S. Droit Des Obligations Vol. I MULENDA
S. Droit Des Obligations Vol. I MULENDA
S. Droit Des Obligations Vol. I MULENDA
AVERTISSEMENT
Le cours de droit civil des obligations impressionne. Tant par
son abondance que par sa complexité. Celle-ci étant déduite de son aspect très
technique. En effet, l’enseignement de droit civil des obligations est truffé de
nombreuses notions subtiles dont la maitrise implique un inlassable effort de lecture et
de relecture. Aussi, l’étudiant devra –t- il régulièrement mettre ses notes à jour afin
d’en faciliter la lecture, l’analyse et l’assimilation. Il s’agit là d’un travail méthodique,
assidu et permanent qui ne peut se réaliser dans une tour d’ivoire personnelle.
INTRODUCTION GENERALE
Le mot « obligation » n’est pas, pour les étudiants de deuxième
année de graduat en droit, un concept nouveau. Il a déjà été rencontré dans l’étude des
principales branches du droit privé1, particulièrement dans la distinction entre le droit
personnel ou droit de créance et le droit réel. Le premier, on le sait, permet d’établir un
rapport entre deux personnes liées par un engagement quelconque (obligation, dette),
tandis que le second (droit réel) crée un rapport direct et immédiat entre une personne
et une chose.
1
Voir, a cet effet, PINDI MBENSA KIFU, cours polycopié d’Introduction générale à l’étude du droit privé,
UNIKIN, 2003-2004. p.47.
2
JEAN CARBONNIER, « Droit civil : les obligations », T.IV, PUF, 1994, p.17.
3
Voy M. PLANIOL, Traité élémentaire de droit civil, t, II, Paris, Librairie Cotillon,1900, p.55 et s. H. DE PAGE
Traité élémentaire de droit civil belge, t. II, 3éd, Bruxelles, BRUYLANT,1964, p.389 et s. ; J. FLOUR, J.L
AUBERT et E. SAVAUX, Droit civil. Les obligations, vol I, L’acte juridique, 9 éd, Paris, ; A. COLIN, 2000, p.1
et s ; A. BENABENT, droit civil les obligations, 3e éd. Montchrestien, Paris, 1991, p. 1 et s, A. SERIAUX,
Manuel de droit des obligations, 1éd, PUF, 2006, p.11 et s. P WERY, Droit des obligations, vol 1, Théorie
générale du contrat, éd Larcier, 2010 p. 9 et s.
4
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et les garanties générales du droit de créance. Autant des questions qui donnent à cet
enseignement « des vertus formatives », du reste, reconnues par la doctrine.
suite aux dommages causés à leurs semblables. La théorie des obligations fournit sur
toutes ces questions des principes de solution dont l’assimilation devra permettre à
chaque étudiant comme, du reste, à toute personne, de mieux assurer la défense de ses
intérêts en justice en tant que demandeur ou défendeur. C’est dire combien cette
discipline du droit positif congolais revêt une importance considérable et que
l’étudiant doit pouvoir l’apprendre non pas pour l’école mais pour la vie (non scolae
sed vitae discumus).
normalement être classé en première position dans le Code civil Congolais n’eut été la
volonté de Monsieur Octave LOUWERS, premier auteur des Codes auquel a succédé
Monsieur P. Piron, de suivre la présentation du Code Napoléon. C’est pourquoi ce
livre est aujourd’hui placé en troisième position (Livre III) après le livre des personnes
(Code civil congolais Livre I, aujourd’hui Code de la famille) et celui des biens (Code
civil Congolais Livre II, aujourd’hui loi foncière).13
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régimes des suretés telle que
modifiées par la loi n° 80/008 du 18 juillet 1980.
13
A cet égard, on pourra lire dans le Code Piron ce qui suit : « le décret du 30 juillet 1888 est précédé d’un
préambule conçu comme suit (…) 1. Formeront le livre premier du Code civil : des contrats ou des obligations
conventionnelles, les Titres I à XII dont le texte est annexé au présent décret comprenant 660 articles ». Mais les
rédacteurs du Code s’empresseront d’ajouter : « on le voit, nous n’avons pas respecté l’ordre indiqué par le
législateur, cet ordre n’étant plus logique depuis l’adjonction au Code civil des autres livres » (Code Piron, op.
cit, p.83).
14
Au même tire que les droits réels et les droits intellectuels.
7
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préférence. Par ailleurs, au contraire du droit de créance qui est un droit relatif parce
que le créancier ne peut réclamer sa prestation qu’au débiteur et à lui seul (sauf
opposabilité aux tiers des obligations en tant que faits sociaux) 15, le droit réel est un
droit absolu opposable erga omnes.
15
Ch. LARROUMET, Les obligations. Le contrat, t III, 2003,5éd. Paris, Ed. Economica, pp. 17-19.
16
Les droits réels accessoires( gage, hypothèque, privilège) servent de garantie à la bonne exécution d’une
obligation et celle-ci peut en tant que bien faire l’objet d’une appropriation (Voy V. SAGAERT, « Les
interférences entre le droit des biens et le droit des obligations : une analyse de l’évolution depuis le code civil »,
in Le droit des obligations contractuelles et le bicentenaire du code civil, ouvrage collectif sous la direction de P.
WERY, Bruxelles, la charte,2004 pp.353-396. D’où on peut parler du « propriétaire ou titulaire » de la créance.
17
Cet intitulé est différent de celui du livre III du Code civil Belge ainsi libellé : « Des différentes manières dont
on acquière la propriété ».
18
Depuis la dernière réforme du programme d’enseignement en Droit, les contrats usuels font désormais partie
du cours de droit des obligations.
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Par ailleurs, les liens entre le droit des obligations et les libertés
publiques au premier rang desquelles figurent les droits de l’homme ne peuvent être
occultés. Ces droits doivent être respectés tant par les pouvoirs publics (Etat) que par
les parties contractantes sous peine de voire invalider les engagements fondés sur leur
méconnaissance21.
un prêt consenti à une société par une personne moyennant un intérêt qui doit être
versé quels ques soient les résultats, bénéficiaires ou non, de l’emtreprise. Il est
d’ailleurs fréquent de voir l’Etat ou les entreprises lancer des emprunts obligataires
dans le public. On dira alors que l’on a en portefeuille des bons de trésor ou des
obligations, SNL, ONATRA, REGIDESO, ou autres.
dépositaire refuse de restituer la chose due, il peut être attrait en justice et être obligé
de s’exécuter.
b) L’obligation civile donne lieu à des prestations qui peuvent avoir plusieurs
objets ;
Ainsi donc, le Code civil congolais livre III attache des effets à
certaines obligations non garanties par l’Etat et par ses tribunaux.
39
Voy. Vocabulaire juridique de l’association Henri Capitant.
40
La conception extensive est également qualifiée de moralisante parce qu’elle tend à placer certains devoirs
moraux sous la protection de l’article 133 al2 du CCCLIII.
41
Ceci est très important au regard des enseignements de POTHIER selon lesquels les obligations naturelles qui
sont des liens de droit actuellement dépourvus de la sanction ne sont pas à confondre avec des simples devoirs
moraux non juridiquement sanctionnés. Quant à leur place, on notera que les obligations naturelles sont à cheval
entre les obligations civiles et les devoirs moraux (J CARBONNIER, op cit, p. 18).
42
D’autres conséquences sont attachées à l’obligation naturelle. Elle ne peut faire l’objet de compensation par le
débiteur contre son créancier. Elle ne peut donner lieu à un cautionnement valable étant donné que la caution ne
peut être autrement tenue que le débiteur principal.
16
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43
Elis, 12 juin 1948, R.J.C.B, 1948, p.137.
44
La Cour de cassation Belge estime à cet égard, que l’obligation prescrite subsiste comme obligation naturelle
(Cass., 14 mai 1992, Pas., 1992, I, p.798 ; Cass., 6 mars 2006, R.G.D.C, 2008, p. 343).
17
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- Obligations de conscience :
justice (pour le gagnant) de même que l’interdiction de restitution (pour le débiteur qui
a payé de lui-même) semblent être davantage justifiées par le fait que personne ne peut
faire valoir en justice un argument fondé sur l’action illicite. C’est en raison des
brocards : Nemo auditur…….et In pari causa turpitudinis cessat repetitio.
I. Obligation de donner
1. Définition
L’obligation de donner (ou de dare) est celle par laquelle le
débiteur s’engage à transférer, gratuitement ou moyennant une contrepartie, la
propriété d’un bien au créancier ou à constituer à son profit un droit réel sur ce bien52.
pouvant par ailleurs faire l’objet d’une condamnation sous astreinte. Cependant, le particularisme des obligations
monétaires ne doit pas être poussé à l’extrême, car il suffit de faire fi des règles particulières pour que ces
obligations soient soumises aux principes de droit commun des obligations.
52
P. WERY, op cit, p.25.
20
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53
Ainsi, pour montrer que le certificat d’enregistrement ne crée pas le droit de propriété, mais le consacre ou le
constate en vue de le rendre opposable aux tiers, il a été décidé notamment :
Qu’en cas de vente d’un immeuble non encore enregistré, le transfert de propriété à l’acheteur s’opère
dès le paiement par ce dernier du prix intégral convenu (C.S.J RPA 210, 2 février 1998, RAJC, 1998, 1 er
fascicule pp. 32-34, note DIBUNDA ; Voy, aussi, ville de Lubumbashi, 24 février 1967, RJC 1970, p.
197, G. KALAMBAY LUMPUNGU « vente d’une maison non enregistrée » ; ville Lubumbashi, 2é
dégré, 15 septembre 1967, RJC 1970, p. 91, note G. KALAMBAY LUMPUNGU. Lub, 12 nove. 1973,
RJC, 1974, p.91 et note DIBUNDA KABUNJI ; ILUNGA KALENGA, note sur la vente publique des
biens immobiliers non enregistrés, RJZ, 1985, p.16) ;
Que les ventes successives d’immeubles non suivies de mutation ne sont pas opposables aux tiers, mais
sont parfaites entre parties par le seul accord de leur volonté sur la chose et sur le prix. La vente de
l’immeuble de l’acquéreur est licite, encore que l’immeuble reste inscrit au nom de premier vendeur
(Léo, 8 octobre 1946, RJCB, 1947, pp. 236-237) ;
Que l’enregistrement ne confère pas le droit de propriété, mais il le constate officiellement de façon à le
rendre inattaquable ; l’acte translatif du droit de propriété est le pacte de la vente, lequel renferme la
volonté des parties et fait la loi de celles-ci (Kin, RCA 788, 25 Août 1977, in KENGO wa DONDO,
Mercuriale, op. cit, p.36) ;
21
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stipule que la propriété des biens s’acquiert et se transmet par donation entre vifs, par
testament, par succession et par convention.
Mise en garde :
En effet, les articles 37 al.1 et 264 du Code civil livre III n’étant
pas d’ordre public, les parties peuvent y déroger en décidant de différer la
transmission de la propriété. C’est le cas notamment lorsque les parties
subordonnent le transfert de propriété au paiement intégral du prix ou lorsque le
transfert de propriété de l’immeuble vendu est reporté jusqu’au moment de la
passation de l’acte authentique de vente.
Du libellé de cette disposition, il ressort que les risques sont, en principe, transférés
au même moment que la propriété suivant l’adage « Res perit domino » que les
54
Voy. Le petit Larousse illustré, 2001, p.895.
23
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auteurs traduisent comme suit : « la chose périt à la charge (aux risques) de son
propriétaire».
Exceptions
- La mise en demeure :
55
La mise en demeure s’oppose à la réclamation amiable d’une dette en ce qu’elle traduit la volonté du créancier
d’attacher les conséquences juridiques à l’inexécution de son obligation par le cocontractant. Si l’inexécution
continue le créancier peut saisir la justice.
24
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Nous aurons l’occasion de revenir sur cette règle qui est fondée
sur l’idée de cause entendue comme contrepartie. En effet, l’une des parties ne
s’étant engagée que pour obtenir la prestation de l’autre, elle sera libérée si cette
prestation n’est plus en mesure d’être fournie à la suite par exemple, du cas fortuit ou
de la force majeure. On dit alors que son obligation est dépourvue de cause et elle en
est libérée.
b) La livraison de la chose :
56
Elis, 2 février 1917, RJCB, 1932, p.56 ; Leo, 04 octobre 1928, jur. Col., 1929, p. 210 avec note ; Léo, 29 juin
1943, RJCB, 1944, p.22.
25
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c) La conservation de la chose
57
P. WERY, op cit., p.474.
26
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- Observation
58
Pour déterminer les soins que le créancier peut attendre de son débiteur, le juge doit aussi tenir compte du
caractère bénévole ou non de l’engagement de ce dernier. Il sera alors plus exigeant envers un débiteur qui
fournit ses services à titre onéreux qu’à celui qui est engagé dans un contrat à titre gratuit.
27
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1. Obligation de faire
qui l’a déterminé en asseyant de faire le rapprochement entre les articles 1137 et 1147
du Code civil français (36 et 45 du Code civil Congolais livre III) pourtant situés en
des sections différentes60.
- Obligation de résultat
La non obtention du résultat promis crée une présomption de faute dans le chef du
débiteur à moins pour ce dernier d’apporter la preuve d’une cause étrangère élisive de
responsabilité.
- Obligation de moyens62
60
B. DUBUISSON, « questions choisies en droit de la responsabilité contractuelle », in La théorie générale des
obligations, Liège, formation permanente CUP, vol 27, 1998, p.99 et s ; R.DEMOGUE, Traité des obligations en
général, t. V, Paris, 1925, p.536 et s.
61
Certains auteurs parlent parfois des « obligations déterminées »pour désigner celles de résultat et des
« obligations générales de diligence et de prudence « qui correspondent aux obligations de moyen.
62
Une certaine doctrine se contente d’utiliser le terme « moyen » au singulier. Mais le pluriel nous semble plus
indiqué, car il s’agit de tous les moyens dont un père de famille peut s’engager à mettre en œuvre dans
l’accomplissement de son obligation.
29
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36). En témoigne l’obligation du médecin envers son patient ou de l’avocat envers son
client63.
- Obligations accessoires
Mais, ces cas ne sont pas les seuls à créer des obligations. On
peut également être obligé envers autrui en raison d’un quasi-délit (faute d’imprudence
ou de négligence) ou d’un quasi-contrat (par exemple, un paiement indu).
actes accomplis volontairement par l’homme en vue de faire naître des effets
juridiques (créer un droit, modifier un droit, transférer un droit ou étendre un droit). Il
s’agit généralement des contrats ou des actes juridiques unilatéraux. Les faits
juridiques a contrario sont de deux sortes : certains émanent de la volonté de
l’homme sans que ce dernier ait manifesté son intention de produire des conséquences
sur le plan juridique (exemple, les quasi-délits) tandis que d’autres entraînent des
conséquences juridiques en dehors de toute volonté humaine (la mort, la naissance, la
prescription, etc.)
C. Observation
En pratique, la classification des obligations d’après leurs
sources se fonde généralement sur la distinction entre obligations conventionnelles
(contractuelles) et obligations non conventionnelles (délictuelles, quasi-délictuelles et
quasi-contractuelles nommés). Mais, il existe d’autres sources des obligations telles
que l’enrichissement sans cause, la théorie de l’apparence ou de la confiance légitime,
l’engagement par déclaration unilatérale de volonté, etc.… Autant de sources que la
doctrine et la jurisprudence (particulièrement française), considèrent aujourd’hui
comme causes des obligations.
quasi-contrat innommés. Ainsi, dans son arrêt du 6 septembre 2002, la chambre mixte
de cette Cour a décidé sur pied de cette disposition (art.1371) que : « l’organisateur
d’une loterie qui annonce un gain à une personne dénommée sans mettre en évidence
l’existence d’un alea s’oblige, par ce fait purement volontaire, à le délivrer »67.
67
Bull, 2003, I, p. 64, GAZ. Pal. 2002,jur., p. 1725 avec les conclusions du premier av. gén. R. DE GOUTTES,
D., 2002, p. 2963, note D. MAZEAUD, D, 2002, jur.; Actualité jurisp, obs. E. SAVAUX, J.C.P., éd, G., 2002,
II,101173, p. 2020, note S. REIFERGESTRE.
68
Bull, Cass, 2003, I, p. 64, n°85.
69
F. GLANSDORFF et P. LEGROS, « La réparation du préjudice subi par l’auteur d’un acte de sauvetage »,
note sous Civ. Bruxelles, 20 févier 1970, R.C.J.B, 1974, p. 79.
70
P. WERY, op cit, p.35.s
33
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civil, très peu de dispositions de ce livre relatives aux obligations ont été abrogées 71à
tel enseigne qu’en ce début du 21è siècle, notre droit des obligations ressemble plus ou
moins à ce qu’il était à l’époque du Code Napoléon (1804)72.
71
Il s’agit en réalité d’un euphémisme commandée par la prudence, car à notre connaissance, aucune disposition
du livre III du Code civil n’a à ce jour été abrogée. Néanmoins, certaines modifications sont à signaler
notamment, à l’article 260 où un alinéa 6a été introduit par la loi du 05 janvier 1973 sur l’assurance automobile
obligatoire.
72
En Belgique, par exemple une vingtaine de modifications ont été enregistrées à ce jour. Elle concerne les
articles 1124, 1125, 1152, 1153,1244, 1308,1309, 1312, 1319, 1331, 1341 à 1345, 1351, 1384 et 1386 bis.
73
Article 38 de l’ordonnance du 15 mars 1933 relative aux substances toxiques et vénéneuses. Code Piron, III,
p.680 et article 151 du décret du 28 juillet 1938 relatif à la police sanitaire des animaux domestiques, Code
Piron, III, p.294.
74
On notera, qu’à ce jour, la RDC n’a pas encore déposé au secrétariat de l’OHADA, les instruments de
ratification du dit Traité.
34
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75
Cette commission fut créée le 12 juin 1971 par le Parlement (Conseil législatif) de l’époque mobutienne. Et
plus, particulièrement par la loi n°71/002 du 12 juin 1971 relative à la création d’une « Commission de Réforme
et d’Unification du Droit Civil Zaïrois », M.C, 1971, Ed. prov., 8. Depuis la loi n°76/017 du 15 juin 1976, la
commission s’appelle « Commission permanente de Réforme du Droit Congolais », J.O, 1976, 791.
76
M. FABRE-MAGNAN, droits des obligations, Paris, PUF, 2008, p. 126 et s.
77
P. CATALA, « Bref aperçu sur l’avant-projet de réforme du droit des obligations », D, 2006, chr. 535.
35
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a) Ouvrages congolais
Sur un certain nombre de questions fondamentales ces traités sont encore d’actualités.
78
P. –A. FENET, Recueil complet des travaux préparatoires du code Civil, Osnabrück, ottozelle, 1968
(réimpression de l’éd. De 1827).
37
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Trois sources des obligations ont été adoptées dans cette étude
(contrats, délits et quasi-délits et quasi-contrats). Nous commencerons par l’étude du
contrat en tant que phénomène omniprésent dans la vie quotidienne.
38
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TITRE I : LE CONTRAT
a) Contrat et obligation
Tel que repris à l’article 1er précité et, comme nous l’avons
souligné précédemment, le Code civil livre III ne définit pas la notion du Contrat. On
dirait même qu’une certaine confusion est malheureusement créée par le Code entre la
notion du contrat et celle de l’obligation parce que c’est l’obligation qui a pour objet
de donner, de faire ou de ne pas faire quelque chose. Le contrat, quant à lui, n’est
qu’une source des obligations parmi bien d’autres 79 . Il se définit comme un accord de
volontés en vue de créer, de modifier, de transférer ou d’éteindre des obligations.
On voit donc que la définition du contrat donné à l’article I du Code se rapporte plutôt
à la notion de l’obligation qu’à celle du contrat. Le texte de la loi confond à cet égard
contrat et obligation et cette confusion se prolonge dans tout le titre I (Des contrats ou
des obligations conventionnelles en général) qui met ensemble les règles générales
applicables aux contrats et celles applicables aux obligations.
b) Contrat et convention.
Un autre problème que suscite l’article I du Livre III du Code
civil est celui de la distinction entre contrat et Convention. Car, en pratique, on a
souvent tendance à confondre les deux notions.
englober ces différentes notions, il n’en est pas de même du contrat qui est un type
particulier des conventions en ce qu’il a pour but de produire des effets
juridiques (créer, modifier, transférer ou éteindre des obligations).
D’où le schéma
CONVENTION
80
Car la convention qui est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes en vue de faire quelque
chose peut être mondaine, amicale ou porter sur n’importe quoi alors que le contrat ne vise que la convention
créatrice d’obligations (que l’on qualifie de convention obligationnelle) Voy. dans le même sens, A.
CONTRAT
BENABENT, Droit civil. Les obligations, 3e éd. Montchrestien, Paris, 1991, P. 7.
41
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81
POTHIER, « Traité des obligations », in Œuvre de R.-J POTHIER, t.I, 1829, p.2, n°3, DOMAT, Les lois
civiles dans leur ordre naturel ; le droit public, et legum delectus, t.I, nouvelle édition, Paris, Theodore de Mansy,
1745.
82
Voy not . J. CARBONNIER, Droit civil, t. IV, les obligations, 2000, p. 50 ; J. GHESTIN, La formation du
contrat, op cit, 1993, p. J-L. AUBERT et E. SAVAUX, op cit, t. I, 2000, P. 53.
42
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
contrat collectif (conclu, en vue de certains intérêts, par certains individus mais qui
s’imposent à toutes les personnes englobées dans lesdits intérêts collectifs).
Les effets juridiques que produit le contrat sont donc voulus par
les parties en vertu du principe de la liberté contractuelle que nous étudierons au
second paragraphe de cette section. C’est également en vertu du même principe que les
parties peuvent refuser de donner à leur accord un but purement juridique. La
méconnaissance d’un tel accord ne peut alors être invoquée en justice que ce soit
devant les cours et tribunaux ou devant l’arbitre.
A. Notion
L’autonomie de la volonté est le principe selon lequel, en
matière contractuelle, la volonté des contractants est toute puissante. On est lié dans
un contrat par ce qu’on a voulu et parce qu’on l’a voulu. Ce principe conforme à
l’idéologie individualiste de 1804 est celui qui a inspiré les rédacteurs du Code civil. Il
est exprimé chez nous à l’article 33 alinéa premier selon lequel « Les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ». Autrement dit,
lorsque les parties ont conclu leur engagement conformément à la loi, elles sont liées
par cet engagement qui devient, pour ainsi dire leur propre loi.
B. Atténuations au principe.
44
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
1. Limitations classiques
N.B. le caractère impératif d’une loi apparait souvent à sa formulation (manière dont
elle est libellée). Par exemple, nul ne peut…, sont nuls et de nul effet…
2. Limitations modernes.
division parce que la doctrine présente encore d’autres distinctions parmi les contrats
(contrats principaux et contrats accessoires ; contrats-cadres et contrats d’application ;
contrats nationaux et contrats internationaux ; contrats de gré à gré et contrats
d’adhésion, etc.).
A. Notions
Aux termes de l’article 7 alinéa 1 er du Code civil congolais livre
III, les contrats, soit qu’ils aient une dénomination propre, soit qu’ils n’en aient
pas, sont soumis à des règles générales, qui sont l’objet du présent titre.
B. Intérêt de la distinction.
L’intérêt de cette distinction générale des contrats réside dans le
choix de la règle applicable en cas de litige. Pour les contrats nommés, on appliquera
92
Avec les temps certains contrats innommés peuvent retenir l’attention du législateur et basculer ainsi dans la
catégorie des contrats nommés lorsqu’ils sont réglementés par lui.
93
Il faut toutefois se garder de la tentation de ranger les autres contrats parmi les « contrats innommés ». Car
certains contrats qualifiés comme tels peuvent facilement être considérés comme des contrats nommés. Ainsi le
contrat de parking peut être ramené selon le cas à un contrat de location portant sur un espace (emplacement
donné) ou à un contrat de dépôt à titre onéreux. Le contrat informatique peut être regardé comme un contrat
d’entreprise ou un contrat de bail.
48
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
principalement, à défaut des stipulations contraires des parties, les règles propres à
chaque contrat (lesquelles ont un caractère propre supplétif). Le droit commun des
contrats que d’aucuns qualifient de « théorie générale des contrats » ne peut ici être
invoqué qu’à titre subsidiaire.
a) Notions
Les contrats synallagmatiques et unilatéraux sont respectivement
définis par le Code civil aux articles 2et 3.
94
Bien que l’article 2 consacre également le terme « bilatéral » pour designer le contrat synallagmatique, on doit
remarquer que la plupart d’auteurs lui préfèrent le dernier. Même si pour Henry DE PAGE, l’expression contrat
synallagmatique constitue une tautologie (H. DE PAGE, traité, t. II, 1964, p.415).
49
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
95
Il en va autrement du dépôt et du mandat rémunérés qui sont des contrats synallagmatiques.
50
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
- L’autre intérêt que présente cette distinction réside dans la notion de cause des
obligations. Dans les contrats synallagmatiques, l’interdépendance des obligations
naissant à charge de chacune des parties implique qu’elles se servent réciproquement
de cause. Si l’une des parties n’exécute pas ses prestations, l’autre peut en faire autant
en invoquant « l’ exceptio non adimpleti contractus ».
96
H. DE PAGE, Traité, t. II, 1964, p. 419.
97
J. – FLOUR, J. L. AUBERT et E. SAVAUX, Droit civil. Les obligations, vol. I, l’acte juridique, 9e éd., Paris,
A. Colin, 2000, p. 66.
98
Nous disons moins correctement. Car, tel qu’il est rédigé, le texte de l’article 5 comporte une tautologie
consistant à dire qu’ « est à titre gratuit (de bienfaisance) ce qui est à titre gratuit ». (Voir dans ce sens J.
CHAMPEAUX, Etude sur la notion juridique de l’acte à titre gratuit en droit civil français, thèse de doctorat,
Strasbourg, Macon, 1931, p.1.
99
En effet, les termes « assujettit chacune des parties à donner ou à faire quelque chose » caractérise, en réalité,
le contrat synallagmatique (voy. L. JOS SERAND, cours de droit civil positif français, t. II ; 26e éd., Paris, Sirey,
1933, p. 16.)
52
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
d’un contrat à titre gratuit. Il trouve sa contrepartie dans les achats qui serons effectués par les clients. De même
l’agence immobilière qui offre un voyage gratuit à KANANGA à l’acquéreur d’un terrain à « MPASA » conclu
avec celui-ci non pas un contrat à titre gratuit mais plutôt à titre onéreux.
102
J.CHAMPEAU, op cit, 1931 ; M. BOITARD, les contrats de services gratuits, préface de P. ESMEIN, Paris,
Sirey, 1941 ; J.-J. DUPEYROUX ; contribution à la théorie générale de l’acte à titre gratuit, Paris, LGDJ, 1955 ;
J-F. OVERSTAKE, op cit, 1969, p. 205 et s.
103
A. COLIN et H. CAPITANT, Cours élémentaire de droit civil français, t. II, 7e éd, Paris, Dalloz, t. II, 1932,
p.13 ; H.L. AUBERT et E. SAVAUX, op cit, 2000, P. 58.
104
J. CHAMPEAUX, op cit, 1931, p.6
105
Ainsi jugé que « Quand les services sont rendus gratuitement, le juge peut, par application de l’article 533,
être moins rigoureux (Ière Inst. Elis, 11 février, 1926, Jur. KAT, II, p. 146).
54
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Contrat commutatif.
Exemple :
Contrat aléatoire
Exemple :
106
B. DUBUISSON, « Les contrats aléatoires », J.T. Bicentenaire du Code civil 1804 -2004, 2004 p. 327 et s.
107
L’article 1964 (du Code civil belge qui n’a pas d’équivalent chez nous) définit le contrat aléatoire comme une
convention réciproque dont les effets, quant aux avantages et pertes, soit pour toutes les parties, soit pour l’une
ou plusieurs d’entre elles, dépendent d’un événement incertain ».
55
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B. Intérêt de la distinction
A. Notions
- Contrats consensuels
Le contrat consensuel est celui qui se forme « solo consensu »,
c'est-à-dire, par le seul accord des volontés des parties sans que ces dernières ne soient
obligées de respecter la moindre formalité. Leur seul échange des consentements suffit
à donner naissance à la convention. Ce principe se déduit non seulement de la règle
108
En vertu du principe selon le quel : « l’aléa chasse la lésion ». Mais, cette affirmation peut être aujourd’hui
remise en cause par la « science des probabilités». En effet, grâce au calcul des probabilités, on peut évaluer les
chances de survenance de l’événement aléatoire et calculer la contrepartie due de façon à équilibrer les
prestations (exemple, en matière d’assurance, la prime est souvent calculée en fonction du taux de probabilité de
réalisation du risque assuré).
109
SOHIER, Nov. dr. Col. T.IV, n°43.
56
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Exemple, le contrat de vente. Dès que les parties se sont mises d’accord sur la chose,
objet de la vente et sur le prix, le contrat est conclu au même moment 110. C’est le
principe du consensualisme (solus consensus obligat).
- Contrats solennels
Le contrat solennel est celui dont la conclusion est subordonnée,
par la loi, à l’accomplissement de certaines formalités. En effet, le consensualisme
étant le principe de base en matière contractuelle, seul un texte légal peut imposer aux
parties une exigence de forme. Ainsi donc, le formalisme solennel consiste le plus
souvent en l’établissement d’un écrit pour la validité du contrat. Sans écrit, Pas de
contrat113. Les parties sont ici obligées, à peine de nullité de leur accord, de couler
celui-ci sous une forme obligatoire alors que dans un contrat consensuel, aucune forme
ne leur est imposée. Car, le consensualisme ne veut pas dire absence d’écrit. Il signifie
simplement que les parties sont libres d’établir un écrit ou pas. Ce qui n’est pas le cas
du contrat solennel dans lequel le Code civil pousse parfois l’exigence jusqu’à
imposer la rédaction d’un acte notarié.
110
Article 264 du CCC LIII.
111
E. MONTERO et M. DEMOULIN, « La formation du contrat depuis le Code civil de 1804 : un régime en
mouvement sous une lettre figée », in le droit des obligations contractuelles et le Bicentenaire du Code civil (éd.
P. WERY), Bruxelles, la charte 2004, p. 107 et s.
112
H.DE PAGE, Traité, t. II, 1964, p. 423 et s.)
113
C’est ici la différence avec le contrat consensuel pour lequel l’existence d’un écrit est facultative. Dans un
contrat solennel, l’écrit est obligatoire pour qu’un contrat soit valable. Bien plus, on doit se garder de la
confusion pouvant exister entre le formalisme solennel dont dépend l’existence du contrat et d’autres types de
formalisme comme le formalisme probatoire (servant de preuve) et le formalisme d’opposabilité ou de
publicité. Dans ces derniers cas, le contrat reste « consensuel »en dépit d’autres formalités jugées non
solennelles.
57
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-Contrats réels.
Le contrat réel est celui qui exige pour sa formation, outre
l’échange des consentements, la remise par l’une des parties à l’autre de la chose, objet
du contrat. Exemple, le prêt, qu’il soit à usage ou de consommation (art 448 et s)
n’existe que par la remise, à l’emprunteur, de la chose empruntée. Il en va de même
pour le dépôt (article. 482 et s), le gage (art 519 et s) et la vente à tempérament (à
crédit). Cette dernière, est, en droit belge, devenue aux termes de l’art 45, §2 de la loi
du 12 juin 1991relative au crédit à la consommation, un contrat réel puisque celle-ci ne
peut avoir lieu, par dérogation à l’article 1583 (264 du CCC LIII), que par le paiement
d’un acompte d’au moins 15%( remise de la chose).
B. Intérêt de la distinction
A. Notions
Un contrat instantané ou à exécution instantanée est celui qui
donne naissance à des obligations qui peuvent être exécutées en une seule fois. Par
exemple, la livraison de la chose dans la vente : j’achette des bananes ; la vendeuse me
les livre, le contrat prend fin. On dit alors que ce contrat est instantané. Il en va de
même pour l’échange et le mandat lorsqu’ils portent sur une seule opération.
116
Dans le même sens, P.WERY, op cit, p. 78.
59
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B. Intérêt de la distinction.
Ainsi, on distingue :
- Les contrats de libre discussion, les contrats d’adhésion, les contrats types et les
conditions générales d’affaires d’une part, et.
- Les contrats individuels et les contrats collectifs d’autre part.
60
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117
Dans le même sens PINDI MBENSA KIFU, Réglementation juridique des clauses abusives dans les
conditions générales de vente en droit congolais. Etude de droit comparé, Thèse de Doctorat, Kul, 1979.
118
R. SALEILLES, De la déclaration de volonté : contribution à l’étude de l’acte juridique dans le Code civil
Allemand (art. 116 à 144), Paris, Pichen, 1901, p.129.
119
J. CARBONNIER, op cit, p. 64.
61
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N.B. les contrats types sont parfois qualifiés « d’actes - condition » ou « actes
réglementaires ». Car, la formule préconstituée ne pourra entrer en application
effective qu’à condition d’être reprise par des consentements individuels.
120
J. CARBONNIER, op cit, p. 67. A noter que le contrat d’adhésion ne peut être confondu avec le contrat forcé
ou imposé où il existe une obligation de contracter, c'est-à-dire, de conclure le contrat (ex. le contrat d’assurance-
responsabilité civile imposé à tout propriétaire du véhicule automoteur. Le contrat d’adhésion par contre, même
s’il porte atteinte à la liberté contractuelle reste un contrat comme les autres. La partie est libre d’adhérer ou pas.
Car, c’est à prendre ou à laisser.
121
J. LEAUTE, Les contrats types, in Rev. Trim. De civ, 1953, p. 430 N°1.
62
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1. Notions
Les conditions générales d’affaires visent en général les clauses
rédigées d’avance et unilatéralement (dans les formules très étudiées) par des grandes
entreprises (assurances, banques, transports maritimes, etc.) et qui devraient,
ultérieurement s’appliquer de plano à tous les contrats individuels passés avec la
clientèle122.
122
J. CARBONNIER, op cit, p.66. Les conditions générales ne sont pas l’apanage de grandes entreprises. Elles
peuvent également être élaborées par des organismes publics chargés d’assurer la protection des parties faibles
ou qui ne représentent aucune des parties.
63
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SECTION I : LE CONSENTEMENT.
Le législateur n’a pas pris soin de définir le consentement.
Cependant, ce mot peut être considéré dans deux sens différents. Le premier
correspond à son étymologie latine « cum-sentire » qui désigne la rencontre des
volontés des parties au contrat, c'est-à-dire, leur accord des volontés. Dans le
second sens, le consentement signifie la volonté de contracter d’une partie. C’est
123
Cela ne veut pas dire que le contrat qui ne remplit pas les conditions exigées par l’article 8 soit inexistant.
L’absence de l’une des conditions légales sus énumérées rend seulement le contrat annulable. Autrement-dit, le
contrat existe, mais il a une infirmité qui doit normalement entraîner sa nullité (absolue ou relative). Donc, les
quatre conditions susdites sont plutôt des conditions de validité et non d’existence du contrat.
65
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dans ce dernier sens que le mot est utilisé par le Code civil à l’article 8 lorsqu’il parle
du consentement de la partie qui s’oblige124.
contracter ou pas. C’est dire combien le consentement doit émaner de toutes les
parties au contrat pour donner à celui –ci la valeur juridique qu’il requiert.
b) Représentation autorisée
126
Article 8 : « Quatre conditions sont essentielles pour la validité d’une convention : 1er le consentement de la
partie qui s’oblige (…) ».
127
P. WERY, Le mandat, Rép. not., 2000, p. 61 et s.
67
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Hypothèse de représentation
- Cas du mandataire chargé de vendre le bien d’autrui et qui l’achète pour son
compte personnel.
- Cas du même gérant qui contracte au nom de deux sociétés qu’il représente :
MASHAKO, ministre de l’ESU et MASHAKO, Administrateur de la clinique
EMERAUDE.
128
Cass., 7 déc. 1978, Pas, 1979, I, p. 408 ; Cass., 18 mars 2004, Pas., 2004, I, p. 458, R. W, 2004-2005, p. 303,
note SMETS.
68
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- Généralités
Le Code civil congolais livre III ne contient pas une
réglementation d’ensemble des promesses de contracter. Une seule allusion y est faite
à l’article 270 d’après lequel « la promesse de vente vaut vente, lorsqu’il y a
consentement réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix ».
129
P. WERY, Le mandat, Rép. not., 2000, pp . 157 -158.
130
A. BENABENT, op cit., pp. 32-33.
69
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résultent lorsqu’on les considère parfois toutes comme des contrats préparatoires sont
nombreuses131.
- L’offre ou la pollicitation
- La promesse unilatérale de contrat
- La promesse bilatérale de contrat
- Le pacte de préférence.
L’offre ou la pollicitation
131
Les promesses de contrat sont à distinguer des pourparlers qui constituent une phase préliminaire et
facultative à la conclusion du contrat. Ici, il n’y a ni contrat, ni engagement à contracter. Les parties négocient
encore sur les conditions du contrat. Pour cela, elles font des propositions et des contre-propositions destinées à
jeter les bases du futur accord.
132
H. DE PAGE, Traité, t. II, 1964, p. 494. Voy. Aussi sur la sujet : H. DE PAGE, Traité, t. IV, 4e éd. Par A.
MEINERTZHAGEN – LIMPENS, 1997, p. 368 et s. L. BARNICH, « La vente immobilière : difficultés de la
promesse de vente d’immeuble », in X, La vente, sous la direct. de B. TILEMAN et P.A FORIERS, Série
« Droit et Entreprise », N°4, Bruges, Die Revue, 2002, p. 197 et s ; L. COLLIN, « Les dangers de l’offre d’achat
ou de la promesse de vente », in Le compromis de vente. Aspects civils et fiscaux, Série « Patrimoines et
Fiscalités », L.L.N Anthémis, 2006, p. 7 et s.
70
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Exemple, une promesse bilatérale de vente vaut vente, une promesse bilatérale de bail,
vaut bail, etc.
Le pacte de préférence
1. Notion
Prélude aux conventions les plus diverses (bail, prêt, gage)
même si, en pratique, il se rapporte généralement à la vente d’immeuble, le pacte de
préférence peut être défini comme un contrat par lequel une personne s’engage à
conférer à l’autre partie un droit de préférence pour la conclusion d’une autre
convention, à prix égal et à des conditions identiques à ceux proposés par des tiers
éventuellement intéressés. Exemple, le propriétaire d’immeuble peut s’engager à le
vendre en priorité au bénéficiaire du droit de préférence (en l’occurrence le preneur) à
condition que ce dernier puisse formuler, à cet égard, une offre identique à celle du
133
Brux, 17 octobre 2003, Res iur. Imm, 2004, p. 212.
134
A noter que la promesse unilatérale de contracter étant un contrat unilatéral est donc soumise au délai de
prescription de trente ans à moins que les parties en décident autrement. Par ailleurs, elles sont soumises au
principe de consensualisme si aucun écrit n’a été exigé par les parties.
71
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tiers intéressé. Il en est de même d’un associé qui peut promettre de ne céder, par
priorité, ses parts qu’à l’un de ses coassociés.
139
Cass., 27 avril 2006, R.G.D.C., 2008, p. 507 en droite ligne de Cass., 30 janvier 1965, R.C.J.B, 1966, p. 77,
note J. DABIN.
140
Cass., fr, ch., mixte, 26 mai 2006, Rev. trim. dr civ., 2006, p. 550, ob. J. MESTRE et B. FAGES ; Cass., fr.
Civ. (3e ch.), 14 fevrier 2007, Rev. trim. dr. Civ., 2007, p. 768, obs. B. FAGES.
73
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Dans le monde actuel dominé par les affaires, il n’y a plus assez
de places pour les tractations. Beaucoup de contrats se concluent donc sans débat et
n’en demeurent pas moins valables. On ne peut, en effet, discuter du prix de voyage
avant de prendre place dans un train ou dans un avion de même qu’on ne peut débattre
avec une banque du règlement général des conditions du crédit dans le sens plus
favorable au client.
75
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
qu’il soit besoin (sauf pour les contrats solennels et réels) de respecter la moindre
formalité.
2) Eléments du consentement
Il important de signaler en outre que le consentement exigé pour
la formation du contrat comporte deux éléments :
contradiction entre volonté réelle (intention de vendre le bien à son vrai prix) et la
volonté déclarée (prix inferieur donné) qui se traduit par l’absence de volonté dans le
chef du propriétaire. Cette absence de volonté devra l’amener à solliciter la nullité du
contrat devant le juge alors que le cocontractant (acheteur) voudra lui, absolument
conserver le bien acquis au prix déclaré.
Cette réflexion peut être aussi faite pour les contrats conclus par
téléconférence ou par valise satellitaire.
145
Voy. J. HEENEN, « l’acceptation de l’offre de contracter faite par correspondance », note sous Cass., 16 juin
1960, RCJB, 1962, p. 303 et s. H. DE PAGE, Traité, t. II, 1964, p. 524 et s., J. GHESIN, La formation du
contrat, Traité de droit civil, sous la direction de J. GHESTIN, op-cit, 1993, p. 319 et s. ; C. DELFORGE, op-cit,
« L’offre de contracter et la formation du contrat (2 e partie) », RGDS, 2005, p. 18 et s. ; E. MONTERO, op cit.,
Obligations, Traité théorique et pratique, Waterloo, KLUWER, suppl. 11 (mars 2007), p. II. 1. 4.
80
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Puisque nous avons dit que pour qu’un contrat puisse voir le
jour, une partie doit prendre l’initiative de formuler une offre que l’autre partie devra
agréer ou pas, il va de soi que la rencontre de leurs volontés se réalisera au moment de
l’acceptation de cette offre.
b) L’offre ou la pollicitation
1. Définition.
La notion de l’offre a fait l’objet de nombreuses définitions. Du
lot de celles-ci, on peut retenir celle de C. DELFORGE jugée plus concise et précise.
D’après ce doctrinaire, « l’offre ou la pollicitation est une déclaration unilatérale de
volonté par laquelle une personne s’engage à conclure un contrat aux conditions
qu’elle précise »146.
2. Caractères de l’offre.
Qu’elle soit immédiate ou qu’elle constitue le fruit d’un
cheminement plus long de son auteur, la proposition unilatérale de contrat est
subordonnée à trois caractères (conditions) cumulatifs ci-après :
- Fermeté ;
- Précision ;
- Exteriorisation.
147
En effet, la proposition d’entrer en pourparlers ne précise pas les éléments essentiels du contrat et n’exprime
pas une ferme volonté du proposant de conclure le contrat. Elle se limite à informer le destinataire que celui qui
l’a émise est disposé à discuter les termes du contrat. L’exemple classique que l’on donne est celui des affiches
apposées sur la façade d’un bâtiment et indiquant que celui-ci est « à louer » ou « à vendre ».
148
Voy. Notamment Fr. t’ KINT, « négociation et conclusion du contrat », les obligations contractuelles,
conférence du Jeune Barreau, Brux, 1984, p. 33 ; Y. SCHOENTJES-MERCHIERS, « propositions, pourparlers
et offres de vente », note sans Cass., 23 sept. 1969, RCJB, 1971, p. 229, n°10. Voy. aussi Brux (9e ch), 25 oct.
2001, R.N.B, 2002, pp. 233 et s ; M. VANWIJCK-ALEXENDRE et A. MAHY – LECLERCQ « le processus de
formation du contrat : aspects juridiques », in La négociation immobilière : l’apport du notariat, Bruxelles,
Bruylant, 1998, p. 150, n°29 ; J. FLOUR et J. AUBERT, Les obligations, I, l’acte juridique, Armand COLIN,
Paris, 5eme éd, 1991, p. 101 ; T. STAROSSELETS, « Offre et acceptation : principes et quelques questions
spéciales », in Le processus de formation au contrat, C.U.P, sept. 2004, vol. 72, p.14, n°5.
149
La fermeté est considérée comme un élément subjectif de l’offre. Elle est distincte de la précision, laquelle
constitue l’élément objectif de la pollicitation.
82
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
La précision de l’offre
N.B : les éléments essentiels ou essentialisés de l’offre ne peuvent être confondus avec
les éléments accessoires, qui d’après la doctrine traditionnelle, ne doivent pas
nécessairement figurer dans l’offre et faire l’objet d’accord par les deux parties.
150
L’exigence de fermeté pose également la question de savoir si on peut qualifier d’offre « une proposition de
contrat faite avec réserve ». La doctrine classique enseigne que le fait pour l’offrant d’émettre des réserves à son
offre ne prive pas l’offre de sa qualification juridique. L’offrant reste ici lié dans les limites de son engagement.
Sauf si la réserve est formulée de façon très générale et touche l’objet du contrat ou une condition qui lui est
essentielle ou substantielle à telle enseigne que la fermeté exigée par l’offre vient à faire défaut. Il en est de
même du proposant qui soumet la conclusion du contrat à sa seule volonté ou discrétion (réserve subjective).
Alors que l’offre a pour effet notamment de conférer au destinataire « un droit » de former le contrat par sa
seule acceptation.
N.B : si le proposant a soumis la conclusion du contrat à des conditions objectives qui peuvent être vérifiées
(réserves objectives) et qui ne dépendent pas de sa seule volonté, on peut aisément parler d’une offre. Exemple,
le vendeur qui subordonne la conclusion du contrat à la preuve de solvabilité du destinataire (cas du contrat
conclu via internet) ou du pollicitant qui fait une offre publique de vente sous réserve de la disponibilité du
stock.
151
J. DE GAVRE, P. A. FORIERS, et L. SIMONT, « Examen de jurisprudence (1981-1991) », Les contrats
spéciaux, R.C.J.B, 1995, p. 113, n°2.
83
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
L’extériorisation de l’offre.
3. Forme de l’offre.
En vertu du principe du consensualisme, l’offre n’est, sauf
dérogation légale, soumise à aucune forme particulière. C’est dire que la qualité de
l’offre ne dépend nullement de son mode d’expression. L’offre peut ainsi être expresse
(écrite, verbale) ou tacite (utilisation d’un procédé mécanique comme un distributeur
automatique, exposition des marchandises avec indication du prix, stationnement d’un
taxi à un lieu réservé à l’embarquement des passagers, etc.).
155
Ce delai concerne tant l’offre individuelle que l’offre adressée au publique (Voy. A. BENABENT, op cit,
p.33 ; C. DELFORGE, op cit, R.G.D.C., 2005, pp. 6-7, T. STAROSSELETS, op cit., in Le processus de
formation du contrat, 2004, p. 29 et s. Dans le même sens, Civ. 3 e, 28 novembre 1968, J.C.P., 69. II. 15797 ;12
févier 1975,Bull. Civ., III, n°60 ; Cass., 3 Sep. 1981, Entr. Et dr. 1982, p. 131, note L. CORNELIS ; Cass. 9 mai
1980, Pas., 1980, I, p. 1120 et p. 1127, J. T. , 1981, p. 206, R.W., 1982 – 1983, Col. 319 ; Cass., 16 mars 1989,
Pas. , 1989, I, p. 727, R.W., 1989-1990, p. 1217, Cass ; 27 mai 2002, http:/ WWW. Cass.be ; Cass., 19 janvier
2004, http:/ WWW. Cass.be.
156
Mais l’objection ici consiste à dire que dans ce cas on porte atteinte au principe du « volontarisme
contractuel » puisqu’à aucun moment un véritable échange des consentements n’a été observé. Le contrat serait
alors conclu « contre» et « sans » la volonté de l’offrant. Par ailleurs, cette opinion se heurterait à un autre
obstacle important lorsque l’offrant a alors traité avec une tierce personne de bonne foi.
85
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D’autres enfin estiment qu’il faut distinguer selon qu’il s’agit d’une offre à delai
fixe ou d’une offre soumise au « délai raisonnable ». En cas du délai fixe, la sanction
serait la conclusion du contrat tandis que les dommages-intérêts seraient dûs lorsqu’il
s’agit d’une offre soumise au délai raisonnable157.
157
A. BENABENT, op. cit., pp. 33-34.
158
Dans le même sens, Voy. M. VANWIJCK-ALEXENDRE et A. MAHY- LECLERCQ, « Le processus de
formation du contrat : aspects juridiques », La négociation immobilière : l’apport du notariat, Bruxelles,
Bruylant, 1998, pp. 172 et s, n°51 et s.
86
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3. Caducité de l’offre.
L’offre est-elle caduque, autrement-dit, cesse-t-elle de produire
ses effets en cas de décès, incapacité ou faillite du pollicitant ?
c) L’acceptation.
1. Notion.
L’acceptation est l’adhésion sans réserves du destinataire à
l’offre lui adressée par le pollicitant. C’est comme l’affirme A. BENABENT, le « oui
donné à l’offre qui réalise une conjonction des consentements caractéristique du
contrat »164.
159
H. DE PAGE, Traité élémentaire de droit civil belge, Tome II, p.515 ; R.P.D.B, Ve contrat et convention en
général, p. 7, n° 49.
160
J. VAN RYN et HEENEN, Principes de droit commercial, Bruylant, Bruxelles, Tome III, 1981, p. 16,n°10.
161
Civ. 3e, 9 nov. 1983, Bull. Civ., III,n° 222, R.T.D.C.1985. 154, Obs. MESTRE.
162
Civ. 3e, 10 mai 1989, D, 1990. 365 note VIRASSAMY, 27 oct. 1990, bull. civ., III, n°255, sol. Implicit.
163
Civ. 3e , 3 février 1982, Bull. civ., III, n°37.
164
A. BENABENT, op cit, pp. 34-35. La doctrine précise qu’il doit s’agir d’une adhésion sans réserves parce que
si celles-ci portent sur les éléments essentiels ou essentialisés de l’offre (et non pas sur les éléments accessoires),
le contrat ne sera pas formé faute des volontés véritablement concordantes. L’absence des réserves permet ainsi
de distinguer une acceptation pure et simple d’une contre-proposition (modification d’un ou de certains éléments
de l’offre), d’un accord de principe (« oui, mais ») ou d’un accord partiel (acceptation de certains éléments de
l’offre). Toutes ces réserves empêchent la formation du contrat lorsqu’elles portent sur des éléments essentiels
87
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ou substantiels de l’offre.
165
Cass. 13 sept 1991, R.G. 7015, Pas. 1992, I, p.33 ; J.F ROMAIN, La liberté de commerce et le refus de
contracter, R.G.D.C, 1994, p.440; L. VANDENHOUTEN, Délai de réflexion, droit de repentir, in Le processus
de formation du contrat, op cit, 2002, p.544 et s.
88
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D’où le schéma :
1. Emission Expédition
2. Information Réception.
166
Jurisprudence belge : Cass. 25 mai 1990, I, p. 1086. (En ce qui concerne les contrats conclus entre absents, est
applicable la règle de droit supplétif suivant la quelle le contrat est parfait au moment où le pollicitant a eu
connaissance ou a raisonnablement pu avoir connaissance de l’acceptation ; (…) ce moment détermine
également le lieu où le contrat est présumé avoir été conclu) ; Cass. 19 juin 1990, Pas., 1990, I, p. 1182.
Jurisprudence congolaise : Léo, 14 mai 1929, Jur. Col. 1930-1931, p. 146 (dès le moment où dans une
convention conclue par correspondance, l’acceptation sans réserve parvient au pollicitant, l’accord est conclu
définitivement et la notification ultérieure à celui-ci que la convention ne peut être conclue est inopérante) ; Voy.
Aussi sentence arbitrale, 22 janv. 1932, jur. Col. 1932-1935, p. 23 ; L’shi, 18 janvier, 1974, R.J.Z., 1974, p. 246.
167
P. DUPONT et DELESTRAINT, Droit civil obligations, Paris, DALLOZ, p. 11.
90
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Ces règles visent à prévenir, autant que faire se peut, les risques
particuliers liés à l’utilisation des voies électroniques pour la conclusion des contrats et
s’appliquent aux contrats dits « dématérialisés », c'est-à-dire, les contrats dans
lesquels l’échange des consentements ne se concrétise pas sous la forme d’un écrit
papier, mais résulte « d’un échange de flux immatériels et évanescents de données,
transmises par ondes électromagnétiques, fibres optiques ou diffusion hertzième »169.
168
Voy. à cet égard not. A. SERIAUX, Manuel de droit des obligations, PUF, Paris, 2006, pp. 30-31 ; J.- A.
ALBERTINI, « Les mots qui vous engagent, D, 2004, 203 et s ; J.- M MOUSSERON et P. MOUSSERON, « La
langue du contrat », Mél. M. Cabrillac, Dalloz-Litec, 1999, p. 219 et s. ; M. DEMOULIN et E. MONTERO, « La
conclusion des contrats par voie électronique, in Le processus de formation du contrat, op-cit, 2002, p. 693 et s ;
CHR. BIQUET- MATHIEU et J. DECHARNEUX, « Aspects de la conclusion du contrat par voie
électronique », in Le commerce électronique : un nouveau mode de contracter ? Liège, Ed. Jeune Barreau, 2001,
p. 192 et s ; P. LECOCQ et CHR. BIQUET- MATHIEU, « Le commerce électronique : conclusion et preuve du
contrat. Rapport du droit belge », Rapport belge au congrès de l’académie internationale de droit comparé à
Brisbane, Bruxelles, Bruylant, 2002, p. 1105 et s., CHR. BIQUET- MATHIEU et J.DECHARNEUX, « Contrats
par voie électronique et protection des consommateurs », in Contrats à distance et protection des consommateurs,
Liège, Formation permanente CUP, Vol 64, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 7 et s ; Y. POULET, « Contrats
électroniques et théorie générale des contrats », in Liber amicorum Lucien Simon, Bruxelles, Bruylant, 2002, p.
467 et s. ; E. MONTERO, M. DE MOULIN et C. LAZARO, « La loi du 11 mars sur les services de la société de
l’information », J.T., 2004, p.81 et s.
169
E. MONTERO et M. DEMOULIN, op-cit, in Le droit des obligations contractuelles…2004, p.110.
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B. Législations en vigueur.
1. En Belgique
Plutôt que de faire table rase des notions classiques contenues
dans le Code civil, la Belgique a, dans la loi du 11 mars 2003 sur certains aspects
juridiques des services de la société de l’information (L.S.S.I), privilégié la voie des
« équivalents fonctionnels ». Le procédé consiste à identifier les fonctions qui sont
assignées aux notions classiques dans un environnement papier et à rechercher si elles
sont transposables dans un contexte dématérialisé170.
2. En France
Quant à la France, c’est par la loi du 21 juin 2004 sur la
confiance dans l’économie numérique et l’ordonnance du 16 juin 2005, qu’elle
réglemente désormais les contrats conclus par voie électronique 172. Ces textes ont
introduit dans le Code civil (art 1369- 1 et s) un régime propre aux contrats
informatiques applicables aux personnes qui, à titre professionnel, proposent par voie
électronique la fourniture de biens ou prestations de services.
170
E. MONTERO et M. DEMOULIN, ibidem, p. 111 et s.
171
En France, depuis la loi du 13 mars 2003, la signature électronique fait l’objet d’une réglementation spéciale.
Elle est définie comme « un procédé fiable d’identification garantissant son lien avec l’acte auquel elle
s’attache ». voy. A. SERIAUX, op-cit, p. 30.
172
A. SERIAUX, op-cit, p. 30.
92
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l’article 16 lorsque l’erreur dans laquelle elle a versé a été provoquée par des
manœuvres dolosives. La mise en œuvre de ces artifices a pour conséquence d’élargir
les possibilités d’annulation quitte à la victime de choisir celle qui lui parait le mieux
indiqué pour réaliser son objectif. Par ailleurs, la victime pourra, en sus de l’annulation
de l’acte, obtenir les dommages-intérêts pour préjudice qui ne peut être effacé par la
seule nullité.
I. L’ERREUR
Commettre une erreur c’est avoir une représentation inexacte de
la réalité. C’est prendre le faux pour vrai ou le vrai pour faux. C'est-à-dire, se
tromper. Ici, le consentement d’une partie repose, tel que l’a si bien souligné la Cour
de cassation française, sur une « conviction erronée »174.
A. Les erreurs-obstacles
174
Cass. fr. 2 juin 1981, Bull. Cass. 1981, I, p. 154; Cass. Fr. 24 Janvier 1979, Bull. Cass., 1979, I, p.29.
175
C. PARMENTIER, op-cit, in Les obligations contractuelles, 1984, p. 57.
94
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jurisprudentielles de ce type d’erreurs sont rares aussi bien en droit comparé que chez
nous en R.D. Congo176.
C’est celle qui est prévue par l’article 10 du Code civil. Mais la
compréhension de cette erreur exige que soit définit au préalable le terme
« substance », lequel a évolué d’une conception objective à la conception subjective.
179
Voy. G. RIPERT et J. BOULANGER, Traité de droit civil d’après le traité de PLANIOL, t. II, 1949, p. 73 ; E.
MONTERO et M. DEMOULIN, « La formation du contrat depuis le Code civil de 1804 : un régime en
mouvement sous une lettre figée », in Le droit des obligations contractuelles et le bicentenaire du Code civil, op
cit, 2004, p. 72.
96
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Dans tous ces cas l’erreur doit être déterminante pour qu’elle soit
constitutive de vice de consentement181 et le cocontractant doit être informé du
caractère substantiel que l’autre partie donne à cette qualité. Il doit, en effet, avoir
connu ou dû connaitre l’importance que revêt tel élément aux yeux de l’autre partie.
180
Cass., 3 mars 1967, Pas., 1967, I, p. 811, R.W, 1966- 1967, Col. 1907 ; Cass., 27 octobre 1995, I, p. 950,
R.W., 1996-1997, p. 298, J.T, 1996, p. 61 ; Cass., 24 sept. 1966, R.W. 1967-1968, Col. 1117.
181
Cass., 10 Avril 1975, R.C.J.B, 1978, p. 198, note M. COIPEL.
182
Cass., 8 mai 1905, Pas., 1905, I, p. 214 ; cass., 11 mars 1960, Pas, 1960, I, p. 811.
183
Cass., 6 Avril 1916, Pas., 1917, I, p.77.
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Exemples :
- Un Héritier qui cède à vil prix ses droits successifs parce qu’il se trompe sur
l’étendue de la part héréditaire que la loi lui attribue (ex. il croyait à tort que ses
droits successifs n’étaient que des droits en nue-propriété)185.
184
C. PARMENTIER, op-cit, Les obligations contractuelles, 1984, pp. 59-60 ; voir aussi comm. Verviers, 21
décembre 1976, J.T. 1977, p. 345.
185
P. WERY, op-cit, pp. 214-222.
98
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Il s’agit :
a) L’erreur qui peut être unilatérale, doit porter sur un élément principal et
déterminant de l’obligation.
186
P. WERY, ibidem, pp. 217-218.
99
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Introduction
L’analyse du Code civil montre que le terme dol est utilisé par le
législateur dans deux acceptions fort différentes. D’abord, au sens de l’article 16 pour
designer les manœuvres frauduleuses utilisées dans la phase précontractuelle par l’une
des parties afin d’inciter l’autre à contracter. Ensuite, au sens des articles 48 et 49 se
rapportant à la faute contractuelle dolosive ou intentionnelle en cas d’inexécution de
187
DEMOGUE, Droit civil, I, n° 245, RIPERT et BOULANGER, T. II, n° 172 ; P. WERY, op cit, p. 218
reprenant Cass., 6 janvier 1944, I, p. 133, note R.H. avec les références jurisprudentielles de toutes les décisions
intervenues depuis lors.
188
Cass., 20 avril 1978, Pas., 1978, I, p.950. Voy. aussi COIPEL, op-cit., 1999, p. 51 et s.
189
M. COIPEL, « l’erreur de droit inexcusable », note sous Cass., 10 Avril 1975, R.C.J.B, 1978 et s.
100
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l’obligation contractuelle. Cette faute, faut-il le rappeler entraîne non pas la nullité du
contrat, mais la mise en cause de la responsabilité contractuelle du débiteur ou, à tout
le moins, la résolution judiciaire du contrat.
1. Notion du dol
Aux termes de l’article 16 du Code civil congolais livre III : « le
dol est une cause de nullité de la convention lorsque les manœuvres pratiquées par
l’une des parties sont telles qu’il est évident que sans ces manœuvres, l’autre partie
n’aurait pas contracté ».
Les manœuvres frauduleuses (dol pénal) telles que : escroquerie ; usage de faux
noms, de faux documents ou de faux bilans pour amener l’autre partie à
contracter ;
190
DOMMAT, Les lois civiles ….t1, 1745, p. 144, article 1.
191
BIGOT - PREAMENUE, LOGRE, op.cit, t. IV, 1836, p.10.
192
Art.124 à 132 du Code pénal.
101
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a. Origine du dol.
En parlant des manœuvres frauduleuses l’article 16 énonce
clairement qu’elles doivent être pratiquées par l’une des parties pour entraîner la
nullité du contrat. Cela veut dire que le dol doit être l’œuvre d’une partie au contrat
pour provoquer l’anéantissement de la convention. Les manœuvres provenant d’un
tiers ne peuvent donc pas invalider le contrat. Celles-ci ne donnent lieu qu’à des D.I
conformément à l’article 258, bien qu’il y ait à ce sujet une évolution doctrinale 199. On
voit là apparaître la différence avec la violence qui peut occasionner l’annulation du
contrat même si elle provient d’un tiers. On estime, en effet, qu’on peut facilement se
défendre contre un dol que contre une violence. Toutefois, un contrat peut être annulé
du chef de dol, si le cocontractant est complice du dol commis par un tiers au contrat
ou si celui-ci a agi au su du premier. Enfin, le dol commis par le représentant d’une
des parties est cause de nullité de la convention200.
b. Gravité du dol
Seul le dol déterminant, c'est-à-dire, celui qui a provoqué une
erreur déterminante du consentement peut entraîner la nullité du contrat. Pour
reprendre les termes de l’article 16 du Code, « les manœuvres, doivent être telles, qu’il
est évident que, sans ces manœuvres, l’autre partie n’aurait pas contracté ».
L’appréciation du caractère déterminant du dol se fait in concreto par le juge. Celui-ci
doit tenir compte des caractéristiques personnelles de la victime du dol, telles que son
âge, son (in) expérience ; sa naïveté, son éducation etc.201.
c. Sanction du dol
Le dol, faut-il le rappeler, entraîne la nullité relative du contrat.
Seule la victime du dol peut solliciter cette nullité. Mais, elle peut renoncer à
l’annulation du contrat et procéder à la confirmation tacite ou expresse de celui-ci.
199
Certains auteurs pensent que le consentement de la partie qui est victime des manœuvres dolosives émanant
d’un tiers est tout aussi altéré que celui de la partie qui a fait l’objet des menaces proférés par une tierce personne
( Voy. G. RIPERT et J. BOULANGER, op. cit, t. II, 1949, p. 83.)
200
J. BOULANNGER, op cit, t. II, 1949, p. 83.
201
C. GOUX, op. cit, in La théorie générale des Obligations, 1998, p. 34.
202
Certains auteurs pensent que la victime d’un dol incident peut aussi obtenir l’annulation du contrat au titre de
réparation en nature du dommage causé par une culpa in contrahendo. Ce point de vue ne semble pas tenir
compte de la nécessité d’un lien de causalité entre cette faute et le dommage (Voy. B. DE CONINCK , les
sanctions de manquements précontractuelles à la lumière de quelques législations récentes en droit des
contrats », RGDC, 1998, p.200 ; C. GOUX, op cit., in La théorie générale des obligations, 1998, p.34.
104
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L’action en nullité se prescrit par dix ans. Le jour initial (dies a quo) est celui du
moment où le dol a été découvert (art 196 Code civil).
1. Notion de violence
La violence est, d’après les articles 12 et 13 du Code civil, le fait
d’inspirer à une personne la crainte d’un mal pour elle ou pour un de ses proches,
en vue de lui arracher un consentement qu’elle ne veut pas donner. Il ressort de
cette définition que la violence est une notion ambiguë. Elle peut être physique, morale
ou pécuniaire.
204
H. DE PAGE, traité, t.I, 1962, p73.
205
G.RIPERT et J.BOULANGER, op.cit, t.II, 1949, pp.84-85. Voy. Aussi C.RENARD, E. VIEU. JEAN et y.
HANNEQUART, op.cit, 1957, p.187. La violence tombe parfois sous le coup d’une incrimination pénale :
l’extorsion.
106
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raisonnable » aurait résisté à celui-ci tel qu’il s’est présenté206. Mais l’alinéa 2de
l’article 12 invite plutôt le juge à se livrer à une appréciation in concreto (ou objective)
qui, moins rigoureuse, prend en considération les caractéristiques propres de la victime
de la violence. On a égard, en cette matière, dit l’alinéa précité, à l’âge, au sexe et à la
condition des personnes.
206
Le droit Romain exigeait que la violence soit atroce et de nature à faire impression sur une personne tres
courageuse. En cela elle se révélait plus exigeante à l’égard de la résistance à la violence (Voy. à cet effet E.
MONTERO et M. DEMOULIN, op cit, le droit des obligations contractuelles et le bicentenaire du Code
civil, 2004, p.73).
207
J. GHESTIN, op- cit, pp. 570-571; J. FLOUR, J.-L AUBERT et E. SAVEAU, op. cit, t. II ; 2000, p. 152, Voy.
Par ex. Civ. Liège, 22 juin 1994, J.L.M.B., 1994, p. 1108 (reconnaissance de dette signée par des personnes
âgées et d’origine modeste).
208
L. JOSSERAND, Cours de droit civil positif français, t. II, Paris, SIREY, 1993, p. 44.
107
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
contrat. Ce qui n’est pas le cas en l’espèce. Celle-ci ne fait, en effet, que tirer profit du
danger qui menace l’autre pour l’amener à contracter.
Solutions juridiques
A l’origine, le profit qu’une partie au contrat tirait des
circonstances qui lui étaient favorables (noyade, incendie, maladie…) ne pouvait être
qualifié de violences. Des lois sont, toutefois, venues combler cette lacune au
vingtième siècle dans les cas les plus choquants. Ainsi les législateurs belge et
français ont-ils introduits dans leurs législations les termes de la convention
internationale du 23 septembre 1910 sur l’assistance et le sauvetage maritime,
dont l’article 7 stipule : « toute convention d’assistance et de sauvetage passée au
moment et sous l’influence du danger peut, à la requête de l’une des parties, être
annulée ou modifiée par le juge, s’il estime que les conditions ne sont pas
équitables »209.
209
Voir en droit belge l’article 262 du livre II du Code de commerce introduit par une loi du 12 Août 1911
concernant l’assistance et le sauvetage maritimes. En droit français, l’article 7 de la loi du 29 avril 1916 sur
l’assistance en mer qui permet de réduire l’indemnité exigée par le navire sauveteur.
210
O.L 67/174 du 6 avril 1967 in M.C. 1967, p. 193.
211
Burx, 7mars 1964, Pas., 1965, II, p.70 (en l’espèce, les pompiers avaient demandé de la propriétaire d’un
bâtiment en feu une indemnité de déplacement indue).
108
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Si ces derniers concluent le contrat sous l’effet de cette crainte, celui-ci ne peut être
annulé car, il n’y a en l’espèce, aucune menace jugée injuste et excessive.
IV. LA LESION
1. Introduction
Après l’erreur, le dol et la violence, la lésion est le quatrième
vice qui peut affecter le consentement. Il s’agit bien d’un vice d’un genre particulier
parce que non seulement que la lésion ne s’applique pas à tous les contrats (contrats de
bienfaisance et contrats aléatoires par exemple) mais aussi contrairement aux vices
précités, elle n’entraîne pas en droit congolais, la nullité du contrat. Celui-ci doit
simplement être ramené à l’équilibre par la réduction des prestations excessives. En
effet, la lésion n’est rien d’autre qu’une erreur sur le prix ou sur la valeur 213. La
sécurité dynamique des transactions interdit de remettre en cause une convention
fondée sur une telle erreur car dit-on « les affaires sont les affaires ».
2. Notion
D’après le Code Napoléon « la lésion ne vicie les conventions
que dans certains contrats ou à l’égard de certaines personnes (article 1118 du Code).
215
H. DE PAGE, traité, t.IV, n°329 et s ; T IX, n° 461 et s, 1933, I, 87.
216
Art. 1907 ter : « sans préjudice des dispositions protectrices des incapables ou relatives à la validité des
conventions, si abusant des besoins, des faiblesses, des passions ou de l’ignorance de l’emprunteur, le prêteur
s’est fait promettre, pour lui-même ou pour autrui un intérêt ou d’autres avantages excédents manifestement
l’intérêt normal et la couverture des risques du prêt, le juge, sur la demande de l’emprunteur, réduit ses
obligations au remboursement du capital prêté et au paiement de l’intérêt légal » (al 1er ). En droit français, voir
loi française N° 66 – 1010 du 28 décembre 1966. S’agissant des lois françaises récentes, voir B. STARCK, op-
cit, N°1593à 1599.
217
Art. 1305 du Code civil : « la lésion donne lieu à la rescision en faveur du mineur émancipé, contre toutes
conventions qui excédent les bornes de sa capacité (…) ».
218
Gand, 19 mars 1999, R.G.D.C, 2000, p. 315.
219
C. GOUX, op cit, in La théorie générale des obligations, 1998, pp. 52-58, avec la note 221 pour des références
à la doctrine. Voy. aussi J.- F Romains, op cit, 2000, p. 369.
111
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Ainsi donc, la sanction retenue en cas de lésion, par l’article 131bis, n’est pas la
rescision, mais la réduction des prestations excessives (à l’intérêt normal).
Les contrats à titre gratuit et les contrats aléatoires (soumis au principe selon
lequel : « l’aléa chasse la lésion ») ;
Les contrats générateurs d’obligations de faire ou de ne pas faire comme le
contrat de bail (louage de chose), les contrats d’entreprise et de travail, le
mandat ;
Le contrat de transaction sauf en ce qui concerne sa sanction laquelle n’est pas
soumisse à l’article 131 bis, mais à l’article 591, alinéa 2 ;
Les contrats de cautionnement et d’hypothèque qui par leur nature des contrats
unilatéraux échappent à l’article 131 bis.
déduites de l’article 1907 ter du Code civil belge duquel est tirée la théorie de la lésion
qualifiée226. En effet, la liste des dispositions légales sanctionnant des contrats
lésionnaires en droit belge étant limitative, la doctrine a élaboré ici la théorie de la
lésion qualifiée pour sanctionner les conventions manifestement déséquilibrées, à
condition que ce déséquilibre provienne d’un abus par une partie de la position
d’infériorité de son cocontractant (exemple abus de l’ignorance, des passions, des
besoins ou des faiblesses de l’autre partie)227
1. Condition objective.
D’après le législateur, pour que l’article 131 bis puisse
s’appliquer, il faut que le créancier se fasse « promettre, pour lui-même ou pour
autrui, un intérêt ou d’autres avantages excédant manifestement l’intérêt normal ».
2. Condition subjective.
Il faut pour que l’article 131 bis puisse jouer, que les avantages
aient été soutirés en « abusant des besoins, des faiblesses, des passions ou de
l’ignorance du débiteur ». La disproportion d’intérêts marquant la lésion ne peut être
le fait du hasard. Elle doit procéder d’un abus par l’une des parties de la position de
faiblesse de son cocontractant. Le mot faiblesse auquel est associé également le terme
« passion » désigne l’état d’une personne qui manque la force morale nécessaire pour
résister à un désir ou à une influence préjudiciable quelconque interne ou externe228.
226
VOY. À ce sujet, A. DEBERSAQUES, l’œuvre prétorienne de la jurisprudence en matière de lésion, in
Mélanges.
227
La théorie de la lésion qualifiée est très largement admise en doctrine belge et a reçu également un écho
favorable auprès des juges de fond. La Cour de cassation n’a pas encore eu l’occasion de ses prononcer
franchement sur la question (voy. Cass ; 9 juillet 1936, Pas., 1936, I, p.346 et Cass., 21 sept 1961, Pas, 1962, I,
p.91).
228
KALONGO MBIKAYI, op cit, p.81.
114
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
3. Le lien de causalité
Enfin, la dernière condition de mise en œuvre de l’article 131 bis
est l’existence d’un lien de causalité entre l’abus et la disproportion manifeste. Il faut
qu’il soit prouvé que le déséquilibre des prestations réciproques résulte directement de
l’abus par une partie des besoins, des passions, de l’ignorance ou de l’inexpérience de
son cocontractant. Car, en l’absence de cet abus, la convention n’aurait pas été conclue
ou, à tout le moins, ne l’aurait été qu’à des conditions moins désavantageuses pour la
victime de la lésion.
c. Sanction de la lésion
Lorsque les trois conditions précitées sont réunies, le juge doit
appliquer la sanction, c'est-à-dire, réduire les prestations excessives à l’intérêt
normal. Celui-ci, avons-nous dit, s’apprécie (outre le contrat de prêt et les opérations
de crédit) par rapport à la valeur du bien sur le marché. La demande en réduction
peut être introduite par toute partie lésée232. Mais, n’étant pas une action attachée à la
personne, elle peut également, en application des principes généraux, être exercée par
229
KALONGO MBIKAYI, op cit, p.81, Voy. aussi DEL MARMOL, op cit, n° 268 et 269.
230
L’erreur dans ce cas ne porte que sur la valeur, donc elle est inopérante.
231
H. DE PAGE et DEKKERS, T.V., N° 158, D.C., DEL MARMOL, op cit. , n°381.
232
Contrairement à l’article 1907 ter belge qui n’accorde l’action qu’àl’emprunteur. La demande peut être
introduite par voie d’action ou par voie d’exception.
115
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
les héritiers de la victime233 et même par ses créanciers agissant par voie d’action
oblique234.
N.B : le contrat lésionnaire qui constitue une infraction en vertu de l’article 96 al2 du
Code pénal (en ce qu’il est illicite et contraire aux bonnes mœurs) devrait, en principe
être frappé de nullité absolue à l’instar de toute convention illicite.
233
Art. 118 et 121 du Code civil congolais livre III.
234
Art 64 du Code civil congolais livre III.
235
Cette faculté doit être écartée au regard de l’article 96 al2 du Code pénal qui dit : « …réduit ses obligations
(VIGNERON, op cit, n°37).
236
Il s’agit du délai préfix et non de prescription.
237
Il est surtout ici question de la capacité contractuelle car, la capacité délictuelle dite aquilienne répond à
d’autres règles. Elle est acquise dès l’âge du discernement.
116
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
238
Y.-H.LEHEU « la capacité juridique. Notions générales », Rép not., tI, livre V/1, Bruxelles, LARCIER 2004.
239
H.DE PAGE, op.cit, p.9.H et MAZEAUD, op.cit, pp.1234-1234. A Noter que le but de l’incapacité est soit
d’assurer la protection de l’incapable lui-même, soit celle de l’intérêt général, soit encore à préserver les
incapables de la malhonnêteté et de la convoitise des autres.
117
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
b) L’incapacité d’exercice, est l’inaptitude à exercer soi-même les droits que l’on
a. Elle ne prive pas la personne du droit lui-même, mais seulement de la
possibilité de mettre en œuvre, par elle-même, le droit dont elle est titulaire.
Comme l’incapacité de jouissance, l’incapacité d’exercice peut aussi être
générale ou spéciale.
240
L’esclave n’avait aucun droit, aucun patrimoine. Il ne pouvait être ni créancier, ni débiteur et n’était qu’un
instrument au service de son maitre, c'est-à-dire, une chose.
241
Article 1124 du code civil Belge « les incapables de contracter sont : les mineurs, les interdits et généralement
tous ceux à qui la loi interdit certains contrats ».
118
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
a) Le régime de la représentation.
C’est un régime plus radical car il efface l’incapable de la scène
juridique. Celui-ci n’agit pas seul. Il est remplacé par une personne capable qui pose
des actes en ses lieux et place de sorte que les actes accomplis produisent directement
leurs effets sur la tête de l’incapable représenté comme si celui-ci avait lui-même passé
l’acte. Ainsi, le lien de droit résultant du contrat se forme entre l’incapable représenté
et le tiers. C’est lui (l’incapable) qui sera débiteur au créancier des obligations issues
du contrat passé avec le tiers.
242
L’incapacité d’exercice des personnes physiques tient donc à l’âge (mineur) aux facultés mentales ou
corporelles (aliénés, faibles d’esprit, prodigues, les affaiblis par l’âge et certains handicapés physiques « art 310
du Code de la famille ») et au sexe (femme mariée).
243
L’acte juridique accompli par une personne atteinte de la démence, mais non placée sous le régime
d’interdiction par la décision de justice, ne peut chez nous, être attaqué par celle-ci pour incapacité.
119
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b) Le régime de l’assistance
C’est un régime de protection plus souple. Pour participer au
commerce juridique, l’incapable se fait ici assister d’une personne capable qui a un
pouvoir de veto. Autrement dit, l’incapable agit seul, mais il a, à ses cotés, une autre
personne (assistant) qui contrôle ses actes et, par son concours, l’habilite à agir244.
L’assistance concerne :
c) Le régime de l’autorisation
Elle concerne la femme mariée (art 448 du Code de la famille)
pour des actes juridiques importants248. L’autorisation peut être écrite ou verbale. Mais,
la femme mariée dispose d’un mandat domestique pour des actes accomplis dans
l’intérêt du ménage. L’autorisation maritale n’est donc pas nécessaire pour ce type
d’actes (exemple : acheter un frigo ou un sac de riz pour son ménage).
244
H. DE PAGE, op.cit, p3
245
BOMPAKA NKEYI : « cours polycopie de droit civil des personnes, UNIKN, 2004, p.64.
246
BOMPAKA NKEYI, ibidem, p.65.
247
On notera qu’en droit congolais le prisonnier n’est pas un interdit comme c’est le cas du droit belge.
248
La femme mariée est émancipée en Belgique depuis 1958.
120
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§2. Rôle
L’objet qui est une condition de validité et non d’existence du
contrat remplit un double rôle : celui de protection individuelle et de préservation
de l’intérêt général. En effet, l’objet remplit une fonction de protection individuelle
lorsqu’il permet au juge de considérer comme nul un contrat fondé sur un objet
impossible ou indéterminé. Ainsi par exemple, on ne peut imaginer un contrat de bail
valable si le bien donné en location n’est pas déterminé ; de même il est difficile de
concevoir une vente normale si l’objet vendu est une chose difficile ou impossible à
livrer.
249
Ainsi l’objet de l’obligation devient un concept polysémique qui peut être compris de différentes manières.
Au sens abstrait qui peut désigner une prestation consistant à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose et au
sens concret où il peut se rapporter à un bien ou à une chose constituant la matière du contrat.
250
La prestation est l’objet de l’obligation. En parlant de l’objet du contrat, le code civil ne fait qu’attacher au
contrat, l’effet de l’obligation (VOY.J CARBONNIER, op.cit, pp.103-104). Pour rappel, le terme prestation
vient du droit romain (prestare) et recouvre les trois types d’obligations (dare, facere et non facere). Pour plus
de détails voir J. CARBONNIER op.cit., p.26 N°9
121
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Par contre, n’est pas valable et, partant annulable, un contrat qui
exige, pour la détermination de son objet, un nouvel accord de négociations ultérieures
entre parties (cas d’un engagement tendant à accorder une récompense)255.
251
S’agissant du « corps certain », sa détermination ne pose pas un problème. Il suffit de le désigner.
252
P.VAN, OMMESLAGHE, op.cit, 2005, p.296.
253
Elis, 22 janvier 1956, jun.col, 1926, p.296.
254
LEO, 16 octobre 1956, RJCB, 1957, P.89
255
P.VAN OMMESLAGHE, op.cit., 2005, p.42. VOY. Aussi com.28 février 1983, Bull.IV, n°86 ; cas ; 21
février 1991, Pas.,1991, I, p.604 ; Cass ; 13 juin 2005, LARCIER Cass ; somm, n°946.
122
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L’article 273 du Code civil congolais livre III règle en effet cette
question lorsqu’il déclare s’agissant du contrat de vente que « le prix peut (…) être
laissé à l’estimation d’un tiers. Si le tiers ne veut ou ne peut faire l’estimation, il n’ya
point de vente »
Par ailleurs, l’impossibilité est une notion qui peut varier avec
les circonstances et le progrès technique (cas du voyage sur la lune rendu possible aux
Etats-Unis d’Amérique et considéré comme impossible en RDC du moins à l’état
actuel de son développement technique). Elle peut être matérielle, mais aussi juridique.
C’est notamment le cas d’une personne qui vend, en RDC, des produits étrangers
frappés d’interdiction d’importation. La vente est dans ce cas entachée d’une cause de
nullité.
258
L’article 356 du CCCL III fait application de ce principe en matière de cession de créance lorsqu’il porte que :
« celui qui vend une créance ou autre droit incorporel doit en garantir l’existence au temps de transport, quoi
qu’il soit sans garantie » l’article 278 alinéa 1 du Code va également dans le même sens en énonçant que : «si,
au moment de la vente, la chose vendue était périe en totalité, la vente serait nulle » donc c’est au moment de la
formation du contrat qu’il faut apprécier l’impossibilité de l’objet.
259
On notera aussi que l’impossibilité subjective n’est pas prise en considération. Si quelqu’un s’engage
inconsidérablement à faire des travaux qui sont au dessus de ses forces et de ses moyens, le contrat sera valable
et il engage sa responsabilité contractuelle en cas d’inexécution.
124
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Enfin, l’objet du contrat peut être une chose future 260. Ici
l’objet n’existe pas encore au moment de la formation du contrat, mais, il va exister.
On cite, par exemples, les cas à des futures mangues d’une plantation, d’une voiture à
fabriquer ou d’une maison à construire. De telles choses futures peuvent sous réserves
des exceptions prévues à l’article 29 al2 Code civil, faire l’objet des prestations
contractuelles.
260
Art. 29 al1 Code civil congolais livre III.
261
Le petit LAROUSSE illustré, Ier siècle, 2001, p.661.
125
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262
M PLANIOL, Traité, t.II, 1900, p.315.
263
Code Piron, III, p. 680.
264
Article 151 du décret du 28 juillet 1938 relatif à la police sanitaire des animaux domestiques, Code Piron, III,
p. 294.
126
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qui fait l’écho de cette disposition légale énonce « qu’on ne peut vendre la succession
d’une personne vivante, même de son consentement ».
Le futur de cujus ne peut s’engager sur sa succession avant son décès parce que cela le
priverait de la liberté dont il doit jouir jusqu’à sa mort de régler la dévolution de son
patrimoine. Il s’agit surtout ici de protéger la liberté testimoniale265.
§1. Introduction
Quatrième et dernière condition essentielle de validité du contrat,
la cause est énoncée à l’article 8 du Code civil. Mais, la notion de la cause et sa portée
sont précisées aux articles 30,31et 32 de la section 4 du second chapitre relatif aux
conditions essentielles pour la validité des conventions.
265
Tout testament est donc révocable du vivant de son auteur.
266
L’interdiction de renonciation anticipée à une succession future a pour but d’assurer l’égalité des partages. En
outre, elle s’oppose à la pratique de l’ancien droit français qui obligeait les filles et les puînés à renoncer (dans
leur contrat de mariage) aux droits et biens de la succession au profit des ainés.
267
L’interdiction des pactes sur les successions futures ne fait cependant pas obstacle à la validité de certains
contrats dont l’exécution peut coïncider ou se référer à une succession future. Exemple, un débiteur peut fixer
l’exécution de son contrat à la date où il recueillera sa succession. L’exécution est affectée par le décès d’une
personne. Mais il ne s’agit pas d’un pacte sur la succession future.
127
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268
La jurisprudence n’a cessé d’annuler les contrats pour absence de cause, fausse cause ou cause illicite.
269
DOMAT, Les lois civiles…t II, 1754, p. 20, art. V et VI ; POTHIER, op cit, t.I, 1829, p.13.
270
Les anti-causalistes estiment en effet que la cause se confond soit avec le consentement, soit avec l’objet du
contrat. Ainsi, dans un contrat synallagmatique, la cause de l’obligation d’une partie est la prestation du
cocontractant, c'est-à-dire l’objet du contrat. Tandis que dans un contrat à titre gratuit, tel que la donation, la
cause n’est rien d’autre que le consentement, autrement-dit, l’intention libérale. Enfin, les anti-causalistes
pensent que la remise antérieure de la chose qui est considérée comme cause dans les contrats réels unilatéraux
n’est qu’un fait jugé nécessaire pour la formation et la validité du contrat. Rappelons que c’est depuis 1826 que
la cause a fait l’objet des critiques de la part des anti-causalistes pilotés par feu le Professeur ERNEST de Liège.
271
D’autres auteurs anti-causalistes cités en Belgique sont le professeur liégeois ERNEST, auteur d’une
brochure critique sur la cause éditée en 1826 et intitulée : « la cause est elle une condition essentielle pour la
validité des conventions ? » in Bibliothèque du jurisconsulte et du publiciste, 1826, t. I, pp. 250-264, cité par
M. PLANIOL, traité, t. II, 1900, p. 322, note 3 ; François LAURENT, Principes de droit civil, t. XVI, 1878, p.
150 et s ; J. DABIN, La théorie de la cause, thèse liège, 1919, p. 329. Il ya lieu d’ajouter également en France :
Baudry la Cantineriez et Barde, T.I, n° 321 et s. ces auteurs anti-causalistes s’opposent à ceux qu’on appelle : «
les causalistes » (assurant la défense de la cause) et surtout les « néo-causalistes » représenté en France par H.
CAPITANT, « De la cause des obligations, 2e éd, Paris, DALLOZ, 1924. L. JOSSERAND, Les mobiles dans
les actes juridiques du droit privé, paris, DALLOZ, 1928 ; RIPERT et JONASCO (in RTDC, 1931, p. 29 et s) et
en Belgique par P. VAN OMMESLACHE, « observations sur la théorie de la cause dans la jurisprudence et
dans la doctrine moderne », note sans Cass., 1969, R.C.J.B, 1970, p. 328 et s.
272
Les anti-causalistes ont tout au plus aidé, par leurs critiques, à faire préciser la notion de la cause.
273
Le droit Allemand, par exemple, ne fait pas de la cause un élément de la formation de contrat, car seule
prévaut ici la volonté déclarée et non la volonté interne (psychologique). Le but et les motifs non déclarés n’ont
ici aucune incidence sur le contrat.
128
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I. Notion
Comme l’a fait judicieusement remarquer P .A.FORIERS, la
cause est un concept ambigu qui se rapporte soit à l’obligation, soit à la convention.
Ainsi, on parle tantôt de la cause de l’obligation pour désigner sa source, c'est-à-dire,
l’événement qui engendre une obligation (contrat, faute aquilienne, quasi-contrat, etc.
art. 30), tantôt de la cause de la convention pour qualifier les contrats et les distinguer
entre eux (art 31du CCL LIII)274.
1. Cause et consentement
d’abord parce que je l’ai voulu), la source de celle-ci, c'est-à-dire, la cause efficiente 276.
Alors que la cause juridique envisagée est la cause finale, c'est-à-dire, le but
poursuivi par la volonté de s’engager.
2. Cause et objet
D’après la doctrine classique dite causaliste, la cause et l’objet
sont des notions différentes. La cause est le « pourquoi » de l’obligation. C’est le « cur
debetur ? ». C’est-à-dire, le « ce pourquoi on s’engage » qui exprime le but immédiat
et déterminant en vue duquel le débiteur s’engage envers le créancier.
3. Cause et motifs
Cette distinction est considérée comme la plus importante. En
effet, tandis que la cause est la raison principale, déterminante et immédiate de
l’engagement, les motifs sont des raisons (des mobiles) multiples, variables et plus ou
moins lointaines qui ont poussé une partie à contracter277.
276
MARTY et P. RAYNAUD, op cit, n°370.
277
JULLIOT, n° 370.
130
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278
Certains causalistes assignent d’autres fonctions à la cause. Ainsi, pour H. CAPITANT, la résolution des
contrats synallagmatiques, l’exception d’inexécution ainsi que la dissolution du contrat synallagmatique par
application de la théorie des risques sont justifiées par l’idée de cause. La doctrine dominante critique, à juste
titre, une telle justification car c’est l’interdépendance des obligations réciproques propres aux contrats
synallagmatiques qui est à l’origine de ces diverses institutions et non l’idée de cause (P. VAN
OMMESLAGHE, op cit, 2005, pp. 58-59). Pour d’autres, la cause permettrait de mesurer l’équivalence
économique les prestations des parties (GAUDEMET). Cela n’est pas aussi vrai car on risquerait là d’établir une
confusion avec la lésion ou avec la théorie de l’imprévision (P. VAN OMMESLAGHE, op cit, 2005, pp.59-60).
279
Pour rappel, la théorie classique dite causaliste préférait parler de la cause de l’obligation parce qu’ici le but
immédiat (cause) était envisagé séparément par rapport à chaque contractant. Tandis que la théorie moderne met
l’accent sur la cause du contrat, autrement dit, la raison déterminante qui a poussé les deux parties à passer
contrat (leur but commun).
280
MARTY et RAYNAUD, op.cit n°….
131
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
la chose vendue et de la lui livrer tandis que celle du vendeur a sa cause dans le
paiement du prix par l’acheteur).
de l’engagement et il faut scruter les intentions des parties pour la trouver (illicéité).
La prise en compte de la cause médiate permettra ainsi de considérer le contrat
comme nul282.
Quid alors si le mobile n’est illicite que dans le chef de l’une des
parties ? L’annulation peut-elle être prononcée en pareille occurrence ou faudra t-il
que l’illicéité soit partagée ou, à tout le moins, connue de l’autre partie ?
et dont l’existence et la validité sont indépendantes de cette cause 291. Celle-ci est
abstraite, c'est-à-dire, détachée de l’acte afin de favoriser la rapidité et la sécurité des
opérations commerciales. La protection du créancier peut être également à la base de
cette abstraction qui ne se traduit donc pas par la nécessité de respecter une obligation
sans cause ou fondée sur une fausse cause ou encore sur une cause erronée.
maitre de l’ouvrage pourra faire appel à cette garantie sans que la banque ne
puisse lui refuser le paiement.
Exemple : je m’engage par écrit à payer à mon ami 100$ à la fin du mois. La cause de
cet engagement n’est pas mentionnée dans l’écrit (pourquoi dois-je lui payer cette
somme ?) qui reste muet à ce sujet.
294 )
Certains auteurs, se fondant sur cette disposition (art. 31), ont cru devoir justifier la validité des actes
abstraits qu’ils ont alors confondus aux billets non causé. Cet article est ainsi libellé : « la convention n’est pas
moins valable, quoique la cause n’en soit pas exprimée ».
136
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1. L’absence de cause
La cause, en droits causalistes, est considérée comme un élément
nécessaire à la formation et la validité des conventions parce qu’on ne peut pas
s’engager dans le vide. Chaque obligation doit avoir une cause, c'est-à-dire, sa raison
d’être. Cette cause faut-il encore le rappeler, c’est la contrepartie du cocontractant dans
un contrat synallagmatique295, la remise antérieure de la chose dans les contrats réels
unilatéraux et l’intention libérale dans le contrat de bienfaisance. Lorsque cette cause
vient à manquer au moment de la formation du contrat ou même en cours du contrat,
l’obligation sera nulle selon les prescrits de l’article 30 du Code civil. Il s’agit donc ici
en principe de la nullité absolue.
2. La fausse cause
La fausse cause est assimilée au cas d’erreur sur la cause qu’on
a examiné auparavent. A cette occasion, il a été dit qu’en cas d’erreur sur la cause, les
parties n’ont pas en vue la même cause. L’une d’elle croit en l’existence d’une cause
qui en réalité n’existe pas. C’est pourquoi, on parle de fausse cause.
295
Il faut ici préciser que c’est l’absence de contrepartie ou de contre-prestation qui équivaut à une absence de
cause. Une contrepartie dérisoire équivaut également à une absence de cause. Mais, si les prestations sont
inégales la cause existe. Sauf si le déséquilibre est profond auquel cas on cherchera à réduire les prestations d’un
contractant pour absence partielle de cause.
296
Ainsi, on dit que la nullité relative protège mieux les intérêts des parties.
137
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auparavant, il suffit que l’illégalité ou l’immoralité soit retrouvée dans le chef de l’une
des parties (dans le motif poursuivi par elle) pour que le contrat soit annulé pour cause
illicite ou immorale. Peu importe que cette illégalité ou immoralité soit connue de
l’autre partie parce qu’il s’agit surtout ici de protéger l’intérêt général (voire l’ordre
public). Exemple, achat d’une maison pour exploiter la débauche des jeunes filles.
L’acquisition de la maison est un acte objectivement licite. C’est le motif provisoire
(cause subjective, à savoir l’exploitation de la débauche) qui donne au contrat un
caractère illicite et immorale, à savoir, l’exploitation de la débauche.
297 )
Celui qui a agit sans intention de porter atteinte à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. KALONGO
MBIKAYI, Droit civil, Tome I des obligations, C.R.D.J-KINSHASA, 2010, p.100.
298
La jurisprudence Congolaise applique également ces adages aux titres de principes généraux de droit (Voy
notamment KALONGO MBIKAYI, op.cit, p.101 avec les références jurisprudentielles reprises à l’appui de son
soutènement).
139
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
de se prévaloir de son immoralité (turpitude) en mettant ainsi au grand jour les mobiles
vicieux qui l’avaient animée299.
D’autres par contre (et les plus nombreux), pensent que l’adage
tend à interdire à une partie à un contrat illicite d’en réclamer l’exécution (en
nature ou par équivalent) ou d’agir en résolution300. C’est dans cette mesure que
l’accès au prétoire peut lui être refusé. Cette tendance à laquelle nous appartenons a été
confirmée par la Cour de cassation belge qui a décidé que : « Lorsque la simulation
concertée entre parties a eu pour objet une fraude à une disposition légale d’ordre
public, aucune des parties ne peut en vertu des articles 1131 et 1133 du Code civil,
poursuivre l’exécution de la convention simulée…il s’en suit qu’en pareil cas chacun
des contractants peut s’opposer à l’exécution poursuivie contre lui par son
cocontractant et est, partant, recevable à prouver la fraude à la loi. L’adage nemo
auditur ne saurait faire échec à pareille demande de preuve »301.
299
J CARBONNIER, op.cit, t-4, 1996, p.124 « Indignité du demandeur qui a participé à l’illicéité de
l’opération. L’action en nullité lui sera parfois refusée en vertu de la maxime : Nemo auditur… (quand il s’agit
de la cause immorale plutôt que de la cause illicite stricto sensu)
300
P. VAN OMMESLACHE, « Examen », R.C.J.B, 1986, p. 103, n°40bis ; J.-F. ROMAINS, op cit, 1995,
p.35 ; A. VANOEVELEN, op cit, R.W., 2002-2003, p. 418.
301
Cass, 19 mai 1961, Pas., 1961, I, p.1008.
302
Exemple, le vendeur d’une maison de tolérance n’est pas tenu de rembourser le prix en cas d’annulation de la
vente. Il en est de même de celui qui a acheté au marché noir un bien interdit par la loi. Il n’a pas droit au
remboursement du prix.
303
Cass, 19 mai 1961, Pas., 1961, I, p.1008.
140
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304
KALONGO MBIKAYI, op.cit, p.104. Cass, 19 mai 1961, Pas., 1961, I , p.1008.
141
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La théorie des nullités des actes juridiques est l’une des plus
complexes du droit des obligations305. Cette complexité repose notamment sur le
caractère parfois ambigu des termes utilisés par le législateur pour désigner la nullité.
Ainsi, n’est-il pas rare de rencontrer tant dans le Code civil que dans des lois
particulières des expressions telles que : nullité de plein droit, nullité absolue, nullité
relative, rescision, résolution, convention n’a aucun effet, caducité, résiliation et bien
d’autres concepts (comme : « réputé non écrit » et « ne lient pas ») considérés
aujourd’hui par la majorité de la doctrine belge et française comme synonymes de la
nullité prononcée par la voie judiciaire306.
1. La nullité ne peut être prononcée que par le juge (tribunal) et lui seul. Elle n’est
donc pas automatique sauf lorsqu’elle opère de plein droit (dans ce cas le texte
doit le dire).
2. Cette nullité doit être préalablement prévue par un texte légal en vertu de l’état
actuel de notre droit tourné vers la nullité dite « textuelle »307.
305
H. DE PAGE, Traité, t. II, 1964, p.742 ; R.JAPIOT, Des nullités en nature d’actes juridiques. Essai d’une
théorie nouvelle, Thèse de doctorat, Paris, A. Rousseau, 1909, 940 p ; C.RENARD et E.VIEUJEAN, « Nullité,
inexistence et annulabilité en droit civil belge », Ann. Dr. Liège, 1962, p.243 ; et S ; COIPEL, Eléments de
théorie générale des contrats ; op.cit, 1999, p.70 et S.
306
V.BASTIAEN, et G. THOREAU, « les nullités en droit civil. Rappel des principes généraux, aperçu des
causes dans la jurisprudence récente, régime juridique de l’action, étendue de l’annulation et restitution », in
Les nullités,… 1991, p.98.
307
Certains auteurs pensent cependant que la nullité des actes juridiques ne doit pas nécessairement être prévue
par un texte légal. C’est la théorie dite de « nullité virtuelle » (voy notamment C.RENARD et E.VIEUJEAN,
« Nullité, inexistence et annulabilité en droit Belge » Ann. Dr. Liège, 1962, p.267 et s ; H.JACQEMIN, op.cit, in
La nullité des contrats, 2006, p.116.
142
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
3. La nullité qu’elle soit relative ou absolue peut être soulevée soit par voie
d’action (initiative du demandeur qui agit de façon positive au moyen d’une
action principale), soit par voie d’exception (de façon passive par le défendeur
poursuivi qui refuse l’exécution).
4. Les types classiques de nullités sont la nullité absolue et la nullité relative.
5. Avant que le juge ne prononce la nullité, l’acte juridique est seulement
annulable (c'est-à-dire, il existe avec son défaut en attendant que la justice ne
mette fin à l’apparence de validité qui s’attache à lui).
6. Toutes les nullités (absolue et relative) produisent les mêmes effets :
l’anéantissement rétroactif de l’acte juridique (le contrat est sensé alors n’avoir
jamais existé) sauf en ce qui concerne les contrats successifs dont les effets se
produisent ex nunc et non ex tunc.
§1. Définition
La nullité est la sanction juridique qui frappe un acte
juridique entaché d’un défaut à sa formation308. L’ article 8 ayant prévu quatre
conditions essentielles pour la formation et la validité des conventions, un acte
juridique dont la conclusion ne serait pas conforme à cette disposition pourrait être
sanctionné par la nullité. Celle-ci a donc pour effet de ramener les parties à la situation
antérieure à la formation du contrat (prestin état), lequel sera présumé n’avoir jamais
existé. C’est l’anéantissement rétroactif de ce qui a été fait.
308
C.RENARD et E.VIEUJEAN « nullité, inexistence et annulabilité en droit civil Belge» Annale de droit de
Liège, 1962, 243 et s.
143
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318
Dérogatoire au droit commun, le droit de résiliation unilatérale est de stricte interprétation.
146
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319
P.A.F ORIERS, La caducité des obligations contractuelle par disparition d’un élément essentiel à leur
formation, Bruxelles, Bruyant, 1998, p.147 et S.
320
P.A.F ORIERS, op.cit, 1998, pp.32-33, pp 115-118, pp.189-193.
321
J.GHESIN et M.BILLIAU, Droit civil. Les obligations, (les effets du contrat), L.G.D.J., Paris 1992, p.579.
L’auteur souligne que l’opposabilité est un phénomène général qui tend à faire reconnaitre l’existence du contrat
par les tiers car si ces derniers étaient autorisés à le méconnaitre, il ne pourrait pratiquement pas prétendre à
l’efficacité, même entre parties.
147
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Exemple : cession de créance opérée au mépris des prescrits de l’article 353. On peut
également citer le cas de la conclusion du contrat fait en fraude des droits des tiers.
permis de se demander si ces diverses expressions peuvent avoir des rapports avec la
nullité, particulièrement en ce qui concerne le « réputé non écrit », le « réputé
inexistant » et le « ne lient pas ».
323
V.BASTIAEN et THOREAU « les nullités en droit civil. Rappel des principes généraux aperçu, des causes
dans la jurisprudence récente, régime juridique de l’action, étendue de l’annulation et restitution » in Les
nullités …, 1991, p.98.
324
R.BAILLOD, A propos des clauses réputées non écrites » in Mélanges dédiés à Louis Boyer, Toulouse,
Presse de l’université des sciences sociales, 1996, pp.15-38. L’auteur cite par exemple l’article 900 du Code civil
français aux termes duquel : « dans toute disposition entre vifs ou testamentaires, les conditions impossibles,
celles qui sont contraires aux lois ou aux bonnes mœurs, seront réputés non écrites ».
325
V.COTTEREAU, « la clause réputée non écrite » J.C, 1993, I, n°3961, pp. 315-321 ; S.GAUDEMET, la
clause réputée non écrite, préface y. LEquette, Paris, Economica, 2006, 380p.
326
V.RENIER, P.RENIER, B.DEMANET et B.CLERIN, « le bail à ferme » Rép.not., t. VIII, les baux, I.II,
Bruxelles LARCIER, 1992, p.115.
149
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
sollicitée par toute personne intéressée : les parties, leurs ayants-cause à titre
universel et à titre particulier, les créanciers, le tribunal d’office ou à la demande
de l’une des parties329, les tiers même penitus extranei ainsi que le ministère public
lorsqu’il intervient en tant que partie jointe dans un procès civil (surtout lorsqu’il
donne son avis dans un procès civil)330.
Par contre, l’action en nullité relative ne peut en principe être
intentée que par la ou les personnes que la loi a voulu protéger en établissant la
nullité. Il s’agit par exemple, en cas d’erreur, de celui qui s’est trompé et en cas
d’incapacité, de l’incapable devenu majeur331. Cependant, d’autres personnes peuvent
exercer l’action en nullité relative en lieu et place de la personne protégée. Ce sont
donc : le représentant légal de l’intéressé principal (tuteur du mineur, par
exemple), les héritiers de celui-ci, ses créanciers agissant par voie d’action oblique
(art 64) et même ses ayants-cause à titre particulier (ceux qui succèdent au droit
faisant l’objet du contrat annulable)
De la sorte, il est fréquent de voir un contrat entaché d’une cause
de nullité relative continuer à exister alors qu’un contrat affecté par une cause de
nullité absolue survit difficilement en raison des nombreuses possibilités offertes pour
l’attaquer.
Enfin, la nullité relative doit être soulevée au premier degré faute
de quoi le titulaire de l’action sera sensé y avoir renoncé.
329
Le juge peut soulever la nullité absolue en tout état de la procédure, même pour la première fois en appel ou en
cassation.
330
Toutefois, le ministère public ne peut agir lui-même par une action principale en nullité absolue d’un contrat
sauf lorsque la loi lui reconnait formellement ce droit ou quand l’ordre public est spécialement et directement
intéressé.
331
Ainsi le contractant avec lequel la victime a traité n’a pas d’action en nullité relative. Il en est de même de
celui qui a traité avec un incapable. Dans les règlementations des clauses abusives contenues dans un contrat
passé avec un consommateur par un professionnel, l’action en nullité relative appartient au seul consommateur.
Cas de la directive européenne 93/13 du 5 avril 1993.
332
JULLIOT de la MONRANDIERE, Précis de droit pénal, 3è éd DALLOZ, 1964, n°403.
151
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333
Voy.C.EYBEN, «La prescription des actions en nullité et exercice de nullité », in La nullité des contrats,
Bruxelles, Larcier, 2006, p.189 et s.
334
En droit Belge, la loi du 10 juin 1998 a réduit ce délai à 10 ans (art 2262bis nouveau §1 al1 du Code civil).
Ainsi dans ce droit, la différence de régime est réduite entre les nullités absolue et relative.
153
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de façon expresse (cas de nullité virtuelle), le juge a un pouvoir assez large pour
apprécier si l’importance de la règle, eu égard notamment à l’esprit de la loi, mérite
la sanction de la nullité »337. Tel est le cas lorsque les parties ont négligé
l’accomplissement des formalités substantielles ou indispensables à la réalisation des
fins que le législateur s’est proposé d’atteindre. Le juge apprécie alors la gravité de
l’atteinte que subissent les intérêts des parties avant de prononcer la nullité, surtout
lorsqu’ elle n’a pas été prévue expressément par un texte légal338.
Par ailleurs, la loi permet parfois à l’une des parties d’opter pour
une solution moins radicale (ne pas solliciter la nullité totale) si une partie seulement
de l’obligation peut être exécutée (art 278 al2). De même, les juges sont appelés à
octroyer seulement des dommages-intérêts en cas de dol incident.
Enfin, la nullité peut être totale (concerner l’acte tout entier) ou
partielle (viser seulement l’une de ses clauses). La nullité d’une clause n’entraîne
pas nécessairement celle du contrat. Il faut chaque fois examiner l’intention des
parties pour connaitre le sort du contrat face à une clause irrégulière. Si, d’après cette
intention, le contrat ne peut subsister sans la clause irrégulière, la nullité de cette
clause emportera celle du contrat tout entier. Dans le cas contraire, le contrat devra
survivre en étant expurgé de la clause litigieuse.
Telle n’est cependant pas la solution adoptée par le législateur en
ce qui concerne la condition d’une chose impossible immorale ou illicite (art.70). La
nullité de cette condition, dit le législateur, emporte celle de la convention qui en
dépend (art 70).
Bref, la nullité entraîne la dissolution rétroactive de l’acte
juridique. Mais cette rétroactivité peut parfois s’avérer préjudiciable au point qu’il faut
y apporter des tempéraments pour préserver les intérêts de certaines parties ou ceux
des tiers.
337
Sur le pouvoir d’appréciation du juge en matière de nullité, Voy. J. Hansenne, op.cit., p.2000, pp.341-342.
338
En l’espèce, les formalités prévues par la loi n’avaient pas été respectées dans le contrat d’intermédiaire de
voyage, et la nullité n’avait pas été expressément prévue comme sanction par le législateur la Cour de cassation
Belge retient néanmoins la nullité en insistant sur l’absence de l’automatisme dans l’application de cette sanction
(cass, 26 mai 2006, R.G.D.C, 2007, p.476 avec note. P.WERY).
155
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2. La nullité invoquée contre un contractant de bonne foi (qui ignorait le vice qui a
donné lieu à la nullité) permet à ce dernier de conserver les fruits du bien acquit
en vertu d’un contrat nul.
3. En cas de nullité d’un contrat passé par une personne incapable, ce dernier ne
restitue que ce qu’elle a conservé au moment de l’action et non ce qu’elle a déjà
dépensé.
4. La nullité d’un contrat pour cause immorale peut se heurter à l’invocation de
l’adage « nemo auditur » et permettre à un contractant de conserver le bénéfice
d’un contrat immoral en raison de l’interdiction ou du refus d’action en nullité
ou en restitution dû à son indignité.
5. En matière immobilière, la nullité du contrat d’aliénation n’entraîne pas
automatiquement celle du certificat d’enregistrement.
339
STRACK, n°S 1683 et s, p.508.
156
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INTRODUCTION
Dans ce chapitre et celui qui suit (chapitre V), nous entrons, par
anthropomorphisme, dans la vie d’un contrat. Celui-ci doit manifester son existence en
produisant des effets tant vis-à-vis des parties (effets internes) qu’à l’égard des tiers
(effets externes, Chapitre V)340. Concrètement donc, le contrat oblige les parties au
respect de ce qu’elles ont convenu, tandis que les tiers ne doivent pas ignorer son
existence en tant que fait ou réalité sociale parce que le contrat est appelé à s’intégrer
dans le commerce juridique.
C’est à l’examen de ces effets que nous allons nous livrer dans
ce chapitre en précisant que celui-ci sera subdivisé en deux sections dont la première
sera consacrée à l’étude de la force obligatoire du contrat et la seconde à celle de
l’inexécution du contrat et ses sanctions.
344
Le dédit peut être fixé et même versé par avance.
345
Les arrhes sont une somme d’argent que l’une des parties, généralement l’acheteur, remet à l’autre dans la
conclusion du contrat. Les arrhes peuvent jouer un triple rôle :
- elles peuvent constituer un acompte sur le prix
- elles peuvent servir de moyen de preuve
- elles peuvent jouer le rôle de dédit. Alors les parties se réservent la faculté de sortir du contrat (de se
dédire). Elles peuvent ainsi décider que l’une d’elles versera des arrhes. Celle qui les a versé peut se
délier (de dédire) en les perdant. Celle qui les a reçues peut en restituer le double (cfr. KUMBU
KINGIMBI, Cours polycopié des principaux contrats usuels, UNIVERSITE KONGO 2008-2009, p.22.
D’après la jurisprudence, le paiement d’une indemnité de dédit est incompatible avec l’exécution directe du
contrat (Elis, 3 avril 1948, RJCB, p.101).
159
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1. Définition de la simulation.
Le Code civil ne contient pas un régime d’ensemble de la
simulation. Tout au plus, y fait-il allusion à l’article 203 précité, situé dans la section
consacrée à la preuve littérale. Ainsi, l’avarice du législateur en matière de la
simulation contraste avec l’importance pratique de cette notion, qui selon P.VAN
OMMESLAGHE, se situe à l’intersection de diverses théories fondamentales du droit
des obligations. En effet, la notion de la simulation se retrouve notamment dans :
346
P.VAN OMMESLAGHE, op.cit, Les obligations contractuelles 2000, p.148. La simulation se trouve dans
le régime de la preuve dès lors que l’unique disposition qui l’organise (art.203) se trouve placé dans les
textes relatifs à la preuve écrite.
160
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2. Conditions de la simulation
Il faut qu’il y ait entre les mêmes parties, l’existence de deux conventions
(l’acte apparent et la contre-lettre) dont la seconde (contre-lettre) qui contient la
volonté réelle des parties a pour effet de détruire ou de modifier la première.
Les deux conventions doivent être contemporaines, c’est-à-dire, elles doivent
avoir été conclues en la même période ou dans des intervalles de temps voisins
de façon à ce qu’elles puissent s’appliquer simultanément.
La seconde convention modifiant la première doit demeurer secrète.
Autrement-dit, son existence ne doit pas être révélée par la convention
ostensible, car la simulation suppose un élément intentionnel : la volonté de
cacher la vérité par le recours à l’acte ostensible.
347
P.VAN OMMESLAGHE ibidem, p.152.
348
Ainsi, la simulation entant que boniment concerté se distingue du dol qui est un mensonge d’une partie à
l’égard de l’autre partie. Elle se distingue également d’une qualification « erronée d’un acte juridique qui est en
elle-même le fruit d’une erreur, d’une méprise alors que dans la simulation il n’y a ni erreur, ni représentation
inexacte de la réalité. Enfin, la simulation se distingue de l’apparence par l’intention concertée de deux parties de
cacher délibérément la vérité alors que dans la théorie de l’apparence le titulaire apparent croit « sincèrement »
agir dans la vérité.
161
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3. Effets de la simulation.
On s’accorde à reconnaître que la simulation n’a pas de
conséquences propres. Elle est donc neutre dans ce sens que si les parties ne font pas
recours à la simulation pour, par exemple, échapper à l’application des règles de droit,
elle est valable en soi. Et, on dit dans ce cas qu’elle ne nuit ni ne profite. Toutefois, la
simulation peut, dans des cas exceptionnels donner lieu à la nullité soit de la contre-
lettre seule, soit de la contre-lettre et de l’acte apparent.
4. Preuve de la simulation
La simulation cache souvent une fraude, mais cela n’est pas
toujours le cas. Ainsi, lorsque les deux conventions circulent en même temps,
l’application de modes des preuves sera fonction de la nature des relations envisagées.
349
J.CARBONNIER, op.cit., pp.149-155.
162
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contre-lettre dont l’acte ostensible est un écrit, les parties ou l’une d’elle devra
produire un écrit puisqu’il est question de prouver contre un écrit.
Par contre, si l’on s’en tient aux rapports entre les parties et
les tiers, ces derniers demeurant en principe ignorant de la contre-lettre, peuvent donc
méconnaitre celle-ci et n’exiger que l’acte apparent. Toutefois, en cas de nécessité ou
lorsque l’intérêt se fait sentir, les tiers peuvent se prévaloir de la contre-lettre au moyen
d’une action en déclaration de simulation. La preuve de la convention dissimilée
peut alors être faite par tous les moyens (écrit ou commencement de preuve par écrit)
parce que pour le tiers, la simulation n’est qu’un fait juridique350.
350
Sont considérés comme tiers au sens de l’article 203 régissant la contre-lettre, les ayants cause à titre
particulier, les créanciers chirographaires et les héritiers réservateurs.
351
B. STARCK, op.cit., N°1 1899 à 1902, voy. aussi J.T, 2002, p.467. Exemple, les professionnels (assureurs,
transporteurs et autres) doivent régulièrement informer, assister, avertir et conseiller leurs clients.
163
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pourra, par le biais de l’article 33 al3 imposer aux parties une série de normes de
comportements objectives. Ainsi, l’obligation de loyauté impose au créancier le devoir
de ne pas gêner le débiteur dans l’exécution de son obligation.
2. Lorsqu’une clause à deux sens, on doit l’interpréter dans le sens qui lui permet
de produire des effets que dans celui qui les lui en prive (article 54)
3. De deux sens qu’un terme peut avoir, on doit opter pour celui qui convient le
plus à la matière du contrat, car il est plus conforme à l’intention commune des
parties (article 56).
5. Les clauses ne doivent pas être interprétées isolement, on doit tenir compte de
leur rapport avec l’ensemble du contrat (article 59).
358
Anvers, 6 janvier 1986, R.W., 1986-1987, 675, note T. VAN WEET VELT, Bruxelles, 20 février. 1886,
R.G.A.R, 1987, n°1126, obs .J .LIBOUTON.
359
Cass., 23 juin 1983, précité.
360
R.G.A.R, 1994, n°12260. En ce sens aussi, Liège, déc. 1995, R.R.D., 1996, note P.WERY ; Anvers, 6 janvier
RW., 1987, 675, note .T. VANSWEEVELT ; J.T, 1988, 140 avec concl. AV. gém .J.F.LECLERCQ, J.L.N.B
1987, 1339 et sur pourvoi (rejeté) Cass. 17 oct. 1988, Pas., 1989, I, 158. Voyez aussi P.WERY, « l’interprétation
des contrats d’adhésion en cas d’ambiguïté ou d’obscurité de leurs clauses » note sous Liège, 25 avril 1996,
J.L.M.B, 1996, p.1374 et s.
166
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- Le contrat est dans l’ensemble soumis à la loi générale (c’est la convention qui
doit se conformer à la loi et non le contraire).
- En cas de différend, les parties doivent apporter la preuve de leur contrat et non
pas celle de la loi générale.
- En cas de pourvoi en cassation, celui-ci doit être fondé sur la violation de la loi
et non sur la violation du contrat qui est une question de fait laissée à
l’appréciation du juge du fond. Pour rappel, le pourvoi en cassation est une voie
de recours extraordinaire destinée à sanctionner la violation de la loi (du droit)
par le juge statuant au second degré.
I. Généralités
Le plus souvent le débiteur manque à ses obligations. Au lieu de
les mettre en œuvre conformément à la volonté des parties, il peut soit ne pas les
exécuter totalement, soit les accomplir en retard, soit encore les exécuter partiellement
167
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A. La mise en demeure.
1. Nécessité
Nous avons déjà parlé de la mise en demeure à propos du
transfert des risques dans les obligations ayant pour objet le transfert de
propriété (cfr. Supra, définition, forme et effets de la mise en demeure). Ce qu’il faut
retenir ici est que la mise en demeure est nécessaire avant tout recours à
l’exécution forcée et l’application des sanctions de l’inexécution contractuelle.
Car, sans la mise en demeure, le créancier est censé ne pas souffrir de l’inexécution ou
du retard d’exécution par le débiteur de son obligation et ne peut, dès lors, solliciter le
dommages-intérêts compensatoires ou moratoires (article 44 du Code civil).
3. Lorsque la loi fait courir les intérêts de retard de plein droit dans certains cas
(article 542 du Code civil).
Introduction
361
H DE PAGE, Traité, III, 1967, n°73, pp. 69-98.
362
Cass, 14 mars, Pas., 651, R.W., 1993, p.1276.
363
Elis, 2 février 1971, R.J.C.B, 1932, p.56 ; Léo, 4 oct. 1928, Jur.col.1929, p.210 avec note ; Léo 29 juin 1943,
R.J.C.B. 1994, p.22.
170
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364
M.FONTAINE, « les clauses de force majeure dans les contrats internationaux », D.P.C.I., 1979, 469 et s ;
P.VAN OMMESLAGHE, « les clauses de force majeure et d’imprécision hardship) dans les contrats
internationaux R.D.I.C, 1980, 7 et s.
365
J.CARBONNIER, droit civil, IV ? 269 ; Brux, 13 janvier 1988 R.W.1990-1991, 783 ; Brux, 14 avril J.T.,
1989, 356.
366
P.H. ANTONMATTEL, Contribution à l’étude de la force majeure, L.G.D.J., 1992 ? P.160.
171
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Aussi, allons-nous, tout au long de cet enseignement, regarder ces notions comme
équivalentes d’autant que le cas fortuit et la force majeure sont d’après le dictionnaire
de droit, des événements imprévisibles qui empêchent le débiteur d’exécuter ses
obligations369.
367
Voy. A ce sujet COLIN et CAPITAIN, t. II, n°126 et 127 MAZEAUD et TUNC, t.II, n°1151 et s.
368
Voy, par exemple, les articles 46, 194, 379,390, 420, 455 et 500 du CCCLIII.
369
Dictionnaire de droit, Dalloz, verbo force majeure
172
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l’empêcher ni avoir une idée sur son amplitude (exemples, tempête, séisme
pouvant atteindre plusieurs degrés sur l’échelle de Richter).
370
Elis, 13 juin 1914, Jur.col.1925, p.Elis, 28 janvier 1964, R.C.J., 1964, p.82 ; Liège, 16 nov 1987, J.I.M.B.,
1988,obs P.-H. ; MONS, 10 avril 1989, Rev.not.b., 1989, 539, obs.D-S., Liège 27 juin 1995, J.L.M.B., 1996,
100, obs.P.WERY.
371
Liège, 27 juin 1997, J.L.M.B., 1996, 100, obs. P. WERY ; aussi Cass., 13 mars 1947, Pas., 1947, I, 108 concl.
Proc.Gén.HAYOIT de TERMICOURT.
372
H.DE PAGE, Traité, II, n°602 ; J.LIMPENS, « Examen », R.C.J.B, 1969, 237.
173
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
d. Preuve de la libération.
Selon les prescrits des articles 45 et 194 du Code civil livre III, le
débiteur qui ne s’est pas exécuté doit pour ne pas engager sa responsabilité, prouver
le fait qui a entrainé sa libération. Il doit, pour se faire, soit brandir la preuve du
paiement, soit démontrer l’existence d’une cause étrangère libératoire faute de quoi il
sera présumé en faute. Le créancier entant que personne réclamant l’exécution d’une
obligation ne sera amené qu’à prouver l’existence du contrat et de son contenu. La
preuve de la libération incombe donc au débiteur ainsi que le souligne l’article 197
alinéa 2 qui pose un principe général en cette matière.
- Etre commise par le tiers, agissant par lui-même. Ce qui veut dire que ce tiers
ne peut être ni le représentant légal ou conventionnel du débiteur ni son
préposé.
0. Position du problème.
La force majeure frappe de mort le contrat d’où procèdent les
obligations des parties. C’est l’évidence même. Mais, ces obligations peuvent
s’éteindre aussi pour un autre motif. En effet, les contrats surtout synallagmatiques se
caractérisent par l’interdépendance des obligations réciproques. Chacune des
parties ne s’engage qu’en vertu de la prestation promise par l’autre. Ainsi, dans un
contrat de vente, le vendeur ne peut s’obliger à exécuter la prestation promise qu’à
condition que l’acheteur se soit engagé à en payer le prix, et réciproquement. C’est
l’application même de la théorie de la cause qui interdit qu’on puisse s’engager dans le
vide sans raison fondamental justificative.
- Notion
L’exception d’inexécution considérée comme une sorte de
justice privée est un principe général de droit375 qui reconnait à chaque contractant
374
le droit de refuser d’exécuter son obligation tant que l’autre partie n’aura pas
accompli la sienne376.
374
Voy J..H.HERBOTS, « l’exception d’inexécution et la mesure à garder dans le contrat de bail », note sous
cass, 65 mars 1986, R.C.J.B, p.563 et s ; JM.TRIGAUX, « l’exception de l’inexécution en droit Belge » in Des
sanctions… 2001, p.57 et s.
375
La jurisprudence moderne a élèvé ce moyen de défense au rand de principe général de droit (voy. not Cass.,2
novembre 1995, Pas, I, p. 977 ; 15 juin 2000, I, p. 372 ; Cass., 22 avril, 2002, RGDC, 2004, p.399.
376
. M. T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI, Cours polycopie de Droit civil. Les obligations, année
académique 2008-2009, pp. 72-73.
176
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
dispositions éparses relatives particulièrement aux contrats spéciaux : articles 289 (sur
la vente : le vendeur n’est pas tenu de délivrer la chose si l’acheteur n’en paye pas le
prix, et que le vendeur ne lui ait pas accordé un délai pour le payement), 290, 328, 330
et 367 sans oublier l’article 511 sur le dépôt (le dépositaire peut retenir le dépôt
jusqu’à l’entier payement de ce qui lui est dû à raison du dépôt ».
1. Il doit s’agir d’une créance certaine et exigible. Elle n’a pas besoin d’être
liquidée.
377
Cass., 14 mars 1991, Pas., 1991, I, p.652, J.T.1992, p.77, RW.1993-1994, p1276.
177
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b. La résolution judicaire.
l’article 82 du Code civil livre III même si la jurisprudence estime que la dissolution
du contrat résultant de la force majeure doit aussi requérir l’intervention du juge parce
que l’article 82 ne fait pas de distinction entre les causes d’inexécution. Ainsi, le juge
doit intervenir même dans ce cas pour vérifier si l’inexécution provient d’une cause
étrangère. Quoi qu’il en soit, la force majeure constitue un risque libératoire indéniable
et lorsqu’elle est arrivée sans l’intervention du débiteur, le tribunal saisi de la
contestation ne se bornera qu’à constater la libération de l’obligation qui a donc eut
lieu antérieurement. Aucune partie ne sera condamnée à des dommages et intérêts
parce que personne n’a commis de faute.
a. Ainsi dans les contrats unilatéraux où les obligations ne pèsent que dans le
chef d’une seule partie (uno latere) si la chose périt par cas fortuit sans la faute du
débiteur, ce dernier est libéré et le contrat est dissous de plein droit. Comme l’écrit H.
DE PAGE, tout s’arrête là. Et c’est le créancier qui doit supporter seul les risques (cas
d’une voiture remise en dépôt qui périt sans la faute du dépositaire. Les risques sont
pour le créancier déposant parce que le débiteur qui est le dépositaire, est
automatiquement libéré par la survenance du cas fortuit et ne peut rien restituer). C’est
ce qui est exprimé par l’adage latin « Res perit creditori »381.
exécuté doit avertir l’autre partie de l’empêchement et de ses effets sur sa capacité d’exécuter ».
Bien plus, sauf si la force majeure les prive d’effets, certaines obligations « survivant » au contrat demeurent
même en cas de force majeure. Il s’agit par exemple des obligations de confidentialité, de destruction et de non
concurrence.
381
H DE PAGE, Traité, t.2, 1964, p.811.
179
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
de l’obligation de livraison qui devra en supporter les risques. Avec cette conséquence
que la force majeure ayant libéré simultanément et de plein droit l’autre partie (le
cocontractant), il ne pourra plus exiger la prestation qui lui a été promise en retour, en
l’occurrence, le paiement du loyer382.
c. Dans les contrats translatifs de propriété, tel que le contrat de vente, une
autre règle est applicable. Elle se traduit par la formule « res perit domino ». En effet,
comme nous l’avons déjà signalé à propos de la perte d’un corps certain (art.194 du
CCCLIII), les contrats translatifs de propriété se caractérisent par le transfert
automatique de propriété du vendeur à l’acheteur. Ce dernier devient ainsi par la force
des choses propriétaire du bien vendu (dominus), même si le bien n’est pas encore
livré, ni le prix payé. Dès lors, en cas des risques survenus à ce bien, le vendeur est
alors libéré, mais l’acheteur sera tenu en tant que propriétaire d’acquitter le pris d’un
bien dont il ne pourra plus obtenir livraison. C’est donc là une parfaite application du
principe de la connexité des obligations dans les contrats synallagmatiques.
4. La théorie de l'imprévision
a. Notion.
On s'est posé la question de savoir si le débiteur peut invoquer
des circonstances extraordinaires et imprévisibles survenant en cours d'exécution du
contrat et rendant le respect de ses engagements plus difficiles ou plus onéreuses pour
obtenir la dissolution ou la révision du contrat afin d'en rétablir l'équilibre.
- Elle est conforme à la volonté de parties qui n'ont contracté qu'à des conditions
normales (rebus sic standibus) en excluant tous les événements extraordinaires.
Sécurité juridique oblige.
- Elle repose sur l'article 33 qui exige que le contrat soit exécuté de bonne foi par
les parties. Or, la bonne foi suppose la loyauté impliquant la prise en compte
d'événements imprévus.
A. Obligation de donner
C’est celle qui consiste pour le débiteur à transférer au créancier
la propriété d’une chose ou à constituer à son profit un droit réel sur cette chose.
cas de défaillance du débiteur et surtout l’astreinte (non encore organisée dans notre
pays, mais appliquée par certains tribunaux au titre de principe général de droit).
395
P.WERY, l’exécution forcée en nature des obligations contractuelles non pécuniaires. Une relecture des
articles 1142 à 1144 du Code civil, préface, I.MOREAU, KLUWER éd, jurid Belgique, 1993, pp7b et s.
396
Voy notamment J.FLOUR et J-L. AUBERT, Droit civil. Les obligations, vol .I, Paris, P.COLIN, 6èd, 1994,
p.28.
185
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
On voit donc que les dommages et intérêts ne sont dus qu’à titre
subsidiaire lorsque l’obligation principale n’a pas été accomplie 398 du fait par exemple
que la chose à livrer a péri ou qu’elle n’a pas été livrée en temps utile pour le
créancier.
399
Les autres formes étant l’exécution manu militari de l’obligation et le jugement tenant lieu d’acte à
accomplir (art. 142 et 614 al3 du Code de la famille).
400
Font parties des saisies conservatoires en droit OHADA : la saisie conservatoires des biens meubles corporels.
La saisie conservatoire des créances ; la saisie conservatoire des droits d’associé et des valeurs mobilieres ainsi
que la saisie –revendication. Les saisies exécutoires quant à elles comprennent : la saisie-vente ; la saisie-
attribution des creances ; la saisie appréhension et la saisie immobilière.
401
Art. 1er et SS de l’AUPSRVE.
402
Art. 19 et SS de l’AUPSRVE.
187
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
L’astreinte
Pour des plus amples détails sur cette question, on pourra se
référer à notre article intitulé : « L’astreinte, un procédé moderne de contrainte
méconnu en droit congolais. Contribution à l’étude d’un mécanisme susceptible
d’influer positivement sur le cours de la justice en République Démocratique du
Congo »404.
1) Définition de l’astreinte.
Selon la définition qu’en donne J.VAN COMPERNOLLE
« l’astreinte est une condamnation accessoire et éventuelle à payer une somme
d’argent selon les modalités fixées par le juge et indépendamment de la réparation du
préjudice causé par l’inexécution de l’obligation, afin d’exercer une pression sur le
débiteur au cas où celui-ci n’exécuterait pas volontairement la condamnation
principale prononcée contre lui 405».
2) Caractères de l’astreinte.
L’astreinte est une condamnation accessoire à la condamnation
principale ; elle consiste au paiement d’une somme d’argent au créancier par le
débiteur défaillant ; elle est fixée par le juge ; elle remplit une fonction à la fois
comminatoire et punitive ; enfin, elle est différente des dommages-intérêts.
403
L’astreinte judiciaire parce que c’est d’elle qu’il s’agit reste encore une pratique jurisprudentielle dans notre
pays quand bien même la jurisprudence demeure elle-même divisée sur cette question. A l’exception de Ière
Inst.leo 12 juillet 1935, R.J.C.B, 1940, p 105 avec note E.F.Y…toutes les autres décisions sont contre la pratique
de l’astreinte (voy. KALONGO MBIKAYI, op.cit, p140). D’où notre plaidoyer pour la consécration de
l’astreinte en RDC. Toutefois, notons que l’astreinte judiciaire est consacrée en Belgique par la loi du 31 janvier
1980 et l’astreinte administrative par celle du 17 octobre 1990 modifiant l’article 36 des lois cordonnées sur le
conseil de l’Etat. Quant à la France, c’et la loi N°91-650 du 09 juillet 1991 qui organise l’astreinte judiciaire.
Tandis que la loi N°80-539 du 16 juillet 1980 consacre l’astreinte administrative. Elle a été complétée par la loi
N°95-125 du 8 février 1995 ouvrant la possibilité aux juges administratifs saisis de l’action principale d’assortir
leurs décisions d’injonction et d’astreinte.
404
MULENDA KIPOKE J-M. « L’astreinte… », in Cahiers Africains des droits de l’homme et de la démocratie,
16è année N°035 VOL.I Avril-juin 2012, pp 297-325.
405
J. VAN COMPERNOLLE, « L’ astreinte », in Rep. not. T. XIII, livre IV, Titre 6, 2006, p.36.
188
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406
Art. 1385 bis du Code judiciaire belge et 34 de la loi française du 9 juillet 1991.
407
I.MOREAU-MARGREVE, « l’astreinte », annales de liège 1982, pp 43 et s.
190
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408
A. BENABENT, op.cit. p.365.
191
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1. Notion de dommages-intérêts.
a) Principe
La réparation du dommage doit en principe être intégrale. Ainsi,
le juge doit établir souverainement et avec précision, le montant des dommages
intérêts auxquels le créancier peut prétendre. Il s’agit là d’une question de fait qui
échappe au contrôle de la Cour de cassation.
b) Procédé
Bien entendu, il arrive au juge de procéder souvent à une
évaluation ex aequo et bono du préjudice lorsque le demandeur ne fournit pas des
éléments de base certains pouvant aider au calcul des dommages-intérêts. Mais, en
général il incombe au juge de tenir compte des éléments ci-après pour la fixation de
l’indemnité de réparation :
409
Tribunal de commerce de Liège 10 mars 1993, RDC-, 1994, p.462.
193
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b) Dommages-intérêts conventionnels.
L’article 51 n’est pas d’ordre public. Aussi, les parties peuvent-
elles y déroger en supprimant l’exigence de la mise en demeure préalable tout comme
elles ont la liberté de stipuler un taux d’intérêt distinct du taux judiciaire. C’est ce
qu’on appelle l’intérêt conventionnel (art. 480 CCCL III).
411
Pas. 1930, I, 129, Procedé des concl. AV. gén. Sartini vandin KERCKHOVE.
412
Bruxelles 8 mai 1990, J.T, 1990, 675, J.L.M.B, 1990, 1255 ; MONS, 1er déc. 1994, J.T ; 1995, 650 ; Civ.liège,
16 sept 1987, JLMB, 1989, 406, obs.C. PARMENTIER.
413
H. DE PAGE, Traité, t.3, 1967, p.154.
195
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1. Définition
La clause pénale est celle par laquelle les parties fixent à
l’avance le montant forfaitaire des dommages -intérêts à payer par le débiteur en cas
d’inexécution.
-
Le caractère conventionnel de la clause pénale.
Qu’elle se présente sous la forme d’un article du contrat ou celle
de la convention additionnelle au contrat de base, la clause pénale doit résulter d’une
convention, c'est-à-dire, d’un accord de volontés entre parties à savoir, le créancier et
le débiteur. Les Cours et Tribunaux sont ainsi appelés chaque fois à veiller à ce
caractère conventionnel qui implique également que la clause fasse partie du champ
contractuel414.
Ainsi, les clauses qui ne figurent que sur les factures établies
postérieurement et unilatéralement par le créancier sont inopposables au débiteur415.
414
M. COLTEL, éléments…, 1999, pp.45-49.
415
Liège 21 nov. 2000, RRD., 2000, pp 483.
196
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416
H DE PAGE, Traité, t, 3, 1987, p.152, n°117
417
Cass., 17 avril 1970, I, p.545. ,J .T, 1970, p.545, RJCB, 1972, p.545, note I. MOREAU-MARGREYE. Pour
la Cour de cassation belge, la clause ne peut remplir qu’une fonction indemnitaire.
197
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liberté contractuelle, les parties peuvent donner à la clause pénale une nature
coercitive.
-
Le caractère forfaitaire de la clause pénale.
La clause pénale étant généralement définie comme une
convention sur les dommages-intérêts à devoir par le débiteur en cas d’inexécution ou
d’exécution tardive de l’obligation lui incombant, point n’est besoin d’affirmer qu’elle
repose sur le paiement d’une indemnité compensatoire. Cette indemnité fixée à
418
I.MOREAU-MARGREVE, « Une institution en crise : la clause pénale » RCJB., 1972, p.549 et s ;
VANRYN « nature et fonctions de la clause pénale selon le Code civil », J.T., 1980, p.557 et s ; P.VAN
OMMESGHE, « Examen », R.C.J.K, 1975, pp.543 et R.C.J.B, 1986, pp.229-230.
419
Cass. Com, 24 janvier 1991, Bull, IV, n°43. Voy. aussi dans le même sens A. BENABENT, op. cit, p. 171.
198
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420
P.WERRY « Chronique » RCJB, 1998, p.228.
421
Dans son intéressant ouvrage intitulé Technique contractuelles J.M MOUSSERON donne des enseignements
très importants sur la rédaction des clauses pénales sous le titre très évocateur « La construction de la clause
pénale », (voy.J-M -MOUSERON, Techniques contractuelles, 2èd, Ed. Francis le Febvre, 1999, p.539 et s)
199
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422
Elis, 25 septembre 1915 et 6 nov. 1915, jur.col 1926
423
Css., 22 octobre1999, RCJB, 2001, p.103 note I.MOREAU MARGREVE, JLMB 2000, p476, Bull, Cass.,
1999, p.1373, RDC 2000, p.181
424
Alors que dans une clause pénale, le juge doit toujours apprécier le rapport entre le montant de la clause
pénale et le préjudice causé au créancier par l’inexécution de l’obligation (voir l’arrêt du 22 oct. 1999 précisé).
200
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1. Vue d’ensemble
3. Appréciation personnelle.
425
Sur l’assimilation dol-faute lourde, voy. KALONGO MBIKAYI, op.cit, p. 149 et toutes les références
jurisprudentielles reprises à cet effet.
201
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4. Confusion à éviter.
traduire littéralement comme suit : « une chose faite entre d’autres ne peut ni profiter,
ni nuire à d’autres que ceux qui l’ont faite.»
Mais, les parties entendent tout de même opposer aux tiers les
effets qu’un contrat a produit entre elles afin qu’ils puissent aussi les respecter car le
contrat demeure, après tout, un fait social, une réalité sociologique426.
426
Cass, fr, civ. comm.19 oct.1954, D.S.1956, 78.
427
Ainsi engage sa responsabilité délictuelle et non contractuelle, un tiers qui se rend coupable de la violation par
une partie de ses obligations contractuelles (Voy. civ. 1927, D.P.1929, I, 131 ; 7 oct, D.1958, 763.)
204
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Cela étant, examinons donc ces diverses catégories de personnes en commençant par
les parties.
428
J.FLOUR, J-L. AUBERT-SAVAUX, op.cit., 2000, p.308.
429
P. WERY, op.cit, p.203.
205
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430
J.FLOUR J-L. AUBERT-SAVAUX, op.cit., 2000, p.308.
431
CH.LARROUMET, op.cit., t.III, 1990, pp.150 et s ; J. GHESTIN, avec le concours du M.BILLIAU, op.cit.
1992, pp.784 et s ; J. CARBONNIER op.cit, t .IV, 1994, pp.203-204.
432
J.FLOUR J-L. AUBERT-SAVAUX, op.cit., 2000, p.322.
206
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Nous avons dit que la notion de partie n’est pas statique. Elle
peut évoluer et permettre que certaines personnes qui étaient des « tiers au moment de
la formation du contrat deviennent des parties ». C’est le cas de :
des tiers au regard de l’article 63 du Code civil, mais des tiers d’un genre particulier
(sui generis).435
435
S.STIJNS, op.cit, in Le droit des obligations contractuelles et le bicentenaire du Code civil, 2004, p, R.W,
1983, col 357.
208
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2. Catégories de tiers
On classe parmi les tiers :
Nous l’avons déjà dit, les ayants cause à titre particulier ne sont
pas considérés comme des parties au contrat parce qu’ils ne sont pas les continuateurs
de la personne de leur auteur. Ne devant pas recueillir la totalité ou une partie
436
P.A.FORIERS, op cit, 2006, p.27.
437
S.STIJNS, op.cit, in Le droit des obligations contractuelles et le bicentensire du Code civil, 2004, pp.199-200.
438
E.DIRIX, op.cit, 1984, 1186.
209
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
importante de la totalité du patrimoine du défunt, ils sont des tiers au sens de l’article
63 en dépit de la formulation générale de l’article 22 selon laquelle : « on est sensé
avoir stipulé pour soi ou pour ses héritiers et ayants cause, à moins que le contraire ne
soit exprimé on ne résulte de la nature de la convention ».
Cette thèse est inexacte car les contrats passés par le débiteur
n’imposent aucune obligation au créancier qui voit seulement son droit de gage
général diminuer.
Ainsi donc, les créanciers d’un débiteur sont des tiers au contrat
passé par ce dernier et l’effet de ce contrat sur le droit de gage général n’est qu’un effet
indirect, mais important. Aussi, la loi accorde-t-elle aux créanciers soit l’action oblique
pour leur permettre de tirer profit des contrats passés par leur débiteur (art 64), soit
l’action paulienne pour rendre inopposables à eux, les contrats conclus par le débiteur
en fraude de leur droit (article 65). Quelque fois la loi accorde aux créanciers l’action
directe (cas de l’action du bailleur contre le sous-locataire).
3 1
440
Les dérogations positives sont considérées comme des vraies dérogations par principe de la relativité des
conventions.
211
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1. Définition
441
Opération triangulaire ne veut pas dire contrat tripartite
442
S. BAR, op.cit, commentaire pratique. Obligations, suppl. août 2002, II, 1.7-55 et 56.
212
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443
Elis, 7 février 1956, R.J.C.B, p.193
444
Liège, 26 juin 1996,, F.J.F, 1996, p.482.
445
Il convient de noter que la nullité de la stipulation pour autrui n’emporte pas celle du contrat de base, la
stipulation pour autrui étant un contrat accessoire à celui-ci.
446
H.DE PAGE, Traité, t-2, 1964, N°654 ; S.BAR, op.cit., Commentaire pratique. Obligations, suppl, sept.2005,
II. 1-7-57.
213
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Il faut signaler que la stipulation pour autrui n’est pas à confondre avec, le fait
que le contrat est avantageux pour un tiers.
- La détermination du tiers bénéficiaire. Celui-ci peut être une personne présente
ou future (née ou à naitre). Par exemple, une assurance-vie au profit des enfants
nés ou à naitre du stipulant.447 La détermination du tiers bénéficiaire doit avoir
lieu au plus tard au moment où le droit de créance doit être mis en œuvre 448.
Sinon, la stipulation sera entachée d'une cause de nullité.
447
S.BAR, op.cit, commentaire pratique. Obligation, suppl. Sept 2005, II.1.7-59
448
Le tiers bénéficiaires ne peut être ni mandant, ni maitre de l’affaire, ni ayant cause universelle ou à titre
universel du stipulant (S.BAR, Ibidem, 20005, II.1.7-58).
214
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449
Léo, 14 mai 1957, RJCB, p.365 ; Elis 7 février 1956, RJC. B, P 193, 1ere Institution. L’shi, 17 mai 1967,
RJCB, 1969, p.217. Cette action lui permettra en cas de défaillance d’agir en justice contre le promettant pour
obtenir sa condamnation, soit à l’exécution en nature, soit à l’exécution par équivalent si l’exécution en nature
est devenue impossible. Mais étant étranger à la convention de base, le tiers bénéficiaire n’a pas d’action en
résolution contre le promettant.
450
J.FLOUR, J-L.AUBERT et E.SAVAUX, op.cit., t-1, 2000, p.3421. Cette action lui permettra en cas de
défaillance.
451
Cass, 16 janvier, 2006, www.cass.bes c.64-302 F
215
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
la stipulation pour autrui ne peut aboutir à la création au profit du tiers d’un droit de
créance avec charge452.
452
SBAR.Obli, II, 1.7-99 et 100.
453
Mauty et RAYNAUD, op-cit., N°257 p.234 et N°262, p.237.
216
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454
S.STIJNS, opp.cit., 2006-2007, p.46. Citant Comm. COUURTRAI, 7 décembre 2001, R.W., 2004-2005,
p.903 ; Bruxelles, 26 mai 1995, R. G.A.R, 1997, N°12 807.
455
S.STIJNS, op.cit., 2006-2007, p46.
217
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
retirer à sa guise tant que le bénéficiaire n’a pas émis son acceptation 456. Le caractère
personnel de ce droit implique, du reste, que les créanciers du stipulant ne puissent
l’exercer par une action oblique (l’action subrogatoire).
456
Pour être effective, la révocation doit être portée à la connaissance du tiers bénéficiaire. C’est un acte
unilatéral réceptice qui ne produit ses effets qu’après notification.
457
A noter que les successeurs universels du tiers bénéficiaire peuvent accepter la stipulation pour autrui
(S.BAR, op.cit., commentaire suppll. Août 2002, II.1.7-66.)
458
En ce sens voy. KALONGO MBIKAYI, op.cit, p. 164.
218
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
II. La simulation
Nous avons déjà étudié les effets de la contre-lettre entre parties
contractantes. Nous allons simplement continuer notre raisonnement en examinant
maintenant les effets de la contre-lettre envers les tiers et surtout voir dans quelle
mesure elle peut constituer une exception au principe de la relativité des conventions.
1.
Tiers concernés
L’article 203 in fine du Code civil dispose, en effet, que la
contre-lettre n’a point d’effet contre les tiers. Il faut d’abord préciser que les tiers
dont il est question ici ne sont pas « des tiers pénitus extranei » car ces tiers n’ont
aucune relation avec le contrat passé par d’autres (article 63). Il s’agit surtout des
ayants cause à titre particulier et des créanciers chirographaires parce que les
contrats conclus par leur auteur ou débiteur ont généralement un effet direct ou indirect
459
S.BAR, op.cit, Commentaire pratique. Obligations, suppl. sept.2005 II.1.7-59.
219
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
sur eux. Dès lors, on peut se demander lequel de l’acte apparent ou de l’acte caché
(contre-lettre) peut leur être appliqué ?
Tenant compte du libellé de l’article 203 in fine (la contre-lettre
n’a point d’effet contre les tiers), on peut conclure que lorsqu’une contre-lettre porte
atteinte aux intérêts des tiers précités lesquels en ignorent du reste, l’existence, elle ne
peut leur être opposée. Ainsi, l’on sait par exempte que l’acquéreur d’un immeuble
(ayant cause à titre particulier) peut se voir opposer le contrat de bail à date certaine
conclu par l’ancien vendeur avec un tiers locataire (art 399) sur l’immeuble acquis. Si
une contre-lettre avait pour effet de diminuer le loyer dû par le locataire, elle ne sera
pas opposable à l’ayant cause à titre particulier parce que dans ce cas elle serait
contraire aux intérêts de ce dernier.
2. Situations visées
De ce qui précède, on peut dire que lorsque la contre-lettre porte
atteinte aux intérêts des tiers précités, elle leur est inopposable. Ceci suppose que les
tiers n’aient pas eu connaissance de l’existence de cette contre-lettre puisque si dans
leur relation avec les parties, ils ont pu être informés de la présence d’une contre-lettre,
celle-ci leur sera opposable.
Reste maintenant alors à revenir à notre interrogation
fondamentale pour dire dans quel cas, la contre-lettre peut constituer une dérogation au
principe de la relativité des conventions ?
Poursuivant notre raisonnement en rapport avec le libellé de
l’article 203 du Code civil, nous sommes arrivés à la conclusion que c’est lorsque la
contre-lettre nuit aux intérêts des tiers que son application envers ces derniers n’est pas
autorisée.
Quid alors si elle profite aux tiers ?
Assurément elle leur sera, dans ce cas, opposable. Et les parties
tout comme les ayants cause universels peuvent alors l’invoquer. Ils ont ainsi à leur
disposition l’action en déclaration de simulation pour écarter l’acte apparent qui ne
leur est pas profitable. La preuve de la simulation peut être faite par les tiers par toutes
voies de droit.
Ainsi, donc, c’est par un raisonnement à contrario de l’article
203 460 que la contre-lettre est considérée comme une exception au principe de la
relativité des conventions dans ce sens que les tiers ne peuvent l’invoquer que
lorsqu’elle leur profite et pas lorsqu’elle porte atteinte à leurs intérêts.
3. Conflit d’intérêts entre tiers.
Il peut arriver que les tiers invoquent l’article 203 pour des
raisons divers : certains pour se voir opposer la contre-lettre et écarter l’acte apparent,
d’autres pour bénéficier de l’acte apparent au détriment de la contre-lettre. Que faire
alors ?
460
KALONGO MBIKAYI, op.cit………………..
220
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
III. La représentation
Schéma
Représentant
Contractant
A Mandataire B
Mandat
Représentation
A
1. Définition
Représenté
Mandant
1.
Définition
La représentation est une technique juridique par laquelle une
personne (le représentant) accomplit un acte juridique au nom et pour le compte d’une
461
MARTY ET RAYMOND, op.cit, N°281 et JULLIOT, op.cit., n°522
221
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autre (le représenté) de manière telle que tous les effets de l’acte accomplit se
produisent immédiatement dans le chef du représenté comme si ce dernier avait lui-
même passé l’acte.
L’institution est vraiment utile dans la vie pratique parce qu’elle
permet, par exemple, à une personne empêchée de recourir au service d’un
représentant. Et pour les incapables sensés êtres effacés de la vie juridique (commerce
juridique), c’est par le mécanisme de la représentation qu’ils peuvent agir tant pour
faire valoir leurs prétentions que pour se défendre.
2. Sources de la représentation
La représentation peut résulter soit de la loi (représentation
légale), soit de la convention (représentation conventionnelle), soit, enfin, d’une
décision judiciaire (représentation judiciaire).
3. Conditions de la représentation
La représentation implique que le représentant soit doté des
pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de sa mission. L’étendue de ses pouvoirs est
généralement déterminée dans l’acte constituant la source de la représentation parce
que cet acte précise en principe les opérations sur lesquelles devront s’appliquer les
effets de la représentation.
En droit, toute représentation doit répondre aux trois conditions
suivantes :
a) Une volonté de représentation
En effet, le représentant doit avoir la volonté de représenter une
personne et d’agir en son nom et pour son compte. C’est cette volonté qui devra
d’ailleurs le pousser à faire connaître sa qualité de représentant aux cocontractants ou
aux tiers afin que ceux-ci soient informés de ce qu’ils passent le contrat avec le
représentant. L’intérêt de cette démarche est bien évident. Elle permet que les actes
juridiques passés par le représentant puissent alors reposer sur la tête du représenté.
Cette considération permet de distinguer ce cas de représentation parfaite ou
immédiate à l’hypothèse de représentation indirecte ou médiate. Dans ce dernier
cas, en effet, le représentant agit en son nom, mais pour le compte d’autrui. Il traite
avec les tiers en occultant sa qualité de mandataire en sorte que ceux-ci n’ont pas des
liens juridiques avec le « représenté » dont ils ignorent l’existence. Ainsi, le
représentant est personnellement engagé envers les cocontractants ou les tiers. Il est
partie au contrat dont le bénéfice reviendra en définitive au représenté à partir
d’un règlement de comptes ultérieur entre lui (le représentant) et le représenté.
Sont considérés comme des représentants indirect et donc pas
vraiment des représentants parce que n’agissant pas au nom et pour le compte d’autrui,
le commissionnaire commercial et le prête-nom ou personne intermédiaire.
b) Un pouvoir de représentation
Comme nous l’avons dit plus haut, la représentation suppose
l’existence d’un pouvoir dans le chef du représentant. Autrement-dit, le représentant
222
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
En vertu de ce lien :
1. Le représentant doit accomplir sa mission en bon père de famille. Le représenté
dispose à cet effet d’une action en reddition des comptes à son encontre.
2. Le représenté doit rembourser les dépenses effectuées par le représentant dans
l’accomplissement de son mandat et payer le représentant si le mandant était
payant.
IV. Les contrats collectifs.
S’agissant de ces contrats, nous avons dit que ce sont des
contrats conclus entre deux au plusieurs personnes, mais qui produisent leurs effets à
l’égard d’autres personnes n’ayant pas participé à sa conclusion et ayant un intérêt
avec la matière traité dans le contrat.
Comme pour la représentation, les contrats collectifs permettent
aux personnes qui n’ont pas pris part à la conclusion du contrat d’être liées par celui-ci
lorsqu’elles sont englobées dans les intérêts visés par le contrat collectif soit pour des
raisons professionnelles, soit pour d’autres raisons.
Exemple, convention collective de travail ou contrat collectif du travail.
Après ce tour d’horizon de dérogations positives au principe de
la relativité des conventions, il est temps de passer maintenant aux dérogations
passives à ce principe. Autrement-dit, aux mécanismes qui ne constituent pas des
exceptions véritables au principe de la relativité des conventions.
223
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
462
Le législateur peut cependant, de manière exceptionnelle, imposer certaines obligations à des tiers issues des
contrats auxquels ils n’ont pas participé. Exemples, obligations pour l’acquéreur d’un immeuble de respecter le
contrat de bail conclu antérieurement par le vendeur du dit immeuble avec un locataire et ayant date certaine (art.
399 du C.C.C.LIII) ; en cas de cession d’entreprise, le cessionnaire est tenu des dettes nées des contrats de travail
passés par le cédant avec son personnel salarié.
463
Mais, la stipulation pour autrui est déjà sortie de cette interdiction par le législateur lui-même qui l’autorise
dans, les hypothèses bien déterminées (art 21 du Code civil livre III).
224
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
464
Peut-être pourrait-on y voir une exception au principe dans le cadre des obligations légales imposées par la loi
qui, comme on l’a souligné, lient parfois les tiers dans certains contrats auxquels ils n’ont pas participés
(servitude de passage et le cas de l’acquéreur d’un immeuble vis-à-vis d’un locataire ayant un bail à date
certaine). Voy. S. BAR, op cit, Obli. Suppl. 2 Aout 2002, II, 1.7.98 et 99.
225
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
465
Le plus souvent le porte-fort est considéré comme un porteur de consentement « voy à cet égard J.MESTRE
et B FAGES, Rév.trim.Dr.civ, 2000, p0832.
466
Un représentant d’un mineur (tuteur, par exemple) peut conclure un contrat sans respecter les formalités
requises par la loi, tout en se portant fort auprès du cocontractant que le mineur ratifiera le contrat à la majorité.
467
J.FLOUR, J-L.AUBERT et E.SAVAUX, op. Lit. t.1., 2000, p. 339.
226
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473
I. SAMOY, op. Cit, 2005, p.480. On notera que la ratification est ici soumise au principe du consentement et
demeure libre de tout formalisme. Elle peut être expresse ou tacite (H. DE PAGE, Traité, t.2, 1964, p.719). Par
ailleurs, la ratification n’est pas une novation (LEO, 2 mai 1939, R.J.C.B, 1939, p.187).
228
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
474
Dans ce cas, la convention porte en elle-même les germes de sa destruction ; elle est annulable et dans certains
cas rescindable en droits belge et français. (L. JOSSERAND, op. cit, t.2, 1930, p.158).
475
Dans cette hypothèse, le contrat est né valablement, mais un événement ultérieur vient en provoquer
l’anéantissement (L. JOSSERAND, op. cit, t.2, 1990, p.158).
229
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5. La mort de l’une des parties dans un contrat conclu intuitu personnae (cas du
contrat d’entreprise).
6. La volonté de l’une des parties dans les contrats successifs à durée déterminée
(art. 508 du CCCLIII).
Section II : La résolution du contrat ou la sanction judiciaire de
l’inexécution des contrats synallagmatiques
I. Introduction
II. Fondement
Le droit de demander la résolution découle non seulement du
principe de l’exécution de bonne foi des contrats (art.33), mais aussi et surtout de la
notion de cause dans les contrats synallagmatiques. En effet, d’après cette notion,
la cause de l’obligation d’une partie dans un contrat synallagmatique est la
contreprestation de l’autre. Lorsqu’une partie n’exécute donc pas son obligation,
en exergue l’effet rétroactif de la résolution tandis que pour le contrat à exécution successive, on utilisera le
terme résiliation pour insister sur l’aspect non rétroactif de la résolution (effet ex nunc). Ainsi on dira qu’un bail
est résilié et qu’une vente est résolue mais, une bonne partie de la doctrine récente (H. DE PAGE et M. COIPEL)
estime que la résolution de l’article 82 concerne aussi bien les contrats successifs qu’instantanés et que le terme
résiliation n’est réservée qu’aux cas où l’une des parties ou les deux mettent prématurément fin au contrat en
dehors de toute idée de faute. C’est bien là une querelle des mots qui demande soit une intervention législative
de précision, soit qu’on se mettent d’accord sur un terme.
478
Le contrat sera dissout de plein droit, le débiteur ne peut demander un délai, il ne peut être tenu à des
dommages-intérêts et la dissolution devra opérer sans effet rétroactif.
231
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
I. Extension du principe
On s’accorde pour admettre, à l’heure actuelle, que la résolution
de certains contrats unilatéraux est possible. C’est le cas du prêt à intérêts par exemple.
Si l’emprunteur ne paie pas les intérêts, le prêteur peut exiger le remboursement
immédiat du capital.
479
Léo, 22 sept 1964, RJCB, 1965, Page 189.
480
Ière instit. elis, 8 sept 1938, RJCB, 1939, page 145.
233
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486
En principe, les clauses résolutoires sont valables. Mais, pour protéger certaines catégories des contractants la
loi a limité leur application dans certains cas. Ainsi, dans les bails à ferme, ces clauses ne peuvent prévoir la
résolution que pour des cas qui correspondent aux conditions de l’art.82. Dans le bail d’immeuble à usage
d’habitation, ces clauses ne sont autorisées qu’en cas de non paiement de loyer ou des charges. Dans ces
conditions, elles ne produisent leur effet qu’un mois après commandement de payer, sans préjudice d’un délai de
grâce à accorder au débiteur (voy.J CARBONNIER, op.cit, p.304, N°188). Le même régime est applicable dans
la vente d’immeuble à construire.
487
Ier Inst, 27. Léo 27 mai 1958, RJCB, 1960, p.51, Appel R.H, 22nov, RJCB, 1956, p.129.
236
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En conséquence :
INTRODUCTION
à le réparer » vise la réparation des préjudices causés dans les rapports entre
individus et s’oppose pour cela à :
1. La responsabilité pénale dont le but est la répression des infractions et
l’infliction à leurs auteurs des peines prévues par la loi ;
2. La vengeance privée, liée à l’idée de vengeance et non de réparation selon la
fameuse loi de talion (œil pour l’œil, dent pour dent) qui fut un mélange de la
responsabilité civile et de la responsabilité pénale.
3. La composition volontaire et la composition forcée liée également à l’idée de
vengeance.
Fondement de la responsabilité civile ou de droit commun
Annonce du plan
Section I : Le dommage
1. Définition
Sans dommage, pas de responsabilité civile dirait-on. Le
dommage autrement appelé préjudice est, comme nous l’avons déjà dit, l’élément
déclencheur de la responsabilité acquilienne parce que le juge ne peut accorder
aucune réparation à la victime si elle ne parvient pas à prouver qu’elle a subi un
dommage réparable.
2. Preuve du dommage
La charge de la preuve incombe selon l’adage latin «actori
imcumbit probatio », à celui qui allège un fait. Il appartient donc à la victime
d’apporter la preuve du préjudice causé à son bien ou à son intérêt quelconque pour
bénéficier de la réparation. En dehors de cette preuve, le juge ne peut lui accorder
aucune indemnisation.
491
B. DUBUISSON, Cours polycopié de droit des Obligations, UCLLN, fac de droit, 2004-2005, p.190.
492
Mme HEBRARD, Cours polycopié de théorie générale des obligations, 2eme année, ENDA, 1967-1968.
243
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1. Dommages matériels
Les dommages matériels sont des atteintes portées aux intérêts
d’ordre matériel ou économique de quelqu’un. Ainsi en est-il du fait de bruler ses
habits ou sa voiture sans oublier que, pour la jurisprudence congolaise, les frais
d’expertise contradictoires exposés font partie du préjudice matériel 493 de même que
l’immobilisation d’un véhicule même non utilitaire494.
2. Dommages corporels
Ils sont considérés comme une catégorie particulière des
dommages matériels et sont constitués essentiellement des atteintes portées à
l’intégrité physique de quelqu’un. Exemples, lésion corporelle, blesser quelqu’un ou
crever son œil.
3. Dommages moraux
Les dommages moraux sont constitués des atteintes aux intérêts
moraux d’une personne. Ils se rapportent généralement à trois situations. Il peut s’agir
d’abord des atteintes portées à l’honneur ou à la réputation d’une personne au moyen
des écrits, des injures, des paroles diffamatoires etc.… ensuite, les dommages moraux
peuvent résulter des douleurs que causent à la victime les souffrances physiques ou
morales à la suite d’un accident de circulation par exemple, (dommage esthétiques) ou
de la conscience de la diminution de ses capacités physiques ou mentales voire du
raccourcissement de la durée de sa vie (cas du cancer ou du VIH SIDA). Enfin, il peut
s’agir des douleurs que l’on ressent à la suite du décès ou de la perte d’un être cher ou
d’un animal. C’est le cas du dommage dit affectif constitué par une atteinte à la
sensibilité ou à l’affection. Ainsi, la douleur ressentie par une épouse à la vue de la
493
Léo 11 juin 1957, R.J.C.B, 1958, p.16
494
Léo 15 mai 1956, J.T.O. 1957, KIn, 16 févr 1971 ; R.J/Z., 1972 p.55
244
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
souffrance de son mari fauché par une voiture constitue un dommage moral donnant
droit à réparation495.
compensation du préjudice matériel subi par cette dernière lequel obéit au principe de
la réparation intégrale. Elle est plutôt une peine civile infligée à celui qui a commis
une faute.
1. Un dommage certain
Le dommage certain est celui dont l’existence peut être prouvée
au moment où la victime l’invoque. Exemples, blessures, pertes infligées à la victime
dans ses biens, etc. On oppose le dommage certain au dommage éventuel ou
246
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
hypothétique dont la réalisation n’est pas certaine et partant ne peut donner lieu à
aucune réparation. Il s’agit en réalité d’un préjudice reposant sur les simples
suppositions ou conjectures. Tel est le cas d’un fonctionnaire de l’Etat qui fonde sa
demande d’indemnisation pour révocation, sur le fait qu’il espérait l’amélioration de sa
situation matérielle dans l’avenir. C’est là un préjudice hypothétique qui ne peut être
réparé en raison de son caractère aléatoire.
2. Un dommage direct
Le dommage réparable doit être la conséquence directe et non
lointaine du fait générateur. Ce caractère est lié à celui du lien de causalité entre la
faute et le dommage (troisième condition de la responsabilité de droit commun). Ainsi,
un dommage qui n’aurait pas été provoqué par la faute de l’auteur de ce dommage ne
peut être réparé parce qu’il s’agit dans ce cas d’un dommage indirect ou par
ricochet.
C’est le cas par exemple d’une personne qui s’absente sans motif
valable à son travail et qui est révoqué par son patron pour faute lourde. Si à la suite de
247
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cette révocation, il est rongé par le chagrin jusqu’à en mourir, ses héritiers ne peuvent
tenir son ancien patron pour responsable de cette mort. Il n’y a pas en effet, un lien
direct et immédiat entre cette mort et la révocation dont a été l’objet le de cujus. C’est
donc là un dommage simplement indirect.
3. Un dommage personnel
Le dommage personnel est celui qui est subi par la victime elle-
même. Cette dernière bénéficie d’une action en réparation du fait de l’atteinte portée à
ses droits499. Constitue également un préjudice personnel, celui qui est subi par une
personne à la suite du dommage causé à une autre dont elle dépend (cas du dommage
subi par les enfants en raison de la mort de leur père).
498
Ceux-ci peuvent alléguer en même temps un dommage matériel (perte du soutient économique et financièr) et
un dommage moral (perte d’un être cher).
499
En effet, personne ne peut agir en justice s’il n’a pas subi un préjudice propre (Pas d’action sans intérêt).
L’action populaire (l’actio popularis) est interdite car personne (à part le ministère public) ne peut agir pour
assurer la protection des intérêts de toute la société. L’action populaire est à distinguer de l’action de classe
comme en droit américain. Ici une personne agit pour elle-même et pour toute personne se retrouvant dans la
même situation (cas du dommage en série causé par un produit défectueux). Cette action n’est pas autorisée en
droit congolais.
248
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
son intérêt juridiquement protégé pour qu’il y ait indemnisation mais bien de savoir si
l’acte dommageable a porté atteinte à un intérêt socialement protégé500. De la sorte,
une concubine peut agir en D.I contre le meurtrier de son concubin pour autant que
leur relation n’ait pas pu revêtir un caractère délictueux 501 et le juge à un large pouvoir
d’appréciation quant à ce.
Section II : La Faute
La faute, avons-nous dit, est la deuxième condition de la
responsabilité civile et cela, faut-il encore le rappeler, en nous situant en dehors de la
pure logique parce qu’en tant que source de la responsabilité acquilienne, elle
devrait être citée en premier lieu. Cependant, étant donné qu’aucune responsabilité
civile ne peut avoir lieu en absence d’un dommage quand bien même il serait possible
de détecter une faute dans le comportement de l’agent (cas de la personne qui grille un
feu rouge ou qui utilise une arme prohibée), il devient alors facile de comprendre
pourquoi nous avons choisi de commencer par le dommage avant la faute.
Ce sont les articles 258 et 259 du Code civil congolais livre III
qui parlent de la faute dans notre droit. Le premier ainsi libellé « tout fait quelconque
de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé à le réparer » vise la faute intentionnelle ou le délit proprement dit, tandis que
le second formulé comme suit : « chacun est responsable du dommage qu’il a causé
non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence » se
rapporte à la faute non intentionnelle ou le quasi-délit (imprudence et négligence).
§1. La culpabilité
La culpabilité issue du mot latin « culpa » est l’élément objectif
de la faute, c'est-à-dire, la faute elle-même (mea culpa). Celle-ci désigne tout
comportement anti-social (volontaire ou involontaire, par action ou par omission).
500
Voir la note 12 ci-dessous. Voy aussi B. DUBUISSON, op cit, p.193.
501
Voir Arrêt de la Chambre mixte de la Cour de cassation française du 27 février 1970 citée par Nooman
GOMAA, in La réparation du dommage et l’exigence d’un intérêt légitime juridiquement protégé, D.1970,
Chron XXXI, p. 145. Dans le même sens, KALONGO MBIKAYI, op.cit p.189.
502
En principe, les fautes intentionnelle et non intentionnelle donnent lieu à une réparation intégrale. Car
théoriquement le juge doit fixer les dommages-intérêts en tenant compte de l’étendue du dommage et non de la
gravité de la faute. Mais, en pratique, il est fait souvent référence à la nature de la faute pour évaluer le préjudice.
249
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Par contre, la faute civile ne viole que les intérêts privés d’une
personne. Exemple : en cas de non respect d’une clause contractuelle par le locataire
(loyers non payés à temps), il appartient au bailleur, victime de cette violation
d’exercer contre le locataire une action en recouvrement des loyers échus plus
éventuellement les dommages-intérêts moratoires.
1. Toute faute pénale entraîne une faute civile, mais le contraire n’est pas toujours
vrai. Car il n’ya que certaines fautes civiles qui constituent en même temps des fautes
pénales. Exemple : le dol et la violence sont à la fois des fautes civiles mais aussi des
infractions au regard de notre Code pénal. Le principe nullum crimen, sine lege,
s’oppose à l’établissement des fautes sans loi.
2. Toute faute pénale ne donne pas lieu à des dommages-intérêts car ceux-ci ne
sont dus que lorsqu’il y a préjudice. Ainsi certaines infractions du Code pénal telle que
la mendicité, le port d’arme prohibée et la tentative punissable ne peuvent aboutir au
paiement des dommages-intérêts parce qu’elles n’entraînent pas nécessairement un
250
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
dommage. En effet, le principe applicable en droit civil et qu’il n’y a pas de réparation
sans dommage.
3. Lorsqu’une faute pénale constitue à la fois une faute civile, la victime a alors
droit à une action pénale et à une action civile en réparation du préjudice subi (cas des
coups et blessures volontaires). Dans ce cas, l’action civile subit à plusieurs égards
l’influence de l’action pénale. Et cela, à trois points de vue : prescription, compétence
du tribunal et l’influence de l’action pénale sur l’action civile.
a) Au point de vue de la prescription de l’action : la prescription de l’action
pénale entraîne celle de l’action civile503 dès lors, il serait prudent pour la victime de
saisir le tribunal pénal et de se constituer « partie civile » pour obtenir devant le
tribunal la réparation du préjudice lui causé.
b) Au point de vue du tribunal compétent : lorsqu’un même fait constitue à la
fois une faute civile et une faute pénale, la victime a le choix entre le tribunal civil et le
tribunal pénal. Cela veut dire qu’elle peut opter uniquement soit pour le tribunal civil
en vue d’obtenir réparation du préjudice, soit devant le tribunal pénal et lier son action
civile à l’action pénale en exerçant devant cette juridiction son action en réparation.
Cependant, en application du principe electa una via, la victime ne peut changer
d’option en cours d’instance lorsque la voie choisie par elle risque de ne pas se solder
par un résultat positif (voire également à cet effet l’art 104 du COCJ).
c) Au point de vue du principe : « le criminel tient le civil en état » : lorsque
faisant fi de son droit d’option, la victime saisit en même temps le tribunal pénal (la
chambre répressive en RDC) et le tribunal civil (chambre civile), la juridiction civile
doit sursoir à statuer (suspendre l’instruction de l’affaire en entendant l’issue de la
cause au pénal. Et cela, en vertu du principe « le criminelle tient le civil en état »
503
L’action civile se prescrit en principe par trente ans (art 647 du CCCLIII). Mais, lorsque l’action en réparation
du préjudice est la conséquence d’une faute pénale (délit pénal), elle est soumise au délai de prescription de
l’action publique (soit 10 ans, 3 ans ou 1 an) selon que l’infraction est un crime, un délit ou une contravention.
504
Cass. Fr., civ 24 janvier 1940, D.H., 1940 ; 21 novembre 1956, D. 1957,52.
251
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Cette dernière, on l’a vu, n’est pas sanctionnée alors que la faute
civile, même négative appelle toujours la réparation par son auteur en cas de
dommage. L’illicéité du fait sera, en effet, appréciée par rapport au comportement d’un
bon père de famille placé dans les mêmes circonstances des faits identiques.
§2. L’imputabilité
L’imputabilité est l’élément moral ou subjectif de la faute. En
effet, il ne suffit pas de violer une norme de conduite ou de poser un acte
objectivement fautif pour qu’on soit obligé de répondre d’une faute. Sauf le cas de
responsabilité objective, aucune faute ne peut être imputée à son auteur si ce dernier
n’a pas agi librement. C’est autant dire que lorsque l’auteur d’une faute est incapable
d’apprécier les conséquences dommageables de son acte fautif, aucune responsabilité
ne peut lui être reprochée. La conscience, la capacité et la liberté de la volonté sont les
trois éléments de l’imputabilité que nous allons examiner dans les lignes qui suivent.
253
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
I. Volonté consciente
Au sens de l’article 258 du Code civil livre III, seule une
personne consciente, c'est-à-dire, celle qui agit en toute lucidité peut commettre une
faute. L’inconscient, l’animal, le fou, l’idiot et l’enfant qui n’ont pas de conscience ne
peuvent donc pas, à proprement parler, être considérés comme responsables de leurs
actes et en répondre. Toutefois, l’irresponsabilité des déments et des animaux est
battue en brèche dans certains systèmes juridiques préoccupés d’assurer aux victimes
de leurs actes une plus grande protection. Ainsi, l’article 1386 bis du Code civil belge
issu de la loi du 16 avril 1935 permet au juge de condamner un dément à réparer un
dommage quand bien même la condition d’imputabilité ferait défaut (dérogation à la
conception subjective de la faute). Il en est de même du droit français (art 4892 du
Code civil français loi du 3 janvier 1968).
505
Il s’agit de protéger davantage les intérêts de ceux qui n’ont pas choisi leur situation, par contre un enfant par
exemple peut mesurer les conséquences dommageables de son acte avant d’avoir atteint ses 18 ans.
506
Voir ce qui a été dit plus haut à propos des aliénés en France et en Belgique.
254
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§1. Introduction
Le lien de causalité est le rapport direct et immédiat qui doit
exister entre la faute et le dommage pour que celle-là puisse entraîner la responsabilité
de son auteur. D’après l’article 258, en effet, seule la faute qui cause à autrui un
dommage oblige son auteur de réparer. C’est autant dire que l’obligation de réparation
n’existe pas en dehors de tout lien de causalité entre la faute et le dommage.
507
JOSSERAND, RIPERT et SAVATIER, cité par B. BUBUISSON, les Obligations, tome III, UCL, 2004-2005,
Brux, p.8.
255
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
Alors quand peut-on dire que telle faute d’un individu est la
cause du dommage parce que le Code civil congolais livre III influencé par l’esprit
cartésien ne conçoit le lien de causalité que dans le sens expérimental où l’on peut
vérifier que tel fait est donc la base de tel dommage?509
508
KALONGO MBIKAYI, op cit, p.200.
509
C’est la critique fondamentale faite à la conception occidentale de la causalité expérimentale transposée en
sciences humaines où la causalité est beaucoup plus subjective et dépendante de divers éléments prévisibles et
imprévisibles.
256
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
et immédiate du dommage. Autrement dit, il faut que cette faute soit de nature à
entraîner le dommage tel qu’il s’est produit.
1. Principe
fautes (proches ou lointaines) ont contribué à produire le même dommage, ils sont
considérés pareillement comme la cause de ce dommage et leurs auteurs doivent
chacun être tenu à la réparation intégrale 511 de celui-ci peu importe le degré de gravité
de leurs fautes.
511
La théorie a servi surtout à expliquer pourquoi le complice peut être rendu responsable de l’infraction commis
par l’auteur principal.
512
Une autre critique de cette théorie est qu’elle apprécie la causalité à posteriori après la réalisation du
dommage en sorte que les éléments qui ont contribué à la réaliser apparaissent come liés par une même chaine
alors que c’est au moment où le dommage se produit qu’il faut se placer pour voir si telle faute peut entraîner
pareil dommage.
258
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2) Appréciation critique
1. Principe
513
B. DUBUISON, op.cit, p.152.
514
Il s’agit ici de la possibilité objective ou naturelle de produire un dommage.
259
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
2. Appréciation critique
Par prescription
Trentenaire, si le fait dommageable est purement civil (art 647 du CCCL III,
sauf délais plus courts).
Selon le délai de l’action publique (art. 24 à 34 du Code pénal livre III), si le
fait dommageable est une infraction.
Par renonciation de la victime.
Celle-ci ne peut avoir lieu avant la réalisation du dommage en
raison de l’interdiction faite à la victime de renoncer anticipativement à cette action
qui a un caractère d’ordre public. C’est dire que cette renonciation ne peut être admise
qu’une fois le dommage accompli.
a. Le mode de la réparation
B. Le montant de la réparation
1. le dommage doit être intégralement réparé et son évaluation se fait par le juge
au jour du prononcée du jugement et non celui de sa réalisation. Les éléments
d’évaluation à prendre en compte sont les éléments objectifs pour le dommage
matériel (manque à gagner, pertes subies etc.) tandis que pour le dommage moral le
juge statuera en toute équité (ex aequo et bono)
Ainsi jugé qu’en vertu de l’article 258, chaque coparticipant d’une infraction a causé
le dommage pour le tout et est tenu de tout réparer quelle que soit l’importance de la
faute d’un chacun515.
515
C.S.J, 2 Juin 1971, RJC, 1971, p.121
263
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
INTRODUCTION
C’est autant dire que la responsabilité visée par l’article 260 est
une responsabilité fondée non pas sur une faute personnelle du civilement responsable,
mais sur une présomption de faute (défaut d’éducation, de surveillance ou de
contrôle) de celui-ci. Et il appartient à la victime de prouver les différents éléments
requis pour que la présomption puisse jouer.
516
. Article 4 de la loi précitée. VOY. Revue NGABU n° 2, septembre 1973 (Loi n° 73-013 du 5 janvier 1973)
265
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
§1. Principe
La responsabilité présumée du père fut énoncée pour la première
fois par la coutume de Bretagne avant de s’étendre à toute la France et d’être repris
par le Code Civil de 1804 à l’article 1384 al 2, correspondant à l’article 260 al 2 de
notre Code Civil.
517
Ce fondement nous semble primordial
266
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
avec eux518. Cette responsabilité a lieu, ajoute l’alinéa 5 du même article (à moins que
le père et mère ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité ».
C’est donc le père ou la mère (en cas du décès du père) qui est
responsable et non les deux parents à la fois comme c’est le cas aujourd’hui en
Belgique où l’alinéa 2 de l’article 1384 stipule que : «le père et la mère sont
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs » 519.
518
Mais, le droit romain prévoyait déjà l’obligation pour le pater familias de réparer les dommages causés par
ses enfants sur base du principe de la solidarité familiale (A.E GIFFART, Droit romain et ancien droit français,
Paris DALLOZ, 2è éd., 1967, n° 383 etc.).
519
Il faut noter que l’article 1384 al2 a fait l’objet d’une double modification en Belgique. La première qui date
du 1er juillet 1974 a supprimé la condition de cohabitation de l’enfant avec ses parents, alors qu’elle subsiste
encore dans le Code Civil Français où elle fait d’ailleurs l’objet d’une interprétation de plus en plus extensive en
jurisprudence (Cass. Fr., 1er civ. 20 janvier 200 , R.F.D.A. 2000, p. 916 ; R.T.D. Civ, 2000, p. 340). La seconde
modification quant à elle résulte de la loi du 6 juillet 1977 qui a instauré le principe de la responsabilité in
solidum des père et mère.
Ainsi donc, en Belgique, les deux parents sont aujourd’hui placés sur un pied d’égalité au regard de la
présomption alors qu’auparavant, la mère n’était responsable qu’en cas du décès du père ou lorsque celui-ci était
déchu de l’autorité parentale (Voy M.B du 2 Aout 1977, p. 6772).
520
KALONGO MBIKAY, op.cit, P. 212.
267
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521
Cette conception rejoint celle de la convention internationale sur les droits de l’enfant du 20 novembre 1989
qui définit ce dernier comme tout etre humain agé de moin de dix huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tot
en vertu de la législation qui lui est applicable. Mais la doctrine estime que la definition de l’enfant dépend de
son état d’origine. L’age de la minorité est fixé dans certains Etats à moin de 18ans (art. 219 Code de la famille
de la RDC), voire moin de 20, 21 ou meme 22ans dans d’autres. Ce qui revient à dire que cet age n’est pas fixé
de la meme facon dans tous les Etats.
268
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522
KALONGO MBIKAYI, op. cit. p. 212
523
La loi Belge du 1er juillet 1974, a supprimé la condition de cohabitation de l’enfant avec ses parents (loi
du 1er juillet 1974 qui a introduit les principes de la co puissance paternelle alternative).
269
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524
Tout comme la faute de l’enfant dont on répond doit être également en lieu causal avec le dommage.
270
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démontrant que la faute de l’enfant provient soit d’un cas fortuit ou de force majeure,
soit d’une faute d’un tiers revêtant les caractères d’une force majeure.
§1. Principe
Aux termes de l’article 260 alinéa 4 : « les instituteurs et artisans
sont responsables du dommage causé par leurs élèves et apprentis pendant les temps
qu’ils sont sous leur surveillance ».
1. La condition temporelle
a. Notion de subordination
530
Exemples, le contrat de mandat et le contrat d’entreprise n’entrainent pas en principe un lien de subordination.
Il en est de même du contrat d’agence commercial.
531
Bruxelles, 3 février 1961, Pas., I, 1961, p. 116.
274
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C. Pluralité de commettants
532
Léo, 31 octobre 1946,R.J.C., p. 24
275
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Si le préposé a agi à des fins étrangères à ses attributions. Il en est ainsi lorsque
le préposé n’agissait pas dans l’intérêt du commettant.
Si le préposé a agi en dehors des fonctions auxquelles il était employé. Le juge
devra déterminer in concreto les limites des fonctions attribuées au préposé.
534
Cass. Fr. civ., 2è, 7 juillet 1993, Bull. civ, II, n° 249 ; 21 mai 1997
535
Cass. 4 novembre 1993, Pas., 1993, p. 224 ; R.C.J.B., 1997, p. 299, avec note L. CORNELIS.
536
Une certaine jurisprudence belge conclut au partage de responsabilité si la faute de la victime (connaissance
de l’abus de fonctions) ne peut être considérée comme la cause exclusive du dommage. Cette solution parait
conforme à la théorie de l’équivalence des conditions et à l’effet que l’on attache souvent à la faute de la victime
(VOY. Cass. 11 mars 1994, J.T., 1994, P. 613 et R.C.J.B, 1997, PP. 303 à 360 et note L. CORNELIS).
277
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§1. Principe
L’article 4 de la loi n° 73/013 du 5 janvier 1973 portant
assurance obligatoire de la responsabilité civile en matière de véhicules automoteurs
537
Cass. 28 octobre 1994, R.C.J.B., 1997, p. 38. Cette solution a toutefois été critiquée car elle fait reposer la
responsabilité du commettant non pas sur la faute prouvée du préposé mais sur une faute présumé de ce dernier.
Ce qui aboutit à l’aggravation de la responsabilité du commettant.
538
B. DUBUISSON, op.cit., p. 252.
539
Cass., 23 févr. 1989, J.T., 1989, p. 235 ; R.W. 1989-1990, p. 645. R.G.A.R. 1990, 11620 ; Cass. 28 sept.
1989, Pas. 1990, I, p. 117, J.T 1990, p. 22 ; J.L.M.B., 1990, 1226 ; Cass. 21 décembre 1989, Pas. 1990, I, p. 501
contre cass. 9 juillet 1934, Pas. 1934, I, p. 352 qui avait décidé que les présomptions de responsabilité des
instituteurs et des parents devaient jouer de façon alternative et non cumulative.
279
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II. Le dommage doit être causé par une personne qui a, avec
l’assentiment exprès ou tacite du propriétaire, la garde ou la
conduite du véhicule
540
VOY. Note 49 ci-dessus.
280
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par une personne qui a, avec l’autorisation expresse ou tacite du propriétaire, la garde
ou la conduite du véhicule.
- La force majeure (on exclut les vices internes de la chose comme élément de
la force majeure) ;
- La faute exclusive de la victime ;
- La faute exclusive d’un tiers ayant le caractère d’une force majeure.
541
Cette solution est en harmonie avec la mentalité traditionnelle ou le seul avènement du dommage suffit pour
engager la responsabilité de son auteur, sans que l’on ne puisse se préoccuper de l’existence de la faute.
281
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282
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§1. Principe
L’article 261 du CCCLIII énonce que : « le propriétaire d’un
animal ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est responsable du
dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fût sous sa garde, soit qu’il fût égaré
ou échappé ».
a) Quant à l’animal
Ainsi, ne sont pas visés par l’article 261, les animaux sauvages vivant à l’état libre (par
exemple, le gibier), les animaux vivant dans une chasse gardée (car on ne peut assurer
sur eux un certain contrôle) (544) et les animaux considérés comme des res nullius.
542
Juridiquement, les animaux sont considérés comme des choses (chose animées ayant une action autonome),
ce qui explique l’étude de cette question dans le présent chapitre.
543
Le cumul horizontal des présomptions de la responsabilité du fait des choses n’est pas admis au motif que les
champs d’application des différentes présomptions du fait des choses ne se recouvrent pas. La victime ne peut à
la fois invoquer les articles 260 al 1,261 et 262 et demander la condamnation in solidum des responsables. Elle
doit choisir entre ces trois bases légales, celle qui correspond mieux au cas d’espèce. Car chaque type de
responsabilité est soumis à des règles particulières. Toutefois, un cumul vertical des présomptions peut être
admis dans certains cas (Exemple entre les articles 261 et 260 al 3, permettant de retenir la responsabilité du
commettant surtout lorsque le préposé est considéré comme gardien de l’animal au sens de l’article 261 ou 1385
du Code civil belge et que son commettant doit répondre du dommage sur base de l’article 260 al.3). C’est là une
question de fait laissée à l’appréciation du juge de fond. (VOY). Cass., 5 nov. 1981, Pas. 1982, IP. 316).
544
. On notera à ce égard que le propriétaire d’une chasse gardée n’est pas responsable des dommages causés par
les animaux de sa chasse gardée sur base de l’article 261 mais plutôt au regard de l’article 258 (Tout fait
quelconque de l’homme…). Cependant, il sera responsable des dommages causés par les animaux se trouvant
283
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Ainsi, est causée par le fait d’un animal, la chute d’une personne
qui se précipite pour chasser des vaches qui pénètrent dan son potager. Il en est de
même d’un accident de circulation provoqué par une manœuvre d’évitement ou le
freinage brusque d’un automobiliste tentant d’éviter un chien divaguant sur la voie
publique. Tous ces dommages sont la conséquence du comportement actif et autonome
des animaux. Mais ces derniers ne doivent pas, par exemple, être effrayés ou rendus en
état de nervosité provoquant la réalisation du fait dommageable (Exemple, un coup de
sabot d’un cheval dû à son état de nervosité suite à l’apparition brusque d’un
automobiliste sur la chaussée).
b) Quant au responsable
§1. Principe
Aux termes de l’article 262 du Code Civil Livre III, « le
propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine,
lorsqu’elle est arrivée par une suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa
construction ».
548
1ère inst. Kasaï, 16 janvier 1951, R.J.C.B., 1951, p. 193.
286
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Recours du propriétaire
Comme souligné précédemment, le propriétaire qui a indemnisé
la victime dispose d’un recours :
549
. 1ère inst. Kin, 6 mars 1954 ; Léo, 9 déc. 1952, R.J.C.B., 1953, p. 28
287
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- Contre le locataire ou l’usufruitier s’il prouve que la ruine est due à un défaut
d’entretien qui leur incombait en vertu du contrat (bail, par exemple).
Introduction
550
. Le recours peut également être accordé à tout acquéreur d’un immeuble déjà construit et comportant un vice.
Il est alors dirigé contre le vendeur lequel devra appeler l’entrepreneur en garantie (art. 318 du CCC L. II).
551
. Le législateur n’ayant prévu que les deux cas particuliers des dommages causés par les choses, la réparation
des dommages causés par les autres choses inanimées devenait ainsi problématique (par exemple éboulement du
sol), dommage causé par la machine ou les choses produites par elle).
552
Cass, 26 mai 1904, Pas ., 1904, I-246.
288
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§1. Principe
Ainsi donc, en cas de dommage causé par une chose inanimée
(chute d’un arbre, effondrement d’un échafaudage, par exemple), c’est le gardien de
cette chose qui est appelé à le réparer.
a. Quant à la chose
Ainsi ;
c. Quant à la garde
556
Il s’agit de la définition empruntée à A. VAN RYN « La responsabilité du fait des choses », J.T., 1946, pp.
164 et S.
557
Cass. B. 25 mars 1943, Pas, 1943, I, 110 ; Cas. b. 18 janvier 1945, Pas, 1945, I. 88 ; 31 janvier 1952, I, 308.
Dans ce même sens, 1er Inst. Cost., 3 déc. 1948, R.J.C.B. 1949, p. 113, Léo, 29 octobre 1957, R.J.C.B. 1958, p.
146.
558
KALONGO MBIKAYI, op.cit, p. 232
290
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1. Transfert volontaire
disposition d’un tiers pour effectuer un voyage déterminé cesse d’avoir la garde du
camion et d’être le maître du chauffeur au point de vue de l’application de l’article 260
du Code Civil livre III. Il ne répond pas de l’accident survenu par suite du non-
fonctionnement des freins dont il connaissait le mauvais état, si le tiers, après avoir
constaté les vices du camion, a continué sa route sans y remédier, alors qu’il pouvait
renoncer au voyage ou faire effectuer la réparation. Il a, en effet, assumé les risques de
l’accident en pleine connaissance de cause562.
2. Transfert involontaire
562
. Léo, 9 février 1954, R.J.C.B, 1954, p. 193. VOY aussi KALONGO MBIKAY, op..cit ;p.233.
563
S.41,1.217 et D.C. 42.25, et KALONGO MBIKAYI, op.cit.,p.233
564
B. DUBUISSON, op.cit, p. 304.
565
Cass., 29 octobre 1978, Pas., 1988, I, 288 ; Cass., 15 septembre 1983, Pas. 1984, I, 36 ; R.G.J.B, 1985, p. 577,
note KRUITAOF ; Bruxelles, 22 avril 1983, J.I., 1983, p. 505.
292
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566
Mons, 9 avril 1992, R.G.A.R., 1995, n° 12537. Lorsque la victime est aussi co-gardienne de la chose ayant
causé dommage
293
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également en droit belge ; article 1384 alinéa 1er). Mais, en République démocratique
du Congo comme en Belgique, la victime doit apporter la preuve du vice de la chose
qui a entraîné le dommage.
lui incombant) » si la victime peut, solliciter la réparation du préjudice lui causé sur
base de l’article 45 du Code civil ou de l’article 258 ou même cumuler les deux ?
1. D’abord les conditions de deux responsabilités ne sont pas les mêmes. Pour
qu’il y ait responsabilité civile, la victime doit prouver l’existence du dommage,
de la faute et du lien de causalité entre le dommage et la faute du débiteur.
Tandis que la responsabilité contractuelle n’existe, en principe, que dans les
hypothèses suivantes : mauvaise exécution, retard d’exécution ou défaut
d’exécution (c’est-à-dire inexécution) du contrat568.
En matière contractuelle seul le dommage prévisible est réparable (du
moins en principe art. 48 du Code Civil). Ce qui n’est pas le cas en
matière délictuelle ou l’accord préalable des parties n’est pas possible.
La mise en demeure préalable est nécessaire en matière contractuelle.
Il n’en est pas de même en matière délictuelle où les obligations ont leur
source dans la loi et sont fondées sur l’ordre public. Ici, la victime n’a
pas à mettre préalablement l’auteur fautif en demeure avant d’obtenir
réparation569.
La capacité délictuelle est précoce (arrive trop tôt) par rapport à la
capacité contractuelle jugée tardive (18 ans ou moins pour passer un
contrat).
567
KALONGO MBIKAYI, op.cit, p. 235. D’autres auteurs estiment par contre que la responsabilité délictuelle
doit primer sur la responsabilité contractuelle car celle-ci n’est qu’une forme de celle-là.
568
On notera que dans certains cas, les obligations contractuelles peuvent déborder le cadre purement
contractuelle et donner lieu à l’application des règles relatives à la responsabilité contractuelle et non délictuelle.
On n’est pas dans l’une des trois hypothèses ci-dessus énumérées, mais la responsabilité contractuelle restera
applicable en vertu des suites des obligations résultant de la nature du contrat (art. 34 du Code Civil). Exemple,
obligation de sécurité dans le contrat de transport.
569
Cependant, le créancier d’une indemnité délictuelle n’obtiendra des intérêts moratoires qu’après mise en
demeure.
295
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570
Ceci concerne l’exécution de l’obligation. Car en cas d’inexécution imputable à plusieurs débiteurs, la
jurisprudence a tendance à condamner in solidum tous les débiteurs fautifs à la réparation intégrale du préjudice.
296
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§1. Question
Lorsqu’un même fait cause dommage à autrui (ruine du
bâtiment, par exemple), la victime peut-elle solliciter l’indemnisation à la fois sur base
de l’article 45 du Code Civil (responsabilité contractuelle) et de l’article 258,
(responsabilité délictuelle) ou va-t-elle opter pour l’une ou l’autre de deux
responsabilités571.
571
Il va de soi qu’on ne peut se faire indemniser deux fois pour un même fait. Aussi est-il préférable de parler de
concours et non du cumul des deux responsabilités. Par ailleurs, lorsque la faute est purement contractuelle, on
se demande si on peut aussi invoquer l’article 258 qui est un texte à caractère général. Exemple, inexécution
d’une obligation contractuelle qui cause dommage à autrui.
572
KALONGO MBIKAY, op.cit, p. 239
298
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Section I : Critiques
Le système ancien de la responsabilité civile a fait l’objet de
nombreuses critiques en raison de son fondement axé sur la faute : pas de faute disait-
on, pas de responsabilité et par conséquence, pas de réparation.
rythmé d’une machine suivant son mouvement normal alors qu’un préjudice corporel
ou physique de l’agent mis au contact de celle-ci (machine) en est résulté573.
Section 2 : Evolution
Aussi, soucieux d’assurer l’indemnisation des victimes en dehors
de l’idée de faute, a-t-on enregistré un effort doctrinal et jurisprudentiel tendant à
justifier un système de responsabilité sans faute connu généralement sous le nom de
responsabilité objective 574. Ici ce n’est plus la faute, mais bien le dommage et la
nécessité de sa réparation qui guident la réflexion.
573
. Préjudice dû souvent à une erreur de manipulation de la machine par la victime elle-même ou de sa propre
distraction.
574
. KALONGO MBIKAYI, op.cit., pp 241-243
575
. Toute activité capable de créer un risque pour autrui (exploitation d’une machine par exemple), engage la
responsabilité de son auteur en cas du préjudice lié à l’exercice de cette activité sans qu’il soit besoin de
démontrer l’existence de la faute dans le chef de cet auteur.
576
. D’autres facteurs politiques, sociologiques et économiques ont également contribué à la mise en œuvre de ce
système.
577
. D’autres mécanismes contribuent aux mêmes fins (sécurité sociale par exemple).
300
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Napoléon en son article 1371 (article 247 du Code civil congolais Livre III) revient à
POTHIER. Cette définition qui n’est pas plus précise ainsi que l’on remarqué certains
auteurs579, a néanmoins le mérite de mettre en évidence la double spécificité des
quasi-contrats. Nous y reviendrons plus tard à l’occasion des commentaires
consacrées à ce terme. Toutefois, signalons dès à présent que la notion de quasi-
contrats a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de la Doctrine. Ainsi, H. DE
PAGE soutient, par exemple, l’idée que la notion de quasi-contrats est historiquement
fausse et inutile580. Fausse, parce qu’elle ne releve d’aucune catégorie en droit romain
où elle désignait les obligations naissant comme d’un contrat, et inutile puisque
d’après lui, la notion de quasi-contrats ne devrait suivre que le régime des contrats. Ce
qui n’est pas toujours le cas parce que certaines règles de quasi-contrats échappent au
régime contractuel (cas de règles quasi-contractuelles de capacité et de preuve qui
reposent sur celles des délits plutôt que des contrats). Nonobstant ces critiques
extrêmement vives, la notion de quasi-contrats a encore de beaux jours devant elle et
une partie de la doctrine se sert de ce concept pour admettre que d’autres « faits
purement volontaires de l’homme puissent engendrer des obligations.581
L’article 247 du Code civil congolais Livre III définit les quasi-
contrats comme des faits purement volontaires de l’homme, dont il résulte un
engagement quelconque envers un tiers, et quelquefois un engagement réciproque des
deux parties ».
- Ce sont des faits volontaires auxquels la loi attache des conséquences juridiques
pour des raisons d’équité sans tenir compte de la volonté des parties582.
- Ce sont des fait licites à l’opposé des délits et des quasi-délits qui constituent des
faits illicites, c’est-à-dire, des fautes au regard de la loi.
579
A. SERIAUX, Manuel de droit des obligations, PUF, Paris 2006, p. 98
580
H. DE PAGE, cité par P.WERY, Droit des obligations, diffusion universitaire CIACO, 2008-2009, p. 313.
581
.J. CARBONNIER, Droit civil, tome IV, Les Obligations, PUF, 1994, p. 467
582
.Ainsi les quasi-contrats se distinguent des contrats par le fait que les contrats naissent de l’’accord de
volontés de deux parties (convention) alors que les quasi-contrats ne résultent que de la volonté d’une seule
partie (donc différence quant à leur origine). Mais la ressemblance entre ces deux institutions se trouve à la fois
au niveau de la même volonté et des effets juridiques qui leur sont attachés. Quant à la volonté, le quasi-contrat
tout comme le contrat font tous les deux appels à la volonté tandis qu’au niveau des effets juridiques les
obligations qui naissent des quasi-contrats sont semblables aux obligations contractuelles. Elles ont le plus
souvent pour sujet d’indemniser, de compenser ou de restituer un avantage reçu.
302
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
termes jugés plus concrets tels que « l’avantage reçu d’autrui comme source
d’obligations583.
§ 1. Définition
L’expression gestion d’affaires ne doit pas être comprise ici dans
son sens courant où l’on parle souvent de gérer ses propres affaires ou celles d’autrui,
c’est-à-dire, administrer au mieux ses affaires ou celles d’une autre personne584.
583
J. CARBONNIER, op.cit, p. 465 n° 297.
584 En effet, dans le langage courant celui qui gère la fortune d’autrui s’appelle le gérant des biens ou agent d’affaires (Voy. A. BENABENT, op cit, p. 180)
585 J. CARBONIER, op cit, p. 468
303
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a. Actes juridiques
b. Actes matériels
- Mon voisin répare (lui-même) mon toit détruit par une forte tempête.
- Un brave garçon arrête mon chien enragé et me le ramène au risque d’être
mordu.
586 Il faut signaler que la Gestion d’affaires et le paiement de l’indu ne sont que des applications particulières de l’enrichissement sans cause.
587
A. SERIAUX, op. cit, pp. 101-105.
304
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1. Il doit être capable de s’engager par contrat, autrement dit, il doit disposer,
de la capacité contractuelle et avoir au moins 18 ans révolus.
3. Il doit agir dans l’intérêt et pour le compte d’autrui. En effet, une bonne
gestion d’affaires suppose que le gérant puisse agir de manière désintéressé
sans chercher son propre intérêt alors qu’il procure involontairement un
avantage à un tiers. Ainsi il n’ y aura pas gestion d’affaires en cas d’un
locataire qui apporte à son goût des améliorations dans la maison qu’il
occupe. Il ne peut pas invoquer la gestion d’affaires pour prétendre faire
couvrir ses frais par le bailleur. Car le contrat de bail organise le sort de ces
améliorations d’après ses propres règles. Mais il y avoir plutôt un
enrichissement sans cause. Et le gérant pourra exercer contre le tiers enrichi,
non pas une action fondée sur la gestion d’affaires (negotiorum gestorum),
mais bien l’action de in rem verso. La gestion d’affaires suppose donc un
acte altruiste accompli volontairement dans l’intérêt d’une autre personne.
588
VOY SOC-11 octobre 1984, Bull.civ.V n° 369 ; T.G.I.Alès, 9 nov. 1966, D, 1968,328, n°J.C
On notera cependant que le mandataire peut se trouver quelque fois dans la situation d’un gérant d’affaires en
cas de dépassement de son mandat.
589
KALONGO MBIKAYI, op- cit, p. 249.
590
. Ainsi, l’article 248 peut être révisé en ce qu’il ne requiert pas que le géré ignore la gestion. Voici le libellé
de la loi à cet égard : Lorsque volontairement on gère l’affaire d’autrui, que le propriétaire connaisse la gestion,
soit qu’il l’ignore, celui qui gère contracte l’engagement… »
305
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
civil engageant sa responsabilité sur pied de l’article 258 du CCCL. III et ne pourrait
se prévaloir des règles de la gestion d’affaires..
A. Obligations du gérant
Elles sont les mêmes que celles qui résultent d’un contrat de
mandat (art. 248 al2)
1. Le gérant doit agir en bon père de famille (art. 250 al 1). En conséquence, il
engage sa responsabilité pour toute faute commise dans l’exercice de sa gestion (faute
d’imprudence ou de négligence). Il s’agit là d’une responsabilité étendue destinée à
décourager des immixtions trop faciles dans les affaires d’autrui. Le législateur place
donc cette responsabilité au même titre que celle d’un mandataire qui doit répondre
non seulement du dol, mais encore des fautes qu’il commet dans sa gestion (art. 533
al1 du C.C.C.L. III).
306
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
591
Art 544 du C.C.CL. III
592
Ici apparait également la différence avec le mandat car le mandant doit rembourser toutes les dépenses sans
limitation alors que le géré ne rembourse que les dépenses utiles.
307
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
d’indemniser ce gérant à condition que la gestion ait été utile, c’est-à-dire bien
administrée.
4. Le géré doit payer les intérêts des sommes avancées à dater du jour des
avances constatées (art. 452 CCCL. III) et ratifier les engagements conclus en son
nom par le gérant.
2. Si le gérant s’est personnellement obligé envers les tiers (cas de gestion sans
représentation), il sera seul tenu envers eux. Mais, la représentation étant imparfaite, le
gérant pourra se faire indemniser, par le géré en cas de gestion utile. Car, les tiers sont
censés ignorer le maître de l’affaire.
§1. Définition
Il y a paiement de l’indu, écrit KALONGO MBIKAYI 593,
lorsqu’une personne (l’accipiens) reçoit à titre de paiement d’une autre personne (le
solvens) ce qui ne lui est pas dû. Celui qui a effectué un paiement dans ces conditions
bénéficie de part la loi, d’un droit à la répétition, ou à la restitution de ce qu’il a
indûment payé. Et ce, au moyen d’une action dénommée : « l’action en répétition »
(art. 252).
a. L’indu objectif
L’article 252 du Code Civil Congolais Livre III stipule que
« celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est pas dû s’oblige à le
restituer à celui de qui il l’a indûment reçu ».
Ainsi donc, l’indu objectif est celui qui est perçu par le
créancier (accipiens) alors qu’on ne lui doit rien. C’est-à-dire, on n’est nullement tenu
envers lui et on n’a même pas l’intention de payer une dette d’autrui. (Exemple, je paie
une deuxième fois une dette déjà éteinte).
Par ailleurs, la répétition a lieu parce qu’il faut considérer ici que
le paiement a été fait sans cause légitime et sans dette qui le justifie.
d’argent) ; enfin, le cas d’un contrat ultérieurement anéanti suite à la réalisation d’une condition résolutoire.
595
C’est le cas, par exemple, d’un héritier apparent que paie les dettes d’une succession dévolue à un autre
personne.
596
A noter que l’indu subjectif peut aussi avoir lieu en cas d’erreur sur la personne du créancier (le débiteur paie
à un non-créancier (je paie à mon créancier et, par erreur, la banque vire cet argent au compte d’une tierce
personne et non à celui de mon créancier)
309
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1. L’existence d’un paiement. Le solvens doit payer, c’est-à-dire, il doit agir avec
l’intention d’éteindre une dette soit en versant une somme d’argent (cas le plus
courant), soit en exécutant une autre prestation.
310
Professeur MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL
2. Le paiement doit être indu. Autrement-dit, le paiement ne doit pas être justifié
parce qu’il y a absence de dette entre le solvens et l’accipiens. A tel enseigne qu’on ne
peut pas parler d’un vrai paiement. Matériellement cela ressemble à un paiement, mais
juridiquement, il n’y a rien car le prétendu paiement n’éteint pas une dette. C’est tout
simplement un événement semblable à un paiement.
- L’indu objectif : Lorsque la dette n’existe pas ou n’existe plus (indu absolu) ou
lorsque le solvens a payé plus qu’il ne doit ‘(indu relatif).
- L’indu subjectif : lorsque la dette existe bel et bien, mais il ya erreur soit sur la
personne du créancier (on paie à un non créancier), soit sur la personne du débiteur (un
non-débiteur paie). Donc la dette n’existe pas dans les rapports entre le créancier et le
débiteur.
3. Le solvens doit avoir payé par erreur. Cette condition permet de distinguer le
paiement de l’indu du paiement fait par un tiers en vertu de l’article 134 alinéa 2 du
Code Civil Livre III. En effet, pour que le solvens ait droit à la répétition, il faut qu’il
ait payé par erreur. Autrement, on parlera soit d’une libéralité du solvens fait à
l’accipiens, (lorsque le solvens a agit en pleine connaissance qu’il n’avait aucune dette
envers le créancier), soit d’une libéralité du solvens adressée au véritable du
débiteur (cas d’une tierce personne qui paie la dette du véritable débiteur selon
l’article 134 al2), soit de la gestion d’affaires faite au profit du véritable débiteur par
le tiers solvens.
En cas d’indu subjectif par contre, la dette existe, mais le solvens qui paie
n’est pas le véritable débiteur. Il se croyait simplement obligé vis-à-vis du
créancier alors que le véritable débiteur est autre personne (cas d’un héritier apparent
qui paie les dettes de la succession croyant qu’il est le vrai héritier).
A noter que l’erreur du solvens peut être une erreur de fait (cas
de l’héritier apparent dont on a parlé plus haut) ou une erreur de droit (cas du
paiement d’une personne majeur auteur d’un dommage qui indemnise la victime en
croyant à tort qu’il est responsable.
597
.Civ. Ier, 17 juillet 1984, D. 1985. 298, note CHAVEL. . Voy aussi, A BENABENT, op-cit , p. 190
598
.Le paiement pour autrui étant dans certains cas valable (134 al2) pour des raisons diverses (libéralités, souci
d’éviter une procédure judiciaire à l’encontre d’une proche), l’erreur du solvens permet alors de justifier la
répétition de ce qui a été payé involontairement. Car son intention d’agir pour autrui et de le libérer manque.
L’action en répétition n’est pas accordée à celui qui a payé sciemment (com. 24 février 1987, D. 1987.242 et la
note). De même, il n’ ya pas répétition lorsque le créancier qui a reçu paiement a détruit le document qui lui
servait de titre. Car, il est dépourvu de tout moyen pour poursuivre le vrai débiteur. Le solvens dispose alors d’un
recours contre le véritable débiteur parce qu’il a payé à sa place. Mais, il risque de se buter à des difficultés de
preuve.
312
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a. Si l’accipiens est de bonne foi, il ne restitue que le capital et non les fruits et les
intérêts produits par la chose et qu’il a consommés de bonne foi en se croyant
propriétaire.
599
.Il va de soit que la restitution doit se faire soit en nature, soit par équivalent. Si l’indu porte sur une somme
d’argent, c’est celle-ci qui doit être restituée. Par contre, s’il s’agit d’un bien corporel dont la restitution en nature
n’est plus possible parce que la chose a été perdue ou détériorée ou que l’accipiens l’a vendue, la restitution
disons-nous se fera, dans le premier cas, en payant la contre-valeur de l’objet perdue ou détérioré si la perte ou
la détérioration n’est pas le résultat d’un cas fortuit. Dans le second cas, l’accipiens va restituer le prix de la
vente en cas de mauvaise foi, il devra restituer le prix de la vente et la plus value acquis par la chose.
600
.L’obligation de restitution est écartée lorsque l’accipiens a supprimé son titre) à la suite du paiement indu-
reçu. Le solvens n’aura plus alors le droit d’exiger la répétition de l’indu (art. 253 al2). Cependant il a droit au
recours contre le véritable débiteur, s’il a payé de bonne foi (indu subjectif) encore que même dans ce cas, il va
se buter à l’absence de preuve.
313
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Section I : Définition
Il y a enrichissement sans cause lorsqu’une personne a, par
un sacrifice ou un fait personnel procuré à un autre un avantage qui n’est fondé
sur aucune cause légale, contractuelle ou judiciaire601.
Cette notion n’a pas été réglementée par le Code Civil. Elle a été
tirée par la jurisprudence d’un principe général d’équité selon lequel « personne ne
peut s’enrichir sans juste cause au détriment de l’autre ».
601
J. CARBONNIER, Op cit, p. 481
602
.J. CARBONNIER, op.cit, p. 481 ; A. SERIAUX, op.cit. p.111 ; Req 15 juin 1892, S.93,I,281,D. 92,1,596.
314
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a) La cause objective est celle qui peut résulter d’un contrat (convention), d’une loi
ou d’une décision de justice. Les avantages procurés sur base de ces éléments ne
peuvent donc pas donner lieu à l’action de in rem verso puisque l’enrichi peut
invoquer dans ces cas un titre juridique justifiant son enrichissement603 .
*Toutefois, l’enrichissement sans cause peut être invoqué lorsque l’appauvri a fourni à
l’enrichi des prestations qui excèdent les exigences légales, contractuelles, judiciaires
ou celles qui résultent d’un devoir purement moral (cas de l’époux qui fournit des
prestations au-delà de sa contribution aux charges du ménage ou de la fiancée qui
apporte à son futur beau-père une aide dépassant les exigences de ses obligations
coutumières envers ses beaux-parents).
a. Lorsque l’appauvri dispose d’une autre action résultant d’un contrat, d’un
quasi-contrat, d’un délit ou d’un quasi-délit pour obtenir ce qui lui est dû.
b. Lorsque la loi fournit à l’appauvri une action spécifique que celui-ci n’a pas pu
intenter par suite d’une prescription, déchéance, forclusion, par l’effet de l’autorité
de la chose jugée, de l’absence de preuves ou tout autre obstacle de droit.
C’est autant dire que l’action de in rem verso ne doit pas servir
de moyen pour contourner les règles normalement applicables aux situations
concernées.
604
Civ., 28 mars, 1939, D.C. 1942. 119, n.F.G. Par risques et périls, il faut entendre le fait qu’on n’est pas certain
de récupérer le coût ; On n’est pas certain de rentrer dans ses frais (cas du propriétaire d’un terrain qui achète un
câble électrique pour tirer du courant chez lui et qui de ce fait permet à ses voisins de se brancher sur le réseau.
Son action d’enrichissement sans cause contre ses voisins ne peut aboutir parce qu’il a agi dans son intérêt
personnel, les travaux effectués ayant été accomplis dans le but d’assurer l’électrification de son immeuble et
pour son unique avantage.
317
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605
A. SERIAUX, op.cit, p. 117.
606
Civ., 1èr ,15 févr. 1973, D. 1975.509, n. R.SAVATIER.
607
Civ, 1ère, 18 janvier 1960, D., 196O.753, n. P Esmun
318
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circonstances exceptionnelles pour fixer l’indemnité à la date des faits d’où découle
l’enrichissement et non celle de la demande en justice608
Ainsi, si après s’être enrichi d’un bien dont la valeur initiale est
de 1000000 de FC, l’enrichi néglige totalement de l’entretenir à tel point que le
manque d’entretien entraîne la perte de la valeur du dit bien qui ne vaut plous que
100.000 FC au jour de la demande en justice. Le juge devra tenir compte de cette
circonstance exceptionnelle (faute de l’enrichi) pour fixer le montant de
l’indemnisation non pas du jour de la demande en justice où le bien ne vaut plus que
100.000 FC, mais anticipativement au jour de l’enrichissement où le bien valait
1000.000 FC parce que c’est par la négligence de l’enrichi que le bien a perdu sa
valeur initiale.
608
Il s’agit de sanctionner la négligence de l’enrichissement dans l’entretien de la chose dont il s’est enrichi.
319
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n’a pas ». Car, s’il faut appliquer de manière rigoureuse cet adage, on dira que
l’héritier apparent qui a vendu les biens de la succession sans être reconnu lui-même
comme un vrai héritier, n’a pu valablement transférer à autrui des droits dont il n’est
pas titulaire. Que tout transfert des droits fait par lui en cette qualité ne peut
juridiquement produire des effets ; qu’en conséquence le tiers qui a traité avec lui en
cette qualité (d’héritier apparent) n’a pu obtenir aucun droit véritable.
Quasi-contrat
611
.Ce faisant, la théorie de l’apparence cherche à établir un équilibre entre la sécurité juridique statique (on ne
peut être lié par un engagement auquel on n’a pas pris part) et la sécurité dynamique des transactions (peut
permettre et faciliter les transactions ou doit se fier aux apparences). Et, c’est ça l’intérêt de la théorie de
l’apparence qui veut qu’on puisse faire confiance aux apparences pour faciliter les transactions, âme de la vie
économique. Sans confiance aux apparences, pas des transactions et en conséquence, pas de développement
économique parce qu’avant d’acheter du pain, par exemple, il faut vérifier les titres de la maman vendeuse. Ce
qui serait souvent ennuyeux. La théorie de l’apparence ou de la confiance légitime nous permet de passer des
contrats avec des personnes qui nous présentent des fortes apparences des titulaires réels des droits comme dans
le cas des mères vendeuses du pain quitte à faire application des règles de droit en cas de problème.
321
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B
Titulaire réel, qui en vertu de la sécurité juridique
ne devrait pas être tenu par l’engagement passé en dehors
de lui mais qui doit toutefois le respecter en vertu
de la sécurité dynamique des transactions.
612
.A. BENABENT, op.cit, p. 203.
613
.A. BENABENT, ibidem
322
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Nous allons étudier les effets de cette théorie sous un triple angle
des rapports titulaire réel-tiers abusé ; Titulaire apparent-tiers abusé et, enfin, titulaire
réel et titulaire apparent.
614
.SAURIAUX, La croyance légitime, J.C.P. 1982. I. 3058, cité par A. BENABENT, op ;cit, p. 204 ; 3è, 4 mai
1982, Bull. civ. III, n° 111, p. 78 ; 11 mars 1986, BULU., I., n° 67.
323
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*En cas d’acte d’administration, le titulaire apparent sera tenu de l’exécuter en dépit
de son défaut de qualité (Ainsi, l’héritier apparent qui a commandé des travaux auprès
d’un architecte est tenu de les payer) 615.
*En cas d’acte de disposition, (tel qu’une vente), le titulaire apparent ne pourra
prétendre transférer un droit de propriété qu’il n’a pas. Le contrat sera nul et la
responsabilité civile du titulaire apparent, pourra être engagée en cas de faute de sa
part, sur base de l’article 258 du C.C.C.L.III (cas des vices cachés de la chose ayant
causé dommage au tiers contractant).
oblige le titulaire apparent à restituer au vrai titulaire tout ce qu’il a reçu en vertu du
contrat sans valeur passé avec le tiers (prix de la vente, loyers déjà perçus etc.)
AVERTISSEMENT............................................................................................................................................ 1
PROF. ASSOCIÉ MULENDA KIPOKE JEAN-MARCEL......................................................................................... 2
DROIT CIVIL DES OBLIGATIONS...................................................................................................................... 3
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................................................ 3
SECTION I : LA NOTION D’OBLIGATION............................................................................................................... 3
§1 : Importance du droit des obligations......................................................................................................3
§2 : Origine et place du droit des obligations en droit civil et dans le Code civil...........................................5
1. Origine du Droit Congolais des obligations.....................................................................................................5
2. Place du Droit des obligations en Droit civil et dans le Code civil..................................................................6
a) En Droit civil.............................................................................................................................................6
b) Dans le Code civil.....................................................................................................................................7
§3. Liens avec d’autres branches du Droit....................................................................................................8
§ 4. Définition de l’obligation civile..............................................................................................................9
a) L’obligation civile est un lien de droit (vinculum juris)................................................................................12
- Origine et définition de l’obligation naturelle........................................................................................14
- Catégories d’obligations naturelles........................................................................................................16
Selon la doctrine classique :........................................................................................................................17
Selon la doctrine moderne :........................................................................................................................17
§5 : Les parties à l’obligation......................................................................................................................18
SECTION II : CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS................................................................................................... 19
§1 : Classification des obligations d’après leur objet..................................................................................19
I. Obligation de donner......................................................................................................................................19
1. Définition...............................................................................................................................................19
2. Contenu de l’obligation de Dare............................................................................................................20
a) Le transfert de propriété et des risques...........................................................................................20
b) La livraison de la chose :...................................................................................................................25
c) La conservation de la chose.............................................................................................................25
II. Obligation de faire (facere) et de ne pas faire (non facere) articles 40 à 43 du CCC LIII.............................28
A. Notion....................................................................................................................................................28
1. Obligation de faire...........................................................................................................................28
2. Obligation de ne pas faire :.............................................................................................................28
B. Contenu des obligations de faire et de ne pas faire...............................................................................28
- Obligation de résultat......................................................................................................................29
- Obligation de moyens......................................................................................................................29
Intérêt de la distinction entre obligation de résultât et obligation de moyens......................................30
- Obligations de garantie ou de sécurité.............................................................................................30
- Obligations accessoires....................................................................................................................30
§2 : Classification des obligations d’après leurs sources.............................................................................31
A. Deux principales classifications.....................................................................................................................31
1. Classification du Code civil.....................................................................................................................31
2. Classification doctrinale des obligations................................................................................................31
B. Critiques de ces deux classifications..............................................................................................................32
C. Observation....................................................................................................................................................32
SECTION III : EVOLUTION DU DROIT CONGOLAIS DES OBLIGATIONS..........................................................................33
§1. Une apparente stabilité........................................................................................................................33
§2. Des possibilités de réforme...................................................................................................................35
SECTION IV : PLAN SOMMAIRE, PROGRAMME DU COURS ET ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE............................................36
§1. Plan sommaire.....................................................................................................................................36
326
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A. Les erreurs-obstacles.............................................................................................................................95
1.L’erreur sur la nature du contrat (error in negotio)..........................................................................95
2.L’erreur sur l’identité de l’objet (error in corpore) du contrat.........................................................96
3.L’erreur sur la cause du contrat (error in causa)..............................................................................96
B. Les erreurs-vices du consentement.......................................................................................................96
1. L’erreur sur la substance..................................................................................................................97
2. L’erreur sur la personne (error in persona)......................................................................................98
3. L’erreur sur le Droit..........................................................................................................................99
C. Les erreurs indifférentes......................................................................................................................101
II. LE DOL (art 16 et 17)..................................................................................................................................101
INTRODUCTION......................................................................................................................................... 101
1. Notion du dol......................................................................................................................................102
2. Eléments constitutifs du dol................................................................................................................102
3. Rapports entre Dol et Erreur...............................................................................................................104
4. Conditions d’annulation du contrat pour cause de dol.......................................................................104
a. Origine du dol................................................................................................................................105
b. Gravité du dol................................................................................................................................105
c. Sanction du dol..............................................................................................................................105
III. LA VIOLENCE (l’article 11 à 15 du Code civil)........................................................................................106
INTRODUCTION......................................................................................................................................... 106
1. Notion de violence...............................................................................................................................106
2. Rapports entre violences et dol...........................................................................................................107
3. Conditions d’annulation du contrat pour cause de violence................................................................107
a) La violence doit revêtir une certaine gravité..................................................................................107
Violence résultant des circonstances extérieures.....................................................................108
Solutions juridiques..................................................................................................................109
b) La violence doit être injuste et illicite.............................................................................................109
4. Sanction du contrat entaché de violence...................................................................................................110
IV. LA LESION.................................................................................................................................................110
1. Introduction.........................................................................................................................................110
2. Notion..................................................................................................................................................111
3. La lésion en droits belge et français.....................................................................................................111
a) Situation dans le Code Napoléon...................................................................................................111
b) La lésion en droit congolais............................................................................................................113
- Situation avant le décret du 26 août 1959................................................................................113
- Le décret du 26 août 1959........................................................................................................113
a. Champ d’application de l’article 131 bis.................................................................................114
b. Conditions d’application de la lésion (art. 131 bis).................................................................115
c. Sanction de la lésion...............................................................................................................117
SECTION II: LA CAPACITÉ DES PARTIES............................................................................................................ 118
INTRODUCTION......................................................................................................................................... 118
§1. Notions générales sur la capacité contractuelle des personnes physiques.........................................118
§2. Espèces d’incapacités.........................................................................................................................119
§3. Régimes d’incapacités d’exercice.......................................................................................................120
a) Le régime de la représentation.....................................................................................................................120
b) Le régime de l’assistance.............................................................................................................................121
c) Le régime de l’autorisation...........................................................................................................................122
SECTION III : L’OBJET DU CONTRAT ......................................................................... (ART. 25 A 29 DU CCCLIII)
............................................................................................................................................................. 122
§1. Notion................................................................................................................................................ 122
§2. Rôle....................................................................................................................................................123
§3. Caractères ou conditions de l’objet....................................................................................................123
I. Objet déterminé ou déterminable.................................................................................................................123
329
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a. L’indu objectif......................................................................................................................................................315
b. L’indu subjectif (art. 253)....................................................................................................................................316
§3. Distinction d’avec les notions voisines................................................................................................316
SECTION II : CONDITIONS DU PAIEMENT INDU.................................................................................................. 317
SECTION III : EFFETS DU PAIEMENT INDU......................................................................................................... 319
§1. Obligations de l’accipiens...................................................................................................................319
CHAPITRE III : L’ENRICHISSEMENT SANS CAUSE.......................................................................................... 321
SECTION I : DÉFINITION.............................................................................................................................. 321
SECTION II : CONDITIONS DE L’ENRICHISSEMENT SANS CAUSE...............................................................................321
SECTION III : EFFETS DE L’ACTION D’ENRICHISSEMENT SANS CAUSE (ACTION DE IN REM VERSO)....................................325
§1. Montant de l’indemnisation...............................................................................................................325
§2. MOMENT DE L’INDEMNISATION............................................................................................................... 325
CHAPITRE IV : LA THEORIE DE L’APPARENCE OU DE LA CONFIANCE LEGITIME.............................................327
SECTION II : CONDITIONS DE LA THÉORIE DE L’APPARENCE...................................................................................329
§1. Condition objective.............................................................................................................................329
§2. Condition subjective...........................................................................................................................330
SECTION III : EFFETS DE LA THÉORIE DE L’APPARENCE......................................................................................... 330
§1. Rapport entre le titulaire réel et le tiers abusé...................................................................................330
§2. Rapport entre le titulaire apparent et le tiers abusé...........................................................................331
§3. Rapport entre le titulaire réel et le titulaire apparent........................................................................331
TABLE DES MATIERES................................................................................................................................. 332