VOIE ECG ECT Etude Et Synthese Texte ESCP HEC Sujet 2023

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BCE ECG/ECT Sujet mis en ligne par ANNEE 2023

SUJET BCE
CONCOURS D’ADMISSON 2023

Prépa
Etude et synthèse de texte – ESCP BS / HEC Paris
Voie ECG/ECT
Mercredi 03 mai 2023 de 14h à 18h Durée
: 4 heures
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Texte 1

Pour devenir sensible et pitoyable, il faut que l'enfant sache qu'il y des êtres
semblables à lui qui souffrent ce qu'il a souffert, qui sentent les douleurs qu'il a senties, et
d'autres dont il doit avoir l'idée, comme pouvant les sentir aussi. En effet, comment nous
laissons-nous émouvoir à la pitié, si ce n'est en nous transportant hors de nous et nous
identifiant avec l'animal souffrant, en quittant, pour ainsi dire, notre être pour prendre le sien ?
Nous ne souffrons qu'autant que nous jugeons qu'il souffre ; ce n'est pas dans nous, c'est dans lui
que nous souffrons. Ainsi nul ne devient sensible que quand son imagination s'anime et
commence à le transporter hors de lui.

Pour exciter et nourrir cette sensibilité naissante, pour la guider ou la suivre dans sa
pente naturelle, qu'avons-nous donc à faire, si ce n'est d'offrir au jeune homme des objets sur
lesquels puisse agir la force expansive de son cœur, qui le dilatent, qui l'étendent sur les autres
êtres, qui le fassent partout retrouver hors de lui; d'écarter avec soin ceux qui le resserrent, le
concentrent, et tendent le ressort du moi humain; c'est-à-dire, en d'autres termes, d'exciter en
lui la bonté, l'humanité, la commisération, la bienfaisance, toutes les passions attirantes et
douces qui plaisent naturellement aux hommes, et d'empêcher de naître l'envie, la convoitise, la
haine, toutes les passions repoussantes et cruelles, qui rendent, pour ainsi dire, la sensibilité non
seulement nulle, mais négative, et font le tourment de celui qui les éprouve ?

Je crois pouvoir résumer toutes les réflexions précédentes en deux ou trois maximes
précises, claires et faciles à saisir.

Première maxime

Il n'est pas dans le cœur humain de se mettre à la place des gens qui sont plus
heureux que nous, mais seulement de ceux qui sont plus à plaindre.
Si l'on trouve des exceptions à cette maxime, elles sont plus apparentes que réelles. Ainsi l'on ne
met pas à la place du riche ou du grand auquel on s'attache; même en s'attachant sincèrement,
on ne fait que s'approprier une partie de son bien-être. Quelquefois on l'aime dans ses
malheurs; mais, tant qu'il prospère, il n'a de véritable ami que celui qui n'est pas la dupe des
apparences, et qui le plaint plus qu'il ne l'envie, malgré sa prospérité.
On est touché du bonheur de certains états, par exemple de la vie champêtre et
pastorale. Le charme de voir ces bonnes gens heureux n'est point empoisonné par l'envie; on
s'intéresse à eux véritablement. Pourquoi cela ? Parce qu'on se sent maître de descendre à cet
état de paix et d'innocence, et de jouir de la même félicité; c'est un pis-aller qui ne donne que
des idées agréables, attendu qu'il suffit d'en vouloir jouir pour le pouvoir. Il y a toujours du
plaisir à voir ses ressources, à contempler son propre bien, même quand on n'en veut pas user.
Il suit de là que, pour porter un jeune homme à l'humanité, loin de lui faire admirer
le sort brillant des autres, il faut le lui montrer par les côtés tristes; il faut le lui faire craindre.
Alors, par une conséquence évidente, il doit se frayer une route au bonheur, qui ne soit sur les
traces de personne.
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Deuxième maxime

On ne plaint jamais dans autrui que les maux dont on ne se croit pas exempt soi-
même. «Non ignara mali, miseris succurrere disco. » 1

Je ne connais rien de si beau, de si profond, de si touchant, de si vrai, que ce vers-là.


Pourquoi les rois sont-ils sans pitié pour leurs sujets ? C'est qu'ils comptent de n'être jamais
hommes. Pourquoi les riches sont-ils si durs pour les pauvres ? C'est qu'ils n'ont pas peur de le
devenir. Pourquoi la noblesse a-t-elle un si grand mépris pour le peuple ? C'est qu'un noble ne
sera jamais roturier. Pourquoi les Turcs sont-ils généralement plus humains, plus hospitaliers que
nous ? C'est que, dans leur gouvernement tout à fait arbitraire, la grandeur et la fortune des
particuliers étant toujours précaires et chancelantes, ils ne regardent point l'abaissement et la
misère comme un état étranger à eux ; chacun peut être demain ce qu'est aujourd'hui celui qu'il
assiste. Cette réflexion, qui revient sans cesse dans les romans orientaux, donne à leur lecture je
ne sais quoi d'attendrissant que n'a point tout l'apprêt de notre sèche morale.

N'accoutumez donc pas votre élève à regarder du haut de sa gloire les peines des
infortunés, les travaux des misérables; et n'espérez pas lui apprendre à les plaindre, s'il les
considère comme lui étant étrangers. Faites-lui bien comprendre que le sort de ces malheureux
peut être le sien, que tous leurs maux sont sous ses pieds, que mille événements imprévus et
inévitables peuvent l'y plonger d'un moment à l'autre. Apprenez-lui à ne compter ni sur la
naissance, ni sur la santé, ni sur les richesses; montrez-lui toutes les vicissitudes de la fortune;
cherchez-lui les exemples toujours trop fréquents de gens qui, d'un état plus élevé que le sien,
sont tombés au-dessous de celui de ces malheureux ; que ce soit par leur faute ou non, ce n'est
pas maintenant de quoi il est question; sait-il seulement ce que c'est que faute ? N'empiétez
jamais sur l'ordre de ses connaissances, et ne l'éclairez que par les lumières qui sont à sa
portée : il n'a pas besoin d'être fort savant pour sentir que toute la prudence humaine ne peut
lui répondre si dans une heure il sera vivant ou mourant ; si les douleurs de la néphrétique ne lui
feront point grincer les dents avant la nuit ; si dans un mois il sera riche ou pauvre, si dans un an
peut-être il ne ramera point sous le nerf de boeuf dans les galères d'Alger. Surtout n'allez pas lui
dire tout cela froidement comme son catéchisme; qu'il voie, qu'il sente les calamités humaines :
ébranlez, effrayez son imagination des périls dont tout homme est sans cesse environné ; qu'il
voie autour de lui tous ces abîmes, et qu'à vous les entendre décrire, il se presse contre vous de
peur d'y tomber. Nous le rendrons timide et poltron, direz-vous. Nous verrons dans la suite; mais
quant à présent, commençons par le rendre humain; voilà surtout ce qui nous importe.

Troisième maxime

La pitié qu'on a du mal d'autrui ne se mesure pas sur la quantité de ce mal, mais sur
le sentiment qu'on prête à ceux qui le souffrent.

On ne plaint un malheureux qu'autant qu'on croit qu'il se trouve à plaindre. Le


sentiment physique de nos maux est plus borné qu'il ne semble; mais c'est par la mémoire qui
nous en fait sentir la continuité, c'est par l'imagination qui les étend sur l'avenir, qu'ils nous
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rendent vraiment à plaindre. Voilà, je pense, une des causes qui nous endurcissent plus aux
maux des animaux qu'à ceux des hommes, quoique la sensibilité commune dût également nous
identifier avec eux.

Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, 1762

___________________________________________________________________________
1
Vers de Virgile : « N'ignorant pas le malheur, je sais aider les misérables » (Énéide, 1, 630)

Texte 2

La théâtralité que l'on reproche souvent à la colère émane du désir de trouver des
spectateurs ou des auditeurs qui prendront conscience du tort dont le coléreux se juge
victime. En se donnant à voir ou à entendre, ce dernier postule que son sentiment est bien
fondé et qu'il peut en rendre raison.

En ce sens, l'homme est un être qui cherche des raisons à sa colère. Même si elle
s'ancre dans des processus biologiques que l'on peut retrouver chez les autres animaux, la
colère est spécifiquement humaine du fait que celui qui l'éprouve tente de la légitimer
auprès des autres et de lui-même. Un accès de colère s'accompagne généralement d'une
avalanche de paroles plus ou moins sensées; les colères froides et apparemment muettes
sont en réalité l'objet d'un discours intérieur qui vire parfois au ressassement. Par la parole,
le coléreux prend le monde à témoin de ce que l'offense qui lui est faite ne peut rester sans
suites. Même au comble de la déraison, il recherche des raisons.

C'est ce « logos implicite » au «cri »1 qui fait de l'emportement une passion


politique. De la colère qui cherche à donner ses raisons, on peut dire ce que Jacques
Rancière dit de l'activité politique en général : « elle fait voir ce qui n'avait pas lieu d'être vu,
fait entendre un discours là où seul le bruit avait son lieu, fait entendre comme discours ce
qui n'était entendu que comme bruit2». Expression d'une « mésentente », la colère
contredit le consensus dont le risque est de légitimer les abandons en matière de justice au
nom du principe de réalité. Cette mésentente n'est pas pour autant sans issue puisque, à
partir du moment où il se met à parler, le coléreux ne se présente pas comme la victime
d'un « tort absolu » qui ne pourra jamais être réparé. Il entre plutôt dans un litige où
l'offense ressentie devient publique.

C'est à ce niveau que se pose le problème de la justice. Comme telle, la colère n'est
ni juste ni injuste: la question de la légitimité ne s'applique pas aux émotions. Elle se pose
en lien avec les raisons que ceux qui éprouvent ce sentiment apportent pour l'expliciter.
L'erreur des conceptions purement procédurales de la démocratie n'est pas d'insister sur les
règles qui doivent présider à l'échange des arguments, mais de garder le silence sur les
situations qui rendent nécessaire un tel échange. Car il n'y aurait pas besoin de procédures
dans un monde où les normes politiques ou sociales ne feraient pas l'objet d'un intérêt
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passionné, et parfois violent. Des acteurs peuvent, comme le voulait John Rawls, placer un «
voile d'ignorance » sur leurs intérêts particuliers et sur la position qu'ils occuperaient dans
une société juste. Mais ils ne peuvent ignorer qu'ils sont intéressés à la justice elle-même, ce
qu'ils expérimentent dans leurs emportements contre les partages inéquitables à l'œuvre
dans leur environnement.

Ici, la question n'est pas tant de savoir si la colère est provoquée par une offense qui
nous est adressée ou par une injustice faite à autrui : celui qui est « hors de soi » a déjà
cessé de n'envisager que son point de vue particulier. La colère transforme plutôt le sujet en
sociologue amateur: de proche en proche, c'est l'ensemble du contexte social qui est soumis
à la critique par celui qui se juge offensé. On a dit que la sociologie a pour but de « rendre la
réalité inacceptable3». Encore faut-il que l'ordre du monde soit perçu comme inacceptable
d'un certain point de vue. La colère politique constitue l'événement de cette perception.

À l'inverse, les colères vaines sont celles qui sont incapables de se dire dans un autre
langage que celui des préférences individuelles. Une attitude, des mœurs, une forme de vie
quelconque ne nous « reviennent pas », et l'on en conclut au scandale moral. Dans ce genre
d'exaspérations, le sujet s'emporte, mais sans faire un pas hors de lui-même. L'émotion est
son propre juge et la raison de la colère ne prend pas la peine de se dire. Cette logique est
celle du lynchage: on la retrouve à l'œuvre lorsqu'une indignation désigne des coupables
plutôt que de se confronter aux normes qu'elle conteste et à celles qu'elle promeut
implicitement.

Un sujet est dépossédé de sa colère à chaque fois qu'on ne le laisse pas parler
jusqu'au point où l'émotion ne se suffit plus à elle-même, mais réclame le renfort des
arguments ou la puissance du récit. Dans les mises en scènes médiatiques de la colère, par
exemple, quelques « scandalisés » portent le drapeau des colères populaires en s'exonérant
du devoir de faire paraître leurs raisons. La force d'une image ou l'intensité d'un coup de
sang y sont la marque d'une authenticité que l'on impose en guise de jugement politique.
Faute de temps pour expliciter le scandale, on substitue la tripe au cœur en offrant une
catégorie de la population à la vindicte publique.

Le devenir-spectacle de la mésentente reconstitue ce que la colère devait justement


interrompre : l'impératif de consensus qui contraint au silence. Celui qui s'obstine à
demander des raisons apparaîtra suspect de ne pas vouloir faire corps avec l'indignation
publique. Lorsque les frustrations privées sont enjointes de se dire dans un langage
stéréotypé, la colère cesse de faire rupture avec l'ordre des choses pour devenir le meilleur
allié de sa perpétuation.

Nous avons de bonnes raisons de nous méfier des colères majoritaires. Les
indignations ne deviennent consensuelles que lorsqu'elles ont perdu leur pouvoir
d'interroger le réel. En général, elles débouchent sur la désignation d'un ennemi
(aujourd'hui l'étranger, l'islam, parfois la modernité elle- même) rendu responsable de tous
les désagréments du présent. L'objet de la colère prime alors sur ses raisons et l'énergie
positive contenue dans nos emportements se trouve dilapidée dans le spectacle sans
charme des humeurs.
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C'est moins la démocratisation de la colère qu'il faut craindre que sa capture par des
discours indignés emplis d'évidences sur ce que sont les << nobles causes >>. En
démocratie, le « droit à la colère >> s'exerce qu'on le veuille ou non : c'est la conséquence
d'un monde où l'irrespect à l'égard des valeurs n'est plus censé faire l'unanimité contre lui.
L'enjeu est plutôt de retrouver le désir sous les colères. Ce désir est désir d'autre chose que
l'offense, en ce sens il est politique de part en part.

Michaël Fossel, « Les raisons de la colère », Revue Esprit, Mars/Avril 2016

___________________________________________________________________________
1
Allusion à une phrase de Paul Ricoeur : « Si la colère est un cri, la justice corrective et l'amitié politique en
seraient le logos implicite », dans «< Aristote, de la colère à la justice et à l'amitié politique », Esprit, novembre
2002, p. 28.
2
Jacques Rancière, La Mésentente, Paris, Galilée, 1995, p. 53.
3
Luc Boltanski, Rendre la réalité inacceptable, Paris, Demopolis, 2008.

Texte 3

Si vous n'êtes pas en colère, c'est que vous ne faites pas attention! Écoutez la Science
! A quoi ça sert d'aller à l'école si vous-mêmes vous ne l'écoutez pas ?

Il ne faut pas être expert pour déceler dans ces slogans de la colère, des sentiments
de trahison et d'injustice. Mais aussi, l'invocation des sciences - souvent perçues comme
l'antithèse de la sphère émotionnelle et affective. En filigrane, on comprend sans trop
d'effort que c'est bien parce que les « sciences » sont limpides que les jeunes sont en colère.
C'est bien parce que « les faits sont là », qu'ils et elles ressentent un profond sentiment de
trahison vis-à-vis des élites politiques et de leurs aînés: « vous, qui saviez, mais qui n'avez
rien fait ».

Alors que notre imaginaire moderne et occidental nous pousse encore trop souvent
à opposer « rationalité » (des « sciences » par exemple) et « émotions », avec un penchant
affirmé pour la première, et un dénigrement chronique pour les secondes, les jeunes
articulent de manière spontanée une relation beaucoup plus imbriquée entre les deux. Il n'y
a pas une « rationalité » d'une part, et « des émotions » d'autre part. Et les secondes ne
sont pas les ennemies de la première. Il y a des manières d'interagir et de comprendre le
monde, dans lesquelles interviennent nos activités cognitives et affectives. C'est d'ailleurs ce
que nous apprennent les recherches récentes en neurosciences qui identifient les mêmes
zones cérébrales comme responsables à la fois de ce qu'on associe communément avec des
jugements réfléchis et « rationnels », et des réactions émotives, parfois plus spontanées.
Christophe Traini, spécialiste des registres émotionnels et des processus politiques, résume
très bien l'état de la question : « Contre le dualisme cartésien du corps et de l'esprit, de la
passion et de la raison, l'étude des mécanismes du cerveau a révélé l'inextricable
imbrication qui lie les états affectifs et les opérations mentales qui permettent aux êtres
humains d'appréhender le monde qui les entoure1 »

Reconnaître l'imbrication de nos dimensions affectives dans nos modes d'action et


d'interaction, sans en dénigrer ni en surestimer l'importance, est une étape importante. Elle
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nous permet en effet d'entrevoir d'autres manières de penser et d'appréhender la question


climatique elle-même. En particulier, l'expression explicite des émotions qu'elle suscite chez
les jeunes nous amène sur un terrain plus sensible qui ouvre des manières de penser le
changement climatique comme un « phénomène qui refaçonne nos perceptions de
nousmêmes, de notre place dans le monde, de nos sociétés et de l'humanité sur Terre 2 ».

Au-delà de l'euphorie joyeuse des manifestations hebdomadaires (surtout entre


janvier 2019 et mai 2019), il y a, comme émotion dominante chez les jeunes pour le climat,
l'indignation. Dans la lignée des mouvements « des Indignés » de 2011, l'indignation est
souvent perçue aujourd'hui comme l'émotion de « révolution » par excellence; celle dont
s'emparent des groupes et individus qui dénoncent une injustice et se mettent en
mouvement, collectivement.

L'injustice première qui est dénoncée par les jeunes porte surtout sur l'inaction
politique-c'est- à-dire l'absence d'action suffisante, ou l'impression plus diffuse d'un « trop
peu, trop tard » qui contraste avec l'urgence véhiculée par les rapports scientifiques. Cette
inaction est vécue comme une injustice, précisément parce qu'ils et elles seront affectés
disproportionnellement par les décisions (et indécisions) politiques actuelles; (in)décisions
auxquelles de nombreux activistes n'ont d'ailleurs pas pu contribuer (encore trop jeunes
pour voter).

Par ailleurs, alors que l'indignation est souvent réduite à une simple extension
morale de la colère, l'indignation politique des jeunes pour le climat révèle également autre
chose : un profond sentiment d'abandon et de trahison; l'impression de « ne plus s'entendre
dans un discours qui sonne faux3» qui fonctionne alors comme levier de contestation. En
effet, l'indignation, comme l'explique Frédéric Lordon, est une émotion politique puissante,
dans le sens où elle permet de surpasser des situations individuelles de devenir un affect
commun - par la dénonciation publique de « l'intolérable ». Ainsi, avec l'indignation des
jeunes pour le climat, un nouveau seuil d'intolérable apparaît plus nettement : l'absence ou
l'insuffisance de l'action politique en matière climatique n'est plus tolérée par une partie
grandissante de la société.

« Néanmoins, malgré son potentiel politique de dénonciation, l'indignation peut


parfois mener au désenchantement plutôt qu'à la concrétisation d'un nouveau seuil de «
tolérable ». En effet, pour que l'indignation débouche sur quelque chose, il faut que les
mouvements qu'elle a générés puissent « sortir de l'apesanteur de l'insurrection, et revenir
sur terre à leur manière [...], sinon c'est l'ordre établi qui se chargera de les y faire revenir, et
à la sienne4». Et pour «revenir sur terre » justement, comme nous y exhorte le philosophe
Bruno Latour5, il ne suffira pas de trouver les bonnes « solutions technologiques », il faudra
également générer de nouvelles sensibilités affectives, des nouveaux objets de désir et
d'aspirations, en dehors des injonctions à l'optimisme permanent du capitalisme. Il faudra, à
la fois puiser dans des passions plus tristes liées, telles que la culpabilité, le deuil, et la peur,
et re- imaginer les objets de notre espoir.

Louise Knops, << Si vous n'êtes pas en colère, c'est que vous ne faites pas attention »,
Politique n°118, décembre 2021
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___________________________________________________________________________
1
C. Traïni, « Registres émotionnels et processus politiques », Raisons politiques, Presses de Sciences Po 2017/1,
n° 65, pages 15 à 29.
2
M. Hulme, Why we disagree about climate change, Cambridge University Press, 2009.
3
A. Ogien et S. Laugier, Pourquoi désobéir en démocratie, Paris, La Découverte, 2010.
4
* « Les puissances de l'indignation », entretien avec F. Lordon, Esprit, n°3-4, mars-avril 2016.
5
Bruno Latour, Où atterrir: comment s'orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017.

But de l’éducation chez Rousseau : faire des hommes.

Projet politique en plus que philosophique : N’est pas dit explicitement dans le texte,
mais on sait que ce sera le sujet car l’éducation de Rousseau n’est pas à un but
strictement personnel. Il est le propre de l’homme et doit être le propre de la société.

On dira donc que c’est une éducation « sociale » pour ne pas dire « politique ».

Comment prendre parti de nos émotions ?

Quelle importance accorder aux émotions pour changer le monde et notre vision du
monde ?

Q3 : Finalement, comment les émotions peuvent-elles changer la société ?

Q1 : de quoi parle-t-on ?  Quelles émotions peuvent avoir un rôle à jouer en


société ?

KNOPPS et FOESSEL se rejoignent car ils parlent de la colère, KNAPPS abordant en


particulier le cas de l’indignation face à la crise climatique

Q2 : Pourtant, ne faut-il pas les utiliser à bon escient ?

/ ! \ Après chaque question  Se demander si chaque auteur répond à la question

Q° initiale : on a « Nos émotions…. Vie sociale et politique »

Nos émotions influencent-elles notre vie sociale et politique ?  non parce que sinon on va
débattre de oui ou non.
Alors qu’on cherche à montre qu’elles influencent justement notre vie, et plus
particulièrement en sont bénéfiques.
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Q° I : Nos émotions peuvent-elles être bénéfiques pour notre vie sociale et politique 
acceptable, mais on peut faire mieux.

1. Quel problème les émotions posent-elles ?  non, il faut d’abord faire un constat (en
interrogeant leur nature) pour ensuite débattre de leurs potentiels problèmes
Quelles sont les émotions susceptibles d’avoir un impact sur notre vie sociale
2. Quel problèmes  non, Rousseau n’en parle pas de problème à proprement parler.
Ce serait plutôt une difficulté qu’il préconise de surmonter  un défi
En quoi leur utilisation s’avère-t-elle problématique ?  passe partout, mais trop simple
justement.
Quels défis nous contraignent-elles à surmonter ?  un peu lourd
Encore mieux : Comment les utiliser à bon escient ?

3. Finalement, quelle importance accorder aux émotions dans notre vie sociale ?  Vérifier
si ce n’est pas trop proche de la Q°1. Ca passe.
Ce que j’aurais fait : Q3 : Finalement, comment les émotions peuvent-elles changer la
société ?

On passe à la partie suivante :

Q1 :
ROUSSEAU : Empathie
FOESSEL : Colère
KNOPPS : Colère

Ajouter des clarifications

ROUSSEAU : Empathie  capacité intellectuelle à s’identifier à autrui  danger : peut-être


extrapolant du fait que l’empathie fait moins appel à l’intellect, à la « théorie », qu’au cœur.

FOESSEL : Colère  qu’il distingue de l’indignation en ce que l’indignation fait appel à la


raison, à un raisonnement.
KNOPPS : Colère  dans une autre terminologie, met en valeur cette indignation pointée du
doigt par FOESSEL, car elle serait aussi issue d’une réflexion (associé à un raisonnement sur la
crise climatique)

Q2 :

ROUSSEAU : Il faut pouvoir s’identifier à autrui  se mettre sur le chemin, s’éduquer pour ce
faire.
FOESSEL : Attention à la Colère vaine qui va du côté du scandale sans mener à des actions
KNOPPS : Ne pas tomber dans le désenchantement  découragement (terme changé pour
ne pas « coller » le texte)
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Q3 : Revenir aux émotions  reprendre des choses que je n’ai pas utilisées dans le texte,
éventuellement les rajouter dans les autres parties.

KNOPPS  on n’a pas parlé de réchauffement climatique  le rajouter dans le constat (d’un
réchauffement climatique)

ROUSSEAU : Empathie = central pour nos liens


N’est pas dit directement dans le texte
FOESSEL : Colère  envie de justice  débat
KNOPPS : Colère  touche les sentiments  fait réfléchir à condition de créer de nouveaux
désirs (enthousiasme)

FOESSEL et KNOPPS, quant à eux, dans une perspective + contemporaines, se concentrent sur
l’émotion de la colère, laquelle contrairement aux idées reçues n’est pas dénuée de
rationalité.
POUR LE 1ER, car s’inscrit dans un langage qui fait appel ) la raison
Pour le 2e, car le ressenti ne s’oppose pas au rationnel

Q2

Pour R, pour utiliser l’empathie a bon escient il faut savoir s’id aux autres, ce qui doit être le
but de l’éducation. Pour cela , il faut éviter les sentiments négatifs à l’égard d’autrui qui ne
font que resserrer le cœur
Pour FOESSEL, il faut distinguer une colère qui serait vaine et mènerait à un scandale qui ne
ferait que désigner des ennemis
Pour KNOPPS, la colère peut être une nouvelle manière de réfléchir à des sujets de société.
Néanmoins, s’il faut prendre garde à ce que cette indignation ne mène pas un
découragement et à l’inaction.

Q3.

Fidèle aux idéaux du XVIIIe R, met l’accent sur l’empathie qui doit s’exercer notamment sur
les pops mes + simples, les richesses risquant nous emprisonner et de créer une scission dans
la société
F et K ont pris conscience de l’influence de ce sentiment sur notre société actuelle

Pour le 1er,intérêt  dimension pluralistes qui pousse la pop à entrer dans un débat

Pour le 2e, intérêt  mène la pop à réfléchir, la colère ayant l’avantage d’invoquer notre
sensibilité pour nous toucher et nous faire réfléchir.

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