Bmsap 0037-8984 1913 Num 4 3 9699
Bmsap 0037-8984 1913 Num 4 3 9699
Bmsap 0037-8984 1913 Num 4 3 9699
Joseph Gaston. Exploitation indigène de l'or en Côte d'Ivoire. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
VI° Série. Tome 4 fascicule 3-4, 1913. pp. 372-375;
doi : https://doi.org/10.3406/bmsap.1913.9699
https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1913_num_4_3_9699
Dans plusieurs villages, les Akoués et les Yaourés m'ont déclaré qu'ils
avaient délaissé le travail de l'or; mais j'ai pu me rendre compte par des
puits tout récents que ces affirmations étaient erronées et provenaient de
ce que l'exploitation du métal précieux est, chez les indigènes, entourée
d'un certain mystère.
Au sujet de l'exploitation des gîtes alluvionnaires dans l'Indénié,
M. l'administrateur Cheruy a pu constater que, dans l'Alangba, le travail
indigène n'était pas continu et qu'il était interrompu pour les motifs les
plus divers. Tels puits exploités par 438 individus ne l'étaient plus que
par 32 trois mois plus tard.
Les femmes baoulés qui recherchent l'or dans les alluvions des
ruisseaux descendant des massifs du Kokumbo et de l'Akoué ne se
procureraient guère, en moyenne, plus de 0 fr. 15 de bénéfice par jour.
M. Cheruy estime à 0 fr. 75 le gain journalier d'un chercheur d'or
dans l'Alangba. « Une femme effectue dix bâtées de 50 kilos dans sa
« journée, écrit-il, et recueille en moyenne 1 gr. 25 d'or. Le gramme
« valant dans le pays suivant sa pureté de 2 fr. 50 à 2 fr. 80 (moyenne
« 2 fr. 65), soit 3 fr. 31 à répartir entre les trois travailleurs : la laveuse
« et les puisatiers, soit 1 fr. 10 par personne. De ce bénéfice, il y a lieu
« de défalquer le prélèvement du chef du pays et l'on peut estimer que
« le gain journalier d'un chercheur d'or ne dépasse pas Ofr. 75... »
Mais ce qui est à retenir de cette courte étude, c'est qu'au point de vue
de la prospection, nous n'avons rien à apprendre aux indigènes des
régions aurifères de la Côte d'Ivoire. Quoique ignorant des phénomènes
géologiques et pétrographiques, ils ont fort bien conduit leurs
recherches, et leurs travaux — surtout en ce qui concerne l'exploitation des
filons — sont remarquables, étant donné l'outillage vraiment rudimen-
taire dont ils disposent.
Sans doute, les résultats de leur exploitation sont assez maigres, mais
cette considération importe peu, je l'ai dit, à des populations qui ont des
loisirs et pour qui le métal précieux a une valeur très grande. Tous les
types de formations aurifères propres à la colonie ont été exploités par
les indigènes — filons, gîtes en place, vallées, lits des ruisseaux. Je
citerai même la découverte et l'exploitation par les Yaourés d'un ancien
lac provisoire qui s'était formé sur le flanc du Kokoyakro Bocca au
moment où la Bandama avait à se creuser un lit d'équilibre entre deux
massifs.
Les sociétés minières européennes recherchent d'ailleurs tout
particulièrement leur main-d'œuvre dans les régions aurifères et j'ai entendu
souvent des ingénieurs et des prospecteurs qui avaient voyagé en
Californie, en Guyane et à Madagascar, vanter ces travailleurs excellents,
laborieux et peu exigeants.