2011justice Feuilleter

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Collection dirigée par Étienne CHANTREL

20 dissertations
avec analyses et commentaires
sur le thème

La justice
Pascal – Pensées
Eschyle – Les Choéphores et Les Euménides
Steinbeck – Les Raisins de la colère

Sous la coordination de Céline BOHNERT et Natalia LECLERC

Par

Matthieu BENNET Natalia LECLERC


Ancien élève de l’ENS (Lyon) Professeur agrégé de Lettres modernes
Professeur agrégé de Philosophie Docteur en Littérature comparée
Ancienne interrogatrice en CPGE

Céline BOHNERT Aurélien PIGEAT


Agrégée de Lettres modernes Professeur agrégé de Lettres modernes
Docteur ès Lettres Docteur ès Lettres
Maître de conférences Interrogateur en CPGE

Géraldine D ERIES
Charlotte SIMONIN
Professeur agrégé de Lettres modernes
Agrégée de Lettres modernes
Ancienne élève d’HEC
Docteur ès Lettres
Docteur ès Lettres
Professeur en CPGE

Sophie FORTIN
Élise SULTAN
Professeur agrégé de Lettres modernes
Certifiée de Lettres modernes
Doctorante en Philosophie

Marianne I SOLA-ESCLANGON
Marie-Joséphine WERLINGS
Certifiée de Philosophie
Agrégée de Lettres classiques
Conservateur des bibliothèques
Docteur en Histoire grecque
Maître de conférences
Les indications de pages dans cet ouvrage renvoient aux éditions suivantes.
Ces renvois sont destinés à faciliter votre recherche ; ils ne doivent pas figurer
dans vos dissertations.
Pensées Classement Lafuma
Références aux classements Brunschwig
et Comte-Sponville (ex : CS76/B294/L60)
Les Choéphores et Les Euménides GF, trad. Daniel Loayaza
Les Raisins de la colère Folio, trad. E. Coindreau et M. Duhamel

20 fiches + 20 résumés Une préparation complète


Pour utiliser les œuvres de manière judicieuse
et efficace dans vos dissertations, vous devez en
avoir une vue synthétique. Faites confiance aux
20 fiches : en 128 pages, résumés des œuvres,
cartes des personnages, fiches de synthèse.
Et n’oubliez pas qu’à Centrale et aux CCP, la
dissertation ne suffit pas : les 20 résumés vous
donnent des corrigés détaillés des épreuves po-
sées ces dernières années.

Annales scientifiques Ils vous font des problèmes ?

Tous les corrigés des grands concours : CCP,


E3A, Centrale, Mines, X, en maths, info, phy-
sique et chimie. « Les réponses sont très détail-
lées », « claires et rigoureuses », « limpides », « c’est
une méthode efficace », « un entraînement idéal
pour les concours » : goûtez la différence.
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phies – Histoire des sciences –
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– La vie en école – Que sont-ils de-
venus ? – Écoles – Jeux
www.prepamag.fr

c H&K 2011
Toute reproduction, même partielle, est interdite.
Dépôt légal mai 2011
ISBN13 : 978-2-35141-075-2 ISSN : 1966-8562
Mode d’emploi

Un bon ingénieur, comme son titre l’indique, est ingénieux, il possède un gé-
nie certain pour mettre en place des projets au sein de son entreprise. Mais outre
la conception de ces projets, il doit savoir les exposer, convaincre, et pour cela
s’exprimer avec précision et élégance, argumenter et illustrer son point de vue.
L’exercice de la dissertation met en œuvre ces facultés, et c’est la raison de sa pré-
sence parmi les épreuves de recrutement des grandes écoles.

Objectif de cet ouvrage


L’ouvrage que vous tenez entre les mains entend vous former pour cet exer-
cice, qui paraît n’être qu’académique et qui est pourtant la manifestation d’une
certaine capacité à réfléchir et à exposer son argumentation, si toutefois on en
connaît les règles. « Vous former », c’est-à-dire vous conduire à savoir faire cet
exercice par vous-même le jour du concours. Pour cela, il ne s’agit pas d’apprendre
par cœur les plans et encore moins les dissertations proposées – même si cela est
tentant ! Il s’agit de vous préparer de manière raisonnée et rigoureuse.
Aucun livre ne peut se substituer à une étude personnelle des œuvres ni aux
cours de votre professeur. Mais il peut les compléter et vous montrer comment en
tirer le meilleur parti. C’est pourquoi vous trouverez dans cet ouvrage tout ce dont
vous avez besoin pour aborder les concours en toute confiance :
– une méthode claire et efficace ;
– une présentation des auteurs et des œuvres au programme ;
– une réflexion sur les principaux enjeux du thème de l’année ;
– vingt dissertations étudiées et corrigées en détail ;
– des analyses fouillées des passages clefs des œuvres ;
– des citations prêtes à l’emploi.

Quand et comment utiliser cet ouvrage


Le secret, c’est qu’il n’y a pas de secret : il faut travailler régulièrement et in-
telligemment, comme en sciences. Reste à savoir ce que cela veut dire à propos
du français... La démarche que nous vous proposons ci-dessous n’est pas la seule
possible, mais elle vous garantit une progression continue, un bon niveau final et
un excellent rapport note au concours / temps investi.

Pendant l’été
Commencez bien sûr par lire les œuvres au programme. Cette première étape
doit déjà être rentabilisée : au fil de la lecture, réfléchissez aux liens que chaque
œuvre entretient avec le thème de l’année, aux diverses façons dont elle l’illustre.
4 MODE D’EMPLOI

Soulignez les passages qui vous semblent importants et les citations que vous
souhaitez retenir. Aidez-vous pour cela de ceux que nous avons sélectionnés, ce
sont de bons repères, mais ne négligez pas les extraits qui vous plaisent ou vous
frappent. Une lecture personnelle est tout à fait valorisée.
Étudiez ensuite les parties de ce manuel qui présentent les auteurs, les œuvres
et le thème. Vous aurez ainsi une bonne vue d’ensemble du programme, qui vous
permettra de recevoir dans de bonnes conditions les cours de votre professeur.

Pendant l’automne
Travaillez les extraits commentés de ce manuel. Pour chacun, relisez le pas-
sage dans les œuvres, ainsi que quelques pages avant et après, puis demandez-
vous (pendant environ cinq minutes) pourquoi il est important et ce que vous
diriez à son sujet. Lisez ensuite l’analyse. Ceci vous aidera à constituer un bagage
de références et d’exemples précis. Apprenez les citations au fur et à mesure, en
sachant les situer aussi précisément que possible dans les œuvres.
En parallèle, lisez une fois la méthode (pages 12 à 28), puis lisez une disser-
tation chaque semaine en panachant les parties du manuel, soit dix dissertations
avant Noël – ne travaillez pas pendant les vacances. Vous devez chercher à com-
prendre (pendant une demi-heure, lecture comprise) comment la réflexion pré-
paratoire est menée, comment la méthode est appliquée et enfin comment la dis-
sertation est constituée, puis rédigée. La structure est pour l’instant plus impor-
tante que le détail de la rédaction. Inutile à ce stade de disserter vous-même :
commencez par apprendre en observant. Les exercices demandés par votre pro-
fesseur suffisent – n’hésitez d’ailleurs pas à le solliciter en cas de problème avec la
méthode.

Pendant l’hiver
Il est temps de passer à la pratique. Relisez la méthode puis, chaque semaine,
choisissez un libellé parmi les dix restants et consacrez-lui une heure de la ma-
nière suivante. Travaillez le sujet pendant vingt minutes en suivant les mêmes
étapes que nous : analyse du sujet, confrontation aux œuvres, construction d’une
problématique. Lisez ensuite l’analyse que nous proposons. Passez dix minutes à
élaborer un plan détaillé, sans oublier les transitions, puis confrontez-le au nôtre.
Enfin, consacrez une demi-heure à un essai de rédaction : faites systématique-
ment une introduction et, en alternance, une conclusion ou une sous-partie.
Maintenant que vous cernez bien le sujet, lisez la dissertation corrigée. Elle
n’est pas la seule manière de traiter le sujet, mais elle constitue un exemple de
bonne copie. Portez une attention particulière à la manière dont les exemples
sont exploités dans l’argumentation, et retenez-les si vous ne les avez pas encore
MODE D’EMPLOI 5

rencontrés. Soyez également attentif à la langue, à la syntaxe, à l’orthographe de


certains termes clefs.
Ne négligez pas les annexes Éviter le hors sujet : elles déminent l’une des prin-
cipales difficultés de l’exercice. Chaque sujet est différent et doit être traité dans
sa singularité. Gare au copier-coller.

Pendant le printemps
Si vous êtes en spé, il ne reste que quatre semaines avant les écrits : contentez-
vous de réviser les citations et les textes commentés. Si vous avez travaillé réguliè-
rement, cela suffit. Mais lorsque vous « bouquinez », choisissez un livre « utile » :
les œuvres au programme si vous ressentez le besoin de vous les remettre en mé-
moire, ou un livre de réflexion sur le thème de l’année en général. Évitez les autres
œuvres des mêmes auteurs : d’une part vous risquez de confondre les intrigues,
d’autre part vous ne devez utiliser que les œuvres au programme dans vos copies.
Si vous êtes en sup, il faut entretenir votre niveau pour éviter de revenir à la
case départ l’année suivante. Pour cela, travaillez selon le programme d’hiver cinq
des dix libellés dont vous aviez lu le corrigé pendant l’automne.

Et n’oubliez pas...
Votre emploi du temps réserve deux heures chaque semaine pour l’étude du
français : essayez d’en tirer le meilleur parti. En premier lieu, écoutez attentive-
ment le cours. C’est toujours la base. Mais ne vous contentez pas de noter docile-
ment tout ce qui est dit : gardez un esprit critique et, au besoin, entamez un dia-
logue avec votre professeur pendant le cours ou après. Pratiquées dans les limites
du bon sens, ces questions contribuent à rendre le cours vivant et stimulant pour
tout le monde. Un bon élève n’est plus, comme au lycée, celui qui sait le mieux
répondre aux questions, mais celui qui pose les meilleures questions.

L’ensemble de l’équipe vous souhaite une belle réussite aux concours.


7

Sommaire

La méthode pour réussir ses dissertations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12


Qu’est-ce qu’une dissertation ? (12) — Les objectifs de la dissertation (12) — Les
exigences du jury (14) — La lecture des œuvres (14) — Un travail de réflexion per-
sonnelle (15) — Lire les rapports de jury (15) — Aborder le sujet (16) — L’analyse
du sujet (17) — Construire une problématique et un plan (19) — La rédaction de
la dissertation (23)

Le thème et ses principaux enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29


Présentation des œuvres et des auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

L ES FONDEMENTS DE L A JUSTICE

Passages clés analysés et commentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45


Sujet 1
« La justice, elle n’existe pas. Il y a rêve de justice dans l’esprit de certains
hommes, c’est tout. » (Malouin) 51
Sujet 2
« Le malheur est que ce sont, je crois, les faibles et le grand nombre
auxquels est due l’institution des lois. Aussi instituent-ils ces lois par
rapport à eux-mêmes et à leur avantage. » (Platon) 59
Sujet 3
Comment décider qu’un acte est juste ? 67
Sujet 4
« La justice est humaine, tout humaine, rien qu’humaine ; c’est lui faire
tort que de la rapporter, de près ou de loin, à un principe supérieur ou
antérieur à l’humanité. » (Proudhon) 74
Sujet 5
« Œil pour œil, dent pour dent. » 81

JUSTICE ET DROIT

Passages clés analysés et commentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88


Sujet 6
« Il n’est chose en quoi le monde soit si divers qu’en coutumes et lois. »
(Montaigne) 94
SOMMAIRE 9

Sujet 7
« La justice est un idéal irrationnel. Si indispensable qu’elle puisse être
à la volonté et à l’action, elle échappe à la connaissance rationnelle et
la science du droit ne peut explorer que le domaine du droit positif. »
(Kelsen) 101
Sujet 8
« Il est effrayant de penser que cette chose qu’on a en soi, le jugement,
n’est pas la justice. Le jugement, c’est le relatif. La justice, c’est l’absolu.
Réfléchissez à la différence entre un juge et juste. » (Victor Hugo) 109

Sujet 9
« Le criminel qui connaît tout l’enchaînement des circonstances ne
considère pas, comme son juge et son censeur, que son acte est en de-
hors de l’ordre et de la compréhension : sa peine cependant lui est me-
surée exactement selon le degré d’étonnement qui s’empare de ceux-ci,
en voyant cette chose incompréhensible pour eux, l’acte du criminel.
Lorsque le défenseur d’un criminel connaît suffisamment le cas et sa
genèse, les circonstances atténuantes qu’il présentera, les unes après
les autres, finiront nécessairement par effacer toute la faute. Ou, pour
l’exprimer plus exactement encore : le défenseur atténuera degré par
degré cet étonnement qui veut condamner et attribuer la peine, il finira
même par le supprimer complètement, en forçant tous les auditeurs
honnêtes à s’avouer dans leur for intérieur : “Il lui fallut agir de la façon
dont il a agi ; en punissant, nous punirions l’éternelle nécessité.” Me-
surer le degré de la peine selon le degré de connaissance que l’on a ou
peut avoir de l’histoire du crime, n’est-ce pas contraire à toute équité ? »
(Nietzsche) 116

Sujet 10
« Souviens-toi surtout que tu ne peux être le juge de personne. Car nul
juge ne peut juger le criminel avant que ce juge lui-même ne se rende
compte qu’il est lui-même un criminel exactement semblable à celui
qui se tient devant lui, et que, lui, du crime de celui qui se tient devant
lui, il est peut-être bien le premier coupable. » (Dostoievski) 124

JUSTICE ET ÉTHIQUE

Passages clés analysés et commentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132

Sujet 11
La clémence vaut-elle mieux que la justice ? 138
10 SOMMAIRE

Sujet 12
« L’équitable, tout en étant supérieur à une certaine justice, est lui-
même juste, et ce n’est pas comme appartenant à un genre différent
qu’il est supérieur au juste. Il y a donc bien identité du juste et de l’équi-
table, et tous deux sont bons, bien que l’équitable soit le meilleur des
deux. Ce qui fait la difficulté, c’est que l’équitable, tout en étant juste,
n’est pas le juste selon la loi, mais un correctif de la justice légale. La
raison en est que la loi est toujours quelque chose de général, et qu’il y
a des cas d’espèce pour lesquels il n’est pas possible de poser un énoncé
général qui s’y applique avec rectitude. Dans les matières, donc, où on
doit nécessairement se borner à des généralités, et où il est impossible
de le faire correctement, la loi ne prend en considération que les cas
les plus fréquents, sans ignorer d’ailleurs les erreurs que cela peut en-
traîner. La loi n’en est pas moins sans reproche, car la faute n’est pas à
la loi, ni au législateur, mais tient à la nature des choses, puisque par
leur essence même la matière des choses de l’ordre pratique revêt ce
caractère d’irrégularité. Quand, par suite, la loi pose une règle générale,
et que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on est
alors en droit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a péché
par excès de simplification, de corriger l’omission et de se faire l’inter-
prète de ce qu’eût dit le législateur lui-même s’il avait été présent à ce
moment, et de ce qu’il aurait porté dans sa loi s’il avait connu le cas en
question. De là vient que l’équitable est juste, et qu’il est supérieur à
une certaine espèce de juste, non pas supérieur au juste absolu, mais
seulement au juste où peut se rencontrer l’erreur due au caractère ab-
solu de la règle. Telle est la nature de l’équitable : c’est d’être un correctif
de la loi, là où la loi a manqué de statuer à cause de sa généralité. En
fait, la raison pour laquelle tout n’est pas défini par la loi, c’est qu’il y
a des cas d’espèce pour lesquels il est impossible de poser une loi, de
telle sorte qu’un décret est indispensable. De ce qui est, en effet, indé-
terminé, la règle aussi est indéterminée, à la façon de la règle de plomb
utilisée dans les constructions de Lesbos : de même que la règle épouse
les contours de la pierre et n’est pas rigide, ainsi le décret est adapté aux
faits. » (Aristote) 146

Sujet 13
« À force d’être juste, on est souvent coupable. » (Corneille) 154

JUSTICE ET POUVOIRS

Passages clés analysés et commentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162


SOMMAIRE 11

Sujet 14
« L’amour de la justice n’est en la plupart des hommes que la crainte de
souffrir l’injustice. » (La Rochefoucauld) 168
Sujet 15
« Puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable,
et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions
pour base de toute autorité légitime parmi les hommes. » (Rousseau) 176
Sujet 16
« Malheureusement, il y a des moments où la violence est la seule façon
dont on puisse assurer la justice sociale. » (Eliot) 184
Sujet 17
« Si les citoyens pratiquaient entre eux l’amitié, ils n’auraient nullement
besoin de la justice ; mais, même en les supposant justes ils auraient
encore besoin de l’amitié ; et la justice, à son point de perfection, paraît
tenir de la nature de l’amitié. » (Aristote) 192

JUSTE ET INJUSTE

Passages clés analysés et commentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .200


Sujet 18
« Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on dit que la justice est bien souvent
très injuste : Summum jus, summa injuria [comble de droit, comble
d’injustice], est un des plus anciens proverbes. Il y a plusieurs manières
affreuses d’être injuste : par exemple, celle de rouer l’innocent Calas
sur des indices équivoques, et de se rendre coupable du sang innocent
pour avoir trop cru de vaines présomptions. » (Voltaire) 206
Sujet 19
« Il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et
l’Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde. Ils ont des
robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus,
de toutes les illusions. » (Balzac) 214
Sujet 20
« L’amour est injustice, mais la justice ne suffit pas. » (Camus) 221

Citations à retenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229


Lexique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Index des œuvres et des noms propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
Index des notions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
12

La méthode
pour réussir ses dissertations

I Prologue
1 Qu’est-ce qu’une dissertation ?
La dissertation est un exercice scolaire qui peut se définir comme la mise en
scène d’un raisonnement.
Elle part en effet d’un problème, contenu dans le sujet, auquel elle apporte
une réponse organisée et argumentée. Il faut d’abord formuler le problème en
termes précis ; puis apporter des éléments de réponse. Ces éléments de réponse
doivent suivre un ordre logique : on commence en général par ce qui semble le
plus évident pour montrer progressivement toute la complexité de la question.
L’important est donc plus votre capacité à envisager tous les aspects du problème
et à les articuler logiquement que la réponse en elle-même.
L’exercice peut certes être critiquable, mais c’est celui qui vous est proposé et
vous devez accepter de jouer le jeu. Pour réussir une dissertation, il vous faut donc
avant tout bien comprendre le but et les règles de ce jeu.

2 Les objectifs de la dissertation


Le premier objectif de la dissertation est de montrer que vous êtes capable de
tenir un raisonnement logique pour défendre une idée. Autrement dit, on vous
demande de prouver que vous savez répondre à une question en hiérarchisant et
en articulant vos idées et utiliser des arguments pour les étayer.
Le deuxième objectif est de montrer que votre travail de l’année vous a permis
d’acquérir une vraie culture littéraire personnelle. Ainsi, non seulement votre dis-
sertation doit être un raisonnement qui répond à la question posée, mais il doit le
faire en s’appuyant sur une analyse fine, rigoureuse et personnelle des œuvres au
programme.
Le troisième objectif est de montrer votre capacité à mobiliser vos connais-
sances et votre savoir-faire en temps limité tout en respectant la forme de la dis-
sertation et le langage commun à votre correcteur et à vous : le français courant
soigné.
SCHÉMA DE PRINCIPE D’UNE DISSERTATION un cadre = un paragraphe

Contexte du sujet
Présentation du sujet et de la problématique
Annonce du plan

Introdu tion
Sauter des lignes

Phrase de présentation de la partie I Phrase de présentation de la partie II Phrase de présentation de la partie III
Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument
Développement de l’argument Développement de l’argument Développement de l’argument
Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme)
Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres)
Récapitulation Récapitulation Récapitulation
Phrase de lien avec la sous-partie suivante Phrase de lien avec la sous-partie suivante Phrase de lien avec la sous-partie suivante
Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument
Développement de l’argument Développement de l’argument Développement de l’argument
Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme)
Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres)
Récapitulation Récapitulation Récapitulation
Phrase de lien avec la sous-partie suivante Phrase de lien avec la sous-partie suivante Phrase de lien avec la sous-partie suivante
Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument Phrase d’annonce de l’argument
Développement de l’argument Développement de l’argument Développement de l’argument
Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme) Un exemple développé (œuvre au programme)
Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres) Un ou deux exemples rapides (les autres œuvres)
Récapitulation Récapitulation Récapitulation
Sauter des lignes Sauter des lignes
Transition entre les parties I et II Transition entre les parties II et III

Sauter des lignes


Reprise de l’articulation de la démonstration
Réponse à la problématique
ouverture
Con lusion
29

Le thème
et ses principaux enjeux

I Les fondements de la justice


Poser la question des fondements de la justice, c’est s’interroger sur les grands
principes qui sont à la base d’une institution. Ainsi, en France, la séparation des
pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est un principe fondamental qui garantit
l’indépendance de la justice. De même, on pourrait mentionner parmi ces prin-
cipes le droit de faire appel, la participation d’un jury populaire en matière crimi-
nelle ou encore la gratuité de la justice, même si leur application a parfois varié
dans l’histoire. En France, les fondements de la justice sont hérités de la rénova-
tion effectuée pendant la Révolution française. Ainsi, lorsqu’on emploie le terme
de « justice », il faut être attentif à distinguer entre le principe (le sens de la justice),
et l’institution (le droit). On distingue alors deux grandes orientations : celles de
la justice comme principe transcendant ou immanent.
Les auteurs du programme apportent à cette question des réponses très di-
verses : les pièces d’Eschyle mettent en scène la fondation d’un tribunal, qui lui-
même fonde l’institution judiciaire athénienne. Pour Pascal, la justice telle qu’elle
est fondée est bien éloignée du principe de la justice, mais elle fonde aussi la paix
sociale. Enfin le roman de Steinbeck met en scène l’instauration d’un nouvel ordre
social issu de la crise, ordre qui met à mal les fondements naturels sur lesquels la
justice reposait auparavant.
L’interrogation sur les fondements de la justice peut conduire à des constats
assez pessimistes, et l’on peut être amené à réfléchir sur l’existence même d’un
principe juste (sujet 1). Si la justice n’existe pas, comment se fier au droit ? De
même, Platon propose une idée inquiétante : la justice aurait été instituée par les
faibles, à leur avantage (sujet 2) ; le droit serait donc fondamentalement injuste,
puisque fabriqué à l’aune d’une catégorie sociale particulière. C’est la raison pour
laquelle l’homme doit être pourvu de sens critique, de manière à pouvoir évaluer
la justice d’un système, mais aussi la justice d’un acte (sujet 3). En effet, com-
prendre la justice est une chose, agir justement en est une autre. Lorsqu’il agit,
l’homme se réfère donc à un étalon. L’un des plus connus, et qui fonde une justice
souvent considérée comme archaïque, est la loi du talion (sujet 5). Cet étalon peut
aussi être la justice divine, lorsque celle-ci n’est pas remise en cause (sujet 4).
33

Présentation des œuvres et des auteurs

I Eschyle, Les Choéphores et Les Euménides

1 Eschyle et son temps


1.1 Le premier tragique grec...
Peu d’informations nous sont parvenues de la vie d’Eschyle : on sait qu’il est
né vers 525 av. J. C. Il assiste donc à la chute du gouvernement tyrannique des
Pisistratides, en 514, suivie d’une période d’intense bouillonnement démocra-
tique. Ses pièces mettent en évidence une sensibilité pour ces problématiques
politiques. On sait aussi qu’il a combattu dans les guerres qui ont opposé Athènes
aux Perses, et qu’il a notamment participé aux deux grandes batailles : Marathon,
en 490, et Salamine, en 480. Vers 460, il s’installe en Sicile, où il meurt en 456.

1.2 ... dont il ne reste que sept pièces


Eschyle fonde le genre tragique et écrit probablement quatre-vingt-dix pièces ;
seules sept d’entre elles nous sont parvenues. Si leur sujet peut être mytholo-
gique (Prométhée enchaîné ou L’Orestie), il n’est jamais sans rapport avec l’actua-
lité d’Eschyle : ainsi, Les Perses, en 472, évoque les guerres médiques et en particu-
lier la bataille de Salamine. D’autres pièces, qui prennent aussi des sujets mytho-
logiques pour fondement, se rapportent nettement à la vie de la cité athénienne
en cours de construction : Les Sept contre Thèbes (467) pose la question de l’ordre
dans une cité démocratique. La question du droit intervient dans Les Suppliantes
(463) et clôt la trilogie de L’Orestie.
L’autre caractéristique du théâtre d’Eschyle est son innovation dramaturgique.
Jusqu’alors, le théâtre grec faisait se côtoyer un chœur et un unique personnage,
et formait un ensemble plutôt lyrique. Avec l’introduction d’un deuxième comé-
dien, des dialogues variés permettent d’instaurer une véritable intrigue et une dy-
namique tragique.
Cette innovation ne fut pas toujours bien comprise et Eschyle, qui débute ra-
pidement dans les concours tragiques, ne commence à remporter des prix qu’à
partir de 484. Il en gagne ensuite treize. S’il est éclipsé par Sophocle, puis par Eu-
ripide, la postérité reconnaîtra sa place : il est considéré comme un auteur fonda-
mental depuis les romantiques, qui le remettent au goût du jour.
45

Les fondements de la justice


Passages clés analysés et commentés

Texte n◦ 1

Le fantôme de Clytemnestre réveille les Érinyes


Eschyle, Les Euménides.
Depuis « Dormez donc » (v. 94) jusqu’à « il devra goûter »
(v. 178).

Oreste a tué sa mère et vengé son père Agamemnon. Mais celle-ci s’estime
victime d’un crime injuste et appelle les Érinyes à la venger.

La position ambiguë de Clytemnestre


Elle semble admettre son crime
Le fantôme de Clytemnestre reconnaît que Clytemnestre a agi injustement,
mais prête toujours cette accusation aux autres : « on me traite de meurtrière »1 ,
« moi qu’elles chargent d’un très grand crime »2 . De la sorte, la reine ne s’admet
jamais objectivement coupable, elle se fait au contraire son propre avocat pour
obtenir le soutien des déesses de la vengeance : « Entendez-moi, je plaide pour
mon âme. »3

Mais elle s’estime surtout victime


En effet, elle cherche surtout à convaincre les Érinyes, qu’elle visite en songe,
de sa position de victime à venger. Elle use alors d’un registre pathétique marqué :
elle a été tuée par les « mains des parents les plus chers »4 , a été « égorgée » par son
« propre fils »5 . La proximité de ces propositions, quasiment synonymes, dans son
discours souligne le caractère rhétorique de ces propos, qui visent à persuader.

La vengeance comme principe de justice


Elle apparaît en rêve aux Érinyes...
Le statut de cette scène est assez complexe : comme scène de théâtre, nous
sommes déjà dans l’espace de la fiction. Et l’on y voit Clytemnestre qui, après
sa mort, reparaît sur scène sous forme de fantôme. Pour le spectateur, elle est
1 v. 97 2 v. 99 3 v. 114 4 v. 100 5 v. 102
81
Notions abordées : vengeance, État de droit, fondement du droit

Sujet 5
L’énoncé de la loi dite « du talion », connue notamment par
l’Ancien Testament, est : « Œil pour œil, dent pour dent. » (Code
d’Hammourabi [circa 1730 av. J.-C.], jurisprudences 229, 230, 231)
Vous analyserez cet énoncé à la lumière des œuvres au pro-
gramme.

Corrigé proposé par Élise Sultan


I Analyse du sujet
1 Analyse des termes du sujet
« Œil pour œil, dent pour dent », énonce la loi du talion. Le mot « talion » vient
du latin talis qui signifie « tel ». Outre le fait qu’il est nécessaire de punir le cou-
pable, le talion exige qu’il soit puni « tel » qu’il a offensé les hommes, de la même
manière. En ce sens, la justice dépend de la stricte proportion entre les délits et les
peines. Littéralement, l’œil du coupable doit venir dédommager la victime ébor-
gnée, sa dent, l’édenté, etc.
La transaction est formalisée par le terme « pour ». Cette préposition peut dé-
signer un lien de causalité. On demande l’œil du coupable « à cause de » l’œil ar-
raché à la victime, par mesure de rétorsion. « Pour » peut également vouloir dire
« à la place de », « en échange de ». S’il s’agit d’une égalité quantitative, la victime
compense sa souffrance par la souffrance du coupable, parfois non sans un plai-
sir cruel. S’il s’agit d’une égalité qualitative, la justice estime le crime et ses inci-
dences sur la victime pour trouver une compensation équivalente, autrement dit
dont la valeur pourrait être comparée au préjudice subi. Un œil arraché mérite
une réparation matérielle proportionnée et non à l’identique. L’équivalence est
alors symbolique, se référant à l’esprit de la loi ancestrale et non à sa lettre, au
principe de la demande de réparation lors des procès.
Le terme de « loi » pose problème, dans la mesure où le talion semble faire
l’économie de toute procédure juridique. Loi universelle, par-delà les singulari-
tés des législations, elle n’exige pas la délibération des juges. Or, que dire d’une loi
juridique qui pourrait se passer des juges ou dont l’application pourrait être pure-
ment mécanique ? Peut-être le talion est-il moins une loi directement applicable
qu’un principe régulateur de la justice.

2 Confrontation aux œuvres


L’Orestie est une tragédie de la justice comme vengeance. Les Choéphores ra-
conte la vengeance d’un père par un fils qui conduit ce dernier, Oreste, au matri-
cide. Les Euménides fait le récit de la vengeance de Clytemnestre par les Érinyes
82 PARTIE I – LES FONDEMENTS DE LA JUSTICE

mais s’achèvent sur l’institution de la justice civile, mettant un terme à cette sé-
rie funeste. Les vengeances répondent à d’autres motifs de représailles : Clytem-
nestre a vengé sa fille, Iphigénie, sacrifiée pour la victoire grecque, et Égisthe, son
complice, veut faire justice à son père Thyeste, contraint par Atrée, le père d’Aga-
memnon, de manger ses propres enfants. C’est mari pour fille, mère pour père,
etc. Pour autant, la vengeance est à distinguer de la loi du talion qui prescrit une
mesure là où la vengeance obéit à un désir aveugle.
En condamnant la guerre civile comme le pire des maux dans Les Pensées,
Pascal dénonce les excès encourus au prétexte de la loi du talion. Cette surenchère
de violence est contraire au droit de conservation des hommes et, par là, contraire
à la volonté divine. Telle qu’elle apparaît dans l’Ancien Testament, la loi du ta-
lion peut cependant être réévaluée comme principe de mesure des jugements et
comme justification de la peine de mort encourue pour les homicides. Or, si les
hommes ont droit de vie et de mort sur ceux qui portent atteinte à la vie humaine,
en ce qu’ils nuisent à la première des lois divines, ce châtiment ultime n’est appli-
cable et légal que sous couvert des lois établies par les gouvernants.
Les Raisins de la colère oppose la justice naturelle des fermiers, poussés pour
survivre à enfreindre les lois établies et la justice instituée, spécifique à chaque
État. Là où la première prend au pied de la lettre la formule « œil pour œil », la se-
conde ordonne, dans l’esprit du talion, qu’à tout forfait corresponde une peine
légale. Reste que, sur le terrain et dans l’urgence, les milices gouvernementales
ou indépendantes font souvent l’économie de la loi pour rendre la justice elles-
mêmes, s’arrogeant illégalement le droit de régler leur compte à ceux qu’ils esti-
meraient criminels. Entre milices et fermiers, c’est « coup pour coup », selon une
version du talion que viendront contrecarrer des tentatives de justice charitable.

3 Problématique
Qu’il soit nécessaire de punir à proportion des crimes commis peut sembler
évident. Avant tout droit civil, le talion, loi mythique, a toute légitimité en ce sens.
Or, il est non moins évident que ce même énoncé, pris à la lettre, s’avère aussi
barbare qu’injuste en faisant abstraction de la personne du criminel tout en exa-
cerbant la violence. La loi du talion légalise-t-elle la vengeance comme une espèce
particulière de la justice, ou symbolise-t-elle une règle fondamentale du juste met-
tant un terme à la violence ?

II Plan détaillé
I Pris à la lettre, l’énoncé de la loi du talion est cruel
1. Des énoncés simples et tranchants : « œil pour œil, dent pour dent »
2. L’application du talion peut tourner à la cruauté généralisée
3. La loi du talion ne peut pas être tenue pour une loi juridique
SUJET 5 83

Lue à la lettre, la loi du talion paraît valider la justice privée et la surenchère de violence
qui s’ensuit. Or, c’est précisément ce qu’elle entend enrayer.

II Or, dans son principe, la loi du talion s’oppose à l’injustice


1. La loi du talion est à distinguer de la vengeance aveugle
2. Ceux qui commettent des injustices outrepassent la loi du talion
3. La loi du talion est un principe modérateur
La loi du talion, contre l’engrenage de la violence, impose la mesure et l’égalité comme
des critères du juste. Elle est moins une prescription directement applicable qu’une
exigence marquant un progrès juridique.

III L’esprit du talion règne sur la justice


1. La loi du talion définit la paix comme fin dernière de la justice
2. Elle est le principe de l’égalité de la justice
3. Critère de mesure, le talion est un horizon de la justice

III Dissertation rédigée

C OMME institution ou pouvoir judiciaire, la justice régit les différends entre les
hommes. Elle substitue ses jugements officiels à la justice privée. Si chacun
se fait lui-même justice, c’est la fin de l’État de droit. Or, comment décider quelle
est la peine justifiée pour tel forfait ? Et sur quel critère évaluer le dédommage-
ment à accorder à la victime en guise de réparation ?
« Œil pour œil, dent pour dent ». Cet énoncé simple proclame une méthode
infaillible pour déterminer les sanctions : tout délit ou crime mérite une peine du
même ordre. Or, à la lettre, non seulement la loi du talion n’est pas une loi, mais
encore elle peut s’avérer injuste. Elle résonne comme un cri de guerre appelant à
faire répondre un acte à un acte, nonobstant le procès du coupable. Néanmoins,
en posant les principes de mesure et d’équivalence, l’esprit du talion pose un jalon
juridique. En quoi la loi du talion exprime-t-elle un principe fondamental de la
justice ? Dans quelle mesure, loin de légitimer la vengeance, exclut-elle le recours
à la justice privée pour inspirer une règle universelle du juste ?
Dans un premier temps, nous étudierons la lettre du talion pour montrer qu’en
tant que programme, il est injuste et n’a aucune légitimité à faire loi. Dans un
deuxième temps, nous réévaluerons la loi du talion en la distinguant de la ven-
geance, contraire à ses exigences de justice. Enfin, nous verrons comment la jus-
tice s’inspire de la loi du talion comme d’une règle fondamentale du juste.

L A LOI du talion sonne comme un slogan percutant, facile à retenir. Cette simpli-
cité dans l’énoncé semble nous inviter à le prendre au pied de la lettre comme
une méthode efficace pour décider des peines.
84 PARTIE I – LES FONDEMENTS DE LA JUSTICE

L’énoncé canonique du talion se retrouve dans toute formulation imposant


une équivalence stricte entre un forfait et une sanction. « Aux ennemis, tu peux
prier de rendre le mal pour le mal »1 revendique le Coryphée. Par là, on ne peut
faire justice qu’en devenant meurtrier des meurtriers. Les meurtres de Clytem-
nestre et d’Égisthe par Oreste sont tenus pour un acte de foi, parfaitement justifié
par la loi d’Apollon. C’est à bon droit que sa mère meurtrière doit payer. Oreste
doit rendre « meurtre pour meurtre »2 ou il risque de perdre lui-même la vie, en
commettant une injustice. Dans Les Raisins de la colère, le talion légitime l’acte
conduisant à l’homicide de Tom Joad : « [i]l m’a foutu un coup de couteau et j’l’ai
assommé avec une pelle »3 . C’est pelle pour coup de couteau, coup de feu pour
coup de feu, selon Pretty Boy Floyd. La légitime défense retentit comme une ven-
geance où la violence répond à la violence, selon une logique implacable anté-
rieure à la justice légale.
À la lettre, la loi du talion énonce une justice impitoyable qui exacerbe la vio-
lence au lieu d’y mettre un terme. C’est que tous les hommes sont habités par
la haine selon Pascal. Chacun cherche à faire tort aux autres pour satisfaire ses
propres désirs. La guerre civile est un danger enraciné dans la nature humaine.
Aucune mesure n’est possible là où chaque homme se préfère à tout autre. Dans
l’Orestie, le malheur succède au malheur. Agamemnon est assassiné pour avoir sa-
crifié Iphigénie, Clytemnestre paie pour le meurtre de son mari tandis qu’Oreste
est poursuivi par les Érinyes. Aucun lien parental ou marital n’arrête cette série
meurtrière. L’homme assoiffé de vengeance est un animal enragé, comme en té-
moigne Man pour Pretty Boy Floyd. « [P]ourchassé comme un coyote », il « leur
tirait dessus en montrant les dents, mauvais comme un loup. Fou de rage... c’était
plus un garçon, c’était plus un homme, c’était un vrai chien, enragé. »4 La ven-
geance fait perdre aux hommes toute dignité.
La loi du talion est-elle une loi juridique ? Pour faire droit, une loi s’impose
par une tierce instance entre le criminel et la victime. Or, le talion ignore le rôle
du juge en incitant chacun à se faire justice ou en réduisant la délibération à une
application mécanique de la règle de proportion. « Quand il est question de juger
si on doit faire la guerre et tuer tant d’hommes, [...], c’est un homme seul qui en est
juge, et encore intéressé : ce devrait être un tiers indifférent. »5 écrit Pascal. On ne
peut être juge et partie, surtout lorsqu’il s’agit de décider de vie ou de mort. Ôter
la vie d’un homme détruit la nature créée par Dieu. En ce sens, le talion n’est ni
légal ni légitime. Son énoncé simple gomme toute considération autre que l’acte
criminel. C’est ce à quoi vient suppléer le tribunal institué par Athéna dans Les
Euménides où les juges seuls seront fondés à prononcer le juste. La loi du talion
n’est pas une forme juridique directement applicable qui peut faire l’économie de
la justice légale.
1 v. 123 2 v. 275 3 p. 40 4 p. 109 5 CS72 / B296 / L59
SUJET 5 85

La loi du talion est victime de la simplicité de sa formulation. Sa lecture litté-


rale l’assimile à l’état de discorde précédant l’institution des lois. Or, c’est précisé-
ment ce qu’elle entend enrayer.

L A LOI DU TALION doit donc être distinguée d’une justice privée sanguinaire et
aveugle. Elle entend imposer une mesure à la démesure de la violence entre
les hommes.
La vengeance, elle, ne connaît aucune limite quant à la punition infligée au
coupable. Cette démesure est illustrée par la fureur des Érinyes, déesses venge-
resses lancées à la poursuite d’Oreste par Clytemnestre. « Chiennes »6 , « Gorgo-
nes »7 , elles exhalent leur « vent sanglant »8 et leur « écume noire »9 . Selon l’« an-
tique partage »10 , elles seules ont reçu le droit de s’abreuver du sang des meur-
triers. Or, la justice des Furies outrepasse la proportion du talion lorsqu’elle hurle
à la vengeance. « Le venin, venin de mon cœur fera sentir à son tour ce qu’il souf-
fre, goutte à goutte insupportable sur le sol – et fera naître une lèpre »11 . La ven-
geance ne se rassasie que de la souffrance de l’offenseur. Man, comme Tom, sont
tentés de répondre par la violence à l’agression verbale des policemen. « Il était
tellement mal poli... j’ai bien failli lui casser la figure »12 , confie la douce Man.
C’est bagarre pour injure. La colère gronde chez les offensés. « Dans l’âme des
gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges
prochaines. »13
L’injustice est un acte de démesure, outrepassant les bornes du juste. Selon
Pascal, l’homme est naturellement porté à s’aimer, à se placer lui-même au-des-
sus des autres, ce qui signifie qu’il est injuste de façon innée. Cette caractéristique
devrait être rectifiée, de manière à tendre au bien de tous, et ainsi à l’ordre gé-
néral. L’injustice est assimilée à une confusion : l’homme déchu ignore sa place
dans le monde et n’entend plus la justice divine. En particulier, le tyran est ce-
lui qui prend sa grandeur d’établissement pour une grandeur naturelle, infligeant
au peuple son désir de domination « universel et hors de son ordre ».14 Ce dérè-
glement bouleverse l’ordre des choses. Traqués, Pretty Boy Floyd et Muley Graves
ressemblent à des animaux enragés. La Banque est un monstre malade assoiffé
de bénéfices que ses dirigeants ne maîtrisent plus15 . Ses tracteurs, « insectes » ou
« grands reptiles » infestent le pays conduits par des hommes-« robot[s] »16 . L’in-
justice se traduit par la déshumanisation générale.
Face au chaos de l’injustice, le talion apparaît comme un principe modérateur
prônant la mesure dans la démesure. Cette loi canonique fait référence et contri-
bue à stabiliser les rapports humains. Pour Pascal, on ne suit pas les lois anciennes
parce qu’elles sont plus justes, mais parce qu’elles constituent un point de repère
unique. Il est rare d’inventer de nouvelles lois et « la coutume ne doit être suivie
6 v. 924 7 v. 48 8 v. 136 9 v. 183 10 v. 172 11 v. 816 12 p. 301 13 p. 492 14 CS91 / B332
/ L58 15 p. 49 16 p. 53
86 PARTIE I – LES FONDEMENTS DE LA JUSTICE

que parce qu’elle est coutume »17 . À l’aube de l’institution de la justice, les deux
parties adverses – Oreste et les Érinyes – du procès organisé par Athéna se reven-
diquent de la même sentence « trois fois vieille »18 du talion. La défense comme
l’accusation partagent cette même conception de la justice.
La loi du talion, contre l’engrenage de la violence, impose la mesure et l’équité
comme des critères du juste. Elle est moins une prescription directement appli-
cable qu’une exigence marquant un progrès juridique.

L ’AUSTÉRITÉ de l’énoncé du talion occulte la noblesse de ses intentions. Son es-


prit fonde les principes de la justice comme mesure et comme équité. Il doit
être interprété à la lumière de l’esprit biblique.
La loi du talion vise la paix et la fin de la violence. Elle partage cette fin avec
la justice divine et avec la justice positive. Selon Pascal, « la paix [...] est le souve-
rain bien »19 . L’État a pour fin la sûreté publique : il doit protéger la vie et les biens
des citoyens. La justice de droit doit répondre à cette exigence fondamentale en
jugeant tous ceux qui y contreviennent, en accord avec la loi divine sur la conser-
vation des hommes. Loi ancestrale, le talion établit un étalon des peines néces-
saire à la stabilité des rapports humains et qui, en ce sens, fait droit. Au gré des
camps traversés d’est en ouest, se créent des mondes et des lois. « [U]ne famille
respectant les lois se savait en sécurité à l’abri de ces lois »20 . Les hommes font
eux-mêmes la police avec, pour fin dernière, la paix entre les habitants du camp
au fondement de toute règle. Et selon cette justice naturelle, c’est à proportion des
méfaits qu’il y a mort ou exclusion du coupable.
La paix dépend d’un principe d’égalité dans le traitement des offenseurs. Tous
sont égaux devant cette loi et s’en réclament, les hommes et les dieux dans l’Ores-
tie, les fermiers et les propriétaires dans Les Raisins de la colère, les gouvernés et
les gouvernants dans Les Pensées. Au fondement du talion se trouve un principe
d’égalité à la base de la justice instituée. Les plus faibles ont le droit de demander
justice. La loi est la même pour tous. Le talion rejoint la justice divine récompen-
sant les justes et condamnant les pécheurs. Dieu « inscrit tout sur Son ardoise,
un pêché après l’autre, et après Il tire Son trait et fait l’addition »21 avertit-on Ro-
sasharn.
Le talion impose la mesure dans les jugements. La justice légale, symbolisée
par une balance pesant le pour et le contre, repose sur une même exigence. Elle
doit évaluer la peine légitime à accorder pour chaque forfait, en toute équité. De-
vant le matricide d’Oreste ou un cas si grave que ni les mortels ni les dieux ne
savent en décider, Athéna institue un tribunal. Elle choisit « les meilleurs de [s]es
citoyens afin qu’ils rendent leur verdict du fond d’une pensée sincère et sans vio-
ler leur serment au mépris de toute justice. »22 Leur serment exige l’impartialité et
17 CS86 / B325 / L525 18 v. 314 19 CS80 / B299 / L81 20 p. 272 21 p. 434 22 v. 487–489
SUJET 5 87

la sage mesure dans l’arrêt prononcé à l’issue d’un vote. Selon un système propor-
tionnel, Tom Joad a été condamné sept ans pour homicide parce qu’il était en cas
de légitime défense. De même, il doit sa remise de peine de trois ans à sa bonne
conduite en prison. La justice est inconcevable sans la proportionnalité et donc
sans la loi du talion à son principe.

P RISE à la lettre, la formule claire du talion semble faire droit à la vengeance


sanguinaire. Outre ses conséquences funestes, une telle loi pose problème
quant à son application. D’une part, elle ne fait pas intervenir de tierce personne
entre l’offenseur et l’offensé. D’autre part, elle n’évalue qu’un acte détaché de son
auteur, de son mobile et de ses circonstances. En ce sens, la loi du talion est in-
juste. Or, le talion peut être réévalué à condition de ne pas l’envisager comme un
programme juridique à appliquer à la lettre mais comme un énoncé ayant des
incidences certaines dans l’esprit de la justice telle qu’elle est instituée. Principe
d’égalité et de mesure, il est une exigence au fondement du droit.
Mais, derrière une conception de la justice comme réparation des préjudices
subis par la victime, qu’en est-il, par exemple, des offenseurs opulents dont les
amendes n’entament pas les richesses ? À la lumière du talion, cette impunité
même a ses limites dès lors que les outrages faits aux hommes ne trouveront ja-
mais d’équivalent monétaire pour être rachetés.

IV Éviter le hors-sujet
« Vous avez entendu qu’on a dit œil pour œil, dent pour dent ; et moi je vous
dis de ne pas vous opposer au mauvais, mais si quelqu’un te gifle sur la joue
droite, tends-lui aussi l’autre. » Comment comprendre cette prescription du Nou-
veau Testament (Matthieu, 5, 38) au regard du talion ?
L’antinomie est frappante entre la cruauté de la première loi et la générosité
de la seconde. Comme attitude non violente, tendre l’autre joue semble marquer
un progrès par rapport à la surenchère de la violence dans le talion. Cependant,
si l’on interprète l’esprit du talion sans l’appliquer à la lettre, il recherche la jus-
tice, contre toute forme de violence. L’opposition entre la loi du talion et l’attitude
prônée par Matthieu se fonde sur une lecture littérale de la première loi, assimi-
lée à la justice privée et à la vengeance. Or, les deux lois recherchent un principe
modérateur et tiennent la paix pour fin ultime de la justice. Bien plus, il semble-
rait que l’individu qui tend l’autre joue ne mette pas un point d’arrêt à la violence
mais, au contraire, la reconduise. En agissant de cette façon, il omet de se référer à
une tierce instance impartiale. Ainsi, ce sujet n’invite pas tant à interroger les fon-
dements de la justice que le fondement même de l’injustice, qui est la violence.
229

Citations à retenir

Les citations qui ne sont pas tirées des trois œuvres au programme sont utiles
pour votre culture générale et votre compréhension du thème. Vous pourrez les
utiliser comme point de départ de votre introduction ou comme élargissement
de la réflexion dans la conclusion, mais vous ne devez pas les citer dans votre
développement.

1 Les fondements de la justice


Eschyle, Les Choéphores, Les Euménides

« Électre : Pourvu qu’à la Force et au Droit Zeus très puissant, / (...) daigne s’unir
pour m’assister. » (Les Choéphores, v. 245)
« Le Coryphée : Le mot de haine, qu’il soit payé / d’un mot de haine – voilà ce que
proclame / la Justice, qui exige ce qu’on lui doit. » (Les Choéphores, v. 309–311)
« Athéna : [...] je désignerai pour ces meurtres des juges respectueux / de leur ser-
ment, selon ma loi instituée à tout jamais. » (Les Euménides, v. 483–484)
« Le Chœur : C’est aujourd’hui qu’un nouveau droit / renverse tout, si la justice /
et le tort de ce parricide / doivent remporter la victoire [...] »
(Les Euménides, v. 490–492)
« Athéna : Car maintenant que ce Conseil se réunit, / il faut que règne le silence
et que la cité tout entière / apprenne quelles lois j’établis à jamais / afin que ce
procès soit tranché selon la justice. » (Les Euménides, v. 570–572)

Pascal, Pensées
« J’ai passé longtemps ma vie en croyant qu’il y avait une justice ; et en cela je ne
me trompais pas ; car il y en a, selon que Dieu nous l’a voulu révéler. Mais je ne le
prenais pas ainsi, et c’est en quoi je me trompais, car je croyais que notre justice
était essentiellement juste et que j’avais de quoi la connaître et en juger. »
(B375 / L520)
« [...] on ne voit rien de juste ou d’injuste qui change de qualité en changeant de
climat [...] » (B294 / L60)
« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-
delà. » (B294 / L60)
239

Index des noms

Agamemnon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Kelsen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101


Ancien Testament . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
La Cité de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Aristote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146, 192
La Fontaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Auguste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
La Mort de Pompée . . . . . . . . . . . . . . .154
Augustin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
La République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80
Balzac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115, 214 La Rochefoucauld . . . . . . . . . . . . . . . .168
La Thébaïde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Camus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175, 221
La Vie heureuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Cet ailleurs qui respire . . . . . . . . . . . . . 51
Le Colonel Chabert . . . . . . . . . . . . . . . 214
Chateaubriand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Le Curé de village . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Cicéron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Le Diable et le Bon Dieu . . . . . . . . . . 191
Cinna . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Code d’Hammourabi . . . . . . . . . . . . . . 81
Le Marchand de Venise . . . . . . 141, 145
Condillac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Le Misanthrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Corneille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144, 154
Les Choéphores . . . 34, 45, 88, 132, 162,
De la justice dans la révolution et dans 200
l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Les Euménides 31, 34, 45, 88, 132, 162,
Dictionnaire des synonymes . . . . . . 123 200
Dictionnaire philosophique . 100, 206 Les Frères Karamazov . . . . . . . . . . . . 124
Discours sur l’origine et les fondements Les Justes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
de l’inégalité parmi les hommes . 62 Les Provinciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Dostoïevski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Les Raisins de la colère . 30, 41, 45, 88,
Du Contrat social . . . . . . . . . . . . . . . . 176 132, 162, 200
Lettres persanes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Écrits sur la grâce . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
L’Homme qui rit . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Eliot, T. S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
L’Orestie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 33
Éluard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Eschyle . . . 31–34, 45, 88, 132, 162, 200 Malouin, Reine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Essais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Matthieu : 5,38 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Éthique à Nicomaque . . . . . . . 146, 192 Mémoires d’outre-tombe . . . . . . . . . . .27
Mémorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Fables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Meurtre dans la cathédrale . . . . . . . 184
Gorgias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Molière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Héraclite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 Montaigne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Hugo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Montesquieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Humain, trop humain . . . . . . . . . . . 116 Nietzsche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Joubert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Nouveau Testament . . . . . . . . . . . . . . . 87
240

Pascal . 32, 36, 37, 45, 88, 132, 162, 200 Rousseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62, 176
Pensées . . . 32, 37, 45, 88, 132, 162, 200
Sartre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Perón, Eva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Sénèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Platon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59, 80, 149
Shakespeare . . . . . . . . . . . . . . . . 141, 145
Proudhon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Steinbeck . 30, 40, 41, 45, 88, 132, 162,
Racine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 200
Réflexions et maximes . . . . . . . . . . . . 220
Théorie pure du droit . . . . . . . . . . . . 101
Réflexions et maximes morales . . . 168
Traité sur la tolérance . . . . . . . . . . . . 206
Réflexions sur l’ouvrage que M. Hobbes
Trois discours sur la condition des
a publié en anglais, De la liberté, de
Grands . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
la nécessité et du hasard . . . . . . . . 18
Ricœur, Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Une leçon de morale . . . . . . . . . . . . . 227
Roland, Manon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
Voltaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100, 206

Index des notions

Clémence . . . . . sujet 11, p. 131, p. 160 Légal/Légitime p. 50, sujet 3, sujet 11,
Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . voir loi morale sujet 12, sujet 13, sujet 15
Droit . . . . . . . . voir Loi civile, coutume Loi civile, coutume, droit . sujet 6, su-
Droit du plus fort . . . . sujet 2, sujet 15 jet 7, p. 136–137, sujet 12, sujet 13,
Droit naturel / Droit positif . p. 92–93, sujet 18
sujet 5, sujet 7 Loi morale (devoir) . p. 47, 49, sujet 17
Égalité . sujet 2, sujet 5, sujet 7, p. 153 Ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 90, sujet 18
Équité . . p. 98, sujet 9, sujet 12, p. 195 Partialité . . . . . . . . . . . . sujet 10, sujet 11
État de nature/contrat social . sujet 1, Passions . . . . sujet 7, sujet 14, sujet 17,
sujet 15 sujet 20
Faute . . . . . . . . . p. 47, sujet 10, sujet 13 Sagesse . . . . . . . . . . . p. 18, 19, 22, 26, 27
Force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . voir violence Solidarité . . . p. 54, 63, 90–91, sujet 17
Institutions judiciaires . . . . . . . . . p. 45– Transcendance/immanence de la jus-
46, sujet 1, sujet 2, sujet 3, p. 88–89, tice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sujet 4
sujet 11, sujet 18 Tyrannie p. 49, p. 65, p. 77, p. 80, p. 85,
Juge . . . . . . sujet 8, sujet 10, p. 132–133 p. 136–137, sujet 16
Jugement . . . . . sujet 3, sujet 8, sujet 9, Vengeance . . . . . . . . . . p. 45–46, sujet 5,
p. 204–205 p. 200–201
Justice sociale . . . . . . . sujet 1, sujet 16, Vertu . . . . . . . . . . . . . . . . sujet 4, sujet 19
p. 202–203 Violence p. 48–49, p. 162–163, sujet 16

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