COURS CONCEPTION DE DIGUES VFPDF

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OBJECTIFS PEDAGOGIQUES:

A l’issue de ce cours, les étudiants connaissent:


 La définition, le rôle et les types de barrages et tous leur
ouvrages annexes
 Les études préliminaires à la réalisation d’un barrage
 Le dimensionnement détaillé d’un barrage

PRE-REQUIS:
 Hydrologie
 Topographie
 Géotechnique
 Hydraulique
 Béton armé
 Résistance des matériaux
 Engins de Travaux publics
Chap 1:Généralités sur un Barrage
CHAP I. GENERALITES SUR LES
BARRAGES
Définition
C’est un ouvrage hydraulique de mobilisation des eaux de surface ou des eaux
de la nappe phréatique
Les objectifs d’un barrage
– Alimentation en eau domestique des populations
– Alimentation en eau des animaux
– Irrigation (Besoins agricoles)
– Aquaculture (piscicultures, ostréiculture, etc..)
– Tourisme
– Besoins industriels
– Régularisation du régime d’un cours d’eau
– Protection des terres (barrages antisel)
– Production d’energie
5
EXIGENCES DES BARRAGES
Le barrage répond à deux exigences
principales :
l’étanchéité : empêcher le passage de
l’eau ;
la stabilité : résister à la poussée de l’eau.
En plus il doit pouvoir laisser passer les
crues sans dommages (disposer d’un
système d’évacuation des crues)
PRINCIPAUX ELEMENTS D’UN BARRAGE

une digue ou barrage principal ;


un évacuateur de crues ;
un ou des ouvrages de prise ;
un ouvrage de vidange.
CHAP II. TYPOLOGIE DES BARRAGES
Grand barrage
La hauteur ou le volume
de la retenue
Petit barrage

Barrage en béton
Classés selon

La nature du matériau
constitutif Barrage en terre
Barrage en gabions,
enrochements,…

Barrage de retenue
La finalité
Barrage de recharge

Barrage antisel
9
BARRAGE EN TERRE
Barrage homogène
Il est constitué d’un massif de terre compactée
homogène imperméable muni d’un dispositif de
drains et de protection mécanique amont
Condition principale pour sa réalisation: disposer
sur place et en quantité suffisante un matériau
permettant d’obtenir après compactage, les
conditions d’étanchéité et de stabilité suffisantes.
Barrages à noyau
Il est constitué d’un massif à zones dont chacune est
constituée d’un matériau différent
L’étanchéité est assurée par un noyau étanche en
matériau argileux au centre ou à l ‘amont du barrage
Le noyau est maintenu en place (épaulé) par une ou
plusieurs zones en matériaux grossiers relativement
perméables qui assureront la stabilité.
Entre les zones il est nécessaire d’interposer des
couches filtrantes de transition en cas de
discontinuité de granulométrie des matériaux.
12
• Barrages en terre à zones avec tapis amont étanche

13
Barrages à masque amont
C’est un barrage homogène avec un masque
amont qui est une paroi étanche plaquée sur le
talus amont du barrage tel que le béton
bitumineux, géotextile …
BARRAGE EN ENROCHEMENTS
• Barrages en enrochements :
La digue construites avec des pierres. L’étanchéité, si elle est souhaitée est
obtenue par un matériau peu perméable à l’intérieur de la digue
• Barrages en enrochements avec écran interne en béton

15
• Barrages en enrochement avec noyau central argileux

16
• Barrages en enrochements à noyau interne en béton bitumineux

17
Ce sont des massifs constitués de cages métalliques remplies de
pierres et munis d’un dispositif d’étanchéité

21
Barrages à parement aval en gradins en gabions

22
Barrages parement aval incliné

23
CRITERES DE CHOIX DU TYPE DE BARRAGE
 Morphologie de la vallée :
– La topographie d’un site influe sur le choix de l’ouvrage;
– Les barrages en béton sont réservés pour les vallées
étroites;
– En zone soudano-sahélienne, les reliefs de plaine ou de
plateau, où les vallées sont très peu marquées, imposent le
choix d’un barrage en terre.
 Qualité de la fondation :
– Fondations rocheuses saines pour les ouvrages rigides;
– Les barrages en remblai acceptent de petites
déformations;
– La fondation commande aussi le dispositif d’étanchéité à
prévoir.
Disponibilité en matériaux
• Selon les types d’ouvrages, il faut s’assurer de la
disponibilité en quantité et en qualité des matériaux.
• Barrage en terre : bonne disponibilité de matériau
de bonne qualité mécanique, sinon barrage à zone ou
à masque amont ; matériaux pour la protection et
pour drains et filtre.
• Barrage mixte : prévoir en plus des enrochements
de bonne qualité.
• Barrage en enrochements : disponibilité des
enrochements et de matériaux pour assurer
l’étanchéité.
• Barrage en béton ou maçonnerie : sables et
agrégats, ciment, enrochements de bonne qualité
(maçonnerie).
Critères hydrauliques
• Les barrages en béton ou en maçonnerie offrent
de meilleures garanties de sécurité vis à vis des
incertitudes de l’hydrologie.
• Sans aménagement un barrage en terre ne
supporte pas un débordement par dessus la crête.
Il est néanmoins possible de l’aménager pour qu’il
soit entièrement déversant (utilisation de gabions,
revêtement de la digue…).
Critères socio-économiques
• Une main d’oeuvre abondante est nécessaire pour
les ouvrages en maçonnerie ou en gabions. C’est
intéressant en terme d’appropriation.
• Il est indispensable de s’adapter au contexte du
projet pour rechercher un type d’ouvrage en rapport
avec l’utilisation prévue et ne pas uniquement
aborder des considérations d’ordre technique
(particulièrement au niveau des ouvrages annexes).
• L’entretien de l’ouvrage est à prendre en compte.
On recherchera de préférence des ouvrages simples
ayant une bonne longévité et un entretien limité
surtout si le site est isolé.
Chap III. ETUDES TECHNIQUES DE
BASE
• Etudes socio-économiques
• Etudes hydrologiques
• Etudes topographiques
• Etudes géologiques et géotechniques
• Etudes environnementales

33
ETUDES SOCIO-ECONOMIQUES
L’objectif de l’étude socio-économique est de fournir des données
permettant d’apprécier l’intégration du projet dans son environnement
socio-économique. Elle permet de:
 Fournir des données ou des informations nécessaires à l’estimation des
besoins en eau et à la connaissance du site;
 Mesurer l’adhésion des populations au projet
 Recenser les populations à déguerpir ou à exproprier du fait de la
création de l’ouvrage
 Examiner la situation foncière en fonction des textes et de l’occupation
traditionnelle en cours
 Apprécier les préjudices encourus par les collectivités du fait de la
création de l’ouvrage
 Sensibiliser les populations
 Dégager les mesures d’accompagnement nécessaires à la réussite du
projet…….
35
ETUDES HYDROLOGIQUES
Les objectifs recherchés sont de
 s’assurer du remplissage de la retenue ;
 définir une fréquence pour les différents taux de remplissage;
 estimer les impacts amont et aval pour les usagers de la vallée;
 estimer les débits pour dimensionner l’ouvrage dont l’évacuateur;
 estimer les apports solides.

Les études hydrologiques ont donc pour but d’évaluer les apports en eaux de
ruissellement drainées par le bassin versant et de permettre le calcul du débit
de crue de projet pour définir certaines caractéristiques techniques des
ouvrages. Elles permettent aussi de proposer des règles d’exploitation et de
gestion précises des ressources en eau mobilisées.

L’étude hydrologique détaillée se basera sur l’analyse et l’ajustement


statistique des éventuelles données pluviométriques et hydrométriques
existantes au niveau du sous bassin considéré. La caractérisation des
écoulements permettra d’évaluer les ressources en eau disponible une fois
l’aménagement réalisé, tandis que les débits de crue détermineront les
dimensions hydrauliques des ouvrages éventuels de transit dont le déversoir.
36
L’étude hydrologique nécessite l’identification de plusieurs
caractéristiques des bassins versant obtenues à partir de diverses
sources dont les principales sont :
 les visites de terrain,
 l’entretien avec les populations habitant les sites,
 l’exploitation de la documentation existante relative en particulier
à la nature de sols et leur occupation.

37
ETUDES TOPOGRAPHIQUES
Des levés topographiques seront effectués sur le site. Leur
consistance et leur étendue varieront suivant les aménagements
envisagés. De manière pratique, il sera procédé à:
• La localisation géographique du bassin versant sur carte au 1/50
000 et la délimitation de sa superficie,
• Levés topographiques du bassin versant pour une restitution en
plan à l’échelle 1/2000ème.
• Levés des ouvrages (pont, dalot, radiers, etc.) s’ils existent, de la
limite et marques laissées par les crues, de la représentation des
points particuliers (bois sacré, bosquets, cimetière, sentiers….),
• Levés des surfaces en cultures (inondables, humectées, etc.) et
des superficies aménageables (terres irrigables associées),

38
Ainsi, il sera établi:
 des plans topographiques avec des courbes de niveau
principales équidistantes de 1m intercalées de courbes
secondaires tous les 0.50m,
 Une implantation de bornes cimentées (avec
coordonnées X, Y et Z) de part et d’autre de la digue
sur les berges, rattachées entre elles grâce à une
borne de référence installée au niveau du village
désigné. Cette dernière sera rattachée au nivellement
IGN si possible,
 Une détermination des superficies noyées par la
retenue en fonction des côtes des plans d’eau (tous les
10 cm),
 les courbes hauteurs - surfaces - volumes

39
ETUDES GEOTECHNIQUES
Les études géotechniques chercheront à définir les caractéristiques
des zones d’emprunt, du sol de fondation (nature de l’assise,
portance, perméabilité, etc.) et à déterminer la perméabilité des
zones destinées à retenir l’eau en amont des ouvrages.
Elles intéresseront notamment les aspects suivants:
• Reconnaissance de la fondation par des sondages profonds
réalisés sur l’axe de l’ouvrage, par puits jusqu’à la nappe, à la
tarière ensuite jusqu’à une profondeur minimale de 1 mètre
• Reconnaissance des zones d’emprunt : le chargé d’études devra
entreprendre une prospection en vue de trouver des matériaux
d’emprunt (identification, limites d’Atterberg, granulométrie,
essais Proctor) pour la réalisation des remblais; Les conditions de
leur exploitation seront déterminées ;
.
40
Il faudra rechercher les zones d’emprunt à
proximité des ouvrages. Les zones d’emprunt pour
les remblais seront choisies en fonction de la
topographie et de la lithologie des zones
concernées. Elles seront ensuite matérialisées par
un maillage régulier servant de canevas de repère
des puits manuels à exécuter. Des prélèvements
d’échantillons remaniés destinés aux analyses de
laboratoire seront effectués.
Seront aussi reconnues les zones d’emprunt de
sable et graviers pour la confection des bétons et
mortiers d’ouvrages de génie civil
41
ETUDES ENVIRONNEMENTALES
L’Environnementaliste de concert avec les autres experts effectuera
une évaluation des impacts qu’occasionnera l’aménagement sur le
milieu physique.
Il interviendra pour identifier, justifier, décrire et chiffrer les mesures
qui devront être mises en œuvre pour préserver l’environnement,
optimiser les effets positifs de réalisation de l’ouvrage de retenue
d’eau sur l’environnement et sur la population bénéficiaire, tout en
minimisant les impacts négatifs qui pourraient résulter de la
construction des aménagements.
Il devra déterminer les impacts négatifs sur les solutions techniques
préconisées et proposer les mesures correctives à devoir intégrer en
APD au moment de l’étude de détail des aménagements. Considérer
également les mesures à prendre liées au changement climatique.
42
Elles définiront un Plan Opérationnel de Gestion Environnemental et Social (POGES)
qui comprendra:
 un plan de réalisation des activités
 les mesures qui seront prises afin de protéger l'environnement
 les mesures de remise en état et de repli.
 le choix du site d'installation de chantier,
 les règles d'hygiène,
 la gestion des hydrocarbures,
 les modalités d'ouverture et d'exploitation et de remise en état de carrières et
emprunt,
 la protection du couvert forestier
 la protection des réservoirs réservés à des fins pastorales et agricoles,
 la protection des puits d'alimentation en eau potable villageois,
 le transport et dépôt de matériaux d'apport et de matériel,
 la gestion de la circulation des véhicules de chantier,
 la protection des sites sacrés, funéraires ou d'intérêt culturel ou archéologique,.
43
CHOIX DU SITE
Le processus de recherche de site se déroule comme
suit:
1) Préparation des prospections de terrain sur documents
existant (cartes à grande échelle, images satellites, cartes
géologiques). Pour chaque site : estimation des
caractéristiques géométriques de la vallée, du bassin
versant, la morphologie du site du barrage et de la
cuvette.

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2) Visites des sites qui semblent convenir en vue de compléter les
renseignements généraux dont on dispose, d’identifier des contacts
locaux, de cerner certaines limites (fonciers, crues ou marées,…)Les
problèmes d’accès, les aires d’installation de chantier
L’étude comparative des sites répertoriés, tant du point de
vue des caractéristiques techniques de chacun d’entre eux
que leurs avantages en rapport avec l’aménagement
projeté, et de leur impact sur l’environnement physique et
socio-économique, permettra de mettre en évidence un
nombre limité de sites sur lesquels le choix définitif sera
opéré.
Le meilleur emplacement est un endroit où la vallée se
rétrécit. En amont du rétrécissement, la vallée doit être
plus évasée et de faible pente pour permettre
d’emmagasiner le plus grand volume. La digue est la plus
petite et donc la moins couteuse.
45
ESTIMATION DE LA CRUE DE PROJET
La plupart des projets d'aménagement hydraulique
nécessitent la définition d'une crue dite "crue de projet". En
zones sahélienne et tropicale sèche, compte tenu des mesures
et observations réalisées et de la taille relativement modeste
des bassins concernés, les hydrologues ont, proposé de
prendre pour référence les caractéristiques d'une crue dite
« décennale » .

Si, en fonction des risques encourus (humains, économiques,


etc.), le concepteur d'un aménagement désire accroître sa
marge de sécurité, ces caractéristiques pourront être
majorées en les affectant d'un coefficient multiplicateur

46
Analyse hydrologique
• Caractérisation du bassin versant
Se référer au bulletin FAO n°54 intitulé : Crues et
apports. Manuel pour l’estimation des crues
décennales et des apports annuels pour les petits
bassins versants non jaugés de l’Afrique sahélienne
et tropicale sèche.
• Analyse statistique des pluies annuelles (ajustement
à une loi statistique)
• Analyse statistique des pluies journalières
maximales (ajustement à une loi statistique)
47
METHODE ORSTOM
Le débit de pointe correspondant au ruissellement superficiel de la crue
décennale est

A*P10*Kr10* α10*S
Qr10 =
Tb10
– A le coefficient d'abattement
– P10 la hauteur de pluie journalière décennale
– Kr10 le coefficient de ruissellement correspondant à la crue décennale
– a10 le coefficient de pointe correspondant à la crue décennale (2,6)
– S la superficie du bassin versant
– Tb10 le temps de base correspondant à la crue décennale

Ces différents paramètres sont déterminés à l'aide d'abaques ou de formules.


Seul a10 peut, dans de nombreux cas, être assimilé à une constante.

48
METHODE CIEH
La méthode proposée par Puech et Chabi-Gonni est statistique et basée sur 162
bassins versants étudiés en Afrique de l’Ouest et du Centre et provenant du
recueil de Dubreuil, Guiscafré et Herbaud (1972). Cette méthode est calée sur des
bassins dont la superficie varie entre 0,07 et 2 500 km2, pour des pluies annuelles
comprises entre 100 et 2 500 mm. L’estimation du débit de pointe décennal, Q10,
est basée sur une régression multiple sous la forme ci-dessous :

• a, s, p, i, k, d…. sont des coefficients à déterminer


• S : surface du bassin (km²)
• Ig : indice global de pente (m/km)
• Pan : pluie annuelle moyenne (mm)
• Kr10 : coefficient de ruissellement décennal (%)
• Dd : densité de drainage (km-1)
la liste des paramètres à inclure dans le modèle n'est pas limitative
49
Albergel, Lamagat et Marieu (1991) retiennent,
dans une étude réalisée sur des sous bassins
versants du fleuve Sénégal au Mali et au Sénégal,
les trois premiers paramètres comme étant les
plus significatifs avec les coefficients ci-dessous :
Q10 = 131 * S0.68 * Ig0.56 * Pan-0.68

50
CHOIX DES DEBITS DE CRUE DE PROJET

Q projet=C*Q10
avec C étant un coefficient majorateur supérieur à 1

avec :
• Pprojet= précipitation correspondant à la période de retour du projet
• P10= précipitation correspondant à la période de retour de 10 ans
• Tb= temps de base en heures
• Kr10= coefficient d’écoulement de la crue décennale exprimé en fraction
• (P100-P10)/P10 = 0,45 en zone sahélienne pour Pprojet=P100
= 0,38 en zone tropicale

51
ESTIMATION DE LA RETENUE
• Destinée à stocker les eaux pour satisfaire les besoins
qui ont conduit à la construction du barrage
• Le volume à donner à cette retenue est fonction de la
configuration topographique de l’étranglement de la
vallée que l’on barre, des apports en eau drainé par le
bassin versant et des besoins à satisfaire
• Les meilleures sites de barrages de stockage sont ceux
qui ont des cuvettes profondes et bien encaissées
permettant de stocker le maximum d’eau

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Evaluation des besoins
Pour les besoins agricoles : on tient
compte de la surface à irriguer, de la
spéculation et de l’ETP (cf cours
d’irrigation). L’ETP peut être évaluée de
plusieurs façons mais la formule de
PENMAN semble s’affirmer comme la
plus adaptée en Afrique de l’Ouest et du
Centre.

53
Pour l’alimentation en eau des humains : on pourra utiliser
les chiffres suivants :
– Besoins en eau en milieu urbains : 150l/jour/habitant
– Besoins en eau des populations rurales :
70l/jour/habitant
Considérer la population située dans un rayon de 5 km autour du
barrage

54
 Pour l’alimentation en eau du bétail on pourra utiliser
les chiffres suivants :
– Bovins ou UBT 30 à 40 l/ jour
– Petits ruminants 5 l/ jour
– Chameaux 100 l/ 5 jours
1 UBT = 1 bœuf = 5 petits ruminants
• Il est difficile de quantifier les animaux concernés
surtout en zone de transhumance:
Un animal s’abreuve à une retenue s’il pâture à moins de
10km.
• Il est nécessaire d’aménager les points d’abreuvement,
d’identifier et matérialiser les parcours de bétail.

55
ESTIMATION DE LA RETENUE BASE SUR UNE METHODE
RAPIDE

Méthode rapide : 𝑆1.𝐻1


V=
2,67

56
ESTIMATION DE LA RETENUE
BASE SUR LA TOPOGRAPHIE
Si  Si 1
Vi ,i 1  d
2

Calcul du volume de la digue


Cotes Surface hauteur Surface Volume Volume
moyenne cumulé
Fond 0 h - - -
Fond+h S1 h S1/2 V1=h*S1/2 V1
Fond+2h S2 h (S1+S2)/2 V2=h*(S1+S2)/2 V2+V1
Fond+3h h (S2+S3)/2 V3=h*(S2+S3)/2 V3+V2+V

Fond=nh h (Sn-1+Sn)/2 Vn=h*(Sn-1+Sn)/2 ∑Vi

57
Courbes Hauteurs-Volumes et Hauteurs-
Surfaces

5858
Répartition des tranches d'eau dans la
retenue

5959
ESTIMATION DES PERTES
• Pour concevoir et gérer correctement une retenue, il faut
aussi tenir compte des diverses pertes d’eau inhérentes au
site même.

• Il s’agit principalement des pertes par infiltration, par


évaporation et également les pertes de capacité de la cuvette
à la suite des dépôts solides.

• Contrairement aux besoins qui s’expriment en volume, les


pertes correspondent généralement à des hauteurs d’eau.

60
PERTES PAR INFILTRATION
• Sauf à rechercher l’alimentation de la nappe, on s’assure
de la bonne imperméabilité de la cuvette (une
perméabilité < 10-4 cm/s).
• L’infiltration diminue normalement avec le temps au fur
et à mesure du dépôt des argiles colloïdales.
• Les pertes sont souvent difficiles à quantifier, voir à
juguler par traitement ; mais elles peuvent être
économiquement acceptables si elles ne mettent pas en
danger l ’ouvrage.
• Valeurs usuelles = 1 à 3 mm/j en moyenne ou 10% de la
hauteur utile de la retenue en phase d'avant-projet.
61
Quelques cas d’infiltration dans la cuvette
Cas d’un sol perméable en fond de cuvette sur une certaine
épaisseur (facile à détecter) :

62
Quelques cas d’infiltration dans la cuvette

Cas d’un affleurement de la cuirasse quelque part dans la


cuvette

64
 Parafouille : écran étanche dans la fondation
- Mur en béton/paroi moulée

67
 Parafouille : écran étanche dans la fondation
- Rideau de palplanches

68
Lutte contre les pertes par infiltration : quelques
procédés pour petites cuvettes
• ciment : incorporation à la terre d’une faible
proportion de ciment ou de chaux (essais
préliminaires nécessaires pour les dosages
• Bentonite : 4Kg/m2 en mélange avec le sol ou
en couche
• Bitume : en émulsion pour colmater les
fissures (dosage 6Kg/m2)
• Béton bitumineux coulé sur place sur à 10 cm
d’épaisseur
• Film en matière plastique surtout sur les talus
de pente < 2,5 pour 1
71
PERTES PAR EVAPORATION
Elles sont sensiblement proportionnelles à la
surface du plan d’eau. Elles dépendent de :
– la durée d’ensoleillement
– de l’exposition aux vents
– de la végétation aquatique
– de la profondeur de la retenue dans une moindre
mesure (pour les grandes retenues)

72
Pertes par évaporation
• Des formules permettent d’approcher ces pertes
Formule de Lugeon 273  t 760
E  0.398n( Fe  Fa ) .
273 B  F
Formule de Coutagne
E   (1  V )
E = hauteur d’eau évaporée en mm pendant le mois de n jours
Fe = tension saturante de vapeur d’eau en mm de Hg correspondant
à la température maximale moyenne mensuelle t, Fe est donnée
par le tables hygrométriques
B = Pression barométrique moyenne mensuelle en mm de Hg
t= moyenne mensuelle des températures maxima journalière en °C

E = évaporation journalière en mm
α = coefficient compris en 0.1 et 0.15
Ө = Valeur moyenne journalière de l’écart psychrométrique en degrés
centigrades
V= vitesse du vent en m/s. 73
Pertes par évaporation
• Mesures de l’évaporation : Bac d’évaporation (gradué)

Utilisation du bac d’évaporation


« Classe A »
– Il faut appliquer un coefficient
correcteur,
– Il varie de 0,5 à 0,68 en conditions
sahélienne et tropicale sèche,
– Il varie de 0,70 à 0,80 en régime
tropical.
• POUYAUD propose la formule :
Elac = 1,664 Ebac avec r = 0,93

74
Lutte contre les pertes par évaporation
• Moyen de lutte
–Film moléculaire d’alcool gras
(hexadécamol ou octadécamol)
efficacité < 10%
–Couverture par de petites sphères de
styropol sur les plans d’eau de moins
de 100m2
–Brise vents autour de petites retenue
75
PERTES DUES AUX APPORTS SOLIDES
Les apports solides dépendent de la résistance
des roches mères, du degré d’érodabilité, des
pentes et du couvert végétal du bassin versant

Formule de collet : Elle exprime le charriage annuel sous la


forme : V= QI
V = volume annuel de charriage en
m3 ;
Q = débit moyen naturel en m3/s
I = pente en pour millièmes

76
DEPÔTS SOLIDES
Formule de Gottschalk : D = 260.S-0.1

D = Dégradation spécifique annuelle en


m3/Km2/an
S = Surface du Bassin versant en Km2,

Formule du CIEH : D = 700(P/100)-2.2.S en m3/km²/an

P = pluviométrie moyenne annuelle en mm


S = Surface du Bassin versant en Km2

77
Lutte contre les pertes de volume dues
aux dépôts solides
Moyens de lutte
 Programme de conservation des sols dans les
parties amont du bassin versant (actions de
mécaniques de labour, billonnage, reboisement)
 Diguettes en gabions ou diguettes filtrantes en
amont dans les lits mineurs
 Vidange rapide pour les ouvrages équipés de
vidange de fond
 Curage par des engins de terrassement

78
Le retenue : Bilan des pertes

Pour fournir des règles sur la gestion prévisionnelle de la


réserve, on trace la courbe d’utilisation de la retenue. On part
de la courbe hauteur volume de la cuvette sur laquelle on
retranche les divers besoins ou pertes correspondants à un
pas de temps donné. Par un processus itératif on parvient
ainsi au calage de l’ouvrage de prise.
79
Courbe d’utilisation de la retenue
• On la trace pour vérifier l’adéquation de la capacité de
la retenue avec les besoins en eau. Elle permet
d'optimiser la gestion de la retenue et le choix des
spéculations culturales.

Cote de déversement

80 80
ETUDE DE L’EVACUATEUR DE CRUES
Les évacuateurs de crues sont des dispositifs de
sécurité placés dans les barrages pour assurer
convenablement l’évacuation des trop-pleins et
leur restitution adéquate dans le talweg en aval.
Ces trop-pleins sont calculés sous forme de
crues exceptionnelles.

81
GENERALITES SUR LES EVACUATEURS
Le choix, l’emplacement, le dimensionnement de
l’évacuateur sont des questions essentielles pour
la construction d’un barrage (sécurité, longévité).
Le barrage, même s’il retient les écoulements, ne
peut, en général, contenir les crues
exceptionnelles et il est aussi intéressant de
laisser passer de l’eau vers l’aval. C’est à cette fin
que l’on dimensionne sur tout ou partie de
l’ouvrage un évacuateur de crues.
Celui-ci doit être à même de fonctionner
automatiquement pour faire face à une montée
brutale des eaux.
Il doit aussi pouvoir évacuer les débits les plus
élevés du cours d’eau.
En général, l’évacuateur n’occupe qu’une partie
du barrage.
L’évacuateur est souvent placé latéralement
pour profiter de l’appui que constitue le
versant. On valorise la meilleure fondation ou
le trajet le plus court pour atteindre l’aval ou la
bonne tenue des sols en place.
En Afrique, les vallées très évasées et la forte
érodabilité des sols remettent en cause
l’emplacement latéral du déversoir.
Pour les petits barrages, on cherche à limiter le
coût d’un ouvrage en position centrale.
Constitution de l’évacuateur
Généralement un évacuateur de crues est constitué de
quatre parties ou organes principaux :
- un organe de contrôle de débit (ex. un déversoir,
une vanne) ;
- un chenal dans lequel débite le seuil. Son axe peut
être parallèle au seuil (entonnement latéral) ou
perpendiculaire à celui-ci (entonnement frontal);
- un coursier (canal ou conduite) dont la pente est plus
forte permettant ainsi à l’eau de rattraper la différence
de côte entre le niveau de la retenue et le lit de la
rivière à l’aval ;
- un dissipateur d’énergie installé au pied du coursier
et qui permet d’enlever à l’eau son énergie érosive
Types d’évacuateurs de crue
Il existe plusieurs types d’évacuateurs de crues
d’hydraulicité différentes.
Évacuateurs à surface libre
Evacuateurs en charge
Évacuateurs à surface libre
Déversoir poids en béton ou maçonnerie
Déversoir-voile en béton armé
Déversoir en perré traité au mastic bitumineux
Déversoir en béton armé du type « bec de
canard »
Déversoir en gabions
Déversoir poids en béton
Le type le plus courant de déversoir-poids est le
déversoir à seuil craeger posé sur la fondation
en position centrale restituant directement les
débits dans le lit du marigot via un bassin de
dissipation partiellement intégré dans le profil
du barrage.
Cette technique est bien maitrisée et le bon
comportement des ouvrages anciens réalisés
montre qu’elle est sûre et efficace.
Déversoir à entonnement latéral
C’est un deversoir poids en béton mais à
entonnement latéral. Le souci d’économie a
parfois conduit à déplacer le deversoir vers les
rives afin d’en diminuer les dimensions tout en
gardant les mêmes principes de conception du
seuil ou parfois même à rejeter le deversoir
complétement à une extrêmité de la digue en
creusant un simple chenal sur la cuirasse
latéritique. Le départ du chenal n’est marqué que
par une poutre en maçonnerie ou un alignement
de gabions et parfois même par aucun dispositif
Déversoir-voile en béton armé
Ce type d’ouvrage peut être une digue deversante ou un
déversoir central dans un barrage en terre classique. Par
rapport au déversoir-poids précédemment décrit, il permet
d’utiliser une quantité bien moindre de ciment et de granulats,
ce qui peut être intéressant pour des sites éloignés ou il est
difficile de s’en procurer.
Par contre sa conception et sa réalisation délicates doivent être
soignées. On peut le poser sur une assise rocheuse ou sur une
fondation meuble.
Dans le premier cas, la présence d’un bed-rock sain peu
profond nécessaire au scellements des aciers du voile et des
raidisseurs est indispensable.
Dans le second cas, il faudra prévoir des ouvrages de fondation
convenables (vérifier la règle de Lane et prévoir des
parafouilles). Enfin, il conviendra bien évidemment de vérifier
les stabilités (glissement, renversement et poinçonnement).
Déversoir en béton armé du type
« bec de canard »
Le choix d’un déversoir de type bec de canard
autorise son positionnement en face du lit
mineur tout en diminuant les volumes de béton
par rapport à une solution classique. La partie
déversante peut être curviligne mais on peut
imaginer d’autres formes.
Deversoir en bec de canard
Sous d’autres formes, le seuil deversant peut être
développé en plan selon trois côtés d’un trapèze
allongé. Ce seuil constitue la partie supérieure
d’une boîte monolithique. En cas de crue, un
matelas d’eau s’établit en fond de boîte
permettant d’amortir l’enérgie de chute.
Il y’ a aussi d’autres formes:
Deversoir labyrinthe
Deversoir touches de piano
Trois raisons d’utiliser des gabions:
 Raisons techniques:
 Flexibilité des ouvrages: la souplesse des gabions
permet à l’ouvrage de suivre les déformations du
terrain. Ce qui est particulièrement utile pour les
ouvrages de dissipation d’enérgie et les protections
contre les affouillements.
 Facilité de mise en œuvre: certains types de
barrages ou de seuils en gabions peuvent être
construits sur deux ans sans risque majeur de
destruction en cours de saison des pluies
intermédiaire. La surélévation éventuelle de
l’ouvrage est envisageable assez facilement.
 Effet drainant: il permet d’éviter les sous pressions dans
certaines parties de l’ouvrage
 Raisons économiques
 Proximité des zones d’emprunt des moellons disponibles
sur pentes de collines, galets dans le lit mineur du cours
d’eau, carrières…
 Facilité d’exécution: sans matériels lourds et coûteux.
Par contre il est nécessaire de disposer d’une main
d’œuvre assez nombreuse.
 Raisons sociales
 La simplicité des technologies employées, des travaux
d’entretien et la haute intensité de main d’œuvre
nécessitée pour la construction permettent une bonne
implication des populations et son appropriation
 La fabrication artisanale peut être créatrice d’emplois
Deversoir en gabions
Évacuateurs en charge
Evacuateur Siphon
Evacuateur tulipe ou en puits
Quelques termes techniques liés aux évacuateurs de crues

• Bajoyers : murs verticaux en rives droite et


gauche du déversoir. Ils jouent le rôle de murs de
soutènement face à la poussée des terres.
• Barbacanes : orifices à travers les structures en
béton pour ramener la pression sous ces
structures à la pression atmosphérique.
• Joint waterstop : joint entre deux plots de béton
pour empêcher les fuites d’eau
Critères de choix d’un évacuateur
 La nature de fondation
 La conception du barrage
 La disponibilité en matériaux
 La disponibilité en main d’oeuvre
 Le coût par rapport au coût total du barrage
 Les possibilités de suivi et d’entretien
 L’utilisation de l’aval du barrage
 Les questions environnementales et conditions
sanitaires
 Les conditions hydrauliques (hauteur de chute, débit)
Dimensionnement hydraulique des évacuateurs à
surface libre

Loi de débit et calcul de la longueur déversante


Pour un ouvrage à surface libre, on cherche une
solution optimale sur la longueur du déversoir. Les
calculs concernent d ’abord :
La prise en compte des crues les plus élevées
(Voir détermination du débit de projet)
La connaissance de la charge maximale
admissible sur l’ouvrage et ses annexes

Type Hauteur max. [m]


Déversoir en gabions 0,40 < hmax < 0,70
Déversoir en 0,40 < hmax < 0,70
maçonnerie
Déversoir en béton 0,70 < hmax < 1,00
 Le dimensionnement de la longueur déversante
 Cas d'un seuil dénoyé
On applique la formule de débit sur un seuil dénoyé :

Avec:
• Q : débit sur le seuil (m3/s)
• L : longueur déversante (m),
• h : charge sur le seuil (m)
• m : coefficient de débit du seuil (-)
• g : accélération de la pesanteur (g = 10 m/s2)
Détermination du coefficient de débit m
m dépend de la forme du seuil, mais aussi de la
charge.
Cas d'un seuil noyé
Dimensionnement des ouvrages annexes
Pour les petits bassins, les débits de crue sont souvent relativement élevés mais
les volumes de crue sont assez faibles ; ces crues peuvent être laminées de façon
appréciable par stockage dans la tranche disponible entre la côte du déversoir et
celle des plus hautes eaux.
L’effet du laminage de crue dépend de :
• la forme de l’hydrogramme de la crue entrant dans la retenue,
• la capacité d’évacuation du déversoir de crue (en particulier sa largeur),
• la forme de la partie supérieure de la retenue entre la côte RN et la côte PHE.
Les hypothèses du calcul du laminage sont les suivantes :
• la crue aura lieu quand la retenue est pleine au niveau maximal normal (côte
RN),
• l’évacuateur est à seuil libre (non vanné) étant donné la rapidité de la montée
du plan d’eau du réservoir lors d’une forte crue,
• la vanne de vidange reste fermée
• lors du passage de la crue, on néglige les pertes dues à l’évaporation et aux
infiltrations.

156
La détermination de la côte des plus hautes eaux (PHE)
repose sur le principe suivant : limiter le plus possible
la charge maximale sur le seuil de l’évacuateur de crue
et par conséquent maximiser la longueur de
l’évacuateur.
Le calcul du laminage se fait selon des algorithmes bien
définis qui reposent sur la formule du calcul du débit
du déversoir à seuil épais
Le but de ce calcul est de trouver une valeur optimale
pour L avec une lame déversante sur le seuil la plus
faible possible (la crue sortant de la retenue est alors
laminée).

157
Calcul du laminage
Méthode de coefficient « X0 » ou méthode EIER CIEH
• L’équation du bilan combinée avec la loi de débit sur le déversoir
permet d’évaluer l’effet du laminage par le rapport β = Qemax/Qcmax
à partir d’un coefficient X0 et d’un graphique
m2 .g.L21.Qc max .tm3
X0 
S3
o L1 = longueur approchée du déversoir
o S = superficie du plan d’eau en m2
o m = coefficient de débit de l’évacuateur
o g = 9,81 m/s²
o tm = temps de montée des eaux
o Qcmax = débit de la crue de projet en m3/s

158
•Calcul de L1 sans tenir compte
de l’effet de laminage : L  QcMax
1
m.h. 2 gh
•Calcul de X0 par la formule ci– dessus

• Puis log10(X0)
• L’abaque donne β = QeM/QcM, et donc
• On recommence le calcul avec L2
 .QcM
L2 
m.h. 2 gh

•et ainsi de suite par itérations jusqu’à


obtenir une convergence sur L.

159
ETUDE DE LA DIGUE
Etudier une digue revient étudier :
Ses dimensions : hauteur, largeur en crête,
pentes des talus, volume du remblai
Le choix des matériaux
Le compactage/vibrage
La fondation
Protection des talus et de la crête
DETERMINATION DE LA CÔTE DE LA CRÊTE DE LA DIGUE

La crête de la digue correspondant à sa hauteur Hd est


déterminée en fonction de :
• la cote de la retenue normale (RN) qui correspond à la
hauteur effective du barrage Hu;
• la hauteur de l’eau au-dessus du seuil dans le cas de la crue
de projet (h);
• la revanche (R).
La cote de la crête de la digue sera définie selon la formule
suivante:
CD = RN + h + R
Donc, la hauteur du barrage Hd est donnée par la relation:
Hd = Hu + h + R.

164
DETERMINATION DE LA CÔTE DE LA
CRÊTE DE LA DIGUE
Il faudra déterminer :
• la hauteur normale de la retenue Hu : hauteur
optimale;
• la hauteur de l’eau au-dessus du seuil
déversoir h à l’aide du calcul du débit de la
crue;
• la revanche R qui devrait être estimée en
fonction de la longueur du fetch, ainsi que de
la hauteur et de la vitesse des vagues.
165
COUPE SCHEMATIQUE D’UNE DIGUE

Hd = Hu + h + R
166
REVANCHE (R)
Une revanche est nécessaire pour éviter que l’eau de la retenue ne déborde au-
dessus de la crête du barrage et ne provoque une érosion du talus aval. La formule de
Gaillard, utilisée pour le calcul de la revanche est donnée par les développements
suivants :
R - revanche définie par la formule :

• H : hauteur de la vague en m
• g : accélération de la pesanteur en m/s²
•  - vitesse de propagation de la vague en m/s;
•  =1,5 + 2H Formule de Gaillard
Détermination de la hauteur de la vague H selon la formule de MOLITOR
Si Fetch inférieur à 30 Km
 H=0,76+0,032 - 0,26
Si Fetch supérieur à 30 Km
 H=0,032
NB:
• L= Fetch: longueur rectiligne maximum de la retenue en km;
• U = 20,0 km/h – vitesse du vent 167
Lame déversante ou charge maximale
sur le déversoir
C’est la charge maximale sur le déversoir pour la crue
du projet après son laminage dans la retenue.
D’un point de vue économique, il faut limiter le plus
possible la charge maximale sur le seuil de
l’évacuateur en prenant une longueur du seuil plus
importante.

168
LARGEUR EN CRÊTE
• La largeur en crête : doit être suffisante pour
permettre le mouvement des engins de
terrassement lors des travaux de finition et lors
des travaux d’entretien (supérieure à 3 m)
• Formules empiriques
Knapen :
B  1.65 H
Preece :
B  1.1 H  1
169
Tranchée d’ancrage
• L’eau de la retenue a tendance à s’infiltrer à travers les
fondations et créer des cheminements préférentiels qui
peuvent aboutir soit à des fuites soit à un phénomène
de renard. Aussi, on doit interposer dans les fondations
de la digue une tranchée d’ancrage en matériau argileux
étanche qui constituera un écran étanche et imposer
aux eaux d’infiltration un cheminement assez long pour
qu’elles perdent toutes leurs charges à l’aval de la digue
• Sa largeur doit être compatible avec l’engin de
terrassement utilisé pour la réaliser. Sa profondeur est
variable et est calculée avec la règle de LANE
170
La Règle de LANE

1/2LV 1/2LV

Lh

Il faut avoir selon cette règle


Lv+(1/3)Lh  CH Lv est la longueur des cheminements dans le
sens vertical,
Lh est la longueur des cheminements dans le
sens horizontal,
H est la charge hydraulique,
C est le coefficient de Lane 171
Valeurs de C en fonction de la nature
du sol

Gravier grossier ou petits cailloux : 3.0


Galets avec cailloux et graviers : 2.5
Argile douce/sablo argileux : 3.0
Argile moyenne : 2.0
Agrile dure : 1.8
Argile très dure et croûte : 1.6 172
PENTES DES TALUS
• Elles dépendent de la qualité des matériaux
constituant la digue et aussi de l’importance de
l’ouvrage
• Elles doivent être suffisamment douces pour
être stables (ne glissent pas vers le bas)
• On les choisira à priori égales aux valeurs
fournies par la littérature (tableau suivant) et
on vérifiera ensuite que ces valeurs assurent
effectivement la stabilité des pentes compte
tenu des caractéristiques du sol.
173
Pentes des talus recommandées
Pente des parements (talus)
Hauteur
Type de digue
de la digue
Amont (V/H) Aval (V/H)

Homogène 1/2.5
3à5m 1/2
À Zones 1/2

Homogène à granulométrie 1/2


1/2
étendue
5 à 10 m 1/2
Homogène à fort % d’argile 1/2.5
1/2
A Zones 1/2

Homogène à granulométrie 1/2.5


1/2
étendue
10 à 20 m 1/2.5
Homogène à fort % d’argile 1/3
1/2.5
A Zones 1/2.5

Homogène à granulométrie
1/3 1/2.5
étendue
Plus de 20 m 1/3.5 1/2.5
Homogène à fort % d’argile
1/3 1/3 174
A Zones
Protection des barrages
Pour les barrages en terre il est indispensable de protéger :
– les parements contre l’érosion et le batillage des
vagues (amont) :
• Sans protection, un barrage en terre serait
rapidement érodé par les vagues.
• L’expérience montre que les vagues sont
généralement le facteur le plus critique
– Le corps du remblai contre les infiltrations
– La crête contre l’érosion et le ruissellement
175
Protection du talus amont
Le talus amont sera protégé contre le batillage engendré par les vagues
de la retenue
Le talus amont est en général protégé par un tapis d’enrochement
Les dimensions de l’enrochement de protection du talus amont sont
calculées en fonction de la masse des pierres et de la vitesse des vagues.

L’épaisseur minimum de la couche de protection est calculée par la formule


TENNESSEE VALLEY AUTHORITY, qui s’énonce comme suit :
e = CV² en m
V : vitesse des vagues selon la formule de Gaillard en m/s
C : coefficient dépendant de la pente du talus et du poids spécifique (y) de
l’enrochement utilisé
NB: le talus amont peut aussi être protégé par un revêtement en béton
lorsque aucun enrochement de qualité n’est économiquement disponible
176
Valeurs de C pour différents poids spécifiques

Pente du talus Valeurs de C pour différents poids spécifiques

y=2,5 y=2,65 y=2,8

1/12 0,024 0,022 0,020

1/4 0,027 0,024 0,023

1/3 0,028 0,025 0,023

1/2 0,031 0,028 0,026

1/1,5 0,036 0,032 0,030

1/1 0,047 0,041 0,038

177
Protection du talus aval
Le talus aval sera protégé contre l’érosion due au
ruissellement soit par :
• Un enherbement : couche de 10 cm de terre végétale
(provenant du décapage par exemple) et du repiquage
plus serré possible de végétaux
• Un perré: mais ceci présente l'inconvénient d'être
coûteux puisque le talus n’est soumis qu'à l'effet du
ruissellement
• une couche latéritique : solution intermédiaire bien
moins couteuse, surtout dans les régions tropicales sèches
où la pluviométrie rend difficile l’enherbement (15 cm de
couche latéritique)

178
Protection de la crête
• Il est nécessaire de protéger la crête pour lutter contre
la dessiccation mais aussi pour assurer la circulation
éventuelle d’engins. Une couche de latérite compactée
d’épaisseur 20 cm est souvent mise en œuvre avec
une légère pente (3%) vers l’amont
• Pour se prémunir contre l’érosion de la crête par
prolongement des griffes d’érosion sur les talus mais
aussi pour assurer une évacuation des eaux de
ruissellement de la crête du barrage vers l’amont (côté
retenue), on met en place deux murets de crête

179
CALCUL DES INFILTRATIONS DANS UN
BARRAGE ET DANS SA FONDATION
Dans un barrage en terre formé de matériaux plus ou moins perméables, l’eau de la
retenue a tendance à s’infiltrer dans le corps du barrage et dans les terrains
d’assise, souvent perméables, pour venir resurgir à l’aval.

Ces infiltrations ne seront pas gênantes tant qu’elles n’affecteront pas la sécurité de
l’ouvrage et qu’elles ne dépasseront pas un certain débit au delà duquel le barrage
risque de ne plus remplir efficacement son rôle.

L’ingénieur projecteur aura comme objectif premier de réduire à des valeurs


acceptables les débits d’infiltration, et enfin de les contrôler. Il importe donc que les
caractéristiques des matériaux du massif et de la fondation soient bien connues car
elles influent considérablement sur les phénomènes d’infiltration.

180
Le corps du barrage et les terrains d’assise
doivent opposer aux cheminements de l’eau une
résistance telle que les pertes de charge soient
suffisantes pour que toute résurgence éventuelle
à l’aval se produise à des vitesses assez faibles.
Par conséquent, aucun des matériaux, même les
plus fins, ne peut être entraînés par les courants
d’infiltration.
Si ces courants sont suffisants pour entraîner les
matériaux vers l’aval, des phénomènes de
renards se forment et amèneront, plus ou moins
rapidement, à la ruine du barrage.

181
Outre le danger de renards, les infiltrations
peuvent entraîner des effondrements dans le talus
aval. Les infiltrations entraînent à la fois la
saturation du talus aval et la circulation de l’eau
dans celui-ci, et aboutissent ainsi à favoriser des
glissements du talus aval, et par conséquent la
ruine de l’ouvrage..

182
L’étude des infiltrations consiste essentiellement en la détermination
des équipotentielles (ligne sur laquelle l'énergie disponible pour
l'écoulement est la même) et des lignes de courant (cheminement
moyen d'une particule d'eau s'écoulant entre 2 points) qui permettent
ensuite de trouver les éléments suivants :
• La ligne de saturation du massif du barrage, qui est en pratique
confondue avec la ligne le long de laquelle la pression
hydrostatique de l’eau au sein du massif est nulle. Cette dernière
est appelée ligne phréatique et représente le niveau de la surface
libre dans le corps du barrage ou plus exactement elle représente
la limite entre la partie sèche/humide et la partie saturée d’eau du
barrage. La bonne connaissance de cette ligne est capitale pour
pouvoir effectuer les calculs de stabilité de la digue.

183
• Le débit de fuite dû aux infiltrations, qui peut s’obtenir
à partir du réseau de lignes de courant, orthogonales
aux équipotentielles. Ces lignes de courant
représentent théoriquement la trajectoire de l’eau à
travers le barrage. Si ce débit est trop important, le
barrage ne fait pas son office, il faut alors augmenter la
taille des parties imperméables du corps de digue. La
connaissance des débits permet aussi de dimensionner
les systèmes drainant du barrage.
• La pression de l’eau interstitielle dans le massif, qui
peut être déterminée à partir d’un réseau de lignes
équipotentielles, c'est-à-dire de lignes reliant les points
d’égal potentiel hydraulique au sein du barrage et des
fondations. Une augmentation de cette pression peut
être dangereuse pour la stabilité, elle peut être
notamment la cause d’apparition de renards dans la
partie amont du barrage 184
La détermination de ces trois paramètres se fait
de diverses manières plus ou moins compliquées
selon le besoin. On peut soit faire des résolutions
analytiques complètes, soit des simulations
numériques, ou soit utiliser des méthodes
simplifiées telles que la méthode de Kozeny qui
utilise des approximations et des propriétés
graphiques du réseau d’écoulement.

185
RAPPEL

186
RAPPEL: LOI DE DARCY
A = section du cylindre
∆h = hA-hC
L = épaisseur du
cylindre
K = coefficient
ayant la dimension
d’une vitesse et
appelé
conductivité
hydraulique du
matériau

h
Q  KA
L 187
Valeurs du coefficient de perméabilité

188
Cas d’une digue homogène non drainée
reposant sur une fondation imperméable sans
dispositif de drainage

LIGNE DE SATURATION
Dans ce cas la position de la ligne de saturation ne
dépend que de la forme géométrique de la digue.
Kozeny a montré que s'il n’y a pas d'influence à
l'entrée et la sortie de la digue, la ligne de saturation
peut être assimilée à une courbe parabolique d'axe
horizontal, de foyer 0 au pied aval de la digue.
L’équation de cette courbe s’écrit comme suit:
y²-yo²-2xyo=0 189
Le principe est de :
• Tracer la ligne de saturation interne dans le
massif en terre compactée. C’est la ligne de
séparation de la zone humide et de la zone
sèche
• S’assurer que la ligne de saturation n’aboutit
pas au niveau du talus aval

190
191
ETAPES POUR TRACER LA LIGNE DE
SATURATION
Etape 1: Placer les points
B: point du niveau d’eau maximal sur le
talus amont
A: point situé à la surface de l’eau à 0,3 b
du talus amont (b= distance horizontale entre le
pied de talus et le point B)
O: point situé au pied du talus aval et
origine du repère des axes OX et OY

192
Etape 2: Positionner d, la distance horizontale entre A
et OY et calculer la distance OYo .
Etant donné que la parabole coupe le plan d’eau
amont au point A . Pour satisfaire cette condition on
doit avoir
h²= 2 Yo d + Yo²
OYo = ℎ2 + 𝑑 2 - d
Etape 3: Tracer la droite qui passe par A et Yo et
coupe le talus aval en C
Etape 4: la ligne de saturation est la courbe qui
débute perpendiculairement au talus amont en B,
qui est tangente à la droite AYo dans sa partie
médiane puis rejoint le point D situé au 2/3 de OC
théoriquement tel que
DC/OC= 3/8 cos α/2
193
• CASAGRANDE a démontré que DC (Δl) dépend
de la distance focale de la parabole de base et
de l’angle α du talus aval. Il a établi une
relation entre ao = Δl /l + Δl et α .
On peut déterminer ainsi le point D
• Si α ˂ 30 ° , l = 𝑑 2 + ℎ2 - 𝑑 2 − ℎ2 𝑐𝑜𝑡𝑔²α
1−𝑎𝑜
• Si 30° ˂ α ˂ 180°, l= 𝑦𝑜
1−𝑐𝑜𝑠 α

194
DEBIT DE FUITE
Le débit de fuite peut être approché par les
expressions suivantes, qui tiennent
• compte de l’angle α, angle que fait la face aval du
massif avec l’horizontal :
• * Si α < 30° q = K l sin²α avec
l= 𝑑 2 + ℎ2 - 𝑑 2 − ℎ2 𝑐𝑜𝑡𝑔²α
• Si 30° <α ≤ 180°
q = K yo
NB: K est la perméabilité équivalente en m/s
196
PRESSION INTERSTITIELLE
La pression interstitielle P représente la pression
existant entre deux points de même potentiel. Sa
forme générale est :

P= γ (H-z)
P= pression interstitielle en mètre d’eau
γ = masse volumique de l’eau en kg/m3
H = charge hydraulique en m
Z = côte du point en m
197
Pour calculer la pression interstitielle en un point
Mo, on part de ce point et on trace une courbe
équipotentielle s’intégrant dans le réseau. Cette
courbe coupe la ligne phréatique en un point M1
de potentiel égale à la côte Z1 de ce point.
L’égalité de potentiel en Mo et M1 s’écrit: Po= γ
(H-Zo)=P1= γ (H-Z1)
Po= Z1-Zo
NB: sur la ligne phréatique P=0 car Z=H

198
Cette pression doit être minimisée pour des
raisons de stabilité. En effet, si cette pression est
trop élevée, cela signifie qu’il y a beaucoup
d’eau, il y a alors un risque de formation de
renards : il faut alors limiter fortement la création
des renards en abaissant la charge.

199
PRESSION INTERSTITIELLE
Z

200
Cas d’une digue homogène drainée
reposant sur une fondation imperméable

Ligne de saturation
En général les barrages en terres ont munis d’un drain
aval qui rabat la ligne phréatique à l’intérieure du
barrage. Dans ce cas la parabole de Kozeny a pour foyer
l’extrémité amont du drain auquel se raccorde la ligne
phréatique. Le raccordement amont se fait comme
précédemment.
Les calculs de débit de fuite et de pression
interstitielle répondent au même principe que
précédemment
201
202
Cas d’une digue à zone non drainée
reposant sur une fondation
imperméable
Dans ce type d'ouvrage, le noyau étanche a une
perméabilité beaucoup plus faible que les
recharges amont et aval. On montre que l'on
peut également modéliser les lignes de courant
dans le noyau par des paraboles en considérant
comme parfaitement perméable la recharge
amont. La figure suivante schématise cette
situation.

203
204
La ligne de saturation dans le noyau de
perméabilité K2 est construite à partir de la
parabole de base, suivant les règles précédentes,
en considérant cependant le fait que la ligne
débouche plus bas que la ligne théorique, à la
hauteur hs, déterminée à l'aide de l'abaque
suivant.

205
206
Dans la recharge aval de perméabilité K3,
l'écoulement peut-être assimilé à un écoulement
à travers un massif rectangulaire de longueur L. Si
ho est le niveau aval et h, la cote amont de la
ligne de saturation dans la recharge aval, le débit
est donné par:

207
Cas d’une digue à zone drainée
reposant sur une fondation
imperméable
Les mêmes principes de calcul comme dans le
cas d’une digue à zone non drainée sur une
fondation imperméable s’appliquent. Cependant
la parabole de Kozeny a pour foyer l’extrémité
amont du drain auquel se raccorde la ligne
phréatique.

208
Cas d’une digue reposant sur une fondation
relativement perméable
Pour une fondation relativement perméable, on admet que la
longueur moyenne (L) de la ligne de courant est celle de la
ligne de contact du massif imperméable avec la fondation plus
perméable
Dans ce cas, le débit de fuite par unité de largeur de
fondation perméable est :
q = P K h /E
avec, P : profondeur de la fondation perméable
K : perméabilité de la fondation perméable
E : empattement du massif imperméable
h : hauteur de la retenue
209
PROBLEME DE LA VIDANGE RAPIDE
On peut considérer comme rapide une vidange qui
s'effectue en un délai inférieur à un ou plusieurs
mois.
La configuration du réseau de ligne est alors
totalement différente des cas précédents. le
parement amont n'est plus une équipotentielle,
mais son potentiel varie avec la côte du point
considéré.
Ce cas, assez complexe, doit être étudié par calcul
informatique ou analogie électrique.
210
PROBLEME DE LA VIDANGE RAPIDE

On voit qu'à la vidange, les lignes de courant ressortent sur le


parement amont dénoyé. Ceci milite encore pour que soit disposé
sous le perré amont une couche de pose filtrante afin d'éviter la
fuite des fines lors de la vidange, cette couche de pose servant
déjà à lutter contre les effets du batillage. 211
RESUME DE LA METHODE KOZENY

212
PROTECTON CONTRE LE RENARD
Lutter contre la formation des renards consiste :
- soit à supprimer les infiltrations si on le peut en
formant des coupures imperméables par un
écran étanche.
- soit à réduire la force volumique visqueuse, c'est-à-
dire à réduire la valeur du gradient hydraulique, donc
à allonger les lignes d'écoulement.
- soit à empêcher l'amorçage du phénomène, c'est-à-
dire disposer dans la zone de résurgence des filtres
chargés d'empêcher l'entraînement des particules
solides.
213
• Ecrans étanches
Il existe différentes techniques utilisables pour
réaliser ces écrans (murs en béton, noyaux
d'argile, murs de palplanches, parois moulées,
voiles d'injection).

214
Allongement des lignes d'écoulement
Afin de réduire les forces volumiques visqueuses on
cherche à rallonger le parcours moyen des lignes
d'écoulement.
LANE a proposé des règles expérimentales définissant
un gradient moyen maximum qui est supposé tel
qu'en aucun point dans le sol les conditions
d'entraînement du sol ne soient requises. D'autre
part ce gradient est défini sur la ligne de courant qui
suit le contact ouvrage-sol de fondation ; en effet, ce
contact est un lieu d'écoulement privilégié où les
renards risquent davantage de se former.
Il est possible d'obtenir un allongement de cette ligne
de courant particulière en réalisant un ou plusieurs
parafouilles imperméables.
215
Remarque:
L'application de la règle de LANE pour le dimensionnement de la fondation de la
digue doit se faire avec discernement et prudence en se référant surtout au profil
géotechnique du terrain de fondation. En effet, cette règle empirique a été
conçue pour des ouvrages rigides fondés sur terrains meubles, les tassements
différentiels pouvant alors être à l'origine des cheminements préférentiels au
contact sol-béton. Un tel risque est bien moindre pour un massif de remblai au
contact de sa fondation meuble. A contrario, la règle de LANE supposant des sols
de fondation homogènes, elle ne permet pas de rendre compte des
hétérogénéités parfois très localisées qui vont bien sûr constituer les lieux
d'écoulement privilégiés (lentilles sableuses, argiles à canaux, cuirasses
latéritiques). Enfin, la règle de Lane s'applique à la prévention du phénomène de
renard et non à la mise en oeuvre de l'échantéité de la fondation (même si les
deux choses sont liées, un défaut d'étanchéité pouvant sous certaines conditions
entraîner un renard). Il faut donc accorder plus d'importance à la reconnaissance
visuelle des sols de fondation de la
digue.

216
Utilisation des filtres
L'apparition du renard est due à l'existence de
contraintes effectives trop faibles dans les zones de
résurgence.
Un moyen de lutte contre le renard consiste alors à
charger ces zones avec des matériaux plus
perméables les contraintes effectives sont ainsi
augmentées ; les pertes de charges dans le matériau
filtrant étant négligeables le risque de renard dans le
filtre n'existe donc pas (au contraire une charge
constituée par un matériau imperméable serait
dangereuse : toute la perte de charge s'y
concentrerait et le renard ne s'y formerait que
mieux).
217
Pour la protection des massifs de barrage, on a
souvent recourt à deux types de filtre :
• le filtre (ou drain) de pied horizontal ou drain
tapis
• le filtre (ou drain) cheminée (ou drain vertical)

218
DRAIN HORIZONTAL
Pour intercepter les infiltrations dans le massif
d'un barrage en terre on dispose habituellement
dans la partie aval du massif et au contact de celui-
ci avec les fondations, un drain-tapis filtrant
destiné à rabattre la ligne phréatique à l'intérieur
du massif
Ce drain s'étend sur lb/4 à lb/3 de l'emprise du
barrage. Son épaisseur se calcule en fonction du
débit de fuite

219
220
Lorsque la fondation n'est pas complètement
imperméable, ce drain interceptera également les
infiltrations a travers la fondation. Il doit être alors
protégé contre l'entraînement des éléments fins
de la fondation par un filtre inversé.

221
Le drain tapis filtrant est efficace dans la mesure
où la perméabilité du massif est isotrope.
Très souvent, du fait de la technique d'exécution
des barrages en terre qui consiste à compacter la
terre
par couches horizontales, il existe une anisotropie
assez forte du barrage, la perméabilité verticale
étant inférieure à la perméabilité horizontale. De
ce fait le drain-tapis est souvent inefficace et on
observe des affleurements de nappes sur les talus
aval de nombreux barrages munis de drain-tapis.
222
Débit unitaire et épaisseur du drain tapis

223
Débit unitaire et épaisseur du drain tapis
Si q est le débit d'infiltration à travers un mètre de
largeur du barrage qu'il faut évacuer à travers
le filtre de perméabilité Kf , on peut écrire:
q =K f i A où A = valeur moyenne de la section
𝑒+ℎ
mouillée A=
2

225
Débit unitaire et épaisseur du drain tapis
On peut négliger h ² car h étant petit

II est prudent de prendre un débit q égal au double du


débit de fuite escompté. Ainsi, l'épaisseur e du filtre à
prévoir sera :

226
La valeur de l n'est pas égale à la longueur totale du
tapis filtrant, il faut retrancher la longueur de
résurgence qui est égale à :

Avec K, (m / s) = perméabilité du remblai du barrage


• a en m
• q en m3/s.ml
La longueur totale (Lf) du tapis filtrant sera :

Lf=l+a 227
DRAIN VERTICAL
Le drain vertical constitue une solution plus efficace
pour intercepter les eaux d'infiltration. Un tel drain
est constitué d'un rideau d'une largeur (épaisseur)
minimale de 1 m en matériau grossier (graviers et
sables) dont la granularité est choisie de manière à ce
que les conditions de filtre soient réalisées.
Ce rideau peut être mis en œuvre par déversement
du matériau convenable dans une tranchée d'une
profondeur de 1,50 à 2m, recreusée dans le massif
compacté, au fur et à mesure de l'avancement du
terrassement du barrage. II peut remonter
pratiquement jusqu'à la cote moyenne du plan d'eau
dans la retenue. 228
229
L'eau de percolation interceptée par ce drain
filtrant est évacuée soit par un réseau de tuyaux
drains soit par un drain-tapis filtrant, s'il est
également nécessaire de drainer les fondations.

Le drain vertical peut être constitué uniquement de


gravier, le rôle de filtre étant alors assuré par un
tapis synthétique non tissé placé en fond de
tranchée, le long de la paroi amont du drain et au
dessus du drain. Dans ce cas l'épaisseur du drain
pourra être diminuée.
230
231
Loi des filtres ou règles de non
contamination
Un filtre ne doit ni se dégrader par entraînement
de ses éléments, ni se colmater. Il est conseillé
pour cela d'utiliser des sables dont le coefficient
d'uniformité F60/F10 est supérieur à 2.
Ceci étant si on schématise par Fx et Sx les
dimensions des grains du filtre et du matériau de
base qui sur la courbe granulométrique
correspondent au point d'ordonnée x %, les
conditions a respecter sont d'après TERZAGHI.
232
Loi des filtres ou règles de non contamination

 La non contamination (rétention): F15/S85 < 4 à 5


(Granulométrie étroite) F50/S50 < 25 (entre 5 et 10)

 L’auto nettoyage (perméabilité) : F15/S15 > 4 à 5

 Fente (trou) : S15 / largeur de la fente > 1.2

 La non ségrégation (coefficient d’uniformité) : F60 < 2

233
Fuseau granulométrique des filtres

234
Loi des filtres ou règles de non contamination
La courbe granulométrique du matériau constituant
chaque couche du filtre doit être à peu près parallèle à
celle du matériau de la couche précédente.
L'épaisseur de chaque couche doit être au moins de
20 à 30 cm et en tout cas supérieure ou égale à 50 fois
le diamètre F15.
Il existe des tapis de fibres synthétiques (non tissées)
qui permettent de réaliser des fiItres faciles à mettre
en place. Quand on est en présence de matériaux qui
ne satisfont pas aux règles ci-dessus mentionnées il
est conseillé de vérifier la stabilité du filtre et l'absence
de colmatage par une essai sur modèle
235
Loi des filtres ou règles de non contamination

Quand une couche filtrante sert de drain, elle doit


permettre l’évacuation d’un débit double du débit à
drainer. Si elle contient des drains poreux ou percés
de trous, les orifices de ces drains doivent être de
diamètre inférieur à 0.5 fois de diamètre F85.
La valeur de la perméabilité d'un filtre est donnée
avec une assez bonne approximation (50 %) par
la formule de Hazen pour les matériaux sableux.
K = 100F10 où F est en cm et K en cm/s
236
PUITS FILTRANTS
Des puits filtrants de décompression peuvent être
nécessaires pour assurer le drainage des fondations
et éliminer les sous-pressions dans la zone du talus
aval du barrage, lorsque les fondations sont
relativement perméables mais hétérogènes.
Ce cas est fréquent, les dépôts alluvionnaires étant
souvent formés de lentilles ou de couches alternées
d'argile, de limons, de sables, de graviers.
Les puits remblayés en matériau filtrant analogue à
ceux d'un drain vertical débouchent dans un drain-
tapis sous le talus du barrage et à l'aval de celui-ci
237
238
239
La profondeur des puits devra être suffisante pour
drainer les couches perméables situées à une
profondeur inférieure à environ 50 % de la
hauteur du barrage et susceptibles d'être
alimentées par la retenue, leur densité est
fonction de l'hétérogénéité du terrain.
Les puits drainants peuvent être équipés de
piézomètres en vue de la surveillance du barrage.
Le calcul approché d'un réseau de puits filtrants
peut se faire à l'aide d'abaque, de modèle
électrique ou de modèle numérique sur
ordinateur. Un puits filtrant ne doit pas avoir un
diamètre inférieur à 15 cm.
240
L'espacement entre les puits est un
facteur dont l'importance est moindre
que leur enfoncement dans la couche
perméable.
Cela veut dire qu'il vaut mieux peu de
puits filtrants mais profonds que
beaucoup de puits peu profonds.

241
CALCUL DE STABILITE DES BARRAGES
La stabilité d'un barrage est celle de la stabilité de son
talus amont, de son talus aval et de sa fondation.
Au niveau actuel des connaissances il n'existe pas de
méthodes permettant de calculer la stabilité sans faire
des hypothèses
A cet effet, nous étudierons:
• La stabilité du talus amont
• La stabilité du talus aval
• La stabilité de la fondation
• La stabilité de l’évacuateur de crues

242
STABILITE DES TALUS
L'étude de la stabilité d'un talus est généralement menée en
considérant une section plane et en se donnant une surface
de rupture circulaire. Cette dernière hypothèse correspond
d'ailleurs bien à ce que l'on observe en réalité.
Le terrain entre la surface et le cercle est découpé en
tranches verticales minces pour lesquelles on calcule les
forces en présence en se plaçant à l'instant de la rupture
(poids de la tranche, frottement contre le massif de sol qui
reste en place...).
Par définition, le coefficient F de sécurité au glissement est
le rapport entre le moment cumulé des forces résistantes et
celui des forces motrices. Le cercle qui conduit au coefficient
minimal est le cercle critique. Il conduit au coefficient de
sécurité du talus.
243
Pour un remblai à construire, le calcul doit être
mené d’une part à court terme et d’autre part à
long terme. Le bon choix des paramètres
géotechniques de calcul est fondamental.
Avec l'approche de FELLENIUS qui suppose en
particulier que les actions entre tranches se
compensent.
A court terme, l’hypothèse d’un matériau non
saturé est en général valide, tout au moins pour
des remblais de hauteur modérée construits avec
des matériaux à teneur en eau inférieure à celle de
l’optimum Proctor
244
A long terme pour un barrage en terre, la zone saturée
et la zone non saturée doivent être distinguées. Le
calcul consiste à considérer dans la zone saturée les
sous-pressions définies par un réseau de lignes de
courant et d’équipotentielles en se plaçant dans le cas
le plus défavorable pour la vie du barrage.
Pour le talus amont, c’est toujours celui de la vidange
rapide où l’eau dans la retenue s’abaisse beaucoup plus
vite que l’eau infiltrée dans le remblai.
Il est recommandé de mener une étude paramétrique
sur les valeurs de c et ϕ introduites dans les calculs,
pour examiner la sensibilité des résultats aux
incertitudes sur la connaissance de ces
caractéristiques, en particulier la cohésion.
245
STABILITE DE LA FONDATION
« Pour aussi mauvais que soient les terrains d'assise il
est toujours possible d'y asseoir le massif ».
Cette réalisation ne se fera que moyennant des
dispositions et des précautions qui pourront entraîner
des dépenses excessives pour la réalisation de
l'infrastructure ; il faudrait alors faire un choix plus
judicieux du site d'implantation de l'ouvrage. En effet,
la fondation d'un barrage doit nécessairement
présenter :
1) Une force portante suffisante ;
2) Une résistance suffisante à l'effort tranchant ;
3) Une bonne imperméabilité.
246
Evaluation des forces agissant sur les
barrages
Les forces qui agissent sur le barrage sont:
Poids propre du barrage
Poussée hydrostatique externe
Poussée des sédiments accumulés
Poussée hydrostatique interne (sous pressions)

247
FORCES HORIZONTALES

248
PRESSION HYDROSTATIQUE EXTERNE
POUSSEE HYROSTATIQUE DE L’EAU
SANS DEVERSEMENT AVEC DEVERSEMENT

252
POUSSEE DES SEDIMENTS ACCUMULES

Lorsque un dépôt de vase se forme au droit de l'ouvrage, le poids volumique global de


la vase ou de la boue peut être considérable : 16000 à 19000 N/m3.
POUSSEE DES SEDIMENTS ACCUMULES

254
POUSSEE HYDROSTATIQUE INTERNE
(SOUS PRESSIONS)
Quelle que soit la qualité du rocher de fondation, l’eau y
pénètre progressivement, ce phénomène étant dû à la
porosité, à la fissuration ou à la fracturation de la roche.

Ces interstices de la fondation sont occupés par l’eau qui


exerce une pression sur les parois ; cette pression joue un
rôle particulièrement important pour la stabilité de
l’ouvrage à la surface de contact béton-rocher.

Dans le cas où la roche ou le sol de fondation a


globalement un comportement hydraulique homogène et
isotrope, l’étude de l’écoulement de ces sous-pression
peut être effectuée par application de la loi de Darcy
256
FORCES VERTICALES

262
POIDS PROPRE DU BARRAGE
L’évaluation de ce poids varie en fonction de :
Poids volumique du matériau de remblai
Volume du barrage

263
AUTRES FORCES

264
ACTION DES SEISMES
VARIATIONS THERMIQUES
ACTIONS DIVERSES
STABILITE AU GLISSEMENT
Les forces horizontales (ΣP), telles que la poussée
de l’eau et des terres, qui s’exercent sur le barrage
tendent à le déplacer vers l’aval.
La résistance à ces forces horizontales (résistance
au cisaillement) est offerte par la fondation grâce à
leur cohésion (c) et à leur angle de frottement
tan ϕ.
En général, on néglige la cohésion considérant qu’il
s’agit d’une caractéristique variable et aléatoire
dont la pérennité en milieu saturé n’est pas
assurée.
268
269
270
STABILITE AU RENVERSEMENT
Ce mode de rupture est dû à l’existence de forces
horizontales suffisamment grandes comparées aux
forces verticales pour amener la résultante de toutes
ces forces agissant sur le barrage en dehors des limites
de la surface de base de l’ouvrage.
Lorsque la résultante passe de façon appréciable à
l’extérieur du tiers central de la section de base, une
fissure de traction horizontale peut apparaître à
l’amont, ceci réduit considérablement la résistance au
cisaillement et augmente la sous-pression. Ainsi une
rupture peut commencer par renversement et se
poursuivre par un glissement. 272
273
PREMIERE APPROCHE DE L’ETUDE DE
LA STABILITE AU RENVERSEMENT
Elle consiste à calculer (par rapport au point B) le rapport entre les
moments des forces appliquées, en séparant les forces motrices
(poussée de l’eau et sous pression) et les forces résistantes (poids
propre de l’ouvrage). Le rapport des deux moments est considéré
comme le facteur de sécurité au renversement.
Si F ≥ 1.5, la stabilité au renversement serait assurée

274
DEUXIEME APPROCHE DE L’ETUDE DE
LA STABILITE AU RENVERSEMENT
Cette méthode considère que la réaction des fondations est
supposée linéairement répartie sur la surface d’appui. Si on désigne
par e l’excentricité du point d’application de la résultante des forces
appliquées à l’ouvrage par rapport au centre de gravité G de la
surface S considérée, en un point situé à une distance y de G, la
valeur de la contrainte normale ny est donnée par la formule de
résistance des matériaux

275
D'autre part si on impose que la contrainte
normale reste positive on retrouve la règle
classique du tiers central.
La règle du tiers central est satisfaite si :
-b/6 ≤e ≤ b/6
e = excentricité du point d'application de la
résultante R.

281
STABILITE DES EVACUATEURS DE CRUE
Pour les déversoirs en béton, l’équilibre des murs
bajoyers aux extrémités du déversoir devra également
être vérifié. Il faut aussi prendre en compte la stabilité
au poinçonnement et le tassement du déversoir ( et
aussi du barrage ).
Le déversoir elle-même subit des tassements, c’est la
raison pour laquelle on réalise en général les déversoirs
par tronçon d’environ 6 m de long pouvant subir des
déplacements relatifs pour minimiser les tassements
différentiels de l’ouvrage.
Des joints verticaux étanches doivent être aménagés
entre eux (joints en caoutchouc : waterproof).
282
STABILITE DES EVACUATEURS DE CRUE
Il existe d’autres formes de l’action de l’eau sur les barrages :
 Pour un barrage déversant, l’impact de l’eau à l’aval peut
alors provoquer des affouillements dangereux pour la
stabilité de l’ouvrage.
 L’eau s’écoulant à une forte vitesse sur les parois en
béton peut provoquer l’érosion rapide surtout pour les
eaux chargées de particules dures.
 L’arrivée d’une crue d’importance imprévue peut
provoquer une montée anormale du plan d’eau qui se
traduit par une augmentation anormale de la poussée de
l’eau en amont.
 Enfin l’eau peut agir chimiquement sur le parement
amont.
283
STABILITE DES EVACUATEURS DE CRUE
Les variations de température, le retrait et le gonflement du béton ont des
actions analogues sur l’ouvrage. Ces trois phénomènes se traduisent par
des variations dimensionnelles (élongation ou contraction), si elles sont
empêchées provoquent l’apparition de contraintes supplémentaires dans
le béton. Il peut en résulter des fissures susceptibles se mettre en cause
l’étanchéité du barrage et la durabilité du béton.
Le coefficient de dilation thermique du béton varie de 7 à 14 mm/m/°C.
Une valeur moyenne de 10 m/m/°mC peut être utilisée.
Le retrait est le phénomène de raccourcissement qui accompagne la prise
et le durcissement du béton. Une valeur moyenne de 400 mm/m peut
être utilisée.
Le gonflement est un phénomène inverse qui se produit lorsqu’on
humidifie le béton préalablement soumis à des dessiccation poussée. Ce
phénomène peut se produire sur le parement amont d’un barrage en
béton, mais en général sa valeur ne dépasse pas 100 mm/m.

284
OUVRAGES DE REFERENCE
• COURS DE FOUNEME A. MILLOGO
• COURS DE M. L COMPAORE DE EIER
• COURS DE MAGATTE WADE DE L’ENSA
• PETITS BARRAGES: RECOMMANDATIONS POUR LA
CONCEPTION, LA REALISATION ET LE SUIVI. EDITIONS
CEMAGREF
• COURS BARRAGES SHERBROOK

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