Mémoires D Un Âne
Mémoires D Un Âne
Mémoires D Un Âne
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NEDL TRANSFER
HN 2PBR G
MEMOIRES
D'UN ANE
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A
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H
10
E
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E
T
4
KPD 751
D
HARVAR COLLE
LISKART
Rosalie Carroll
.
1896 .
PAR
NÉE ROSTOPCHINE
ILLUSTRÉS DE 75 VIGNETTES
PAR H. CASTELLI
NOUVELLE ÉDITION
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cic
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN , 79
1896
Droits de traduction et de reproduction réservés.
KPD751
COL
ARD LEG
HARV E
Mar 10,1936
LIBKANY
Newton /
Linary
A MON PETIT MAÎTRE
M. HENRI DE SÉGUR
1
2 A MON PETIT MAÎTRE
CADICHON ,
Ane savant.
MEMOIRES
UN
ANE
stelle
MÉMOIRES D'UN ANE
LE MARCHÉ
CAStell
22
CAStelle
Elle prit son bâton . (Page 11.)
CAS tell
CANV
LA POURSUITE
GEORGET .
Grand'mère, grand'mère , comme il a l'air bon ,
ce pauvre âne , il m'a léché la main!
LA GRAND MERE .
C'est singulier qu'il soit tout seul . Où est son
maître? Va donc, Georget , par le village et à l'au-
berge où s'arrêtent les voyageurs : tu demanderas
à qui appartient ce bourri . Son maître est peut-
être en peine de lui .
GEORGET .
Vais-je emmener le bourri , grand'mère?
LA GRAND 'MÈRE .
Il ne te suivrait pas ; laisse-le aller où il voudra .
Georget partit en courant ; je trottai après lui .
Quand il vit que je le suivais , il vint à moi , et ,
me caressant , il me dit : « Dis donc , mon petit
bourri, puisque tu me suis , tu me laisseras bien
monter sur ton dos » . Et, sautant sur mon dos , il
me fit : Hu! hu!
Je partis au petit galop , ce qui enchanta Georget.
Ho! ho ! fit-il en passant devant l'auberge . Je m'ar-
rêtai tout de suite . Georget sauta à terre ; je restai
devant la porte, ne bougeant pas plus que si j'avais
été attaché.
« Qu'est-ce que tu veux , mon garçon ? dit le
maître de l'auberge .
Je viens savoir , monsieur Duval , si ce bourri ,
qui est ici à la porte, ne serait pas à vous ou à une
de vos pratiques . >>
M. Duval s'avança vers la porte , me regarda atten-
26 MÉMOIRES D'UN ANE
LE PONT
ANTOINE .
Ah! ah ! ah ! Est-il bête avec ses ânes dans un
sac ! Comme si on ne pouvait pas les numéroter 1 ,
2 , 3 , 4 , 5 , 6 , mettre les numéros dans un sac , et
tirer au hasard chacun le sien .
-
C'est vrai , c'est vrai , s'écrièrent les cinq
autres . Ernest, fais les numéros pendant que nous
allons les écrire sur le dos des ânes.
Ces enfants sont bêtes , me disais-je . S'ils avaient
l'esprit d'un âne , au lieu de se donner l'ennui
d'écrire les numéros sur notre dos , ils nous ran-
geraient tout simplement le long du mur : le pre-
mier serait 1 , le second 2 , et ainsi de suite .
Pendant ce temps , Antoine avait apporté un
gros morceau de charbon . J'étais le premier, il
m'écrit un énorme 1 sur la croupe ; pendant qu'il
écrivait 2 sur la croupe de mon camarade , je me
secoue fortement pour lui faire voir que son inven-
tion n'était pas fameuse . Voilà le charbon parti et
le 1 disparu .
<< Imbécile ! s'écrie-t-il ; il faut que je recom-
mence . >>
Pendant qu'il refait son n ° 1 , mon camarade,
qui m'avait vu faire, et qui était malin , se secoue
à son tour . Voilà le 2 parti . Antoine commence à
se fàcher ; les autres rient et se moquent de lui .
Je fais signe aux camarades, nous le laissons faire ;
aucun ne bouge . Ernest revient avec les numéros
dans son mouchoir chacun tire . Pendant qu'ils
regardent leurs numéros , je fais encore un signe
MÉMOIRES D'UN ANE 31
«< Une
perch
! e !
perche
une disait
.-il>>>
MÉMOIRES D'UN ANE 37
LE CIMETIÈRE
ANNEMAKE
R
Astell
CAROLINE
Où est ton papa ?
L'ENFANT .
Je ne sais pas , je ne le connais pas .
CAROLINE .
Et ta maman?
L'ENFANT .
Je ne sais pas ; des hommes noirs l'ont emportée
comme grand'mère .
CAROLINE .
Mais qui est-ce qui te soigne?
L'ENFANT .
Personne .
CAROLINE .
Qui est-ce qui te donne à manger?
L'ENFANT .
Personne ; je tétais nourrice .
CAROLINE .
Où est-elle ta nourrice?
L'ENFANT .
Là-bas , à la maison .
CAROLINE .
Qu'est-ce qu'elle fait ?
L'ENFANT .
Elle marche ; elle mange de l'herbe .
CAROLINE .
De l'herbe?
Et tous les enfants se regardèrent avec surprise .
<< Elle est donc folle ? dit tout bas Cécile .
ANTOINE .
Il ne sait ce qu'il dit, il est trop jeune .
33333
MÉMOIRES D'UN ANE 43
CAROLINE .
Pourquoi ta nourrice ne t'a-t-elle pas emporté?
L'ENFANT .
CAROLINE .
Mais non , Ernest aura la complaisance de m'ac-
compagner . Continuez , vous autres , votre prome-
nade ; vous êtes encore quatre , vous pouvez bien
vous passer de moi et d'Ernest.
- Au fait, elle a raison, dit Antoine ; remon-
tons à âne et continuons notre promenade . >>>
Et ils partirent , laissant la bonne Caroline avec
son cousin Ernest.
<< Comme c'est heureux qu'on ne m'ait pas
écoutée et qu'on ait voulu me taquiner en pas-
sant si près du cimetière , dit Caroline : sans cela
je n'aurais pas entendu pleurer ce pauvre enfant,
et il aurait passé la nuit entière sur la terre froide
et humide ! »
C'était moi qu'Ernest montait . Je compris , avec
mon intelligence accoutumée, qu'il fallait arriver
le plus promptement possible au château . Je me
mis donc à galoper , mon camarade me suivit ,
et nous arrivâmes en une demi-heure . On fut
d'abord effrayé de notre retour si prompt. Caro-
line raconta ce qui leur était arrivé avec l'en-
fant . Sa maman ne savait trop qu'en faire , lorsque
la femme du garde offrit de l'élever avec son fils ,
qui était du même âge . La maman accepta son
offre . Elle fit demander au village le nom du petit
garçon et ce qu'étaient devenus ses parents . On
apprit que le père était mort l'année d'avant , la
mère depuis six mois ; l'enfant était resté avec
une vieille grand'mère méchante et avare , qui était
48 MÉMOIRES D'UN ANE
LA CACHETTE
J'étais heureux , je
l'ai déjà dit ; mon
bonheur devait bien-
tôt finir. Le père de
Georget était soldat ;
il revint dans son
pays, rapporta de
l'argent, que lui avait
laissé en mourant son
capitaine , et la croix ,
que lui avait donnée
son général . Il acheta
une maison à Ma-
mers , emmena son
b.c
petit garçon et sa
vieille mère, et me vendit à un voisin qui avait
50 MÉMOIRES D'UN ANE
Astell
MÉMOIRES D'UN ANE 53
LE MÉDAILLON
PANNEMAKER
Elle lança à terre le medaillon et piétina dessus. (Page 63.)
L'INCENDIE
LA COURSE D'ÀNES
bc
« On les a bien nourris cet hiver. »> (Page 76.)
MÈRE TRANCHET .
Combien êtes-vous d'ânes ici présents ?
JEANNOT .
Nous sommes seize sans vous compter , mère
Tranchet . >>
Un nouveau rire accueillit cette plaisanterie .
MÈRE TRANCHET , riant .
Tiens, t'es un malin , toi. Et que doit gagner le
premier arrivé ?
JEANNOT .
D'abord l'honneur , et puis une montre d'argent .
MÈRE TRANCHET .
Je serais bien aise d'être une bourrique pour
gagner la montre ; je n'ai jamais eu de quoi en
avoir une .
JEANNOT .
Ah bien ! si vous aviez amené un bourri , vous
auriez couru ... la chance.
Et tous de rire de plus belle .
MÈRE TRANCHET .
Où veux-tu que je prenne un bourri ? Est-ce que
j'ai jamais eu de quoi en nourrir et de quoi en
payer un?
Cette bonne femme me plaisait ; elle avait Fair
bon et gai j'eus l'idée de lui faire gagner la
montre . J'étais bien habitué à courir ; tous les
jours dans la forêt je faisais de longues courses
pour me réchauffer , et j'avais eu jadis la réputa-
tion de courir aussi vite et aussi longtemps qu'un
cheval.
MÉMOIRES D'UN ANE 79
ste
SAVEMAKE
« Voici ma pièce. >>
JACQUES .
Je lui dis de venir demeurer chez grand'mère :
il est tout seul, pauvre bête !
JEANNE .
Oui, Jacques, prends-le ; attends , je vais monter
à dos . Ma bonne, ma bonne , à dos de l'àne.
La bonne mit la petite fille sur mon dos ; Jacques
voulait me mener , mais je n'avais pas de brides .
<< Attendez, ma bonne , dit-il , je vais lui attacher
mon mouchoir au cou . ><»
Le petit Jacques essaya, mais j'avais le cou trop
gros pour son petit mouchoir : sa bonne lui donna
le sien, qui était encore trop court.
« Comment faire , ma bonne? dit Jacques prêt à
pleurer.
LA BONNE .
Allons au village demander un licou ou une corde .
Viens , ma petite Jeanne , descends de dessus l'âne.
JEANNE , se cramponnant à mon cou.
Non, je ne veux pas descendre ; je veux rester
sur l'âne, je veux qu'il me mène à la maison .
LA BONNE .
Mais nous n'avons pas de licou pour le faire
avancer . Tu vois bien qu'il ne bouge pas plus
qu'un âne de pierre.
JACQUES .
Attendez , ma bonne, vous allez voir. D'abord
je sais qu'il s'appelle Cadichon : la mère Tranchet
me l'a dit . Je vais le caresser , l'embrasser, et je
crois qu'il me suivra .
MÉMOIRES D'UN ANE 95
JACQUES .
Non, grand'mère , il est venu tout seul ; il a
voulu courir avec les autres . La mère Tranchet a
payé pour prendre ce qu'il gagnerait , mais il n'a
pas de maître : c'est CADICHON , l'âne de la pauvre
Pauline qui est morte ; ses parents l'ont chassé , et
il a vécu tout l'hiver dans la forêt.
LA GRAND'MÈRE .
Cadichon ! le fameux Cadichon qui a sauvé de
l'incendie sa petite maîtresse ? Ah ! je suis bien aise
de le connaître ; c'est vraiment un âne extraor-
dinaire et admirable !
Et, tournant tout autour de moi , elle me regarda
longtemps . J'étais fier de voir ma réputation si
bien établie ; je me rengorgeais , j'ouvrais les na-
rines , je secouais ma crinière.
<< Comme il est maigre ! Pauvre bête ! Il n'a pas
été récompensé de son dévouement, dit la grand'
mère d'un air sérieux et d'un ton de reproche .
Gardons-le , mon enfant, gardons-le puisqu'il a été
abandonné, chassé par ceux qui auraient dû le soi-
gner et l'aimer. Appelle Bouland ; je le ferai mettre
à l'écurie avec une bonne litière. »
Jacques , enchanté , courut chercher Bouland , qui
arriva tout de suite.
LA GRAND MÈRE .
Bouland, voici un âne que les enfants ont ramené ;
mettez-le à l'écurie et donnez-lui à boire et à manger .
BOULAND .
Faudra-t-il le remettre à son maître ensuite?
100 MÉMOIRES D'UN ANE
LA GRAND MÈRE .
Non ; il n'a pas de maître . Il paraît que
c'est le fameux Cadichon , qui a été chassé après
la mort de sa petite maîtresse ; il est venu au
village , et mes petits-enfants l'ont trouvé aban-
donné dans le pré . Ils l'ont ramené , et nous le
garderons .
BOULAND .
Et madame fait bien de le garder . Il n'y a pas
son pareil dans tout le pays . On m'a raconté de lui
des choses vraiment étonnantes ; on dirait qu'il en-
tend et qu'il comprend tout ce qui se dit . Madame
va voir.... Viens , mon Cadichon , viens manger ton
picotin d'avoine.
Je me retournai aussitôt , et je suivis Bouland
qui s'en allait.
<< C'est étonnant , dit la grand'mère , il a vrai-
ment compris .
Elle rentra à la maison ; Jacques et Jeanne vou-
lurent m'accompagner à l'écurie . On me plaça dans
une stalle ; j'avais pour compagnons deux che-
vaux et un âne. Bouland , aidé de Jacques, me fit
une belle litière ; il alla me chercher une mesure
d'avoine .
« Encore, encore , Bouland , je vous en prie , dit
<
Jacques ; il lui en faut beaucoup , il a tant couru !
BOULAND .
Mais , monsieur Jacques , si vous lui donnez trop
d'avoine , vous le rendrez trop vif ; vous ne pour-
rez pas le monter , ni Mlle Jeanne non plus .
MÉMOIRES D'UN ANE 101
JACQUES .
Oh ! il est si bon ! nous pourrons le monter tout
de même. »
On me donna une énorme mesure d'avoine , et
l'on mit près de moi un seau plein d'eau . J'avais
soif, je commençai par boire la moitié du seau ;
puis je croquai mon avoine, en me réjouissant
d'avoir été emmené par ce bon petit Jacques . Je fis
encore quelques réflexions sur l'ingratitude de la
mère Tranchet ; je mangeai ma botte de foin , je
m'étendis sur ma paille ; je me trouvai couché
comme un roi et je m'endormis .
XI
CADICHON MALADE
<
«< Ah ! mon Dieu ! Cadichon est malade , s'écria
le petit Jacques ; Bouland , Bouland , venez vite .
Cadichon est malade .
Tiens, qu'est-ce qu'il a donc ? reprit Bou-
land . Il a pourtant eu son déjeuner de grand
matin . »
LES VOLEURS
HENRI .
Volés ! Par qui donc? Je n'ai vu personne .
LA MAMAN .
Ni moi non plus , mais il y avait auprès de l'arche
des traces de pas .
PIERRE .
Mais alors , maman, il fallait chercher les vo-
leurs .
LA MAMAN .
C'eût été imprudent . Pour avoir pris treize ânes ,
il faut qu'il y ait eu plusieurs hommes . Ils avaient
probablement des armes , et ils auraient pu tuer
ou blesser vos papas .
PIERRE .
Quelles armes , maman ?
LA MAMAN .
Des bâtons, des couteaux , peut-être des pisto-
lets .
CAMILLE .
Oh ! mais c'est très dangereux , cela . Je crois que
papa a bien fait de revenir avec mes oncles .
LA MAMAN.
Et dépêchons-nous de rentrer à la maison ; les
oncles et papas doivent aller à la ville en ren-
trant.
PIERRE .
Pour quoi faire, maman ?
LA MAMAN.
Pour prévenir les gendarmes et tâcher de ravoir
les ânes .
8
114 MÉMOIRES D'UN ANE
CAMILLE .
Je suis fàchée que nous ayons été à ces ruines .
MADELEINE .
Pourquoi cela? c'était très beau.
CAMILLE .
Oui , mais très dangereux . Si , au lieu de prendre
les ânes, les voleurs nous avaient tous pris ?
ÉLISABETH .
C'est impossible ! nous étions trop de monde .
CAMILLE .
Mais s'il y a beaucoup de voleurs?
ÉLISABETH .
Nous nous serions tous battus .
CAMILLE .
Avec quoi ? Nous n'avions pas seulement un
bâton .
ÉLISABETH .
Et nos pieds , nos poings , nos dents ? Moi ,
d'abord, j'aurais égratigné, mordu ; j'aurais crevé
les yeux avec mes ongles .
PIERRE .
Le voleur t'aurait tuée : voilà tout.
ÉLISABETH .
Tuée ? Et papa donc ! et maman ! Tu crois qu'ils
m'auraient laissé emporter ou tuer?
MADELEINE .
Les voleurs les auraient tués aussi, et avant toi,
encore .
ÉLISABETH .
Tu penses donc qu'il y en avait une armée?
MÉMOIRES D'UN ANE 115
MADELEINE .
Mais quand il n'y en aurait qu'une douzaine !
ÉLISABETH .
Une douzaine? Quelle bêtise ! Tu crois que les
voleurs marchent par douzaines comme les huî-
tres.
MADELEINE .
Tu te moques toujours ! On ne peut rien te dire .
Je parie, moi , que pour enlever treize ânes ils
étaient au moins douze .
ÉLISABETH .
Je veux bien, moi , et le treizième par- dessus le
marché, comme les petits pâtés . »
Les mamans et les autres enfants riaient de cette
conversation , mais comme elle dégénérait en dis-
pute, la maman d'Élisabeth la fit taire, en leur
disant que Madeleine avait très probablement rai-
son quant au nombre des voleurs .
On se trouvait près de la maison , et l'on ne tarda
pas à arriver. Lorsqu'on vit revenir tout le monde
à pied, et moi , Cadichon , portant quatre enfants ,
la surprise fut grande . Mais, quand les papas ra-
contèrent la disparition des ânes , mon obstination
à ne pas les laisser approcher d'une arche où ils
voulaient passer pour alier chercher les bêtes per-
dues, les gens de la maison secouèrent la tête, et
firent une foule de suppositions plus singulières.
les unes que les autres ; les uns disaient que
les ânes avaient été engloutis et enlevés par les
diables ; les autres prétendaient que les religieuses
116 MÉMOIRES D'UN ANE
XIII
LES SOUTERRAINS
b.c
Je me remis à braire.
pondit un gendarme .
Gardez-vous-en bien ! Surveillons plus que
jamais toutes les issues, et si les voleurs parais-
sent , feu de vos carabines ; les pistolets viendront
après. >>
L'officier avait bien deviné la manoeuvre de ces
be
derniers
trois
Les
leur
et gendarmes
).(Page
126.
avec
les
sur
fureur
capitaine
s'élancèrent
MÉMOIRES D'UN ANE 129
THÉRÈSE
LA PETITE .
Parce que mes sabots me blessent , mam'selle .
THÉRÈSE .
Pourquoi n'en demandes-tu pas d'autres à ta
maman?
LA PETITE .
Je n'ai pas de maman , mam'selle.
THÉRÈSE .
A ton papa alors?
LA PETITE .
Je n'ai pas de papa , mam'selle .
THÉRÈSE .
Mais avec qui vis-tu ?
LA PETITE .
Avec personne ; je vis seule .
THÉRÈSE .
Qui est-ce qui te donne à manger?
LA PETITE .
Quelquefois personne , quelquefois tout le monde.
THÉRÈSE .
Quel âge as-tu?
LA PETITE .
Je ne sais pas , mam'selle ; peut-être bien sept
ans .
THÉRÈSE .
Où couches-tu?
LA PETITE .
Chez celui qui veut bien me recevoir. Lorsque
tout le monde me chasse , je couche dehors , sous
un arbre , près d'une haie , n'importe où .
Caste AKER
lle PANNEM
THÉRÈSE .
Mais , l'hiver , tu dois• geler?
LA PETITE .
J'ai froid ; mais j'y suis habituée .
THÉRÈSE .
As-tu diné aujourd'hui ?
LA PETITE .
Je n'ai pas mangé depuis hier .
-- Mais c'est affreux , c'la , ... dit Thérèse , les
LA MAMAN .
Oui, Thérèse, vas-y ; ta bonne t'attend .
THÉRÈSE .
Maman, voulez-vous me permettre de faire bai-
gner à ma place la petite fille que nous avons
amenée ici?
LA MAMAN.
Quelle petite fille ? Je ne l'ai pas vue .
THÉRÈSE .
Une pauvre, pauvre petite, qui n'a ni papa, ni
maman , ni personne pour la soigner ; qui couche
dehors , qui ne mange que ce qu'on lui donne .
La grand'mère de Camille consent à la garder ,
mais aucun des domestiques ne veut la toucher .
LA MAMAN.
Pourquoi done?
THÉRÈSE .
Parce qu'elle est si sale , si sale , qu'elle est dé-
goûtante ; alors , maman , si vous voulez bien , je
la ferai baigner à ma place ; pour ne pas dégoûter
ma bonne , je la déshabillerai moi-même , je la sa-
vonnerai; je lui couperai les cheveux , qui sont tout
emmêlés et pleins de petites puces blanches , mais
qui ne sautent pas .
LA MAMAN.
Mais , ma pauvre Thérèse, toi-même ne seras-tu
pas dégoûtée de la toucher et de la laver?
THÉRÈSE .
Un peu , maman , mais je penserai que , si j'étais
à sa place, je serais bien heureuse qu'on voulût
MÉMOIRES D'UN ANE 139
5.2
Elle fit asseoir la petite sur l'herbe.
лиш
LE CUISINIER .
Mais vous en avez de l'ouvrage, reprit le cuisi-
nier ; regardez donc Cadichon qui n'est pas encore
débâté , et qui se promène en long et en large
comme un bourgeois qui attend son dîner .
LE COCHER .
Cadichon me fait l'effet d'écouter aux portes ; il
est plus fin qu'il n'en a l'air ; c'est un vrai malin . »
Le cocher m'appela, me prit par la bride , m'em-
mena à l'écurie , et , après m'avoir ôté mon bât et
m'avoir donné ma pitance , il me laissa seul , c'est-
à-dire en compagnie des chevaux et d'un âne que
je dédaignais trop pour lier conversation avec lui.
Je ne sais ce qui se passa le soir au château ; le
lendemain, dans l'après-midi , on me remit mon
bât, on monta sur mon dos la petite mendiante ;
mes quatre petites maîtresses suivirent à pied et
me firent aller au village . Je compris en route
qu'elles voulaient acheter de quoi habiller la pe-
tite . Thérèse voulait tout payer ; les autres vou-
laient payer chacune leur part ; elles se disputaient
avec un tel acharnement, que , si je ne m'étais pas
arrêté à la porte de la boutique , elles l'auraient
dépassée . Elles manquèrent jeter la petite par terre
en la descendant de dessus mon dos , parce qu'elles
s'élancèrent sur elle toutes à la fois ; l'une lui ti-
rait les jambes , l'autre la tenait par un bras , la
troisième l'avait prise à bras-le-corps , et Élisa-
beth, la quatrième, qui était forte comme deux ou
trois , les poussait toutes pour aider seule la petite
148 MEMOIRES D'UN ANE
CAMILLE , bas.
Non, elle est à nous toutes, répliqua tout bas
Camille .
-
Quelle est l'étoffe que prennent ces demoi-
selles ? >> interrompit la marchande , impatiente de
vendre .
Pendant que Camille et Thérèse continuaient
leur dispute à voix basse, Madeleine et Élisabeth
se dépêchèrent d'acheter tout ce qu'il fallait.
Adieu, madame Juivet , dirent-elles ; envoyez-
nous tout cela chez nous , et le plus vite possible ,
je vous en prie ; vous enverrez aussi la note .
Comment, comment , vous avez déjà tout
acheté? s'écrièrent Camille et Thérèse .
-
Mais oui ; pendant que vous causiez , dit
Madeleine d'un air malin , nous avons choisi tout
ce qui est nécessaire .
Il fallait nous demander si cela nous conve-
nait, reprit Camille .
-Certainement , puisque c'est moi qui paye,
dit Thérèse.
Nous payerons aussi , nous payerons aussi.
s'écrièrent en chœur les trois autres .
- Pour combien y en a-t-il ? demanda Thérèse .
LA MARCHANDE .
Pour trente-deux francs , mademoiselle .
- Trente-deux francs ! s'écria Thérèse effrayée :
LA GRAND MÈRE .
Mais vous auriez dû ne leur montrer que des
étoffes convenables , et ne pas chercher à leur passer
vos vieilles marchandises dont personne ne veut.
MADAME JUIVET .
Madame, ces demoiselles ayant pris les étoffes
doivent les payer .
LA CHASSE
PIERRE .
Écoute, je vais , sans le lui dire , faire mettre à
Cadichon le bât avec les paniers . Il nous suivra ,
et nous lui ferons porter notre gibier.
AUGUSTE .
Bien, très bien ; fais mettre les grands paniers ;
si nous tuons un chevreuil , il lui faudra une fa-
meuse place .
Henri fut chargé de la commission . Je riais sous
cape de leur prévoyance . J'étais bien sûr de ne pas
avoir la charge d'un chevreuil, et de revenir avec
les paniers vides comme au départ .
<< En route ! dirent les papas . Nous marche-
rons devant . Et vous , gamins , suivez de près .
Quand nous serons en plaine , nous nous débande-
rons ....
―
Qu'est-ce done? ajouta le papa de Pierre
avec surprise ; Cadichon nous suit? Cadichon orné
de deux énormes paniers?
C'est pour le gibier de ces messieurs , dit le
garde en riant.
LE PAPA.
Ah ! ah! ils ont voulu faire à leur tête ,... soit ....
Je veux bien que Cadichon suive la chasse, s'il a
du temps à perdre . >>>
Il regarda en souriant Pierre et Henri, qui
prirent un air dégagé .
Ton fusil est-il armé, Pierre? demanda Henri .
PIERRE .
Non, pas encore ; c'est si dur à armer et à désar-
MEMOIRES D'UN ANE 157
HENRI .
C'est vrai , ça ; nous avons peut-être tué beau-
coup de perdrix , seulement nous n'avions pas de
chiens pour nous les rapporter .
PIERRE .
Pourtant, je n'en ai pas vu tomber .
AUGUSTE .
Parce qu'une perdrix tuée ne tombe jamais sur
le coup ; elle vole encore quelque temps , et elle va
tomber très loin .
PIERRE .
Mais quand papa et mes oncles tirent, leurs per-
drix tombent tout de suite.
AUGUSTE .
Cela te semble ainsi parce que tu es loin , mais ,
si tu étais à leur place, tu verrais filer la perdrix
longtemps encore.
Pierre ne répondit pas, mais il n'avait pas trop
l'air de croire ce que disait Auguste . Tous mar-
chaient d'un pas moins fier et moins léger qu'au
départ . Ils commençaient à demander l'heure .
« J'ai faim, dit Henri.
— J'ai soif, dit Auguste.
11
፡
'
MÉMOIRES D'UN ANE 163
AUGUSTE .
Mais , papa.
LE PÈRE, d'une voix sévère .
Silence ! vous dis-je . Pas un mot , si vous ne
voulez faire connaissance avec la baguette de mon
fusil . »
Auguste baissa la tête et se retira tout confus .
« Vous voyez, mes enfants, dit le papa de Pierre
et de Henri , où mène la présomption , c'est-à-dire la
croyance d'un mérite qu'on n'a pas . Ce qui arrive
à Auguste aurait pu vous arriver aussi . Vous vous
êtes tous figuré que rien n'était plus facile que de
bien tirer, qu'il suffisait de vouloir pour tuer ;
voyez le résultat vous avez été tous trois ridicules
dès ce matin ; vous avez méprisé nos conseils et
notre expérience ; et enfin vous êtes tous trois la
cause de la mort de mon pauvre Médor . Je vois ,
d'après cela, que vous êtes trop jeunes pour chasser.
Dans un an ou deux nous verrons . Jusque-là re-
tournez à vos jardins et à vos amusements d'enfants .
Tout le monde s'en trouvera mieux . >>
Pierre et Henri baissèrent la tête sans répondre .
On rentra tristement à la maison ; les enfants vou-
lurent enterrer eux-mêmes dans le jardin mon
malheureux ami , dont je vais vous raconter l'his-
toire . Vous verrez pourquoi je l'aimais tant .
ste
XVI
MÉDOR
LE BAPTÊME
CAMILLE .
Si tu l'appelles Pierrette, je ne veux pas être
marraine .
PIERRE .
Si tu l'appelles Camille , je ne veux pas être
parrain.
CAMILLE .
Eh bien ! faites comme vous voulez ; je deman
derai à papa d'être parrain à votre place .
PIERRE .
Et moi, mademoiselle , je demanderai à maman
d'être marraine à votre place.
CAMILLE .
D'abord, je suis sûre que ma tante ne voudra pas
qu'elle s'appelle Pierrette ; c'est affreux et ridicule !
PIERRE .
Et moi je suis certain que mon oncle ne voudra
pas qu'elle s'appelle Camille ; c'est horrible et
bête !
CAMILLE .
Et comment donc m'a-t-il appelé Camille , moi ?
Va lui dire que c'est un nom horrible et bête ; va ,
mon bonhomme , et tu verras comme tu seras bien
reçu .
PIERRE .
Enfin , tu diras ce que tu voudras, mais je dis
que je ne serai pas parrain d'une Camille .
- Papa , dit malicieusement Camille en courant
à son père, voulez -vous être parrain avec moi de
la petite Camille?
MÉMOIRES D'UN ANE 193
LE PAPA .
Quelle Camille, chère Minette? je ne connais de
Camille que toi.
CAMILLE .
C'est ma petite filleule, papa , que je veux ap-
peler Camille quand on la baptisera aujourd'hui .
LE PAPA .
Mais Pierre doit être parrain avec toi ; on n'a
jamais deux parrains .
CAMILLE .
Papa, Pierre ne veut plus l'être.
LE PAPA
Ne veut plus ? Pourquoi ce caprice?
CAMILLE .
Parce qu'il trouve le nom de Camille horrible et
bête, et qu'il veut l'appeler Pierrette .
LE PAPA.
Pierrette ! Mais c'est bien ce nom-là qui serait
horrible et bête.
CAMILLE .
C'est ce que je lui ai dit , papa ; il ne veut pas
me croire .
LE PAPA.
Ecoute, ma fille , tâche de t'entendre avec ton
cousin . Mais , s'il persiste à ne vouloir être parrain
qu'à la condition de l'appeler Pierrette , je le rem-
placerai très volontiers . »
Pendant cette conversation de Camille avec son
papa, Pierre avait couru chez sa maman .
<< Maman , lui dit-il , voulez-vous remplacer Ca-
13
194 MEMOIRES D'UN ANE
ANNEMAKER CAStell
طلب
X
XIX
L'ANE SAVANT
Cadichon, Cadichon ,
A la foire tu viendras ;
L'âne savant tu verras ;
Ce qu'il fait tu regarderas ;
Puis, comme lui tu feras ;
Tout le monde t'honorera ;
Tout le monde t'applaudira,
Et nous serons fiers de toi.
Cadichon, Cadichon,
Je te prie, distingue -toi.
JACQUES .
Courons le dire à mes cousines et cousins .
LOUIS .
Non , non , s'ils entendaient nos vers , ils devine-
raient ce que nous voulons faire ; il faudra les
surprendre à la foire même .
JACQUES .
Mais crois-tu que papa et mon oncle voudront
bien nous laisser emmener Cadichon à la foire ?
LOUIS .
Certainement, quand nous leur aurons dit en
secret pourquoi nous voulons faire voir l'âne sa-
vant à Cadichon .
JACQUES .
Allons vite le leur demander . »
Les voilà courant tous deux vers la maison , les
papas venaient justement au pré voir ce que fai-
saient les enfants . «< Papa , papa ! crièrent-ils ,
venez vite ; nous avons quelque chose à vous de-
mander.
Parlez , enfants , que voulez-vous ?
- Pas ici , papa, pas ici , dirent- ils d'un air
mystérieux , chacun tirant son papa dans le
pré.
Qu'y a-t-il done ? dit en riant le papa de
Louis . Dans quelle conspiration voulez-vous nous
entraîner?
Chut ! papa, chut ! dit Louis . Voilà ce que
c'est. Vous savez qu'après-demain il y aura un
âne savant à la foire?
MÉMOIRES D'UN ANE 209
LE PAPA de Louis .
Non , je ne le savais pas ; mais qu avons-nous af-
faire d'ânes savants , nous qui avons Cadichon ?
LOUIS .
Voilà précisément ce que nous disons , papa ,
que Cadichon est plus savant qu'eux tous. Mes
sœurs , mes cousines et cousins iront à la foire
pour voir cet âne , et nous voudrions bien y mener
Cadichon pour qu'il voie comment fait l'âne , et
qu'il fasse de même.
LE PAPA de Jacques .
Comment? vous mettriez Cadichon dans la foule
à regarder l'âne ?
JACQUES .
Oui , papa, au lieu d'aller en voiture , nous mon-
terions Cadichon, et nous nous mettrions tout
près du cercle où l'âne savant fera ses tours .
LE PAPA de Jacques .
Je ne demande pas mieux , moi ; mais je ne crois
pas que Cadichon apprenne grand'chose en une
seule leçon .
JACQUES .
N'est-ce pas , Cadichon, que tu sauras faire aussi
bien que cet imbécile d'àne savant ? >>
En m'adressant cette question , Jacques me re-
gardait d'un air si inquiet, que je me mis à braire
pour le rassurer, tout en riant de son inquiétude .
<
«< Entendez-vous , papa ? Cadichon dit oui >»< ,
s'écria Jacques avec triomphe .
Les deux papas se mirent à rire , embrassèrent
14
210 MÉMOIRES D'UN ANE
JACQUES .
Non , puisque nous partirons longtemps avant
vous . >>
Comme ils finissaient de parler , on m'amena
tout sellé et tout pomponné ; les papas étaient
prêts ; ils placèrent les petits garçons sur mon dos ,
et je partis doucement, pour ne pas faire courir les
pauvres papas .
Une heure après, nous arrivions au champ de
foire ; il y avait déjà beaucoup de monde près du
cercle indiqué par une corde , où l'âne savant de-
vait montrer son savoir-faire . Les papas de mes
petits amis les firent placer avec moi tout près de
la corde . Mes autres maîtres et maîtresses nous
rejoignirent bientôt et se placèrent près de nous.
Un roulement de tambour annonça que mon sa-
vant confrère allait paraître . Tous les yeux étaient
fixés sur la barrière ; elle s'ouvrit enfin , et l'âne
savant parut. Il était maigre, chétif ; il avait l'air
triste et malheureux . Son maître l'appela ; il ap-
procha sans empressement , et même avec un air de
crainte ; je vis d'après cela que le pauvre animal
avait été bien battu pour apprendre ce qu'il savait .
<< Messieurs et mesdames , dit le maître , j'ai
l'honneur de vous présenter MIRLIFLORE , le prince
des ânes . Cet âne , messieurs , mesdames , n'est pas
si âne que ses confrères ; c'est un âne savant, plus
savant que beaucoup d'entre vous : c'est l'âne par
excellence, qui n'a pas son pareil . Allons , Mirli-
flore, montrez ce que vous savez faire ; et d'abord
212 MÉMOIRES D'UN ANE
Messieurs
»>,
mesdames
et .(Page
maître
le
)dit
211.
«<
}
MÉMOIRES D'UN ANE 215
SASTELLI
CAStell
PIERRE .
Certainement non, mais chacun a son goût, et
le goût de Cadichon lui a fait choisir Camille.
ÉLISABETH .
Au lieu de parler de jolies ou de laides , nous
devrions demander à Cadichon comment il a pu
si bien comprendre ce que disait cet homme?
HENRIETTE .
Quel dommage que Cadichon ne puisse parler !
que d'histoires il nous raconterait !
ÉLISABETH .
Qui sait s'il ne nous comprend pas ? J'ai bien lu ,
moi, les Mémoires d'une poupée ; est-ce qu'une pou-
pée a l'air de voir et de comprendre ? Cette poupée
a écrit qu'elle entendait tout , qu'elle voyait tout.
HENRI
Est-ce que tu crois cela, toi ?
ÉLISABETH .
Certainement, je le crois .
HENRI.
Comment la poupée a-t-elle pu écrire?
ÉLISABETH .
Elle écrivait la nuit avec une toute petite plume
de colibri , et elle cachait ses Mémoires sous son lit.
MADELEINE .
Ne crois donc pas de pareilles bêtises , ma pauvre
Élisabeth ; c'est une dame qui a écrit ces Mémoires
d'une poupée, et, pour rendre le livre plus amu-
sant, elle a fait semblant d'être la poupée et
d'écrire comme si elle était une poupée.
224 MÉMOIRES D'UN ANE
ÉLISABETH .
Tu crois que ce n'est pas une vraie poupée qui a
écrit?
CAMILLE .
Certainement non . Comment veux-tu qu'une
poupée, qui n'est pas vivante , qui est faite en bois ,
en peau et remplie de son , puisse réfléchir , voir ,
entendre, écrire ? »
Tout en causant, nous arrivions au château ; les
enfants coururent tous à leur grand'mère , qui était
restée à la maison . Ils lui racontèrent tout ce que
j'avais fait et combien j'avais étonné et enchanté
tout le monde .
<< Mais il est vraiment merveilleux , ce Cadichon !
s'écria-t-elle en venant me caresser . J'ai connu des
ânes fort intelligents , plus intelligents que toute
autre bête, mais jamais je n'en ai vu comme Cadi-
chon ! Il faut avouer qu'on est bien injuste envers
les ânes. »
Je me retournai vers elle , et je la regardai avec
reconnaissance .
<«< On dirait en vérité qu'il m'a comprise , con-
tinua-t-elle . Mon pauvre Cadichon , sois sûr que je .
ne te vendrai pas tant que je vivrai , et que je te
ferai soigner comme si tu comprenais tout ce qui
se fait autour de toi. >>
Je soupirai en pensant à l'âge de ma vieille maî-
tresse ; elle avait cinquante-neuf ans , et moi je
n'en avais que neuf ou dix .
<< Mes chers petits maîtres , quand votre grand'
MÉMOIRES D'UN ANE 225
15
XX
LA GRENOUILLE
TANNEVAKER
Castelli
MÉMOIRES D'UN ANE 233
ste
XXI
LE PONEY
PIERRE .
C'est une bonne idée que tu as là, pourvu qu'il
veuille bien encore !
CAMILLE .
Il faudra bien qu'il veuille ; fais seller le poney
et les ânes ; quand ils seront prêts , vous le ferez
monter sur le sien . »>
Pierre alla trouver Auguste, qui faisait enrager
Louis et Jacques, en prétendant les aider de ses
conseils pour embellir leur petit jardin ; il boule-
versait tout, arrachait les légumes , replantait les
fleurs , coupait les fraisiers , et mettait le désordre
partout ; les pauvres petits cherchaient à l'en em-
pêcher, mais il les repoussait d'un coup de pied ,
d'un coup de bêche, et lorsque Pierre arriva, il les
trouva pleurant sur les débris de leurs fleurs et
de leurs légumes .
«< Pourquoi tourmentes-tu mes pauvres petits
cousins? lui demanda Pierre d'un air mécontent .
AUGUSTE .
Je ne les tourmente pas ; je les aide , au con-
traire .
PIERRE .
Mais puisqu'ils ne veulent pas être aidés?
AUGUSTE .
Il faut leur faire du bien malgré eux .
LOUIS .
C'est parce qu'il est deux fois plus grand que
nous, qu'il nous tourmente ; avec toi et Henri il
n'oserait pas .
MÉMOIRES D'UN ANE 237
AUGUSTE .
Je n'oserais pas ? Ne répète pas ce mot , petit .
JACQUES .
Non, tu n'oserais pas ! Pierre et Henri sont plus
forts qu'un gresset , je pense . >»
A ce mot de gresset, Auguste rougit, leva les
épaules d'un air de dédain , et, s'adressant à Pierre :
« Que me voulais-tu , cher ami ? Tu avais l'air
de me chercher quand tu es venu ici .
-
Oui, je venais te proposer une partie d'àne ,
répondit Pierre d'un air froid ; ils seront prêts
dans un quart d'heure , si tu veux venir faire , avec
Henri et moi , une promenade dans les bois .
-
Certainement ; je ne demande pas mieux » , ré-
pliqua avec empressement Auguste , enchanté d'arrê-
ter par la fuite les sarcasmes de Jacques et de Louis .
Pierre et Auguste allèrent à l'écurie , où ils de-
mandèrent au cocher de seller le poney , mon ca-
marade de la ferme et moi.
AUGUSTE .
Ah ! vous avez un poney ! J'aime beaucoup les
poneys .
PIERRE .
C'est grand' mère qui me l'a donné.
AUGUSTE .
Tu sais donc monter à cheval?
PIERRE .
Oui ; je monte au manège depuis deux ans .
AUGUSTE .
Je voudrais bien monter ton poney .
238 MÉMOIRES D'UN ANE
PIERRE .
Je ne te le conseille pas , si tu n'as pas appris
à monter à cheval.
AUGUSTE .
Je n'ai pas appris , mais je monte tout aussi
bien qu'un autre .
PIERRE .
As-tu jamais essayé?
AUGUSTE .
Bien des fois. Qui est-ce qui ne sait pas monter
à cheval?
PIERRE .
Quand donc as-tu monté ? ton père n'a pas de
chevaux de selle .
AUGUSTE .
Je n'ai pas monté de chevaux , mais j'ai monté
des ânes : c'est la même chose .
PIERRE , retenant un sourire.
Je te répète, mon cher Auguste, que si tu n'as
jamais monté à cheval , je ne te conseille pas de
monter mon poney .
AUGUSTE, piqué.
Et pourquoi donc ? Tu peux bien me le céder
une fois en passant .
PIERRE .
Oh ! ce n'est pas pour te refuser ; c'est parce
que le poney est un peu vif, et....
AUGUSTE, de même .
Et alors ?...
MÉMOIRES D'UN ANE 239
PIERRE .
Eh bien, alors , ... il pourrait te jeter par terre.
AUGUSTE, très piqué.
Sois tranquille , je suis plus adroit que tu ne le
penses . Si tu veux bien t'en priver pour moi , sois sûr
que je saurai le mener tout aussi bien que toi-même .
PIERRE .
Comme tu voudras , mon cher . Prends le poney,
je prendrai l'âne de la ferme, et Henri montera
Cadichon.
Henri les vint rejoindre ; nous étions tout prêts
à partir . Auguste approcha du poney , qui s'agita
un peu et fit deux ou trois petits sauts . Auguste
le regarda d'un air inquiet.
<< Tenez-le bien jusqu'à ce que je sois dessus ,
dit-il.
LE COCHER .
Il n'y a pas de danger , monsieur ; l'animal n'est
pas méchant ; vous n'avez pas besoin d'avoir peur .
AUGUSTE, piqué.
Je n'ai pas peur du tout ; est-ce que j'ai l'air
d'avoir peur, moi qui n'ai peur de rien !
HENRI, tout bas à Pierre .
Excepté des gressets .
AUGUSTE .
Que dis-tu , Henri? Qu'as-tu dit à l'oreille de
Pierre?
HENRI , avec malice .
Oh ! rien d'intéressant ; je croyais voir un gres-
set là-bas sur l'herbe . »
240 MÉMOIRES D'UN ANE
www
HENRI.
Bah ! tous les ânes se ressemblent et ont beau
faire , ils ne sont jamais que des ânes .
CAMILLE .
Il y a âne et âne.
HENRI .
Ce qui n'empêche pas que, pour dire qu'un
homme est bête, ignorant et entêté, on dit : « Bête
«< comme un âne , ignorant comme un âne , têtu
<«< comme un âne » , et que si tu me disais :
<«< Henri, tu es un âne » , je me fâcherais, parce
qu'il est bien certain que je prendrais cela pour
une injure.
CAMILLE .
Tu as raison, et pourtant je sens et je vois ,
d'abord que Cadichon comprend beaucoup de
choses ,qu'il nous aime , et qu'il a un esprit
extraordinaire, et puis que les ânes ne sont ânes
que parce qu'on les traite comme des ânes ,
c'est-à-dire avec dureté et même avec cruauté ,
et qu'ils ne peuvent pas aimer leurs maîtres ni
les bien servir .
HENRI .
Alors , d'après toi , c'est par habileté que Cadi-
chon a fait découvrir les voleurs , et qu'il a fait
tant de choses qui semblent extraordinaires ?
CAMILLE .
Certainement , c'est par son esprit , et c'est parce
qu'il le voulait, que Cadichon a fait prendre les
voleurs . Pourquoi l'aurait-il fait , selon toi ?
252 MÉMOIRES D'UN ANE
HENRI .
Parce qu'il avait vu le matin ses camarades entrer
dans le souterrain , et qu'il voulait les rejoindre .
CAMILLE .
Et les tours de l'âne savant?
HENRI .
C'est par jalousie et par méchanceté .
CAMILLE .
Et la course des ânes ?
HENRI .
C'est par orgueil d'âne.
CAMILLE .
Et l'incendie, quand il a sauvé Pauline ?
HENRI .
C'est par instinct .
CAMILLE .
Tais toi, Henri, tu m'impatientes.
HENRI .
Mais j'aime beaucoup Cadichon , je t'assure ;
seulement, je le prends pour ce qu'il est, un âne ,
et toi, tu en fais un génie. Remarque bien que ,
s'il a l'esprit et la volonté que tu lui supposes, il
est méchant et détestable .
CAMILLE .
Comment cela?
HENRI.
En tournant en ridicule le pauvre âne savant
et son maître, et en les empêchant de gagner
l'argent qui leur était nécessaire pour se nourrir.
Ensuite , en faisant mille méchancetés à Auguste,
MÉMOIRES D'UN ANE 253
LA PUNITION
LE COCHER .
Il le payera, allez ; je lui donnerai une raclée
pour son souper....
LE VALET DE CHAMBRE .
Prends garde ; si madame s'en aperçoit ....
LE COCHER.
Et comment madame le saurait-elle ? Crois-tu
que je vais lui donner des coups de fouet sous
les yeux de madame? J'attendrai qu'il soit à
l'écurie.
LE VALET DE CHAMBRE .
Tu pourrais bien attendre longtemps ; cet ani-
mal, qui fait toutes ses volontés , rentre quelque-
fois si tard.
LE COCHER .
Ah ! mais , s'il m'ennuie trop , je saurai bien le
faire rentrer malgré lui, et sans que personne
s'en doute .
LA FEMME DE CHAMBRE .
Comment vous y prendrez-vous ? Ce maudit
âne va braire à sa façon et ameuter toute la
maison .
LE COCHER .
Laissez donc je lui couperai le sifflet ; on ne
l'entendra seulement pas respirer . »
Et tous partirent d'un éclat de rire. Je les
trouvais bien méchants , j'étais en colère ; je cher-
chais un moyen de me soustraire à la correction
qui me menaçait. J'aurais voulu me jeter sur eux
et les mordre tous, mais je n'osai pas , de peur
MÉMOIRES D'UN ANE 257
5.CASTelly PRANEMAKER
b.c
Plus nous tirions , plus la corde m'étranglait.
PANNEMA
KER 1 castelle
PANNEMAKER hcastell
MÉMOIRES D'UN ANE 263
JACQUES .
Oh ! mais Auguste , c'est autre chose ; il ne
l'aime pas .
HENRI .
Et pourquoi ne l'aime-t-il pas ? Qu'est-ce qu'Au-
guste lui a fait ? Il pourrait bien , un beau jour,
nous détester aussi . >>
Jacques ne répondit pas , car il n'y avait
effectivement rien à répondre ; mais il se-
coua la tête, et , se retournant vers moi , il me
fit une petite caresse amicale, dont je fus tou-
ché jusqu'aux larmes . L'abandon de tous les
autres me rendit plus précieux encore ces té-
moignages d'affection de mon cher petit Jacques ,
et, pour la première fois, une pensée sincère
de repentir se glissa dans mon cœur . Je songeai
avec inquiétude à la maladie du malheureux
Auguste . Dans l'après-midi on sut qu'il était plus
mal encore, que le médecin avait des inquié-
tudes graves pour sa vie . Mes jeunes maîtres y
allèrent eux-mêmes vers le soir ; les cousines
attendaient impatiemment leur retour . « Eh bien ?
eh bien? leur crièrent-elles du plus loin qu'elles
les aperçurent . Quelles nouvelles ? Comment va
Auguste?
Pas bien , répondit Pierre ; et pourtant un
peu moins mal que tantôt.
HENRI .
Le pauvre père fait pitié ; il pleure , il sanglote ,
il demande au bon Dieu de lui laisser son fils ; il
MÉMOIRES D'UN ANE 265
CAMILLE .
Mon Dieu, mon Dieu ! pourvu qu'il n'en arrive
pas autant à Auguste !
ÉLISABETH .
Voilà pourquoi il faut que nous priions beau-
coup ; peut-être le bon Dieu nous accordera-t-il ce
que nous lui demanderons .
MADELEINE .
Où est donc Jacques ?
CAMILLE .
Il était ici tout à l'heure , il sera rentré . »
Il n'était pas rentré, le pauvre enfant , mais il
s'était mis à genoux derrière une caisse , et, la
tête cachée dans ses mains , il priait et pleurait .
Et c'était moi qui avais causé la maladie d'Au-
guste , l'affreuse inquiétude du malheureux père ,
et enfin le chagrin de mon petit Jacques ! Cette
pensée m'attrista moi-même ; je me dis que je
n'aurais pas dûù venger Médor .
<
«
< Quel bien lui a fait la chute d'Auguste ? me
demandai-je . Est-il moins perdu pour moi ? La ven-
geance que j'ai tirée m'a-t-elle servi à autre chose
qu'à me faire craindre et détester ? »
J'attendis avec impatience le lendemain pour
avoir des nouvelles d'Auguste . J'en eus des pre-
miers , car Jacques et Louis me firent atteler à la
petite voiture pour y aller . Nous trouvâmes , en
arrivant, un domestique qui courait chercher le
médecin, et qui nous dit en passant qu'Auguste
avait passé une mauvaise nuit, et qu'il venait
MÉMOIRES D'UN ANE 267
JACQUES .
Oui, c'est Cadichon .
M. TUDOUX , avec calme .
Alors , prenez-y garde ; il pourrait bien vous jeter
dans un fossé comme il l'a fait pour Auguste . Dites
à votre grand'mère qu'elle ferait bien de le vendre ;
c'est un animal dangereux . >>
M. Tudoux salua et s'en alla. Je restai tellement
étonné et humilié , que je ne songeai à me mettre
en route que lorsque mes petits maîtres, m'eurent
répété trois fois :
<< Allons , Cadichon , en route ! ... Allons donc ,
Cadichon, nous sommes pressés ! Vas-tu nous faire
coucher ici, Cadichon ? Hue ! hue donc ! >>
Je partis enfin, et je courus tout d'un trait jus-
qu'au perron , où attendaient cousins , cousines ,
oncles et tantes , papas et mamans .
« Il va mieux ! » s'écrièrent Jacques et Louis ; et
ils se mirent à raconter leur conversation avec
M. Tudoux , sans oublier son dernier conseil .
J'attendais avec une vive impatience la décision
de la grand'mère . Elle réfléchit un instant .
<< Il est certain , mes chers enfants , que Cadichon
ne mérite plus notre confiance ; j'engage les plus
jeunes d'entre vous à ne pas le monter ; à la pre-
mière sottise qu'il fera , je le donnerai au meunier ,
qui l'emploiera à porter des sacs de farine ; mais je
veux encore l'essayer avant de le réduire à cet état
d'humiliation ; peut-être se corrigera-t-il . Nous ver-
rons bien d'ici à quelques mois . >>
b.castell
LA CONVERSION
L'HOMME, le contrefaisant.
Et puis cinquante , papa? Tu ne vois pas , grand
nigaud, que c'est cinquante centimes que je dis , et
les centimes ne sont pas des francs .
LE GARÇON.
Non, papa, mais ça fait toujours cinquante .
L'HOMME .
b.Castell
HENRIETTE , riant .
Merci du compliment, Ferdinand ! Qu'êtes-vous
donc, si je suis un singe ?
FERDINAND .
Ah! mam'zelle, je n'ai point dit que vous étiez
un singe et si je me suis mal exprimé pour cela,
mettez que je suis un àne , un cornichon , une oie.
HENRIETTE .
Non, non , pas tant que cela, Ferdinand, mais
seulement un babillard qui parle quand il devrait
travailler . Faites la litière de l'àne , ajouta-t-elle d'un
ton sérieux , et donnez-lui à boire et à manger. >>
Elle sortit ; Ferdinand fit en grommelant ce que
lui avait ordonné sa jeune maîtresse . En fai-
sant ma litière , il me donna quelques coups de
fourche, me jeta avec humeur une botte de foin ,
une poignée d'avoine , et posa près de moi un
seau d'eau. Je n'étais pas attaché , j'aurais pu m'en
aller, mais j'aimai mieux souffrir encore un peu,
et donner le lendemain , pour achever ma bonne
œuvre , ma seconde et dernière représentation .
En effet, quand la journée du lendemain fut
avancée, on vint me prendre ; mon maître m'amena
sur une grande place qui était pleine de monde ;
on m'avait tambouriné le matin , c'est-à-dire que
le tambour du village s'était promené partout de
grand matin en criant : « Ce soir , grande repré-
sentation de l'àne savant dit Mirliflore ; on se
réunira à huit heures sur la place en face la
mairie et l'école ›
wwww
LES VOLEURS
<
«< I ne fait pas encore assez nuit , Finot ; il
serait plus sage de nous blottir dans ce bois .
- Mais , Passe-Partout, dit Finot, il nous faut
un peu de jour pour nous reconnaître ; moi ,
d'abord , je n'ai pas étudié les portes d'en-
trée .
Tu n'as jamais rien étudié , toi , reprit Passe-
Partout ; c'est bien à tort que les camarades t'ont
appelé FINOT ; si ce n'était que moi , je t'aurais
plutôt nommé Pataud.
FINOT.
Ça n'empêche pas que c'est moi qui ai toujours
les bonnes idées .
PASSE-PARTOUT .
Bonnes idées ! ça dépend . Qu'est-ce que nous
allons, faire au château?
302 MÉMOIRES D'UN ANE
FINOT .
Ce que nous allons faire? Dévaliser le potager,
couper les têtes d'artichaut, arracher les cosses
de pois , de haricots , les navets , les carottes, en-
lever les fruits . En voilà de la besogne !
PASSE-PARTOUT.
Et puis?
FINOT.
Comment, et puis ? Nous ferons un tas de tout
ce jardinage, nous le passerons par- dessus le mur ,
et nous irons le vendre au marché de Moulins .
PASSE-PARTOUT .
Et par où entreras-tu dans le jardin , imbécile ?
FINOT .
Par-dessus le mur, avec une échelle, bien sûr .
Voudrais-tu que j'allasse demander poliment au
jardinier la clef et ses outils ?
PASSE-PARTOUT.
Mauvais plaisant , va ! Je te demande seulement
si tu as marqué la place où nous devons grimper
sur le mur?
FINOT .
Mais non , te dis-je , je ne l'ai pas marquée :
voilà pourquoi j'aimerais mieux aller en avant
pour reconnaître .
PASSE-PARTOUT .
Et si on te voit, qu'est-ce que tu diras ?
FINOT.
Je dirai... que je viens demander un verre de
cidre et une croûte de pain .
« ET SI ON TE VOIT
QU'EST-CE
QUE TU DIRAS ? >>
PANNEMAKER.
MÉMOIRES D'UN ANE 305
PASSE-PARTOUT .
Ça ne vaut rien ; j'ai une idée , moi . Je connais
le potager ; il y a un endroit où le mur est dégradé ,
en mettant les pieds dans les trous , j'arriverai au
haut du mur , je trouverai une échelle et je te la
passerai , car tu n'es pas fort pour grimper
FINOT.
Non , je ne tiens pas du chat comme toi.
PASSE-PARTOUT .
Mais si quelqu'un vient nous déranger?
FINOT.
Tiens, tu es bon enfant, toi ! Si quelqu'un vient
me déranger , je saurai bien l'arranger .
PASSE-PARTOUT .
Qu'est-ce que tu lui feras ?
FINOT .
Si c'est un chien , je l'égorge ; ce n'est pas pour
rien que j'ai mon couteau bien afflé.
PASSE-PARTOUT .
Mais si c'est un homme ?
Un homme? dit Finot se grattant l'oreille ,
c'est plus embarrassant, ça.... Un homme ? on ne
peut pourtant pas tuer un homme comme un
chien . Si c'était pour quelque chose qui vaille , on
verrait, mais pour des légumes ! Et puis , ce châ-
teau qui est plein de monde !
PASSE-PARTOUT .
Mais enfin , qu'est- ce que tu feras ?
FINOT.
Ma foi , je me sauverai : c'est plus súr .
20
306 MÉMOIRES D'UN ANE
PASSE-PARTOUT .
T'es un lâche , toi ! sais-tu bien? Si tu vois ou si
tu entends un homme, tu n'as qu'à m'appeler, je
lui ferai son affaire .
FINOT .
Fais à ton goût, ce n'est pas le mien.
PASSE-PARTOUT .
Pour lors donc, c'est convenu . Nous attendons
la nuit, nous arrivons près du mur du potager , tu
restes à un bout pour avertir s'il vient quelqu'un ;
je grimpe à l'autre bout, je te passe une échelle et
tu me rejoins .
C'est bien ça... » , dit Finot .
II se retourne avec inquiétude, écoute et dit
tout bas :
« J'ai entendu remuer là derrière . Est- ce qu'il
y aurait quelqu'un ?
Qui veux-tu qui se cache dans le bois? ré-
pondit Passe-partout. Tu as toujours peur . Ce ne
peut être qu'un crapaud ou une couleuvre . »
Ils ne dirent plus rien ; je ne bougeai pas non
plus, et je me demandai ce que j'allais faire pour
empêcher les voleurs d'entrer et pour les faire
prendre . Je ne pouvais prévenir personne , je ne
pouvais même pas défendre l'entrée du potager.
Pourtant, après avoir bien réfléchi , je pris un parti
qui pouvait empêcher les voleurs d'agir et les faire
arrêter. J'attendis qu'ils fussent partis pour m'en
aller à mon tour . Je ne voulais pas bouger jusqu'au
moment où ils ne pourraient plus m'entendre .
MÉMOIRES D'UN ANE 307
=2= CAStell
LE COCHER .
Du sang ! une blessure à la tête !
LE PAPA DE PIERRE .
Et l'autre aussi , même blessure ! On dirait que
c'est un coup de pied de cheval ou d'âne .
LE PAPA DE JACQUES .
Oui , voilà la marque du fer sur le front .
LE COCHER .
Qu'ordonnent ces messieurs? Que veulent-ils
qu'on fasse de ces hommes ?
LE PAPA DE PIERRE .
Il faut les porter à la maison , atteler le ca-
briolet, et aller chercher le médecin . Nous autres ,
en attendant le médecin , nous tâcherons de leur
faire reprendre connaissance . »
Le jardinier apporta un brancard ; on y posa les
blessés , et on les porta dans une grande pièce qui
servait d'orangerie pendant l'hiver . Ils restaient
toujours sans mouvement.
« Je ne connais pas ces visages-là , dit le jardinier
après les avoir examinés attentivement à la lumière .
Peut-être ont-ils sur eux des papiers qui les
feront reconnaître , dit le papa de Louis ; on ferait
savoir à leurs familles qu'ils sont ici et blessés . »
Le jardinier fouilla dans leurs poches , en retira
quelques papiers , qu'il remit au papa de Jacques ,
puis deux couteaux bien aiguisés , bien pointus , et
un gros paquet de clefs.
« Ah ! ah ! ceci indique l'état de ces messieurs !
s'écria-t-il ; ils venaient voler et peut-être tuer.
MÉMOIRES D'UN ANE 311
CASte
PANNEMAKER
FINOT .
Et les couteaux ?
PASSE-PARTOUT .
Les couteaux aussi , parbleu ! Il faut de l'au
dace .
FINOT.
Qui est-ce qui t'a assené sur la tête ce coup de
massue qui t'a si bien engourdi ?
PASSE-PARTOUT .
Je n'en sais , ma foi , rien ; je n'ai pas eu le temps
de voir ni d'entendre . Je me suis trouvé par terre ,
et frappé en moins de rien .
FINOT .
Et moi de même. Il faudrait pourtant savoir si
on nous a vus grimper au mur .
PASSE-PARTOUT .
Nous le saurons bien . Ne faut-il pas que ceux
qui nous ont assommés viennent dire comment et
pourquoi ?
FINOT.
Tiens ! c'est vrai . Jusque-là il faut tout nier .
Convenons à présent des détails pour ne pas nous
contredire . D'abord, faisions-nous route ensemble?
Où avons-nous trouvé les ... ?
Séparez ces deux hommes , dit le papa de
Louis ; ils vont s'entendre sur les contes qu'ils
nous feront . »
Deux hommes saisirent Finot, pendant que deux
autres s'emparèrent de Passe-Partout , et , malgré
leur résistance, ils leur garrottèrent les pieds et
MÉMOIRES D'UN ANE 315
FINOT .
Je ne sais seulement pas ce que c'est ; nous les
avons trouvés pas loin d'ici , et nous n'avons pas
eu le temps d'y regarder .
LE BRIGADIER
Et les couteaux ?
FINOT.
Les couteaux étaient avec les papiers .
LE BRIGADIER .
Tiens ! c'est de la chance d'avoir trouvé et ra-
massé tout cela sans y voir ; la nuit était bien
sombre .
FINOT .
Aussi est-ce le hasard . Mon camarade a marché
dessus , cela lui a semblé drôle ; il s'est baissé, je
l'ai aidé ; et, en tâtonnant, nous avons trouvé les
papiers et les couteaux , nous avons partagé.
LE BRIGADIER .
C'est malheureux pour vous d'avoir partagé . Ça
fait que chacun avait de quoi se faire fourrer en
prison.
FINOT.
Vous n'avez pas le droit de nous mettre en pri-
son : nous sommes d'honnêtes gens ....
LE BRIGADIER .
C'est ce que nous verrons , et ce ne sera pas
long . Au revoir , Finot . Ne vous dérangez pas ,
ajouta-t-il, voyant que Finot cherchait à se lever
de dessus son banc. Gendarmes , veillez bien sur
monsieur , afin qu'il ne manque de rien . Et ne le
318 MÉMOIRES D'UN ANE
PASSE-PARTOUT .
Nous les avons trouvés sur la route , mon ca-
marade et moi ; nous les avons regardés , et nous
étions pressés de nous en débarrasser ; c'est pour-
quoi nous marchions de nuit.
LE BRIGADIER .
Et les couteaux qu'on a trouvés sur vous ?
PASSE-PARTOUT .
Les couteaux ; nous les avions achetés pour
nous défendre ; on nous disait qu'il y avait des
voleurs dans le pays .
LE BRIGADIER .
Et comment et par qui vous êtes-vous trouvés
blessés , votre camarade et vous?
PASSE-PARTOUT .
Précisément par des voleurs qui nous ont atta-
qués sans que nous les ayons vus .
LE BRIGADIER .
Tiens ? Finot n'a pas dit comme vous .
PASSE-PARTOUT .
Finot a eu si peur qu'il a perdu la mémoire ; il
ne faut pas croire ce qu'il dit.
LE BRIGADIER .
Je ne l'ai pas cru non plus , pas davantage que
je ne crois à ce que vous me dites vous-même ,
l'ami Passe-Partout, car je vous reconnais bien à
présent ; vous vous êtes trahi . »
Passe-Partout s'aperçut de la bêtise qu'il avait
faite en reconnaissant que son camarade s'appe-
lait Finot. C'était un sobriquet qui lui avait été
MÉMOIRES D'UN ANE 321
PIERRE .
Et qu'il ne court plus après mon poney pour
lui mordre la queue .
JACQUES .
Et qu'il a sauvé tous les légumes et les fruits
du potager en faisant attraper les deux voleurs .
HENRI .
Et qu'il leur a cassé la tête avec ses pieds .
ÉLISABETH .
Mais comment a-t-il pu faire prendre les voleurs ?
PIERRE .
On ne sait pas du tout comment il a pu faire ;
mais on a été averti par ses braiments . Papa, mes
oncles et quelques domestiques sont sortis et ont
vu Cadichon allant et venant, galopant avec in-
quiétude de la maison au jardin ; ils l'ont suivi
avec des lanternes , et il les a menés au bout du
mur extérieur du potager ; ils ont trouvé là deux
hommes évanouis et ils ont vu que c'étaient des
voleurs .
JACQUES .
Comment ont-ils pu voir que c'étaient des vo-
leurs ? Est-ce que les voleurs ont des figures et
des habits extraordinaires qui ne ressemblent pas
aux nôtres ?
ÉLISABETH .
Ah ! je crois bien que ce n'est pas comme nous !
J'ai vu toute une bande de voleurs ; ils avaient des
chapeaux pointus , des manteaux marrons , et des
visages méchants avec d'énormes moustaches .
MÉMOIRES D'UN ANE 327
- Où les as-tu vus? Quand cela? demandèrent
tous les enfants à la fois .
ÉLISABETH .
Je les ai vus , l'hiver dernier, au théâtre de Franconi .
HENRI .
Ah ! ah! ah ! quelle bêtise ! Je croyais que c'é-
taient de vrais voleurs que tu avais rencontrés
dans un de tes voyages , et je m'étonnais que mon
oncle et ma tante n'en eussent pas parlé .
ELISABETH, piquée.
Certainement, monsieur, ce sont de vrais vo-
leurs , et les gendarmes se sont battus contre eux
et les ont tués ou faits prisonniers . Et ce n'est
pas drôle du tout ; j'avais très peur , et il y a eu
de pauvres gendarmes blessés .
PIERRE .
Ah ! ah ! ah ! que tu es sotte ! ce que tu as vu ,
c'est ce qu'on appelle une comédie , qui est jouée
par des hommes qu'on paye et qui recommencent
tous les soirs .
ÉLISABETH .
Comment veux-tu qu'ils recommencent , puis-
qu'ils sont tués ?
PIERRE .
Mais tu ne vois donc pas qu'ils font semblant
d'être tués ou blessés , et qu'ils se portent aussi
bien que toi et moi.
ÉLISABETH .
Alors comment papa et mes oncles ont-ils re-
connu que ces hommes étaient des voleurs ?
328 MÉMOIRES D'UN ANE
PIERRE .
Parce qu'on a trouvé dans leurs poches des cou-
teaux à tuer des hommes , et....
JACQUES, interrompant .
Comment est-ce fait des couteaux à tuer des
hommes ?
PIERRE .
Mais ... mais ... comme tous les couteaux .
JACQUES .
Alors , comment sais-tu que c'est pour tuer des
hommes ? c'est peut-être pour couper leur pain .
PIERRE .
Tu m'ennuies , Jacques ; tu veux toujours tout
comprendre, et tu m'as interrompu quand j'allais
dire qu'on a trouvé des papiers sur lesquels ils
avaient écrit qu'ils voleraient nos légumes , qu'ils
tueraient le curé et beaucoup d'autres per-
sonnes .
JACQUES .
Et pourquoi ne voulaient- ils pas nous tuer,
nous autres?
ÉLISABETH .
LA RÉPARATION
HENRI.
C'est pourtant Cadichon qui a été cause de ta
maladie, tu dois lui en vouloir ?
AUGUSTE .
Je ne crois pas qu'il l'ait fait exprès , il aura eu
peur de quelque chose sur le chemin ; la frayeur
lui aura fait faire un saut qui m'a jeté dans cet
affreux fossé . Ainsi, je ne le déteste pas ; seule-
ment ....
PIERRE .
Seulement quoi?
AUGUSTE, rougissant légèrement.
Seulement j'aime mieux ne plus le monter .
La générosité de ce pauvre garçon me toucha ,
et augmenta mes regrets de l'avoir si fort mal-
traité.
Camille et Madeleine proposèrent de faire la
cuisine ; les enfants avaient bâti un four dans
leur jardin ; ils le chauffaient avec du bois sec
qu'ils ramassaient eux-mêmes . La proposition fut
acceptée avec joie ; les enfants coururent demander
des tabliers de cuisine ; ils revinrent tout préparer
dans leur jardin . Auguste et Pierre apportèrent
le bois ; ils cassaient chaque brin en deux et en
remplissaient leur four.
Avant de l'allumer, ils se rassemblèrent pour
savoir ce qu'ils allaient servir pour leur déjeuner .
« Je ferai une omelette , dit Camille .
MADELEINE .
Moi, une crème au café .
AUGUSTE ET PIERRE
APPORTÈRENT LE BOIS
ער
b.CAST W
FANNEMAKER
MÉMOIRES D'UN ANE 335
ÉLISABETH .
Moi, des côtelettes .
PIERRE .
Et moi , une vinaigrette de veau froid.
HENRI .
Moi , une salade de pommes de terre .
JACQUES .
Moi, des fraises à la crème
LOUIS .
Moi , des tartines de pain et de beurre .
HENRIETTE
Et moi, du sucre râpé .
JEANNE .
Et moi, des cerises .
AUGUSTE .
Et moi , je couperai le pain , je mettrai le cou-
vert, je préparerai le vin et l'eau , et je servirai
tout le monde . »
Et chacun alla demander à la cuisine ce qu'il
lui fallait pour le plat qu'il devait fournir . Camille
rapporta des œufs , du beurre , du sel , du poivre,
une fourchette et une poêle .
<«< Il me faut du feu pour fondre mon beurre et
pour cuire mes oeufs , dit-elle . Auguste , Auguste ,
du feu, s'il vous plaît.
AUGUSTE .
Où faut-il l'allumer?
CAMILLE .
Près du four ; dépèchez-vous , je hats mes
œufs .
336 MÉMOIRES D'UN ANE
MADELEINE .
Auguste, Auguste, courez à la cuisine me cher-
cher du café pour ma crème que je fouette ; je
l'ai oublié ; vite , dépêchez-vous .
AUGUSTE .
Il faut que j'allume du feu pour Camille .
MADELEINE .
Après ; allez vite chercher mon café : ce ne sera
pas long, et je suis pressée . >>
Auguste partit en courant .
ÉLISABETH .
Auguste, Auguste , il me faut de la braise et un
gril pour mes côtelettes ; je finis de les couper
proprement.
Auguste, qui accourait avec le café , repartit
pour le gril.
PIERRE .
Il me faut de l'huile pour ma vinaigrette .
HENRI.
Et moi, du vinaigre pour ma salade ; Auguste ,
vite de l'huile et du vinaigre .
Auguste, qui rapportait le gril , retourna en
courant chercher le vinaigre et l'huile .
CAMILLE .
Eh bien ! mon feu , c'est comme ça que vous
l'allumez , Auguste ? Mes œufs sont battus, vous
allez me faire manquer mon omelette .
AUGUSTE .
On m'a donné des commissions ; je n'ai pas en-
core eu le temps d'allumer le bois .
MÉMOIRES D'UN ANE 337
ÉLISABETH .
Et ma braise ? où est-elle , Auguste ? Vous avez
oublié ma braise!
AUGUSTE .
Non , Élisabeth , mais je n'ai pas pu ; on m'a fait
courir .
ÉLISABETH .
HENRIETTE .
C
Je rape tant que je peux , mais je suis fatiguéc ;
je vais me reposer un peu . J'ai si soif !...
JEANNE .
Mange des cerises ; moi aussi , j'ai soif.
JACQUES,
Et moi donc? je vais en goûter un peu ; cela ra-
fraîchit la langue .
LOUIS .
Je veux me rafraichir un peu aussi ; c'est fati-
gant de faire des tartines.
Et voilà les quatre petits qui entourent le panier
de cerises .
JEANNE .
Asseyons-nous ; ce sera plus commode pour se
rafraîchir .
Ils se rafraichirent si bien , qu'ils mangèrent
toutes les cerises ; quand il n'en resta plus , ils se
regardèrent avec inquiétude .
JEANNE .
Il ne reste plus rien .
HENRIETT
Ils vont nous gronder .
LOUIS, avec inquiétude.
Mon Dieu, mon Dieu ! comment faire?
JACQUES .
Demandons à Cadichon de venir à notre se-
cours .
LOUIS .
Que veux-tu que fasse Cadichon ? il ne peut pas
MÉMOIRES D'UN ANE 339
NER
PAKELMA .
PANHEMAKER
5. CAStelle
Ils se mirent à laver la vaisselle .
LE BATEAU
JACQUES .
Quel dommage qu'on ne puisse pas faire tous
les jours un déjeuner comme celui de la semaine
dernière c'était si amusant !
LOUIS .
Et comme nous avons bien déjeuné !
CAMILLE .
Ce qui m'a semblé le meilleur, c'était la sa-
lade de pommes de terre et la vinaigrette de
veau.
MADELEINE .
Je sais bien pourquoi : c'est parce que maman te
défend habituellement de manger des choses vinai-
grées .
CAMILLE , riant .
C'est possible ; les choses qu'on mange rare-
352 MÉMOIRES D'UN ANE
JACQUES .
Moi, j'irai avec Cadichon .
HENRI .
Tu ne peux pas aller si loin tout seul .
JACQUES .
Ce n'est pas loin , c'est à une demi-lieue .
AUGUSTE , arrivant.
Qu'est-ce que vous voulez allez chercher ave
Cadichon, mes amis ?
PIERRE .
Des lignes pour pêcher . En as-tu , Auguste ?
AUGUSTE .
Non ; mais il n'y a pas besoin d'aller en chercher
si loin ; avec des couteaux , nous en ferons nous-,
mêmes autant que nous en voudrons .
HENRI .
Tiens ! c'est vrai . Comment n'y avons-nous pas
songé?
AUGUSTE .
Allons vite en couper dans le bois . Avez -vous.
des couteaux ? J'ai le mien dans ma poche
PIERRE .
J'en ai un excellent que Camille m'a rapporté
de Londres .
HENRI.
Et moi aussi, j'ai celui que m'a donné Madeleine .
JACQUES .
Et moi , j'ai aussi un couteau .
LOUIS .
Et moi aussi .
23
254 MÉMOIRES D'UN ANE
AUGUSTE .
Venez avec nous , alors ; pendant que nous cou-
perons les gros brins de bois, vous enlèverez
l'écorce et les petites branches .
-Et nous, que ferons-nous en attendant? dirent
Camille , Madeleine , Elisabeth .
Faites préparer ce qui est nécessaire pour
la pêche , répondit Pierre le pain , les vers , les
hameçons . >>
Et tous se dispersèrent, allant chacun à son affaire ..
Je me dirigeai donc doucement vers l'étang, et
j'attendis plus d'une demi-heure l'arrivée des en-
fants . Je les vis enfin accourir tenant chacun sa
gaule, et apportant les hameçons et autres objets
dont ils pouvaient avoir besoin .
HENRI .
Je crois qu'il faudra battre l'eau pour faire venir
les poissons au-dessus .
PIERRE .
Au contraire, il ne faut pas faire le moindre
bruit : les poissons iront tout au fond dans la vase
si nous les effrayons .
CAMILLE .
Je crois qu'il serait bon de les attirer en leur
jetant quelques miettes de pain.
MADELEINE .
Oui, mais pas beaucoup ; si nous leur en don-
nons trop, ils n'auront plus faim.
ÉLISABETH .
Attendez, laissez-moi faire ; occupez-vous de
MÉMOIRES D'UN ANE 355
AUGUSTE .
La place n'est pas bonne , allons plus loin .
HENRI.
Je crois qu'il n'y a pas de poisson ici , car voilà
plusieurs miettes de pain qui n'ont pas été man-
gées .
CAMILLE .
Allez au bout de l'étang, près du bateau .
PIERRE .
C'est bien profond par là .
ÉLISABETH .
Qu'est-ce que cela fait? Crains-tu que les pois-
sons ne se noient ?
PIERRE .
Pas les poissons , mais l'un de nous s'il venait à
y tomber.
HENRI .
Comment veux-tu que nous tombions ? Nous ne
nous approchons pas assez du bord pour glisser
ou rouler dans l'eau .
PIERRE .
C'est vrai , mais je ne veux pas tout de même
que les petits y aillent.
JACQUES .
Oh ! je t'en prie , Pierre, laisse -moi aller avec
toi ; nous resterons très loin de l'eau.
PIERRE .
Non , non, restez où vous êtes ; nous revien-
drons bientôt vous joindre , car je ne pense pas
que nous trouvions là-bas plus de poisson que
MÉMOIRES D'UN ANE 357
AUGUSTE .
Difficile ! quelle folie ! Moi , j'ai lancé dix fois ,
vingt fois l'épervier . C'est très facile .
PIERRE .
Et as-tu pris beaucoup de poissons ?
AUGUSTE .
Je n'en ai pas pris , parce que je ne le lançais
pas dans l'eau.
HENRI.
Comment ? où et sur quoi le lançais-tu ?
AUGUSTE .
Sur l'herbe ou sur la terre , seulement pour
m'apprendre à le bien jeter .
PIERRE .
Mais ce n'est pas du tout la même chose ; je
suis sûr que tu le lancerais très mal sur l'eau .
AUGUSTE .
Mal ! tu crois cela ? Tu vas voir si je le lance
mal ! Je cours chercher l'épervier qui sèche au
soleil dans la cour.
PIERRE .
Non , Auguste, je t'en prie . S'il arrivait quelque
chose, papa nous gronderait.
AUGUSTE .
Et que veux-tu qu'il arrive ? Puisque je te dis
que chez nous on pêche toujours à l'épervier. Je
pars ; attendez-moi , je ne serai pas longtemps . )
Et Auguste partit en courant, laissant Pierre et
Henri mécontents et inquiets . Il ne tarda pas à
revenir, traînant après lui le filet .
MÉMOIRES D'UN ANE 359
-Astell
Il lança l'épervier.
CAStell PANNEMAKER
l'herbe
sur
jusque
l'amenai
P361.
.»«J)( eage
MÉMOIRES D'UN ANE 365
JEANNE .
Qu'est-ce que c'est que de bouchonner ? Tu dis ,
Louis, que tu bouchonneras Cadichon?
LOUIS .
Bouchonner , c'est frotter avec des poignées de
paille jusqu'à ce que le cheval ou l'âne soit bien
sec . On appelle cela bouchonner, parce que la poi-
gnée de paille qu'on tortille pour cela s'appelle un
bouchon de paille. >>>
Je suivais Jacques et Louis , qui marchèrent
vers l'écurie en me faisant signe de les accom-
pagner . Tous deux se mirent à me bouchonner
avec une telle vivacité, qu'ils furent bientôt en
nage . Ils ne cessèrent pourtant que lorsqu'ils
m'eurent bien séché . Pendant ce temps , Hen-
riette et Jeanne se relayaient pour peigner et
brosser ma crinière et ma queue . J'étais superbe
quand ils eurent fini , et je mangeai avec un
appétit extraordinaire la mesure d'avoine que
Jacques et Louis me présentèrent.
<
«< Henriette, dit tout bas la petite Jeanne à sa
cousine , Cadichon a beaucoup d'avoine ; il en a trop .
HENRIETTE .
Ça ne fait rien, Jeanne ; il a été très bon ; c'est
pour le récompenser.
JEANNE .
C'est que je voudrais bien lui en prendre un
peu .
HENRIETTE .
Pourquoi?
366 MÉMOIRES D'UN ANE
JEANNE .
Pour en donner à nos pauvres lapins , qui n'en
ont jamais et qui l'aiment tant .
HENRIETTE .
Si Jacques et Louis te voient prendre l'avoine
de Cadichon , ils te gronderont .
JEANNE .
Ils ne me verront pas . J'attendrai qu'ils ne me
regardent pas.
HENRIETTE .
Alors tu seras une voleuse , car tu voleras
l'avoine du pauvre Cadichon , qui ne peut pas se
plaindre , puisqu'il ne peut pas parler .
C'est vrai , dit Jeanne tristement. Mes pau-
vres lapins seraient pourtant bien contents d'avoir
un peu d'avoine . » Et Jeanne s'assit près de mon
auget, me regardant manger.
«< Pourquoi restes-tu là , Jeanne ? demanda Hen-
riette . Viens avec moi pour avoir des nouvelles
d'Auguste .
Non , répondit Jeanne , j'aime mieux attendre
que Cadichon ait fini de manger, parce que, s'il
laisse un peu d'avoine , je pourrai alors la
prendre , sans le voler, pour la donner à mes la-
pins . >>
Henriette insista pour la faire partir , mais
Jeanne refusa et resta près de moi . Henriette
s'en alla avec ses cousins et ses cousines .
Je mangeai lentement ; je voulais voir si Jeanne,
une fois seule, succomberait à la tentation de ré-
MÉMOIRES D'UN ANE 367
CAStelli
Voilà
mon
sauveur
.>><«
MÉMOIRES D'UN ANE 371
LA GRAND MERE .
Pourquoi veux-tu que Cadichon t'aime plus que
les autres , mon petit Jacques ? Ce n'est pas juste .
JACQUES .
Si fait , grand'mère , c'est juste, parce que je
l'aime plus que ne l'aiment mes cousins et cou-
sines, et que , lorsqu'il a été méchant, que per-
sonne ne l'aimait , moi , je l'aimais encore un
peu.... et même beaucoup , ajouta-t-il en riant.
N'est-il pas vrai , Cadichon ? >>
Je vins aussitôt appuyer ma tête sur son épaule .
Tout le monde se mit à rire, et Jacques continua :
<< N'est-ce pas, mes cousines et cousins , que vous
voulez bien que Cadichon m'aime plus que vous ?
Oui , oui , oui, répondirent-ils tous en riant .
JACQUES .
Et n'est-ce pas que j'aime Cadichon , et que je
l'ai toujours aimé plus que vous ne l'aimez ?
Oui , oui, oui, reprirent-ils tout d'une voix .
JACQUES .
Vous voyez bien, grand'mère , que , puisque c'est
moi qui vous ai amené Cadichon , puisque c'est moi
qui l'aime le plus , il est juste que ce soit moi que
Cadichon aime le mieux .
LA GRAND'MÈRE , souriant.
Je ne demande pas mieux , cher enfant ; mais ,
quand tu n'y seras pas , tu ne pourras plus le
soigner .
JACQUES , avec vivacité.
Mais j'y serai toujours , grand'mère .
MÉMOIRES D'UN ANE 373
LA GRAND MÈRE .
Non , mon cher enfant, tu n'y seras pas toujours ,
puisque ton papa et ta maman t'emmènent quand
ils s'en vont . >>
Jacques devint triste et pensif; il restait le bras
appuyé sur mon dos , et la tête appuyée sur sa
main.
Tout à coup son visage s'éclaircit .
« Grand'mère , dit-il , voulez-vous me donner
Cadichon ?
LA GRAND MÈRE .
Je te donnerai tout ce que tu voudras , mon cher
petit, mais tu ne pourras pas l'emmener avec toi à
Paris .
JACQUES .
Non , c'est vrai ; mais il sera à moi , et , quand
papa aura un château , nous y ferons venir Cadi-
chon .
LA GRAND MÈRE .
Je te le donne à cette condition , mon enfant ; en
attendant, il vivra ici , et il vivra probablement
plus longtemps que moi . N'oublie pas alors que
Cadichon est à toi , et que je te laisse le soin de le
faire vivre heureux . >>
b
CONCLUSION
FIN
TABLE DES CHAPITRES
Chapitres. Pages.
A MON PETIT MAÎTRE, M. HENRI DE SEGUR ... 1
I. Le marché.. 7
II. La poursuite .. 17
III. Les nouveaux maîtres . 23
IV. Le pont.... 29
V. Le cimetière 39
VI. La cachette .. 49
VII. Le médaillon .. 59
VIII. L'incendie ..... 67
IX . La course d'ànes . 75
X. Les bons maîtres . 93
XI. Cadichon malade .. 103
XII. Les voleurs ..... 107
XIII. Les souterrains . 117
XIV. Thérèse.... 131
XV. La chasse . 153
XVI. Médor ..... 169
XVII. Les enfants de l'école .. 181
XVIII. Le baptême... 191
XIX. L'àne savant . 205
378 TABLE DES CHAPITRES
XX. La grenouille ... 227
XXI. Le poney.... 235
XXII. La punition 255
XXIII. La conversion .. 273
XXIV. Les voleurs 301
XXV. La réparation .. 331
XXVI. Le bateau 351
CONCLUSION 375
FIN DE LA TABLE .
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L. MUSSAT, P. DE NANTEUIL, OUIDA, DE WITT NÉE GUIZOT ;
MM. A. ASSOLANT, DE LA BLANCHÈRE , LÉON CAHUN, CHAMPOL,
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J. GIRARDIN, AIMÉ GIRON, AMÉDÉE GUILLEMIN, CH. JOLIET, ALBERT LÉVY,
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trad de l'anglais; 3° édit. 2 vol. avec traduites de l'anglais :
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- 12 -
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L'usine et le chateau. 1 vol . avec ― Les deux nigauds ; nouvelle édition.
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Robaudi. édition. 1 vol. avec 48 gravures d'après
Castelli.
Rendu (V.) : Meurs pittoresques des
insectes. 1 vol. avec 49 gravures. Les petites filles modèles ; nouvelle
édition. 1 vol. avec 21 grandes gra-
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— 13
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ane: nouvelle edition. 1 vol . avec 1 vol. avec 43 grav. d'après Ed . Zier.
75 gravures d'après Castelli. - Violence et bonté. 1 vol. avec 36 gra-
vures d'après Tofani.
Stolz (Mme de) : La maison roulante; L'embarras du choix. 1 vol. avec
7 édit. 1 vol . avec 20 gravures d'après 40 gravures d'après Tofani.
E. Bayard. - Petit Jacques. 1 vol. avec 48 gra-
Le trésor de Nanette ; 6º édition . vures d'après Tofani.
1 vol . avec 25 gravures d'après E. La famille Coquelicot. 1 vol. illustré
Bayard. de 30 gravures d'après Jeanniot.
Blanche et Noire ; 4° édition . 1 vol.
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Par-dessus la haie; 4e édition. 1 vol. de l'anglais et abrégés à l'usage des
avec 56 gravures d'après A. Marie. enfants. 1 vol. avec 57 gravures
d'après G. Delafosse.
Les poches de mon oncle; 5º édi-
tion. 1 vol. avec 20 gravures d'après Tournier : Les premiers chants, poésies
Bertall. à l'usage de la jeunesse ; 2° édition.
Les vacances d'un grand-père ; 4° édi- 1 vol. avec 20 gravures d'après Gus-
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G. Delafosse. Verley Miss Fantaisie. 1 vol. avec 36
- Le vieux de la forêt ; 3° édition. 1 vol. grav. d'après Zier.
avec 40 gravures d'après Sahib. Vimont (Ch.) : Histoire d'un navire;
-Les deux reines ; 2" édit. 1 vol. avec 8 édit. 1 vol. avec 40 grav. d'après
32 gravures d'après Delort. Alex. Vimont.
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3. édition. 1 vol. avec 29 gravures Witt ( Mme de), née Guizot : Enfants
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d'après Charles. 34 gravures d'après A. de Neuville.
Les frères de lait; 2° édition . 1 vol. - La petite fille aux grand'mères ;
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1 vol. avec 19 gravures et 1 carte. Speke Les sources du Nil, édition
Hayes (D ) : La mer libre du pôle, tra- abrégée par J. Belin-de Launay;
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par J. Belin-de Launay ; 2° édition .
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Piotrowski Souvenirs d'un Sibérien ; Alph. Feillet. 1 vol. avec 33 gravures
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