Ponts Métalliques - Conception Générale: Réf.: C2675 V3

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Réf.

: C2675 V3

Ponts métalliques -
Date de publication :
10 novembre 1997 Conception générale

Cet article est issu de : Construction et travaux publics | Travaux publics et


infrastructures

par Jean-Pierre DUCOUT

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Ponts métalliques
Conception générale
par Jean-Pierre DUCOUT
Ingénieur de l’École nationale d’arts et métiers - CHEM
Professeur au Centre des hautes études de la construction (CHEM)
Chef de la division Ouvrages d’art à l’Office technique pour l’utilisation de l’acier (OTUA)

1. Franchissement......................................................................................... C 2 675 – 2
1.1 Présentation.................................................................................................. — 2
1.2 Typologie des ponts et éléments constitutifs ............................................ — 2
2. Systèmes porteurs de tabliers.............................................................. — 3
2.1 Tablier appuyé sur piles ou « pont à poutres » ......................................... — 3
2.2 Arc porteur du tablier .................................................................................. — 4
2.3 Suspension par câbles................................................................................. — 5
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3. Poutraisons ................................................................................................ — 6
3.1 Position relative poutraison-platelage ....................................................... — 6
3.2 Poutraison « sous » chaussée..................................................................... — 7
3.3 Poutraison « sur » chaussée ....................................................................... — 9
4. Platelages ................................................................................................... — 10
4.1 Dalle en béton armé collaborante .............................................................. — 10
4.2 Dalle mixte acier-béton................................................................................ — 11
4.3 Dalle orthotrope tout acier .......................................................................... — 12
4.4 Domaines des dalles en béton et orthotropes........................................... — 13
5. Équipements de ponts ............................................................................ — 13
5.1 Appareils d'appui ......................................................................................... — 14
5.2 Joints de chaussée routière ........................................................................ — 15
5.3 Protection anticorrosion .............................................................................. — 16
5.4 Autres équipements..................................................................................... — 16
5.5 Intégration des équipements dans la conception ..................................... — 16
6. Procédés de construction ...................................................................... — 17
6.1 De l’usine au chantier .................................................................................. — 17
6.2 Montage des tabliers métalliques .............................................................. — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. C 2 677

L a conception d'un pont est un long travail d'études visant à concilier diver-
ses contraintes dont l'importance et l'ordre de prééminence varient selon les
projets : données naturelles du franchissement, données fonctionnelles de la
voie portée, procédés de construction, insertion dans l'environnement, coûts,
délais... Cet article, petit guide de conception et de construction, se propose de
fournir au projeteur les éléments de base nécessaires à la formation de son juge-
ment et à l'acquisition du processus de réflexion propre aux ouvrages d'art
métalliques. Les solutions s'articulent à partir des trois composantes principales
définissant la structure d'un pont : le système porteur (poutre, arc, suspension à
câbles), la poutraison (âme pleine, caisson, treillis) et le platelage (béton, acier,
mixte). La dernière partie est consacrée à l'exécution de l'ouvrage, but final du
projet mais aussi phase essentielle inscrite dans le processus de la conception.

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PONTS MÉTALLIQUES ___________________________________________________________________________________________________________________

1. Franchissement

1.1 Présentation

Un pont est un ouvrage d’art permettant à une ou plusieurs


voies de communication de franchir un accident du relief appelé
brèche ou d’autres voies de communication (figure 1).

Selon la voie portée — route, rail, voie piétonnière ou canal — le


pont sera dénommé, pont-route, pont-rail, passerelle piétonnière ou
pont-canal. Les ouvrages peuvent avoir des formes extérieures sem-
blables, mais se différencient et se caractérisent surtout par la
nature particulière du trafic qu'ils ont à supporter.
La conception architecturale générale d'un ouvrage de franchisse- Figure 1 – Pont haubané de Neuwied sur le Rhin (doc. CFEM/P. Mantes)
ment fait appel aux trois modes fondamentaux de fonctionnement
mécanique des structures (flexion, compression et traction) pour

,,,, ,,,,,
donner trois types de ponts fixes (figure 2) :
— le pont à poutre, image de la simplicité, limité à la flexion

,,,, ,,,,,
seule ;
— le pont en arc, qui associe la compression à la flexion ; son
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architecture s'enrichit ;

,,,,,
— les ponts à câbles, de type haubané et suspendu, combinent
la traction, la compression et la flexion dans un fonctionnement plus
complexe ouvrant sur un large éventail de solutions techniques et

,,,,,,,,,,
architecturales.
a à poutre b en arc

,,,,,,,,,,
1.2 Typologie des ponts
et éléments constitutifs

Pour remplir sa fonction, le pont est constitué d'une structure


résistante capable de porter la voie et ses charges d'exploitation. Il c haubané d suspendu
possède par ailleurs des équipements spécifiques concourant à son
bon fonctionnement, à la sécurité des usagers et à la durabilité de
l'ouvrage (figure 3). Figure 2 – Différentes structures de pont

Les structures du pont doivent répondre aux données du pro-


jet. De formes multiples et variées, elles se réduisent finalement tou-

¢¢¢¢
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ÀÀÀÀ
,,,,
QQQQ
jours à un tablier et un système porteur composé d'appuis et de
suspensions éventuellement.
Les équipements respectent des standards propres à chaque
trottoir joint de
type de voie concernée (route ou rail) et à son exploitation. Premier garde-corps chaussée
équipement : la structure de roulement qui est constituée par la

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ÀÀÀÀ
,,,,
QQQQ
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chaussée pour la route et par le ballast et la voie pour le ferroviaire. revêtement
Les équipements englobent aussi : les appareils d'appui, les joints de chaussée
de chaussée, les organes de sécurité (garde-corps, glissières de
sécurité, barrières), les évacuations des eaux, l'étanchéité, la corni- étanchéité
che, les circulations de visite, les matériels de voies (caténaires,

@@@@
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ÀÀÀÀ
,,,,
QQQQ
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poteaux, signalisation).
culée
corniche
1.2.1 Tablier : platelage et poutraison platelage

Le tablier est la partie d'ouvrage qui porte directement la voie poutre principale
entretoise
(route ou rail) et en assure la continuité parfaite. Il comprend un pla-
appareil d'appui
telage et une poutraison.
Le platelage, porteur de la chaussée ou du ballast, est le premier tête de pile
élément de résistance du pont. Nous verrons (§ 4) que le platelage pile
travaille en dalle sous les surcharges de circulation de la voie et par-
ticipe à la flexion d'ensemble du tablier. La dalle est le plus souvent
en béton armé, dans certains cas en acier ; mais elle peut également
être mixte. Figure 3 – Éléments constitutifs d’un pont à poutres sous chaussée

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La poutraison métallique porte le platelage auquel elle est


connectée (dalle en béton) ou soudée (dalle en acier) et se compose
de :
— poutres longitudinales principales, complétées parfois par des
poutres secondaires appelées longerons ;
ponts suspendus
— structures d'entretoisement disposées transversalement aux
poutres pour les liaisonner entre elles et supporter éventuellement
la dalle. ponts haubanés

ponts en arc
1.2.2 Système porteur

Le système porteur désigne l'ensemble des parties d'ouvrage qui ponts à poutres
supportent le tablier.
Les culées marquent les origines du pont à chaque extrémité du 0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400 1 600 1 800 2 000
tablier et assurent la transition entre la voie sur terre et la voie sur
portée en m
pont. Ce sont des appuis indéformables. À ce titre, on y installe les
appareils de voies ou joints de chaussée destinés à absorber les
déplacements du tablier sous les déformations et effets thermiques. Figure 4 – Les grands systèmes de pont en fonction de la portée
Entre les culées, le tablier est porté, selon les cas :
— « par le dessous » sur des piles ou des pilettes ;
— « par le dessus » au moyen de câbles et pylônes. passent du « dessous » au « dessus ». D'un système d'appuis fixes
et écartés on passe à un système d'appuis élastiques et rapprochés ;
Les différentes variations sur ces deux modes de « portage » don-
d'un fonctionnement rigide en flexion seule on évolue vers un fonc-
nent les ponts à poutres, les ponts en arc, les ponts haubanés et les
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tionnement plus souple mais plus complexe aussi, mêlant flexion,


ponts suspendus (figure 2) développées dans le paragraphe 2
compression et traction ; enfin, du calcul linéaire on passe au calcul
consacré à la typologie des « systèmes porteurs », premier volet de
non linéaire avec grandes déformations.
l'analyse.
Au total, trois possibilités de porter un tablier : sur des piles, sur
un arc et avec des câbles, possibilités auxquelles sont attachées les
Systèmes porteurs, poutraisons et platelages constituent les quatre grandes familles classiques d'ouvrages traditionnellement
trois composantes fondamentales d'un pont. Chacune ayant des appelés ponts à poutres, ponts en arc, ponts à haubans et ponts sus-
formes différentes, on imagine les nombreuses combinaisons pendus. La figure 4 indique le domaine d'application de chacun
qu'il est possible d'en faire. Pour un site donné, la combinaison d'eux en fonction de la portée principale de l'ouvrage.
« gagnante » n'est pas le fait du hasard, mais le résultat d'un tra-
vail de réflexion et d'études recherchant le meilleur compromis
entre des exigences de nature souvent contradictoires : techni-
ques, économiques, architecturales, environnementales, politi- 2.1 Tablier appuyé sur piles
ques même... et aboutissant à un projet d'ouvrage qui soit à la ou « pont à poutres »
fois constructible, stable, résistant, durable, beau, en harmonie
avec le site... et économique. On réalise mieux aussi pourquoi
les ponts présentent une telle diversité.
2.1.1 Système constructif simple

Le tablier prend appui sur des piles et culées matérialisant des tra-
vées dont les portées varient de quelques mètres pour les ponceaux
2. Systèmes porteurs à 300 m, record mondial établi pour le pont de Costa e Silva au Bré-
sil en 1974. En France, c'est le pont de Cornouaille à Bénodet (1972)
de tabliers qui détient le record avec 200 m de portée principale.
Parce que la majorité des franchissements peut être économique-
ment traitée en multitravées avec des portées n'excédant pas 100 à
La disposition des appuis de tablier et leur nature dépendent de 120 m, il n'est donc pas étonnant que cette construction soit de très
nombreux facteurs dont l'importance varie selon les données du loin la plus développée. Son montage d'ailleurs ne pose pas de dif-
projet : grandeur et profondeur de la brèche, données géotechni- ficulté majeure dès lors que la méthode du lançage peut être
ques du sol, servitudes des voies franchies, dégagement d'un gaba- adoptée.
rit, tracé de la voie, conditions d'exploitation de la voie dont la
vitesse, les procédés de construction et de montage...
Il y a de multiples façons de porter le tablier d'une culée à l'autre, 2.1.2 Continuité sur appuis et variation d'inertie
mais elles se ramènent toutes à deux principes fondamentaux
caractérisant la position et la nature des appuis :
Les poutres principales travaillent en flexion entre les appuis. Les
— le système porteur sur appuis inférieurs « rigides » : le sollicitations augmentent d'une part avec le carré de la portée,
tablier est en appui sur des piles. Cette disposition classique donne d'autre part et simultanément avec le poids mort dont la part due à
l'immense famille des ponts à poutres à travées continues multiples l'acier croît avec la portée pour satisfaire les besoins en résistance.
de petites et moyennes portées ; Plusieurs solutions permettent de limiter l'effet de dérive due au
— le système porteur par suspension « souple » : au-delà poids mort d'acier.
d'une certaine distance entre appuis (environ 200 m), ou pour des
brèches profondes qui nécessiteraient des piles trop hautes, le ■ Choix d'un élancement correct. Pour obtenir un bon rende-
tablier sera plus économiquement porté par un arc, ou suspendu à ment, la hauteur de la poutre doit être en proportion avec sa portée.
une structure en câble de type haubanée ou suspendue. Les appuis Cette propriété est caractérisée par une grandeur essentielle appe-

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lée « élancement », qui exprime le rapport entre la longueur L de la


travée principale et la hauteur Hp de la poutre principale L/Hp.
Pour une loi de hauteur constante, le tableau 1 donne les valeurs
travées continues à
d'élancements moyens adoptés, selon que la poutre est du type à inertie très variable
âme pleine, en caisson ou en treillis, que le pont est routier ou ferro-
viaire et que la configuration est en travée indépendante ou en tra-
vées continues.

travées continues
à inertie constante travées indépendantes
Tableau 1 – Valeurs d’élancements moyens
pour différentes configurations
a variation du moment fléchissant avec la loi d'inertie
Pont-route Pont-rail sous un chargement uniforme

Travée Travées Travée Travées


indépendante continues indépendante continues
50 40 50
Treillis 11 15 10 12 25 25
Ame pleine 22 30 14 16 b élancements couramment adoptés dans un pont à poutres en âme
pleine de hauteur variable et à trois travées équilibrées
Caisson 30 30 à 60 — 19

Figure 5 – Poutre continue et à inertie variable


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■ La continuité sur appuis est un facteur d'économie important.


Les statistiques montrent qu'une travée continue de 50 m, par
exemple, consomme 20 % d'acier en moins qu'une travée indépen-
dante de même longueur. Aussi la continuité est-elle toujours adop-
tée, sauf cas particulier.
■ La variation de hauteur ou d'inertie accentue l'effet de
continuité : un accroissement de hauteur ou d'inertie sur appuis pro-
voque une augmentation des moments fléchissants négatifs sur ∆
appuis accompagnée d'une égale diminution des moments positifs
en travée (figure 5).
L'inertie variable, avantageuse pour un tablier tout acier, n'offre Figure 6 – Pont Cantilever. Figure déformée après un tassement
pas le même intérêt pour un tablier mixte. On sait en effet que le vertical sous un appui décalé
meilleur rendement d'une section mixte est obtenu sous moment
fléchissant positif en travée, lorsque la semelle supérieure en béton
est correctement comprimée. Si bien qu'en construction mixte,
l'intérêt serait plutôt de faire migrer les moments fléchissants néga- 2.2.1 Justification et domaine d'application
tifs sur appuis vers le moment fléchissant positif en travée ; d'où le
recours parfois à des formules de dénivellation d'appui ou d'assou- Pour franchir une brèche encaissée, large, profonde et avec des
plissement des sections sur appuis par l'emploi d'aciers à plus haute accès de chantier difficiles sur ses flancs, une conception classique
limite d'élasticité tendant à réduire l'inertie par diminution des sec- de pont à poutres à travées multiples impliquant la construction de
tions. piles verticales hautes et nombreuses et autant de fondations peut
Architecturalement, l'effet bénéfique de l'inertie variable pour un s'avérer inadaptée pour des raisons économique, technique ou
tablier à poutres sous chaussée n'est plus à démontrer. Dans sa esthétique. La solution consiste à faire reposer les piles du tablier
ligne générale, l'ouvrage y gagne nettement en finesse. non pas sur le sol au fond de la brèche, mais sur une structure en arc
franchissant la brèche d'une seule portée.
■ Le pont Cantilever a l'apparence de la continuité, mais sa struc-
L’arc reçoit les charges du tablier par l’intermédiaire de multiples
ture est rendue mécaniquement isostatique par l'aménagement
pilettes ou suspentes et les « descend », par compression principa-
d'articulations en pleine travée en des endroits qui pourraient être
lement, jusqu’à ses naissances sur les massifs de fondations qui
des points de moment « nul » de la poutre supposée continue. Cette
sont soumis à une forte poussée (figure 7).
conception se révèle intéressante lorsque les conditions de sol sont
médiocres et qu'il existe un risque de tassement d'appui sur les fon- Le record mondial de portée des ponts en arc est détenu avec
dations. Un déplacement vertical d'appui est alors sans effet sur les 518 m par le pont du New river Gorge construit en 1977 dans le West
sollicitations d'ensemble du tablier et sur les réactions d'appuis Virginia aux États-Unis.
(figure 6).

2.2.2 Formes de ponts en arc


2.2 Arc porteur du tablier ■ L'arc classique
Selon la position occupée par le tablier sur l'arc (figure 8), le pont
L'arc est depuis longtemps considéré comme une forme de struc- en arc est « à tablier supérieur » appuyé sur des pilettes, « à tablier
ture mécaniquement efficace et architecturalement réussie. Le pont intermédiaire » à la fois appuyé et soutenu par des suspentes, ou « à
en arc est un symbole. tablier inférieur » entièrement suspendu.

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,,,,,,,,
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Figure 7 – « Travail » de l’arc
,,,,,,,,
,,,,,
,,,,, ,,,,,
,,,,,
Figure 9 – Pont à béquilles de Martigues (doc. CFEM)

,,,,, ,,,,,
2.3.1 Intérêt et domaine d'application

,,,,,
Ce sont :
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a tablier supérieur b tablier intermédiaire


— la libération totale de l'espace inférieur ;
— les franchissements de très grandes portées ;

,,,,,
,
— les tabliers élancés ;
— le montage facilité par la suspension elle-même.

,,,,, c tablier inférieur


2.3.2 Suspension par haubans

Par l'étendue de ses ressources techniques et architecturales, on


peut dire que le pont à haubans est une structure d'une grande
« générosité » et d'un immense intérêt pour le concepteur.
■ Principe de fonctionnement du pont haubané
Figure 8 – Ponts en arc Le tablier est supporté par un système de câbles obliques
(haubans) qui reportent les charges verticales en tête des pylônes
prolongeant les piles principales de l'ouvrage (figure 10a).
Chaque part de charge verticale prise par le hauban s'accompa-
■ Le bow-string est de la forme dans laquelle le tablier relie l'arc à gne dans le tablier d'un effort de compression égal à la composante
ses naissances et reprend par traction la composante horizontale de horizontale de l'effort de traction du hauban. Tous ces efforts de
la poussée. Les réactions d'appui sur les fondations sont alors iden- compression s'ajoutent pour atteindre un maximum au droit du
tiques à celles d'une travée indépendante. pylône (figure 10b) où la compression de droite équilibre celle de
gauche.
■ Pont à béquilles. Bien qu'il n'en ait pas exactement la
silhouette, il est apparenté à l'arc en raison d'une similitude de fonc- ■ Diversité des formes de haubanage
tionnement. Le pont à béquilles a la forme d'un portique avec des
piles inclinées et encastrées dans le tablier (figure 9). Le pont haubané se présente sous des formes très variées issues
des nombreuses combinaisons qu'il est possible d'obtenir en jouant
sur la forme et le fonctionnement des pylônes, du système de
haubanage, des liaisons entre tablier et pylône et du tablier (cf. arti-
2.3 Suspension par câbles cle Ponts métalliques. Applications spécifiques dans cette rubrique).
Selon les conditions du site, la stabilité, la résistance, la tenue aux
effets aéroélastiques et les procédés de construction de l'ouvrage se
Comme pour l'arc, mais de façon encore plus marquée, il est des partagent la prééminence des rôles dans la conception du projet.
conditions de site qui interdisent ou ne favorisent pas l'implantation
de piles intermédiaires : grand gabarit de navigation à préserver,
vallée très profonde, sol instable, hauteur disponible extrêmement 2.3.3 Suspension sur câble porteur
faible, etc. L'impossibilité de mettre le tablier en appui « par le
dessous » oblige à le tenir totalement « par le dessus ».
La suspension d'un tablier à une chaînette est une conception très
Ce sont les solutions de suspension par haubanage et par câbles ancienne puisque l'idée remonte au début de l'humanité avec la
porteurs. Les éléments porteurs du tablier sont constitués de pylô- construction des passerelles en lianes. On comprend que le principe
nes et de câbles. Comme pour le système en arc, les points en ait été appliqué aux premiers grands ponts métalliques suspen-
« d'appui » du tablier par suspension sont multiples, rapprochés dus grâce au développement de l'industrialisation du fer au milieu
mais plus élastiquement déformables. du XIXe siècle et à la fabrication des fils en fer qui a suivi.

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La suspension à double nappe conserve la préférence. Pour


améliorer la stabilité d'ensemble, les suspentes verticales sont rem-
placées par des suspentes inclinées.

,, , 3. Poutraisons
Compression Charge
dans le tablier
Rappelons que le terme poutraison recouvre tous les éléments
structuraux du tablier autres que le platelage. Plus précisément, il
Traction s'agit des poutres principales et de leur entretoisement. Dans ce
dans le hauban paragraphe, vont être examinées les trois formes classiques de
a supportage du tablier construction de poutraison : poutres à âme pleine, en caisson et en
treillis, avec les formes d'entretoisement qui leur sont adaptées ; et
ce dans les deux façons de disposer la poutraison : au-dessous et
Diagramme de moment fléchissant au-dessus du platelage.

3.1 Position relative poutraison-platelage

Il y a trois façons de placer la poutraison par rapport au platelage :


Diagramme de l'effort normal
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— au-dessous ; la poutraison est dite « sous chaussée » ou « sous


b sollicitations dans le tablier rail » (figure 12a) ;
— au-dessus ou à côté, la poutraison est dite « sur chaussée » ou
« latérale » (figure 12b) ;
Figure 10 – Principe de fonctionnement du pont haubané
— à un niveau intermédiaire (figure 12c).
■ La poutraison « sous » platelage est la plus naturelle et la
2.3.3.1 Principe de fonctionnement du pont suspendu plus satisfaisante des trois possibilités, sur les plans structurel et
fonctionnel. Cette disposition classique a toutefois une contrainte :
Le tablier est tenu de proche en proche par des suspentes accro- comme la totalité du tablier se situe sous le profil en long, il faut
chées à un système de câbles porteurs paraboliques et continus, pouvoir compter sur une hauteur disponible Hd suffisante pour y
prenant appui sur les têtes des pylônes et ancrés dans le rocher ou « loger » le système constructif poutre-dalle. Dans la majorité des
dans de puissants massifs poids (figure 11). La répartition de la sur- cas et notamment pour les tabliers de ponts en arc, haubanés et sus-
charge sur les câbles porteurs et l'étalement de la déformation lon- pendus, cette condition est largement satisfaite, la hauteur Ht néces-
gitudinale sont obtenus grâce à la raideur flexionnelle du tablier : saire pour inscrire le tablier étant libre ou considérée comme telle
c'est de là que lui vient son nom de « poutre de rigidité ». (figure 13).
Le rapport entre la portée centrale et la flèche du câble porteur est
de l'ordre de 9. ■ En revanche, dans certains cas, la hauteur disponible Hd peut se
trouver limitée en raison d'un gabarit à dégager sous l'ouvrage.
2.3.3.2 Évolution des formes
Depuis l'origine, le pont suspendu s'est développé et adapté aux
conditions imposées par l'augmentation des portées. Quelle est la
situation aujourd'hui ?
Le tablier suit deux tendances : selon que l'ouvrage est essen-
tiellement routier ou à la fois routier et ferroviaire, selon que le
concept de l'ouvrage est d'inspiration européenne ou américaine,
les formes du tablier seront en caisson élancé et profilé ou en poutre
en treillis. a b c

Figure 12 – Dispositions poutraison-platelage

Pylône
Câble porteur

, , Ancrage Suspentes Poutre


de rigidité
Portée centrale
, ,,, Hd
Hp Ht

Figure 11 – Suspension du tablier sur un câble porteur Figure 13 – Hauteur disponible et hauteur nécessaire de construction

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Si l'on dispose d'une certaine marge de manœuvre sur le tracé du 3.2 Poutraison « sous » chaussée
profil en long, on peut alors remonter légèrement son niveau haut
en jouant sur la longueur des rampes d'accès ou sur leur pente. On
peut également réduire la hauteur d'encombrement du tablier en
adoptant une variation de hauteur sur l'intrados de la poutre au droit Il y a trois façons de concevoir les poutres : à âme pleine, en cais-
du gabarit, et/ou en choisissant une structure plus élancée de type son ou en treillis.
caisson.
■ La poutraison « sur » platelage est utilisée pour les cas diffici-
les. En effet, il y a des situations où la retouche de profil en long et
3.2.1 Poutres à âme pleine
la réduction de hauteur du tablier se heurtent à des impossibilités.
Ces cas se rencontrent surtout en franchissement ferroviaire, car : 3.2.1.1 Poutrelles et PRS
— la voie ferrée s'accommode mal des pentes dépassant 1,5 %
(2,5 % en TGV) ; Dans les ouvrages de moyennes et grandes portées, domaine des
— le tablier de pont-rail doit respecter un élancement L/Hp tabliers métalliques, les poutres principales, de grande hauteur (5 m
modéré pour satisfaire les conditions limites de flèche ; pour une travée « route » de 100 m), sont fabriquées « sur mesure »
— le passage au-dessus d'un gabarit par une solution de remblai par soudage. La poutre prend le nom de « poutre reconstituée
ou de viaduc d'accès peut s'avérer coûteux ; en site urbain, il est soudée », ou PRS.
souvent impossible de remonter le profil en long sans remettre en
cause tout le réseau des circulations et voies adjacentes... Chaque semelle, dont la section est ajustée sur la courbe-enve-
loppe des moments fléchissants, voit son épaisseur varier tout au
Finalement, lorsque la hauteur disponible entre le profil en long et long de la poutre. La variation est réalisée soit de façon discontinue
le gabarit à franchir est trop faible pour placer les poutres principa- par des tôles d'épaisseur différente mais constante, soit de façon
les sous la chaussée, il faut se résoudre à disposer les poutres « au- continue par des tôles d'épaisseur variable dites « tôles profilées en
dessus » du platelage. long ». L'épaisseur maximale acceptée par les agréments est de
150 mm en acier S355N.
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3.1.1 Interaction poutres et entretoisement Les âmes, dont l'élancement moyen (hauteur/épaisseur) varie de
100 sur appui à 200 en travée, comportent les raidisseurs verticaux
et horizontaux indispensables pour assurer leur stabilité au voile-
L'étude des éléments transversaux permet de fixer la coupe trans-
ment.
versale de l'ouvrage par le nombre de poutres, leur écartement, leur
entretoisement ainsi que le mode de fonctionnement de l'ensemble Les profilés laminés en I ont un champ d'application relativement
de la structure. restreint en portée. Par leur hauteur qui ne dépasse pas 1 100 mm,
L'entretoisement intervient dans le mode de fonctionnement de la ils sont réservés aux ouvrages dont la portée maximale est de
poutraison. Le rôle joué par les éléments transversaux s'exprime l'ordre de 25 à 30 m en version pont-route. C'est le domaine des
dans plusieurs domaines. petits ponts, marché important, dominé par le béton armé et le
béton précontraint, mais dont une part non négligeable revient aux
■ En flexion générale de l'ouvrage, l'ensemble composé par les ponts dits « à poutrelles enrobées » très prisés en ponts-rails.
poutres principales et l’entretoisement constitue une structure spa-
tiale résistante et stable, d'abord lors des phases de montage, puis
en situation de service grâce au complément structurel apporté par 3.2.1.2 Poutraison à deux ou plusieurs poutres
la dalle.
■ Le tablier bipoutre constitue le tablier métallique le plus simple.
Pour sa part, l'entretoisement participe au maintien de la forme de
Avec un platelage en béton armé connecté à la poutraison
la section droite en fonction du rapport existant entre sa raideur
(figure 14a), le bipoutre mixte est actuellement le type de tablier le
flexionnelle propre et les raideurs flexionnelle et torsionnelle de
plus économique. Au-delà de 120 m de portée, il est associé à un
l'ensemble de la poutraison principale.
platelage orthotrope pour donner le tablier « tout acier ».
Ainsi, une poutre en caisson caractérisée par une grande raideur
de torsion exige un entretoisement spécifique capable d'accompa- Structurellement, le bipoutre convient aussi bien aux ponts-rails
gner le travail en torsion de la section. qu'aux ponts-routes (cf. article Ponts métalliques. Applications spé-
cifiques dans ce traité), quelle que soit la largeur de la chaussée, en
En revanche, pour un pont à poutres droites à âme pleine, cette jouant sur le mode d'entretoisement.
caractéristique est beaucoup moins prononcée et se traduit par des
exigences différentes. Le tablier multipoutre comprend plusieurs poutres espacées de
3 à 5 m (figure 14b). Cette formule, qui a très longtemps dominé le
■ En flexion locale, les structures transversales peuvent être
marché avant l'introduction du bipoutre dans les années soixante,
amenées à supporter directement la dalle avec ses équipements et
est désormais réservée aux tabliers très larges ou très élancés,
les surcharges de chaussée, pour reporter ensuite ces charges sur
comme alternative au bipoutre. A l'étranger, le multipoutre continue
les poutres principales. Ce rôle s'ajoute au précédent.
d'être largement développé.
■ Sur appuis, un entretoisement spécial et renforcé est nécessaire
pour résister aux fortes sollicitations développées par les réactions
d'appui verticales et horizontales.
■ En fabrication et en montage, l'entretoisement garantit la
géométrie et la stabilité de la structure lors des phases d'assem-
blage en usine et sur chantier.
Le comportement de l'entretoisement est donc très dépendant du a b
type de poutraison auquel il est associé, et réciproquement. Il en
résulte des solutions et des dispositions constructives propres à
chaque tablier. Figure 14 – Tabliers bipoutre et multipoutre

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a b

déplacement en bloc = translation + rotation

c
Figure 16 – Solidarisation des poutres par l’entretoisement

Figure 15 – Entretoisements souples et entretoisement rigide


(multipoutre à entretoise triangulée)

3.2.1.3 Entretoisement des poutres


Réparti tous les 7 à 10 m s'il ne porte pas la dalle, ou tous les 4 m
s'il est porteur, l'entretoisement se présente sous deux aspects :
— l'entretoisement souple, fait d'un profilé en double té soudé
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sur les montants et placé environ à mi-hauteur des poutres (entre-


toise, figure 15a) ou en partie haute sous le platelage (pièce de L'élasticité de l'appui dépend de la rigidité des cadres transversaux
pont, figure 15b). La structure en portique (H ou ) ainsi réalisée est
U par rapport à la rigidité horizontale des semelles
déformable ;
— l'entretoisement rigide de type triangulé (figure 15c) est fait
Figure 17 – Liaison élastique entre cadre et semelles des poutres
de barres (membrures, diagonales et montants) assemblées sou-
vent par boulons. Cette forme est maintenant peu employée en
France.

3.2.1.4 Fonction de l'entretoisement


dans les ponts à poutres
■ Sous les actions locales, la pièce de pont supporte la dalle et
les surcharges verticales de circulation et reporte les efforts sur les
poutres principales. L'entretoise simple, en revanche, n'est pas
concernée directement par les actions locales puisqu'elle ne porte
pas la dalle.
Figure 18 – Poutre caisson
■ Sous les actions d'ensemble, l'entretoisement, assume plu-
sieurs fonctions :
— la répartition des charges entre les poutres principales en
imposant le déplacement « en bloc » de l'ensemble des poutres l'instabilité de voilement, est raidie par des raidisseurs longi-
(figure 16) ; tudinaux et transversaux.
— la stabilisation des poutres contre le déversement par le main-
tien des semelles inférieures comprimées aux montants des cadres
(figure 17) ; 3.2.2.2 Cas d'utilisation des poutres en caisson
— le contreventement horizontal avec le platelage, pour le report Plusieurs considérations justifient l'adoption de cette solution :
des charges horizontales de vent sur les appuis ;
— les ponts courbes : avec un profil résistant en torsion, le cais-
— la transmission des réactions d'appui verticales et horizontales
son s'impose dans les ouvrages où l'effet de courbure induit des
sur les lignes d'appuis, par un entretoisement spécial renforcé sur
moments de torsion tels qu'un profil ouvert ne peut les reprendre en
appuis ;
résistance ou en déformation (figure 19) ;
— le raidissage transversal des poutres par le biais des montants
d'entretoise. — la réduction des déformations transversales : en bloquant la
quasi-totalité du déplacement de rotation, le caisson réduit la défor-
mation verticale sous les chargements excentrés. Les sollicitations
3.2.2 Poutres en caisson de flexion s'en trouvent diminuées ;
— les tabliers à grands élancements : le module de flexion I/v
d'une poutre élancée γ > 30) est plus facile à obtenir avec un caisson
3.2.2.1 Conception générale de la poutre en caisson qu'avec une poutre à âme pleine, grâce à la plus grande capacité de
Dans sa forme la plus simple, la poutre en caisson comporte deux « stockage » de section dans la large semelle inférieure ;
âmes, verticales ou inclinées, reliées à leur base par une tôle de fond — l’aérodynamisme : par son aptitude au profilage, le caisson est
raidie formant la semelle inférieure (figure 18). tout indiqué dans la conception d'ouvrages exceptionnels soumis
La semelle supérieure, identique à celle du tablier à poutres, est aux effets aérodynamiques ;
adaptée au type de platelage choisi : béton armé ou dalle orthotrope la qualité architecturale : le dessin d'un caisson favorise la diver-
métallique. La semelle inférieure, large et mince, donc sensible à sité des formes architecturales.

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Ouvert Fermé

Figure 19 – Pont courbe


en caisson

Rigide triangulé Diaphragme

Figure 21 – Entretoisement des tabliers en caisson

a b c

Figure 20 – Types de caisson

3.2.2.3 Types de tabliers à poutres en caisson


■ Le caisson unique ou monocaisson est la solution la plus cou-
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rante (figure 20a) ; elle convient à toutes les largeurs de tablier. En


tabliers larges, le monocaisson est souvent associé à des consoles
portant les encorbellements.
■ Le double caisson est l'association de deux caissons liés entre
eux par un entretoisement triangulé (figure 20b). Cette conception
convient particulièrement bien aux tabliers relativement larges et de
faible hauteur.
Figure 22 – Pont à treillis sous chaussée de Blois (doc. Baudin)
■ Le caisson multicellulaire (figure 20c) se justifie dans des cas
particuliers de ponts haubanés aux tabliers très larges, très élancés
et comportant un haubanage en nappe centrale.
3.2.3 Poutres en treillis sous chaussée
3.2.2.4 Entretoisement des tabliers en caisson
Parce qu'elle demande environ deux fois plus de hauteur qu'une
Parce qu'il possède une grande inertie de torsion, le caisson peut poutre à âme pleine, et que sa fabrication atteint un coût plus élevé,
résister aux sollicitations de torsion. Cette propriété donne lieu à un la poutre en treillis sous chaussée est une solution peu employée.
fonctionnement très différent de celui des ponts à poutres. La contri- Cette structure présente pourtant des avantages : elle est légère et
bution des éléments transversaux dans la résistance en torsion est possède une grande raideur flexionnelle.
essentielle puisqu'elle vise à assurer la conservation des angles de
Depuis peu, un intérêt se manifeste sur des formes de ponts en
la section.
treillis sous chaussée à hauteur très variable (figure 22), rappelant
■ Pour résister aux sollicitations de torsion, la poutre en cais- en cela les premiers ponts métalliques en arches.
son mobilise deux types de résistance : Dans le même esprit, on note l'introduction des structures tubulai-
— la résistance de torsion classique ; res spatiales dans la construction de tabliers en caisson triangulaire
— la résistance de gauchissement. à inertie constante ou variable. Outre sa grande transparence archi-
tecturale, cette structure « nouvelle » est susceptible de trouver des
Ce but est atteint en disposant de proche en proche dans la poutre
applications intéressantes dans des ponts de grandes portées, à
en caisson des éléments transversaux d'entretoisement, d'une rai-
poutres ou haubanés.
deur suffisante.
■ Trois formes principales d'entretoisement répondent à cet
objectif. Leur domaine d'application est fonction du chargement,
des dimensions du caisson, du type et de la largeur du platelage 3.3 Poutraison « sur » chaussée
(figure 21) :
— le cadre souple « ouvert » en forme de U, qui est constitué
d'une traverse inférieure et de deux montants, alors que le cadre Cette disposition s'adresse aujourd'hui presque essentiellement
« fermé » est obtenu par addition d'une pièce de pont ; aux seuls ponts à poutres soumis à de difficiles contraintes de profil
en long et de gabarit ainsi qu'aux ponts mobiles. Elle est plus cou-
— le cadre rigide triangulé très peu déformable, qui fonctionne
ramment utilisée en pont-rail qu'en pont-route (cf. article Ponts
sur le mode de la poutre en treillis ;
métalliques. Applications spécifiques dans cette rubrique).
— le diaphragme, structure quasi-indéformable attachée sur tout
le pourtour de la section du caisson, qui est réservé à des caissons Deux emplacements sont possibles pour disposer les poutres
plats ou de formes géométriques polygonales très profilées (ponts « au-dessus » du platelage :
de très grandes portées). — à l'extérieur des voies : le tablier est dit « à poutres latérales » ;
Sur appuis, la reprise des sollicitations élevées conduit fréquem- — dans l'axe du tablier : la poutre est unique et axiale ; cette dis-
ment à des structures renforcées de types diaphragmes. position est très rare.

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, ,, Contreventement en K

, ,,
a rigidité cadre/membrure b tablier avec un contreventement
supérieure supérieur en K
Figure 23 – Tablier en Warren

Figure 24 – Entretoisement de poutres

Les formes de poutre utilisées sont le plus souvent en treillis,


quelquefois à âme pleine, très rarement en caisson.

3.3.1 Poutres latérales en treillis

Les poutres sont placées à l'extérieur des gabarits des voies rou-
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tières ou ferroviaires. Elles sont liaisonnées par une structure faite Figure 25 – Tablier à poutres latérales à âme pleine
de pièces de pont et de longerons qui porte le platelage en béton ou
métallique et transmet les charges et surcharges aux nœuds infé-
rieurs de la poutre.
L'application la plus intéressante qui en est faite concerne les
■ La poutre Warren est aujourd'hui la forme de treillis la plus ponts-rails de moyenne portée (cf. article Ponts métalliques. Appli-
répandue. Du point de vue géométrique, elle est de hauteur cations spécifiques dans cette rubrique). En pont-route, en revan-
constante avec un élancement L/Hp allant de 10 pour les ponts-rails che, l'effet de paroi bordant la chaussée lui est préjudiciable à partir
et à 15 pour les ponts-routes ; l'angle d'inclinaison des diagonales d'une certaine hauteur de poutre : aussi ne rencontre-t-on ce tablier
par rapport à l'horizontale est d'environ 45° pour une poutre sans que rarement et plutôt pour des petits ponts mobiles que pour des
montant et de 55° pour une poutre avec montant ; le nombre de pan- petits ponts fixes.
neaux et la distance entre nœuds en découlent (figure 23).
Les sections généralement retenues sont :
— des caissons pour les membrures des poutres principales ;
— des PRS (poutres reconstituées soudées) pour les pièces de
4. Platelages
pont, les diagonales et les montants. Les assemblages sur chantier
sont soudés ou boulonnés au moyen de boulons à serrage contrôlé.
Cette partie du tablier qui supporte en premier les surcharges
■ L’entretoisement des deux poutres est assuré par les pièces de d'exploitation a connu des évolutions structurelles et fonctionnelles
pont rigidifiées par le platelage et attachées aux poutres principales depuis une trentaine d'années. Construits à partir de structures
au droit des nœuds de membrures inférieures. Cet ensemble consti- aussi différentes que sont les dalles en béton, les mixtes acier-béton
tue une structure spatiale. Dans sa forme classique et pour des et les dalles orthotropes tout acier, dont nous étudierons pour cha-
ponts de petites et moyennes portées, la section transversale est cune le domaine d'emploi, les platelages de tabliers doivent dans
celle d’un profil ouvert en forme de U (figure 24a). tous les cas être conçus afin de :
— résister aux efforts locaux apportés par les surcharges
La raideur du « cadre » en U est obtenue par la combinaison des
roulantes ;
raideurs des pièces de ponts et des montants et diagonales des pou-
tres. De cette raideur dépend la stabilité au déversement de la mem- — transmettre ces efforts locaux aux poutres principales ;
brure supérieure comprimée de la poutre. Pour satisfaire cette — assurer le contreventement horizontal du tablier ;
condition, principalement pour des ouvrages de grande portée, il est — participer (sauf cas particulier) à la flexion d'ensemble des
parfois nécessaire de disposer un contreventement supérieur dans poutres principales.
le plan horizontal des membrures supérieures (figure 24b). Ce
contreventement doit se situer au-dessus du gabarit de circulation.
4.1 Dalle en béton armé collaborante
3.3.2 Poutres latérales à âme pleine
En France, le mixte a vu sa première application dans le pont-rail
de Bouzonville en 1950. Il a fallu attendre 1964 pour enregistrer les
Le concept d'ensemble est identique à celui des poutres latérales
premières réalisations de ponts-routes mixtes. Jusqu'alors, les
en treillis mais les poutres sont ici à âme pleine, donc moins hautes.
tabliers des ponts-routes métalliques à poutres multiples sous
L'entretoisement est constitué par les pièces de pont et les mon- chaussée comprenaient une charpente métallique qui assurait inté-
tants qui forment un cadre en U (figure 25). La coupe transversale gralement la résistance du tablier en flexion d'ensemble et un plate-
en forme de H est plus rare : les pièces de pont sont alors placées à lage en béton armé « non participant » dont le seul rôle était de
un niveau intermédiaire. résister aux actions locales des surcharges.

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4.1.1 Fonctions de la dalle

4.1.1.1 Résistance en flexion locale


Dans sa fonction de platelage du tablier, la dalle en béton doit
pouvoir supporter les surcharges locales de circulations routières
ou ferroviaires, que le tablier soit mixte ou non. Plusieurs facteurs
permettent d'ajuster la résistance de la dalle aux sollicitations
locales :
— le schéma d'appui de la dalle (figure 26) sur la poutraison
métallique détermine le niveau des sollicitations. On en déduit
l'écartement des poutres et le type d'entretoisement porteur de la
dalle, si nécessaire ;
a bipoutre à b bipoutre à c tablier à poutres
— l'épaisseur de la dalle et son ferraillage fixent les proprié- entretoise pièce de pont latérales
tés mécaniques de résistance avec toutefois une limite d'épaisseur et consoles (pièces de pont
afin de ne pas augmenter les charges mortes ni aggraver le bilan des et longerons)
sollicitations de flexion d'ensemble (30 cm d'épaisseur moyenne
en pont-route) ; Figure 26 – Dispositions d’appuis de dalle
— la résistance du béton : on choisit généralement des qualités
B35... en attendant les bétons à haute performance dont l'emploi est
encore à l'état expérimental en ce domaine.

4.1.1.2 Résistance en flexion d'ensemble


et connexion de la dalle
La participation de la dalle dans le travail de flexion d'ensemble
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suppose que le béton soit comprimé, sinon faiblement tendu, et


exige une connexion entre les poutres métalliques et la dalle en
béton capable de s'opposer au glissement et au soulèvement de la
dalle par rapport aux semelles des poutres (figure 27).
On distingue quatre genres de connexion se différenciant par leur
mode de fonctionnement :
Figure 27 – Dalle en béton. Appui et connexion sur poutre
— la connexion par butée, qui bloque l'effort horizontal avec plus
ou moins de brutalité selon son degré de raideur : le connecteur
goujon est plus souple que le connecteur en cornière ;
— la connexion par ancrage, qui travaille en traction comme des
barres d'ancrage ou comme des étriers de ferraillage (connecteur à 4.2 Dalle mixte acier-béton
boucles) ;
— la connexion par butée et ancrage, qui reprend les deux modes
précédents ; Les ingénieurs recherchaient des solutions de dalles légères pour
— la connexion par frottement, peu employée, qui consiste à résoudre les problèmes des grands franchissements en pont-route.
mobiliser le frottement entre le béton et un plat vertical continu On savait que les hourdis en béton, d'une masse de 750 kg par
soudé sur la semelle de la poutre au moyen d'une précontrainte mètre carré pour une épaisseur de 30 cm, nuisaient au rendement
transversale de la dalle. des tabliers de grandes portées : ceux-ci consommaient en effet
On ne rencontre plus aujourd'hui en France que les connecteurs beaucoup plus d'acier pour se porter eux-mêmes que pour porter
goujons et les connecteurs en cornières. Le goujon présente une les surcharges d'exploitation !
résistance individuelle inférieure à la cornière. Il en faut donc un Ainsi est née la dalle mixte. Elle connut un certain succès en
plus grand nombre, mais cet inconvénient est compensé par une France dans les années cinquante et au début des années soixante,
plus grande facilité de mise en œuvre en usine. La pose de goujons et fut développée, entre autres, dans les ponts suspendus de Tancar-
sur chantier suppose la disponibilité d'une puissance électrique suf- ville et d'Aquitaine à Bordeaux. Elle précédait la fameuse dalle
fisante. orthotrope.
Basée sur le concept d'une dalle mixte, elle est constituée :
4.1.2 Méthodes d'exécution de la dalle en béton — d'une tôle en acier, épaisse de 6 à 10 mm, servant à la fois de
coffrage et d'armature inférieure pour la dalle en béton ;
Elles font appel à deux techniques : — d'une dalle mince en béton armé (8 à 10 cm d'épaisseur) ;
— d'un système de connecteurs assurant la liaison et la transmis-
— la dalle coulée en place sur l'ossature à l'aide d'un outil de cof- sion des efforts de glissement entre la tôle et la dalle ; connecteurs
frage mobile complété parfois par un coffrage traditionnel est goujons (figure 28) ou connecteurs en plats pliés (dalle Robinson).
actuellement la méthode la plus répandue ;
— la préfabrication de la dalle par petits panneaux posés à la grue Elle repose sur des pièces de pont distantes de 6 à 8 m et des lon-
ou par grandes longueurs mises en place par poussage. Ces procé- gerons espacés de 1 à 2 m formant un réseau de poutres croisées.
dés, qui apportent une réponse favorable au problème de la fissu- C'est donc bien une structure mixte, puisque les deux matériaux
ration par retrait au jeune âge, devraient connaître un certain sont liés pour travailler ensemble afin de reprendre les efforts de
développement. flexion locale et de cisaillement.
Mais, quel que soit le procédé retenu, le problème de la dalle en Malgré ses avantages reconnus, légèreté (300 kg/m2), réduction
béton des ponts mixtes est le contrôle de sa fissuration provoquée de l'épaisseur du tablier, coffrage tout fait, participation à la résis-
par le dépassement de la capacité de résistance en traction du béton tance d'ensemble, la dalle mixte était lourdement handicapée par un
(cf. article Ponts métalliques. Applications spécifiques dans cette prix de revient élevé lié au coût de la pose des connecteurs. Avec
rubrique). l'évolution des procédés de construction, l'idée peut renaître.

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PONTS MÉTALLIQUES ___________________________________________________________________________________________________________________

600
20 ø 14 ø 8
300 300 300
12 à14
95
75 ø 16

285 6
10
110

Les cotes sont en millimètres Les cotes sont en millimètres

Figure 28 – Principe de la dalle mixte avec une connexion


par goujons Figure 30 – Raidisseur en auget

4.3 Dalle orthotrope tout acier


La quête de légèreté pour les grands franchissements d'une part,
le développement de la soudure grâce aux améliorations apportées a b e f
sur la soudabilité des aciers d'autre part, ont favorisé l'émergence, à
partir de 1950, en Allemagne, d'une dalle entièrement métallique c d
appelée « dalle orthotrope » (figure 29). En France, c'est dans les
années soixante que la dalle orthotrope a connu ses premières
applications, en remplacement de la dalle mixte.
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N'accusant qu'une masse moyenne de 185 kg par mètre carré, la


dalle orthotrope tout acier est quatre fois plus légère qu'une dalle en
béton armé de 30 cm. Figure 31 – Liaison soudée du platelage sur l’âme de la pièce de pont
Cet avantage de légèreté s'exprime pleinement lorsque la
« chasse » au poids est une condition déterminante du projet : c'est
le cas des ouvrages de grandes portées et des ponts mobiles. Les augets ont une épaisseur minimale de 6 mm, à condition que
l'intérieur de la section soit garantie étanche et à l'abri de toute cor-
rosion. Leur hauteur est de l'ordre de 250 à 300 mm pour une portée
4.3.1 Conception de la dalle orthotrope de flexion de 4 m entre appuis sur pièces de pont.
sur pont-route L'ensemble tôle-raidisseurs possède ainsi des caractéristiques de
rigidité flexionnelle et torsionnelle lui permettant à la fois de suppor-
La dalle est constituée d’une tôle de platelage de 12 mm d’épais- ter les actions locales de poinçonnement, la flexion locale, et d'assu-
seur au minimum, renforcée sur sa face inférieure par un système rer la fonction de semelle supérieure de la poutre dans la flexion
de raidisseurs orientés selon deux directions orthogonales, d'où le d'ensemble.
qualificatif « orthotrope », contraction des mots « orthogonal » et
« anisotrope ».
4.3.1.2 Raidissage transversal
4.3.1.1 Raidissage longitudinal Tous les 4 m environ, une pièce de pont prolongée par des conso-
les rigidifie la dalle dans la direction transversale ; elle constitue
Utilisant au début des profils plats espacés de 300 mm, le raidis-
l'appui du platelage et fait aussi partie du dispositif d'entretoise-
sage a ensuite évolué vers des profils composés et fermés pour
ment transversal de la section du tablier. Les augets, dont la conti-
aboutir assez vite à sa forme actuelle trapézoïdale, forme à laquelle
nuité doit être préservée, s'emboîtent dans les découpes pratiquées
on doit le nom d'« auget » attribué à ce raidisseur (figure 30).
dans l'âme à laquelle ils sont soudés sur leurs flancs (figure 31).
L'espacement de 300 mm a été conservé entre chaque ligne d'atta-
che sur la tôle, donnant à chaque auget une ouverture de 300 mm et Les cisaillements d’effort tranchant, amenés par les faces obli-
un entraxe de 600 mm. ques de l'auget sont repris suivant les cordons de soudure obliques
(b – c) et (d – e). Les cisaillements développés par le travail de flexion
transversale de la pièce de pont sont attachés suivant les cordons
horizontaux discontinus (a – b) et (e – f)...
En dehors de ces liaisons strictement nécessaires, la découpe
revêtement de chaussée
laisse un jeu suffisant pour permettre une soudure continue par
tôle de platelage contournement des points (c) et (d), au-delà de la zone de pliage de
la tôle du raidisseur.

4.3.2 Prise en compte de la fatigue


raidisseurs longitudinaux dans la dalle orthotrope
en auget
Appliqué aux ponts-routes, le platelage orthotrope reçoit les sur-
pièce de pont
charges roulantes au travers d’une couche d'environ 8 cm de revê-
poutre principale tement de chaussée. La tôle de platelage ainsi que les tôles de
l'auget sont donc soumises à des sollicitations locales très agres-
Figure 29 – Tablier à platelage orthotrope et poutres à âme pleine sives (figure 32).

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Ga (kg/m2)

700
X
600

Figure 32 – Déformation élastique du platelage entre deux pièces de 400 ponts à dalle orthotrope
pont sous le passage d’une charge centrée sur une ligne de raidisseur
300

200
Les contraintes cycliques et alternées affectant les liaisons sou- ponts mixtes
dées sont typiques d'un mode de sollicitation de fatigue. Il convient 100
donc d’en limiter les effets par l’adoption de bonnes dispositions
constructives telles que la continuité des augets au travers des âmes
0
de pièces de pont et le respect d'un bon niveau de qualité pour l'exé-
0 100 200 300
cution des soudures de liaison de l'auget sur la tôle de platelage et
sur la découpe de la pièce de pont. portée X (m)

Figure 33 – Consommation d’acier des ponts à dalle béton et ponts


à dalle orthotrope
4.4 Domaines des dalles en béton
et orthotropes
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La dalle orthotrope connaît en revanche un certain succès en Alle-


magne pour servir de cuves à ballast dans des ouvrages de petites
En ponts routiers à poutres, on observe que l'intérêt économique et moyennes portées, là où en France est préférée une forme de
de la dalle en béton, dans sa forme actuelle, en justifie l'emploi cuve à ballast en béton armé.
jusqu'à 120 m environ de portée principale dans des ouvrages en
travées continues de type « pont à poutres ». Au-delà de 120 m, le En ponts en arc et haubanés, la règle des 120 m, valable pour le
relais est pris par la dalle orthotrope. système porteur sur appuis rigides (ponts à poutres), ne s'applique
pas ici de la même manière car on change de système porteur : les
Cette portée limite a été mise en évidence par une étude statis- appuis deviennent multiples, rapprochés et souples. La répartition
tique menée par le SETRA (Service d’études techniques des routes entre dalle béton et dalle orthotrope est fondée sur la recherche
et autoroutes) et portant sur les consommations d'acier enregistrées d'une solution globale économique. Le critère de légèreté est plus
sur un échantillonnage d'ouvrages du type « pont à poutres » que jamais mis en avant, mais il ne prend vraiment tout son sens
ayant : que pour des portées dépassant souvent 200 m en pont en arc et
— trois travées continues de portées 0,6 X ; X ; 0,6 X ; 300 à 400 m pour des ponts à haubans.
— un tablier à poutres à âme pleine sous chaussée ;
En ponts mobiles, c'est évidemment le domaine de prédilection
— un élancement standard X/H égal à 30.
pour la dalle orthotrope puisque la légèreté diminue les masses en
Dans ces conditions, la quantité d'acier consommée (Ga) en kg par mouvement et produit un effet bénéfique sur le dimensionnement
m2 de « surface utile » de tablier, exprimée en fonction de la portée des mécanismes et sur le bilan de puissance nécessaire qui en
centrale X (mètres) est la suivante : découlent.
— pour un tablier mixte : En ponts préfabriqués, la dalle orthotrope se substitue à la dalle
Ga = 100 + 0,105 X1,6 kg/m2 en béton pour des tabliers de petits ponts entièrement préfabriqués
— pour un tablier à dalle orthotrope : en usine, transportables par route et mis en place facilement par des
Ga = 200 + 0,13 X1,44 kg/m2 moyens de levage simples et rapides. C’est le cas des viaducs métal-
La « largeur utile » de tablier étant par convention égale à : liques routiers démontables (VMD) ou autoponts installés en quel-
ques nuits sur un carrefour en centre-ville.
Lu = Lchaussée + 0,2 Ltrottoirs
La figure 33 donne l'évolution comparée des consommations
d'acier pour chacune des solutions. Les deux courbes de consom-
mation se coupent autour d'une valeur de portée principale X égale
à 120 m.
5. Équipements de ponts
Les formules statistiques peuvent être appliquées à d'autres
configurations de ponts à poutres sous chaussée, moyennant une Les ponts comportent un certain nombre d'équipements indis-
correction de valeur. Ainsi, pour une travure différente, il faut inté- pensables au fonctionnement et à la pérennité de l'ouvrage :
grer dans la formule une portée fictive X ’ = k X dans laquelle : — les appareils d’appui ;
k = 1,4 pour une travée indépendante de portée X ; — la chaussée ;
k = 1,2 pour deux travées égales de portée X ; — les joints de chaussée ;
k = 1,0 pour une suite de n travées égales à X. — les dispositifs de retenue ;
En ponts-rails à poutres, les platelages en béton occupent une — la protection anticorrosion ;
place prépondérante car, en trafic ferroviaire et en travées de petites — l’évacuation des eaux pluviales ;
et moyennes portées, la légèreté n'est pas une exigence mise en — les corniches ;
avant ; elle est même un handicap pour les tabliers sensibles aux — les installations de visite.
phénomènes dynamiques. Cet argument est primordial, notamment Le choix de ces équipements dépend non seulement de leur coût
pour les ponts à poutres mixtes des lignes du TGV. initial, qui peut atteindre 10 % du prix total de l'ouvrage, mais aussi

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PONTS MÉTALLIQUES ___________________________________________________________________________________________________________________

des frais d'exploitation liés à leur entretien et à leur remplacement


dans le temps. Ils ne doivent pas être à l'origine de désordres qui
pourraient affecter la résistance du pont. Pour toutes ces raisons, les Appui unidirectionnel
équipements de ponts sont des produits couverts par des homolo- Appui multidirectionnel
gations délivrées par l'administration compétente.
Seront abordés ici plus particulièrement les appareils d'appui qui
sont directement impliqués dans le fonctionnement du pont.

Appui unidirectionnel
5.1 Appareils d'appui Appui fixe

5.1.1 Fonction et disposition


Figure 35 – Disposition des appuis en plan
Les appareils d'appui assurent la liaison mécanique entre les élé-
ments porteurs principaux (poutres principales, arcs...) et les appuis
(piles, culées, massifs, etc.). Ils contribuent au fonctionnement
d'ensemble de l'ouvrage et transmettent aux appuis les actions pro-
venant des charges permanentes, surcharges d'exploitation, effets
thermiques, actions sismiques, vent et tassements d'appui :
— les forces verticales et horizontales ;
— les déplacements de translation et de rotation.
Dans son plan horizontal, et sous les actions horizontales, l'équili-
bre du tablier doit être satisfait tout en garantissant une libre dilata-
tion tant longitudinalement que transversalement pour les ouvrages
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de grande largeur. De sorte que le schéma d'appui idéal bâti sur ce


principe doit comprendre (figure 34) :
Simple Pendulaire
— un appareil d'appui fixe bloquant les efforts horizontaux ;
— des appareils d'appui mobiles unidirectionnels en x ou y ; b
— des appareils d'appui mobiles multidirectionnels en x et y.
La figure 35 illustre la disposition classique en plan pour une tra- a
vée indépendante courbe avec lignes d’appuis en biais. On remar-
que que les appareils mobiles sont orientés en direction selon les balancier supérieur
rayons polaires tracés à partir du point fixe. rouleau
butée transversale
balancier inférieur
5.1.2 Types d'appareil d'appui
À rouleau
On distingue quatre grandes familles d'appareils d'appui se diffé-
renciant par leur mode de fonctionnement et les matériaux
employés. Figure 36 – Appuis linéaires

5.1.2.1 Appareils d'appui en acier


Réalisés à l'origine en acier moulé, maintenant usinés à partir de ■ L'appui linéaire. La rotation s'effectue par roulement d'une sur-
tôles épaisses et de ronds, ils sont de trois types. face cylindrique sur une surface plane. En intercalant un rouleau
entre les deux plans, l'appareil devient mobile (figure 36).
■ L'appui ponctuel procure une liberté de rotation multidirection-
nelle. Il s'agit d'une rotule sphérique réalisée par un contact plan sur
calotte sphérique ou un contact sphère sur sphère.
Vz axe longitudinal
■ L’appui ponctuel mobile est obtenu en ajoutant à la rotule
Forces : Vz ; Hx ; Hy sphérique un plan de glissement, unidirectionnel ou multidirection-
Hx nel selon la condition à réaliser, par interposition d’une plaque
Uy d’acier inoxydable poli associée avec une plaque de PTFE (polytétra-
fluoroéthylène) (figure 37).
y ωy Hy axe transversal
Ux 5.1.2.2 Appui en élastomère fretté
ωx Déplacements :
linéaires : Ux ; Uy Il est constitué d'un empilage de plusieurs plaques d'élastomère
rotations : ωx ; ωy d'épaisseurs variant de 8 à 20 mm et solidarisées entre elles par des
tôles d'acier de 1 à 4 mm d'épaisseur. Ce frettage permet au bloc de
x z subir des déformations verticales, des distorsions horizontales γ et
des rotations ω (figure 38).
Utilisés tels que, et empêchés de tout cheminement, ces appuis
possèdent une certaine capacité de résistance et de distorsion
devant les efforts et déplacements horizontaux imposés. Cette apti-
Figure 34 – Forces et déplacements sur appuis tude augmente avec la souplesse des piles.

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Feuille de PTFE

Platine supérieure Acier inox

,,,,
PTFE acier inoxydable poli Bloc d'élastomère fretté

Figure 40 – Appui glissant

,,,,
,,,
Figure 37 – Appui ponctuel et mobile

PTFE

,,,,
Acier
V inoxydable
Étanchéité poli
Pot

déformation verticale
t /2 Élastomère Piston
b t γ
t
t /2 H Figure 41 – Appui glissant à pot d’élastomère
frettes
acier
distorsion horizontale 5.1.2.3 Appareils à pots d'élastomères
a
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C
L'élastomère est emprisonné dans un pot métallique cylindrique
et coiffé d'un couvercle à piston. Enfermé dans le pot, l'élastomère
ω
se déforme à volume constant et se comporte comme un liquide. Du
fait de contraintes de cisaillement pratiquement nulles, il peut ainsi
rotation supporter à la fois des pressions élevées (25 MPa) et des rotations
importantes (1/100 rad). L'appareil d'appui fixe ainsi constitué équi-
Figure 38 – Bloc d’appui en néoprène fretté : déformations vaut à une véritable rotule.
La conversion en appui mobile est simplement réalisée par l'addi-
tion d'un plan de glissement (acier inoxydable-PTFE) disposé sur le
couvercle à piston (figure 41).

5.1.2.4 Appuis à calottes en acier


Il s'agit d'une variante tout acier des appuis précédents à pot. Le
bloc d'élastomère est remplacé par une calotte sphérique convexe
glissant sur une forme sphérique concave.
Distorsion de l'élastomère

Flexion de la pile 5.1.3 Conditions de pose des appareils d’appui


Rotation de la semelle La bonne tenue dans le temps des appareils d'appui dépend beau-
coup du soin apporté à leur mise en place. Il se manifeste par le res-
Déformation des fondations pect de conditions essentielles :
— un nivellement précis sur chaque ligne d'appui ;
— des plans de contact garantis par un bon surfaçage de zones
Figure 39 – Fonctionnement d’ensemble d'appui ;
— la prise en compte de l'état de contreflèche résiduelle des pou-
tres principales dans la phase de pose ;
Ils fonctionnent en appuis semi-fixes ; les efforts horizontaux se — l’alignement des appareils directionnels selon les axes de
répartissent au prorata des raideurs des appareils d’appui combinés dilatation ;
avec les raideurs des piles et fondations (figure 39). — le réglage de la position selon la température de pose ;
— la protection des surfaces de glissement.
Au-delà d’un certain rapport entre la hauteur du bloc et sa petite
dimension en plan caractérisant l’élancement, le bloc devient
instable. Le déplacement ne peut plus être repris simplement par
distorsion du Néoprène. 5.2 Joints de chaussée routière
■ Les appuis glissants en élastomère fretté sont composés
Cet équipement assure la continuité de roulement à la jonction
d'un bloc en élastomère fretté auquel est ajoutée par adhérisation,
entre tablier et culées. Les joints sont classés selon le trafic en poids
une plaque en PTFE glissant sur une plaque en acier inoxydable
lourds journalier moyen, et caractérisés par leur « souffle » qui
(figure 40).
exprime la capacité de déplacement total du tablier sous les surchar-
L’association acier inoxydable-PTFE présente un coefficient de ges et les effets thermiques. Les diverses conceptions de joints se
frottement dont la valeur est d’autant plus basse que la contrainte différencient par leur capacité de souffle et leur aptitude à supporter
de compression est élevée. des trafics légers, semi-lourds ou lourds.

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■ Le joint avec continuité du revêtement, très confortable et

,,
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ÀÀ
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QQ
¢¢ ,,
@@
€€
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,,
QQ
étanche, est proposé avec un souffle de 30 mm et pour des trafics
légers ou semi-lourds. Profil en élastomère
Profilé métallique
■ Le joint en élastomère alvéolé (figure 42a) est réalisé avec un
profil en élastomère alvéolé accroché à deux profilés métalliques

¢¢
@@
€€
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,,
QQ @@
€€
ÀÀ
,,
QQ
¢¢
ancrés dans la dalle. Les souffles varient de 15 à 50 mm.
■ Le joint à peigne (figure 42b) pour trafic lourd est constitué de
deux tôles épaisses solidement ancrées qui pénètrent l’une dans Dalle
l’autre grâce à des découpes conjuguées en forme de dents de pei-
gne ou de dents de scie. Il permet des souffles de 25 à 550 mm.

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@@
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€€
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QQ
a joint en élastomère alvéolé

,,
■ Le joint en accordéon est composé de bandes transversales
articulées entre elles et glissant sur un guide. Il autorise de grandes
déformations dépassant un mètre. Vue de dessus
Coupe AA

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A A
5.2.1 Dispositifs de visites

La nécessité d’effectuer des visites périodiques de surveillance et


des travaux d'entretien des ponts oblige à prévoir des installations
de visite, offrant l'accès à toutes les parties de l'ouvrage. Trois prin- 25 à 550 mm
cipes répondent à cet objectif :
b joint à peigne c joint en dent
— des passerelles fixes internes installées dans la poutraison de scie
(figure 43a) ;
— des passerelles mobiles motorisées qui cheminent sur des
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voies de roulement installées sur toute la longueur de l'ouvrage Figure 42 – Joints de chaussée
(figure 43b). Des éléments rétractables et repliables permettent
l'accès extérieur et sous les parties en encorbellement ;
— le véhicule spécialisé avec nacelle télescopique est une solu-
tion économiquement intéressante lorsqu'elle peut couvrir un grand
nombre d'ouvrages.

5.3 Protection anticorrosion

On se limite ici à rappeler que l'efficacité de la protection anticor-


rosion dépend non seulement de la qualité des produits et du soin
apporté à leur mise en œuvre, mais aussi, et pour une part impor-
tante, de la conception même de la structure. Pour une meilleure
exécution des travaux, le projeteur doit s'attacher à rendre toutes les a passerelle fixe
zones accessibles au peintre. Il doit veiller à éliminer toute rétention
d'eau par un drainage approprié et éviter les angles morts suscepti-
bles d'accumuler des saletés gorgées d'humidité. Une bonne venti-
lation naturelle des zones semi-fermées, telles que les abouts de
tabliers sur culée, contribue grandement à repousser l'attaque de la
corrosion.

5.4 Autres équipements

Les dispositifs de retenue, le système d’évacuation des


b passerelle mobile
eaux, les corniches et le revêtement de chaussée sont traités
dans l’article Conception des ponts du présent traité.
Figure 43 – Passerelles de visite

5.5 Intégration des équipements


dans la conception dispositifs de retenue, transfert des charges sur les appareils
d'appui...) et la reprise par des structures secondaires résistantes ;
Si la conception globale d'un ouvrage est d'abord déterminée par — les contraintes esthétiques : harmoniser par exemple le dessin
les conditions fonctionnelles et naturelles du site, elle doit aussi de la corniche et du garde-corps avec le reste de l'ouvrage et avec le
intégrer les contraintes diverses générées par les équipements : site ;
— les contraintes géométriques liées à l'encombrement des équi- — les contraintes de maintenance : pour assurer l'inspection,
pements et à leur implantation dans la structure (renforts, ancrages l'entretien ou le remplacement des équipements, prévoir des facili-
nécessaires, accessibilité...) ; tés d'accès en réservant les espaces suffisants.
— les contraintes mécaniques, à savoir la prise en compte des La prise en compte de tous ces facteurs ne peut que favoriser le
efforts (passage des essieux sur les joints de chaussée, chocs sur les bon déroulement du projet.

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6. Procédés de construction Panneaux


de platelage

6.1 De l’usine au chantier


Oreille d'ancrage
Pour mieux comprendre cette discipline, il faut avoir présent à du hauban
l’esprit que la construction d’un pont métallique associe deux activi-
tés aux contraintes différentes : une activité industrielle en usine et Poutre de rive
une activité de travaux publics sur le chantier ; chacune couvrant la Diaphragmes
mise en œuvre de pièces volumineuses et lourdes. Il s’agira de verticaux
concilier les exigences de l’une et de l’autre. Raidisseurs
Le procédé de construction au chantier est dicté par les données longitudinaux 0
,65
naturelles de la brèche à franchir. Joint aux données fonctionnelles 19
Gabarit
du projet, il oriente la conception de l'ouvrage ; et pour les franchis- d'assemblage
sements exceptionnels, il en devient la composante principale. sous hangar
En amont, la fabrication en usine vise à mettre à la disposition du
chantier des éléments de tablier les plus grands et les plus achevés Figure 44 – Assemblage au chantier sur mannequin des éléments
possible. du caisson du pont de Normandie. Vue d’un demi-caisson
Entre l'usine et le chantier, la voie empruntée (route, rail, eau)
pour l'acheminement des pièces fixe les dimensions et le poids
maximal des éléments préfabriqués.
6.2.1 Assemblage du tablier au sol
La conception d'un pont ne peut donc être conduite et validée en
l'absence d'une étude complète de toute la chaîne de construction. Avant le montage proprement dit, il est nécessaire de procéder à
Du point de vue des textes officiels, ces activités sont couvertes l'assemblage des éléments résultant du découpage transversal et
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par le fascicule 66 du CCTG [24]. longitudinal (figure 44). Le travail se déroule sur une plate-forme
aménagée à l'arrière d'une culée. Le degré d'équipement du chan-
tier d'assemblage est fonction de l'importance des reconstitutions à
faire. Le bipoutre se satisfait d'un plan de calage sur camarteaux et
6.2 Montage des tabliers métalliques de grues mobiles, tandis qu'un caisson de grande largeur, acheminé
en de nombreux morceaux, a besoin d'une installation spécifique
Parmi les travaux entrant dans la réalisation d'un pont, le mon- plus importante, le plus souvent couverte et dotée de moyens de
tage est une activité essentielle. Il a une part influante sinon détermi- manutention et de déplacement de colis lourds.
nante sur la conception initiale. Il représente un poste de dépenses
important et sujet à dérapage si les études portant sur les méthodes
et la conception des outils et installations spécifiques ont été insuf- 6.2.2 Lançage
fisamment développées.
Construit totalement ou partiellement sur la berge, l'ouvrage est
Mais surtout, le montage met en cause la sécurité et la capacité tiré ou poussé dans son alignement puis, au terme de ce parcours, il
résistante finale des sections de l'ouvrage. Le projeteur doit donc est pris en charge sur des vérins pour être descendu sur ses appuis.
intégrer les phases de montage dans le calcul de l'ouvrage au stade
du dimensionnement et des vérifications aux états limites ultimes L'usage de cette méthode suppose que soient remplies certaines
d'équilibre et de résistance en ne perdant jamais de vue que : conditions :
— la mise à disposition d'une plate-forme suffisamment longue
— les charges et surcharges de la phase de montage ont la parti-
en arrière de la culée et dans l'axe de l'ouvrage pour installer le
cularité d'être toujours atteintes (poids mort de la structure, poids
chantier d'assemblage du tablier ;
des engins...), voire quelquefois dépassées à la suite d'aléas (inad-
— l'ouvrage doit être à alignement droit en plan ou courbe sui-
vertance, charges sous-évaluées, tassements différentiels d'appuis
vant un rayon constant. Un pont courbe à rayon très variable ou en
provisoires, mauvais calage, dilatations thermiques empêchées...)
S prononcé n'est a priori pas lançable ;
ou de défaut de construction, au contraire des charges en exploita-
— l'intrados des poutres qui constitue le plan de roulement doit
tion qui ont un caractère aléatoire très net, notamment dans les
être droit, ce qui toutefois n'exclut pas certaines formes de ponts à
grandes portées ;
hauteur variable ;
— pendant son montage, l'ouvrage change constamment d'état
— lorsque les portées dépassent 100 m en travées continues, il
et de position. Il n'atteint d'ailleurs sa pleine et entière sécurité qu'à
est nécessaire de prévoir un appui complémentaire appelé « palée
la fin du montage, lorsqu'il est sur ses appuis définitifs ;
provisoire » ou un pylône haubané.
— les cas de charges de montage développent dans certaines
sections du tablier des sollicitations nettement plus défavorables L'intérêt du procédé réside dans la facilité de montage de la char-
que les cas de surcharges de service : par exemple, un montage en pente. Les travaux d'assemblage, de réglage et de soudage de
encorbellement amène des efforts dimensionnants pour les sec- l'ossature sont exécutés sur une plate-forme aménagée et dotée de
tions sur appuis. moyens de manutentions et d'abris permettant une bonne maîtrise
de la qualité et de la productivité.
Les procédés de montage des ponts ont tous en commun de faire
appel à des techniques de déplacement de pièces volumineuses et
lourdes. Il convient donc de manipuler les charges de montage et de 6.2.2.1 Principes du lançage
définir le schéma statique de calcul avec prudence et réalisme. Les Le lançage proprement dit est une opération qui consiste à faire
plans et les procédures de montage développés par le bureau des rouler le tablier sur des appuis à galets ou à le faire glisser sur des
méthodes sont des documents majeurs qui ont pour but de détailler patins acier inoxydable-Téflon. Il est tiré ou poussé par effet de rap-
les séquences des opérations, de mentionner les précautions à pel à l'aide d'une installation comprenant un treuil de traction, un
prendre, dresser la liste des contrôles... dans l'esprit du Plan d'assu- treuil de retenue et les mouflages nécessaires (figure 45). L'avant
rance de la qualité. du tablier est souvent prolongé par une structure légère appelée
Les accidents graves portés au passif des ponts sont toujours sur- « avant-bec » et destinée à réduire les effets du poids en porte-à-
venus lors d'opérations de montage à la suite de négligences. faux.

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PONTS MÉTALLIQUES ___________________________________________________________________________________________________________________

Malgré cette simplicité apparente de l'opération, il ne faut jamais


oublier que la poutre roule sur toute sa longueur et que chaque cen-
timètre d'âme de poutre est soumis plusieurs fois au poinçonne- Âme de la poutre
ment du train de galets auquel s'ajoutent les contraintes normales et Rouleau
de cisaillement. de guidage
latéral Semelle
Pour éviter tout risque d'effondrement de l'âme entraînant in fine Galet
une perte d'équilibre global de la structure, le lançage doit être
sérieusement contrôlé :
— sur le plan théorique : par un calcul pas à pas des réactions
d'appui prenant en compte la déformée réelle de la poutre intégrant
le profil en long, la contreflèche de fabrication, les variations de
masse et d'inertie... et par la vérification de la tenue de l'âme dans
chaque phase ;
— sur le plan pratique sur le chantier : par une surveillance rigou-
reuse du nivellement des appuis, de l'état de contreflèche résiduelle Figure 46 – Guidage latéral sur chaise à galets
des poutres, voire par une pesée des réactions d'appui.
Par sa grande souplesse torsionnelle et sa relative souplesse
flexionnelle, le bipoutre est assez tolérant devant ces phénomènes. Enfin, pour certains tabliers sensibles au gradient thermique hori-
Ce n'est pas le cas d'un tablier en caisson fermé. zontal et se déformant dans le plan horizontal comme un bilame, il
Transversalement, un système de guidage (figure 46) doit obliger faut impérativement prendre des dispositions afin de ne pas s'oppo-
le tablier à rester en ligne de façon que les plans de roulement des ser aux déplacements transversaux en plaçant certains appuis sur
galets soient toujours maintenus dans le plan vertical des âmes des un plan glissant.
poutres. Faute de quoi une sortie des galets du plan des âmes
entraînerait une rotation de la semelle suivie d’une instabilité par
6.2.2.2 Peut-on lancer un pont de hauteur variable ?
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déversement de la poutre.
Oui, mais à la condition expresse que l'opération puisse se faire
en limitant à deux le nombre des lignes d'appuis sur galets. En effet,
dans cette configuration isostatique, le tablier repose toujours sur
les deux lignes quelle que soit la position relative des appuis sur la
courbe de l'intrados, sous réserve que le centre de gravité de
Avant-bec Mouflage l'ouvrage soit toujours entre les deux lignes d'appuis.
Treuil

Retenue 6.2.3 Lançage sur ponton flottant

Disposition générale C'est une méthode classique utilisée pour le franchissement des
voies d'eau navigables en travers desquelles il est impossible
Galet ø 340 d'implanter une palée provisoire. Après un lançage partiel amenant
Chaise l'avant du tablier à l'aplomb d'un ponton flottant équipé d'une palée
solidement implantée sur le pont, la prise en charge est effectuée
Balancier par déballastage du ponton. Bien arrimé à la palée, le tablier est
250 mm
acheminé en douceur au travers de la voie d'eau par treuillage en
Calage de étant porté à l'avant par le support flottant pendant que l'arrière
répartition 1 700 mm roule sur une ou plusieurs lignes de galets (figure 47). La charge
croissante sur le ponton provoque un enfoncement de celui-ci dont
Détail de la chaise à galets
la simple mesure permet de calculer la valeur de la réaction par la
poussée d'Archimède. Selon la procédure de lançage, il peut être
demandé de réduire ou d'augmenter la charge en jouant sur l'état
du ballastage.
Cette technique est pleinement justifiée pour lancer une travée
indépendante, mais elle est également utilisée pour des ouvrages à
travées multiples. Dans ce cas, le lançage sur ponton au-dessus de
l'eau est associé à un lançage classique sur appuis multiples à galets
disposés sur piles et sur plate-forme en arrière de la culée.

,,,,,,,,,,
,,,,,,,,,,
Figure 45 – Lançage d’un tablier Figure 47 – Lançage sur ponton flottant

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__________________________________________________________________________________________________________________ PONTS MÉTALLIQUES

6.2.4 Levage à la grue

Il convient parfaitement aux ouvrages de faibles et moyennes por-


tées, pour autant que l'accès par le dessous ou sur le côté soit pos-
sible, non seulement pour l'acheminement des tronçons de
charpente mais aussi pour l'implantation et le calage de la grue. Les
éléments sont levés en tronçons (indépendants ou jumelés) dont le
poids et les dimensions sont ajustés aux capacités de levage de la
grue. Une vérification au déversement permet de fixer les points
d'élingage. La détermination de la puissance de levage nécessaire
intègre de nombreuses données : la masse et les dimensions de la
pièce, la portée et la hauteur de levage sous crochet, l'emplacement
et l'espace nécessaire à l'évolution de la grue, enfin la nature du ter-
rain. Il est donc essentiel que l'étude de faisabilité soit faite très tôt,
surtout pour les gros levages qui nécessitent des grues puissantes,
encombrantes et coûteuses, rares, peu disponibles sur le marché et
qui doivent être réservées longtemps avant le démarrage de l'opé-
ration.
Pour réduire la durée de l'opération de levage et de location de
l'engin, les poutres ou tronçons de tabliers sont posés provisoire- Figure 48 – Levage à la bigue flottante (doc. CFEM)
ment sur la partie porteuse au moyen de « corbeaux » d'appui ou
d'un système de clamage (dispositif de positionnement et de
réglage). Après le réglage fin de la géométrie de la structure basé
sur le montage à blanc en atelier et sur les lignes de références, les
joints sont boulonnés ou soudés en position.
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6.2.5 Levage par bigue flottante

Extrêmement performant en capacité de levage, ce procédé est


réservé aux ponts situés au-dessus de plans d'eau navigables
(figure 48). Il vise à la mise en place d'éléments caractérisés par leur
poids et leur grande longueur pour éviter le maximum de joints en
l'air.
Sur fleuve navigable, la capacité de levage des bigues fluviales,
bien que limitée par les gabarits des écluses à franchir sur le par-
cours, permet la mise en place rapide de grosses sections de tablier
(de 200 à 300 t et de 50 à 100 m) moyennant une très courte interrup-
tion de la navigation.
Sur plan d'eau ouvert à la mer, on utilise les bigues maritimes Figure 49 – Montage par encorbellement du pont de Normandie
dont les capacités vont de 500 t couramment à 3 000 t pour les plus (doc. SETRA/G. Forquet)
grosses. Au Japon, la construction des ponts en site maritime (ponts
à poutre, en arc, haubanés et suspendus de très grandes portées)
fait usage de bigues flottantes, souvent groupées par paires pour en L'approvisionnement des éléments se fait comme suit :
accroître la capacité. Ainsi, le pont bow-string à double tablier de — par le dessous si la voie franchie est une voie d'eau autorisant
Kôbe (8 050 t – 235 m) a-t-il été manutentionné par un ensemble de l'amenée des colis sur barge ; une chèvre suffit comme moyen de
6 bigues accouplées deux par deux et développant une capacité levage (figure 50) ;
totale de 8 223 t. — par l'arrière avec un transport des pièces sur chariots depuis la
culée ; il faut alors un engin de levage approprié pour prendre la
pièce en arrière et l'amener en avant (grue ou derrick haubané).
6.2.6 Montage par encorbellement
6.2.7 Hissage
Ce procédé, appelé aussi « montage à l'avancement », implique
l'exécution en l'air de nombreux joints, ce qui rend l'opération lon- Utilisée dans des cas exceptionnels, cette méthode consiste à
gue et coûteuse. Il est donc réservé aux situations exceptionnelles lever sur une grande hauteur tout ou partie du tablier (figure 51).
rencontrées dans la construction des ponts haubanés de grandes L'opération suppose la possibilité d'amener le tronçon sous
portées, ou à l'occasion du montage de ponts à poutres pour les- l'ouvrage par voie d'eau, ou de le construire aisément au niveau du
quels le levage ou le lançage sont écartés. sol. Les apparaux de hissage sont installés sur des parties d'ouvrage
L'ouvrage est construit à partir d'un appui par tronçons de 15 à déjà construites et en console. On utilise la technique du levage par
20 m. La progression se fait en console, avec l'aide du haubanage câbles tirés par treuils ou par vérins.
définitif ou d'un haubanage provisoire, jusqu'à la jonction avec la Le procédé est séduisant car il offre les avantages d'une mise en
partie de tablier montée symétriquement (figure 49). place rapide qui n'entraîne pas d'encombrement sur le site, en tout
La mise en place des éléments s'effectue au moyen d'engins de cas sur un laps de temps très court, et d'une exécution de l'ouvrage,
levage simples appelés « derricks » ou chèvre. L'engin doit être avant hissage, dans des conditions favorisant le rendement et la
léger afin de ne pas trop augmenter le moment de flexion de la qualité.
console ; pour ce faire, le contrepoids est avantageusement rem- Ce procédé vise des tronçons de tablier de 1 000 à 3 000 t et de
placé par un ancrage arrière de l'engin dans le tablier. longueur allant de 100 à 300 m.

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PONTS MÉTALLIQUES ___________________________________________________________________________________________________________________

— une autre méthode consiste à monter simultanément arc et


tablier et à stabiliser la construction par l'addition de barres ou
Hauban câbles diagonales provisoires entre les pilettes (figure 54).
Amortisseur dynamique
Dans les deux cas, après achèvement de la construction, l'enlève-
Chèvre de levage ment des haubans ou des diagonales provisoires provoque une
redistribution des efforts dans l'arc qu'il convient de conjuguer avec
l'effort de clavage pour déterminer les sollicitations d'ensemble.
Notons l'intérêt qu'il y a à pouvoir jouer sur la tension préalable des
haubans afin d'équilibrer au mieux, si nécessaire, les efforts de
Corniche compression et de flexion dans l'arc en phase finale.

Palonnier Soudure de jonction

,,,,,,,,,
1067 m : longueur du chemin de câble

,,,,,,,,,
Câbles tracteurs
100 m Trolley

,,,,,,,,,
Figure 50 – Chèvre de levage ancrée 267 m
Corps mort

,,,,,,,,,
New Câbles
River
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Tirants provivoires

Figure 52 – Montage d’un arc par encorbellement et blondin.


Pont de New River

,,,,,,,
,,,,,,,
Figure 51 – Hissage
de la travée
,,,,,,,
Figure 53 – Montage par basculement

principale
du pont de Cheviré

,,,,,,
à Nantes (doc. OTUA)

,,,,,,
6.2.8 Montage des arcs

,,,,,,
Plusieurs méthodes ont été développées au fil du temps :
— montage par blondins d'éléments légers (figure 52) ;
— construction de l'arc en deux moitiés et dans une position

,,,,,,
« verticale » le long de chaque pile rehaussée d'un mât, puis bas-
culement de chaque demi-arc par pivotement autour de sa base et
clavage (figure 53) ;
— construction en position par encorbellement : l'arc est main-
tenu de proche en proche par un haubanage monté sur un mât auxi-
liaire, rappelant la construction sur cintre, mais à l'envers ; Figure 54 – Montage à l’avancement par triangulation provisoire

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P
O
U
Ponts métalliques R

E
par Jean-Pierre DUCOUT N
Ingénieur de l’École nationale d’arts et métiers - CHEM
Professeur au Centre des hautes études de la construction (CHEM)
Chef de la division Ouvrages d’art à l’Office technique pour l’utilisation de l’acier (OTUA)
S
A
Bibliographie
CALGARO (J.-A.) et VIRLOGEUX (M.). – Projet et Construction mixte acier-béton. IABSE Symposium. • Titre II. Programme de charges et épreuves
V
construction des ponts. Généralités, fondations,
appuis, ouvrages courants. Presses de l’École
nationale des Ponts et Chaussées, 1991.
Rapports AIPC, vol. 60, Bruxelles, 1990.
Interaction between Construction Technology and
Design. IABSE Symposium. Rapports AIPC,
des ponts-routes, 1981 ;
• Titre V. Conception et calcul des ponts et
constructions métalliques en acier, 1978 ;
O
BERNARD-GELY (A.) et CALGARO (J.-A.). – Projet et vol. 64, Leningrad 1991. • Règlement de calcul des ponts mixtes acier-
I
Parution : novembre 1997 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200110301 - institut 2ie // bassirou GUIRA // 154.66.162.96

construction des ponts. Conception des ponts. béton. Circulaire n° 81-63 du 28 juillet 1981.
Symposium International Ponts métalliques. CECM,
Presses de l’École nationale des Ponts et Chaus- 1992. Règles techniques de conception et de calcul des
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CIOLINA (F.). – Construction métallique. Ouvrages
Ponts suspendus et à haubans. Proceedings. Confé-
rence Internationale AIPC de Deauville. Publica-
ouvrages en béton, en métal ou mixtes. Livret 2.01
du Cahier des Prescriptions communes applicables
aux marchés des ouvrages d’art de la SNCF, janvier
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d’art. Éditions Eyrolles, 1979. tions AFPC, vol. 1 et 2, octobre 1994.
GRATTESAT (G.). – Conception des ponts. Éditions 1989.
Bulletins Ponts métalliques. OTUA.
Eyrolles, 1978. Eurocodes (concernant les ponts) :
Bulletins de liaison « Ouvrages d’Art ». SETRA.
Stahlbau Handbuch. Band 2. Stahlbau-Verlags-
GmbH Köln.
WALTHER (R.), HOURIET (B.), ISLER (W.) et MOIA
La construction du pont de Seyssel. Les ponts à
haubans de moyenne portée. Bulletin technique
• EC1 : Bases des calculs et Actions sur les
constructions. Charges pour les ponts (vol. 3) ;
• EC3 : Conception et calcul des constructions
P
AFPC, 1986.
(P.). – Ponts haubanés. Presses Polytechniques
Romandes. École Polytechnique Fédérale de
Lausanne, 1985.
FOUCRIAT (J.-C.) et ROCHE (J.). – Conception et cal-
cul des éléments transversaux dans les ponts-
en acier. Règles générales et règles pour les bâti-
ments (partie 1). Ouvrages d’art (partie 2) ;
• EC4 : Conception et dimensionnement des
L
Les ponts mobiles. AFPC, 1991.
Ponts mixtes acier-béton bipoutres. Guide de
routes mixtes. Bulletin Ponts métalliques n° 11,
OTUA, 1985.
Statistiques. Construction des ouvrages d’art.
structures mixtes acier-béton. Règles générales
et règles pour les bâtiments (partie 1). Ouvrages
d’art (partie 2) ;
U
conception, SETRA, octobre 1985.
Calculs et conception des ponts métalliques. Bulle-
tin technique n° 5. SETRA, juillet 1970.
SETRA, 1976 à 1995.
Règlements
• EC8 : Constructions parasismiques. Règles
générales et règles pour les bâtiments (partie 1).
Ouvrages d’art (partie 2) ;
S
Montage des ponts métalliques. Bulletin technique Conception, calcul et épreuves des ouvrages
d’art. Fascicule 61 du Cahier des Clauses Techniques Exécution des ouvrages de génie civil à ossature
n° 8. SETRA, novembre 1973. en acier. Fascicule 66 du CCTG, 1994 ;
Générales (CCTG) applicables aux marchés de
Ponts-routes à tablier en poutrelles enrobées. l’État : Protection des ouvrages métalliques contre la
Conception et calcul. SETRA et SNCF, 1995.
corrosion. Fascicule 56 du CCTG.

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