompression +++
– O2 à 100% Indiqué chez tous les patients
– Doit débuter sur des arguments cliniques
– Environ 80% des patients guérissent complètement.
– Initialement, l’O2 à 100% à haut débit permet d’augmenter l’évacuation de N2 accélérant ainsi la réab-
sorption des bulles embolisées.
ANNEXES
Annexe 1 :
Désignation de la maladie Agent N° tabl
- Arthrose du coude comportant des signes radiologiques d’ostéophytoses.
- Ostéonécrose du semi-lunaire (maladie de Kienbôck). Vibrations 81
- Ostéonécrose du scaphoïde carpien (maladie de Köhler).
Ostéonécrose avec ou sans atteinte articulaire intéressant l’épaule, la hanche et le genou, confirmée
Les atmosphères hyperbares 78
par l’aspect radiologique des lésions
Radio-nécrose osseuse. Rayonnements ionisants 76
Ostéo-arthrite
BK 63
Synovite
Arthrite séreuse ou suppurée, ostéoarthrite, ostéite, spondylodiscite, sacrocoxite Brucellose 60
Ostéomalacie cadmium 10
Syndrome ostéoligamentaire Fluor 11
Annexe 2 :
Annexe 4:
Question N°1:
La Brucellose est :
A. Une maladie infectieuse à transmission interhumaine
B. Transmissible à partir des prélèvements biologiques en culture
C. La forme localisée rachidienne est toujours très algique
D. Une pathologie professionnelle selon le tableau N°60
E. Evitable si les animaux sont sains et périodiquement contrôlés
Question N°2:
La Fluorose osseuse est
A. Uniquement due à l’ingestion accidentelle du fluor
B. Est une maladie exclusivement professionnelle
C. Seul le secteur minier est concerné
D. La forme localisée rachidienne est souvent insidieuse au début
E. Le diagnostic est radiologique
Question N°2 : DE
Question N°1 : BCE
Réponses
1. INTRODUCTION :
L’OMS définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les ten-
sions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté. »
Pour se maintenir en bonne santé mentale, il faut établir un équilibre entre les divers aspects de sa vie : social, physique,
mental, économique et spirituel. Atteindre et maintenir cet équilibre nécessite un effort constant. Les difficultés et les défis
de la vie viendront parfois faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre et il faudra travailler à retrouver le point d’équi-
libre. Cet équilibre est la source d’une bonne santé mentale.
Le travail possède un caractère dual en ce qui concerne ses rapports avec la santé mentale. En même temps qu’il peut
structurer et être source de plaisir, il peut aussi causer des souffrances et déstructurer la vie psychique des personnes.
La pression est en effet inévitable dans les milieux de travail. Le stress peut être stimulant et motivant, mais peut aussi
être négatif lorsque les exigences et les pressions du travail ne correspondent pas aux habiletés d’un employé et lorsque
l’employé a peu de contrôle ou de soutien des autres.
Le stress au travail constitue d’ailleurs le risque professionnel le plus fréquent qui caractérise la transition épidémiologique
que connaît actuellement toute l’humanité. La réaction au stress peut avoir un effet sur la santé mentale et physique.
Selon plusieurs rapports publiés par le Bureau International du Travail (2000) et l’Institut Américain pour la sécurité et la
santé au travail (1999) le stress entraîne :
Une augmentation de l’absentéisme
Un renouvellement prématuré du personnel
Des départs à la retraite ou en invalidité pour raisons de santé
Des baisses de production et de qualité
Des litiges entre les salariés et les employeurs
Il importe tout d’abord de bien connaître les facteurs de risques psychosociaux qui menacent la santé mentale en milieu du
travail et qui peuvent être à l’origine du stress.
Facteurs généraux contextuels :
- Mondialisation et concurrence accrue : culte de la performance et de l’excellence
- Économie du savoir : changements technologiques
- Prédominance du secteur des services
- Précarisation de l’emploi
- Diversité culturelle
- Contexte de compétitivité et violence
- Diminution du Rôle du soutien social comme facteur de protection : Individualisme au travail (compétitivité), Famille
éclatée…
Le stress au travail survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose
son environnement professionnel et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face.
Les effets du stress ne sont pas uniquement de na-
ture psychologique. Il affecte également la santé S tress
ß
tress
ß situation
de
dé s é quilibre
physique, le bien-être et la productivité ». MAUVAISE
ORGANISATION
DU TRAVAIL
On retrouve dans cette définition trois notions im- ENVIRONNEMENT
TÂCHE &
CONTENU DU TRAVAIL Ma perception
- les facteurs de stress, c’est-à-dire les facteurs HARCELEMENT
psychosociaux à l’origine des situations de travail MORAL
Mes ressources
RELATIONS
contraignantes qui vont favoriser l’apparition de DE TRAVAIL
Le terme de stress a été introduit pour la première fois par HANS SELYE (1907-1982). Il s’agit d’une « réponse non spé-
cifique de l’organisme face à une demande ». Il est à l’origine du concept de Syndrome Général d’Adaptation (1935) qui
comporte les trois réactions successives de l’organisme face à une situation stressante (alarme, résistance, épuisement).
RÉACTION D’ALARME
Dès la confrontation à une situation évaluée comme stressante, les catécholamines sont libérées par la glande médullosur-
rénale. Ces hormones ont pour effet d’augmenter la fréquence cardiaque, la tension artérielle, les niveaux de vigilance, la
température corporelle et de provoquer une vasodilatation des vaisseaux des muscles.
Toutes ces modifications ont pour but d’amener l’oxygène aux muscles et au cœur, et ainsi de préparer l’organisme à réagir.
ÉPUISEMENT
Si la situation stressante se prolonge encore ou s’intensifie, les capacités de l’organisme peuvent être débordées : c’est
l’état de stress chronique. Pour faire face à la situation, l’organisme produit toujours plus d’hormones. Le système de ré-
gulation évoqué précédemment devient inefficient, les récepteurs du système nerveux central deviennent moins sensibles
aux glucocorticoïdes, dont le taux augmente constamment dans le sang.
Plusieurs modèles de stress ont ainsi été proposés pour intégrer cette complexité. Les modèles les plus utilisés dans le
domaine de la recherche sont les suivants :
Le modèle de Karasek [demande psychologique/latitude décisionnelle]
Le modèle du déséquilibre récompense/efforts de Siegrist
Demande psychologique
Faible Elevée
Latitude Faible Travail passif Travail surchargé
décisionnelle Elevée Travail détendu Travail dynamique
Toutefois les études montrent que c’est surtout l’absence de contrôle que la personne pense avoir sur sa situation qui est
très important dans l’apparition d’un état de stress
Par la suite une troisième dimension a été introduite dans le modèle de Karasek. Il s’agit du soutien social au travail (soutien
socioémotionnel et technique) de la part des collègues et des supérieurs hiérarchiques, qui module le déséquilibre [de-
mande psychologique/latitude décisionnelle] : une situation combinant une demande psychologique élevée et une faible
latitude décisionnelle (« travail surchargé ») est mieux supportée si la personne est soutenue par (ou peut compter sur) son
entourage professionnel.
C’est ainsi que : Forte exigence + faible autonomie + faible soutien social correspond à une situation de détresse et à une
augmentation des risques pour la santé
EFFORT FAIBLE
ELEVE RECOMPENSE
Effort extrinsèque
Argent
Surinvestissement
Estime
Statut
REACTIONS PHYSIOLOGIQUES
et
EMOTIONNELLES PATHOLOGIQUES
* Adapté de Siegrist J. (1996)
L’Organisation Internationale du Travail recommande 3 niveaux d’intervention pour réduire le stress au travail :
- primaire : réduction des sources de stress
- secondaire : aider les individus à développer des compétences à faire face au stress
- et tertiaire : prendre en charge les individus affectés par le stress
Le milieu de soins représente un secteur particulier de la vie active où plusieurs corps de métiers exercent des activités
diverses, mais complémentaires visant le même objectif : la prévention des maladies et l’octroi des meilleurs soins aux
malades.
Ces professionnels de la santé s’exposent toutefois à de nombreux risques à l’occasion de l’exercice de leurs activités.
- Le risque infectieux
- Le risque chimique spécifique à chaque type d’activité (soins, laboratoire, entretien...)
- Le risque physique dominé par celui lié à l’exposition aux radiations ionisantes.
- La charge physique du travail
- Les contraintes psychologiques et mentales.
POPULATION EXPOSÉE :
- Personnel médical et juxtamédical
- Personnel paramédical
- Personnel infirmier, aides-soignants... …
- Agents des services auxiliaires : de buanderie, de lingerie, d’assainissement, ambulanciers, maçons, menuisiers, chauf-
fagistes, peintres,
- Personnel administratif.
La population exposée s’élargit en fait aux :
- agents des entreprises externes de nettoyage et de gardiennage
- agents extra-muros chargés du ramassage des déchets hospitaliers : éboueurs des municipalités.
1- LE RISQUE INFECTIEUX :
Il constitue le principal risque en raison du caractère de la chaîne de transmission nosocomiale où le personnel peut être
contaminé soit par le malade lui-même soit par son produit biologique (prélèvement, linge, matériel) ou soit par un autre
personnel déjà contaminé.
patient-source CAT
Sérologie VIH
pas de prophylaxie.
connue négative
Sérologie VIH La prescription de la prophylaxie est recommandée le plus tôt possible idéalement dans les 4 premières heures qui
connue positive suivent l’exposition et pas plus tard que 72heures après cette exposition
Si les données sociologiques (toxicomane, prostituée, homosexuel …….), cliniques (zona, Sarcome de Kaposi…) et
Sérologie VIH non biologiques disponibles au moment de l’accident font suspecter soit une infection VIH évoluée, soit une primo-
connue au moment infection VIH ==>
de l’AES ==> Prescription de la prophylaxie par les est recommandée dans les 4 premières heures jusqu’à connaissance de la
sérologie VIH du patient-source
Patient-source Il n’y’a pas d’indication de prophylaxie sauf circonstances épidémiologiques particulières (exemple : service
inconnu accueillant fréquemment des sujets infectés par le VIH)
Surveillance Sérologique de la Victime seulement Si patient-source est infecté par le VIH ou est inconnu : à JO ou dans une semaine post
AES, à 1, à 3 et à 6 mois
Gestion pratique de la chimioprophylaxie :
la seule attitude prophylactique repose sur trithérapie antiretrovirale. A titre indicatif, celle recommandée par l’OMS est :
- 2 nucléosidiques inhibiteurs de la reverse transcriptase;
zidovudine (AZT®) + Lamivudine (Epivir®)
& - une anti¬protéase : lopinavir 200 mg + ritonavir 50 mg ((Kaletra® ou Aluvia®)
Cette trithérapie est à poursuivre pendant 4 semaines période au bout de laquelle une sérologie de contrôle permet de réévaluer le risque.
Si contact avec du sang ou liquide - Après piqûre, blessure : lavage et antisepsie au niveau de la plaie.
biologique. - Après projection sur muqueuse (conjonctive) : rinçage abondant.
Lavage et/ou désinfection des mains. - Après le retrait des gants, entre deux patients, deux activités.
- Si risque de contact avec du sang, ou tout autre produit d’origine humaine, les muqueuses ou
la peau lésée du patient, notamment à l’occasion de soins à risque de piqûre (hémocultures,
Port de gants.
pose et dépose de voie veineuse, chambres implantables, prélèvements sanguins...) et lors de la
Les gants doivent être changés entre
manipulation de tubes de prélèvements biologiques, linge et matériel souillés...
deux patients ou deux activités.
OU
- lors des soins, lorsque les mains du soignant comportent des lésions.
- Si les soins ou manipulations exposent à un risque de projection ou d’aérosolisation de sang,
Port de surblouses, lunettes,
ou tout autre produit d’origine humaine (aspiration, endoscopie, actes opératoires, autopsie,
masques.
manipulation de matériel et linge souillés ...).
- Matériel piquant tranchant à usage unique : ne pas recapuchonner les aiguilles, ne pas les
désadapter à la main.
- Déposer immédiatement le matériel tranchant après usage sans manipulation dans un conteneur
adapté, situé au plus près du soin et dont le niveau maximal de remplissage est vérifié.
Matériel souillé. - Matériel réutilisable :
. Manipuler avec précautions ce matériel souillé par du sang ou tout autre produit d’origine
humaine.
. Vérifier que le matériel a subi une procédure d’entretien (stérilisation ou désinfection)
appropriée avant d’être réutilisé.
- Nettoyer puis désinfecter avec de l’eau de Javel à 12° chlore fraîchement diluée au 1/10 (ou tout
Surfaces souillées. autre désinfectant approprié) les surfaces souillées par des projections ou aérosolisation de sang,
ou tout autre produit d’origine humaine.
Transport de prélèvements - Les prélèvements biologiques, le linge et les instruments souillés par du sang ou tout autre
biologiques, linge et matériel souillé produit d’origine humaine doivent être évacués du service dans un emballage étanche, fermé.
2. RISQUE CHIMIQUE :
Les produits chimiques sont aussi nombreux que diversifiés en milieu de soins.
Outre les risques d’incendie et d’explosion inhérents aux erreurs de manipulation et aux défaillances du matériel, les ef-
fets toxiques attendus des substances chimiques sont aussi nombreux que variés.
3) RISQUE PHYSIQUE :
3-4- LE BRUIT :
Ce sont les dentistes qui sont les plus exposés. Les fraiseuses dentaires ultrarapides travaillent à des niveaux de 80 à 90 dB
à 30 cm et la gamme des fréquences s’étend de 1000 à 20000 Hz :
3-6- ÉLECTRICITÉ :
Installation électrique défectueuse en particulier l’absence de la mise à la terre des appareils.
CONCLUSION
La santé et la sécurité du personnel exerçant en milieu de soins doivent être une des composantes de tout projet d’organi-
sation du travail et un des critères de choix des technologies médicales et du matériel.
Le Service de Médecine du Travail Hospitalier est la structure idéale pour la mise en place d’un observatoire des différents
risques en milieu de soins. Il permet ainsi une évaluation continue des conditions de travail et une surveillance rationnelle
de l’état de santé des personnels de santé, ce qui aura pour conséquence la prévention des accidents de travail et des
maladies professionnelles.
Délai de prise en
Désignation des maladies Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces maladies
charge
A - Hépatite virale à virus A : 2 mois -Travaux effectués par le personnel de soins et assimilé, de laboratoire de
Toutes manifestations cliniques ou service et d’entretien mettant en contact avec des produits biologiques
biologiques associées à une sérologie provenant des malades ou des objets contaminés par eux.
traduisant une infection encours -Travaux effectués par les personnels de crèches, de garderies, d’institutions
par le virus A (forme aiguë, forme d’enfants et de personnels handicapés.
suraiguë, hépatite fulminante, forme -Travaux en contacts avec les eaux usées : travaux d’installation, d’exploitation
à rechutes, forme prolongée). et d’entretien des eaux d’assainissement, travaux de conduite, de contrôle et
d’entretien des stations d’épuration, travaux d’analyse de l’eau.
-Travaux exposant aux eaux usées traitées.
-Travaux effectués par le personnel de cuisine.
B - Hépatite virale à virus B : 6 mois
(pour les cas non déclarés en -Travaux comportant le prélèvement, la manipulation, le conditionnement ou
accident du travail) : l’emploi de sang humain ou de ses dérivés.
- Toutes manifestations cliniques ou -Travaux mettant en contact avec des produits biologiques provenant des
biologiques aiguës associées à une malades ou des objets contaminés par eux.
sérologie traduisant une infection -Travaux effectués par le personnel de sécurité des personnes : pompiers,
en cours par le virus B. sauveteurs, secouristes.
- Toutes manifestations cliniques ou 2 ans -Travaux de ramassage des ordures ménagères et hospitalières.
biologiques chroniques associées -Travaux de soins funéraires et de morgue.
à une sérologie traduisant une
évolution chronique de la maladie.
- Cirrhose, associée à :
. une sérologie traduisant une
hépatite chronique B. 10 ans
. ou un examen du tissu hépatique
montrant les traces du virus.
- Carcinome hépatocellulaire associé
à:
. une sérologie traduisant une 30 ans
hépatite chronique B.