Chap1à5 Journal - Aventures Le - Mal Blanc
Chap1à5 Journal - Aventures Le - Mal Blanc
Chap1à5 Journal - Aventures Le - Mal Blanc
An 2946 du Troisième Age ; nous sommes au 14 ème jour du mois de Nárië qui célèbre le
commencement du Lairë, saison estivale chaude et lumineuse.
Voilà déjà cinq ans que s’est terminée la bataille des cinq Armées sur les contreforts
d’Erebor où s’affrontèrent les Orcs, les Wargs, les Hommes, les Nains et les Elfes, sous un
ciel noirci par les nuées de chauve-souris géantes aux prises avec les Aigles de Thorondor.
De nombreuses prouesses furent réalisées en ce temps-là. Des héros s’élevèrent là où
d’autres tombèrent, jusqu’à la victoire finale des Peuples Libres du nord.
Lorsque le fracas de la bataille retomba, tous purent se regarder les uns les autres avec un
cœur serein, oubliant des années de méfiance et d’amertume.
Vehmund leur présente officiellement les remerciements de la Hanse Familiale et les assure
que leur aide sera rapportée et surtout qu’elle ne sera jamais oubliée
Pour commencer, il leur propose un hébergement sur la seconde gabare pour la nuit.
Au cours de la nuit, ils surprennent Vehmund s’entraînant avec l’Haradirm mais très vite
leur passe d’armes se mue en quelque chose de plus intime et c’est sous une remarque
salace de Noham que tout le monde part se coucher.
Jehlan reste au chevet de Sygvild qui ne veut plus jamais le quitter. Elle s’endort, apaisée.
Déroutés des rivages pour aller inspecter un autre vol de corbeaux plus avant dans la plaine,
ils décident finalement d’installer le camp. Noham se surpasse et son repas exhale à mille
lieues à la ronde. L’ambiance est détendue, faisant presque oublier l’enjeu de leur présence.
Ils sont rejoints par une patrouille de 5 cavaliers Tiranduin. Cette milice privée, constituée
d’hommes et de femmes formant un réseau d’observateurs et d’explorateurs, patrouille dans
toute la région. Chargés de protéger au mieux les populations de l’Anduin, ils sont soutenus
et intégrés par les pouvoirs locaux : Conseil, Chefs de clans, Beorn et Radaghast.
Leur chef Audgrim se présente comme officiant en qualité de Tirdôr, sentinelle régionale, et
demande s’ils peuvent partager le repas du soir. Sans avoir eu le temps d’avertir ses
hommes, il constate qu’ils ont déjà mis pieds à terre.
Mais dès les libations vespérales commencées, des gardes sont pris de vomissements. Si
Noham peut en sauver un, Ekvuth, l’autre prénommé Mornack commence sa
transformation en monstre ivre de la rage blanche.
Malgré leurs efforts désespérés pour le maîtriser, ils n’ont pas d’autre choix que de le tuer
après que ce dernier ait brisé la nuque d’un de ses équipiers.
Audgrim se charge de la sale besogne car c’est l’un de ses hommes après tout. Mais sa lame
se fige dans le corps de son monstrueux condisciple.
Morëfindë dégaine alors sa lame qui bleuit d’un éclat antique et le décapite prestement.
Après avoir rendu les honneurs aux morts, Audgrim et Jehlan font le point sur la région…
Leur patrouille a effectivement partagé un repas il y a quelques jours avec Vannek le
Prédicateur. Ce dernier leur a dit se rendre à Bourg-Les-Bois afin d’éclairer la population
sur les vices et autres blasphèmes exercés par les familles marchandes et commencer la
« Grande Répurgation » qui libèrera le peuple.
La tenue extraordinaire et en urgences d’un Grand Conseil du Nord a été annoncée et des
messagers ont été envoyés pour convier les Chefs des Hommes des Bois, les Elfes, les Nains,
les Hommes du Nord, les Beornides, les Gens de Dale et du Peuple du Lac.
Le père de Jehlan, Ramnulf Thaurismund « Corne-Broc », fils du grand Whaldrünner
Kothvärr, est membre du Conseil local où il représente les marchands des trois cités.
Lui-aussi a été convié au grand Conseil du Nord pour compter pour la voix du peuple.
Mais il est l’ombre de lui-même depuis que sa fille chérie a disparu. Quand il ne se morfond
pas, il bat la région à sa recherche…
Jehlan lui explique qu’il a retrouvé sa sœur et lui demande de retourner à Bourg-Les-Bois
dans les meilleurs délais pour informer son père et lui annoncer son arrivée prochaine.
Audgrim met en garde la Compagnie des événements sombres et néfastes qui se passent
actuellement dans la grande cité forestière…
Isarn d’Eigbert, fils d’Hallstein un riche Tanneur, a rejoint Vannek et formé un groupe de
vigilants nommé les « Répurgateurs » qu’il finance entièrement. Ces gens sillonnent la ville
et ses faubourgs à dessein de débusquer les réfugiés ayant fui la destruction de Dale et qui
ont, selon lui, ramené avec eux « la Malédiction du dragon ». Ils doivent être chassés et
bannis des Territoires.
Un ghetto a d’ailleurs été formé à l’entrée de la ville où sont parqués les gens identifiés puis
raflés par les Répurgateurs et autres sympathisants à cette « cause ».
Ils se démarquent en portant un brin de Daghoril, la plante curative pour les infections.
Alarmé par tant de mauvaises nouvelles, Jehlan presse ses amis de se détourner de leur
route et de l’accompagner à Bourg-Les-Bois afin d’aider sa ville et sa famille. Ce qu’ils
acceptent derechef !
Noham est tellement affecté par cette soirée mouvementée qu’il s’isole 3 heures pour
confectionner un camp confortable avec un énorme four à pains en argile… Ses chants ne
parvenant pas à l’égailler lui-même, il décide de boire une bonne lampée de sa Truandaille.
Mais Baragrim, le nain revanchard, avait profité de leur repos sur les Gabares Rouges pour
remplacer le contenu de sa flasque par de la Kuggash! C’est enfin apaisé, et pour un bon
moment, que Noham s’écroule, le visage figé dans un sourire béat.
Ils arrivent en vue d’un campement où ils comptent demander la permission de s’arrêter.
Mais il s’avère qu’il s’agit du campement de Vonkhar le Magnifique. Un riche bedonnant
gras-porc, aussi avide que cruel. Borth son garde du corps leur accorde un accueil glacial.
Après avoir molesté une servante maladroite, il leur propose de rester en son camp. Ce
qu’ils refusent unanimement ! Ils repartent donc s’établir plus loin.
A la fin du jour, ils campent à la frontière forestière. Ils seront bientôt enfin arrivés
Voici plus d’une semaine qu’ils battent la route, mus par cette mission commune mais ici,
l’enjeu prend une tournure telle que l’ambiance est sombre et silencieuse. Le nombre
d’exilés forcés ne cesse de croître sur les routes. Les uns rejoignent leur famille tandis que
les autres errent sans destination précise.
Pas de chemins, pas de vie, pas de lumière, pas d’espoir, pas de nourriture, pas d’eau, pas
d’air frais, bienvenue dans la Forêt Noire où ne survivent que les initiés !
Morëfindë les mène jusqu’à un Tiënanmuilé, l’un des chemins secrets des elfes.
S’enfonçant sous les sombres frondaisons, ils sont escortés par des « Filles de l’eau » esprits
servant le Valar Ulmö et qui vivent dans les rivières noires sillonnant la forêt. Elles guident
et protègent les êtres qui se perdent et dont la grandeur d’âme suscite leur considération.
Malgré leur présence, Morëfindë n’est pas en paix car cette forêt pourtant si familière se
refuse à lui au point qu’il en perd sa route plus d’une fois.
Ils découvrent le corps d’un Dunedain venu apporter un important message à Gersande.
Une fille de l’eau s’occupe de la dépouille de ce messager, qu’ils ont identifié comme étant
un certain Aern, alors qu’ils se pressent de traverser ces lieux hostiles.
Noham perçoit 4 formes spectrales qui les escortent en faisant fuir tantôt les énormes
araignées noires, tantôt les créatures trop curieuses.
Ils arrivent enfin à l’antre de la sorcière écarlate, à l’aube. Quoiqu’aucune lumière ne puisse
attester du cours de la journée qui semble s’écouler très lentement.
Gersande les accueille, en grande conversation avec le grand-père de Jehlan. Elle explique
qu’une force sombre les empêche de repartir pour de rejoindre le Conseil où elle doit
témoigner. Son mignon, le fameux gobelin entrevu par Jehlan les rejoint, tout sourire.
Ils délivrent le message qui indique que « les deux enfants Numénoriens doivent être
protégés car ce sont eux qui termineront le Troisième Age et mèneront le Quatrième ».
Si le premier est caché à Rivendell, l’autre a été recueillie par une grosse famille marchande
dirigeant des Gabares Rouges. Leur sang ne fait qu’un tour… Il s’agit de Sygvild !!!
Cette adorable gamine constitue à présent une cible pour divers ennemis: les concurrents
commerciaux, les héritiers par demi droit… Et les Ennemis servant l’Ombre.
Un craquement sinistre ponctue l’implosion des portes et volets qui volent en éclats.
Monte dans l’air un chuchotement en Noir-Parler elfe, que Morëfindë entendit un jour
déclamé par son père, Gwaerënor Thangurion, en guise d’avertissement et de formation.
Ce grand général, au service de Thranduil, a déjà affronté des rares Elfes Sombres au cours
de terribles rencontres lors du Premier Age. Il s’agit de la magie Axi « bannie », la
Nécromancie, dont les incantations impies déchirent l’atmopshère.
Des volutes laiteuses, surmontées de mains éthérées, entrent alors dans la chaumière
creusée à même un grand chêne et entreprennent une fouille minutieuse des lieux.
Frappé par une magie impie, Jehlan prend le précieux message et se dirige lentement et
mécaniquement vers la sortie, Erwald semble lui-aussi affligé par la sombre magie.
Morëfindë le récupère et Noham dissipe l’emprise du noir enchantement mais leur
adversaire monte en puissance et déchaîne ses pouvoirs !
Noham psalmodie alors un cantique très ancien implorant l’aide d’un Valar mais il est vite
interrompu par le Nécromant. Ce n’est qu’en puisant au plus profond de son être une
énergie qu’il ne pensait jamais devoir utiliser un jour que l‘Istari plante alors son bâton dans
le sol pour relâcher un halo de lumière sacrée réduisant à néant toute la corruption encore à
l’œuvre. Mais avant de s’avouer vaincu, le Sombre elfe doit faire payer le prix de sa magie
ainsi exercée. Dans sa noirceur, il adresse le choix à Morëfindë : Erwald ou Kothvärr ?
Quel qu’en soit le choix, cela déchirera son âme irrémédiablement.
Erwan s’effondre inanimé, sous les cris de douleur de son vieil ami de toujours alors qu’ils
s’enfuient de la maison en ruines. Le goblin se chargeant de sauver ce qu’il peut.
Sur le grand sentier, Radaghast les rejoint avec une harde de Grands Cerfs menés par une
créature à forme humaine prenant les traits graciles d’une jeune fille vêtue d’une peau de
loup et le visage recouvert par un masque peint surmonté de bois de cerfs.
Avec cette aide providentielle, la Compagnie revient sans encombre s’abriter à Bredökseyld.
Tous regroupés dans l’espace de vie, servant habituellement aux grands repas pour toute la
Maisonnée et ses gens, et les volets barricadés nos amis et les réfugiés se tiennent prêts à
toute éventualité. Dehors, le chaos est à son paroxysme et c’est sur fond de cris et de fracas
qu’ils attendent ensemble le lendemain, jour du Grand Conseil du Nord.
I
La seconde est un présent, une antique lame de Gondolin thilmacil, qui célèbre la fin de son second
cycle de formation et atteste de son rang de Haut Représentant Elfique, mais surtout de l’immense
fierté d’un père pour son fils !
-Je suis l'éclat lunaire d'argent forgée à Gondolin, les Ténèbres redoutent ma morsure-
Timbold Badhoric
Présentation
Il existe peu de communautés de Hobbits de l’Anduin, la plupart d’entre eux vivent sur les rives
occidentales de l’Anduin, dans des zones marécageuses où il est difficile de survivre sans leur
expérience. Il provient de ces rares communautés vivant au plus profond des bois septentrionnaux,
en retrait du monde des Hommes. Leur existence n’est pas paisible pour autant car les Orcs et les
pillards de Gundabad, des Montagnes Grises ou des Terres sauvages Orientales sant autant de
menaces qu’ils doivent combattre régulièrement, souvent côte à côte avec les communautés naines
et elfes. C’est la toute première fois qu’ils acceptent de venir occuper leur siège au Conseil du Nord.
A la tête de sa famille depuis la mort de son père, Amaleoda est le Jarl de Bourg-Eaux-Noires.
Elle vit avec son clan sur la rive occidentale du lac, au plus près de l’ombre de Dol Guldur.
Cette petite communauté, à quelques dizaines de kilomètres à l’est de Rhosgobel, est
implantée en pleine Forêt Noire et à proximité du Goulet.
Amaleoda est qualifiée par les siens de Protectrice des Eaux-Noires. Peu de guerriers peuvent
se vanter d'avoir livré autant de batailles que la damoiselle protectrice des Eaux-Noires : durant les
heures de règne du Nécromancien, la vie d'Amaleoda n’était qu’une lutte sans fin pour la survie des
hommes de la Lisière Ouest. A l'instar d'Ingomer Briseur-De-Haches, Elle représente cette caste
vieillissante de vétérans du Peuple des Bois. Noble et gracieuse, ses traits vieillissants n'entament
rien à sa beauté. Son regard inspire la sagesse et sa posture force le respect. Toujours drapée de
fourrure et de vêtements sombres, on l'identifie immédiatement dans sa fonction de Jarl. Elle porte
un collier de bronze gravé d'une chouette, symbole de sa Maison et héritage de sa famille.
Depuis que l’Ombre a quitté la Forêt Noire Méridionale, la communauté d’Amaleoda n’a
cessé de s’agrandir, et elle est devenue relativement prospère. Elle vient au Grand Conseil
pour obtenir de l’assemblée la reconnaissance de Bourg-Eaux-Noires comme un
établissement majeur des Hommes des Bois de la Lisière Ouest – concrètement, elle
demande l’autorisation d’édifier une Maison Longue chez elle, invitant qui le souhaite à
intégrer la nouvelle communauté. Cela passerait par la construction d’une enceinte assez
large pour le bourg en expansion. Bourg-Eaux-Noires deviendrait un établissement
conséquent en pleine Forêt Noire, proche de Rhosgobel, mais distinct.
Ce jeune homme aux cheveux d’or dirige la communauté installée dans la Brèche Est en
lisière orientale de Mirkwood. Ce sont de lointains cousins des Hommes des Bois.
Il plaide pour que ses compatriotes et lui intègrent la plus vaste communauté des Hommes
des Bois, ce qui passerait par la reconnaissance officielle de sa Maison. Ceawin est aux petits
soins avec tout le monde, et il est venu avec de nombreux cadeaux pour ses cousins de
l’Ouest, faisant honneur à son surnom – vins, pâtisseries, produits de l’artisanat… Un
moyen comme un autre d’obtenir le soutien des Hommes des Bois.
Ayant eu vent de la Bataille des Cinq Armées, son père a traversé le Goulet de la Forêt,
partant des Basses Vallées Ouest de l’Anduin, pour s’installer avec les siens dans la Brèche
Est. Cette communauté a prospéré depuis, récoltant les fruits de son rude travail.
Il souhaite ériger sa Maison Longue à l’ombre des arbres, dans le respect des traditions et
sollicite une reconnaissance officielle de son statut. Mais ses arguments ne sont pas que
d’ordre culturel : les terres sont bonnes, dans la Brèche Est – très fertiles. Et le commerce
aisé avec Esgaroth et Dale, ou même Erebor, voire les Monts du Fer ou le riche Dorwinion,
qui le fournit notamment en ces vins de qualité dont il a abreuvé le Conseil.
Tout le monde y gagnerait à ce que la communauté de Ceawin intègre officiellement celle
des Hommes des Bois afin de perpétuer la bonne entente suite à la grande victoire de la
Bataille des Cinq Armées et qu’elle ne reste pas sans lendemain.
C LE MAL BLANC C
Süng unt Spilht, lai d'ouverture du Conseil par Jehlan Thaurismund-
Oyez ces événements,
Si proches et tellement vrais,
Weiskrang ou le mal blanc,
tous sa source cherchaient.
J'ai vu le Branwhodam,
les filles de la rivière,
En sortie téméraire,
nous délivrer des charmes.
Quelques petites minutes s’écoulent, puis un Homme des Bois arrive en courant de la porte du
village : « Une troupe arrive ! Une quinzaine de cavaliers, en armures ! Je sais pas qui,
mais ils n’ont pas l’air d’être des Hommes des Bois ! ».
Ingomer, Hartfast, Fridwald se lèvent, l’air inquiet. Puis un autre guetteur prend le relais du premier
: « Ils disent être venus pour l’assemblée, et veulent que je leur ouvre ! Je fais quoi ? »
Ingomer, suivi de tous, s’avance vers la porte.
Deux chevaux, à l’arrière, ploient sous la charge visiblement lourde de grands sacs qui pendent de
part et d’autre de la selle. À la tête de la compagnie, un cavalier est revêtu d’une armure plus
ouvragée que les autres, avec un heaume en forme de dragon qui dissimule ses traits. Tout le monde
est dans l’expectative.
Ingomer s’avance enfin : « Seuls les Hommes des Bois et leurs invités sont les bienvenus
à l’assemblée. Vous n’en faites pas partie, qui que vous soyez ! »
Mais le cavalier au casque en forme de dragon l’enlève alors, et répond avec une certaine morgue : «
Mais je suis un Homme des Bois ! Par le sang. Tu ne me reconnais pas, Ingomer ? ».
Ce dernier, interloqué, ne répond pas. ..
« Je m’en doutais… Je suis ton propre fils, Ingold ! C’est ainsi que tu m’appelais, à
l’époque. Mais tu n’as pas fait tant d’efforts pour extirper le pauvre petit gamin que
j’étais des geôles du Nécromancien ! Alors je me suis dit que je pouvais changer de
vie et de nom. On m’appelle maintenant Moghdred – le seigneur de la Colline du
Tyran. Je me suis établi là-bas, après avoir langui des années dans l’esclavage. Mais
elles ne m’ont pas brisé : maintenant, je commande une troupe nombreuse dont cette
compagnie n’est qu’un mince aperçu et qui vous serait utile, à vous autres. »
Il pointe du doigt Amaleoda : « Toi, je te connais. Toi et les tiens, vous seriez morts depuis
longtemps sans ma protection. »
S’adressant de nouveau à tous : « Si vous ouvriez seulement les yeux, vous verriez que les
ténèbres s’abattent de nouveau sur la forêt ! Les orques rôdent à Pont-Marais – et il
y a quelque chose à Dol Guldur ! »
Personne n’a osé interrompre le discours de Moghdred. Ingomer accuse visiblement le coup et le fier
guerrier se mue subitement en vieillard fragile, à l’esprit tourmenté, au point qu’il doit s’asseoir,
s’appuyant sur l’épaule de Hartfast pour ne pas s’effondrer au sol.
Ce coup de théâtre a secoué l’assemblée mais les Hommes des Bois sont plus sceptiques et même
méfiants qu’autre chose. Vonkhar s’avance : « Quelles preuves Mogdred a-t-il qu’il est bel et
bien le fils d’Ingomer ?
Se retournant promptement vers lui, Moghdred lui rétorque : « Disparu à l’âge de sept ans
dans cette forêt, mes traits ont changé et je n’ai certes rien sur moi qui atteste de ma
paternité… ». Il se tourne vers « son père » : « Mais regarde-moi, Ingomer ! Regarde-moi,
et tu sauras que c’est la vérité. » Et de fait, il y a bien quelque chose dans ses traits...
Le silence plane, pesant. Puis, dans la foule, un Homme des Bois anonyme s’avance, dont le ton est
agressif : « Bien, tu as fait ton apparition très théâtrale, tu nous as raconté de jolies
histoires… Mais que fais-tu ici à cette assemblée ? »
Tout le monde, à vrai dire, est stupéfait. Amaleoda et Ceawin se sont montrés humbles dans leurs
requêtes, mais Moghdred se comporte en pays conquis : il ne demande pas, il exige ! L’intrus en est
visiblement conscient, et s’en amuse, le sourire au coin des lèvres.
Il se plante enfin devant Ceawin : « Le voici, "le Généreux" ! Il a plaidé sa cause bien à
l’avance, à grands renforts de présents, et de pots-de-vin à proprement parler ! Des
babioles, du miel, la promesse de juteux contrats avec Dale et le Dorwinion… Mais
tout ça c’est du vent. Mon offre est plus… concrète. »
Moghdred adresse un signe aux cavaliers de l’arrière-garde. Ils descendent de cheval, et ôtent les
gros sacs pendant de part et d’autre de la selle – qu’ils traînent ensuite jusque devant Mogdred. Ils
en défont les cordes et en déversent le contenu au pied du Conseil…
Des têtes d’orques tranchées, plusieurs dizaines. La foule des Hommes des Bois, pourtant des
guerriers stoïques, ne peut retenir l’expression de sa surprise à ce spectacle. Moghdred est
visiblement satisfait de l’effet produit.
Tout le monde est stupéfait. Ingomer est très affaibli, sous le choc, incapable de mener les débats.
Hartfast, le seigneur de Castel-Pic, a tout naturellement pris le relais. Fridwald doit reconnaître que
l’âge apparent du seigneur de la Colline du Tyran correspond, et qu’il y a bien quelque chose
d’Ingomer dans les traits de Moghdred mais peut-être est-ce seulement l’effet du contrecoup de ses
explications ? Mais personne ne comprend comment Mogdred aurait pu fuir les geôles du
Nécromancien – ils le suspectent d’être bien plutôt un agent de l’Ombre, oui ! Mais, là encore,
Fridwald explique l’Ombre a été chassée de Dol Guldur à peu près au moment de la Bataille des Cinq
Armées. Il n’en sait guère plus mais peut-être que les prisonniers ont-ils eu alors l’occasion de
quitter les lieux ? Il n’en sait rien.
Mogdred se détourne alors de l’assemblée, retournant d’un pas nonchalant vers son cheval tandis
que le silence persiste. Il monte en selle, et s’adresse une dernière fois aux Hommes des Bois :
« Je sais que les votes auront lieu demain. J’espère que vous saurez prendre la bonne
décision. À demain, mes amis, j’attendrai à mon camp ! »
Alors que la voix forte de Moghdred résonne encore dans les lieux, la soirée de clôture du premier
jour de séance peut enfin commencer. Toute la ville attendait ce moment avec impatience pour
alléger son cœur des sombres souvenirs des derniers jours passés. Les grands jardins de la « Grande
Salle des Lampes » ont été aménagés pour permettre aux ménestrels de faire danser jouvenceaux et
jouvencelles pendant que les adultes devisent autours d’une bonne bière accompagnée de produits
venant des Peuples participant au Conseil. L’ambiance est bon enfant même si certains visages sont
encore marqués par la Longue Nuit.
Vonkhar se porte à la rencontre de Jehlan et invoque son droit d’«A Parte» pour l’emmener dans
une petite salle attenante à celle des grands débats. A peine entrés, il essaie de raisonner Jehlan au
sujet de la déclaration d’Ennalda, exposant son jeune âge et les aventures qu’un jeune homme est en
droit de souhaiter, là où une femme et des enfants n’ont pas leur place. Habilement il pousse Jehlan
à se confier et à reconnaître qu’il l’aime bien, que c’est fort soudain et qu’ils n’ont pas eu le temps de
vraiment s’apprécier, et qu’il est plus réservé qu’elle quant aux sentiments réciproques.
Mais ses sens aigués de Wachwelder ont perçu une autre présence, un parfum légèrement animal ou
rude qui trahit qu’ils ne sont pas seuls ! Intelligemment, avec toute sa science de barde, il retourne la
conversation et reprend l’avantage des arguments, laissant le gras-porc seul avec son plan déjoué.
De son côté, Noham s’était éclipsé dès la fin de séance pour aller vérifier que le bâton du chaman
était bien en sécurité dans le puits de forge…Mais ce dernier a disparu ainsi que la maman de
Jehlan. Revenant en hâte avertir ses compagnons, il retrouve Atanaël en premier puis Timbold.
Ils décident de revenir rapidement à la Maison-Hanse pour évaluer la situation, suivis de loin par
Jehlan, qui n’avait pas non plus le cœur à danser, malgré les sollicitations nombreuses…
En chemin, Timbold perçoit deux ombres de taille moyenne qui les suit à très bonne distance, de
rues en rues. Nos 4 amis échafaudent un petit plan afin de les prendre à leur propre jeu.
Ils découvrent un jeune couple, en tenue de serviteurs et avec un petit sac de voyage rempli à la hâte.
Hemag et Mirrah sont au service de Mogdhred depuis quelques mois et sont morts de peur rien qu’à
l’évocation de son nom ! Ils relatent que certaines nuits on l’entend hurler de douleur et de rage de
façon parfois quasi inhumaine. Qu’il peut être très doux puis devenir brutal et rageur.
Il force les paysans et les forestiers du coin à travailler pour lui et à lui verser un tribut en
compensation pour sa « protection ». Ses hommes reviennent de leurs raids avec quelques rares
blessés et quasi jamais aucun mort au combat. Sa forteresse est grande et il commanderait une
troupe forte de 600 à 800 hommes dont 150 cavaliers. L’évocation de ce nombre imposant interpelle
immédiatement Atanaël, qui en Capitaine de guerre, évalue immédiatement le potentiel de cette
force qui a tout d’une petite armée...
Hemag leur révèle que la cousine de Mirrah l’a même surpris alors qu’il tenait une réunion secrète
dans la forêt, avec une guerrière au visage rude et à la moitié du crâne rasé ainsi qu’un hobbit dont le
visage ressemble aux avis de recherche !
Jehlan décide de les ramener à la Maison Hanse pour assurer leur protection…
Arrivés sur place, ils découvrent Moghdred et 15 cavaliers tentant de parlementer avec l’intendant à
dessein d’entrer dans le domaine. Il explique à Jehlan que deux personnes attachées à sa Maison ont
disparu et qu’il les cherche. Il demande la permission de laisser un homme en faction au cas où, ce
que Jehlan accepte poliment. A ce moment Isoldh revient de la fête avec son groupe d’amies… Et ne
manque pas d’attirer l’attention de Moghdred qui la dévisage sans retenue jusqu’à ce qu’elle rentre
dans la Maison-Hanse. Dès que la troupe a disparu, Noham fonce chercher de la nourriture et de la
boisson forte pour « Occuper » le brave troupier dont les cicatrices trahissent une longue expérience
de la vie de soldat. Ce sympathique bardide ne se fait pas prier pour déguster son panier de
victuailles.
Pour détourner l’attention du groupe d’amies, Jehlan se lance dans un numéro de canteur-
séducteur, ouvrant sa chemise et détachant ses cheveux avant de se lancer dans un mini récital sur
l’estrade réservée à cet effet dans l’espace de vie, pour le plus grand bonheur des jouvencelles !
Atanaël repère sans difficulté d’autres guetteurs caché dans la forêt au point que Noham ne peut
s’empêcher de remarquer qu’il faudrait installer des zones d’attente pour chaque groupe…
Au dernier étage, Hemag termine ses confidences sur son Maître tandis que Mirrah, épuisée,
s’écroule de sommeil dans ses bras. Suivant des yeux son mouvement d’endormissement, Atanaël
remarque alors un carnet de croquis dans la main du jeune homme et ses yeux acérés d’Elfes
s’arrêtent sur le croquis d’une femme aux airs elfiques, marchant bâton à la main… LE Bâton !
Hemag leur répond que les deux dames allaient en direction des quais, il y a deux heures environ.
Lorsque Jehlan remonte enfin près de ses compagnons, leur conciliabule est souvent interrompu par
Orhiane d’Isuwhen entraînant les autres filles à aller titiller le beau Jehlan en frappant à la porte de
la chambre. Heureusement, il peut compter sur Noham qui a tôt fait de chasser la nuée de mouches !
Tenu au courant, il n’en faut pas plus pour que Jehlan décide de partir avec ses amis sur les quais ...
Heu…Le banquet… Chuuut, le garde est toujours dehors à attendre…
Guidés par les perturbations magiques et les réminiscences dues au passage d’un objet teinté de
magie, Noham les emmène dans la cabane d’un vieux pêcheur où ils trouvent Gersande et Hilduara
en pleine préparation d’un rituel de divination.
Par affection pour son ami, fort fatigué par le combat de la longue nuit, Jehlan prend le gobelet de
liqueur qui traînait sur la table et le tend à Noham qui le boit d’une traite… Sauf qu’il s’agissait d’un
puissant philtre d’esprit qui a pour effet immédiat de la plonger en état de transe.
Après de longues minutes, Gersande émerge enfin. Les images se sont bousculées dans sa tête,
puissantes et trop nombreuses pour être toutes mémorisées. Elle a clairement vu Gundabad et des
Orcs envoyés faire ou chercher quelque chose de précis en divers endroits dans tout le Rhovanion.
Elle a vu les tribus Orcs des Montagnes grises avec les cruels Barbares des Montagnes, images
entrecoupées par le visage sombre du terrible Ukhan des tribus de Montagnards, Khugg Buttmöh !!!
Elle ne peut attester d’une coalition entre les Orcs et les Barbares, le flot d’images l’ayant
submergée ! Mais une force puissante est à l’œuvre !
Hilduana révèle à Jehlan que la Maison-Hanse a été fondée sur les restes d’un grand arbre elfique
appelé «Adûnabêl-La Lumière de l’Ouest- » qui était un « Nodh » un haut lieu de puissance
tellurique et magique. Ce dernier a été détruit il y a 400 ans au cours d’une bataille qui s’est
terminée à l’endroit même où est bâtie la Maison-Hanse.
Marahir Borogrion fut un grand Seigneur numénorien jusqu’à ce qu’il soit terrassé au cours de cette
bataille. Il a été enterré sous les racines encore vivaces de l’arbre et on raconte que c’est son dernier
souffle de vie qui a sauvé l’arbre. Depuis lors, les Numénoriens nomment un gardien qui veille
discrètement sur la tombe depuis 400 ans. Le vieux Halgiond Vorontor arrive au terme de sa veille
mais sans avoir de successeur. Les Thaurismund ont participé à cette bataille et ont reçu l’honneur
de pouvoir y bâtir leur Maison qui s’est agrandie au fil des générations pour devenir une grande
Maison-Hanse. A ces révélations, Noham comprend mieux pourquoi son énergie semblait revenir
plus vite près du puits, et pourquoi le chaman n’avait pu déchaîner sa magie impie en ces lieux! De
son côté, Jehlan se remémore ses souvenirs d’enfance et commence à réaliser tous ces petits détails
anodins et constituant pourtant un schéma qui se répétait invariablement d’années en années. Cette
maison est protégée, les gens s’y réfugient, s’y sentent bien et y reprennent espoir. C’est donc bien
réellement un Havre ! Cette révélation ouvre une nouvelle perspective car, aux dires du gardien, la
tombe ne renferme aucun objet de pouvoir susceptible d’attirer les convoitises de l’Ennemi…. Mais
plutôt l’énergie bénéfique du lieu qu’il chercherait à corrompre en préparation de quelque chose…
Noham, toujours en lutte avec l’entassement chaotique des connaissances et des souvenirs dans sa
tête, commence à tisser mentalement une trame reliant chaque Nodh entre eux. Comparant avec
ceux que Gersande connaît, il comprend que leur extinction agirait fortement sur le Rhovanion !
Là est peut-être une autre explication à cette attaque concentrée qui ne pouvait être la conséquence
de leur présence en ces lieux, puisqu’elle n’a pu être planifiée que des mois à l’avance… Le Mal blanc
puis les émeutes dans la cité servant parfaitement d’écran de fumée !
Les idées fusent mais les yeux se ferment et tous sont à bout de force. Il est grand temps de regagner
la Maison-Hanse pour un repos bien mérité et indispensable surtout ! En voyant la vieille façade
éclairée, Jehlan sent affluer les émotions mêlant affection et fierté et emplissant son âme d’Espoir.
Durant leur «Ecuilostë» rêve-éveillé, l’Elfe et l’Istari remarquent le pauvre Ramnulf tenter de
congédier les notables pour enfin essayer de trouver le sommeil peu après quatre heure. Atanaël
remarque aussi que les guetteurs sont toujours postés dans les bois…Et que le garde s’est endormi.
A la lecture de la missive, Ramnulf se lève pour aller casser du bois avec sa hache, ce qui est le
second signe d’alerte pour Jehlan et ses sœurs qu’il ne faut absolument pas en rajouter.
Mais en sortant, il bute contre un livreur de fleurs « Pour mamzelle Isoldh ! De la part du
Seigneur Moghdred!». Et il n’a pas le temps de congédier le premier que déjà un second arrive
avec un panier de douceurs locales lui-aussi adressé à sa fille...
Isoldh revient du Grand Marché avec Orihan et les filles qui se mettent à glousser dès qu’elles voient
arriver Jehlan, encore tout ébouriffé de son sommeil et la poitrine négligemment apparente.
«Pas le tonneau de droite les filles… Déjà dit!» remarque dame Rowed, l’intendante.
Isoldh remarque les paniers et avant qu’elle ne puisse s’extasier, Jehlan la met en garde contre
Moghdred, son lourd passé et ses zones d’ombres qui entourent son présent.
Elle le rassure par un doux baiser affectueux et lui explique son intention de partir pour Minas Tirith
pour y suivre la formation dans les Maisons de Guérisons, ces belles et hautes demeures construites
à l’écart pour le soin des personnes gravement malades ou blessées. «Et puis, il est trop vieux!»
«Pas le tonneau de droite mademoiselle, dernière fois !»
Jehlan décide d’aller retrouver Ennalda au centre du Bourg, Noham, Timbold et Atanaël à sa suite.
Sur la Place principale, une arène de lutte a été montée et il y reconnaît son ami d’enfance Arnkarl
occupé à tenter de vaincre un jeune beornide passé la veille à la Maison-Hanse avec Whudd. Ce
dernier lui indique l’auberge fréquentée par les éclaireurs et les bûcherons: «Le Premier Combat».
Dès son entrée, il repère Ennalda qui est sur l’estrade de chant, un pied sur un gros tronçon de tronc
d’arbre, occupée à chanter pour l’assistance. A peine a-t-elle remarqué le jeune skalde qu’elle
module sa voix et féminise plus son attitude et sa gestuelle à son intention.
Toute l’auberge retient son souffle en silence alors qu’il lui demande s’ils peuvent parler dehors.
Pendant ce temps nos amis questionnent les nains au sujet des caravanes et de tout ce qu’ils
auraient pu voir. Visiblement très déçus parce que Noham n’a pas sa fameuse liqueur avec lui, les
Nains se rabattent sur le pauvre serveur à qui ils commandent 5 parts pour deux… Dans l’euphorie
du moment, Noham lâche une petite drache de liqueur forte, provoquant la liesse générale!
Jehlan emmène Ennalda à la « Place de la petite pleureuse » où le clapotis de la fontaine adoucit les
rumeurs du marché tout proche. Il lui ouvre son cœur et le fond de sa pensée sur la soudaineté de sa
déclaration, et des implications qui vont en découler. Alors qu’l veut lui demande du temps, elle le
coupe doucement et lui explique que c’est juste un vœu de cinq ans au cours desquels ils
s’observeront et sonderont leurs sentiments sans engagement. Après quoi elle pourra confirmer son
choix et s’il est partagé, ils entameront alors l’équivalent de 5 ans de fiançailles.
Rassuré par ses mots, Jehlan lui fait une franche bourrade, lui mettant fesses dans l’eau et allégeant
leur conversation par une bagarre aquatique. Mais le temps passe et il faut penser au Conseil!
Il redescend la rue bras-dessus, bras-dessous avec elle, non sans avoir remarqué le chaperon
beornide qui les suit discrètement de loin. Ceawin est en grande conversation avec des marchands,
Moghdred adresse quelques courtoisies à Isoldh devant l’échoppe d’un herboriste tandis que de son
côté, Vonkhar déambule entre les échoppes en se donnant des airs importants d’homme pressé.
«Dégage gamin !» Grogne Borth, son garde du corps en repoussant vivement Timbold par terre.
Sans que personne n’y comprenne ni comment ni pourquoi, la seconde d’après Borth se retrouva
étendu de tout son long au beau milieu d’une échoppe de cruches, toutes réduites en miettes dans un
fracas qui ne pouvait qu’attirer tous les regards amusés, à la plus grande gêne de Vonkhar !
«Hey, Messire Vonkhar, faudra tout me rembourser! J’irai voir votre argentier !»
Ennalda a préféré se battre sur l’estrade avec le beornide et Arnkarl qu’elle retourne comme une
crêpe deux fois de suite avant d’adresser un clin d’œil mutin à Jehlan.
Pour cette seconde session, seuls les membres du Conseil, assistés par le Jarlinghär, le Skölld et
la Kuntörinn sont autorisés à entrer. Ingemer, la mine sombre et désemparée croise le regard de
Moghdred qui soutient son regard de toute la force des yeux noirs au point de lui faire baisser la tête.
Très amicalement, Harmust vient saluer Jehlan à l’entrée et lui confesse que leurs jeunes années
communes lui manquent parfois cruellement et qu’il essaiera de revenir passer du temps au Bourg.
Hartfast, son père, à un geste affectueux pour son fils tout comme Ramnulf qui ébouriffe les beaux
cheveux de Jehlan au passage; Ingemer n’en rate hélas rien, sombrant plus encore dans le désarroi.
Noham, dont l’humeur semble délestée du poids des derniers jours, se jette sur le siège à côté de
Vonkhar, immédiatement imité par Fastred visiblement très amusé par l’initiative! Coincé entre ces
deux forces de la nature, Vonkhar sera perpétuellement gêné, bousculé, perturbé innocemment par
les deux comparses improvisés de la sorte.
«Noham, vous pouvez commencer, nous vous attendons!» lui assène l’Oiseleuse en
déployant ses oiseaux et en lui montrant une table avec divers composants et objets.
«Petit indice» ajoute-t-elle en lui tendant un fagot vert, un sourire éclairant son visage couturé.
Finalement, mis au pied du mur, Noham parvient à retrouver les antiques formules et se lance dans
la protection des lieux.
Il faudrait de longues pages pour retranscrire chaque petit événement au cours des heures menant à
la clôture de la seconde séance. Mais un événement particulier mérite d’être relaté.
Alors que commence le vote concernant la requête de Moghdred, Ingmer invoque son «droit de
réserve» pour un second tour de table. Son regard troublé par la peine et rongé par le doute croisa
alors celui de Noham. Ce dernier lui renvoya son regard avec une telle force et une telle
bienveillance qu’il accomplit ce genre de miracle que même ce que la plus forte des magies n'aurait
pu faire: rendre espoir et dignité au chef de guerre et au père à la fois.
Se reprenant et se relevant du fond de sa chaise, Ingemer frappe du poing sur la table en criant bien
fort que non seulement il reste à son poste que pour Moghdred et bien c’est non!
Sur ce sujet, un autre «NON» très remarqué fut celui d’Atanaël qui avait peu parlé jusqu’à présent!
Et en définitive, le Grand Conseil du Nord rendra les décisions suivantes:
Oui, des patrouilles conjointes seront menées dans tout le Rhovanion.
Oui, une enquête beaucoup plus scrupuleuse sur la disparition des caravanes va être ouverte.
Oui, Amaleoda rejoint la Communauté des hommes des Bois et peut fonder Bourg-Eaux-Noires
Oui, Cëawin rejoint la Communauté des hommes des Bois et peut fonder Bourg-Radieux
Non, Moghdred ne peut intégrer la Communauté des hommes des Bois mais sa demande est simplement
ajournée d’un an probatoire où ses faits et gestes seront suivis avec grand intérêt.
Non, il n’y aura pas d’expéditions à Dol Guldur (mais la question reste ouverte)
Oui, il faut que tout le monde collabore et échange ses informations sur le Mal Blanc par les Relais
Et alors qu’ils s’apprêtent à refermer ce Conseil extraordinaire, Noham sauve in extremis la vie de
Vonkhar qui s’apprêtait à boire de l’eau empoisonnée qu’une servante lui avait apportée sur
demande.
Prompts à la réaction, Jehlan et Atanaël se ruent aux cuisines où ils interceptent deux criminels. Et
alors qu’ils sont maîtrisés et mis aux fers, le Conseil ouvre ses portes et annonce ses décisions aux
intéressés ainsi qu’à la foule nombreuse.
Débouté, Moghdred quitte la ville non sans avoir proféré que tôt ou tard, ils regratteraient cette
stupide décision qui leur coutera bien cher. Ceawin et Amaleoda, quant à eux, viennent cordialement
remercier le Conseil pour sa confiance, les yeux emplis d’allégresse et de confiance en l’avenir…
Malgré tout ce qui a été accompli ces derniers jours, nos héros savent que beaucoup d’autres
péripéties les attendent encore: monter au Carrock pour y parler au Grand Ancien et
qu’Ennalda leur présente Jehlan, retrouver le vieux guerrier ermite fou, parvenir jusqu’à
Khugg Buttmöh pour le convaincre de les laisser approcher son chaman et trouver remède au Mal
Blanc, résoudre le mystère des Nodhs et de ce qui se cache derrière la disparition des chariots.
Mais d’abord, ils ont une «petite conversation» à avoir avec deux empoisonneurs…
LE SECOND JOUR
Remarques émises
Remarques émises
En veut énormément à Ingmer et Fridwald pour leur néglicence au sujet des caravanes
Remonte Ingmer pour qu’il se ressaississe et comprenne que Mogdred n’est plus son fils perdu
Prêt à allert avec les « Anciens » à Dol guldur s’ils remontent leur «Groupe»
Réfute que les barbares soient des esclavagistes, des voleurs de caravanes, qu’ils s’allient aux orcs
Confirme que les Orcs ont un objectif et qu’ils se déplacent dans le Rhovanion pour cela
Remarques émises
Perturbé par le retour de son fils perdu, il se ressaisit grâce à Noham et redevient efficace
Dans un sursaut d’orgueil il réaffirme ses vœux de rester le Seigneur de Guerre
Il a connu Aslak Fjorlingal, comme compagnon d’armes. Cet ex-noble guerrier est devenu fou.
Il déconseille d’aller le voir il est très dangereux et insaissisable. Voyage tout le temps
Remarques émises
Remarques émises
Veut remonter les informations au Carrok où le Grand Ancien doit venir pour des festivités saisonnières
Veut présenter sa fille au Carrok pour bénir sa Première Transformation et son Don de l’Ours et présenter Jehlan
En veut à Ramnulf d’avoir tourné le dos à son peuple, malgré la grande affection qu’il a pour lui
Remarques émises
8. Garsenis l’Oiseleuse
Remarques émises
Semble s’amuser énormément de la gaucherie de Noham pour la partie magique de son rôle
Parle peu , très méfiante et particulièrement vis-à-vis d’Amaleoda !
Très inquiète la disparition des caravanes et des mouvements orcs loins dans les terres
9. Ramnulf Thaurismund
A force de recherches et usant de toutes leurs ressources, nos amis parviennent à réunir les
informations suivantes :
« Ce nécromant serait un certain Màghin, un Elfe Sombre du premier Age, qui
ne serait que le frère du légendaire Eöl. Ce dernier était un Elfe Sindar vivant
au Beleriand. Celui qui fut l’un des plus grands forgerons de tous les temps
inventa un métal aussi dur que l'acier tout en restant malléable: le Galvorn.
Il faisait partie de la famille de Thingol mais ne supportait pas le pouvoir de
Melian, qui empêchait Elfes et Hommes de quitter Doriath sans l'accord de
Melian ou de Thingol. Il partit fonder son royaume dans la forêt de Nan-
Elmoth, et, détestant les rayons du soleil, il devint un Elfe Sombre.
Un jour, Aredhel, la soeur du roi Turgon de Gondolin, se perdit durant un
voyage. Eöl la trouva et l'obligea à se marier à lui. Il lui interdit d'aller au soleil
et de quitter sa forêt sombre.
Elle lui donna un fils, qu’elle prénomma Lómion « Fils du Crépuscule» en
quenya, tandis que plus tard son père l'appellera à ses 12 ans, Maeglin
« Regard vif » en sindarin. Ce dernier fut semblable à ses ancêtres Noldor, de
stature mais ayant la mentalité de son père.
Il allait souvent avec lui aux Montagnes Bleues pour apprendre des Nains leur
savoir de la pierre. Mais Maeglin préférait être en compagnie de sa mère, et
rêvait de voir les Noldor et leur merveilleuse cité cachée.
Un jour où son père était parti à une fête des Nains, Maeglin et sa mère en
profitèrent pour s'échapper de la forêt sombre. Alors qu'ils étaient partis
depuis deux jours, Eöl revint (plus tôt que prévu) et les poursuivit alors
jusqu'aux portes cachées de Gondolin, où son épouse et son fils venaient de se
réfugier.
Pris par les gardes de Turgon, ce dernier lui proposa de vivre à Gondolin ou de
mourir, pour ne pas révéler l'entrée secrète. Eöl refusa, et ne pouvant se
séparer de son fils, lui lança son javelot. Aredhel s'interposa entre les deux, et
blessée à l'épaule. Elle mourut dans la nuit, le bout du javelot étant
empoisonné. Eöl fut condamné à mort pour avoir tué la sœur du roi et pour
vouloir partir de Gondolin. Il fut jeté depuis les murailles de la cité sans que
Maeglin ne s'opposa à sa mise à mort…
Dès lors, Maeglin devint un puissant de Gondolin et eut de nombreux disciples
dans l'art de la forge. Mais son désir véritable restait inassouvi car il aimait en
secret Idril Celebrindal, la fille du roi, qui préféra épouser Tuor, un Homme
parmi les rares à avoir contemplé Gondolin, et qui était le cousin du fameux
Túrin Turambar. Sa hache à deux mains, magnifiquement ouvragée, attestant
de son haut lignage. Maeglin se consumait de jalousie.
Lors d'une expédition hors des remparts de Gondolin, au mépris des ordres du
roi Turgon, Maeglin fut capturé et amené devant Morgoth, Valar déchu du
premier âge et mentor de Sauron. Lorsque Morgoth lui promit le pouvoir sur
Gondolin et la main d'Idril, Maeglin accepta de lui révéler l’entrée secrète de la
vallée abritant la Cité.
Il retourna à Gondolin œuvrer en silence pour Morgoth. Lorsque ses dragons,
ses légions, et ses Balrogs menés par Gothmog le commandant des forces de
Minas Morgul, détruisirent la ville, Maeglin combattit Tuor mais périt écrasé
sur les rochers d'Amon Gwareth, là même où son père avait été jeté».
« …Eöl avait un frère aîné, Màghin, un puissant nécromant dont beaucoup
ignoraient l’existence. Apprenant la mort de son frère et de son filleul, il
proféra le « Sombre Serment », jurant de prendre sa revanche et d’éteindre la
lignée des Numénoriens et des Elfes de Gondolin… »
L’enquête sur le Mal Blanc ne donnera rien de concret mais les précieux échantillons et
carnets de notes seront envoyés aux Maîtres Nains d’Erebor et à Dame Galadriel en Lorien…
En revanche, la Compagnie retrouvera la fameuse prophétie concernant les « héritiers »
ainsi que des précisions sur leur auteur, un certain Malbeth, "Verbe d’or" en Sindarin.
Malbeth le Voyant était un Dúnedain du Nord, et un conseiller royal de l’Arthedain, qui
vécut à l'époque des rois Araphant et Arvedui, régnant depuis leur capitale, Fornost. Il était
connu pour ses pouvoirs de voyant et l’exactitude de ses prophéties. Parmi celles-ci, deux
furent mémorables.
- La première concernait Arvedui, en prédisant qu’il serait le dernier roi. Lorsque ce fils
d'Araphant (quatorzième roi d'Arthedain) naquit, Malbeth lui conseilla de nommer son fils
Arvedui, ce qui signifie « dernier roi » car nul autre ne porterait la couronne avant la venue
de «l’héritier».
« Chers parents, finalement j’ai décidé de poursuivre mon voyage vers le Rohan
où je compte apprendre l’équitation et les soins aux chevaux. Je vous renvoie la
précieuse corne de père et vous embrasse de tout mon cœur, votre petite étincelle
qui vous aime très fort ! »
Serrant la lettre fermement dans son poing gauche, Ramnulf annonce qu’il «va couper du
bois » ce que Jehlan décode très vite par « Foutez-moi la paix, je dois passer mes nerfs !»
En sortant, il est bousculé par un énième porteur de cadeaux de Moghdred pour sa fille, ce
qui l’achève littéralement, le faisant quitter l’espace de vie en hurlant furibond…
La veille de leur départ c’est soir de grand fête à Bourg-Les-Bois et tout le monde profite de
ce dernier grand moment d’insouciance avant leur long périple et ses enjeux.
Noham fait la rencontre de Girsude, une jeune veuve délurée et aux plantureux atours.
Ecumant les bars et leurs chambrées, ils finiront jusqu’aux petite heures, repus de tout,
Noham s’étant finalement endormi sur la brouette ayant servi à leur virée festive…
« JE TE TUERAI ! »
GALERIE DES PORTRAITS