Mémoire KOUADIO Kouassi Franck
Mémoire KOUADIO Kouassi Franck
Mémoire KOUADIO Kouassi Franck
UFR AGROFORESTERIE
Par
Numéro d’ordre :
Thème :
Facteurs de risque de détérioration de la qualité de
l’huile brute de palme produite et vendue à Daloa
(Haut-Sassandra, Côte d’Ivoire)
Jury
M. BEUGRE Grah Avit Maxwell, Professeur Titulaire, UJLoG Président
M. KONATE Ibrahim, Professeur Titulaire, UJLoG, Directeur scientifique
M. VOKO Bi Rosin Don Rodrigue, Maître-Assistant, UJLoG, Encadreur
M. KOFFI Allali Eugène, Maître-Assistant, UJLoG, Examinateur
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................... i
DEDICACES ............................................................................................................................ iv
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. v
LISTE DES ABREVIATIONS ................................................................................................ vii
LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................... viii
LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. ix
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
1. PALMIER A HUILE ............................................................................................................. 3
1.1. Historique et description .................................................................................................. 3
3. METHODES ........................................................................................................................ 16
3.1. Présentation de la zone d’étude. .................................................................................... 16
4.2. Niveaux de contamination des huiles brutes de palme par les champignons ................ 24
4.3. Diversité des champignons contaminant les huiles brutes de palme à Daloa................ 24
ii
4.4. Analyse des composantes principales (ACP) ................................................................ 30
5. DISCUSSION ...................................................................................................................... 31
CONCLUSION ET PERSPECTIVES ..................................................................................... 33
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................. 35
ANNEXES ............................................................................................................................... 40
iii
DEDICACES
Je dédie cette œuvre :
à mon père KOUADIO Koffi Daniel, que ce travail soit pour lui le témoignage de tes sages
conseils et des sacrifices consentis pour moi. Trouve ici toute la considération et l’amour qu’un
fils peut exprimer à l’égard de son père. Que Dieu te bénisse et prolonge tes jours.
à ma Mère KOUAME Amani Elyse qui a toujours été présente à mes côtés et qui a pris
soin de moi, longue vie à toi et que les nobles désirs de son cœur se réalisent au-delà de tes
espérances.
iv
REMERCIEMENTS
J’adresse mes sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce travail,
plus particulièrement :
v
- monsieur DIOMANDE Massé, Maître de Conférences de Biochimie-Nutrition et
Technologie Alimentaire, à l’Université Jean Lorougnon Guédé, Responsable de parcours
Biotechnologie / Biosécurité alimentaire, pour sa contribution à l’amélioration de ce manuscrit ;
- j’adresse mes remerciements les plus sincères à Monsieur Toualy Serge Ouina, Maitre-
Assistant en Microbiologie
- pour son aide à l’élaboration de ce mémoire ;
- je dis également merci à tous mes amis dont les noms ne figurent pas dans ce document
et qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre dans la réalisation de ce travail ;
- je remercie l’ensemble des enseignants-chercheurs de l’Université Jean Lorougnon
Guédé, particulièrement ceux du département Biochimie-microbiologie pour la qualité des
enseignements ;
- je remercie mes devanciers surtout les doctorants qui nous ont suivi tout au long de la
réalisation des expériences au laboratoire et dans la rédaction de ce manuscrit ;
- je remercie également mes camarades de promotion avec qui nous avons partagé des
moments de joie, tout au long de l’année académique (2021-2022) et toutes les personnes qui
de manière ou autres mon aidé dans m’ont parcours académique.
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
∑Ci: Sommes des Colonies
ACP : Analyse en Composante Principale
AFNOR : Association Française de Normalisation
AG : Acide Gras
AGI : Acide Gras Insaturé
CNRA : Centre National de la Recherche Agronomique
AGL : Acide Gras Libre
AGS : Acide Gras Saturé
B.I.P.E.A : Bureau Interprofessionnel d’Etude Analytique
CO2 : Dioxyde de Carbonne ;
CPO : Crude Palm Oil
EPT : Eau Peptonnée Tamponnée
H2O : Oxyde d’hydrogène (formule chimique de l’eau)
Ia : Indice d’acide
ISO : Organisation Internationale de Normalisation
KOH : Hydroxyde de Potassium
N: Normalité
NF : Norme Française
O2 : Dioxygène
pH : potentiel Hydrogène
PKO : Palm Kernel Oil
SM : Suspension Mère
TH : Teneur en Humidité
UFC : Unité Formant Colonie
UJLoG : Université Jean Lorougnon Guédé
USDA : United States Departement of Agriculture
V: Volume
vii
LISTE DES TABLEAUX
viii
LISTE DES FIGURES
Figure 1: photographie du palmier à huile (Elaeis guineensis) .................................................. 4
Figure 2: photographie de la graine de palme ............................................................................ 5
Figure 3: Diagramme de production artisanale d'huile de palme. .............................................. 6
Figure 4: Broyage artisanal (a) et semi artisanal (b) des graines de palme. ............................... 7
Figure 5: photographie de la technique de pressage du mix ...................................................... 8
Figure 6: Clarification et déshydratation artisanale ................................................................... 9
Figure 7: Composants principaux de l'huile brute de palme. ..................................................... 9
Figure 9: photographie d’huile brute de palme artisanale ........................................................ 15
Figure 8: Situation géographique de la zone d'étude................................................................ 16
Figure 10: Boites de Pétri avec des colonies morphologiquement différentes ........................ 18
Figure 11: Rapprochement des sites en fonction des paramètres physico-chimiques ............. 23
Figure 12: Charges des champignons dans les huiles brutes de palme à Daloa ....................... 24
Figure 13: Rapprochement des sites en fonction de la richesse spécifique de champignon dans
les huiles ................................................................................................................................... 29
Figure 14: Cercle de corrélation (ACP) ................................................................................... 30
ix
Annexes 1:Matériel technique de laboratoire .......................................................................... 40
Annexe 2:Différents genres de contaminants fongiques ......................................................... 41
x
INTRODUCTION
L’huile brute de la pulpe de palme (huile CPO) connue sous le nom « huile rouge », est
le premier produit extrait des fruits du palmier. Elle est préparée à partir du mésocarpe charnu
du fruit du palmier à huile (Elaeis guineensis, Jacq.) au moyen de procédés mécaniques et
physiques d'extraction des régimes de fruits du palmier à huile (Siew, 2011).
Traditionnellement employée comme huile de cuisson, l’huile brute de palme ou l’huile rouge
est aujourd’hui utilisée à travers de très nombreux dérivés et se retrouve dans des milliers de
produits. Le principal débouché est l’industrie agroalimentaire qui consomme près de 80 % de
l’huile de palme produite dans le monde, suivie des industries pharmaco-chimiques et
cosmétiques (environ 10 %), et juste derrière (un peu moins de 10 %) les agrocarburants
(OPEC, 2013). La consommation locale d’huile de palme comme aliment, se fait parfois sans
aucune forme de transformation avec un taux de consommation d’environ 99 % et le reste
réservé à d’autres usages (Aké et al., 2015).
L’huile obtenue grâce aux procédés artisanaux pourrait renfermer des facteurs de risque
qui pourraient favoriser la prolifération des levures et moisissures. En effet, un taux d'humidité
élevé dans un corps gras constitue un support de développement microbien, d'actions
enzymatiques contribuant aux phénomènes d'hydrolyse et d'oxydation des corps gras et une
durée de conservation plus réduite, surtout pour les huiles extraites par voie humide qui gardent
de l’eau résiduelle (Karleskind, 1992 ; Ribier et al., 1995). Cette teneur en eau est supposée
variée selon la méthode employée pour la déshydratation finale (Fournier et al., 2001). De
même, l'hydrolyse enzymatique des triacylglycérols (lipolyse) par l’activité des levures et
moisissures, conduit à une accumulation dans l’huile d'acides gras libres, de mono et
diglycérides. Ces composés peuvent être à l'origine d'une altération des qualités organoleptiques
1
de l’huile et de ses produits dérivés. Une autre nuisance due à la croissance de certaines
moisissures (principalement certains Aspergillus, Penicillium et Fusarium), est la production
d’éventuelles mycotoxines, thermostables et cancérigènes (Alifax, 1975).
Vu tout ce qui précède, cette présente étude vise à évaluer les facteurs de risque de
détérioration de la qualité sanitaire et organoleptique liés à la présence des levures et moisissure
dans l’huile brute de palme artisanale produite et vendue à Daloa. De façon spécifique, il s’agira
de :
2
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
1. PALMIER A HUILE
1.1. Historique et description
Les palmiers produisant de l’huile appartiennent au genre Elaeis et aux espèces Elaeis
guineensis Jacq. et Elaeis oleifera (kunth) Cortés. Elaeis guineensis Jacq. (Figure 1) est une
espèce africaine cultivée depuis le début du XXème siècle (Jacquemard, 2012). C’est la seule
espèce qui produit de l’huile avec un intérêt économique très important. L’espèce Elaeis
guineensis, originaire d’Afrique tropicale humide est un lointain parent du cocotier
(Rakotomalala, 2008). Elle doit son nom au botaniste Jacquin depuis 1963 et sa culture
s’étendait du Sénégal jusqu’à l’Angola (Jacquemard & Baudouin, 1987). Il existe trois variétés
de cette espèce mais le matériel actuellement planté est un hybride appelé Tenera qui a un
rendement moyen de 20 tonnes de régimes à l’hectare (Durand-Gasselin et al., 2010). Le
palmier à huile est la seule plante permettant de produire deux huiles à savoir l’huile brute de
palme extraite de la pulpe de graine et l’huile de palmiste extraite à partir de l’amande du noyau.
Les palmiers sont des végétaux pérennes de grande taille (20 à 25 m de hauteur) mais pas des
arbres au sens botanique du terme. On ne parle pas de tronc mais de stipe couronné de longues
feuilles composées et entourant un bourgeon unique. L’inflorescence formée de fleurs groupées
en épis, se localise à l’aisselle des feuilles. Ses racines superficielles se développent
considérablement suivant l’horizontal. L’ensemble des épis constitue le spadice qui se
transforme en régime. Ce dernier de forme globuleuse peut atteindre une masse de 25 kg plus
ou moins hérissée de fortes épines. Ce régime se compose d’un support fibreux (la rafle) sur
laquelle sont fixées les graines (65 à 80 % du poids des régimes frais). Le fruit est une drupe
sessile, ovoïde, de longueur 3 à 5 cm, plus ou moins ventrue, logée dans une cupule scarieuse
et desséchée (Komba, 2019 ; Alapetite, 2013).
3
Feuilles
Régime
Stipe
1.1.1. Systématique
Classe : Equisetopsida
Ordre : Arecales
Famille : Arecaceae
Genre : Elaeis
Espèce : guineensis
Les trois variétés (Dura, Tenera et Pisifera) connues pour cette espèce comportent
presque les mêmes organes que sont l’amande (albumen) donnant l’huile de palmiste et un
embryon, la coque (endocarpe) qui entoure l’amande et la pulpe (mésocarpe) d’où on extrait
l’huile de palme. Ces variétés Dura, Tenera et Pisifera sont caractérisées respectivement par
une coque épaisse, une coque mince et une coque quasi-absente. Il est clairement démontré que
le Tenera est l’hybride du croisement de la variété Dura et Pisifera (D × P). Ce croisement est
beaucoup exploité pour la production de semences. En effet, le Tenera ayant moins de coque
inutile que le Dura, a une production d’huile plus importante (Rakotomalala, 2008). Mise au
4
point par le Centre National de la Recherche Agronomique (CNRA), cette variété est la plus
cultivée dans les grandes plantations de Côte d’Ivoire. La production moyenne en huile de
palme s’élève à 352000 T par an (Konan et al., 2018).
Le palmier à huile est une plante qui pousse presque partout et qui est résistante à la fois
au soleil et à l’eau. Pour une bonne production, il faut une insolation optimale de 2000 heures/an
(165 heures/mois), une pluviométrie de 1800 mm/an (150 mm/mois), une humidité relative et
une hygrométrie supérieure à 75 % et 60 % respectivement. La température annuelle moyenne
la plus favorable est 26 °C avec des minima se situant autour de 18 °C pour les mois les plus
froids (Komba, 2019). Pour une évolution et un rendement plus efficace, la nature du sol est
aussi un élément très important même s’il arrive que les palmiers poussent sur presque tous les
types de sol. D’autant que le sol est riche en humus et en minéraux, ils doivent être des sols
profonds, meubles, perméables, à bon pouvoir de rétention en eau (Mensah, 1999).
Le fruit du palmier à huile ou noix de palme, est une drupe charnue, de forme ovoïde,
sessile groupé (e) en régimes. Un régime peut porter jusqu’à 1500 drupes et peut peser jusqu’à
25 kg (De Berchoux et al., 1986). Cet organe de la plante est structuré comme suite : la pulpe,
de couleur jaune-orangé est à la base de l’huile de palme. Il renferme un noyau très dur ou
coque à l’intérieur duquel on trouve la graine ou amande appelée palmiste qui fournit l’huile de
palmiste. L’amande comprend un tégument mince et adhérent, un albumen cartilagineux et un
embryon.
La noix
La pulpe L’amande
5
1.3. Huile brute de palme
C’est une matière grasse végétale issue de la culture du palmier à huile (Elaeis
guineensis Jacq). Le terme « huile de palme » associe souvent les deux grands types de produits
(huile CPO et huile PKO) issus du palmier à huile. L’huile brute de palme (CPO) est obtenue à
partir du mésocarpe fibreux (pulpe) et l'huile de palmiste brute (PKO) obtenue à partir de
l'amande du noyau (le palmiste). Ce dernier type (PKO) a une composition plus proche de
l'huile de coco (O'Keefe, 2000).
L’huilerie de palme regroupe toutes les activités visant à séparer les régimes de palme
en rafles, fruits, fibres, noix, jus bruts, huile brute, coques et amandes (Jacquemard, 2012).
L’extraction moderne tout comme artisanale se fait selon un procédé quasi-identique. Les
industries spécialisées ont en revanche des équipements à capacité plus élevée en raison des
grandes productions. Le procédé artisanal d’extraction de l’huile de palme est illustré à travers
le diagramme ci-dessous (figure 3) (Kouamé, 2017)
Régimes de palme
(matière première)
Egrappage
Stérilisation
Broyage
Pressage du mix
Clarification et déshydratation
Huile de palme
6
1.4.1. Egrappage
Tout débute par l’égrappage après récolte des régimes. Le principe consiste à détacher
les fruits des régimes par abattement à la machette ou avec des bâtons. Une autre méthode
traditionnelle consiste à laisser les régimes sous des feuilles ou à l’air pendant 3 à 5 jours afin
de favoriser la séparation des fruits des régimes.
1.4.2. Stérilisation
C’est une étape importante du procédé car elle a pour objectif d’inactiver les enzymes
responsables de la lipolyse et de l’oxydation. Elle permet aussi de réduire l’apparition d’acides
gras et conditionne significativement la qualité de l’huile. Les fruits égrappés sont alors
stérilisés dans des barriques métalliques de 200 litres, remplies d’eau bouillante durant 15 à 20
minutes.
1.4.3. Broyage
Les fruits stérilisés sont broyés dans un mortier jusqu’à l’obtention d’un mix à peu près
homogène de pulpe et d’amande. Cette technique traditionnelle reste confinée à
l’approvisionnement familial, du fait du faible volume d’huile extrait (Libert, 2011). Une autre
méthode mécanisée observée par des communautés villageoises, s’inscrivant en tant qu’huilerie
artisanale commence à se vulgariser en Afrique tropicale (figure 4b) (Libert, 2011).
a b
Figure 4: Broyage artisanal (a) et semi artisanal (b) des graines de palme.
Les fruits broyés (le mix) vont être pressés. Mais d’abord, ils subissent un léger
chauffage afin d’accroître le taux d’extraction d’huile. Selon le mode de fonctionnement, trois
types de presse sont connus (De Theux, 2004). Ainsi :
7
- les presses à vis verticale : le mix est placé dans un cylindre perforé, un plateau ajusté à
la taille du cylindre est progressivement descendu par un système de vis verticale. Un
bras de levier est utilisé pour tourner la vis (figure 5).
- les pressoirs continus à vis (type COLIN) : ce type de pressoir est muni de deux vis sans
fin à axe commun horizontal. La première pousse le produit vers une seconde vis qui
tourne en sens inverse et qui presse le produit. Les taux d’extraction de ce type de
matériel est d’environ 22 %.
- les presses hydrauliques manuelles : elles fonctionnent avec un système de vérin vertical
à la place de la vis.
8
Figure 6: Clarification et déshydratation artisanale
1.5. Compositions biochimiques de l’huile brute de palme
95-99 % 1-5 %
Constituants mineurs
Triglycérides
90-99 %
3-5 % 0,1-3 % 0,1-0,2 %
9
1.5.1. Eléments majeurs
(Sambanthamurthi et al., 2000 ; Sundram et al., 2003 ; Mondé et al., 2009 ; Lecerf, 2013).
10
divers, des composés terpéniques (alcools triterpéniques, 4-méthylstérols, stérols), des alcools
gras, des vitamines liposolubles (vitamines A, D, E (tocophérols et tocotriénols)) et des
constituants extrêmement divers (Morin & Pages-Xatant., 2012).
1.5.2.1. Cérides
Les cérides sont des esters d’acides gras et de mono (éventuellement di) alcools de
masse moléculaire suffisamment élevée pour que ces alcools soient insolubles dans l’eau. Parmi
eux, on compte : les cires naturelles (esters d’acides gras et mono alcools aliphatiques), les
stérides (esters de stérols, de méthyl-stérols ou d’alcools triterpéniques), les caroténo-cérides
(esters d’acides gras et d’hydroxy-caroténoïdes ou xanthophylles).
1.5.2.2. Phospholipides
Les phospholipides ou phosphatides présents dans les corps gras végétaux bruts (jusqu’à
2 % de certaines huiles), sont essentiellement des phosphoglycérides (c’est à dire des dérivés
du phosphoryl-3-glycérol), des sphingolipides (dérivés de la phytosphingosine) et des
phospholipides comportant en outre des motifs glucidiques (glycolipides) (Sambanthamurthi et
al., 2000).
L’huile de palme continue d’être aujourd’hui une denrée importante et spécifique pour
certains plats culinaires. Sa substitution avec d’autres huiles rend parfois impossible dans la
formulation du produit fini (savon soda). Elle est également responsable de la couleur et du
gout de certaines plats courants tels que le foufou à base de banane, d’igname ou de manioc.
L’utilisation de l’huile de palme est difficile dans les pays tempérés en raison de son point de
fusion trop faible (Jacquemard, 2012).
11
1.7.2. Au niveau médical
L’huile rouge est depuis longtemps un des produits faisant partie du rang des denrées
alimentaires exportées sur le marché mondial comme le cacao, la noix de cajou l’hévéa. En
Côte d’Ivoire, l’huile de palme a une importance capitale du point de vue économique comme
au Ghana, au Libéria et en Sierra Leone, où l’huile constitue une source majeure de revenus et
12
d’échanges commerciaux dans les districts frontaliers (Ofosu et al, 2013). Elle est de plus en
plus importée dans toutes les régions du monde. L’Europe est ainsi devenue le troisième
importateur mondial derrière la Chine et l’Inde (Rivall, 2020)
Les huiles d'origine végétale, malgré leur nature anhydre, peuvent aussi être altérées par
les micro-organismes (Alifax, 1975) selon la rection :
1.8.1. Levures
Les levures sont des microorganismes eucaryotes, non photosynthétique chimio-
hétérotrophes. Ce sont des champignons immobiles, à thalle unicellulaire (Hencké, 2000). Leur
morphologie (sphérique, ovoïde, globuleuse, cylindrique, ellipsoïde, allongée, apiculée,
ogivale, triangulaire ou en forme de bouteille) est d’une grande importance taxonomique
(Labbani, 2015). Leur présence dans des produits alimentaires dépend des facteurs du milieu.
La plupart des souches ne peuvent se développer à des activités de l’eau inférieures à 0,90, mais
certaines tolèrent des pressions osmotiques plus élevées correspondant à une activité de l’eau
de l’ordre de 0,65, mais avec un métabolisme lent (Rezki-Bekki, 2014). Dans les produits
oléagineux, les levures sont capables d’accumuler plus de 20% de lipides dans leur biomasse
sèche (Triantaphyllidou et al., 2015). Les plus connues à l’heure actuelle sont principalement
réparties dans les genres basidiomycètes Cryptococcus, Rhodosporodium, Rhodotorula, et
Trichosporon et dans les ascomycètes Yarrowia et Lipomyces (Ageitos et al., 2011). Parmi ce
grand nombre, moins de 30 espèces sont connues pour leur caractère oléagineux (Remram,
2016).
1.8.2. Moisissures
Le terme « moisissure » désigne tous les champignons microscopiques filamenteux
présents dans l’environnement tant à l’extérieur qu’à l’intérieur (Basset & Caroline, 2011),
13
saprophytes dépourvus de pigments assimilateurs. Ils sont incapables d’utiliser le gaz
carbonique de l’air, et sont dépendantes de sources organiques (Boudra, 2009). Les aliments
sont généralement des milieux très favorables à leur développement à cause des sources
directement utilisables. La plupart des moisissures trouvent leur croissance à la température
située entre 25 et 35°C. La contamination fongique d’un substrat ou d’un aliment provoque des
modifications physiques (aspect, goût, odeur) et des modifications chimiques (modification des
qualités nutritives). Ils se reproduisent par voie sexuée et/ou asexuée (production de spores).
Dans la nature, les moisissures se trouvent principalement sur les végétaux riches en sources
directement utilisables. Par ailleurs, une large variété de moisissure vit dans le sol, ou associée
aux plantes (Chapeland-Leclerc et al., 2005). Certaines espèces de moisissure synthétisent des
mycotoxines (aflatoxine, lactones, certains stéroïdes), potentiellement pathogènes pour
l’homme. Dans l’huile tout comme les autres aliments, les moisissures trouvent des conditions
de croissances à cause de la présence d’eaux et d’autres facteurs qui contribue à leur évolution.
14
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET
METHODES
2. MATERIEL
2.1. Matériel d’étude
Le matériel utilisé pour la réalisation de ce travail est l’huile brute de palme (figure 9)
issue des huileries artisanales et des marchés locaux de la ville de Daloa.
Le matériel utilisé dans cette étude est composé, en plus des instruments classiques de
laboratoire de microbiologie-biochimie, de divers matériels dont la balance analytique de
marque OHASUS de précision 0,01 qui a permis d’effectuer pour les différentes pesées ; le
bain-marie utilisé pour le chauffage et la dissolution des milieux de culture ; l’autoclave
(LDZX-40B) et l’étuve ayant servi respectivement à la stérilisation et à l’incubation les
différentes boites de Pétri en culture ; le pH-mètre HANNA HI 8014 à servir à déterminer le
pH de l’huile.
15
3. METHODES
3.1. Présentation de la zone d’étude.
L’étude a été réalisée à Daloa, ville située à 6°53 latitude Nord et 6°27 de longitude
Ouest. Il y règne un climat très humide et quatre saisons. Une grande saison des pluies qui
commence d’Avril jusqu’à mi-Juillet, une petite saison sèche de mi-Juillet au mois de
Septembre, une petite saison des pluies du mois de Septembre à Novembre et une grande saison
sèche du mois de Décembre jusqu’au mois de Mars. Cette région a une superficie de 15 200
km² pour une population estimée à 1.430.960 habitants (Anonyme, 2014).
3.2. Echantillonnage
L’échantillonnage a été effectué en Avril 2022 sur six (06) sites différents du
département de Daloa. Il s’agit de trois (03) sites de production que sont les villages de Zakoua,
Gbétitapea, et Gboguédia et 3 sites de vente à savoir, le marché d’Orly, le grand marché et le
marché de Lobia. Sur chaque site, trois échantillons élémentaires d’huile brute de palme de 0,5
L ont été prélevés dans des flacons stériles chez différents producteurs ou commerçants. Les
16
échantillons élémentaires ont été ensuite mélangés et homogénéisés pour obtenir un échantillon
unique de 1,5 L par site. Ainsi, un total de six (6) échantillons ont été prélevés pour l’ensemble
de l’étude.
Selon la norme AFNOR (2017), 10 mL d’huile de palme rouge ont été prélevés dans
des conditions aseptiques et ajoutés dans 90 mL d’EPT stérile. L’ensemble a été homogénéisé
pendant 2 min. Le mélange obtenu constitue la suspension mère. La même action a été répétée
pour les autres échantillons.
Cette manipulation a consisté à compter les colonies visibles sur la gélose Sabouraud au
chloramphénicol. Le calcul du nombre moyen de champignons en UFC/mL est donnée par la
norme ISO 7218 (2007) selon la formule suivante :
∑ 𝐶𝑖
N=
(𝑁1 +0,1𝑁2 )𝑑.𝑉
∑Ci: somme des colonies caractéristiques comptées sur toutes les boîtes retenues de la même
dilution ;
Selon la norme NF.V.08.059 (2002), la charge des levures ou moisissures recommandée est
indiquée dans le tableau II :
Tableau II: charge des champignons recommandée dans l'huile brute de palme
18
3.3.6. Purification.
Après isolement, les colonies morphologiquement différentes observées sur les boîtes
de Pétri ont été prélevées et cultivées individuellement sur le milieu Sabouraud au
Chloramphénicol. Les boites ont été incubées dans les mêmes conditions qu’à l’isolement
(30°C pendant 72 h à 7 jours) (Verscheure et al., 2002).
Les colonies purifiées ont par la suite été identifiées sur la base de leurs caractères
macroscopiques (forme, relief et couleur des colonies, caractéristiques de la surface,
pigmentation, délai de culture, …) et microscopiques (cloisonnement des hyphes, présence de
chlamydospores, forme et taille des conidies, phialides…) (Verscheure et al., 2002).
L'humidité de l’huile se définit comme étant la quantité d'eau résiduelle retrouvée dans
l'huile après évaporation à l'étuve à 103 °C. Sa détermination (taux d'humidité) s’est faite via la
méthode thermogravimétrique qui a consisté en une différence de pesée d'un échantillon avant
et après passage à l'étuve. Ainsi, un récipient en porcelaine de masse à vide (m0) contenant 10
ml d’huile de palme est pesé (m1) puis introduit à l’étuve (103 °C) pendant 1 h. Ce récipient est
ensuite sorti, refroidi au dessiccateur et il est pesé (m2). Après il y a un deuxième passage du
récipient dans l'étuve à 103 °C pendant 30 minutes et dans les mêmes conditions que
précédemment. La nouvelle pesée (m3) est obtenue. Si m2 = m3 alors m2= constante est considéré
comme le poids final de l’huile séchée. Trois essais ont été réalisés et répétés jusqu’à ce que la
masse demeure constante. La formule de calcul est la suivante (ISO 665, 2020)
19
𝑚1 − 𝑚2
𝑇𝐻 = × 100
𝑚1 − 𝑚0
Avec :
Le degré d’acidification de l’huile est souvent employé par plusieurs termes : indice
d’acide, acidité, teneur en AGL, etc. Il est déterminé par la méthode volumétrique qui consiste
à mesurer l’acidité titrable avec une solution d’hydroxyde de potassium (KOH 0,1 N) alcoolisé
en présence d’un indicateur de fin de réaction (phénolphtaléine). La méthode utilisée est celle
décrite par Kouamé et al. (2015). Cet indice d’acidité ou AGL représente le nombre de
milligrammes d’hydroxyde de potassium nécessaires pour neutraliser les AGL présents dans 1
g de corps gras ; il s’exprime en mg de KOH.g-1. De ce fait, 1 g a été pesé dans un Erlenmeyer
de 250 mL auquel 25 mL de chloroforme ont été ajoutés et le tout laissé au repos jusqu’à la
dispersion de la matière grasse. Ensuite, 25 mL d’éthanol à 95 % et 8 gouttes de phénolphtaléine
(1 %.) ont été additionnés respectivement. Le tout a été dosé avec l’hydroxyde de potassium
alcoolisé en agitant jusqu’au virage de la solution. Le pourcentage d’indice d’acidité est calculé
de la façon suivante (NF EN ISO : 660, 2020)
𝑉 × 56,1 × 𝑁
Ia = (mg de KOH par g d′ huile)
𝑚
% AGL = 0,5 × 𝐼𝑎
Avec
% AGL= pourcentage d’acide gras libre ;
Ia= indice d’acide ;
V = Volume de KOH versé dans l’échantillon (en ml) ;
N = Normalité de la soude,
20
56,1 : masse molaire du KOH
m = masse de l’échantillon (g).
21
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET
DISCUSSION
4.RESULTATS
4.1. Teneurs des paramètres physico-chimiques en rapport avec l’activité microbiologique
dans l’huile brute de palme
Les valeurs moyennes des pH ont été comprises entre 2,95 et 3,4 montrant que les huiles
sont toutes acides. Ces huiles peuvent être classées en deux catégories à savoir les huiles avec
une acidité très forte qui concernent l’échantillon du marché d’Orly et les huiles à forte acidité
correspondant aux cinq autres échantillons.
Les teneurs en humidité des huiles analysées ont été toutes supérieures à 0,1 % et ont
varié de 0,56 à 0,97 % en moyenne. Les huiles en provenance du marché d’Orly ont présenté
les teneurs d’humidité les plus faibles (0,56 %) tandis celles du Grand marché avaient les
teneurs les plus élevées (0.97 %).
En ce qui concerne la teneur en AGL et l’indice d’acidité, les huiles du marché d’Orly
ont enregistré la plus forte teneur moyenne d’AGL (25,62 %) et l’indices moyen élevé (51,24)
contrairement à l’échantillon d’huile du Grand Marché qui a une teneur en AGL (15,52 %) et
d’indices d’acidité plus faibles (31,04). Les teneurs moyennes en AGL des échantillons du site
de Gboguedia et du site de Gbetitapea ont été respectivement de 19,07 % et 19,37 %. Ces
valeurs n’ont présenté aucune différence significative entre-elles au seuil de 5 % au test LSD
de Fischer. De même leurs indices d’acidité moyens compris entre 38,14 et 38,71 n’ont présenté
aucune différence significative. Les teneurs moyennes en AGL des échantillons du Marché
Lobia, du site de Zakoua ont été respectivement de 17,09 % et 16,27 %. Ces valeurs n’ont
présenté aucune différence significative entre-elles au seuil de 5 % au test LSD de Fischer. De
même leurs indices d’acidité moyens compris entre 34,18 et 32,54 n’ont présenté aucune
différence significative.
22
Tableau III: Teneur des paramètres physico-chimiques des huiles de palme
Sites Paramètres
pH % Humidité % AGL Ia
Sites de vente
Marché Lobia 3,4 ± 0,09a 0,71 ± 0,19ab 17,09 ± 0,03c 34,18 ± 0,06c
Marché Orly 2,95 ± 0,02b 0,56 ± 0,08b 25,62 ± 0,35a 51,24 ± 0,7a
Grand marché 3,29 ± 0,03a 0,97 ± 0,23a 15,52 ± 0,13d 31,04 ± 0,26d
Sites de production
Zakoua 3,16 ± 0,14ab 0,69 ± 0,09ab 16,27 ± 0,23cd 32,54 ± 0,46cd
Gbetitapea 3,38 ± 0,02a 0,59 ± 0,16ab 19,35 ± 0,8b 38,71 ± 1,65b
Gboguedia 3,29 ± 0,13a 0,75 ± 0,13ab 19,07 ± 0,37b 38,14 ± 0,8b
Les valeurs portant les mêmes lettres (a, b, c, ab, cd) sur la même colonne sont statistiquement
identiques au seuil de 5 % ; AGL : acide gras libre ; Ia : indice d’acide
Dendrogramme de 6 Variables
Méth. de Ward
Dist. Euclidiennes
0,08
0,07
0,06
0,05
Dist. Agrégation
0,04
0,03
0,02
0,01
0,00
Marché Orly Gbetitpea Zakoua
Gboguedia Grand marché Marché Lobia
23
4.2. Niveaux de contamination des huiles brutes de palme par les champignons
Le degré de contamination fongique des différents échantillons d’huile est présenté par
la Figure 12. Les charges de champignons (levures et moisissures) des huiles analysées ont été
supérieures à 100 UFC/mL pour quatre sites (Gboguedia, Zakoua, marché d’Orly et Grand
marché) et inférieures à 100 UFC/mL pour deux sites (Lobia et Gbetitapea). La charge moyenne
la plus élevée (324,66 UFC/mL) a été obtenue avec les échantillons provenant de Gboguedia,
suivies des charges fongiques de Zakoua (223,33 UFC/mL) et du marché d’Orly (213,33
UFC/mL). Les charges de champignons les plus faibles ont été obtenues avec les échantillons
du Grand marché (113,33 UFC/mL), du marché de Lobia (65 UFC/mL) et du site de production
de Gbetitapea (56,66 UFC/mL)
350 a
Charges (UFC/mL)
300
b
250 b
200
150
c
100 c c
50
0
G. marché marché lobia marché orly gbetitapea gboguédia zakoua
Marchés Sites de
production
Figure 12: Charges des champignons dans les huiles brutes de palme à Daloa
4.3. Diversité des champignons contaminant les huiles brutes de palme à Daloa
24
morphologiques des isolats fongiques et la richesse spécifique dans les différentes huiles
analysées. Il a été observé 11 genres différentes dans l’ensemble des échantillons parmi
lesquels, quatre espèces du genre Aspergillus et deux espèces du genre Penicillium, deux
espèces du genre Mucor et une espèce pour chacun des autres genres.
25
Tableau IV: Descriptions macroscopique et microscopique des champignons
Aspect Aspect
Morphotypes et Genres Description macroscopique et microscopique
macroscopique microscopique
Macro : colonie circulaire duveteuse, glabre (lisse), plane avec des stries
Morphotype A : radiales de couleur grise opaque.
Morphotype B : Macro : colonie à texture duveteuse, plane avec des stries, de couleur
blanche, très envahissante.
Aspergillus 1
Micro : hyphe cloisonné, conidiophore hyalin, têtes aspergillaires bisériées
radiées.
Morphotype C : Macro : aspect duveteux, circulaire, plate avec de couleur jaune, ondulée,
moins envahissante.
Verticillium
Micro : conidiophore vide et ramifié, hyphes non cloisonnés avec conidies
libres, petites spores et ovale.
Morphotype D : Macro : colonie d’aspect duveteux de teinte beige à brun cannelle,
circulaire avec pli au centre, surélevée, moins envahissante.
Aspergillus 2
Micro : conidiophore hyalin non cloisonné avec évasement progressif au
sommet, tête aspergillaire bisériée, en colonne.
26
Morphotype E : Macro : colonie laineuse à poudreuse de couleur blanche au centre et
extrémité jaune, croissance rapide
Aspergillus 3
Micro : hyphe cloisonné, conidiophore hyalin et ramifié têtes aspergillaires
bisériées radiées.
Morphotype F : Macro : aspect laineux de couleur blanche, extensive.
Micro : hyphes non cloisonnés, grosses spores et ovales, présence de
Cladosporum
stolon.
27
Morphotype J : Macro : mycélium d’aspect velouteux de couleur berge, colonie surélevée,
opaque.
Mucor 2
Micro : hyphes cloisonné, tête aspergillaire verte, conidies groupées,
conidiophore transparent.
Morphotype K: Macro : mycélium lisse, blanche, plate et croissance rapide, bouclé,
crémeuse.
Geotrichum
Micro : hyphes absents, spores mince et ovale, absence de stolon et
rhizoïde.
28
Tableau V: Richesse spécifique des champignons dans des huiles
Dendrogramme de 6 Variables
Méth. de Ward
Dist. Euclidiennes
5,5
5,0
4,5
Dist. Agrégation
4,0
3,5
3,0
2,5
Marché lobia Gbetitapea Grand marché
Gboguédia Zakoua Marché Orly
Figure 13: Rapprochement des sites en fonction de la richesse spécifique de champignon dans
les huiles
29
4.4. Analyse des composantes principales (ACP)
1,0
0,5
Charge de Champignons
Fact. 2 : 18,76%
0,0 pH
indice
% AGL
d'acide
-0,5
% d'humidité
-1,0
30
5. DISCUSSION
Cette étude a été effectuée dans le but de vérifier la contamination des huiles brutes de
palme artisanales produites et vendues à Daloa par les champignons inférieurs. Les travaux ont
pu montrer que ces huiles sont toutes contaminées. Ces champignons trouvent dans cet
environnement (huiles brutes de palme artisanale) des conditions favorables à leur
développement. Du point de vu microbiologique, au regard de la richesse spécifique et
l’abondance des champignons, les exigences normatives ne sont pas respectées et leur
consommation peuvent concourir à des risques sanitaires pour le consommateur. En effet,
l’activité métabolique des champignons pourrait engendrer la libération de métabolites
secondaires responsables de la mauvaise qualité de l’huile (Alifax, 1975).
Les huiles prélevées sur les sites de production artisanale et sur les sites de ventes ont
des teneurs en humidité 5 à 8 fois supérieures à la norme établie par le Codex Alimentarius (0,1
%). Ahouassou et al. (2018) ont rapporté que la teneur en humidité des huiles produites par les
femmes au Bénin était 3 à 11 fois supérieure à la norme internationale et que ces huiles ne
répondent pas à la qualité. De même au Nigeria la teneur en eau de l’huile brute de palme
artisanale est de 0,53 % à 0,73 % (Onifade & Bolarinwa, 2016). Ces taux élevés d’humidité
dans l’huile brute artisanale seraient liés à l’absence d’intégration d’opération de séchage, aux
matériels utilisés, le temps et la température. Sur les sites de production, le matériel couramment
utilisé pour la déshydratation est constitué de marmites faites en aluminium. Ces déshydrateurs
utilisés dans les conditions de chauffage avec du feu de bois ne sont pas efficaces pour réduire
au maximum possible la teneur en eau. En réalité, les productrices d’huile brute de palme
artisanale ne trouvent pas importante la phase de clarification, mais la considère plutôt
contraignante et consommatrice de bois (Ahouassou et al., 2018). Pour réduire l’humidité et
éliminer les microorganismes responsables de la dégradation de la qualité, l’huile doit être
chauffée à 128°C (Onifade & Bolarinwa, 2016 ; Kuppitayanat et al., 2014).
Ces taux élevés d’humidité favorisent une activité des microorganismes notamment
celle des levures et moisissures. En effet, 102 à plus de 3.102 UFC/mL de champignons ont été
dénombrés des huiles de palmes brutes artisanales produites et vendues à Daloa. Ces charges
dépassent la norme (NF.V.08.059, 2002) en vigueur qui prévoit un maximum de 2.102 UFC/g
levures et moisissures dans l’huile brute. Les champignons obtenus sont de divers genres et
d’une répartition différente dans les huiles. Cinq genres de champignons filamenteux
(Aspergillus Mucor, Verticillium, Cladosporum, Penicillium contre un seul genre de
champignon levuriforme (Geotrichum) ont été isolés. A l’exception du site de production de
31
Gboguédia, où il a été noté une prédominance de la levure du genre Geotrichum. Le genre
Aspergillus est le champignon le plus répandu dans les cinq autres sites. La richesse spécifique
de champignon dans l’huile brute de palme témoigne d’un manque d’hygiène soit pendant
l’entreposage de la matière première (graines et régimes), soit pendant le conditionnement, le
stockage ou le transport de l’huile produite. Les moisissures (Aspergillus Mucor, Cladosporum,
et Penicillium) isolées sont pour la plupart des productrices de mycotoxines très dangereuses
pour la santé des consommateurs. Selon Moreau (1980), lorsque les moisissures sont cultivées
sur des acides gras comme seul source de carbone en culture pure, elles produisent des méthyl-
cétones qui affectent la qualité de l’huile. Parfois, ces microorganismes possèdent dans leur
équipement enzymatique une lipoxygénase (enzyme) pour catalyser la fixation de l’oxygène de
l’aire sur les liaisons éthyléniques des acides gras insaturés (Alifax, 1975) ce qui contribue
davantage à la dégradation de l’huile.
32
d’obtenir une huile avec moins d’AGL d’impuretés et de faible teneur en eau (Ngando et al.
2011).
33
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
La présente étude a permis de comprendre la détérioration de l’huile brute de palme
artisanale par les levures et moisissures. L’analyse des paramètres physico-chimiques et
l’isolement des champignons ont montrés une diversité de contamination fongique. On peut
déduire que la répartition de la microflore fongique est directement liée à l’humidité, mais
surtout à l’indice d’acide gras libre élevé. Selon les résultats des analyses obtenus par la
méthode mycologiques, il semble que la méthode de dilution permet un isolement plus
performant des moisissures d’un point de vue qualitatif et quantitatif où les genres les plus
dominants sont : Apsergillus.
34
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39
ANNEXES
Annexes 1:Matériel technique de laboratoire
A B C
E F
D
G H
I
J
K
B : Autoclave F : Dessiccateur
C : Etuve H : Potence
E : Erlenmeyer K : Micropipette
J : Pipettes
Annexe 2:Différents genres de contaminants fongiques
2 1
4
1
3
1
5 4
1 5
1
1
1
6
Summary
The control of physico-chemical and microbiological parameters are very important
studies which make it possible to guarantee and ensure the acceptability and safety of a
foodstuff. A technology offering a product that does not meet the standard is of poor quality
and these products can lead to significant losses and the deterioration of organoleptic and
nutritional qualities. This study aims to assess the risk factors for deterioration of the sanitary
and organoleptic quality, linked to the presence of yeasts and molds in the artisanal crude palm
oil produced and sold in Daloa. The work constituted a collection of six (06) samples in total
including three (03) from production sites and three (03) other samples from sales sites due to
one (01) sample per site. The results of the analyzes show that in the oils, the proportions of the
physico-chemical parameters measured such as the pH, the percentage of humidity, the Acid
Index or Free Fatty Acid and the load of the fungi do not respect the international standards.
With this much higher data, the oils are all contaminated and do not offer good quality. To
remedy this requires massive control throughout the manufacturing technology.